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Critiques de Jean-François Revel (69)
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Comment les démocraties finissent

Cet ouvrage fit un énorme buzz à sa sortie, époque où je l'ai lu. Mais je ne me souviens pas de grand-chose sur le fond, hormis un ton certes percutant. Il est vrai que l'auteur fut classé très à droite. Par ailleurs, déjà à son époque, les facteurs essentiellement d'ordre économique, qui entraîneront à leur tour des clivages d'ordre communautariste, étaient ceux à l'oeuvre qui se révéleront les plus susceptibles de mettre en danger la démocratie, par la substitution d'une nouvelle aristocratie d'ordre financier se moquant de la démocratie issue du suffrage universel. Or je ne me souviens pas que cet auteur ait mis cette problématique particulièrement en évidence. Je peux évidemment me tromper à ce sujet mais le fait que je n'aie rien retenu de ce bouquin ne m'amènerait pas à en conseiller la lecture aujourd'hui
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Comment les démocraties finissent

Les démocraties ne sont-elles pas que de simples parenthèses de l'histoire ? Ton mordant, mais clair et très facile d'accès pour cet ouvrage qui fait réfléchir.
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Descartes inutile et incertain

Déjà dans son "Histoire de la philosophie occidentale" publié en 1994, JF Revel exprimait le peu de considération qu'il a pour l'œuvre de Descartes .

J'ai d'abord pensé que "Descartes inutile et incertain" -le compliment est extrait des Pensées de Pascal- , publié en 1998 était une occasion d'enfoncer le clou en troquant le marteau initial pour la masse que méritait le sujet . Vérification faite, il s'agit exactement du même texte que le chapitre sixième de l'Historie susnommée, auquel ont été ajoutées huit pages d'une conclusion qui n'apporte pas grand chose. Malice d'édition et/ou période de vache très maigre pour l'auteur.



Cela n'enlève rien à l'intérêt de l'essai qui démonte, d'une façon que j'ai trouvée très convaincante, que Descartes n'a pas apporté grand-chose de nouveau à part un système métaphysique dont la clé de voûte est l'existence "démontrée" de Dieu, duquel dérive un ensemble de théories en physique, biologie, psychologie ,...qui se sont à peu près toutes révélées fausses.

"La connaissance de Dieu conduit à la connaissance détaillée de l'univers, tout le cartésianisme est dans cette conviction".



Revel parcourt notamment quelques unes des hypothèses intuitives, erreurs de raisonnement, fautes de logique, approximations qui émaillent les écrits du philosophe qui, modestement, se pensait le seul capable depuis l'antiquité de venir à bout de ces difficiles problèmes.

Mais: "il ne s'agit pas tant ici de dresser le catalogues des erreurs scientifiques nombreuses commises par Descartes que de cerner l'erreur d'orientation globale qui découlait nécessairement de la façon même dont il posait le problème de la connaissance en la rattachant à la véracité divine, et dont il expliquait le monde en le soumettant à sa théorie de la nature de Dieu."



Il dénie à Descartes, adepte d'une philosophie au sens antique,incluant toutes les autres disciplines y compris la science, tout caractère novateur, faisant de lui un homme du passé, finalement dogmatique, proche par la démarche de l'école scolastique avec laquelle il entendait rompre.

"Or précisément, toute la critique de la scolastique consistait à séparer enfin complètement la philosophie première et les sciences d'observation. Descartes ne semble pas l'avoir compris."



Revel souligne l'incompréhension fondamentale de Descartes pour la vraie révolution scientifique du temps, illustrée par Galilée puis Newton notamment, celle de l'induction qui consiste à partir des faits de l'expérimentation pour concevoir les théories devant rendre compte des premiers, quand lui Descartes privilégie de façon inconditionnelle l'intuition-formulation d'hypothèses relevant, pour lui, de l'évidence- et la déduction à partir de celles-ci : "il ne se propose pas d'expérimenter au sens où Galilée le faisait. A l'inverse, comme Platon, il a confiance dans la validité absolue de ses principes a priori, aperçus par la seule lumière du raisonnement, et donc, par avance, il est sûr de leur efficacité dans la pratique".



Revel décrit aussi un Descartes, peu curieux de s'enrichir des découvertes scientifiques de son époque mais principalement préoccupé de s'enquérir si celles-ci rentrent dans l'ordre de son système, sinon de les tordre pour les y faire rentrer ou les rejeter quand c'est impossible.



Polémique bien sûr, en ce pays. Il n'est que de lire l'article consacré à Descartes dans Wikipédia pour s'en convaincre!

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Fin du siècle des ombres

Le talentueux : journaliste, écrivain, philosophe, chroniqueur, essayiste politique, mémorialiste, historien, Académicien, Jean-François Revel, pour fêter à sa manière la fin de ce terrifiant XXème siècle, nous a gratifié, en 1999, de cet extraordinaire ouvrage-compilation, reprenant d’innombrables chroniques politiques et littéraires publiées entre 1983 et 1999.

Moi qui étais, au début de cette période un adolescent parfaitement insouciant et indifférent du monde dans lequel il vivait, politiquement ignorant et historiquement complètement inculte, ce passionnant ouvrage m’a permis de recontextualiser d’importants évènements du XXème siècle…

En effet, Jean-François Revel possédait une culture générale, un don et un talent incomparables pour décrire, synthétiser et analyser les phénomènes de société.

À la manière d’un George Orwell, il était même un visionnaire puisque certains de ces phénomènes qu’il décrivait il y a déjà 30 ans de cela, ont toujours des répercussions de nos jours, et nombres d’entre eux se sont confirmés, amplifiés, ou sont simplement toujours d’actualité, voire certains ont même réapparus aujourd’hui.

Ses analyses extrêmement précises, sa fulgurante clairvoyance, son pragmatisme intellectuel, son absence de langue de bois et sa totale liberté de penser et d’expression nous seraient fort utiles, de nos jours, pour analyser notre société Française et notre Humanité, devenue Mondialisée.

Rares sont les intellectuels, aujourd’hui, aussi libres Penseurs que lui.

Disparu en 2006, Jean-François Revel laisse un vide incommensurable pour Penser notre Monde et notre époque.



En ce début de XXIème siècle, nous aurions donc bien besoin de toute la lucidité de ses analyses, dans une société Française hagarde, à la recherche de ses valeurs ; et un État Français au bord du dépôt de bilan, à cause de nos élites (de droite comme de gauche), depuis plus de 30 ans. En effet, ces élites politiques et intellectuelles n’ont pas la volonté et sont trop pusillanimes pour entreprendre de donner un véritable cap politique, économique et social à la France ; et sauvegarder ce qu’il reste encore de notre culture, de nos valeurs et de nos principes Républicains et Laïcs.



En hommage à Jean-François Revel, grand spécialiste du Totalitarisme Communiste avec d’autres, comme : Raymond Aron, Hannah Arendt, Tzvetan Todorov, Alain Besançon, Stéphane Courtois, Nicolas Werth, Dominique Colas, Pierre Rigoulot, etc., je ne peux résister, ici, à la tentation de vous faire partager cette brillante chronique ci-dessous, publiée en 1997, suite à la sortie du, devenu célèbre : « Livre Noir du Communisme », sous la direction de l’historien Stéphane Courtois (pages 600 à 604) :

« Le communisme : 85 millions de morts !



La publication du monumental Livre noir du communisme a été précédée d’un tapage autour d’un désaccord entre la maître d’œuvre, Stéphane Courtois, et deux des principaux auteurs (sur onze) de ce grand travail collectif. Évidente était l’intention de discréditer l’ouvrage à titre prophylactique, tant on gonfla le racontar au détriment du compte rendu.

Que Nicolas Werth et, surtout, Jean-Louis Margolin aient élevé des objections de dernière minute contre certaines formulations de Courtois dans une « Introduction » qui leur avait pourtant été soumise, c’est un fait. Mais qui relève de la querelle terminologique ou idéologique, sans altérer en rien l’essentiel : la richesse documentaire du Livre noir. Au demeurant, les deux parties du livre que Werth et Margolin ont écrites (et magistralement), le premier sur l’URSS, le second sur la Chine, le Vietnam et le Cambodge, établissent des bilans qui corroborent en substance le tableau d’ensemble et les interprétations de Courtois, J’ignore que fut le ressort de leur tardif regimbement, mais je ne l’aperçois en tout cas pas dans leur propre travail d’historiens.

On peut discuter sur des chiffres que le secret dissimule encore partiellement. On peut balancer si Mao a tué 60 ou 70 ou 65 millions de personnes, on peut observer que, malgré la répression et les procès truqués, il n’y a pas eu, en Tchécoslovaquie, de génocide, comme au Cambodge. Ces hésitations sont propres à l’esprit scientifique, elles ne changent rien au scandale moral. Quand on disait, vers 1950 : « Les nazis on tué 6 millions de juifs », il se trouvait des gens pour vous répondre : « Non, ils n’en ont tué que 4 millions. » La logique intrinsèquement criminelle du communisme comme du nazisme n’est en rien infirmée par ces chipotages indécents.

Je n’aurais pas relaté d’aussi mesquines chamailleries si elles ne faisaient pas, en quelque sorte, partie du sujet que traite le livre dont il est question. Elles témoignent de la puissance d’intimidation que conservent les adeptes rétroactifs et rétrogrades du communisme. Si le monstre est mort comme phénomène politique, il demeure bien vivant comme phénomène culturel. Le Mur est tombé à Berlin, mais pas dans les cerveaux. Décrire le communisme dans sa réalité reste un délit d’opinion.

La France en a eu la démonstration avec le « Bouillon de culture » du 7 novembre. Je venais justement de voir le dernier film de Steven Spielberg sur les dinosaures, et je n’ai eu aucune difficulté à effectuer la transition avec le numéro de cette célèbre émission de télévision consacré au Livre noir. Les communistes invités y sont parvenus à faire barrage aux historiens, l’un d’eux allant même jusqu’à traiter Stéphane Courtois… d’antisémite ! Leur but, censurer l’information, a été ainsi en partie atteint. Les téléspectateurs n’ont quasiment rien pu apprendre sur le contenu du livre. À force d’obstruction, les complices des crimes ont réussi encore une fois à les nier ou à soutenir, la main sur le cœur et des sanglots dans la voix, que ces forfaits n’avaient aucun rapport avec l’essence du communisme. Pourquoi le négationnisme, défini comme un délit quand il porte sur le nazisme, ne l’est-il pas quand il escamote les crimes communistes ? C’est que, aux yeux de la gauche, il subsiste de bons et de mauvais bourreaux. Le groupe socialiste européen, au Parlement de Strasbourg, a voté contre la motion reconnaissant le Tibet comme « pays occupé ».

Le refus par la gauche de classer les génocides communistes parmi les crimes contre l’humanité, au même titre que les génocides nazis, ne résiste ni à l’esprit de la science historique ni à la lettre des textes juridiques. Soulignant la motivation idéologique des crimes nazis, le procureur général français à Nuremberg, François de Menthon, disait : « Nous ne nous trouvons pas devant une criminalité accidentelle, occasionnelle, nous nous trouvons devant une criminalité systématique découlant directement et nécessairement d’une doctrine. » Cette description de la criminalité noire s’applique mot pour mot à la criminalité rouge. De même que lui convient parfaitement la définition du nouveau Code pénal français, adopté en 1992, selon laquelle le crime contre l’humanité inclut « la déportation, la réduction en esclavage, la pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture, d’actes inhumains inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux, et organisés en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile ». Or les massacres et déportations systématiques de groupes sociaux ou ethniques en raison de ce qu’ils sont, et non de ce qu’ils font, jalonnent toute l’histoire du communisme.

Ainsi, les 20 millions de morts (hors guerre) de l’URSS, les 65 millions de la Chine (Mao décroche la médaille de plus grand assassin de tous les temps), les 2 millions de morts du Cambodge (sur 7,8 millions d’habitants) ou de la Corée du Nord résultent tous d’exterminations programmées. Il n’y aura pas eu d’analyse sérieuse du communisme tant que la gauche n’aura pas admis que sa criminalité ne fut pas due à une improbable succession de ratages accidentels. C’est là ce que François Furet, qui devait préfacer ce Livre noir lorsqu’il disparut brutalement, en juillet, considérait, à propos de la Terreur de 1793-1794, comme la plus misérable des échappatoires pour un historien : l’explication par les circonstances. L’explication par la cause réelle, la seule qui rende vraiment compte des faits, à moins d’admettre que tout arrive par hasard, réside dans la logique d’un système entraînant à la liquidation physique pour motif idéologique.

Il est donc légitime de conclure à une tendance intrinsèquement criminogène du communisme, tant il a produit de copies conformes dans les circonstances les plus diverses et jusque dans ses métastases marginales, sous toutes les latitudes et dans les sociétés culturellement les plus différentes : à Cuba, en Éthiopie, en Angola, en Afghanistan, au Mozambique, au Laos, au Cambodge. Avec le total – prudent – de 85 millions de morts que dresse Courtois, il s’agit bien de crimes contre l’humanité, c’est-à-dire « commis au nom d’un État pratiquant une politique d’hégémonie idéologique », et « en exécution d’un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ou d’un groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire » (Code pénal français).

D’ailleurs, Hitler n’a pas commis que des crimes racistes. Il a exterminé, sans distinction de race ni de religion, des peuples occupés qui se soulevaient ou des otages inoffensifs, par exemple à Oradour. Mieux : comme Staline et avant Staline, il a égorgé ses propres compagnons, lors de la Nuit des longs couteaux. Inversement, parmi les crimes communistes figurent aussi des crimes racistes, visant collectivement des ethnies en tant que telles : Polonais, Baltes, Tatars, Moldaves, Ukrainiens, Tchétchènes massacrés sur place ou déportés en Sibérie pour y crever de faim et de froid. La politique chinoise au Tibet depuis l’invasion de 1950 ne peut pas se définir autrement que comme un ethnocide méthodique.

La méthode que, pour sa part, suivait en URSS le Guépéou, ancêtre du KGB, était celle des quotas. Chaque région devait arrêter, déporter ou fusiller un pourcentage donné de personnes appartenant à des couches sociales, idéologiques ou ethniques déterminées. Ce qui comptait, ce n’était pas l’individu ni son éventuelle culpabilité personnelle (par rapport à quoi, d’ailleurs ?), c’était le groupe auquel il appartenait.

Les amoncellements de cadavres exquis inspirèrent à Louis Aragon un « poème » où, en 1931, il appelle de ses vœux la création d’un Guépéou français :



« Je chante le Guépéou qui se forme en France à l’heure qu’il est

Je chante le Guépéou nécessaire en France

Demandez un Guépéou

Il vous faut un Guépéou

Vive le Guépéou, figure dialectique de l’héroïsme. »



Cette déjection montre que même des vers de mirliton de la plus indigente facture peuvent servir d’appel au meurtre.

À point nommé, dans son Manuel du goulag, tout juste paru aussi, Jacques Rossi, qui goûta lui-même pendant dix-neuf ans aux plaisirs de ce type de villégiature, explique avec clarté le lien indissociable entre goulag et communisme. Car « le goulag servait de laboratoire secret au régime soviétique, dans le but de créer une société idéale : garde-à-vous et pensée unique ».

En outre, pour un système de gouvernement dès le départ condamné à la ruine matérielle par ses théories économiques imbéciles, le goulag était une façon de se procurer de la main-d’œuvre gratuite en réduisant en esclavage des millions d’individus. Or, on l’a vu, la déportation en vue de l’esclavage est reconnue en droit comme un des crimes contre l’humanité. C’est pourquoi, commente justement Rossi, « il est inutile de chercher à savoir lequel des totalitarismes, dans notre siècle, fut le plus barbare, lorsque tous deux imposèrent la pensée unique et laissèrent des montagnes de cadavres. »

Face à un tel constat, la gauche ressasse inlassablement son vieux cliché : le nazisme annonçait dès sa naissance un programme d’extermination tandis que le communisme se voulait, dans son principe, une doctrine de libération. À quoi l’on peut rétorquer que, loin d’être une excuse, c’est bien pire. Le nazisme avait au moins le sinistre mérite de la franchise. Le communisme a trompé des milliards d’hommes au nom d’un idéal de justice et de liberté dont tous ses actes ont constitué la contradiction permanente et absolue. On nous a, bien sûr, à « Bouillon de culture », ressorti le poncif avarié : « l’anéantissement de l’homme exprime non l’essence, mais la « perversion » du communisme. Vraiment ? Qu’est-ce donc que ce merveilleux système qui jamais, nulle part, n’a mis en œuvre autre chose que sa propre perversion ? Et la praxis, alors où la mettez-vous, mesdames et messieurs les marxistes ?

La nouveauté et l’immense intérêt de la somme historique réalisée par Stéphane Courtois et son équipe, c’est de nous présenter pour la première fois en un seul volume un panorama international complet du communisme dans toute son étendue géographique et chronologique. Les éléments de cette synthèse intégrale ne sont pas des opinions, ce sont des faits. Il incombe aux défenseurs opiniâtres de cette calamité du XXe siècle de nous expliquer de façon plausible pourquoi, selon eux, la vérité du communisme est exprimée non par ces faits, mais par une histoire qui n’a jamais existé. Qu’ils se sachent, au profond d’eux-mêmes, incapables de forger cette démonstration explique leur rancœur contre le livre qui vient de la rendre pour toujours impossible.



15 novembre 1997.



Le Livre noir du communisme ; crime, terreur, répression sous la direction de Stéphane Courtois, Robert Laffont.

Le Manuel du goulag ; dictionnaire historique de Jacques Rossi, Le Cherche-Midi éditeur. »



Jean-François Revel nous manque…
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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Histoire de Flore

Sans vouloir faire de jeu de mots (mais en le faisant tout de même), dans cette histoire d'une Flore qui se cherche tout le long d'une vie de 188 pages, le plus intéressant serait la faune qu'elle rencontre pour un enchaînement d'espoirs, de déceptions, d'initiations et de réflexions qui ne feront que la ramener à sa solitude originelle...
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Histoire de la philosophie occidentale - Bo..

Brillant pamphlétaire, Jean-François Revel est à peine moins polémique dans les trois titres qu’on trouve aujourd’hui compilés dans l’excellente collection "Bouquins". Mais il y traite beaucoup plus largement de philosophie.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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Histoire de la philosophie occidentale : De..

Jean-François Revel (1924-2006) est journaliste, philosophe et agrégé de philosophie, il est le père de Mathieu Ricard moine bouddhiste tibétain. Il est l'auteur d'un certain nombre d'ouvrages traitant de philosophie de politique de religion. Son ton est assez libre et original, il ne se range pas dans un courant de pensée particulier, mais réfléchi de manière autonome et personnelle aux grands problèmes de notre temps sans dogmatisme. Son livre « Histoire de la philosophie occidentale » est conçue à l'usage des non-philosophes même s'il comporte quelques passages ardus.



C'est un bon pédagogue et ses explications sont assez claires sans être simplifiées à outrance afin de ne pas sacrifier la qualité des exposés à un raccourci facile à comprendre, mais trop superficiel pour être utile. J'ai apprécié ses commentaires sur le logos (page 54) sur l'être et le non-être de Parménide (page 63) je pense avoir mieux compris la théorie de la réminiscence platonicienne. Il se montre très critique envers Descartes, mais ces propos sont argumentés. Ainsi il nous montre que Descartes se contredit lorsqu'il nous propose de douter de tout, mais qu'après avoir énoncé cette règle il s'empresse de faire une exception en considérant que l'existence de Dieu ne peut être mise en doute.



La lecture de ce livre a renforcé mon opinion sur les philosophes en général, quoi qu'on en dise, ceux-ci ont un vocabulaire spécifique et même à l'intérieur d'un concept philosophique chaque philosophe pris individuellement donne un sens différent aux mots, chacun à son propre vocabulaire et devrait commencer chacun de ses ouvrages par un lexique ou un dictionnaire de définitions. C'est tellement vrai qu'il existe une collection de livres parus chez Ellipses consacrée au vocabulaire de chaque philosophe : « Le vocabulaire de Schopenhauer », « Le vocabulaire de Descartes » etc. Cette collection comprend déjà une centaine de volumes, un filon inépuisable pour un éditeur !

Imaginez tous ses philosophes qui se parlent entre eux en donnant un sens différent aux mots qu'ils emploient, pas étonnant dès lors que les étudiants y perdent leur latin et que les philosophes et les professeurs se contredisent eux-mêmes et considèrent avoir raison tout seuls. Un premier effort pourrait être fait par tous pour harmoniser le vocabulaire. C'est ce qu'a tenté de faire en son temps (1863 - 1963) le philosophe André Lalande en rédigeant son « Vocabulaire technique et critique de la philosophie » un ouvrage de 1376 pages paru chez PUF. Leibniz avait lui aussi conçu le projet d'une langue philosophique d'où auraient été éliminées toutes les ambiguïtés de définition, ce qui aurait permis de traiter les problèmes métaphysiques par une sorte d'algèbre logique ou « combinatoire » ou encore « caractéristique » universelle.



Je pense que la bonne manière d'aborder la philosophie serait de commencer par la lecture de la biographie des philosophes puis par l'étude du vocabulaire parallèlement à la lecture des textes de base.



Après avoir expliqué que les grands systèmes philosophiques n'ont plus cours aujourd'hui et n'intéressent que les chercheurs, l'auteur conclut en citant Cicéron : « Rien ne peut être dit de si absurde qui ne soit dit par quelques philosophes » (page 520). Ce jugement sévère n'a pas pour objectif de nous éloigner de la philosophie mais au contraire de nous inciter à exercer avec vigilance notre esprit critique.



— « Histoire de la philosophie occidentale de Thalès à Kant », Jean-François Revel, Nil éditions (1996) 523 pages.
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Histoire de la philosophie occidentale : De..

Si on apprécie JF Revel et qu'on souhaite acquérir une connaissance d'"honnête homme" de la philosophie classique, comme ce fut mon cas, alors la lecture de cet ouvrage compact est un vrai plaisir.

Outre la somme de connaissances sur le sujet, on y retrouve, je dirais presque à chaque ligne, l'intelligence aiguë, la vivacité et l'esprit critique de Revel face à l'establishment philosophique et aux "vérités" de l'enseignement académique.

La liberté d'esprit de cet homme qu'il a manifestée de multiples façons est une merveille.
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Histoire de la philosophie occidentale : De..

Jean-François Revel est (était) un pédagogue hors pair. Son Histoire de la philosophie occidentale, loin de tomber dans les travers de la vulgarisation, rectifie au contraire les idées reçues: non, "philosophie" ne veut pas dire "amour de la sagesse", non "scepticisme" ne veut pas dire rejet de tout pour le principe, etc. En filigrane - ce qui a gêné beaucoup de partisans de la "démocratie" moderne et de la "culture de masse" (dont Revel fera les deux faces d'un même problème) - on peut déchiffrer assez distinctement son opinion personnelle: la forme la plus puissante de dictature de la pensée, c'est la démocratie occidentale moderne, parce que s'appuyer sur une majorité de cons, c'est encore la meilleure garantie pour un dictateur d'imposer facilement la pensée unique... Avait-il raison? Je me garderai bien de me prononcer.
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Histoire de la philosophie occidentale : De..

Une histoire personnelle de la philosophie occidentale où la part belle est faite aux philosophes empiristes et sceptiques.
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L'Abécédaire de Jean-François Revel

Un régal, quelle largeur de vue, polémique, juste ce qu’il faut. Mais quelle clairvoyance.

Encore plus actuel de nos jours avec les prêchi-prêcha des fonctionnaires de la pensée....
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L'absolutisme inefficace ou contre le préside..

« François Mitterrand a conjugué en un désastreux et paradoxal mariage, l'abus de pouvoir et l'impuissance à gouverner, l'arbitraire et l'indécision, l'omnipotence et l'impotence, la légitimité démocratique et le viol des lois, l'aveuglement croissant et l'illusion de l'infaillibilité, l'État républicain et le favoritisme monarchique, l'échec et l'arrogance, l'impopularité et le contentement de soi. »



Lorsqu'on lit ses lignes rédigées en 1992, on est frappé par le fait qu'elles pourraient à peu de chose près s'appliquer 30 ans après au président actuel Emmanuel Macron. C'est un peu la thèse de Jean-François Revel (1924 - 2006) qui défend l'idée que ce ne sont pas forcément les hommes au pouvoir qui sont coupables, mais l'institution.



« Il est des outils dont le mauvais usage découle si manifestement de la notice d'emploi qu'il est criminel de les placer entre les mains fût-ce d'un saint. » Chaque nouveau président prend le pouvoir en promettant d'éviter les abus de ces prédécesseurs, mais se laisse progressivement grisé par la fonction et les prérogatives qui y sont attachées. Ce livre n'a pas pour but de juger des mérites de la politique de tel ou tel président, il s'agit de décrire la mécanique du pouvoir présidentiel tel qu'il fonctionne en France. Bien qu'écrit en 1992 cet ouvrage est toujours d'actualité, car il parle de notre constitution en vigueur depuis 1958 et dont l'opposition réclame à grand cri la refonte.



Dès le deuxième chapitre, Jean-François Revel parle de l'article 49-3 de la constitution qui fait aujourd'hui l'actualité dans le cadre de la réforme des retraites dont l'adoption aux forceps est rejetée par une grande majorité de Français. Cet article 49-3 a pour conséquence qu'un texte de loi sur lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité est considéré comme adopté à moins qu'une motion de censure ne soit votée.



« Cet article est l'un des facteurs qui ont contribué à faire de l'Assemblée nationale le seul lieu en France où l'on ne débatte jamais des grands problèmes nationaux » (Page 17)



« Dans la Ve république, il semble qu'il n'y ait plus rien entre l'Élysée et la rue, parce que l'Élysée, pour son confort, a laminé les pouvoirs intermédiaires et débranché les signaux d'alarme, de sorte que le président se réveille périodiquement dans un paysage inconnu, face à un peuple qu'il a perdu de vue » (Page 57)



C'est donc à une critique virulente de nos institutions à laquelle se livre l'auteur avec intelligence et humour comme à son habitude. Il dénonce également l'irresponsabilité des gouvernants : « La logique de la Ve république déresponsabilise, puisque le pouvoir y est imparti par un omnipotent irresponsable à des créatures qui ne sont que des émanations de son essence et participent en conséquence de son privilège d'irresponsabilité. » « Page 77)



Tout ce que dit Jean-François Revel relève à la fois du constat et de la prémonition, car le futur lui donne raison :



« Dans la Ve république, le dialogue ne précède jamais la décision, il suit le fait accompli, quand la société se rebiffe. Imbu de lui-même le pouvoir présidentocratique, surtout quand il est représenté par les larbins et obligés, souvent plus cassants que le maître (on peut penser aujourd'hui aux ministres Darmanin et Dussopt), ne s'abaisse pas au compromis durant les phases préparatoires. Il supprime ou écourte la négociation et se dispense d'obtenir un accord préalable des citoyens concernés. Puis, quand la révolte déferle dans la rue, il bat en retraite et ouvre les pourparlers ». (Page 143)



On ne sait pas si le projet de réforme de la retraite va finalement être promulgué, mais le mécanisme décrit par Jean-François Revel colle parfaitement à l'actualité. Après avoir souhaité écourter le dialogue social, la Première ministre reçoit aujourd'hui les syndicats plus renforcés que jamais. Un formidable bras de fer est en cours, entre d'un côté, le pouvoir en place qui compte bien utiliser tous les moyens constitutionnels pour faire passer sa loi et de l'autre, la majorité des Français qui réclame plus de démocratie dans notre pays. La légalité d'une action n'est pas garante de sa justice.L'accumulation des manoeuvres « légales » pour faire passer par la force une loi rejetée par le peuple peut conduire à faire exploser le système.Notre constitution est peut-être arrivée à ses limites et il est peut-être temps de la réformer, c'est ce que Jean-François Revel nous dit dans son excellent essai « l'absolutisme inefficace ».



— « L'absolutisme inefficace, ou contre le présidentialisme à la française », Jean-François Revel, Plon (1992), 190 pages.

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L'absolutisme inefficace ou contre le préside..

Voici un livre plus que jamais d'actualité, dans lequel on retrouve la puissance d'analyse de J.F. Revel, sa merveilleuse écriture et son sens de la formule.

Les changements institutionnels opérés depuis sa parution ne remettent pas en cause la nature du régime qui écorne , avec le consentement du peuple qui lui a donné quitus, les principes fondamentaux naguère édictés par Montesquieu. Cet absolutisme inefficace est bien celui qui réduit le Parlement à une chambre d'enregistrement des lois et rabaisse le pouvoir judiciaire au statut de simple autorité, tandis qu'il confère au premier magistrat du pays une omniscience et une omnipotence d'homme providentiel qui nourrissent l'inefficacité dépeinte dans ces pages.

Oui, le diagnostic posé par le regretté J.F. Revel est, hélas, toujours pertinent.
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L'absolutisme inefficace ou contre le préside..

Ce livre écrit en 1992 est un vivant plaidoyer pour une changement de constitution et donc pour une VI ème République fondée sur un équilibre des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et dont l'application serait plus en coïncidence avec la lettre et l'esprit des textes fondamentaux. Bien qu'écrit il y a deux décennies, ce livre, appuyés principalement sur des exemples de l'ère Mitterrand,reste d'une actualité indiscutable même s'il peut apparaitre, à tort, qu'un changement de constitution n'est pas le problème le plus urgent que nous ayons à résoudre.
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L'obsession anti-américaine. Son fonctionneme..

Un peu déçu par cet essai, qui parvient certes à mettre en lumière les contradictions et l'irrationnalité des "anti-américains primaires", notamment américains, mais qui s'arrête au milieu du gué. Car Revel ne s'interroge pas vraiment sur le fondement au moins partiel des accusations contre la puissance américaine. Le tout s'apparente finalement trop à un essai lui-même partial, alternant réhabilitation radicale de la culture et de la politique américaine et critique trop unilatérale des Européens. On aura connu l'ami Jean-François plus subtil !
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L'obsession anti-américaine. Son fonctionneme..

Je me suis vraiment forcée à finir ce livre. Il est très bien documenté et fait part de beaucoup de faits intéressants mais est beaucoup trop partisan. Il est dur de supporter les 317 pages de propos totalement orientés.
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L'obsession anti-américaine. Son fonctionneme..

Je n'ai pas pu lire jusqu'au bout ce livre tellement partisan qu'il en devient exaspérant !
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L'obsession anti-américaine. Son fonctionneme..

Ce livre met à mal beaucoup de préjugés sur les Etats-Unis. Il permet de prendre conscience de notre regard ambigu d'européen.
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L'oeil et la connaissance

Son œuvre appartient donc principalement au monde de la controverse politique, mais aussi, par la formation qui fut la sienne, par la hauteur où il situe sa critique, à celui de la philosophie.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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La connaissance inutile

Déjà il y a vingt-cinq ans, Jean-François Revel dénonçait par cette réflexion philosophique et sociologique le trop plein d'informations fournies à tout un chacun suite à la révolution des médias, qui n'a abouti qu'à un appauvrissement de l'analyse et donc ne consiste qu'à une connaissance inutile. Le propos est toujours actualité et je ne peux donc qu'en recommander la lecture.
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