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Critiques de Jaume Cabré (454)
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Confiteor

Depuis la lecture des Bienveillantes de Jonathan Littell en 2006, je n'avais éprouvé une telle somme d'émotions. L'auteur des Bienveillantes décrit et interroge le mal historique, le mal idéologique, le mal personnel à l'intérieur d'un système.

Jaume Cabré va plus loin: il a l'audace de faire coexister plusieurs temporalités , il en croise plusieurs pour en faire une. À travers les 800 pages du roman,il tente de cerner les origines du mal, les représentations du mal,les manifestations du mal du moyen- âge à aujourd'hui, en passant par l'inquisition et l'horreur d'Auschwitz.

C'est un ouvrage difficile pour le lecteur, foisonnant, original,sublime,une somme ambitieuse, touffue.

Le point de départ ,ce sont les confessions d'un vieil homme :Adria,qui ne souhaite pas que son histoire tombe dans l'oubli, il se confie à son ami de toujours:Bernat...Sarah, la femme de sa vie, son amour infini......traverse le livre.

Adria est un petit garçon dont les parents voulaient faire un génie. Son père antiquaire ,au passé sombre et aux méthodes professionnelles ambiguës, louches lui fait apprendre plusieurs langues. Sa mère ,elle, le voit faire carrière au sein d'un orchestre prestigieux ,en premier violon....On ne peut résumer un tel ouvrage.

La soif de connaissances, la barbarie, les horreurs de la guerre, l'amour, la douleur, l'amitié indéfectible,les propos érudits coexistent dans ce pavé .

Tous les chemins mènent au mal. Ce livre n'est pas d'un abord facile mais mon libraire m'avait prévenue.

La richesse et la densité formidable de cet ouvrage épousent les chaos de l'histoire et de la mémoire au détour de la confession d'un homme.

Après la lecture de :Home, des Demeurées voilà un autre de mes coups de cœur.

L'auteur a réussi un vrai tour de force,à faire s'entrecroiser un nombre incroyable d'intrigues à travers l'espace et le temps pour notre plus grand plaisir.

Commenter ce livre ne m'a pas été facile . Vous voudrez bien me pardonner.

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Confiteor

Lecture éprouvante, mais nécessaire, que ce « Confiteor » de Jaume Cabré. Elle laisse celui qui s’y est attelé ou consacré (c’est selon) épuisé, soulagé d’en avoir terminé, mais pas libéré pour autant.



En effet, ce texte que Cabré a élaboré pendant huit longues années, est de ceux qui ne peuvent se ranger dans une bibliothèque et y être oubliés. Il reste obsédant et inépuisable.



Le motif du roman lui-même est insaisissable et multiple comme l’image dans le tapis d’Henri James.



Ce « Confiteor », marqué par la culpabilité, est une longue lettre adressée au soir de sa vie par Adrià Ardèvol à sa compagne, Sara, disparue. Alternant le « je » et le « il » (parfois dans une même phrase) il lui raconte son enfance à Barcelone, sa vie entre des parents maladroits et malheureux, qui le voulaient humaniste et violoniste virtuose. Leur magasin rempli d’objets extorqués, comme il le comprendra plus tard.



Comme dans une composition musicale, à laquelle le schéma du roman s’apparente, de nombreux thèmes reviennent comme des variations : le vol d’un violon à Auschwitz, les camps,

le nazisme, mais aussi le franquisme et même l’Inquisition.



Les niveaux temporels sont brouillés et les personnages si nombreux qu’ils sont regroupés à la fin du roman sous le titre de « Dramatis personae ». Ces collisions chronologiques exigent une grande attention de la part du lecteur, de même que les changements de tons, passant de la poésie la plus somptueuse aux dialogues les plus triviaux.



La question centrale de « Confiteor » est le problème du mal dans un monde sans Dieu. Un mal gratuit, injustifiable, cruel.



« Il y a des choses que je ne sais expliquer, dit Adrià d’une voix lugubre. La cruauté. La justification de la cruauté.»



Jaume Cabré pose aussi la question de la possibilité de l’art et de la poésie après Auschwitz, sachant que « personne n’a les mains propres ».



« Parfois, je pense qu’avant d’être poètes, nous sommes mauvais, irrémédiablement . »



Cabré n’accorde à la littérature aucune puissance réparatrice. Elle permet d’entrer en communion avec ceux qui ont souffert . Elle est mémoire. Elle n’est pas rédemption, ni même pardon.



Il est cependant assez paradoxal et symbolique que Cabré dépeigne un Adrià Ardèvol frappé par la maladie d’Alzheimer…



« J’ai écrit sans penser, mettant sur le papier ce qui est racontable, espérant que plus tard quelqu’un animé d’une vocation de paléontologue déchiffrera tout ça. »



Ardèvol, comme Cabré, porte en lui toutes les fautes de l’humanité. Il nous engage à en faire autant, à prendre notre part du fardeau et c’est pour cela que ce texte est si épuisant et qu’il suscite , comme l’a dit quelqu’un ici, des cauchemars étranges. Il touche à l’inconscient collectif.



« Je suis coupable de tout ; s’il le faut, je suis aussi coupable de tous les tremblements de terre, de tous les incendies et de toutes les inondations de l’histoire. Je ne sais pas où est Dieu.

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Confiteor

Quel roman ! Un peu destabilisée au début, par la façon de raconter, comme quand j'ai découvert mon premier vrai manga, puis y prenant un vrai plaisir, j'ai lu d'un trait cette "biographie" d'un personnage plein de charme et de sa vie chargée de mystères, de découvertes et de rebondissements. Merci à tous les lecteurs de Babelio qui par leurs critiques m'ont permis de me régaler en lisant ce chef-d'oeuvre.
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Confiteor

Il est presque impossible de résumer un tel monument littéraire, d'une richesse et d'une intelligence comme on en lit peu.



Confiteor. Mais de quoi parle donc ce livre ? Je dirais qu'il parle, entre autres, d'amour, de guerres, de violence, de secrets de famille, d'art, de littérature, d'amitié, de la folie humaine, de culture, de musique, de maladie, de mémoire, de la vie et de la mort... Confiteor, c'est d'abord la vie d'un homme, de l'enfance à la vieillesse ; c'est l'histoire de l'Europe à travers les siècles, l'histoire d'une amitié fragile qui dure toute une vie, non pas sans trahisons, l'histoire d'un amour compliqué et passionné... mais c'est aussi celle du Vial, un violon à la fois diabolique et merveilleux, véritable personnage et fil conducteur de ce récit incroyablement dense.



Une multitude de personnages et d'époques différentes se croisent, les histoires foisonnent et se fondent dans l'Histoire avec un grand H, le style décousu si particulier à ce roman est un peu déroutant au début, mais on se prend vite au jeu, on bascule d'une époque à une autre, d'un récit à un autre en l'espace d'une ligne, d'un mot. Le temps et l'espace n'ont plus aucune limite, les histoires et les personnages s'enchevêtrent sans que jamais le lecteur ne perde le fil : c'est du grand art. Et disons-le : le traducteur a également réussi un travail titanesque, d'une finesse inouïe. Bravo à lui.



Près de 800 pages que j'ai avalées avec avidité, une écriture savante mais accessible à tous, une narration originale et captivante : c'est un chef d’œuvre que je relirai sans doute un jour, et qui m'habitera encore longtemps.
Lien : http://excalibri.blogspot.fr/
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Confiteor

Si Confiteor restera dans les esprits, ce n'est pas parce que Jaume Cabré y croise les fils narratifs, qu'il y amalgame des époques et des personnages, mais parce que ces choix sont au service d'une volonté belle et ambitieuse, celle de rappeler que la littérature est un monde, une réalité tangible, à tel point qu'elle nous est indispensable et nécessaire. On ne peut pas lire Confiteor simplement pour se distraire un peu, mais bel et bien pour vivre. Se plonger dans ce récit de la vie d'Adrià Ardèvol i Bosch, un petit surdoué poussé par ses parents à devenir une bête de foire pour épater l'entourage, est une formidable aventure spatiale, temporelle et intellectuelle. On a tous besoin d'histoires, pas de vérités, seulement des histoires pour sentir notre humanité.
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Confiteor

Immense et formidable! mais il m'est un peu difficile de parler de ce roman , et encore plus difficile d'écrire après avoir savouré la plume extraordinaire de Jaume Cabré. On approche l'Histoire ( avec un grand H) , l'histoire d'une vie, celle d'Adria et de sa famille, l'histoire d'un violon, l'histoire d'une Europe blessée par la guerre et ses atrocités. Mais prenez ce gros livre entre vos mains (une très belle couverture ), et entrez avec lui dans l'Histoire.
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Quand arrive la pénombre

D'une page à l'autre, vous trouverez :

Un homme toujours abandonné par tous, La confession d'un tueur à gages, L'hommage posthume rendu à un voleur d'agneaux, Un futur assassiné qui sait se défendre, Le choix entre un divorce et un meurtre, Un homme qui entre dans les tableaux et voyage bien au-delà des toiles, Un tueur de petites filles, Un chef d'État mégalomane, L'assassinat d'un collectionneur d'art, Un auteur prêt à tout pour se faire éditer, Des hommes qui ne pleurent pas.



Il y a des liens entre les textes, des fils rouges à suivre : un tableau célèbre ou encore un stylo en argent. C'est finalement un gigantesque puzzle qui ne demande qu'à être assemblé par le lecteur attentif et joueur. Ce dernier doit accepter que rien ne lui est donné dans l'ordre : ni les faits, ni les conséquences, ni les mobiles. Il doit aussi prendre du recul devant l'œuvre qu'il a recomposée. Et ne pas s'effrayer des monstres qui se révèlent à lui. Ici, le mal n'est pas affreux : le meurtre est banal, le crime est hygiénique, l'assassinat est pratique. Face au fameux défilé de gredins et de gibiers de potence que nous dépeint Jaume Cabré, il faut sourire. Mais se méfier un peu aussi... Parce que l'auteur semble être au nombre des vauriens à qui il tire le portrait. « Il décida qu'il faudrait faire preuve d'un peu plus de prudence et laisser passer plus de temps entre une victime et la suivante. Plus de temps pour écrire et lire, [...] Et plus de temps pour choisir une victime vraiment chouette. Être le destin de quelqu'un, ce n'était pas un truc à prendre à la rigolade. » (p. 235)
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Confiteor

Magistral, merveilleux, extraordinaire... Je n'ai pas assez de mots pour qualifier Confiteor, un des meilleurs livres que j'ai jamais lus. Après plus d'un mois de lecture, je suis sous le choc en refermant cet épais roman (900 pages !), que je considère comme un chef d'oeuvre littéraire qui deviendra (je l'espère !) sans doute un classique d'ici quelques années.



Quelle complexité ! Pas étonnant que Jaume Cabré ait mis huit ans à l'écrire ! Dans un désordre narratif hors du commun, l'auteur passe d'un personnage à l'autre, d'une époque à une autre sans prévenir, sans aucun signe de ponctuation pour le signaler. C'est pour cela que Confiteor est un roman assez difficile à lire, mais une fois que l'on s'est bien concentré sur les premiers chapitres, on ne le lâche plus ! Les surgissements des différents récits paraissent tout d'abord étranges, puis tout s'éclaire au fur et à mesure pour nous montrer que tout est lié...



Tout part de l'histoire d'Adrià Ardèvol, qui grandit à Barcelone dans les années 50 auprès de parents qui ne l'aiment pas et devient un grand philosophe et humaniste polyglotte. Atteint de la maladie d'Alzheimer, il écrit une longue lettre à Sara, la femme qu'il aime, dans laquelle il lui raconte sa vie... le désordre narratif étant à l'image du désordre qui se crée progressivement dans sa tête (on passe même parfois de la première à la troisième personne sans prévenir !). Jaume Cabré nous transporte ensuite au Moyen-Âge, au XVIIIe siècle, à Auschwitz... tous ces récits secondaires étant en fait l'histoire d'un violon, le Storioni, que possède Adrià et qui est au cœur de l'intrigue. Un autre fil conducteur du roman concerne diverses questions philosophiques, et de nombreux parallèles sont faits pour montrer la similitude des comportements humains selon les cultures et les périodes : la question de la vérité, du mal, du diable et de Dieu... Le tout avec une ironie mordante qui m'a souvent fait rire en lisant, malgré la gravité des sujets généraux du livre. Enfin, certains passages en italique constituent la fin de l'histoire d'Adrià, celle qui n'est pas dans le livre qu'écrit le personnage et que raconte le narrateur.



Confiteor est un de ces livres extrêmement travaillés qu'on pourrait relire des dizaines de fois tout en y trouvant de nouvelles analyses, comme chez Gide par exemple. J'ai aussi pensé à L'exposition coloniale d'Erik Orsenna, par certains passages où l'on en vient à mettre en doute la parole même du narrateur.

En conclusion, c'est un livre trop peu connu pour le chef d'oeuvre qu'il constitue ! (Un pputain de livre ! "private joke" pour les fans... !)
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Confiteor

Confiteor n’est pas un livre qui se résume. Sachez juste que c’est l’histoire d’Adria Ardèvol, mais aussi celle de Papa et Maman, du professeur Alexandre Roig, de fra Nicolau Eimeric, d’Aribert Voigt, du frère Julià de Sant Père del Burgal, de Jachiam Mureda de Pardàc, de Lorenzo Storioni, Guillaume François Viall, Drago Gradnik, Bernat, Morlin, Rudolph Hess, Aigle-Noir et le shérif Carson, Monsieur Berenguer, Lothar Grübbe, Lola Xica et tant d’autres. C’est l’histoire d’un homme ayant toujours vécu seul, n’ayant « jamais pu compter sur ses parents ni sur un Dieu à qui confier la recherche de solutions ». C’est l’histoire du mal à travers les siècles, c’est un puzzle dont les pièces semblent impossibles à imbriquer et qui forment pourtant au final un tout parfaitement cohérent.



Confiteor n’est pas un texte qui résiste au lecteur, c’est un texte qui exige. Il exige une attention constante, il ne s’offre pas facilement. Un livre qui déroute, surprend, interroge, ébahit. Qui vous emmène sur un chemin et en bifurque sans crier gare. C’est un texte grave et malicieux, cachottier, joueur, puissant et renversant. Comme le dit le narrateur, « ces papiers sont le fruit, au jour le jour, d’une écriture chaotique faite de beaucoup de larmes mêlées à un peu d’encre ». La construction incroyablement ambitieuse suscite bien plus d’admiration que de peur. On en sort éreinté mais repu, épuisé mais heureux.



Tout simplement éblouissant.




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Confiteor

Chef-d'oeuvre!

Magistral !

Vertigineux!

Éblouissant, étourdissant !



Emportée, transportée par ce récit, cette époustouflante, captivante histoire !



Admirable.



Sans doute me faudra-t-il longtemps avant de retrouver un livre où le talent de l'auteur vous laisse sans mots, sans voix.
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Confiteor

La couverture du livre est à l’image de son contenu. Page après page, le lecteur promène son regard sur les étagères d’une prestigieuse bibliothèque, plonge dans des ouvrages savants où il est question d’art, de beauté et de la notion du Mal : pourquoi ? où trouve- t-il sa source ? Et que fait Dieu pendant ce temps -là ? Beaucoup a déjà été dit sur le style singulier de l’écriture et je me suis donc laissée emporter dans un tourbillon où, temps et espaces sont redécoupés, mixés, hachés pour être réinventés. L’ouvrage est dense , érudit, me dépasse souvent . Mais j’aime ce sentiment de gagner en intelligence lorsque je lis…



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Confiteor

Une longue confession erratique écrite, on le sent dès le départ, dans l'urgence, par un homme, professeur polyglotte, un érudit, enfant unique de parents désaccordés, qui nous raconte sa vie de façon hachurée, entremêlée de digressions historiques. La narration passe du je au il allègrement, les personnages sautent d'une époque à l'autre abruptement, le lecteur doit s'accrocher car le ballottement est présent tout au long de la lecture de ce roman atypique. Une belle découverte que cet auteur catalan dont j'ai aimé l'écriture, le souffle et l'originalité dans l'histoire. Une analyse forte de l'âme humaine à travers les âges, les dérives des religions intégristes et des ravages du racisme.
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Confiteor

M.A.G.N.I.F.IQ.U.E



J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans

Un gros meuble à tiroirs encombrés de bilans

De vers, de billets doux, de procès, de romances,

Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances

Cache moins de secrets que mon triste cerveaux

C'est une pyramide, un immense caveau

Qui contient plus de morts que la fosse commune



C'est le spleen de Baudelaire qui me vient à l'esprit au sortir de cette magnifique expérience de lecture qu'est Confiteor.

Il me semble que tout lecteur ne vit que pour la recherche de la perle rare de littérature et le livre de Jaume Cabré en est une.

C'est un chef d'oeuvre qui vous emporte au plus profond des personnages, aux travers des siècles, à la poursuite du bien et du mal.

UN LIVRE VERTIGINEUX

UNE CONSTRUCTION NARRATIVE HORS DU COMMUN

DES HEURES DE BONHEUR DE LECTURE

MERCI MONSIEUR CABRE
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Voyage d'hiver

Quel tour de force que d’écrire des nouvelles sur tant de sujets et de tons différents et de les relier malgré ces différences par la présence de l’art (musique, littérature ou peinture — on sent que Cabré est un amateur) et par des clins d’oeil quand il fait entrer le protagoniste d'une nouvelle dans l'autre et vice-versa. Quand j’ai compris que le processus était récurrent, j’ai adoré trouver ces allusions qui sont un peu comme les cailloux du petit Poucet, des balise pour nous guider, et qui laissent entendre que d’une façon ou d’une autre, nous sommes tous reliés les uns aux autres. Une seule nouvelle m’a perdue dans la complexité des relations entre les personnages. (J’ai lu la plupart de ces nouvelles lors de voyages en métro et peut-être n’étais-je pas assez attentive…mais j’aimerais savoir si d’autre lecteurs ont eu cette même sensation.) J’ai adoré aussi retrouver certains personnages de Confiteor, même s’ils ne sont pas tout à fait les mêmes. J’y vois aussi une marque d’attachement de l’auteur pour son lectorat, un petit aparté comme pour lui dire « Vous me suivez toujours ? »

Selon moi, Jaume Cabré est un auteur contemporain majeur encore trop peu connu… L’excellente traduction d’Edmond Raillard me permet de le découvrir. Je me promets de continuer l’exploration de son oeuvre sous peu.
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Confiteor

Quelle claque monumentale que la lecture de ce roman, on navigue d'une époque à l'autre, souvent même au sein d'une même phrase, le temps et les personnages s'entrecroisent sans cesse et Jaume Cabré utilise des répétitions afin que nous puissions raccrocher le bon wagon. C'est l'histoire du MAL, de l'éternel recommencement de la cupidité et de la méchanceté qui jalonne l'histoire des hommes.

C'est l'histoire d'Adria Ardevol qui ; au crépuscule de sa vie et avant que sa mémoire défaillante ne l'abandonne complétement ; écrit une longue lettre à Sara, sa bien-aimée disparue, une longue lettre ou plutôt une confession. Il y évoquera son enfance dans une famille mal-aimante, où le silence de la mère n'a d'égal que les exigences du père à l'égard d'Adria. Il y racontera sa vie, son amour pour Sara, ses regrets, sa passion pour les langues ou pour les objets anciens, particulièrement les manuscrits originaux de Gabriel Garcia Marquez, de Stephan Sweig etc…

Mais aussi, il racontera tout ce qu'il sait de l'histoire du Vial, un violon créé par Storioni, le Vial est l'autre « personnage » central du roman que nous suivrons de Crémone au XVIII siècle jusqu'à ce qu'Adria s'en sépare quelques temps avant de mourir.

De l'inquisition jusqu'à nos jours en passant par Auschwitz, Crémone, Paris, Tubingen, l'Afrique etc… Jaume Cabre nous emmène dans ce formidable puzzle de presque 800 pages où outre la vie des personnages principaux nous suivrons également le destin de tous ceux qui, bien souvent pour leur malheur, ont approché le violon maudit.

Une lecture difficile mais la récompense est au rendez-vous. Un grand merci Mr Cabre pour l'immense plaisir que vous m'avez procuré.

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Confiteor

En près de 800 pages, « Confiteor » est un roman superlatif, un monument comme on en lit peu, un chef d’œuvre. En parler est difficile, tant ce récit est complexe et brillant, et en même temps si facile à lire, avec la force d’un fleuve qui emporterait tout, ou plutôt de mille rivières qui se rejoignent à la fin pour former un fleuve magnifique.



Adrià Ardèvol, un homme vieillissant, écrit une lettre à Sara, l’amour de sa vie. À partir de ses souvenirs d’enfance va s’assembler un puzzle vertigineux, en un roman inouï qui balaie des dizaines d’histoires individuelles, du XIVème siècle jusqu'à aujourd’hui.

Adrià a grandi dans une maison sans amour, traversé une enfance fastidieuse, sans rires ni tendresse, entre une mère invisible et un père qui ne vivait que pour acheter et vendre des objets de valeur. La seule ambition de ce père vis à vis d’Adrià était de faire de ce fils précoce un érudit. Il fut donc privé d’enfance, et il garde jusqu'à la fin de sa vie, morceau d’enfance disparue, les deux figurines d’Aigle Noir, un chef indien Arapaho, et du shérif Carson, conseillers de ses débuts et porte-paroles de ses doutes d’adulte.



«Toute mon enfance à la maison est enregistrée dans ma tête comme des diapositives de peintures de Hopper, avec la même solitude poisseuse et mystérieuse. Et je m’y vois comme un des personnages assis sur un lit défait, avec un livre abandonné sur une chaise nue, ou regardant par la fenêtre ou assis à côté d’une table dégarnie, contemplant un mur vide.»



Parmi les objets du père, dont le fils héritera en même temps que des conséquences de son histoire sombre, il y a un violon, autre personnage central du roman, non seulement un fil conducteur du récit, porteur de la beauté et de la malédiction à travers les époques, mais aussi dépositaire de l’impossibilité pour Adrià d’être un musicien de talent, de l’amitié et la rivalité entre Adrià et son ami Bernat, et enfin cause de la mort du père.



Adrià, un homme immensément érudit parlant plus de treize langues, est hanté par la culpabilité qu’il a hérité des actes de son père, par sa propre lâcheté et sa méconnaissance des disparus, en particulier de ses parents et de la femme qu’il a aimée. Histoire d’une vie et chant d’amour magnifique, «Confiteor» est aussi, a partir de l’histoire du père, une exploration à travers les siècles des origines du mal jusqu’au mal absolu, de l’Inquisition jusqu’au camp d’Auschwitz. Parce qu’à l’origine du mal se trouve toujours un homme, cette exploration s’incarne dans l’histoire de dizaines de vies.



«Je sais où est le Mal. Même le Mal absolu. Il s’appelle Himmler. Il s’appelle Hitler. Il s’appelle Pavelić. Il s’appelle Luburić et sa macabre invention de Jasenovac. Il s’appelle Schutzstaffel et Abwehr. La guerre exacerbe la partie la plus bestiale de la nature humaine. Mais le Mal préexiste à la guerre et ne dépend d’aucune entéléchie, il dépend des êtres humains. C’est pourquoi mon inséparable compagnon, depuis quelques semaines, est un fusil à viseur télescopique, parce que le commandant a décidé que je suis bon tireur. Nous allons bientôt engager le combat. Alors, je décapiterai le Mal à coups de fusil et ça ne me dérange pas d’y penser. Tant que celui que j’aurai en ligne de mire sera un nazi, un oustachi ou, que Dieu me pardonne, un soldat ennemi.»



La trame du récit aux dizaines de fils se révèle progressivement pour former au final une composition totalement aboutie, un roman désespérant sur l’impossibilité de se soustraire au Mal, la rareté du bonheur et l’imprévisibilité du destin, mais aussi un hommage extraordinaire à la littérature et la musique, même si l’art peut dire mais ne peut protéger contre le mal.



«L’art est mon salut, mais il ne peut être le salut de l’humanité».

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Confiteor

La vie d’Adriá, de l’enfance à la démence, dans sa complexité et ses aveux, Confiteor. Le mal — l’inquisition, le nazisme, le père envahissant, cynique et peut-être criminel, lui-même victime d’un crime atroce. Son amour pour Sara, qu’il a fait fuir deux fois. L’amitié indéfectible de Bernat, et sa trahison. Un violon, le Vial, un Storioni de 1764. La recherche de la vérité. Tout cela compose un livre achevé, un livre-monde, un livre à relire parce qu’il est difficile et capital : « Je lis tous les jours et tous les jours je m’aperçois qu’il me reste tout à lire. Et de temps en temps je dois relire, même si je ne relis que ce qui est digne du privilège de la relecture. — Et qu’est-ce qui rend digne de ce privilège ? (…) — La capacité de fasciner le lecteur ; de le faire s’émerveiller de l’intelligence qui se trouve dans le livre qu’il relit, ou de la beauté qu’il génère. Cela dit, la relecture, par sa nature même, nous entraîne dans une contradiction. — Que veux-tu dire ? (…) — Un livre qui ne mérite pas d’être relu ne méritait pas davantage d’être lu » (p 672).



Adriá, qui est gaucher pour mon secret contentement, est élevé par ses parents sans tendresse, comme un objet narcissique, comme un singe savant : « Adriá Ardèvol voyait que même quand il était petit il n’avait jamais été un petit enfant. Il attrapa toutes les précocités possibles et imaginables, comme d’autres attrapent des rhumes et des infections » (p 74). Il aime le violon, ou plus précisément il aime son violon car il aime la vie des choses, et Cabré raconte la femme qui a fourni les graines à l’homme qui a coupé l’épicéa qui servira deux siècles plus tard à construire ce violon dont la généalogie sera semée de crimes. Il fait parler le luthier : « C’est une merveille, dit-il. Comme un Gesù ; ce sont les mêmes dimensions. — Tous les Storioni sont aussi bons ? Non je ne crois pas. Celui-ci est vraiment bon. Il le respira, les yeux fermés. Vous l’avez gardé enfermé, n’est-ce pas ? Non, pas depuis longtemps. — Les violons sont vivants. Le bois du violon est comme le vin. Il travaille lentement et il aime sentir la tension des cordes ; il s’enrichit quand on le fait sonner, il aime vivre à une température agréable, pouvoir respirer, ne pas recevoir de coup, être toujours propre… Ne l’enfermez que si vous partez en voyage » (p 698). Adriá permet à Bernat, qui fait du violon sa carrière, de jouer le Vial, mais il est impitoyable dans son jugement : « Debout devant lui, le Storioni à la main, Bernat attendait le verdict et Adriá dit eh bieeeen, techniquement, c’est une interprétation parfaite, ou presque ; mais tu ne vas pas au fond des choses ; j’ai l’impression que tu as peur de la vérité. — Tu es cinglé. Qu’est-ce que c’est, la vérité ? Et Jésus, au lieu de répondre, se tut, tandis que Pilate, impatient, quittait la pièce. Mais comme je ne sais pas très bien ce que c’est que la vérité, je me sentis obligé de répondre : — Je ne sais pas. Je la reconnais quand je l’entends. Et chez toi je ne le reconnais pas. Je la reconnais dans la musique et dans la poésie. Et dans le récit. Et dans la peinture. Mais seulement de temps en temps » (p 323). En intellectuel accompli et complet égoïste, Adriá aime sa bibliothèque dont la dimension et les départements font penser aux Fictions de Borges, il aime les idées, et il aime approcher leur création au plus près, jusqu’à posséder leur support : « Je suis convaincu qu’il est très difficile de résister à la possession des originaux de textes bouleversants. Le papier avec l’écriture, le tracé, le geste et l’encre, qui est l’élément matériel dans lequel s’incarne l’idée spirituelle qui finira par devenir une œuvre d’art ou une œuvre de la pensée universelle ; le texte qui s’est introduit dans le lecteur et le transforme. Il est impossible de dire non à ce miracle » (p 487).



Le mal et la mort sont présents partout, comme la possibilité de s’émerveiller, une capacité qui existe chez les monstres, chez Konrad Budden à Auschwitz, qui devient le frère Arnold dans un monastère perdu puis le Docteur Eugen Muss dans le dispensaire de brousse où la vengeance le poursuit, aussi zélé dans l’horreur que dans le repentir ou dans la quête de l’impossible réparation du mal. L’auteur/Adriá est conscient de ces impasses, de cette absurdité : « Une fois qu’on a entendu chanter le chœur Monteverdi, la vie change. Une fois qu’on a contemplé Vermeer de près, la vie change. Quand on a lu Proust, on n’est plus le même. Ce que je ne sais pas, c’est pourquoi » (p 569).



Le narrateur/Adriá saute du présent à ses références, de même qu’il saute de la première à la troisième personne, qu’il vire agilement à des tiers parfois morts depuis des siècles avec un impeccable naturel. Il attend du lecteur la concentration et l’agilité comme allant de soi. Il multiplie les incises et les diversions dans l’incise, comme dans notre flux de conscience. Ces ruses créent un sentiment mêlé de confidence et de complot et construisent un récit animé, imprévisible, parfois incompréhensible comme l’est la vie. Ses dialogues ont une densité et une pertinence qui invitent souvent à la relecture (voir plus haut). Un très grand livre, unique dans la forme comme dans le fond.

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Confiteor

Confiteor, livre que je n'aurai probablement pas eu la chance de lire sans Babelio (merci Gemlyr31), fait partie de ces rares ouvrages qui peuvent prétendre à une forme d'unicité. Que l'on traduit par le poncif « un livre pas comme les autres ». Mais force de constater que ce (souverain) poncif résonne ici avec une force particulière. Confiteor est un livre pas comme les autres.



Pas comme les autres car, c'est ce qui marque le lecteur en premier, il est porté par un jeu d'écriture exceptionnel et difficile à décrire. Les histoires et la langue s'entremêlent, une phrase peut débuter à une époque et se terminer à une autre, dans la bouche d'un autre personnage. Chaque ligne est propice à un changement d'angle, d'époque ou de lieux. Alors oui, on est parfois perdu ou désarçonné, mais cela n'importe finalement que peu. Car le lecteur déguste Confiteor comme il admire des transitions audacieuses d'un film, lorsqu'un plan serré sur un objet permet de changer d'environnement. Et ce jeu d'équilibriste (car le lecteur n'est jamais vraiment perdu), est constant au cours des 900 pages. Je dois dire m'être senti complètement hypnotisé par le rythme de lecture qui découle de ce style d'écriture, me rendant presque inquiet de retourner à un style plus conventionnel.



Pas comme les autres, également, pour la grande richesse spirituelle des personnages principaux, Adria, Bernat et Sarah. Portés par une vie intérieure d'une grande profondeur nos héros souffrent tous d'un manque profond lorsqu'il s'agit d'interagir avec l'extérieur. Avec une mention spéciale pour Adria. le décalage entre la profondeur de sa pensée et son handicap dans l'expression des sentiments crée une émotion et un humour qui m'ont profondément plu. La relation d'amitié Adria – Bernat (vous avez dit vieux couple ?) principal fil rouge narratif de cet chef-d'oeuvre, se déguste sans modération.



Confiteor n'est pas comme les autres, enfin, pour l'ambition littéraire qu'il porte. Celui d'être un livre majeur. Et force est de constater qu'il y réussit avec brio. Je n'ose imaginer la confiance (ou la folie) qu'il est nécessaire de posséder avant de se lancer dans un projet aussi pharaonique.



Ceci étant dit, un lecteur pointait à juste titre la surreprésentation de commentaires dithyrambiques sur Babelio, ce qui ne rend pas honneur au sens critique de ses lecteurs. du coup je me propose de nommer les deux points qui font que Confiteor EST également un livre comme les autres.



Confiteor est un livre comme les autres, car lorsqu'il a besoin de se référer à la question du mal (autre fil rouge de cette histoire), il en arrive encore une fois très vite à Auschwitz, et les expériences sur les enfants (que l'on pourrait aisément placer tout en haut de la pyramide du mal). Je ne peux m'empêcher de me dire que, au regard de la créativité issue d'un tel ouvrage, c'est un peu dommage.



Confiteor est un livre comme les autres car, c'est mon petit combat personnel, il ne prend pour héros que des personnages brillants, évoluant dans les hautes sphères de la société (philosophes, musiciens, écrivains, médecins, prêtres, artistes, artisans d'exceptions, etc.). Bref, des cadres quoi. Ce n'est pas une critique, simplement l'observation d'un phénomène toujours très présent de nos jours.



En conclusion, Confiteor me semble naviguer très haut dans mon classement personnel et subjectif des livres que j'ai eu la chance de lire ces dernières années. Il n'est pas au sommet du classement 2020, car j'ai eu la chance de découvrir Les Raisins de la colère (et là ça parle d'ouvriers ! ), mais le coeur y est !



A découvrir si : vous aimez les gros livres ; vous aimez les romans historiques ; vous ne trouvez pas les philosophes chiants et arrogants ; vous comprenez qu'il est parfois sain de ne pas tout comprendre ; vous n'êtes pas allergique au violon.









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Confiteor

Traduit du catalan par Edmond Raillard





Il y a longtemps que je n'avais lu quelque chose d'aussi impressionnant. Je n'irai pas jusqu'à écrire le mot «monument» à l'instar de "La Libre", mais il est certain que l'ampleur, la gravité du sujet et le millier de pages inclinent à conférer des superlatifs au "Confiteor" du catalan Jaume Cabré. La manière est pareillement étonnante, avec des sauts abrupts d'un époque à l'autre, sans transitions ni interlignes On découvre, par exemple, un inquisiteur du 15e siècle qui devient, dans le même paragraphe, et sous le même nom, Oberlagerführer [chef de camp] d’Auschwitz en 1944 [Babel p 359]. J'ai trouvé ces sauts d'époque dynamisants ; établissant des ponts, ils contribuent à une vision universelle, atemporelle, de ce qui devient le centre des préoccupations du narrateur Adria Ardévol, le mal.







Il y a tant de destins mêlés, tant de personnages dans "Confiteor" qu'un index des noms regroupés par époque (dramatis personæ) est fourni en fin de volume : époque contemporaine (20e siècle), Adria et ses proches ; 1914-18, université pontificale de Rome ; 1940-50, police de Barcelone ; 14e et 15e siècles, inquisition catholique ; 17e et 18e siècles, chanteur de bois et luthiers ; 13e siècle, lapidation à Al-Hisw ; enfin la seconde guerre mondiale et le nazisme.







Le fil rouge est le parcours d'Adria Ardévol, surdoué, polyglotte, professeur affamé de savoir, une vie qu'il raconte lui-même depuis une enfance sans chaleur jusqu'à la maladie d'Alzheimer. Le récit est présenté comme une confession adressée à Sara, son grand amour. Pourquoi l'a-t-elle quitté ? Qu'est-elle devenue ? Comme l'indique le titre de la partie III, "Et in Arcadia ego" ["je suis aussi en Arcadie" dit la mort], il s'agit d'une histoire douloureuse où toute félicité est ternie par les noirceurs accablantes de l'humanité, celles qui affectent l'existence des protagonistes comme celles qui resurgissent d'un passé qui ne lâche jamais prise.







"Confiteor" martèle que le mal n'est justifiable par aucune philosophie ni aucun dieu. L'issue est peut-être dans l'art : "... nous essayons de survivre au chaos grâce à l'ordre de l'art". Mais "l'art est mon salut, il ne peut pas être le salut de l'humanité".





Adorno a dit beaucoup sur la possibilité de la poésie après Auschwitz. Adria Ardévol écrit un essai sur ce sujet, "La Volonté esthétique" : "[...] Il y a tellement de siècles que la cruauté est présente que l'histoire de l'humanité serait l'histoire de l'impossibilité de la poésie «après» [...] la vérité de l'expérience vécue, cela ne peut pas être transmis par une étude. [...] Cela ne peut être transmis que par l'art, par l'artifice littéraire, qui est ce qu'il y a de plus proche de l'expérience vécue. [...] Oui, il faut de la poésie plus que jamais après Auschwitz." [condensé d'un dialogue avec l'ami Bernat, Babel p. 596].





Un violon Storioni exceptionnel traverse l'histoire, de main en main, depuis sa conception jusqu'à la famille Ardévol, un instrument sublime et hors de prix qui suscite les convoitises et les bassesses. De même un pendentif venu du fond des âges, parvenu au cou d'Adria, aboutit finalement dans la poche d'une soignante indélicate. Ces objets immuables semblent se jouer des hommes, des siècles et suscitent le vertige des temps.





Voilà un livre surprenant, dans le sens qu'il est plein de bouleversements, qu'il réussit à dépasser le dégoût de l'horreur, d'une écriture épatante. J'ai osé auparavant la comparaison avec Faulkner, non, Cabré n'a pas les mêmes envolées poétiques, il délaisse descriptions et atmosphères mais enjambe les siècles, raconte inlassablement, renifle la boue au ras du sol, nous accroche le bras et, de téléportations en émotions, nous soulève de nos pénates engourdis dans un tourbillon littéraire.




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Confiteor

Ce roman est l'un des plus fabuleux que j'aie lus dans ma vie (et Dieu sait que j'en ai lus, de bons romans). Non seulement il est génialement écrit et retrace une histoire multiple, à la fois histoire et Histoire, mais il contient en plus ce petit éclat de génie qui distingue les chefs-d'oeuvre des excellents romans. Adria, narrateur et personnage principal, y raconte sa vie depuis l'enfance, parsemée d'objets de grande valeur à l'histoire souvent longue et trouble. D'enfant surdoué et solitaire, il devient un érudit amoureux de littérature et de Sarah, la femme de sa vie.

Quelle belle histoire ! Les personnages sont dépeints avec beaucoup de naturel, voire d'humour. J'ai souvent éclaté de rire en pleine lecture, alors que l'histoire en elle-même se prête assez peu à la joie. Voilà ce que j'aime dans ce livre : sa capacité à faire rire autant qu'à faire réfléchir et qu'à émouvoir... mais l'omniprésence de l'art sous toutes ses formes dans le récit (où plutôt les récits qui s'entrecroisent et se confondent).

Très, très grand livre.
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