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Citations de Jean-Baptiste Bester (99)


C'était un homme pressé. Sa devise n'était-elle pas: "So much to do, so little time"?
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- Aujourd'hui, j'ai encore ressenti ce dont vous parliez l'autre fois. L'altération de la conscience.
- Je vous ai observée pendant le zazen. Votre dos était bien droit, votre souffle était régulier. Le regard était incliné à quarante-cinq degrés, les yeux étaient mi-clos. Vous avez assimilé l'essentiel : posture et respiration. A partir de là, les verrous sautent et il vous est donné d'accéder à la conscience absolue.
- La conscience absolue ?
- Oui. Celle qui vous permet de vous débarrasser de votre ego et de vous découvrir sous un autre jour.
Les nuisances sonores provenant du groupe de touristes assis à la table voisine redoublèrent. Sophie tourna la tête dans leur direction et leur lança un regard noir.
- J'ai encore du mal à ne considérer ce bruit que comme un simple phénomène et à m'en détacher, avoua-t-elle.
- Ça viendra. Cet exemple est intéressant. Ces gens vous dérangent. Ils font réagir votre conscience physique et votre conscience émotionnelle.
- Ce qui veut dire?
- La conscience physique se passe de l'intellect. Imaginez-vous en train de toucher la flamme d'une bougie. Que se passe-t-il?
- Je me brûle.
- Exact. Et vous ôtez votre main sans réfléchir. Si vous preniez le temps d'évaluer la situation, votre main ne serait plus jolie à voir.
- Jusque là, je vous suis.
- Dans le même temps, votre visage exprime la douleur. De même que, lorsque nos voisins parlent fort sans se soucier de savoir si ça nous dérange, vous êtes en colère et vous le montrez.
- Quelle est la conclusion de ce brillant raisonnement?
- Le corps est le miroir de nos émotions.
- Est-ce encore une citation ?
- Oui. Je n'ai rien inventé. Je me contente de répéter ce que j'ai lu dans les livres des grands sages tels que maître Dogen.
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- Le boddhisatva de la vraie liberté et de la compassion, par la pratique de la grande sagesse, comprend que les cinq skandhas ne sont que vacuité, vide - ku- et par cette compréhension il peut aider tous ceux qui souffrent.
- Je ne vous demanderai pas ce que sont les cinq skandhas. Je préfère le découvrir par moi-même.
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- Votre question pendant le mondo était très pertinente.
- Le mondo?
- Mon veut dire question, do c'est la réponse.
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- Comment est mort Bouddha ? demanda Sophie.
- Il est généralemebnt admis qu'il est mort de maladie après avoir mangé du sanglier. Dans l'un de ses ouvrages, maître Deshimaru affirme qu'il ne voulait pas mourir, parce qu'il était un homme semblable aux autres hommes. Mais lorsque vint son heure, il était paisible, sans angoisse. Quand on doit mourir, on meurt. On retourne au cosmos. Quand notre activité s'achève, que notre vie est finie, vient le moment de la décision. Ici et maintenant, je dois mourir, c'est tout.
- C'est quand-même dur à accepter, non ?
- Bien sûr. Jésus, comme Bouddha, ne souhaitait pas que sa vie s'achève prématurément et dans les circonstances tragiques que l'on sait. Le Christ s'est même révolté. Puis il s'est résigné. Avait-il d'autres choix?
Chancel observait la nouvelle avec amusement. Il était content de la revoir et qu'elle s'intéresse à ces questions hautement existentielles. Ça prouvait qu'elle avait elle aussi mordu à l'hameçon et qu'il aurait l'occasion, il s'en réjouissait d'avance, de prolonger cette discussion une fois sorti du dojo.
L'intermède du mondo touchait à sa fin. Il fut suivi par la récitation habituelle des sutras qui, en plus de rappeler les principes de base du bouddhisme, étaient en eux-mêmes un exemple de respiration. En effet, il s'agissait de déclamer de longs versets, sans interruption, de plus en plus vite. A chaque coup de gong, le godo et ses assesseurs accéléraient. Si les plus expérimentés suivaient, les autres avaient du mal à ne pas décrocher et cherchaient en vain à rattraper leur retard.
Un coup de cloche annomça la fin du zazen. Les pratiquants regagnèrent les vestiaires pour ôter leur kimono et revêtir leurs habits ordinaires.
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Un samouraï pêchait le long d'une rivière. Il prit un beau poisson. Il s'apprêtait à le cuire, se réjouissant du festin à venir, lorsqu'un chat, tapi dans un buisson, bondit et lui vola son repas. Fou de rage, le guerrier sortit son sabre et se lança à sa poursuite. Il le rattrapa et le coupa en deux. Mais le remords d'avoir ôté la vie à cet animal le tenailla. Sur le chemin du retour, le bruit du vent dans les arbres semblait évoquer un miaulement. Ses pas sur le sol aussi. Même les gens qu'il croisait, amis ou inconnus, paraissaient lui dire "miaou". La nuit, il entendait le chat. Le jour, chaque geste, chaque pensée le ramenaient à son cri. Son obsession le torturait. Comme il ne pouvait en venir à bout, il se rendit dans un temple pour demander de l'aide à un vieux maître zen. Une fois qu'il lui eut raconté son histoire, le sage le toisa avec sévérité et lui dit : " Vous êtes un guerrier. Comment avez-vous pu tomber si bas? Si vous ne pouvez surmonter par vous-même cette épreuve, vous ne méritez plus de vivre. Vous n'avez d'autre solution que de vous faire hara-kiri. Cependant je suis moine et j'ai pitié de vous. Dès que vous aurez commencé à vous ouvrir le ventre, je vous trancherai la tête pour abréger vos souffrances. ". Le samouraï acquiesça. Malgré sa peur de la mort, il se prépara pour la cérémonie. Il s'agenouilla, prit son poignard à deux mains. Derrière lui, debout, le moine se préparait à le frapper. "C'est le moment. Allez-y.,", lui dit-il. Lentement, le guerrier posa la pointe du couteau sur son abdomen. C'est alors que le sage lui demanda: "Entendez-vous toujours des miaulements?."A la fois surpris et agacé d'entendre pareille question dans un moment aussi crucial, le samouraï répondit: "Pas maintenant ! Vraiment pas maintenant !." Le vieux reprit, en baissant son sabre : "Alors il n'est plus nécessaire de mourir."
Le commissaire et Sophie Lantier échangèrent un sourire complice. Lors du second zazen, les pratiquants avaient parfois droit à une histoire de cet acabit, censée souligner tel ou tel aspect de la pratique. Il s'ensuivait généralement un échange entre le godo et les adeptes sous forme de questions / réponses : le mondo.
Hortense, petite brune piquante d'une trentaine d'années, commenta:
- Cette histoire nous explique comment distinguer dans nos vies ce qui a de l'importance et ce qui n'en a pas. Au moment de la mort, plus rien ne compte. L'attention du samouraï, jusqu'alors absorbé par ses remords, n'est plus focalisée que sur le sort qui l'attend.
- C'est exact, reconnut le godo. Le samouraï sait que son heure est venue. Ici et maintenant. Il est dans l'instant présent. Son esprit est délivré de toute autre pensée.
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Ouvragé sur plusieurs niveaux, le fort Dauphin permettait jadis de surveiller le vallon du Fontenil. Avec son vis-à-vis, le fort des Salettes, il verrouillait la route de l'Italie. Délabré, abandonné par l'armée qui était encore propriétaire, il avait longtemps servi pour l'entraînement aux combats en zone urbaine.
Des grappins furent lancés sur l'imposant mur d'enceinte, de plus de neuf mètres de hauteur, qui fut franchi sans encombre.
Epaulant leurs Famas, ces gendarmes, dont certains avaient servi en Irak ou en Afghanistan, fouillèrent chaque recoin de l'édifice ainsi que ses annexes. Il évoluaient dans l'obscurité, guidés par des casques spéciaux équipés pour la vision nocturne.
Au même moment, un autre groupe investissait le fort du Randouillet. Cet édifice tenait son nom des hirondelles qui y nichaient. Dominant le fort des Têtes, il avait eu pour mission de prévenir d'éventuelles attaques dirigées depuis les hauteurs de la montagne de l'infernet. Le donjon, les bâtiments de casernement, les poudrières furent systématiquement passés au peigne fin. Sans succès.
Un dernier détachement, auquel s'étaient joints Chancel et ses hommes, montait à la croix de Toulouse. Videau, en tenue de guerre, marchait aux côtés du commandant qu'il avait côtoyé quelques années plus tôt sur un théâtre d'opérations africain. Il se sentait revivre.
Edifiée sur un éperon rocheux, la batterie de la croix de Toulouse, tout au-moins ce qui en restait, culminait presque à deux mille mètres d'altitude. Elle avait interdit, des décennies durant, l'accès à la vallée de la Durance.
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Le programme qui scannait ces transactions illicites, il l'avait lui-même dégoté sur l'un de ces sites sensibles dont regorgeait le Darknet. Sur le web, si l'on était un peu connaisseur, on pouvait faire ses courses comme au supermarché, à la différence près qu'on n'était pas obligé de passer à la caisse. Le piratage était devenu un sport national.
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Le salon de thé était tenu par des Italiens originaires de Turin. Ces gens étaient charmants, ils vous accueillaient toujours avec le sourire. Et leurs pâtisseries, leur chocolat et, bien sur, leur café étaient succulents.
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Le docteur Levasseur était un petit bout de femme d'une soixantaine d'années, d'un abord agréable. Elle pratiquait l'hypnose ericksonienne(1), du nom d'un psychiâtre américain dyslexique, daltonien et handicapé qui avait développé sa propre méthode. Ici, pas d'injonction de la part du thérapeute..Seulement un accompagnement vers un état de conscience modifié permettant d'accéder à l'inconscient.
Chancel fut conduit dans une pièce sombre. Quant à la journaliste, elle fut priée de patienter dans la salle d'attente.
- Asseyez-vous là, commissaire, commença le docteur en lui montrant un large fauteuil.
Chancel s'exécuta. Elle s'assit en face de lui.
- Détendez-vous, à présent. Respirez profondément.
Le commissaire sourit. Il avait l'impression d'être au dojo. Cependant la position était moins douloureuse..
- Sentez comme vos bras sont lourds. Relâchez-les.
Il suivit les instructions.
- Voilà. Vos muscles sont plus légers. A présent, efforcez-vous de penser à un événement positif. Avez-vous des enfants ?
- Une petite fille.
- Peut-être l'un de ses anniversaires, un réveillon, une communion...
Chancel ferma les yeux. Il revit Bonnie, bébé, dans les bras de Marie, juste après l'accouchement. Image de plénitude, d'un bonheur pur. Son visage se décrispa. Il semblait parfaitement serein.
- Très bien. Maintenant, observez-vous. Ou plutôt, regardez à l'intérieur de vous. Pourriez-vous me dire quelles sont vos qualités principales ?
La question le surprit. Puis, se prêtant au jeu, il répondit :
- Je dirais le sérieux. Mais est-ce une qualité ?
- Incontestablement.
- Et aussi la ténacité. Je ne renonce jamais.
- Même quand les difficultés s'accumulent ?
- Surtout quand les difficultés s'accumulent. Plus c'est dur, plus je m'accroche.
- Voilà une manière d'appréhender les choses qui doit être utile dans votre métier. Refermez les yeux.
Le commissaire obéit. Le docteur Levasseur avait toutes les cartes en main. Ambrosini lui avait parlé. Elle savait tout sur l'affaire et sur la relation que son patient avait eue avec la victime. Mais il lui fallait avancer à pas feutrés, sans dévoiler ses atouts.
- Songez maintenant à un être cher, vivant ou disparu, aux moments que vous avez partagés. Bons ou mauvais.
Les pensées de Chancel se dirigèrent vers le docteur Ladoucette. Il se remémora leurs balades à Paris, les cafés, les musées, le cinéma... Souvenirs agréables, tempérés toutefois par une note dissonante. Alors qu'ils filaient le patfait amour, Agnès était souvent la proie d'accès de mélancolie. Il avait cherché à en connaître la cause. Mais elle ne lui avait fait aucune confidence.
Le commissaire glissait peu à peu dans un état second qui n'était pas sans rappeler les effets du zazen.
- Voyez-vous cette personne ?
Oui, répondit-il d'une voix cotonneuse.
- Pourriez-vous la décrire ?
- Elle est blonde, les yeux bleus, les cheveux tirés en arrière. Elle porte une saharienne.
- Bien. Ne la quittez pas des yeux. Efforcez-vous de la suivre.
- Agnès le prenait par la main, mutine. Ils montaient l'escalier qui menait à leur petit appartement. Avec empressement. Ils avaient hâte de se retrouver en tête à tête. Sitôt rentrés, ils se déshabillaient, jetaient leurs vêtements à même le sol et filaient dans la chambre.
Ils s'aimaient avec fougue, à plusieurs reprises. Leurs corps reposaient ensuite côte à côte dans une douce harmonie.
Ambrosini avait décrit Agnès avec précision. Aussi le docteur Levasseur comprit-il que la femme qu'évoquait le commissaire était bien celle que son travail devait cibler.
Une fois le déclic produit, il convenait parfois d'encourager le patient en l'encourageant à poursuivre, si possible à voix haute, son voyage intérieur. Mais Chancel était un bon client : il continua sur sa lancée, dans une sorte de transe, anticipant les demandes de la thérapeute.
- Nous sommes dans cette petite chambre, je la prends dans mes bras. Dieu que j'aime cette fille ! Elle me demande de la satisfaire à nouveau. Je n'ai aucune peine à exaucer son souhait. Ça dure toute la nuit. Nous sommes en nage, repus. Nos deux corps n'en forment plus qu'un. Elle s'endort sur mon épaule.. Je m'assoupis à mon tour..Plus tard, au petit matin, je l'entends gémir . "Gérard, pardonne-moi ! Je ne voulais pas.. Si tu savais à quel point j'ai honte..Je ne m'en remettrai jamais. Oh, mon Dieu, qu'ai-je fait ? Je t'ai tué une seconde fois.."
Il régnait un silence pesant dans l'habitacle de la Mégane. Chancel avait l'impression d'être tombé dans un piège. Jamais, au grand jamais, il n'avait dévoilé autant de détails sur sa vie intime. L'air de rien, et tout en douceur, le docteur Levasseur l'avait foutu à poil.
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Lorsqu'il était seul avec sa fille, le commissaire oubliait tout le reste. Elever un enfant relevait du zen. Cela nécessitait une disponibilité, une concentration de chaque instant.
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Chancel profitait toujours de ces trajets pour parfaire les connaissances de Bonnie. La petite montrait déjà de l'intérêt pour l'histoire de cette cité, ses bâtiments, ses fortifications. Sa curiosité était sans bornes. Elle savait que la place d'Armes portait bien son nom, puisqu'elle avait servi naguère à des rassemblements militaires, qu'en son centre, sur ordre de Vauban, un puis avait été construit pour que les Briançonnais ne manquent jamais d'eau en cas de siège ou d'assèchement des gargouilles. Elle connaissait aussi l'histoire de Pie VI, pape prosonnier du Directoire qui avait occupé une maison dans la vieille ville, aux heures les plus sombres de la Révolution. Cette maison était aujourd'hui une curiosité touristique de premier ordre, au même titre que la fontaine François Ier ou la collégiale.
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Sitôt sorti de la préfecture, et une fois que la juge et le procureur eurent regagné leurs voitures, le commissaire explosa:
- Quel connard ! Je commence à en avoir marre de courber l'échine devant ce fonctionnaire de mes deux qui ignore tout de la réalité du terrain !
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Le préfet, justement, s'entretenait avec Moine, le directeur général de la sécurité publique. A Gap, dans son vaste bureau, était aussi présente Dorothée Horlaville, la juge qui instruisait l'affaire. Et enfin le procureur, M. Pons, un jeune homme d'environ trente-cinq ans à la mine tout aussi austère que celle du préfet.
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Il avait fini par s'habituer à elle, comme il s'était fait à Claire Ambrosini. Et son absence le troublait. Il s'était plu dans ce rôle protecteur, celui du vieux briscard qui prend le débutant par la main et lui enseigne les bases de la pratique. C'était ça aussi, le zen : être tourné vers les autres, faire preuve de compassion. Aider, transmettre.
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Sophie Lantier n'était pas venue aujourd'hui. Peut-être avait-elle jeté l'éponge. Quantité de curieux avaient ainsi poussé la porte du dojo, participé à quelques séances avant de se décourager et de disparaître. Car, contrairement aux idées reçues, la méditation n'était pas une partie de plaisir.
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L'encens embaumait la pièce. Chacun était aux prises avec son ego, luttant comme il pouvait contre l'assaut de ses pensées. Un voyage intérieur n'est jamais anodin. Rarement agréable, il est vécu le plus souvent comme un vol à travers des nuages, rythmé par de fortes turbulences. Ce n'est qu'après, une fois sorti du dojo et rendu à la vie quotidienne , qu'on en perçoit éventuellement les bienfaits.
La cloche annonça la fin du premier zazen. Encore les mêmes gestes. Maîtres et disciples les répétaient depuis la nuit des temps. Puis le Kin hin et les conseils des encadrants pour bien le pratiquer : retourner à sa place, se positionner correctement sur le zafu. Et le second zazen pendant lequel était dispensé le kusen. Paroles importantes, presque sacrées, qui résonnaient dans l'esprit des adeptes comme de précieuses vérités. La pensée juste, le geste juste, tout n'était qu'affaire d'équilibre. C'est la philosophie qu'avait inventée un jeune prince deux mille cinq cents ans plus tôt , connu sous le nom de Bouddha.
Lorsqu'il sortit de son palais et qu'il découvrit le monde pour la première fois, Siddharta, le futur Bouddha, fut horrifié de voir tant de souffrances parmi ses semblables. Il se promit de renoncer à son existence privilégiée et devint ascète. Mais au fil des ans, sa santé déclina, faute d'une alimentation régulière. Il tira de son expérience la première pierre de sa pensée : la voie du milieu. Trop gâté au début de sa vie, trop misérable ensuite, aucun de ces états n'était satisfaisant. A chaque instant, il convenait de se tenir à distance des extrêmes, que ce fût dans les pensées, les paroles ou les actes.
Le gardien du dojo, le godo, dit d'une voix théâtrale:
- Un samouraï avait beaucoup de souci avec une souris qui avait élu domicile dans sa chambre. Quelqu'un lui conseilla de prendre un chat. Il en chercha un dans le voisinage. Celui qu'il trouva était beau, fort impressionnant. Mais la souris se montra plus maligne et plus vive que lui. Le samouraï adopta un deuxième chat, très astucieux. Méfiante, la souris ne se montra plus, sauf quand il dormait. On apporta un troisième chat au samouraï, provenant d'un temple zen. Il était d'une grande banalité et sommeillait tout le temps. Le samouraï douta que le chat le débarrasse de la souris. Or le chat, toujours somnolant, tranquille, indifférent, n'inspira bientôt plus de crainte à la souris. Elle pasdait et repassait près de lui sans plus lui accorder d'attention. Et un jour subitement, il l'attrapa d'un coup de patte. Banal aussi est le moine zen. (1)
(1) La pratique du zen, Taisen Deshimaru, Albin Michel, 2000
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Avec les deniers d'Ambrosini, il venait de faire bombance dans l'un des meilleurs restaurants de la ville, le Péché Gourmand, crédité d'une étoile au Michelin. Il avait invité une jeune fliquette prénommée Sylvie, à qui il contait fleurette depuis des lustres sans jamais avoir obtenu ses faveurs. Elle avait un peu hésité avant de commander un tartare de langoustine et le beignet de courgette accompagnés d'un chutney de tomate, l'une des spécialités de la maison. Mais devant son insistance, elle s'était lancée. Lui avait choisi un ris de veau croustillant aux amandes. En dessert, tous deux avaient pris le soufflé au Grand Marnier agrémenté de myrtilles sauvages. Le tout arrosé d'un Dom Pérignon millésimé.
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Marc Caudrelier, jeune guide rémunéré par l'office du tourisme de Briançon, connaissait l'histoire des fortifications de la ville sur le bout des ongles. Etudiant, il avait même écrit une thèse sur Vauban. Le fort Dauphin, le fort des Têtes, le fort du Randouillet, la communication Y et autres ouvrages de l'architecte classés au patrimoine mondial de l'UNESCO n'avaient plus de secrets pour lui. Il pouvait en discuter des heures avec les touristes qu'il escortait chaque semaine sur les chemins escarpés de la cité.
S'il reconnaissait à chacun de ces édifices des qualités particulières, il avait un faible pour le fort des Salettes, l'un des plus spectaculaire à ses yeux.
- A guelle altitude nous troufons-nous? demanda un vieil homme essoufflé avec un accent allemand impossible, alors que la tour carrée apparaissait au sortir d'un lacet.
Tout ausdi fatigué, mais toujours souriant, Caudrelier répondit :
- A mille quatre cent cinquante mètres environ.
- A quoi serfait ce fort ?
- L'objectif était double : surveiller la route d'Italie et empêcher l'ennemi de prendre position sur cette hauteur, d'où il aurait pu tirer sur la ville.
- Gombien de zoldaten poufaient y zéjourner?
- Une soixantaine.
(..)
Conçu à l'origine pour accueillir de l'infanterie, le fort avait été transformé en ouvrage d'artillerie en 1844. Sur l'injonction du général Haxo, un fossé extérieur avait été construit, ainsi que plusieurs bastions et des casemates pouvant abriter des canons de 24.
Les visiteurs accédèrent à la redoute par un pont qui enjambait le fossé. Ils s'engouffrèrent ensuite dans une galerie taillée dans la roche qui menait au magasin à poudre, une pièce surmontée de larges poutres. Puis ils montèrent un escalier en haut duquel se trouvaient les anciennes casemates.
- Ici étaient installées les pièces de 24, expliqua Caudrelier.
- Où zont pazés les canons? demanda l'Allemand.
- La place a été désarmée après 1872. Ils ont été transportés dans d'autres forts. Ou fondus.
Ils passèrent des casemates à la redoute Vauban qui abritait de longues salles voûtées. L'état de conservation de cet ouvrage témoignait des efforts que des restaurateurs de tout crin, publics et privés, avaient déployés depuis des décennies.
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Grand Hôtel de Paris
C'était une maison savoyarde entourée de verdure.
Dans les années vingt, elle avait accueilli des hôtes prestigieux tels que l'Aga Kahn, le roi du Maroc, Coco Chanel et même un président de la République. Durant la seconde guerre mondiale, cet établissement avait connu des heures sombres puisqu'il avait servi de Kommandantur à l'armée allemande. Aujourd'hui, il tient souvent lieu de décor pour des équipes de télévision ou de cinéma. Bref, dans la région, c'est une institution.
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