AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean Dutourd (97)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le séminaire de Bordeaux

C'est vraiment très drôle; j'ai beaucoup aimé! C'est une satire comme on ne s'en permettrait plus...!
Commenter  J’apprécie          80
Les Taxis de la Marne

Contrairement à ce que laisse penser le titre, le sujet ici n'est pas la première guerre mondiale mais la seconde et plus particulièrement l'année 1940, l'année de la débâcle et du désastre pour l'armée française. Dutourd passe au vitriol cette période et les années qui suivent jusqu'en 1956 avec un humour féroce mais appréciable.

Un livre que nos politiques devraient lire.
Commenter  J’apprécie          80
Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Voici un livre de 1952.

Il fut adapté en film par Edouard Molinaro en 1981.

Je l'ai vu étant jeune. Et bien, je dois dire -après la lecture du livre de Jean Dutourd- que le livre a mieux vieilli que le film!

Je m'attendais à un style un peu vieillot. Mais il n'en fut rien!



C'est très bien écrit, vivant avec beaucoup d'humour (-"Avez-vous lu Mène Camphre de Hitler?"), un sens aigu de la formule et d'ironie (-"Malhonnête jadis, un commerçant faisait faillite ; honnête aujourd'hui, il se ruinait".)

Les personnages sont tout simplement humains avec des traits de caractères bien marqués qui les mènent dans des situations bien souvent piquantes .



Comme ce couple est détestable! Et leurs clients (certains, en tout cas) courbent l'échine devant leur dédain, leurs mesquineries et méchancetés.

En fait, oui, j'avoue, ...je me suis beaucoup amusée à lire ce qui arrive à toutes ces personnes au tournant de la guerre.

Un live qui n'a pas beaucoup vieilli si l'on prend un peu le temps d'observer les comportements humains d'aujourd'hui.

C'est vraiment très chaudement que je vous recommande de passer un moment dans la boutique "Au bon beurre".

Commenter  J’apprécie          71
Une tête de chien

Ce roman est conseillé par Alexandre Vialatte dans ses chroniques de la Montagne.

C'est l'histoire d'un enfant qui naît avec une tête d'épagneul. La vie des gens différents et de la solitude qui les accompagne est bien mise en abîme.

On trouve quelques passages très drôles.

Le style est un peu daté, mais on ne peut pas s'empêcher de penser à Kafka.

Commenter  J’apprécie          75
Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Jean Dutourd a toujours représenté pour moi l'archétype du réactionnaire, et qu'il ait été académicien n'y a rien changé… au contraire !

Cette méfiance et cette défiance à l'égard de l'homme m'ont toujours tenu éloigné de l'auteur.

Passionné de la Seconde Guerre Mondiale, et en particulier de tout ce qui touche à la Shoah et à la collaboration sous Vichy, je me suis laissé tenter par la vision qu'en a donné Dutourd dans son roman - Au Bon Beurre -, que je viens de lire à plus de 66 ans… comme quoi !

Et j'ai bien fait.

A sa manière, très "académicienne"... un peu m'atuvuiste, un peu chargée, un peu ostentatoire, J.D a réussi à écrire un bouquin plein d'un humour caustique, plein d'un cynisme sans concession, et surtout, plein d'une lucidité qui réussit à nous faire vivre l'histoire et le réalisme d'une époque qui a engendré le meilleur et surtout le pire.

Les 10 années de "débordements" du couple de crémiers incarnés par les Poissonard, ce sont les 10 années d'une certaine France d'alors… laquelle a donné naissance à celle qui a pris le relais et dont nous sommes les enfants et les petits enfants...

Force des personnages et des situations… qu'on aime ou pas Dutourd, son livre mérite d'être lu ou relu.
Commenter  J’apprécie          72
Contre les dégoûts de la vie

Lisez-vous encore Jean Dutourd ? Pas certaine.

Membre de l'Académie française, il fut journaliste, critique littéraire et aussi un bon romancier mais surtout un grand lecteur depuis son enfance.



Je cite ce qu'il dit en avant-propos : "parmi les choses impossibles, l'une des plus improbables, et que d'ailleurs je désirais à peine, eût été qu'une publication créât pour moi, pour mes beaux yeux, une rubrique des auteurs du passé. A propos de la réédition de tel de leurs ouvrages, j'aurais tenu là une sorte de journal de mes lectures, ce que je n'avais pas fait quand j'étais jeune, par paresse, haine de la cuistrerie, refus de gâter mes plaisirs par des pensums. Mais quel journal, quelle revue m'offrirait jamais cela ? ... "

Finalement cet ouvrage c'est un peu cela : il nous donne ses réflexions sur quelques oeuvres littéraires qui l'ont le plus marqué dans sa vie. Beaucoup sont tombées dans l'oubli - leurs auteurs aussi. Qui a lu "Léonard, maçon de la Creuse" de Martin Nadaud ? Et de même, qui serait capable aujourd'hui de lire les "Lettres à Madame Récamier de Benjamin Constant ?



Je cite encore la conclusion de son avant-propos : "Parler littérature est le plus charmant entretien que puisse procurer la civilisation. La critique littéraire n'est point faite pour les époques barbares. Non plus que la littérature, du reste. Les barbares ne veulent pas voir l'envers du monde, qui est gai. Rien que son apparence, qui est tragique."



Et il attaque sur un roman (peu connu et même oublié de nos contemporains) : "Le diable amoureux" de Cazotte en nous disant que "les petits auteurs ont des vies plus romanesques que les grands".

Puis il poursuit par quelques réflexions sur les oeuvres de Maupassant en débutant par cette réflexion : "Le journalisme est une bénédiction, parce qu'il faut remettre sa copie à l'heure et qu'il y ait le nombre de feuillets voulu. Si la muse est introuvable, tant pis, on doit marcher. Commencer son papier n'importe comment, continuer à l'aveuglette. Et, à la fin, on s'aperçoit avec ravissement que la muse était là quand même, que tout s'est ordonné chemin faisant, que le seul fait de s'y être mis a déclenché le petit miracle de l'écriture. Les trois cents contes de Maupassant ont été faits ainsi, parfois à la cadence de deux par semaine pour le Gil Blas et Le Gaulois. Cela se voit".

Le troisième ouvrage cité est celui de Pierre Loti : "Le roman d'un spahi" publié en 1881, deux ans avant la conquête du Tonkin. L'auteur se demande : "Faut-il relire Loti ? Il vaudrait mieux relire Barrès ou Proust. Mais Loti mérite un détour." Je ne pense pas lire Loti un jour mais j'ai aimé la façon dont il en parle.

Et si je ne partage pas toujours ses enthousiasmes ne connaissant pas les auteurs dont il parle (Anka Muhlstein par exemple), c'est formidable de voir l'intérêt qu'il porte à tant d'oeuvres diverses !

J'aurais envie de lire "La Madone des spleepings" par Maurice Debroka tant il sait en parler joliment. Debroka, "un virtuose de la couleur locale. Il est allé dans les pays qu'il décrit et il les a vus avec un oeil de journaliste-poète."
Commenter  J’apprécie          71
Le déjeuner du lundi

Tous les lundis midi, le père de Jean Dutourd, dentiste de son état, invite son fils Jean et l’oncle Alfred à déjeuner. Veuf joyeux et épicurien sans complexe, il met les petits plats dans les grands pour régaler ses deux hôtes, ce qui n’est pas un mince exploit, car dans les années d’après guerre, les tickets de rationnement sont encore en vigueur et il faut souvent recourir au marché noir pour élaborer un menu. Ces sympathiques agapes familiales sont l’occasion de discussions à bâtons rompus sur mille sujets des plus triviaux aux plus relevés dans une ambiance charmante et détendue.

Paru en 1947, « Le déjeuner du lundi » est le deuxième livre et le premier roman de Jean Dutourd. Il le présente comme étant le prototype du « nouveau roman », style qu’il dit avoir inventé avec dix ans d’avance. En effet, les cinquante premières pages donnent tout à fait cette impression avec des descriptions pointilleuses mais jamais ennuyeuses du décor de cette charmante pièce en trois actes (entrée, plat, dessert). Passé cette introduction à la Robbe-Grillet, le lecteur bascule dans le vif du sujet, les dialogues et la comédie de ce déjeuner de brillants esprits. Ça ne se lit pas. Ça se dévore. Tant c’est intelligent, amusant, plein d’humour et finement raconté. Le personnage du père, un peu vantard, heureux de vivre et toujours le cœur sur la main, celui de l’oncle, plus introverti, grand amateur de calembours, de paradoxes et d’énigmes plus ou moins scientifiques et bien sûr celui du jeune Dutourd, ancien évadé de camp de prisonnier, grand résistant, anticlérical, libre penseur et très à gauche, tous trois sont d’excellente compagnie. Les idées politiques de l’auteur peuvent surprendre. Il faut dire qu’il était très jeune à l’époque et qu’il a évolué au fil du temps et de sa réflexion personnelle. Seuls les idiots ne changent jamais d’avis ! Un bel ouvrage qui n’a pas pris une seule ride !
Lien : http://www.bernardviallet.fr
Commenter  J’apprécie          73
Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Cette chronique grinçante de la vie d'un couple de crémier nous plonge au coeur de ce que l'homme a de plus médiocre. Traversant la guerre avec comme seule préoccupation leur propre intérêt, les héros de cette histoire triste n'hésitent pas à dénoncer, trahir, voler, tromper et escroquer leurs semblables. Collabos puis résistants, ils réussiront avec un cynisme jamais démenti à s'enrichir du malheur de tous. Lorsque ce roman est paru en 1952, on a voulu y voir une oeuvre anti-patriotique. Dutourd, homme de droite, monarchiste assumé (notons quand même qu'il fut résistant), aurait volontairement minimisé l'effort méritoire du peuple français pour se libérer. Il suffit hélas de regarder autour de soi pour perdre ses illusions sur le genre humain.
Commenter  J’apprécie          70
Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Pendant l'occupation, l'enrichissement honteux d'un couple d'épiciers sans scrupules : transformations des produits, triches sur les étiquettes, les poids, la nature des marchandises vendues, dénonciations, méchanceté, trahisons, opportunismes en fin de conflit pour se fabriquer une image de défenseur de la France libre, tout y passe.

Portrait au vitriol, accablant, et bien sûr, très drôle. Mais la caricature cache une réalité. Les Poissonard avec leur patronyme qui rime avec poissard, poisseux, poisson visqueux, vicelard, connard et salopard, ont existé pendant la guerre.



Parallèlement à ce récit nous suivons le parcours du jeune Léon Lécuyer, intellectuel idéaliste et intègre, prisonnier de guerre, vite évadé, qui connaîtra l'exaltation dans l'amour et la résistance avant de perdre ses illusions.



Pour son plus grand malheur, ce Léon croisera deux fois la route des Poissonard, au tout début du roman et à la fin. Mieux vaut ne pas tirer de morale à ce roman, car ici, les tricheurs gagnent et les honnêtes gens sont la victime des tricheurs.



L'univers des Poissonard m'a fait penser à celui de la trilogie de Gabriel Chavallier Clochemerle (1934), Clochemerle Babylone (1954), Clochemerle les Bains (1963), dont je recommande la lecture. Même humour, mêmes types de dialogues.



Ce roman m'a aussi fait penser au roman de Romain Gary, "Le Grand Vestiaire" (1949) où l'on découvre, dans la période d'après-guerre cette fois, le même univers de magouilles, de compromissions, de masques sociaux portés par les gens, qui cachent leur vraie nature.



Donc, une lecture très agréable, des scènes très drôles, quelques passages moins heureux. Je pense qu'on aurait pu se passer de Léon, que le roman aurait gagné en densité en restant concentré sur les Poissonard et la veine humoristique.



Voir les extraits proposés en "Citations"
Commenter  J’apprécie          63
Mémoires de Mary Watson

Mémoires de Mary Watson - Jean Dutourd



Outre l'écriture fluide et pourtant recherché de Jean Dutourd (ce n'est pas à moi de faire le panégyrique de cet immense auteur, je ne suis pas assez douée pour lui rendre hommage) qui fait de la lecture de cette oeuvre un réel plaisir,

on retrouve avec ravissement le duo Holmes-Watson.

Dutourd connais bien ses classiques et a su donner aux personnages de sir Conan Doyle la même épaisseur, le même charisme qu'aux originaux.

Si vous voulez un livre pour vous détendre tout en savourant la langue française ne chercher plus: "Mémoires de Mary Watson" vous enchantera
Commenter  J’apprécie          61
Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Une belle écriture pour ce récit sur la collaboration durant la 2nde guerre mondiale. Cela décrit précisément le marché noir, le trafic, l'enrichissement de certains sur la misère des autres. A ce titre-là, il est intemporel.



Je suis rentrée facilement dedans et une fois embarquée, dur dur de le lâcher. J'ai beaucoup aimé le fait que les vies des différents personnages se croisent et se recroisent à différents moments de leurs vies.

Commenter  J’apprécie          60
Les Horreurs de l'amour, tome 1

Quand un grand écrivain atteint une telle épaisseur ( plus de 600 pages pour le tome 1 et plus de 400 pour le tome 2 ) avec un sujet aussi rebattu que les amours d'un parlementaire quinquagénaire , marié et père de famille et d'une dactylo de 25 ans , on risque le mélo , le sordide , le ridicule voire même la collection Harlequin . Rassurez-vous , il n'en est absolument rien .

Connaissant l'esprit corrosif de J. Dutourd qui ne sort "mot qui ne lui vienne du coeur" , j'ai été surtout attiré par le titre et n'ai pas été déçu ni rebuté par l'épaisseur de l'oeuvre . En effet , l'intrigue n'est qu'un prétexte pour développer une véritable somme sentimentale et psychologique , faire de la philosophie , observer les méandres des raisonnements et l'étrangeté des conduites humaines . Le récit n'est pas linéaire , tout au contraire , on va de digressions en digressions . Au passage , l'auteur nous livre ses réflexions sur un nombre incalculable de sujets , quasiment un par page , avec un titre différent en haut de chacune .

Le style est limpide , agréable , c'est celui d'une conversation avec un être cultivé , supérieurement intelligent , un humaniste et un homme de bonne compagnie .

D'ailleurs , tout est présenté sous forme de dialogue . MOI et LUI , sorte de Janus littéraire ou de double personnalité de l'auteur qui se répondrait à lui-même . LUI montre l'apparence des choses souvent avec une certaine naïveté , voulue ou fausse et une kyrielle de détails en apparence minuscules ou saugrenus . MOI lui répond avec esprit , ironie , démontant les mécanismes psychologiques ou posant les questions qui tuent .

Un vrai régal intellectuel avec un sujet aussi mince . Il y a de quoi crier au génie !!!
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          60
Mémoires de Mary Watson

Jean Dutourd s'était un peu amusé en faisant de Mary Morstan et de John Watson, personnages imaginaires créés par Conan Doyle, un couple bien réel. Et Conan Doyle serait...John Watson.

Mary est une jeune fille délicieuse, ayant bénéficié de la meilleure éducation anglaise. Elle se méfie des hommes, jusqu'au jour où elle sera face au médecin John Watson. Et là, ce sera le coup de foudre.

Watson étant, bien entendu, en compagnie de Sherlock Holmes, ces deux-là vont chercher à dénouer une énigme, dont le centre a un rapport avec la vie familiale de Mary. Les choses vont alors se compliquer, et le lecteur va un peu se perdre: Dutourd sait écrire un français vif, spirituel, mais il n'a pas, pour ce qui concerne la façon de planter une enquête, le talent de Doyle/Watson.

Ce livre fut une fantaisie légère: prenons-le pour tel, seulement.
Commenter  J’apprécie          50
Ça bouge dans le prêt-à-porter : Traité du journal..

J'ai bien ri en lisant cette charge, féroce et drôle, contre le "style" journalistique. J'ai particulièrement apprécié les exemples de clichés inspirés de titres de films ou de livres qu'a recensés Dutourd, d'autant que ces poncifs m'ont toujours exaspéré.

Cependant, je l'avoue : j'écoute et je lis trop souvent les journalistes pour échapper tout à fait à cette manie des clichés, à ce psittacisme.
Commenter  J’apprécie          51
Ça bouge dans le prêt-à-porter : Traité du journal..

Comment écrire dans les journaux, parler à la radio ou à la télévision ? Comment faire carrière dans la communication ? Comment raconter la vie du monde aux braves gens et leur imposer une pensée calibrée mais aussi un langage frelaté ? Pourquoi tout le monde s’appelle-t-il « Coco » ? Quels sont les grands principes du journalisme ? En quoi consiste le fameux « kilomètre sentimental » ? Comment écrire une bonne critique littéraire ? Quelles sont les bonnes locutions à utiliser ? Qu’est-ce qui se dit et ne se dit pas dans ce milieu bien particulier ?

C’est à toutes ces questions et à quelques autres que répond cet ouvrage malicieux sous-titré « Traité du journalisme » qui aurait d’ailleurs pu s’intituler « Rien de nouveau dans le prêt-à-penser » car la conclusion s’impose d’elle-même : rien ne bouge depuis des lustres. Tout reste d’une grande conformité bien-pensante dans cette profession plus décriée aujourd’hui qu’en 1989 quand ce livre parut. Dutourd pouvait y dresser le portrait de trois grands patrons de presse de son époque, Brisson pour le Figaro, Beuve-Méry pour le Monde et Lazareff pour France-Soir qui honoraient la profession. (Peut-être la partie la plus intéressante du livre.) Quoi que l’étude des tics linguistiques, de la manie des américanismes, de l’abus des poncifs et autres images usées jusqu’à la corde soit un véritable régal pour connaisseurs. Avec toujours autant de finesse et d’humour, Dutourd rhabille élégamment tous ses confrères pour plusieurs hivers. Après tout, qui aime bien châtie bien !
Lien : http://www.bernardviallet.fr
Commenter  J’apprécie          50
Le déjeuner du lundi

C'est un curieux roman dialogué que Jean Dutourd a écrit là, quasiment un "nouveau roman". Il y fait une sorte de synthèse des conversations qu'il eut, dans l'immédiat après-guerre, avec son père et son oncle, à l'occasion du déjeuner qui les réunissait traditionnellement chaque lundi, au cabinet du père, qui était dentiste. Malgré le coq-à-l'âne, sa lecture n'est jamais ennuyeuse, tant sont truculentes et drôles les reparties de ces messieurs. En filigrane, on y reconnaît déjà le Dutourd enjoué et caustique, quoique parfois désabusé, qui séduira tant par la suite. Je n'affirmerai pas que c'est le meilleur roman que Dutourd ait écrit, mais enfin il mériterait d'être sorti des oubliettes où il est tombé.
Commenter  J’apprécie          50
Le feld-maréchal von Bonaparte

L'uchronie est un genre littéraire hautement stimulant d'un point de vue intellectuel ... quand il est bien servi. Ce n'est malheureusement pas le cas ici. Jean Dutourd part d'une idée simple : la Révolution française est la matrice du 19ème siècle et, partant, du 20ème siècle. Sans Révolution française - si Louis XVI n'avait pas reculé devant les idées de constitution et de république, s'il n'avait pas fui honteusement à Varennes, si la Corse était demeurée génoise ... -, point de romantisme, point de révolution industrielle, point de socialisme et point de guerres mondiales.

Si certaines idées demeurent intéressantes, Dutourd montre clairement plusieurs limites dans cette uchronie : considérer les seuls évènements français comme matrices des siècles, c'est oublier l'Europe (notamment le Royaume-Uni dans le cas de la Révolution Industrielle). Certes, la Révolution fut une période terriblement sanglante, et des actes irréparables, tant envers les personnes qu'envers les biens, furent commis. Mais il y a chez Dutourd, dans ce livre, une franche opposition aux origines du régime républicain. D'autres exemples - celui de la Louisiane notamment - plombent le propos, ainsi que l'omniprésence de la téléologie dans la réflexion historique. Intéressant pour la forme, Le feld-maréchal se révèle franchement décevant sur le fond.
Commenter  J’apprécie          50
Le séminaire de Bordeaux

Pour ceux qui aiment Lodge et ses descriptions du monde universitaire et de la recherche anglais, ils apprécieront la "version française". On y trouve le même humour, la même finesse d'analyse et cela nous permet de mesurer les différences existant entre les deux sociétés. Bien loin des chrétiens anglais terrorisés par la méthode de contrôle de naissance par prise de température (Lodge), on débarque avec Dutour en plein Mai 68 et ses théories de l'amour libre. C'est encore plus drôle que l'on peut rire librement de la génération de nos parents tout en observant que peu de choses ont changé depuis. Les réflexions sur le "pseudo langage scientifique" (qui est aujourd'hui totalement intégré dans le discours quotidien) est hilarante. A lire et relire!
Commenter  J’apprécie          50
Jeannot, mémoires d un enfant

Le grand académicien nous entraine dans le monde enchanté et disparu à jamais de sa propre enfance dans les années trente . C'est un voyage merveilleux qu'il nous propose . Il entre à l'école " le cours Maintenon pour jeunes filles" à 5 ans , au moment de l'arrivée d'Hitler au pouvoir et nous abandonne l'année de ses 13 ans , l'âge où , selon lui , finit l'enfance , " où l'on perd toute l'intelligence" . Je dirai plutôt toute cette sensibilité particulière , cette formidable capacité d'émerveillement .

Le lecteur est étonné , bluffé même . Dutourd doit avoir une mémoire d'éléphant ou d'ordinateur car il n'a rien oublié de cette époque si différente de la nôtre . Il se souvient de tous les plus infimes détails : " le franc-tireur des Ternes" , le " ballon de Gambetta" , la de Dion Bouton de son père et j'en passe . Plus fort encore , il arrive à nous faire vivre de l'intérieur tous les sentiments , les idées , les passions qui l'agitaient alors . Sa mère souffrait de la tuberculose . En raison d'une cure dans le Midi de la France , à Vence , il est est séparé très jeune . Elle meurt quand il n'a que 7 ans . Une véritable tragédie pour Jeannot qui l'adorait au point d'être véritablement fusionnel avec elle . Mais le rire ou le sourire n'est jamais loin avec la période militaire de son père ou la description de ses relations avec le roi de Roumanie en exil à Paris .

Dutourd nous raconte également l'exposition coloniale , grand évènement de cette époque ainsi que son renvoi du cours de catéchisme , grand évènement de sa jeune vie .

Nous découvrons son intérêt pour les Arts Plastiques , il se dit "perverti par Boticcelli" ( quelle jolie époque !) et la littérature , nous permettant ainsi de mieux comprendre la génèse d'un grand écrivain .

Lire ce livre c'est revisiter le territoire enchanté de l'enfance . " On tient pour acquis que l'enfant n'est que l'esquisse de l'homme . Or ce n'est pas vrai : l'enfant est un être complet en soi , et très différent de l'adulte ."

"J'ai tâché , dit Dutourd , de peindre un enfant totalement enfantin , à la manière dont Jack London peignait les chiens de traineaux , en se mettant dans sa peau , qui n'est pas la mienne ." Et c'est parfaitement réussi .
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          50
Au bon beurre ou Dix ans de la vie d'un crémier

Voilà une injustice réparée. Mille fois, j’ai entendu parler de ce roman, mille fois s’est présentée l’occasion d’en voir le film sans aboutir. Il aura donc fallu que Jean Dutourd nous quitte, pour qu’après « la grosse tête » qui m’a tant fait rire, j’en découvre l’écrivain.



Dans au « bon beurre », nous découvrons Paris sous l’occupation, et plus particulièrement une certaine France, celle qui s’est enrichit du malheur des autres. Rien de nouveau, me direz-vous !!!! Cela a toujours existé, et hélas, c’est on ne peut plus vrai encore de nos jours. Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, le filon n’est spas près de se tarir….hélas…



Le couple Poissonard, crémiers de son état, ne tardera pas à comprendre comment s’y prendre pour se remplir les poches : marché noir, fraude, vol, délation, dissimulation. Non content de cela, il poussera le vice jusqu’à « finasser » avec l’ennemi, faire du lèche-bottes auprès du Maréchal…..

Bref des gens pas très fréquentables. Les temps ont changés, mais des Poissonard, il en existe des milliers de nos jours. On les croise aussi bien dans son monde professionnel, dans sa vie de tous les jours. Et oui, que ne ferait-on pas pour grappiller un petit quelque chose, obtenir une petite faveur, une promotion, un avancement, une nomination……



« On a tout intérêt à se tenir peinard »



Outre le fait de dénoncer, très peu de temps après la fin de la seconde guerre, une certaine société de cette époque, Jean Dutourd l’a fait avec beaucoup d’humour, mais ans aucune complaisance. De plus son roman est d’une incroyable modernité, puisque 60 ans après sa publication, il pourrait sans aucun problème être transposé à notre époque. Ce livre est remarquablement écrit.



J’ai donc beaucoup apprécié la lecture de ce livre, mais, je ne peux en faire un coup de cœur dans la mesure où la fin, m’a déçue. En effet, j’attendais autre chose. Je m’attendais à ce que justice soit faite ; j’aurais voulu que, comme il est souvent dit dans le livre « tout se paye dans la vie, tout se paye !... »








Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean Dutourd (632)Voir plus

Quiz Voir plus

Jean Dutourd

Dans quelle ville Jean Dutourd a-t-il vu le jour?

Lille
Saint-Etienne
Paris
Bayonne

10 questions
12 lecteurs ont répondu
Thème : Jean DutourdCréer un quiz sur cet auteur

{* *}