Citations de Jean Cocteau (1033)
Le vrai tombeau des morts, c'est le coeur des vivants.
Pour que les Dieux s'amusent beaucoup, il importe que leur victime tombe de haut.
Il y a des œuvres dont toute l'importance est en profondeur - peu importe leur orifice.
Ma fée
Elle avait cet aspect très lointain qui captive,
Cet air d’être un rêve ou bien d’une autre rive
De la mer, aux pays qu’aucun pied ne foula !
Elle dit : « Je serai votre amie, » et, très lente,
Disparut. Maintenant son souvenir me hante,
Et rien ne vaut pour moi ce doux souvenir-là…
Mais je la reverrai, ma princesse de rêve,
Car l’apparition fut trop brusque et trop brève
Pour que se démasquât cet esprit éclatant !
Le besoin d’écouter sa voix douce me tente,
Et je serai content de la savoir contente,
Quand je pourrai presser les deux mains qu’elle tend.
Le sommeil, avec gout, disloque ses poupées;
De leurs bras engourdis indolemment drapées,
Elles, sans se mouvoir, nagent indolemment,
A la surface d'un immobile élément.
Autre est l'épouvantail que la mort articule;
Il appelle au secours les corbeaux inhumains,
Et, vers l'ombre du puits où son geste bascule,
Coule à pic, entrainé par le poids de sa main.
« J’ai tant reçu de la vie,
de joie, de tendresse , de plaisir,
d’amitié, de bonheur, de savoir,
que ma seule angoisse est de
n’avoir pas su donner assez
avant de m’endormir »
ŒDIPE : Question stupide et cent fois posée. Jocaste m'aimerait-elle si j'étais vieux, laid, si je ne sortais pas de l'inconnu ? Croyez-vous qu'on ne puisse prendre le mal d'amour en touchant l'or et la pourpre ? Les privilèges dont vous parlez ne sont-ils pas la substance même de Jocaste et si étroitement enchevêtrés à ses organes qu'on ne puisse les désunir. De toute éternité, nous appartenions l'un à l'autre. Son ventre cache les plis et replis d'un manteau de pourpre beaucoup plus royal que celui qu'elle agrafe sur ses épaules. Je l'aime, je l'adore, Tirésias, auprès d'elle il me semble que j'occupe enfin ma vraie place. C'est ma femme, c'est ma reine. Je l'ai, je la garde, je la retrouve, et ni par les prières ni par les menaces, vous n'obtiendrez que j'obéisse à des ordres venus je ne sais d'où.
Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison.
"L a poésie ressemble à la mort. Je connais son œil bleu. Il donne la nausée. Cette nausée d'architecte toujours taquinant le vide, voilà le propre du poète. Le poète est, comme nous, invisible aux vivants."
La sagesse est d'être fou quand les circonstances en valent la peine.
Le zéro collier du néant.
Elisabeth passa un manteau sur sa nuisette et pieds nus et orteils à l'air s'asseyait , rêveuse, accoudée,une main contre la joue. Paul se balançait sur sa chaise, à peine vêtu. L'un et l'autre mangeaient en silence, comme les saltimbanques d'une roulotte, entre deux représentations. La journée leur pesait. Un courant les entrainait vers la nuit, vers la chambre où ils recommenceraient à vivre.
On ne dérange pas ces personnes hautaines
Qui travaillent debout,
Et qui laissent couler, ainsi que des fontaines,
Les œuvres, bout à bout.
Aimer et être aimé, voilà l'idéal, pourvu que ce soit la même personne.
"La jeunesse sait ce qu’elle ne veut pas avant de savoir ce qu’elle veut"
Le verbe aimer est le plus compliqué de la langue. Son passé n'est jamais simple, son présent n'est qu'imparfait et son futur est toujours conditionnel.
La poésie n'est pas forcément du vers, des rimes.(...) Un poème est une tentative de nous ouvrir les yeux pour voir ce qu'on ne regarde plus.
L'eau qui passe pour vierge était plusieurs fois veuve
MARINE
Bouteilles, vous cassez sur la mer vos tessons.
Le mur, méchante mer en tessons de bouteilles.
A la pipe réclame un nuage s'essaye.
Et, du reste, la mer est le ciel des poissons.
On ne doit pas reconnaître un poète à son style mais à son regard.