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Critiques de Janis Otsiemi (123)
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Les voleurs de sexe

Samedi soir à Libreville : quatre compères essaient de faire des embrouilles sans s’embrouiller, ils se retrouvent sous les lampadaires pour palabrer comme tous les jeunes paumés du quartier. L’un, Benito, se cadeaute en arborant ses baskets neuves, avec étiquettes apparentes.

Ils découvrent, dans une voiture beaucoup d’argent et un homme « cadavéré » (hommage à Zao, l’antimilitariste congolais, avec son hymne « Ancien combattant » à la fois grotesque et engagé : « la guerre ce n’est pas bon, tout le monde cadavéré ». Et une enveloppe de photos : sans aucun doute, ces photos montrent des hommes politiques, procureur, sénateur, Premier Ministre, ministre des Affaires Étrangères, entourant le Président de la République que Janis Otsiemi appelle Papa Romeo, PR, dans un apparat franc-maçon, « associé à la sorcellerie et devenu une religion d’État comme l’Islam l’est dans les pays musulmans ».

Vendre ces photos au plus offrant, vite.

D’autres petits truands, sapeurs (qui soignent leur mise) sont au courant d’une arnaque à exécuter sur un patron chinois, qui paie ses salariés en liquide et va chercher l’argent à l’UGB, l’Union Gabonaise de Banque, le dernier jour du mois.

Des policiers ripoux, jouant au tiercé à longueur de temps, sont sur une troisième affaire : des « voleurs de sexe », d’où le titre, qui peuvent subtiliser le « bangala » d’un quidam à qui ils serrent la main. Les voleurs sont principalement des musulmans, or le chef de l’État est musulman (puisque le Gabon est producteur de pétrole, et Bongo a voulu s’aligner sur les pays de l’OPEP par sa conversion)

Le Gabon est un pays riche, très riche, qui pourtant, nous dit l’auteur, ne distribue la richesse à personne. Les magouilles, depuis le haut de l’État, les concussions entre petits malfrats et policiers de la PJ, les doutes concernant les immigrés de l’Afrique de l’Ouest et leur rôle dans le pays, enfin la mainmise de la Chine, tout cela contribue à un paysage sombre, et à la fois gai.

Pourquoi gai ?

Grâce à l’écriture inventive, réécriture mélangeant un parfait français, des proverbes africains, une langue savoureuse de quartier, des utilisations de mots en les détournant de façon jouissive. Exemple : Un protagoniste, une clope piégée entre les lèvres, téléphone son paquet de cigarettes à un compagnon, rouscaille, lui met sous le groin et renfouille ce qu’il veut lui montrer, lui serre l’os puis jargonne l’objet de sa présence.

Écriture subversive aussi, mettant en place le paysage politique que Janis Otsiemi nous décrit sans concession. Il vit à Libreville, cet auteur, très étrange dans cette dictature pourrie par la corruption à tous les étages.

Mais oui, il vit à Libreville.

Peut-être pas un chef d’œuvre, mais un bon moment à passer et un grand bravo pour le courage de l’auteur.

Un conseil : écoutez le Zao de 1969 en lisant ce livre. Vous comprendrez l’humour spécial utilisé par Janis Otsiemi.

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La bouche qui mange ne parle pas

Trois ans de taule pour une bagarre, c'est cher payé même en Francs CFA. Enfin bon, il est temps de tourner la page. Sauf que Solo, c'est son nom, il aime bien ambiancer à la tombée de la nuit, caresser la croupe des gazelles, mais pour ça il faut aussi de la thune. Alors Solo doit replonger dans ses fréquentations, son cousin Tito qui lui a tout appris et qui lui demande juste de voler une caisse, de passer par l'essenserie pour remplir le réservoir et de l'attendre... Une histoire simple, un coup à se renflouer rapidement. D'ailleurs il touche une avance. Et le soir même, c'est chaud l'ambiance. Trois ans qu'il n'avait pas levé une femme, mais pas une de ces gossettes où il faut allonger de l’argent juste pour voir leur string, alors qu’on ne s’est même pas allongés... Sodomie ou brouette, nuit chaude femme cochonne. Une lune bleue dans le maquis, nuit cochonne femme chaude.



Aaaahhh... Combien d'années que je n'avais pas mis les pieds à Libreville... La nostalgie me prend, les souvenirs refont surface, immergé que je suis par la poussière de latérite qui se soulève de la route au passage des RAV4 noirs ou des BMW grises. Je tourne le dos au soleil, l'hypermarché Mbolo où des vendeuses d'arachides s'alignent le long de la route, l'avenue Jean-Paul II si propre la journée, si chaude la nuit (si feu le pape savait ce qu’est devenu son nom). Ambiance nocturne, je m'assois dans mon dos-tourné habituel, une musique d'IAM crachée d'une grosse berline au ralenti, La vie est belle, le destin s'en écarte / Personne ne joue avec les mêmes cartes / Le berceau lève le voile, / Multiples sont les routes qu'il dévoile / Tant pis, on n'est pas né sous la même étoile, je mange mon riz-yassa. Derrière-moi, c'est le défilé des belles, des gossettes et des femmes plus mûres, avec toujours cette même envie de caresser ou d'ouvrir leurs cuisses tarifées. Aaaahhhssez parlé de ma vie, j'ai envie de me dire que j'ai partagé une cour d'école avec un grand écrivain, Janis Otsiemi, revenons au Gabon. Revenons à toutes ces magouilles.



Et il n'y a pas à dire, l'auteur n'a pas peur de dénoncer, dans la truculence de la langue africaine, les travers de sa société, gangrenée à l’extrême par l'argent. La thune, au centre de tout, du gamin au premier ministre. La corruption, l'activité la plus lucrative du pays. Tout se paie en pots de vin, tout s’achète en billets sous le manteau. Du braquage au maraboutage. Dernier point, des jeunes garçons sont kidnappés, leurs corps retrouvés mutilés avec leurs attributs coupés. Une affaire de plus pour la PJ. C’est une histoire sale dans laquelle va tremper Solo, mais ça tu t’en doutais déjà. Pour ambiancer toute la nuit, il faut se donner les moyens…
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Tu ne perds rien pour attendre

A Libreville, au Gabon, Jean-Marc Ossavou est lieutenant à la Sûreté urbaine. S'il a choisi de faire carrière dans la police, c'est pour venger sa mère et sa petite sœur, mortes percutées par une voiture dont le conducteur n'a jamais été puni parce qu'il était fils de ministre. Hanté toutes les nuits par le meurtrier qu'il ne réussit pas à tuer, il se console en aidant les victimes à prendre leur revanche sur leur bourreau.

Une nuit, alors qu'il roule dans les rues de la ville, il rencontre la belle Svetlana qu'il ramène chez elle pour lui éviter des ennuis. Ses tentatives de drague reste vaine mais il apprend qu'elle vient de quitter son travail au casino La Roulette et connaît son adresse. Le lendemain, quand il décide de retenter sa chance, il découvre avec stupeur que Svetlana n'existe pas. Ou plutôt, qu'elle n'existe plus, assassinée il y a déjà deux ans de cela alors qu'elle rentrait du travail au petit matin. Jean-Marc a vu un fantôme ! Et ce n'est pas un hasard, selon lui. La jeune femme réclame vengeance et le policier décide de rouvrir l'enquête qui a été classée sans suite par la gendarmerie.



Grosse déception que ce dernier opus de Janis Otsiemi. Au rang des points positifs, on peut citer le dépaysement et les quelques expressions gabonaises qui parsèment le récit. Et c'est tout. Où est passée la verve de l'auteur ? Sa langue riche, colorée, imagée ? Le style, ici, est plat, scolaire, tout juste digne d'une (mauvaise) rédaction de collégien. Que de répétitions, de platitudes, de phrases trop simples ! L'intrigue est du même acabit, linéaire, sans surprises, expédiée à un train d'enfer, sans approfondissement, ni des personnages, ni des situations. Rien de nouveau sous le soleil de Libreville : corruption, passe-droits, pots-de-vin et présence de français peu recommandables qui traficotent et arrosent les autorités pour avoir la paix. En plus, il faut se coltiner une fille-fantôme qui monte en voiture, papote, rentre chez elle, le plus naturellement du monde. Comme c'est la base de l'intrigue, c'est un peu léger. D'autant que personne ne semble s'en offusquer, tout juste évoque-t-on un possible dé-maraboutage...

Bref, il y a tromperie sur la marchandise. Le policier étant présenté comme un ''Dexter à la mode gabonaise'', on peut se poser des questions sur la perspicacité des rédacteurs de la quatrième de couverture. Otsiemi est capable de faire beaucoup mieux, là, il a raté son coup en cédant à la facilité.
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Les voleurs de sexe

Libreville.

A l'écoute des pulsations qui résonnent dans les rues de la capitale.



Pulsations de Benito le rappeur, Tata le teigneux et Balard le puceau, issus des matitis (les bidonvilles) et vivant de combines, qui se retrouvent pour partager une soirée qui les mènera jusqu'au bout de la nuit...

Et quelle nuit!



Pulsations aussi d'un autre équipage, celui de Kader le flambeur, de Pepito l'adepte en sapologie et de Poupon, qui eux se réunissent pour préparer le coup de l'année.



Tous rêvent de trouver le bon plan qui les mettra à l'abri du besoin pour un temps.



Pendant ce temps, la police, qui a atteint son quota d'interpellations durant le weekend, doit faire face à un sacré problème: un fait divers est sur le point de se transformer en psychose. "Alerte aux voleurs de sexe" titre le quotidien national, l'Union, "le premier torchon à cul local" car bientôt à Libreville "Même un impuissant peut t'accuser dans la rue de lui avoir volé son sexe".



Parallèlement, les gendarmes de la DGR (Direction Générale des Recherches) essaient de désamorcer une bombe à retardement: les photos compromettantes du chef de l'Etat lors d'une réunion maçonnique circulent. Et ici qui dit franc-maçonnerie rime avec sorcellerie.



Janis Otsiemi, à travers des intrigues multiples, livre un instantané des maux qui gangrènent la société gabonaise, l'Etat et ses institutions: corruption , clientélisme, endettement, vampirisme économique du nouveau partenaire chinois, chômage, SIDA, pauvreté et violence avec son cortège de délinquants et de prostituées.



De combines en magouilles, de magouilles en affaires, les intrigues seront résolues.



L'auteur, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs, utilisent plusieurs registres de langues adaptés aux différentes situations. Il émaille aussi son texte de proverbes africains, de mots typiques distillant ainsi dans ce sombre tableau, humour et dérision.



Un court roman social et urbain , bien rythmé et aux cadences variés. Une bonne découverte.



Marabouts et bout de ficelle

et ficelles en tous genres...



Un dernier conseil aux messieurs: attention à votre bangala!

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Tu ne perds rien pour attendre

Jean-Marc est policier à Libreville au Gabon, un soir il prend belle jeune fille en stop pour la ramener chez elle. Il ne le sait pas encore mais cette rencontre va bouleverser son quotidien, tant personnellement que professionnellement.



La lecture de ce roman fut à la fois rapide et facile , notamment grâce aux chapitres très courts qui composent ce roman. Mais il m'a fallu longtemps pour me faire une idée précise sur ce roman policier. J'en attendais beaucoup, sans doute trop. La faute à la promotion du roman qui parle d' "un Dexter à la mode gabonaise" ? Allez savoir. Et à la limite peu importe. Toujours est-il u'on est loin de l'ambiance tendue et frénétique qu'on peut attendre avec une telle description.

En dehors des premiers chapitres où l'on assiste au côté obscur du policier, la plupart des chapitres décrivent des scènes assez quotidiennes sans qu'il y ait beaucoup de rebondissements, fausses pistes ou importantes confrontations entre personnages.

Pour autant, on ne peut pas dire que ce roman est mauvais, ce serait injuste et faux. En réalité, ce qui m'a gênée, déçue, c'est le fait que l'auteur est trop distant avec son récit, et l'impression de manque de "passion" qui en résulte. Peut-être Janis Otsiemi est-il un romancier trop pudique ? La construction de ce récit donne l'impression qu'il n'est pas si assuré en tant que romancier. Pourtant les idées sont bien là, car on est interpellé au début, mais très vite on s'englue dans des scènes assez banales qui apportent parfois peu à l'enquête et à l'ambiance qui règne dans la capitale gabonaise.

J'ai pourtant trouvé intéressant la confrontation de l'ancien et du nouveau dans cette ville entre croyances ancestrales et folie pragmatique de la modernité made in béton et tous les vices qu'elle apporte...



Je retiens quand même les traits d'esprit qui interpellent tout au long du récit avec une langue très imagée. Mais j'aurais aimé que Janis Otsiemi pousse davantage ses personnages dans leurs retranchements et qu'il "ose" nous en dévoiler pus sur ce qui les animaient et sur les autres phénomènes qui pouvaient les révulser, eux qui travaillent sans cesse au contact du côté obscure de l'espèce humaine.



Je remercie Babelio et les éditions Plon pour ce partenariat qui m'a permis cette découverte.
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Le chasseur de lucioles



Un tueur en série qui s'acharne sur les prostituées, un braquage musclé "à l'américaine" et une guerre des Polices pour couronner le tout.

A première vue rien de vraiment novateur dans ce polar.



Mais nous ne sommes pas à Chicago ni à Paris, mais au Gabon.

Le coup de l'environnement exotique est un recours fréquent des auteurs en mal d'inspiration et dont la redondance a fini par lasser les fans les plus irréductibles.



Ce type de délocalisation s'avère souvent artificiel et truffé de lieux communs.

Pas de ça ici, Janis Otsiemi connait le Gabon, il y est né.

Dès lors on lui pardonne la banalité relative d'une intrigue largement compensée par le tableau à la fois picaresque et grinçant de la société gabonaise.



Mais, plus encore que ces dénonciations "sans y toucher", c'est la richesse imprévisible et jubilatoire de la langue française telle qu'elle est réinventée en Afrique qui m'a définitivement séduit.



Je reviendrai avec plaisir vers cet auteur.
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African tabloid

Les éditions JIGAL permettent décidément de découvrir des auteurs inattendus. C'est le cas de cet auteur gabonais, qui retranscrit finement l'ambiance de son pays, les travers des politiques et des policiers, le climat torride et la vie quotidienne qui réunit chacun. C'est bien écrit, sans chichi, ni recherche exagérée de termes locaux. Même si l'enquête (ou plutôt les enquêtes) tourne un peu court, et que le dénouement final arrive comme un cheveu sur la soupe, ce court roman policier africain vaut le détour.
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Les voleurs de sexe

Dans les matitis (bidonvilles) de Libreville, trouver LA combine pour devenir riche est l'occupation principale de la jeunesse oisive. Une nuit Benito, le fan de rap et Tata, le bourou-bourou (teigneux) attendent leur ami Balard qui pourrait avoir enfin perdu sa virginité avec la belle Nathalie. Mais pas le temps de fêter la bonne nouvelle. Une voiture vient s'encastrer dans un poteau et à son bord une mallette qui va faire leur fortune !

Pendant ce temps, Kader, Pepito et Poupon préparent un très gros coup : attaquer le directeur de la China Woods le jour où il transporte la paye du mois des ouvriers, un petit chinois peu méfiant qui transporte sans escorte des sommes colossales.

A la PJ, les flics se concentrent sur une affaire autrement plus importante : les voleurs de sexe ! Dans les rues de la capitale gabonaise, la psychose s'installe. D'un simple contact de la main, les voleurs de sexe envoient une décharge électrique et volent le bangala (pénis) de pauvres hommes jusque là fiers de leurs bijoux de famille.



Trois intrigues mêlées pour une description pas très flatteuse de la société gabonaise. La pauvreté, les combines, les gros coups, la corruption, la superstition...des fléaux qui gangrènent un pays jusqu'au chef d'Etat qui a lui aussi beaucoup à cacher. Voyous et ripoux s'unissent avec pour but unique de se remplir les poches à moindre frais. Les flics qui n'hésitent pas à torturer leurs suspects passent leurs journées à se la couler douce, pariant aux courses ou fournissant des armes aux petits délinquants. Au passage, Janis Otsiemi en profite pour dénoncer la nouvelle ''chinafrique'', exploitation des ressources et des personnes par une Chine toute puissante qui prend et peine à rendre.

Du lourd, du noir, mais pas de morosité dans la prose de l'auteur qui nous régale de sa langue imagée et percutante, un parler des rues de Libreville, savoureux, drôle, émaillé de proverbes africains, un français vivant et vivifiant. La vie est dure à Libreville mais l'espoir de s'en sortir ne s'éteint jamais. On se réjouit d'un coup réussi, on se résigne quand il rate, la faute à pas de chance, et le prochain sera meilleur !

Ce n'est pas le polar de l'année, les intrigues, simplistes, se résolvent assez facilement mais l'ambiance africaine vaut vraiment le détour. La plume d'Otsiemi est un régal et le temps de quelques heures, on voyage vers son Gabon corrompu mais plein de vie.
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Tu ne perds rien pour attendre



Tu ne perds rien pour attendre est un roman policier venu du Gabon , et c' est aussi l'occasion d'inaugurer un label consacré par la maison d'édition Plonau polar, Sang neuf, une collection gérée par Marc Fernandez, cofondateur de la revue de polars Alibi, que nous avons eu la chance de croiser lors du récent Quais du Polar ..



Jusqu’à présent, deux titres sont disponibles : ce Tu ne perds rien pour attendre et Un bref moment d’héroïsme (de Cédric Fabre).

Quoi de mieux en effet que cette littérature de genre pour éclarier les travers de la société actuelle ??



Et en 4ème de couverture, Janis Otsiemi que je ne connaissais pas, n'est pas moins annoncé comme le James Ellroy Africains, pas mal non comme promesses?



Drogue, violence, jeux, vengeance: Otsiemi nous livre une bien noire peinture de la société africaine et des quartiers de Libreville, la capitale du Gabon, à travers un personnage qui fait penser un peu à un Dexter Africain..



On y entrevoit notamment que des parrains corses tiennent des casinos corses qui semble bien être un fléau gabonaise, au même titre que la corruption et la drogue, et dans laquelle le surnaturel et le fantastique est constamment prégnant, avec des recours fréquents à des marabouts et à une importance considérable des fantômes .



.L’Afrique est un véritable polar à ciel ouvert et si l'intrigue et le style d'Ostiemi est un peu trop classique et décousue, ce polar de Janis Otsiemi l'illustre parfaitement ....




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le festin de l'aube

Dépaysement total avec ce polar qui se déroule à Libreville, au Gabon. Si ça vous intéresse, il y avait du soleil… Mais l’histoire ne donne pas envie de se prélasser, on a une femme morte dans des conditions bizarres.



C’est le lieutenant Boukinda qui l’a renversée en voiture, cette jeune fille, mais il n’est pas responsable de sa mort, elle était déjà plus morte que vive. Ce sera le point de départ de son enquête. Boukinda est gendarme.



De l’autre côté, on a cambriolé un dépôt d’arme de l’armée et c’est la police qui est chargée d’enquêter.



Le rapport entre les deux affaires ? Vous le saurez en lisant ce polar qui m’a sorti des sentiers battus, ne fut-ce que par les expressions utilisées par les personnages. Oui, le dépaysement est garanti !



Vous apprendrez même des nouveaux mots, des verbes fait à partir de noms communs (cadeauter), des expressions (les traductions se trouvent toutes en bas de pages) et, petit plus, chaque chapitre commence par un proverbe africain.



Il ne faut pas lire ce polar en pensant tomber sur une enquête trépidante et menée tambour battant. Sachez qu’en 264 pages, vous n’aurez pas vraiment le temps de vous ennuyer et de peindre la girafe. Les chapitres sont très courts, jamais plus de 5 pages et le roman se dévore en une petite journée.



J’ai bien aimé l’équipe formée par le lieutenant Boukinda et son collègue Envame. Un petit peu moins celle formée par les deux policiers. Le personnage principal étant Boukinda, il est assez présent que pour faire oublier les autres policiers.



Le contexte économique et social est bien mis en scène dans ce roman, sans en faire trop, sans aller dans les détails, mais l’auteur met en avant son pays et ses modes de fonctionnement, notamment dans la police, où l’on a encore des flics qui frappent d’abord et questionnent ensuite.



Un roman policier qui dépayse, qui vous emportera au loin, dans une société que l’on ne connait pas (ou peu) et qui mélange habillement l’économie, la politique, les complots, les meurtres et le mode de vie de certains qui se veulent dans la modernité tandis que d’autres restent attachés à un mode de vie ancestral.



Il manquera juste quelques explications sur les motivations de notre groupe de criminels, mais pour cela, l’auteur aurait dû approfondir le contexte politique du Gabon et ce n’était pas tout à fait le sujet (rassurez-vous, on comprend qui a fait quoi).



Un polar gabonais à découvrir ! Dommage que les éditions Jigal aient déposé le bilan… Je trouvais souvent des romans différents, chez eux.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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African tabloid

Libreville, Gabon. Si loin, si proche.



Le Gabon a un long et lourd passé avec la France, la Françafrique y a pris tout son sens à une certaine époque.



Janis Otsiemi nous plonge dans le Gabon d’aujourd’hui, mélange de tradition et de modernité, si loin, si proche comme je le disais.



Une langue officielle commune à nous, elle aussi si proche et si lointaine. Parce que le grand intérêt de ce roman est avant tout la langue de l’auteur. Oui du français, mais du français qui sent la terre d’Afrique, la terre du ghetto. Une prose pleine de (bons) mots de là-bas, d’expressions fleuries et imagées.



Des expressions savoureuses, drôles ou désespérées, qui donnent un cachet authentique au roman. Otsiemi parle de ce qu’il connaît par cœur et ça sonne terriblement juste.



Le nom du roman décrit bien ce qui attend le lecteur (hommage au roman American Tabloïd de Ellroy) : une descente dans les coulisses de la police gabonaise et du pouvoir en place.



Méthodes policières où la violence et la corruption sont monnaie courante, inscrites dans les mœurs et où l’abus est ancré dans les gènes du pouvoir.



Une Afrique désenchantée où il ne fait pas bon faire partie des minorités visibles.



La peinture sociale du pays est donc imagée et vraiment très intéressante. Un peu dommage que l’intrigue soit convenue et qu’elle n’arrive pas au niveau du reste.



Un court roman de 200 pages, dépaysant et véritablement instructif à défaut d’être totalement prenant. A vous de voir ce qui compte le plus dans votre envie de lecture.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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Tu ne perds rien pour attendre

J'ai dévoré ce roman.Je n'avais jamais rien lu de Janis Otsiemi et ce fut une belle découverte.

L'histoire se déroule à Libreville au Gabon.Jean -Marc est lieutenant de police dans la Sûreté Urbaine.Il a intégré ce métier car il a soif de vengeance et de justice.Son objectif est d'assainir le milieu corrompu au plus haut niveau dans lequel il travaille,de poursuivre les violeurs,les trafiquants,dealers, qui pourrissent la vie des gens "ordinaires".

En le lisant,j'ai cru voyager dans les rues d'un Gabon qui m'est inconnu,je suis entrée dans le snack-bar chez Maxime,j'ai pénétré dans l'univers si particulier d'un casino.

L'auteur campe des personnages hauts en couleur,avec des personnalités définies avec tant de précision que j'ai eu l'impression de les connaître,qu'ils existaient vraiment.L'ouvrage est savoureux d'expressions du cru:"on ne se perd pas d'oreille",la "tétutesse",sa "bonamie"...Le style est adapté à l'histoire,alternant descriptions et dialogues,tout cela très harmonieux.L'auteur a réussi son challenge,à savoir dénoncer la difficile réalité de son pays.

La vie dans cette partie du monde,pas si lointaine géographiquement de la nôtre,est très dépaysante.C'est étonnant car inconnu,ça fait un peu peur aussi.

J'ai beaucoup aimé.
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African tabloid

Immersion totale à Libreville en 2008, avec un bref "topo" sur l'histoire ( fondation en 1472, indépendance en 1960 ) du Gabon dans un style et une écriture en langue française émaillée d'argot local et d'expressions propres aux maisons " poulaga " !

Bref, un pays pourri par le chômage, la pauvreté, le travail précaire, l'immigration mais surtout par la corruption, la drogue, les pillages et les falsifications de documents en tout genre !

Mais pour assurer l'ordre, la sécurité, la sureté se trouvent :

d'une part : à la direction des recherches avec la gendarmerie : 2 officiers : Louis Boukinda et Hervé Envame qui s'occupent des affaires politiques, judiciaires et intérieures.

d'autre part : dans les services du département des Affaires Criminelles de la P.J : il y a les capitaines : Louis Koumba et Jacques Owoulo et le directeur : le colonel Essono.

Boukinda et Envame sont appelés pour un crime commis sur la plage à coté du Palais présidentiel : il s'agit d'un journaliste d'investigation aux Echos du Sud qui a été trouvé pieds nus, avec une balle dans la gorge, avec 2 doigts de la main gauche sectionnés et surtout une douille provenant du même calibre que celui qui a éliminé, quelques années auparavant un soldat tchèque : Pavel Kurka ! Cette enquête s'annonce difficile car elle touche le pouvoir politique, et dans 1 an, auront lieu les élections présidentielles.

Au niveau de la P.J : Koumba et Owoulo ont 3 affaires à régler : à savoir

La mort de 2 adolescentes suite à la mise en ligne de vidéos compromettantes ! Ils recherchent un globetrotteur pédophile.

Un vol de chéquier dans l'auto du ministre Mébalé avec le retrait de 2 millions de francs CFA..

Un accident mortel sur une femme et son bébé renversés par un chauffard au volant d'une vieille Toyota.

La routine en quelque sorte, si ce n'était que le bureau des flics est un cagibi, ils n'ont pas de moyens matériels et même pas d'ordinateur pour leurs investigations : à part la débrouille Gabonaise et leur expérience du métier !

Un polar réaliste, dépaysant, facile à lire avec un clin d'oeil à James Ellroy que Janis Otsiemi admire !

L.C thématique : polar de juillet/août 2022 : AFRICAIN.





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Les voleurs de sexe

Pour ceux qui ne connaissent pas encore Janis Otsiemi, il faut savoir qu'il est Gabonais, que le français qu'il utilise est un très beau français, coloré, imagé, riche et que rien que pour ça c'est un régal de le lire !



A Libreville, la capitale du Gabon, la délinquance est un pilier de l'économie et la corruption la survie de la police .



Photos compromettantes pour les hautes instances politiques, braquage d'un grand patron Chinois , arnaque au vol de sexes, trois histoires qui se croisent et nous entrainent à travers Libreville. J'avoue avoir un faible pour le vol de sexe ( rien que l'idée est étonnante) qui nous montre à quel point une rumeur peu enfler même en dehors d'internet!



Ce n'est pas mon préféré, sans doute parce qu'il y a un peu trop d'enquêtes et de personnages mais j'aime toujours autant le dépaysement qu'offre ces romans
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Le chasseur de lucioles

Vous voulez en apprendre un peu plus sur le Gabon ? Oubliez le Guide du Routard, trop gentil, et ouvrez plutôt ce roman !



L’auteur est sans concession aucune envers son pays, gangréné par la corruption qui se pratique à tous les étages, tout en sachant que plus on est haut dans la société, plus on peu corrompre et s’en mettre plein les poches.



Celui qui voudrait rester honnête ne le pourrait pas. Oui, ici la corruption et le clientélisme sont des véritables sports nationaux.



Ici, il dit tout ce qu’un guide touristique ne dirait pas et que le politiquement correct (ou la trouille des répressions) évite de dire, entre autre, les problèmes entre les ethnies. Si un bureau est rempli de Fangs, n’y faite pas entrer un Myènè.



Le dépaysement est garanti dans ce roman car nous ne faisons pas que de changer de pays, de continent, de culture…



L’auteur étant du pays, il nous parle en connaissance de cause, émaillant ses dialogues de mots bien de chez lui, avec les traductions en bas de pages, parce que leurs expressions ne sont pas les mêmes chez eux que chez nous. Ou le contraire, tout dépend dans quel pays on se place.



Ici, les flics n’ont rien de Sherlock Holmes, rien des Experts Miami… On bosse encore à l’ancienne et niveau recherches des preuves, ma foi, on tabassera le suspect d’abord, on vérifiera après. La preuve, la résolution des crimes ne passera pas par de puissantes déductions, mais devra plus à la chance et aux renseignements obtenus.



J’ai eu juste un peu de mal au départ avec les différents personnages, n’arrivant pas à assimiler qui était qui et faisant un bouillon avec tout le monde avant que le cerveau ne se reconnecte et enregistre le tout.



Un cadavre sur la plage, un trafic d’armes, une enquête, un braquage de fourgon blindé, une autre enquête, des prostituées (lucioles) qui se font assassiner sauvagement, on secoue et hop, on vous emballe le tout dans un chouette petit roman bien dépaysant, avec des chapitres courts, des proverbes bien de chez eux, des expressions aussi, une grosse louche de corruption et le tour est joué.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le festin de l'aube



Un polar gabonais, on n'en rencontre pas tous les jours. C'était d'ailleurs une première pour moi.



Deux enquêtes parallèles nous occupent ici. L'une liée à la mort d'une jeune femme retrouvée inconsciente sur une friche industrielle par un gendarme, l'autre se focalise sur le vol d'un stock important d'armes en tout genre.

Ce sont deux duos qui s'empareront chacun d'une affaire et qui seront amenés à se rencontrer au cours de leurs enquêtes.



L'intrigue en elle-même n'est pas très palpitante, il faut bien l'avouer. Par contre, le dépaysement est total.

Tout d'abord, le français utilisé dévie parfois du nôtre grâce à des expressions savoureuses ou à certains mots typiques du français d'Afrique comme le verbe cadeauter que je rencontrais pour la première fois.

L'idée de place à l'entame de chaque chapitre un proverbe africain était bien sympa mais je n'ai pas toujours su faire le rapprochement entre celui-ci et le chapitre qu'il introduisait.



Côté contenu, l'auteur ne fournit pas d'explication sur le fonctionnement des forces de police du Gabon. Peut-être cela a-t-il été fait lors des tomes précédents centrés sur les mêmes enquêteurs et que je n'ai pas lus. Par contre, à travers leur langage et leurs actions, on peut déjà se faire une petite idée de comment les choses se passent. Et franchement, ce n'est pas très réjouissant, la police ayant quand même tendance à faire légitimement justice elle-même, dans l'impulsion du moment.



La plume de l'auteur est simple, l'histoire se lit très aisément et les dialogues recèlent une bonne part d'humour. Une découverte à faire pour enrichir son approche de la littérature africaine.
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La bouche qui mange ne parle pas

Voilà un livre qui s’il n’avait pas été écrit par un auteur gabonais aurait sûrement obtenu les foudres des autorités du pays, tant la caricature d’une société corrompue y suinte à chaque page.

Alors oui, il est écrit dans la « langue locale » et certains mots et certaines expressions prêtent à sourire, mais c’est bien tout.

L’auteur nous raconte l’histoire de Solo un p’tit gars qui sort de taule pour divers trafics et qui va se retrouver dans une embrouille qui le dépasse.

Mais au final on comprend que dans cette société les voyous de haut vol, les flics ripoux, les politiques corrompus jusqu’à la moelle s’en sortiront toujours et ce sont ceux qui tentent de survivre avec des petits trafics qui eux paieront la note.

Un roman noir qui se veut haut en couleurs mais l’apport de ces expressions locales souvent plaisantes qui pourraient l’alléger ne peut pas faire oublier le fond, entre corruption, meurtres rituels d’enfants, et autres tortures policières dont le seul but n’est pas toujours destiné à faire avancer l’enquête en cours mais à permettre aux policiers de se faire un maximum de fric.

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Tu ne perds rien pour attendre

Un polar, oui, mais un polar gabonais, où Janis Otsiemi joue avec la langue et les expressions locales pour nous plonger dans une enquête policière sur fond de corruption et de trafic de drogue. 



Un soir, en sortant du travail, l'inspecteur de police Jean-Marc Ossavou ramène chez elle une jeune femme sortant de son travail au casino local. Quand il cherche à la revoir, il apprend avec horreur qu'elle a été retrouvée morte deux ans plus tôt ! 



Il comprend que sa belle souhaite que son décès ne reste pas impuni et il se replonge dans l'enquête avec un de ses collègues. 



Cette enquête ayant provoqué de nombreux remous, ils sont mis à pied, mais continuent en sous-marin. 



Bref, une enquête classique, mais la qualité de l'écriture et de la langue rendent ce polar très plaisant à lire. Je connaissais déjà l'auteur, qui confirme ici son talent ... 



JE m'en vais donc rechercher d'autres de ses livres ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Le chasseur de lucioles

Libreville, Gabon. Les flics ont du boulot : un mort par balles, un meurtrier qui s'amuse à tuer et mutiler des prostituées, un braquage avec des armes volées à la préfecture de police.

Et les flics ont une seule arme pour mener leurs enquêtes : le flair. Là-bas, pas de police scientifique, pas d'analyse d'ADN. Accessoirement, les interrogatoires musclés et sanglants aident bien souvent à délier les langues. On fait avec ce qu'on a.



L'intrigue est somme toute classique. Mais ce qui fait toute la différence, c'est l'écriture de Janis Otsiemi. Elle nous fait immédiatement voyager et plonger dans les bas fonds visqueux de la capitale gabonaise. Sa force est de s'appuyer sur les images, sur la richesse des mots, sur leur fantaisie.

C'est dépaysant, parfois déroutant mais vraiment attirant.



Janis Otsiemi effleure également les codes sociaux de son pays, les rivalités entre ethnies, le poids des traditions encore bien présent, les désillusions et le système D.



Une belle découverte au hasard des rayons de la librairie pour illustrer le O du challenge ABC.
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Le festin de l'aube

Double enquête à Libreville, d'un côté une jeune femme qui meurt de piqures de serpent, de l'autre vol dans un dépôt de munitions . Les recherches vont se croiser autour d'un personnage . Si dans un premier temps c'est l'enquête sur le vol d'armes qui prend le dessus pour cause de sécurité nationale, le lieutenant Boukinda n'oublie pas de chercher le tueur aux serpents.



Un roman d'Otsiemi c'est un grand plongeon dans un Gabon qui traficote des politiques aux flics mais c'est raconté avec une énergie, une force de vie et de débrouille qui force le respect et dans une langue qui me ravit à chaque fois .



Je suis une grande fan d'Otsiemi chaque roman lu m'apporte une bouffée d'Afrique et j'en redemande.



Mention spéciale pour les dictons en tête de chaque chapitre !
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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