Citations de Jean Cocteau (1033)
Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être l'organisateur. (Les mariés de la Tour Eiffel)
On n'arrive droit au but que par mille détours.
Tous les enfants ont un pouvoir féérique de se changer en ce qu'ils veulent.
Nous avons commis chacun une erreur qui revient au même, moi de croire que vous pourriez faire mon bonheur, vous de croire que je ne saurais pas faire le vôtre.
Les privilèges de la beauté sont immenses. Elle agit même sur ceux qui ne la constatent pas.
Que deviendrais-je sans le rire? Il me purge de mes dégoûts. Il m'aère.
Ce Tirésias conseille à la reine tout ce qui peut lui causer du tort. Faites ci... Faites ça... Elle lui raconte ses rêves, elle lui demande s'il faut se lever du pied droit ou du pied gauche ; et il la mène par le bout du nez et il lèche les bottes du frère, et il complote avec contre la sœur. Tout ça, c'est du sale monde. (le soldat)
On doit croire en sa chance, sinon comment expliquer le succès de ceux qu'on n'aime pas.
Je ne dénombrais plus le délire des feux.
Les astres les plus fous étaient les astres feus.
La nouvelle à venir est longue s'ils s'éteignent.
Finale
(extrait)
Seine-et-Oise j’y trouve un trèfle à quatre feuilles
Là-haut les cerfs-volants à nattes de chinois
Et le mal du pays enfant que tu le veuilles
Ou non et le noyer où je gaulais des noix
Tisane du tilleul comme vos immortelles
Delphes et votre aveugle aurige aux yeux d’émail
Les boulistes du club harnachés de bretelles
La marche d’Aïda sur le kiosque du mail.
Plus loin Maisons-Laffitte et la grille du riche
Sartrouville sa foire où je m’étais perdu
Le dénicheur de nids que le garde déniche
Et même un soir la valse lente d’un pendu
Gaufres manèges tirs cirques feux d’artifice
De ces humbles trésors dois-je me détacher
Pourrai-je mes amis faire le sacrifice
De revivre sans vous de bûcher en bûcher
(in Cérémonial espagnol du Phénix)
Il serait tout à fait ridicule de considérer l'Espagne comme un lieu poétique et pittoresque. Elle n'est ni l'un ni l'autre. Elle est davantage. Elle est un poète.
La France est un pays qui se dénigre. C'est tant mieux car sinon ce serait le pays le plus prétentieux du monde. (...) Drôles sont ceux qui la veulent grande en paroles. "Grandeur, pureté, oeuvres constructives." C'est le refrain moderne. Pendant ce temps, la grandeur, la pureté, les oeuvres constructives se produisent sous une forme qui leur demeure invisible et qui leur apparaîtrait comme une honte pour leur pays. (...) Qu'est ce que la France, je vous le demande : un coq sur un fumier. Otez le fumier, le coq meurt. C'est ce qui arrive lorsqu'on pousse la sottise jusqu'à confondre tas de fumier et tas d'ordures.
Un beau livre, c'est celui qui sème à foison les points d'interrogation.
Un chef-d'oeuvre de la littérature n'est jamais qu'un dictionnaire en désordre.
France gentille et verdoyante,
Qui fait les femmes et le vin
Comme on en chercherait en vain
Sur toute Europe environnante,
Si je te chante à ma façon,
Chacun se détourne et se moque,
Mais un jour arrive l’époque
Où l’oreille entend la chanson.
Tel qui jadis me voulut mordre,
Voyant ma figure à l’envers,
Comprendra soudain que mes vers
Furent les serviteurs de l’ordre.
Il sera vite mon ami,
Disant : Commit-il d’autres crimes
Que de distribuer ses rimes
Tant au bout des vers que parmi.
Courage ! Ronsard te l’enseigne ;
Car, s’il est aujourd’hui vainqueur,
La rose lui troua le cœur.
C’est pourquoi de l’encre je saigne.
L’homme ne ressent pas l’effet
D’un rossignol au chant diurne,
Et mieux le convainct, dans une urne,
Notre cœur en cendres défait.
L'Ange Heurtebise
I
L'ange Heurtebise, sur les gradins
En moire de son aile
Me bat, me rafraichit la mémoire
Le gredin, seul, immobile
Avec moi dans l'agate
Que brise, âne, ton bât
Surnaturel.
Après les faux bonheurs, le roi va connaître le vrai malheur, le vrai sacre, qui fait, de ce roi de jeux de cartes entre les mains des dieux cruels, enfin, un homme.
Les rêves sont la littérature du sommeil.
Tout poète est posthume. C'est pourquoi il lui est très difficile de vivre.
Son oeuvre le déteste, le mange, veut se débarrasser de lui et vivre à sa guise.
Écrire est un acte d'amour. S'il ne l'est pas il n'est qu'écriture.