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Critiques de Jacques Saussey (1277)
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L'Aigle noir

Quelle histoire !!

J'ai été complètement happée par le scénario, par l'écriture et par ce personnage principal qu'est Paul kessler.



L'histoire est vraiment prenante, même si une fois encore elle aborde un sujet que je déteste ( mes prochaines lectures vont être beaucoup plus légères).

Mais ma lecture était supportable a ce niveau là. Même si Jacques Saussey est sans concession dans son écriture, que j'aime beaucoup au demeurant.



Mais j'ai encore été plus bluffée de savoir que l'auteur n'a jamais mis un pied a la Réunion et qu'il a réussi à écrire ce roman qui est quasi parfait.

J'ai vécu, il y a bien longtemps, pendant un an sur cette île paradisiaque.

Jacques Saussey a su m'y transporter a nouveau ( en m'évitant un vol de 10/11 heures).

Il a été précis dans ses descriptions, dans la psychologie des habitants,dans l'opposition des richesses et de la misère sur cette île. Sur les croyances locales également... Enfin je ne vais pas tout énumérer.

Mais surtout sur le fait qu'il n'y a qu'un seul prédateur sur cette île.... L'homme!!



Je souhaite que l'auteur puisse un jour mettre les pieds sur cette île ( et pas que St Gilles ) pour qu'il puisse se rendre compte du travail remarquable qu'il a pu faire.

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Enfermé.e

Un grand merci à Babelio et aux éditions French Pulp...



Elle contemple, à travers les barreaux de la fenêtre, l'aurore éclore. Après la pluie qui n'a cessé de toute la nuit, la cour est encore noire. Le silence règne encore dans le Centre. D'ici peu de temps, les premiers résidents ne tarderont pas à se lever, les chariots à couiner dans les couloirs...

Juillet 2006. Cela aurait dû bien se passer. Beau Gosse avait tout prévu. Malheureusement, le cambriolage a mal tourné. Un petit vieux et son chien dans la rue, ce dernier ameutant tout le quartier avec ses aboiements. Des fenêtres, ici et là, qui s'éclairent. Beau Gosse qui tente de faire taire le cabot à coups de pied, La Fouine, apeurée, qui s'en prend au vieillard. Deux coups de feu tirés depuis l'un des immeubles en face. Beau Gosse et La Fouine tués par une balle de 22 long rifle. L'autre s'est pris 15 ans ferme. Une double peine pour celle qui se sent enfermée dans son corps...



Enfermé.e, titre très à propos, narre l'histoire de Virginie, née garçon et devenue fille. De sa naissance dans une famille mal aimante à l'enfer dans les prisons en passant par une enfance compliquée et une adolescence révélatrice. À partir de nombreuses références, d'articles et de témoignages, Jacques Saussey tisse un scénario ô combien passionnant mais encore tabou de nos jours. La preuve : la transidentité n'est plus considérée, en France, comme une affection psychiatrique seulement à partir de 2010. De même, l'OMS affirmera seulement le 18 juin 2018 que le transsexualisme n'est plus considéré comme une maladie mentale. Le texte sera présenté en mai 2019 à l'Assemblée mondiale de la Santé et entrera en vigueur le 1er janvier 2022 ! Traitant de ce sujet mais aussi des conditions des transgenres en prison, des mentalités, des regards, l'auteur dépeint avec force le parcours très personnel de Virginie. Alternant passé et présent, il dévoile peu à peu les pièces du puzzle. Tout en nous plongeant dans une ambiance noire et violente, il nous offre un roman tout à la fois brut, bouleversant et captivant, habité par une Virginie inoubliable, le seul personnage prénommé.

Dense, original et remarquable...
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Ce qu'il faut de haine

Alice était loin d'imaginer que ce jour deviendra un vrai cauchemar. Cette derniere est étudiante à Paris , son rituel retrouver ses parents , tous les week-end , dans le Morvan, Son plaisir est de faire son jogging , avec son chien, retrouver les senteurs de la nature et la quiétude loin de la ville, Malheureuse elle va faire la découverte morbide, d'un cadavre, au delà du réel, de l'imaginable, de l'impensable, L'auteur ne tergiverse pas, il est direct, les descriptions m'ont mises mal à l'aise

Qui est cette étrange personne assassinée,elle est décrite comme détestable, aucune empathie, prête à tout pour obtenir le pouvoir, sacrifiant le licenciement de ses collègues, dont la plupart se sont suicidés.

Une enquête qui va être très complexe à dénouer, plusieurs personnes se réjouissent de sa mort

Une histoires à moult rebondissements. Un thriller psychologique efficace,nuits blanches assurées, nos neurones sont mis à rude épreuve.Un rythme crescendo, un suspens , une intrigue d'une intensité extrême, tous les éléments pour nous tenir en haleine jusqu'au dénouement final,

La construction du roman est remarquable, les chapitres sont courts, l'auteur alterne la vision d'Alice, des enquêteurs et du meurtrier. Une descente rapide dans une folie de vengeance de haine , un exécutoire pour assouvir sa conscience. Un véritable questionnement,

Un roman que je conseille à 200/200 attention dédie à un public averti, certaines scènes sont dures,
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Enfermé.e

Je savais que ce livre allait me plaire. Je le lorgne depuis longtemps.



Je lis enfin Jacques Saussey et quelle lecture !



Virginie est née dans le mauvais corps. C’est une femme enfermée à l’intérieur d’un corps masculin.



Après une peine de prison, elle se retrouve embauchée au Centre où elle semble avoir un but bien précis mais mystérieux.



Le roman s’articule entre la vie de Virginie dans ce Centre où des personnes très âgées viennent passer les derniers instants de leur vie et le récit de l’existence de Virginie depuis l’enfance.



Virginie est un des rares personnages du livre qui porte un prénom. Tous les êtres, souvent abjects, qui gravitent autour d’elles n’ont pas d’identité. Le Pére. La Mère. Le Curé. Le Moche. Le Musicien. L’auteur explique ce choix à la fin du livre. La société refusant à Virginie une identité, il décide d’enlever cette identité aux protagonistes du livre. Retour de boomerang.



On a entre les mains un roman très dur, parfois trop. Beaucoup de noirceur. De désespoir.



J’ai pensé à Karine Giebel ou à Claire Favan avec ce destin de femme qui prend aux tripes et sans concession.



Décidément le roman noir français est plein de pépites à découvrir.

Un sujet rare. Qui, au-delà d’un récit mené tambour battant qu’on ne peut lâcher, fait réfléchir à la place donnée dans notre société à la différence. A une époque où le droit à l’indifférence semble de plus en plus menacer, j’ai trouvé salutaire d’évoquer dans un roman de genre le transsexualisme.



J’ai donc encore une fois pu découvrir un auteur et ce roman étant le onzième de Jacques Saussey, je vais pouvoir prendre quelques cours de rattrapage.

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Ce qu'il faut de haine

Je sais que quand je plonge le nez dans un roman de Jacques Saussey je vais passer un excellent moment.

L'écriture est prenante et addictive. L'histoire aussi.

Le lecteur attend le dénouement avec impatience.

Avec son dernier roman, l'auteur ne fait pas exception.



Il maîtrise le suspens et les descriptions... Surtout celles qui nous montrent ce qu'il y a de plus noir chez l'être humain.





Mais il faut quand même que j'avoue que j'ai moins été transportée par ce roman que par les précédents.

Sand doute parce que sa vision des entreprises et de certains de ses employés me fait étrangement penser à des gens que je côtoient dans la vrai vie.

Et que je n'ai sans doute pas eu l'empathie nécessaire pour apprécier ce roman a sa juste valeur
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Principes mortels

Ferme de la Renardière, Creuse, 3 juillet 1979. Chevauchant sa Kawasaki, Franck se dirige vers la ferme de son oncle et de sa tante, Victor et Hélène. Aujourd'hui âgé de 19 ans, cela fait quatre années qu'il n'a pas remis les pieds ici. Pas depuis qu'un corbillard contenant le corps de son cousin, Paul, était garé devant. Fuyant un foyer en plein naufrage, son père alcoolique ayant trop souvent la main lourde sur sa mère, le jeune homme est venu réviser son bac qu'il a malheureusement raté étant donné le contexte familial chaotique. Sa ressemblance avec son cousin étant frappante, sa tante et son oncle sont quelque peu ébranlés et bouleversés en le voyant, projetant évidemment ce que serait devenu leur fils s'il n'avait pas eu ce stupide accident de mobylette. Malheureusement pour Franck, cette période, qui se devait calme et sérieuse, va vite s'assombrir...





Sur son lit de mort, trente ans après ce fameux été de 1976, un été qui verra la fin de son innocence et de son adolescence, Franck raconte, par le menu, ces quelques jours passés à la Renardière, chez son oncle et sa tante. Au fil des confidences jetées sur le papier, il évoque évidemment le décès tragique de son cousin et les répercussions inébranlables. Dans cette campagne creusoise, d'apparence calme, reposante et verdoyante, Jacques Saussey nous offre un roman profondément noir où s'entremêlent un présent et un passé tragiques et sombres. Cette narration non linéaire happe le lecteur dès les premières lignes, le plongeant dans une atmosphère lourde, suffocante et mystérieuse. Campé par des personnages denses et attachants, ce roman de terroir teinté de noir, habilement construit, se révèle diablement efficace et retors.
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Du poison dans la tête

Voilà déjà plusieurs semaines que j'ai lu ce livre.

Plusieurs jours que je réfléchis à comment je pourrais vous en parler.

Parce que cette lecture m'a profondément touchée et que dans mon coeur, dans mes tripes, ça se bouscule.

A l'intérieur, ça hurle...

C'est violent !

Même après tout ce temps.

Même après m'être plongée dans d'autres histoires.

Mais ça ne sort pas !

Les mots ne viennent pas...

Ne me conviennent pas.

Ne sont pas assez forts pour exprimer ce que j'ai pu ressentir...



Le sujet est fort.

Je m'y confronte régulièrement, pourtant.

Il me bouleverse. Me déchire... Me détruit...

Parce que, des pourritures assez malades, pour ne prendre leur pied qu'en réduisant leurs victimes à néant... A rien.

Des ordures assez manipulatrices, pour avoir une totale emprise sur vous, jusqu'à vous pousser au suicide. Pour seule échappatoire. Pour seule issue...

Je ne comprendrais jamais...

Jamais...



Avec Enfermé.e, Jacques Saussey m'avait déjà prouvé qu'il faisait partie de ces grands romanciers, qui par leurs écrits, toutes les horreurs qu'ils narrent, décrivent, font preuve d'un grand coeur hors du commun en dénonçant ce genre d'agissements inhumains.

Merci, de donner la parole à ces victimes de cette violence qui ne se voit pas.

Trop blessées pour se faire entendre, s'exprimer.

Merci.

Voilà.

Seulement.



Du poison dans la tête, c'est la 8ème enquête du couple Daniel Magne et Lisa Heslin.

La 1ère pour moi. Et je le regrette. Je vais réparer cela.

Il n'est pas essentiel d'avoir lu les précédentes auparavant, mais... malgré tout... arghhh...je trouve cela quand même un peu dommage...

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L'Aigle noir

Jacques Saussey était sur ma liste des auteurs à découvrir. Voilà qui est chose faite grâce à "L'aigle noir" qui m'a emmenée, pour la seconde fois en peu de temps, sur l'île de La Réunion où, sous ses airs d'île paradisiaque, il s'y passe des choses terribles et/ou étranges.



Il y est question d'un crash d'hélicoptère, d'un sorcier vaudou, d'un instituteur dévoré par les requins, de pédophilie et de trafic de drogue, pour lesquels nous suivrons parallèlement différents personnages.



- Paul Kessler pour commencer, flic toulonnais à la retraite, engagé par Hubert, qui ne croit pas à la thèse de l'accident d'hélicoptère qui a tué son fils.

- Le commandant Santos Rodriguez et son équipe qui enquêtent sur la mort de Jean-Denis d'un côté, jeune instituteur ayant servi d'appât aux squales, et qui réouvrent le dossier du crash de l'autre côté, Kessler ayant réussi à leur mettre le doute.

- Le lieutenant Candice Nativel, de la brigade criminelle des mineurs, qui vient d'arrêter Zakary Hoareau, pour suspicion de viol sur sa fille de 8 ans.



Chacune de ces enquêtes emmèneront nos enquêteurs, officiels comme officieux, bien plus loin que ce qu'ils imaginaient. Ils côtoieront de plus ou moins près la Pègre réunionnaise. Ils mettront au jour une secte dirigée par un homme abject, ainsi qu'un réseau de pédophiles. Le chemin vers la vérité est long et semé d'embûches...



Et bien, quelle aventure trépidante ! Avec des chapitres nombreux et très courts (143 au total, en comptant l'épilogue, pour 528 pages) mais très efficaces, Jacques Saussey nous embarque dans une intrigue très dynamique qu'on a du mal à lâcher. Si le suspense s'essouffle parce qu'on en comprend quasiment tous les tenants dès la dernière moitié, la tension, elle, est à son comble et monte crescendo jusqu'à la toute fin. Le rythme, déjà pas peu lent, s'accélère davantage au fil de la lecture. Les pages se tournent de plus en vite. Les chapitres se dévorent en un rien de temps. Le dénouement arrive sans crier gare. Totalement happée par ma lecture, je n'ai pas vu le temps passer.



Les personnages, relativement nombreux, nous invitent à suivre plusieurs enquêtes parallèlement d'abord mais qui, on le devine assez tôt, finissent par s'emmêler. On les voit petit à petit se croiser, se gêner, se rejoindre, collaborer. Malgré leur nombre, l'auteur a su les camper juste ce qu'il faut, sans jamais rentrer dans les détails de leur vie privée (ou si peu), se concentrant sur leurs états d'âme, leurs raisonnements et déductions, leurs réactions du moment.



Jacques Saussey use d'une plume concise, efficace, très entraînante, se concentrant sur les faits, un peu avare peut-être en détails en ce qui concerne les décors et le mode de vie des Réunionnais. Je n'ai donc pas ressenti d'atmosphère particulière, typiquement créole comme dans "Ne lâche pas ma main" de Bussi, lu récemment. Qu'à cela ne tienne, Jacques Saussey se rattrape grâce à son ambiance sous haute-tension, tantôt suffocante, tantôt angoissante, parfois ragoûtante par moments, mais toujours très intense.



Assez vite, on comprend qu'il ne vaut mieux pas s'attacher aux personnages. Assez vite, on comprend également qu'il nous faut nous préparer au pire. Certains passages sont presque insoutenables, notamment ceux concernant les actes de pédophilie. Moi qui ai du mal en temps normal quand on s'en prend aux enfants et aux animaux, j'ai été servie. Entre les gestes incestueux et les viols de petites filles de 6-8 ans, ainsi que les poules noires sacrifiées, j'ai parfois rencontré quelques difficultés. Je tiens tout de même à préciser qu'il n'y a pas de détails salaces, ni sanglants, pas de violence gratuite non plus. Les événements les plus abjects sont métaphoriquement relatés la plupart du temps, laissant notre imagination et notre sensibilité faire le reste.



Globalement, cette première expérience avec Jacques Saussey est un franc succès. Moi qui pensais avoir un thriller policier bien plus soft entre les mains, je n'étais donc pas préparée à ce que ce soit aussi noir et violent. Je ne peux pas dire que ce fut une "belle" surprise, vu la teneur des événements. En revanche, l'intrigue appétente et intense a clairement réussi à me harponner.

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L'Embaumeur : Sens interdit[s]

Il faut une première fois à tout, mais ici je les cumule un peu… mon premier Jacques Saussey , mon premier roman de la série des embaumeurs (c'est pourtant le neuvième opus).



J'ai beaucoup aimé le personnage principal, qui est plein d'humour, même si celui-ci est parfois un peu noir ( pour mon plus grand plaisir).



Je reste malgré tout mitigée par cette première rencontre avec Jacques Saussey... j'ai apprécié son écriture mais j'avoue que l'intrigue de ce roman est très très dérangeante… et ce dès les premières pages, alors que rien n'est posé. Je reste convaincue que c'est grâce au talent de l'auteur. Je suis certaine que j'en ferais mon meilleur ami d'ici peu de temps. Mais il faut reconnaitre que le sujet de fond n'est pas ma tasse de thé...J'ai du sortir de ma zone de confort et pour un premier RDB je ne suis pas sûre que c'était le meilleur choix.



Je crois que pour ceux qui ne sont pas dérangés par les maltraitances et meurtres sur des enfants et qui aimé ce qui est noir, ce roman mérite sa chance.

Quand a moi, je lirais bien sur d'autres romans de l'auteur.
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L'enfant aux yeux d'émeraude

David Courty, représentant en assurances chez MGL, mène une vie quelque peu ennuyeuse et terne. À ses côtés, sa femme, Mira, une ancienne prostituée, et sa fille, Caroline, rebelle et gothique. Lorsqu'en ce matin du 12 juin, il trouve un homme assis devant son bureau, son patron, Duroux, n'a pas le temps de lui expliquer la situation que David quitte l'entreprise, proférant des menaces. Après sa journée de boulot, il retrouve sa femme, assise dans le fauteuil, immobile, ne daignant ni le regarder ni lui répondre. Ce n'est pas la première fois que le couple se querelle aussi ne prend-il pas la peine d'aller la voir. Le lendemain, à peine franchi les portes du bureau, les conversations s'arrêtent et tous le regardent d'un drôle d'air. À sa place, encore le même homme. Mais cette fois, son patron lui annonce qu'il est licencié. Ni une ni deux, David voir rouge et son poing atterrit dans la gueule de Duroux. Certain que les flic vont vouloir l'entendre, il file à toute vitesse, passe chez lui prendre quelques affaires, apercevant sa femme toujours au même endroit, et s'enfuit à bord de sa voiture... Il ne sait pas encore que le capitaine Daniel Magne et le lieutenant Lisa Heslin vont très vite partir à sa recherche. Et pour cause, ils viennent de découvrir les corps sans vie de Mira Courty, chez elle, et celui d'un homme avec une carte MGL dans la poche de sa veste...



De Paris à la campagne ardéchoise, c'est une véritable chasse à l'homme qui attend les deux officiers de police. David Courty qui sème des cadavres sur sa route est, en effet, devenu l'ennemi public numéro 1. Ayant visiblement assassiné sa femme et sa fille, dont le corps reste introuvable, ce courtier en assurances, bien que fuyant la police, a aussi un autre but. Mais lequel ? Et pourquoi cet homme, jusque là sans histoire, devient-il, du jour au lendemain, un tueur en série ? C'est à ces questions que devront tenter de répondre Magne et Heslin s'ils veulent arrêter les massacres. Jacques Saussey défile un scénario sans temps mort, dans un suspense allant crescendo, manipulant le lecteur dans une spirale aussi effroyable que tortueuse. Un thriller qui traite avec justesse des traumatismes du passé. Une intrigue rondement menée jusqu'au final et servie par une écriture audacieuse (emploi du "je" et mélange des modes de conjugaison).
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Principes mortels

Haute comme trois pommes, brune, les yeux noisette virant au vert, j'ai une vérue sur le nez et des poils aux genoux. le ménage étant l'un de mes sports favoris, je suis impitoyable avec le moindre grain de poussière. Fan de Fado et de football, je suis fervente catholique et je prie, quelques fois, la Vierge de Fatima (aaah ! Sainte Marie !.... qu'il le marque ce foutu penalti, notre Cristiano !). J'adore la morue et les « pastéis de nata », bref, j'ai tout de la portugaise typique….Je suis née au Portugal, j'aime mon pays, j'en suis fière…

Cependant, je ne serais sûrement pas la même si je n'avais pas grandi en France. Lieu commun, me direz-vous. Avec La Palice, on a fait bien mieux que moi…Mais, c'est la « vérité vraie ». Vous savez où se situe la France, pour moi ? Dans mon coeur. Bien au fond, bien au chaud. J'en ai gardé des images (aaaah, le cinéma français…), des sons (aaaaah, la chanson française..) des odeurs (de doux parfums, pour mon nez à verrue), des paysages (trop peu) et d'excellents souvenirs. Un de ces jours, je vous en raconterai (même si ça ne vous intéresse pas).

Avec ses « Principes mortels » Jacques Saussey m'a envoutée. Son écriture simple et vivante, ses tournures de langage, ses descriptions comme je n'en lisais pas depuis quelque temps, m'ont replongée dans cette France que je n'ai pas eu le temps de parcourir autant que je l'aurais souhaité, mais que j'ai la sensation de connaître comme si je m'y étais promenée, au fil des livres lus. Il m'a prise par la main et m'a emmenée dans la Creuse. Je l'y ai suivi et j'ai adoré la région, que j'ai sentie omniprésente. J'aime « m'immerger » dans les lieux que je lis comme si j'y étais… surtout si je n'y ai jamais mis les pieds ! Si pour certains le chant des oiseaux, le bruit d'un ruisseau, un relief accidenté, la caresse du vent importent peu dans un roman de ce genre, pour moi, c'est primordial de lire « avec tous les sens » : la vue, l'ouïe, l'odorat s'éveillent à la lecture, comme si c'était « en vrai ». Ainsi, l'auteur écrit ici un roman noir, une histoire prenante, pleine de secrets et de non-dit « à la française », dans « une ambiance de terroir », sans pour autant en faire un pavé et sans les « effets spéciaux » américains ou anglais (que j'apprécie, bien sûr, mais pas autant). S'il m'était possible d'en faire un film, je verrais très bien les regrettés Victor Lanoux, Annie Girardot et Yves Montand dans les rôles principaux. Pour les jeunes, j'y mettrais Pierre Niney et Louane Emera. Qu'en dites-vous? J'imagine très bien mes idoles d'il y a plus de trente ans donnant le ton aux jeunesses d'aujourd'hui que je ne connais (malheureusement) pas assez.

C'est une longue confession, d'un homme fatigué de vivre qui parle comme s'il crevait un abcès. Racontée à deux temps, avec une construction classique mais efficace, un « effeuillage » subtil des indices et même une grosse frayeur, sans descriptions sanglantes. L'auteur m'a emmenée où il le souhaitait et j'ai beaucoup aimé la promenade. J'ai repensé à Maupassant, à Pagnol…À « La petite Roque », à « Jean de Florette » plus les accents de la modernité qui s'imposaient.

Merci beaucoup à Netgallay et aux Éditions Bragelonne de m'avoir fait ce cadeau.

P.S. : au fait, je vous ai fait marcher…je n'ai pas de verrue sur le nez !





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Cinq doigts sous la neige

Faisant un petit séjour dans les Vosges, ce Jacques Saussey me semblait tout à fait adapté pour accompagner mon voyage. Heureusement pour moi mon séjour ne fut pas aussi tragique.

Je n'ai cessé tout au long de cette lecture de penser au cauchemar dans lesquels je me trouve parfois imbriquée, impliquée.

Ici Marc Torres accueille une bande de jeunes adolescents chez lui pour faire plaisir à son fils Alexandre qui fête son 18ème anniversaire. Cettejournée ne se passe pas comme prévue. Mathilde, une des jeunes filles, se retrouve bien mal en point en pleine nuit. Pour protéger son fils, Marc Torres, va s'embourber dans les mensonges et des actes qui deviennent délirants et irréversibles. Il ne peut plus s'en sortir, l'engrenage de l'enfer est engagé et il n'arrivera plus à s'en sortir. Il ne peut plus contrôler, il semble sous l'emprise de cet engrenage cauchemardesque.

Connaissant bien les Vosges, j'étais curieuse de voir exactement où se trouvaient la ville et le col cités, mais j'ai appris, dans la note de l'auteur, que c'étaient des lieux inventés pour coller à son intrigue.

Il ne faut d'ailleurs pas chercher les failles, les invraissemblances, car il y en a mais il faut se laisser imprégner par l'environnement, l'atmosphère. C'est ce que j'ai fait et j'ai passé un moment, non pas serein ou sympa, mais un moment glaçant.
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Enfermé.e

Quand ça veut pas, ça veut pas.

Certains sont assujettis à la double peine.

Virginie, elle, connaîtra un double enfermement, celui du mitard couplé à celui du corps.

Pas née avec les bons chromosomes, elle n'aura qu'une seule et unique obsession, vouloir s'affirmer malgré l'effroi ouvertement affiché du Père et de la Mère.

Mais la roue tourne, dit-on. Lentement. Roue de l'infortune évoluant péniblement au rythme des pires brimades et de biens lourds tourments.

Puis vient la délivrance. Celle que l'on espérait plus. Celle qui allait lui permettre une certaine forme de résilience acquittée au prix fort.



♪Saussey, sey, sey, sey, sey le même♫.

Ben non, justement.

Il fait ici preuve d'un regard aiguisé et touchant sur un thème rarement usité, la transidentité.

Une problématique délicate traitée avec énormément d'acuité mais également de douleur psychique et physique.

Un agrégat de supplice et de désespoir suscité par un environnement aussi bestial que bas de plafond.



Le récit est habile, accrocheur, sans toutefois préserver le lecteur à la digestion un brin délicate d'user à l'envi de son sac à vomi.

En effet, Saussey ne nous épargne rien du quotidien dantesque de Virginie. Un karma placé sous le signe de la matriochka et c'est un cercle (sans mauvais jeu de mot) d'affliction infini auquel l'auteur nous convie.



J'ai adoré la trame, un peu moins le brouillard épais qu'il a fallu percé à grands coups de patience et de persévérance .

Nonobstant cette légère amertume finale, Enfermé.e se dévore littéralement tout en questionnant sur le sujet ce qui est plutôt notable dans ce genre littéraire qu'est le polar.



Enfermé.e, libérateur des pulsions les plus malsaines, légitime le talent pressenti de conteur de Jacques Saussey qui s'affirme comme une valeur incontournable du roman noir.
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Toucher le noir

Après Écouter le noir et Regarder le noir, Toucher le noir est un nouveau recueil de nouvelles sous la direction d'Yvan Fauth.

Je ne sais pas si c'est parce que le toucher est un sens moins développé chez moi que les autres sens, mais cette lecture m'a plutôt déçu.

Je n'ai pas retrouvé le rythme et le dynamisme des précédents opus. Pourtant, les auteurs ont trouvé des idées originales, parfois même très astucieuses, pour illustrer le thème ; mais cela ne m'a pas suffi...



- J'ai beaucoup aimé : No smoking de Michaël Mention

- J'ai bien aimé : Retour de soirée de Valentin Musso ; Doigts d'honneur de Danielle Thiéry ; Une main en or de Jacques Saussey ; Zeru Zeru d Maud Mayera ;

- J'ai moins aimé : Signé de Benoît Philippon ; 8118. Endroit de Franck Thilliez et Laurent Scalese

- Je n'ai pas aimé : 8118. Envers de Franck Thilliez et Laurent Scalese ; L'ange de la vallée de Solène Bakowski ; Mer Carnage de Éric Cherrière ; L'ombre de la proie de Ghislain Gilberti.


Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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L'Aigle noir

S’il y a bien un auteur de polars / romans noirs / thrillers qui n’a pas la notoriété méritée c’est bien Jacques Saussey. En effet, ce dernier, largement au niveau des Minier, Thilliez, Bussi est principalement connu d’un noyau de fidèles, souvent arpenteurs de salons littéraires. Ce manque de notoriété étant certainement dû à des maisons d’édition assez confidentielles et au malheureux destins, le passage du tout jeune retraité chez Fleuve lui offrira une distribution digne de son talent.

Ce roman, L’aigle noir devrait en tout cas, fortement contribué à sa réussite. L’auteur nous emmène en terres Réunionnaises pour un roman où se mêleront polar, aventure, découverte, vanille, drogue ainsi que grosses cylindrées sur route et dans les airs. Paul Kessler, jeune retraité de la police est envoyé par un riche propriétaire de vanilleraie, revenu en métropole, à la Réunion où son fils unique a perdu la vie aux commandes de son hélicoptère, simple accident pour la gendarmerie locale. Mais le riche homme d’affaires ne s’en contente pas et aimerait un avis extérieur. Une fois sur place, l’ex-commandant Kessler se rendra compte que d’autres accidents et des mœurs les plus horribles seront liés au jeune héritier décédé. Un roman à cent à l’heure où la noirceur vient teinter ce bout de France de l’océan indien.
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Le loup peint

J'avais envie de découvrir cet auteur, dont j'avais entendu parler en bien, et en effet, belle surprise!



Je ne savais pas que le lycaon, chien sauvage africain aux allures de hyène était aussi appelé loup peint... Que vient-il faire ici, me direz-vous? Eh bien, dans le monde parallèle des vétérinaires, univers peu utilisé jusque là en matière de thriller, il fait partie des importations illégales, d'autant plus qu'il est en voie de disparition...



Même s'il n'est pas très beau, chiot, il reste mignon. Enfin presque.Et il aura un rôle important dans cette histoire... Mais chut!



Juste quelques informations pour ceux qui aimeraient entrer dans ce livre, ce en quoi ils auraient raison: un vétérinaire, Vincent Galtier, qui, il faut le dire, a la poisse. En plus, c'est un témoin gênant... Une mante religieuse, Sophie, un brin dérangée mais si attirante... Une forêt dangereuse, des cadavres, des policiers pas si bêtes qu'il n'en ont l'air au sein de leur équipe, et une forme de terrorisme particulière, voilà, j'espère , de quoi vous intriguer.



Ajoutez à cela le sens du rythme et des rebondissements, une écriture efficace mais non dépourvue de style, et des personnages intéressants, vous obtenez un livre prenant et plutôt original. En plus, l'auteur a de l'humour, faisant intervenir dans son récit un certain Paul Colize, autre auteur de romans noirs...Je l'ai lu avec grand plaisir! A votre tour, si cela vous dit...



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Ce qu'il faut de haine

Ah, la campagne ! Ses petits oiseaux, son air pur… L'endroit idéal pour faire son jogging et trouver des cadavres ! Pardon ? Oui, oui, vous avez bien lu, des cadavres. C'est ce qui arrive à Alice, jeune étudiante parisienne dont les parents habitent dans l'Yonne, près de Vézelay. Mais qui est donc la victime ? Alice aimerait bien comprendre, elle qui n'arrive plus à dormir après cette macabre découverte…



J'ai adoré ce roman ! En premier lieu parce qu'il se passe dans un lieu que je connais bien. Ensuite, parce qu'il y a un tel dynamisme que l'on en arrive presque à oublier de respirer ! En revanche, passez votre chemin si votre sensibilité est trop importante. Certaines scènes sont vraiment… comment dire ? Insoutenables. Mais quel dénouement ! J'aime ces polars qui nous mettent une grande claque !



Merci à Netgalley et aux Éditions Fleuve noir pour cette découverte.


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Cinq doigts sous la neige

Prenez une grande maison isolée dans un coin (fictif) des Vosges, une quinzaine de jeunes filles et garçons réunis pour fêter les 18 ans d'un "copain" en septembre 1974, alors que la majorité vient tout juste d'être abaissée à 18 ans. Rajoutez un père veuf et écrivain reconnu, mais complètement inapte à la fonction paternelle face à son fils plus que tordu. Saupoudrez le tout d'une tempête de neige historique (je ne me souviens plus de la date exacte, mais il est véridique que cette année-là on a eu droit à des chutes de neige abondantes et exceptionnellement précoces). Le décor est planté, le titre de la pièce est accrocheur, je me suis frottée les mains où tous mes doigts étaient bien au complet, j'ai vérifié, et je me suis préparée à passer un très bon moment.



Ca commence très fort, par une tentative de viol d'une fillette de 10 ans par un ado, en 1968, en guise de prologue, bim dans ta gueule ! Puis on saute directement 3 jours avant le fameux anniversaire d'Alexandre, celui-ci étant en pleines négociations avec son paternel, le grand auteur Marc Torres, pour l'organisation de la fête. Papa finit par accorder l'autorisation pour quinze potes, mais attention : ni drogue ni alcool, sinon ça va barder ! Il est naïf, le papounet, surtout étant donné les frasques passées du fiston... Mais bref, le samedi suivant, les invités arrivent, dont la superbe Mathilde qu'Alexandre compte bien "séduire" (comprenez baiser), de gré ou autrement. Mais il n'est pas le seul sur le coup, évidemment. Et c'est là qu'on commence à comprendre les guillemets au mot "copain" ci-dessus. Et oui, l'ado, c'est parfois cruel. Et voilà-t-y pas que la nature s'en mêle, faisant tomber une couche de neige suffisamment épaisse pour bloquer la route menant chez les Torres, avec en prime un camion couché en travers de la route désormais interdite jusqu'à nouvel ordre. Bien sûr, toute la joyeuse bande va devoir dormir sur place, heureusement il y a suffisamment de couchages pour séparer mâles en rut et femelles aguichantes (je ne caricature même pas !), après une soirée qui se termine au coin du feu avec la guitare et tout et tout. Il y aura même de quoi faire un petit déj' pour tout le monde le lendemain matin, le pied, quoi ! (avec tous ses orteils encore, j'ai compté aussi). faut juste aller chercher quelques baguettes au congélo, à côté du garage. Allez, papa Torres s'y colle, une fois toute la jeunesse aux plumes. Et c'est là que....



A partir d'ici, faut lire si vous voulez savoir. Plein de monde va se croiser dans la nuit neigeuse et glaciale, et certains vont y laisser des morceaux. Qui, pourquoi ? Je ne vous dirai rien de plus.

Pour Alexandre, c'était sa première surprise-partie, et c'est sa fêêête, il fait ce qui lui plaiait, ce qui lui plaiait, comme le chantaient Sheila et Richard Anthony au temps des yéyés, pour moi c'était mon premier Saussey. Sans doute pas le dernier, parce que l'histoire et l'ambiance m'ont scotchée, mais je pense que je choisirai soigneusement le prochain, parce certaines choses m'ont quand même dérangées ici. On est en 1974, d'accord, je veux bien croire que les choses se déroulaient différement de maintenant, mais quand même... Je ne veux pas trop en dire pour ne pas déflorer, mais Alexandre aurait dû bénéficier d'un suivi sur des années, surtout après la perte de sa mère. Et que dire des manoeuvres nocturnes d'appelés en pleine tempête dans ce coin-là, c'est juste impossible, d'ailleurs une caserne au milieu de nulle part en montagne, à ma connaissance il n'y en a pas, mais admettons, c'est une fiction après tout. Pour être juste, l'auteur explique en fin de volume certaines des libertés qu'il a prises avec la réalité, d'un point de vue géographique essentiellement, mais j'ai quand même trouvé à certains moments qu'il en faisait trop, trop de découvertes juste au bon moment, trop de coïncidences, trop de trajectoires qui se croisent presque...

Et certains personnages sont plus que déplaisants, ils n'ont aucun bon côtés. En général ça ne me dérange pas trop, mais là, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, à force cela m'a gênée, parce que même les victimes sont antipathiques. D'où ma note un peu mitigée, alors que je pensais vraiment tomber sur une lecture mini 4 étoiles. Je suis sans doute devenue plus exigeante, à force de dévorer des thrillers, beaucoup de babélamis ont vraiment apprécié, donc si vous aimez le genre, ne vous arrêtez pas trop sur mon appréciation. ce roman a quand même beaucoup de qualités, et je ne me suis pas ennuyée un instant.



A tous les babélamis : je vous souhaite un bon réveillon pour tourner le dos à 2022 et comme on dit chez moi "Guete rutsch" en 2023 ! Tous mes voeux vous accompagnent, Champagne !
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Cinq doigts sous la neige



Rien que le titre fait froid dans le dos.

Cinq doigts sous la neige.

Des multitudes de questions germent aussitôt dans nos esprits retors.

Ces doigts sont-ils éparpillés ou encore attachés à leur main d'origine ? A leur corps d'origine ?

Ou est-ce que ce sont des doigts de pied ?

Ce ou ces corps sont-ils encore en vie ou ou atteints de la rigidité cadavérique post mortem ?

D'ailleurs, est-ce que ce sont les doigts d'une seule personne ou ceux de cinq personnes différentes ?

Sont-ils brûlés, ensanglantés ? Les ongles ont-ils été arrachés ?

Est-ce que ce sont de gros doigts boudinés, tâchés de nicotine ?

Ou de jolis doigts féminins manucurés et vernis de bleu ciel et d'or, avec des paillettes ?

Est-ce que mettre des doigts dans la neige pendant qu'on dort provoque le même réflexe de la vessie que lorsqu'on plonge une main dans l'eau tiède ?

Autant de questions lancinantes qui m'ont poussé à me procurer le nouveau roman de Jacques Saussey et à le lire aussitôt.

Et croyez-le ou non, depuis que j'ai entamé ma lecture, la température a chuté de dix degrés.

Et je ne crois pas aux coïncidences.



Malgré ses quelques rebondissements, je qualifierais davantage Cinq doigts sous la neige de roman noir ou de roman à l'atmosphère pesante que de thriller.

Angoissant à souhait, il peut rappeler au début Shining de Stephen King ou Vertige de Franck Thilliez pour son côté tempête de neige et huis-clos.

Avec une touche d'Inexorable de Claire Favan, tant pour cet engrenage machiavélique qui se met en place que parce que le livre parle notamment de tout ce qu'un père serait capable de faire pour son fils. Jusqu'à quelles extrémités il serait prêt à aller pour le protéger.

Un sujet peut-être discutable en l'occurrence, mais comme vous le verrez protéger son fils n'est pas juste un instinct paternel mais aussi un acte contenant une part d'égoïsme, d'intérêt personnel.



L'histoire se déroule en septembre 1974, dans les Vosges.

Valérie Giscard d'Estaing avait fixé deux mois plus tôt la date de la majorité en France à dix-huit ans.

Jacques Saussey a volontairement choisi une date lointaine, quand la police ne disposait pas des mêmes moyens qu'aujourd'hui.



Marc Torres est un écrivain de science-fiction de renommée internationale, extrêmement riche.

Extrêmement veuf également, même si le fantôme de feu son épouse Véronique semble hanter sa villa, donnant une dimension parfois surnaturelle et même macabre au roman.

"Une terreur sourde, palpable, aussi tangible et étanche qu'un couvercle de cocotte-minute."

Son fils Alexandre souhaite inviter quelques camarades de classe chez eux afin de célébrer son anniversaire. le père finit par céder mais à une condition : Pas de drogue ni d'alcool.

Alexandre, qui avait envie de s'arracher la tête, insiste. Et son père finit par céder : plusieurs bouteilles de Mister Cocktail, parce que sans alcool la fête est plus folle.

Le jour J ses petits camarades sont conduits un à un par leurs parents. Michelle Morange déposera sa fille Mathilde, aussi jolie que manipulatrice. Jonathan Keller emmènera son fils Romain. Citons également l'inquiétant Pierre, mauvaise fréquentation ou Henri le fils du maire.

En tout dix garçons et cinq filles libres de leurs mouvements tandis que Marc écrit, inspiré, à l'intérieur.

Mais ces jeunes vont-ils pouvoir se contenter d'une fête sage sans qu'un joint ou une bonne bouteille ne circulent entre eux ? Sans que certaines libidos ne se réveillent ?

D'autant qu'une brusque tempête de neige vient perturber la soirée, que les flocons viennent inonder les routes menant chez les Torres, et qu'aucun chasse neige ne passera ce soir pour dégager ces routes devenues impraticables.

"Les milliards de queues de lapin qui tombent du ciel sans discontinuer commencent à recouvrir les traces qu'il a creusées dans le tapis immaculé."

"Les flocons, lourds comme des morceaux de coton congelé, s'abattaient avec une densité qu'il n'avait jamais vu depuis qu'ils étaient venus habiter dans le secteur."



Ce qui se passera exactement cette nuit-là, je vous laisse le soin de le découvrir.

Sachez simplement que Jacques Saussey va doucement placer ses pions tout au long de ses très courts chapitres.

Si le roman est raconté majoritairement par Marc Torres, les narrateurs sont très nombreux et nous permettent de voir progressivement comment des histoires sans lien apparent entre elles finiront par se rejoindre.

Et bien sûr d'avoir les points de vue des différents protagonistes.

Mais seul le lecteur sait ce qui s'est réellement passé.

Par contre il ne sait pas tout non plus, sinon ça ne serait pas rigolo.



Si la dernière partie permet un final en apothéose jusqu'à l'épilogue amoral à souhait, on ne peut pas dire des trois autres qu'elles disposent d'un suspense à couper au couteau.

Leur qualité réside davantage dans leur tension progressive.

Une angoisse sourde, insidieuse, parce que le lecteur est déjà dans l'anticipation de ce qui risque de se passer.

Parce que le décor ( l'isolement, la nuit, les immenses forêts, cette température polaire et son manteau de neige ) se prête tout particulièrement à cette oppression.

Et parce que la peur de certains personnages piégés, qu'ils soient attachants ou non, est communicative. Qu'on la ressent, qu'on se met à leur place si inconfortable soit-elle.



Cinq doigts sous la neige ...

Une ancienne marque de gants qui a fait faillite ?

Des doigts humains, de primates ?

L'un d'eux avait-il un ongle incarné, une verrue, de l'arthrite ?

Sont-ils décomposés ou leur linceul de glace a-t-il permis de les préserver ?

Est ce que seul le majeur pointe tandis que tous les autres doigts sont repliés ?

Pour avoir les réponses à ces questions qui vous taraudent à votre tour, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

En prime vous lirez un excellent roman sombre, où le malaise doucement distillé finira par vous envahir.

Seuls certains choix de personnages principaux ou secondaires m'ont parus extrêmes et peut-être discutables.

Ce qui n'a pas entaché mon plaisir pour autant.







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Enfermé.e

« Si je ne peux pas être qui je suis, je préfère être morte plutôt qu'être emprisonnée dans un corps qui n'est pas le mien. »



Emprisonnée, enfermée, Virginie l'est depuis l'enfance : dans son corps de garçon, alors qu'elle se sent fille. Et quand vos parents prennent pour une lubie un tel décalage, qu'ils s'attendent à ce que 'ça passe', quitte à sévir violemment pour vous remettre dans le droit chemin (éventuellement avec l'aide d'un psy), c'est douloureux pour le corps et surtout pour l'âme. En-dehors de la maison, c'est encore pire avec le harcèlement scolaire, entre 'simples' moqueries et passages à tabac : « Ce besoin de torturer ceux qui ne vous ressemblent pas, ceux dont les moyens de défense sont réduits à l'espoir que les choses changent un jour. »



Virginie connaît ensuite un double enfermement : la prison. Une prison pour hommes, puisqu'officiellement, elle est de sexe masculin.

Et si le milieu carcéral est particulièrement impitoyable et violent, il l'est plus encore pour les 'minorités visibles', notamment les homosexuels et transgenres, victimes des pires sévices de la part de co-détenus et de matons. Un enfer dont on s'échappe un peu (avec la drogue), ou beaucoup - en se suicidant.



Ce roman est magistral ! ♥

La lecture est douloureuse, on passe de la colère à la nausée, on est souvent triste à hurler, poings serrés, sourcils froncés, certains passages sont insoutenables. J'ai pensé à 'Meurtres pour rédemption' (Karine Giebel) pour la violence carcérale, à 'En finir avec Eddy Bellegueule' (Edouard Louis) pour le calvaire vécu par ceux dont l'identité sexuelle 'dérange'.

Mais surtout, le talent de l'auteur me rappelle celui de Thierry Jonquet, pour la construction de l'intrigue, la richesse des personnages (jamais nommés, habilement désignés par des pseudos ou des fonctions) et la pertinence des propos.

A travers l'histoire cruelle de Virginie, Jacques Saussey nous bouscule et fait réfléchir à la transidentité, à la sexualité en général, au regard de l'autre, aux relations parents-enfants, à la prison et aux Ehpad...



L'ouvrage commence comme un roman noir, il le reste, mais se double d'une intrigue policière troublante en huis clos qui évoque une ambiance Cluedo et Agatha Christie…



Passionnant et bouleversant ! Les explications de l'auteur en fin d'ouvrage rendent l'histoire de Virginie encore plus poignante, alors qu'on pense avoir atteint des sommets et être passé par toutes sortes d'émotions.



Bravo et merci à l'auteur pour son intelligence et sa sensibilité. ♥

________



(…)

Mais mon vrai métier c'est la nuit

Je l'exerce en travesti, je suis artiste

J'ai un numéro très spécial

Qui finit en nu intégral

Après strip-tease

Et dans la salle je vois que

Les mâles n'en croient pas leurs yeux.

(…)

On rencontre des attardés

Qui pour épater leurs tablées

Marchent et ondulent

Singeant ce qu'ils croient être nous

Et se couvrent, les pauvres fous

De ridicule

Ça gesticule et parle fort

Ça joue les divas, les ténors

De la bêtise.

Moi les lazzi, les quolibets

Me laissent froid puisque c'est vrai...

(…)

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=-4-zC8WtwBw
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