Jacques Salomé

Soyez votre propre lumière.

Il n'y a aucune morale à cette histoire, si ce n'est qu'elle tente de refléter un des malentendus les plus vifs et quelquefois des plus durables entre une femme et un homme : le besoin de se dire chez l'une et la difficulté à s'exprimer chez l'autre.

Nous voulons tous de quelqu'un qu'il nous aime comme nous souhaitons l'être et non comme il le croit.

Ces livres m'appartenaient. La vraie richesse me semble être là. Elle fut la seule que j'aie vraiment recherchée. Posséder autant de livres que je puisse en lire.

Quand je prenais sur moi la tristesse de ma mère.
Je crois que beaucoup d'enfants fidèles prennent sur eux, comme s'ils voulaient le soulager ou l'en décharger, une part de tristesse ou d'incomplétude qu'ils ont perçue, entendue ou captée chez l'un ou l'autre de leurs parents.

Il y a parfois des jumelles qui s'ignorent. Savez-vous par exemple que que dans beaucoup de cas, au moment de la conception, quand une femme et un homme ont fait l'amour, il peut y avoir deux ovules qui sont fécondés et qui vont donc cohabiter, être proches l'un de l'autre de façon discrète pendant quelques semaines dans le même utérus? Et puis, un de ces ovules, non viable comme on dit, est éjecté. Il s'agit donc d'une mini-fausse couche à l'intérieur d'une grossesse, qui se poursuit normalement pour l'autre ovule. Celui-ci va se développer, devenir un fœtus, rester en place durant neuf mois et donner la vie à un très beau bébé, à une petite Alexandra par exemple. Mais cet enfant se construira avec un manque. Un manque important, le besoin de la présence de sa "jumelle". Au profond de toute sa sensibilité, elle va garder le souvenir de sa "sœur", la trace de cette cohabitation très proche qui, même si elle , n'a duré que quelques semaines, a laissé une empreinte qui ne s'effacera jamais en elle. Et il arrive parfois que cette "jumelle" inexistante continue à se manifester dans la vie de celle qui est venue au monde, sous la forme d'un personnage qui prendra un peu de la vie de l'autre, qui lui imposera des conduites, des choix, comme si elle revendiquait de cette façon le droit d'avoir tout de même une existence...

Je ne veux plus passer ma vie à maigrir debout. Je ne veux plus consommer le meilleur de mes énergies pour la peur de manger trop ou pas assez . Je ne veux plus passer des heures vitales à me sentir coupable pas assez ou trop , à me sentir redevable de tout . Je ne veux plus passer l'essentiel de mes jours à me demander "pourquoi" je matraque mon corps par tous ces excès de nourriture , de mal être , dans un sens ou dans l'autre ..

La suite de l'histoire , je ne peux la dire car il arrive parfois que des amours humaines soient si agrandies , si amplifiées par ceux qui les reçoivent qu'elles deviennent des légendes.

Dans un échange proche, le témoignage du vécu, des émotions et de l'expression des sentiments ne devraient pas être discutés, contestés ou disqualifiés.

"Depuis quelques années je m'engage dans la suite des livres que je dois écrire avant de mourir. Les premiers ouvrages on les construit avec la tête, au moyen de ce que l'on sait ou invente, avec la bouche et la langue, puis cela passe dans les mains, les doigts, et tombe le long du corps, par la poitrine, le ventre, les cuisses et les genoux, enfin à la plante des pieds où l'on touche au sol et entre dans la terre : cela devient sérieux , grave même."
(Michel Serres)

C'est un poids énorme que nous faisons peser sur les enfants en parlant sans arrêt sur eux... ne laissez pas l'autre parler sur vous mais invitez-le à parler de lui, c'est comme ça qu'on peut communiquer.

Quand il y a le silence des mots se réveille la violence des maux.

Une mise en mots pour reconnaître non pas l’évènement (la mort) mais l'importance du lien. C'est ce lien blessé qu'il faudra soigner, panser, c'est de lui dont il faudra s'occuper.

Le drame de beaucoup de parents et d'adultes c'est qu'ils vont "assassiner" les désirs des enfants en les comblant, en les transformant en demandes.

Pour Paul par exemple qui fait toujours le clown en se moquant des manières des autres,imitant tout ce qui passe à sa portée. Comment sait il, cet enfant clown, que son père était un enfant triste? Silencieux,toujours au bord des pleurs,replié sur lui même... même si aujourd'hui son papa est capable de 'casser la gueule à n'importe qui hein!'

Il était une fois une maman phoque qui avait un gros ventre. Oh! pas un très gros ventre, mais un gros ventre quand même. Bref, ce ventre la gênait. (...)

Elle avait fait, avec beaucoup de courage, tout un travail d'écoute de soi, pour chercher à entendre ce que lui disait son ventre en restant ballonné.

Elle avait recherché quelles blessures anciennes, quelles injustices, quelles humiliations pouvaient encore se loger là, quelles peurs, quels désirs aussi.

Et justement un jour, elle commença à relier ses désirs à son ventre. Oui, elle avait eu et elle avait encore des désirs dont elle n'avait jamais parlé, des désirs tellement anachroniques, tellement violents aussi qu'elle n'avait même pas réussi à se les avouer.

(Le conte de la maman phoque qui avait un gros ventre)

La tendresse ne comble jamais un vide, elle rejoint le germe d'un plein et s'agrandit ainsi pour devenir le soleil d'une rencontre.

La fidélité dans le vécu d'un couple n'est pas une affaire de principe mais plutôt d'engagement.

Maltraiter, dénoncer , rejeter au dernier moment un projet, refuser d'en rêver ou d'en inscrire la réalisation dans le temps, c'est en quelque sorte voler du temps à la vie.

En faisant moins pour eux et plus avec eux, nous accompagnons nos enfants non pas plus loin mais plus profond dans la vie.