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Critiques de Jean-François Revel (69)
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Une anthologie de la poésie française - Bouquins

Un poème par jour, où l'on redécouvre des textes connus et où d'autres se font connaître.

Différentes rimes, métaphores, poèmes plus ou moins longs, il y en a pour tous les goûts pourvu que l'on aime lire de la poésie pour en comprendre les figures de styles.
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L'absolutisme inefficace ou contre le préside..

Voici un livre plus que jamais d'actualité, dans lequel on retrouve la puissance d'analyse de J.F. Revel, sa merveilleuse écriture et son sens de la formule.

Les changements institutionnels opérés depuis sa parution ne remettent pas en cause la nature du régime qui écorne , avec le consentement du peuple qui lui a donné quitus, les principes fondamentaux naguère édictés par Montesquieu. Cet absolutisme inefficace est bien celui qui réduit le Parlement à une chambre d'enregistrement des lois et rabaisse le pouvoir judiciaire au statut de simple autorité, tandis qu'il confère au premier magistrat du pays une omniscience et une omnipotence d'homme providentiel qui nourrissent l'inefficacité dépeinte dans ces pages.

Oui, le diagnostic posé par le regretté J.F. Revel est, hélas, toujours pertinent.
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L'absolutisme inefficace ou contre le préside..

« François Mitterrand a conjugué en un désastreux et paradoxal mariage, l'abus de pouvoir et l'impuissance à gouverner, l'arbitraire et l'indécision, l'omnipotence et l'impotence, la légitimité démocratique et le viol des lois, l'aveuglement croissant et l'illusion de l'infaillibilité, l'État républicain et le favoritisme monarchique, l'échec et l'arrogance, l'impopularité et le contentement de soi. »



Lorsqu'on lit ses lignes rédigées en 1992, on est frappé par le fait qu'elles pourraient à peu de chose près s'appliquer 30 ans après au président actuel Emmanuel Macron. C'est un peu la thèse de Jean-François Revel (1924 - 2006) qui défend l'idée que ce ne sont pas forcément les hommes au pouvoir qui sont coupables, mais l'institution.



« Il est des outils dont le mauvais usage découle si manifestement de la notice d'emploi qu'il est criminel de les placer entre les mains fût-ce d'un saint. » Chaque nouveau président prend le pouvoir en promettant d'éviter les abus de ces prédécesseurs, mais se laisse progressivement grisé par la fonction et les prérogatives qui y sont attachées. Ce livre n'a pas pour but de juger des mérites de la politique de tel ou tel président, il s'agit de décrire la mécanique du pouvoir présidentiel tel qu'il fonctionne en France. Bien qu'écrit en 1992 cet ouvrage est toujours d'actualité, car il parle de notre constitution en vigueur depuis 1958 et dont l'opposition réclame à grand cri la refonte.



Dès le deuxième chapitre, Jean-François Revel parle de l'article 49-3 de la constitution qui fait aujourd'hui l'actualité dans le cadre de la réforme des retraites dont l'adoption aux forceps est rejetée par une grande majorité de Français. Cet article 49-3 a pour conséquence qu'un texte de loi sur lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité est considéré comme adopté à moins qu'une motion de censure ne soit votée.



« Cet article est l'un des facteurs qui ont contribué à faire de l'Assemblée nationale le seul lieu en France où l'on ne débatte jamais des grands problèmes nationaux » (Page 17)



« Dans la Ve république, il semble qu'il n'y ait plus rien entre l'Élysée et la rue, parce que l'Élysée, pour son confort, a laminé les pouvoirs intermédiaires et débranché les signaux d'alarme, de sorte que le président se réveille périodiquement dans un paysage inconnu, face à un peuple qu'il a perdu de vue » (Page 57)



C'est donc à une critique virulente de nos institutions à laquelle se livre l'auteur avec intelligence et humour comme à son habitude. Il dénonce également l'irresponsabilité des gouvernants : « La logique de la Ve république déresponsabilise, puisque le pouvoir y est imparti par un omnipotent irresponsable à des créatures qui ne sont que des émanations de son essence et participent en conséquence de son privilège d'irresponsabilité. » « Page 77)



Tout ce que dit Jean-François Revel relève à la fois du constat et de la prémonition, car le futur lui donne raison :



« Dans la Ve république, le dialogue ne précède jamais la décision, il suit le fait accompli, quand la société se rebiffe. Imbu de lui-même le pouvoir présidentocratique, surtout quand il est représenté par les larbins et obligés, souvent plus cassants que le maître (on peut penser aujourd'hui aux ministres Darmanin et Dussopt), ne s'abaisse pas au compromis durant les phases préparatoires. Il supprime ou écourte la négociation et se dispense d'obtenir un accord préalable des citoyens concernés. Puis, quand la révolte déferle dans la rue, il bat en retraite et ouvre les pourparlers ». (Page 143)



On ne sait pas si le projet de réforme de la retraite va finalement être promulgué, mais le mécanisme décrit par Jean-François Revel colle parfaitement à l'actualité. Après avoir souhaité écourter le dialogue social, la Première ministre reçoit aujourd'hui les syndicats plus renforcés que jamais. Un formidable bras de fer est en cours, entre d'un côté, le pouvoir en place qui compte bien utiliser tous les moyens constitutionnels pour faire passer sa loi et de l'autre, la majorité des Français qui réclame plus de démocratie dans notre pays. La légalité d'une action n'est pas garante de sa justice.L'accumulation des manoeuvres « légales » pour faire passer par la force une loi rejetée par le peuple peut conduire à faire exploser le système.Notre constitution est peut-être arrivée à ses limites et il est peut-être temps de la réformer, c'est ce que Jean-François Revel nous dit dans son excellent essai « l'absolutisme inefficace ».



— « L'absolutisme inefficace, ou contre le présidentialisme à la française », Jean-François Revel, Plon (1992), 190 pages.

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Un festin en paroles : Histoire littéraire de..

Un livre miam ! De l'antiquité à nos jours, une promenade gourmande et érudite, jamais pédante, agréablement écrite, qui met l'eau à la bouche. Des problématiques culinaires encore d'actualité sont évoquées : la tension entre cuisine des terroirs et cuisine de "cuisiniers", entre innovation et retour aux sources, entre complexité et simplification.

Seul petit bémol, des répétitions assez nombreuses d'un chapitre à l'autre.
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La connaissance inutile

« La première de toutes les forces qui mènent le monde est le mensonge ». Jean-François Revel ne mache pas ses mots dès la première ligne du premier chapitre de son livre « La connaissance inutile » publié en 1988. Dans cet ouvrage il défend la thèse selon laquelle nous vivons une époque où le commun des mortels peut accéder sans difficulté à une masse d'information et de connaissance pour éclairer son opinion et par conséquent son action. Ce prodigieux progrès devrait engendrer une plus grande sagesse des états, un discernement sans exemples dans le passé et par conséquent une amélioration considérable de la condition humaine. Cette diffusion massive de la connaissance, c'est-à-dire l'enseignement, la science, la culture a-t-elle entraîné une gestion de l'humanité plus judicieuse que jadis ? En est-il ainsi ? L'auteur nous démontre avec exemples à l'appui que nous avons échoué sur ce plan. Ce pessimisme est toutefois pondéré par une lueur d'espoir, car des indices nous permettent d'affirmer que dans certains cas nous avons accompli des progrès dans la prise en compte de nos erreurs. La plus grande partie de l'ouvrage est toutefois consacré à démontrer la piètre capacité des hommes à tenir compte de l'expérience vécue. le XXe siècle est l'un des plus sanglants de l'histoire, il se singularise par l'étendue de ses oppressions, de ses persécutions, de ses exterminations. C'est le XXe siècle qui a inventé ou du moins systématisé le génocide, le camp de concentration, l'anéantissement de peuples entiers par la famine organisée qui a conçu en théorie et réalisé en pratique les régimes d'asservissement les plus perfectionnés qui aient jamais accablé d'aussi grandes quantités d'êtres humains.



L'auteur dresse un tableau sombre des partis politiques et montre comment le mensonge n'a pas diminué, mais a changé de forme. le mensonge politique à l'ancienne visait à tromper d'autres gouvernements. « De nos jours, ce mensonge vise à tromper avant tout les opinions publiques. Car le mensonge entre États ne peut presque plus exister, chaque dirigeant sait à quoi s'en tenir sur les moyens de l'autre. » (Page 31).

C'est donc contre l'opinion publique, autrement dit contre l'humanité dans son ensemble, et pas seulement contre les gouvernements, que sévit le mensonge. Pourquoi ? Parce que la première de toutes les forces est l'opinion publique, c'est bien la raison pour laquelle ceux qui ont tout à redouter du fait que l'opinion publique est trop bien informée ont intérêt à faire en sorte que la première de toutes les forces qui pèsent sur elle soit le mensonge (Page 32).



L'auteur est très critique vis-à-vis de tous les totalitarismes aussi bien de gauche que de droite, mais il pense, et sans doute que le contexte politique de l'époque où il a écrit ce livre a beaucoup compté, que les dissimulations flagrantes de la vérité qu'il rencontre le plus fréquemment se trouvent pour la plupart inévitablement située du côté communiste et, de façon plus générale à gauche. S'il devait réécrire ce livre aujourd'hui le propos serait sans doute différent, en tout cas sans doute plus nuancé, depuis l'effondrement de l'URSS et l'avènement de personnalité comme Donald Trump, Poutine, Bolsonaro ou Xi Jinping. Cet ouvrage analyse aussi les mouvements politiques, FN, socialiste, droite, communiste et leurs relations entre eux et avec leur électorat. Il explique la montée du FN et la forte attirance qu'il exerce sur la population ouvrière. Il truffe son texte d'anecdotes et de citations ce qui, ajouté à la force polémique et au style incisif et précis de l'auteur confère à ce livre un atout essentiel pour maintenir l'attention du lecteur en éveil.



En tant que philosophe et bon connaisseur de la langue il pointe la difficulté que représente le manque de cohérence dans le vocabulaire politique, ainsi les mots libéral et socialisme pour ne citer que deux exemples, ont des définitions différentes suivant le pays (page 92). Il nous explique ensuite comment les forces de l'idéologie annihilent les facultés mentales et la rationalité même des plus grands intellectuels. Ce phénomène d'aveuglement mental frappe les professionnels de la vie intellectuelle mus dans leurs jugements et leurs comportements par toutes sortes de forces, sauf la force de l'intelligence. (page 184) et Jean-François Revel nous cite à propos cette pensée de Jonathan Swift : « Vous ne pouvez pas détacher quelqu'un par le raisonnement d'une conviction à laquelle il n'a pas été amené par le raisonnement ».



Dans ce livre l'auteur pose une question essentielle : « Comment se forment nos certitudes et comment se défont-elles ? Pourquoi l'individu intelligent et courageux n'est-il pas plus immunisé contre le sectarisme et le “bonheur dans la soumission” que l'individu lâche et borné ? Comment s'affranchit-on du fanatisme ? Sa conclusion est assez pessimiste : La chance que nous avons de disposer d'incomparablement plus de connaissances et d'informations qu'il y a seulement trois siècles, nous conduit-elle à prendre de meilleures décisions ? Pour l'heure, la réponse est non. Mais JF Revel garde l'espoir, dans certains cas nous avons accompli des progrès dans la prise en compte de nos erreurs par exemple la manière dont nous avons géré la crise de 1973 sans commettre à nouveau celles commises lors de la crise de 1929. Voilà donc un exemple où l'expérience acquise é tété incorporé à l'action.



Un ouvrage tonifiant qui réveille les consciences et qui se lit sans difficulté. Grâce à l'érudition de l'auteur et à sa capacité de synthèse, nous faisons un tout complet des défauts de notre société et de l'incapacité de certains hommes politiques à s'écarter de leur idéologie pour gouverner.



Ce livre publié en 1988 est plus que jamais d'actualité, car le fonctionnement accéléré des techniques de transmission et l'accroissement continuel du nombre des individus qui en profitent feront plus encore du XXIe siècle l'âge où l'information constituera l'élément central de la civilisation.



En témoigne la sortie récente d'un logiciel d'intelligence artificielle CHat GPT conçu par la société Open AI. Ce logiciel de conversation est littéralement bluffant. Disponible depuis la fin de l'année 2022 il a déjà recueilli plus d'un million d'inscriptions. Il est pour l'instant gratuit et vous permet de poser n'importe quelle question sur tous les sujets, qu'il s'agisse de philosophie, d'informatique ou de science. Ses réponses sont étonnamment pertinentes et sa compréhension des questions est excellente. Il répond avec la même subtilité qu'un esprit apte au raisonnement et doté d'une connaissance infinie dans toutes les matières. Cet outil pourrait fort bien révolutionner l'enseignement et même empiéter sur certains domaines artistiques. Chat GPT est effectivement capable d'inventer des histoires, des poèmes, des sujets de thèses et même de réaliser à la demande des programmes informatiques dans le langage de programmation de votre choix : Pascal, Python, Basic, Fortran, ADA etc. Il répond aussi bien en anglais qu'en allemand, français et d'autres langues encore. Il peut sur demande rédiger des dissertations en 1 ou 2 secondes, il peut analyser un texte, le résumer et en faire une critique pertinente. À titre d'exemple je lui ai demandé d'inventer une citation de philosophe à propos de la connaissance, voici sa réponse :



“La connaissance est comme un miroir, elle ne peut refléter que ce qui est devant elle, pas ce qui est derrière.”



Je lui en demande aussitôt une autre, et il me répond à la vitesse de l'éclair :



“La connaissance est la clé pour déverrouiller les portes de l'ignorance, mais c'est l'humilité qui ouvre la porte à une connaissance plus profonde.”



La différence avec Google c'est que Google vous donnera une citation existante avec le nom de l'auteur, Chat gpt invente lui-même une citation inédite et cohérente.



Avouez qu'en la matière cela rivalise largement avec le langage parfois abscons des philosophes ? Je lui ai demandé aussi de m'écrire un discours à la manière d'Emanuel Macron sur le thème du travail et le même discours à la manière de Jean-Luc Mélanchon, les deux discours étaient parfaitement cohérents avec les idées de chacun de ces hommes politiques qui n'auraient pas mieux fait eux-mêmes. C'est prodigieux, mais à la limite un peu inquiétant. On est donc au début d'une petite révolution, espérons que l'usage de cet outil ne sera pas détourné et surtout que l'intérêt mercantile ne prendra pas le pas sur l'aspect scientifique de cette réalisation.



— “La connaissance inutile” Jean-François Revel, Grasset (1988) 402 pages.
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Histoire de la philosophie occidentale : De..

Jean-François Revel (1924-2006) est journaliste, philosophe et agrégé de philosophie, il est le père de Mathieu Ricard moine bouddhiste tibétain. Il est l'auteur d'un certain nombre d'ouvrages traitant de philosophie de politique de religion. Son ton est assez libre et original, il ne se range pas dans un courant de pensée particulier, mais réfléchi de manière autonome et personnelle aux grands problèmes de notre temps sans dogmatisme. Son livre « Histoire de la philosophie occidentale » est conçue à l'usage des non-philosophes même s'il comporte quelques passages ardus.



C'est un bon pédagogue et ses explications sont assez claires sans être simplifiées à outrance afin de ne pas sacrifier la qualité des exposés à un raccourci facile à comprendre, mais trop superficiel pour être utile. J'ai apprécié ses commentaires sur le logos (page 54) sur l'être et le non-être de Parménide (page 63) je pense avoir mieux compris la théorie de la réminiscence platonicienne. Il se montre très critique envers Descartes, mais ces propos sont argumentés. Ainsi il nous montre que Descartes se contredit lorsqu'il nous propose de douter de tout, mais qu'après avoir énoncé cette règle il s'empresse de faire une exception en considérant que l'existence de Dieu ne peut être mise en doute.



La lecture de ce livre a renforcé mon opinion sur les philosophes en général, quoi qu'on en dise, ceux-ci ont un vocabulaire spécifique et même à l'intérieur d'un concept philosophique chaque philosophe pris individuellement donne un sens différent aux mots, chacun à son propre vocabulaire et devrait commencer chacun de ses ouvrages par un lexique ou un dictionnaire de définitions. C'est tellement vrai qu'il existe une collection de livres parus chez Ellipses consacrée au vocabulaire de chaque philosophe : « Le vocabulaire de Schopenhauer », « Le vocabulaire de Descartes » etc. Cette collection comprend déjà une centaine de volumes, un filon inépuisable pour un éditeur !

Imaginez tous ses philosophes qui se parlent entre eux en donnant un sens différent aux mots qu'ils emploient, pas étonnant dès lors que les étudiants y perdent leur latin et que les philosophes et les professeurs se contredisent eux-mêmes et considèrent avoir raison tout seuls. Un premier effort pourrait être fait par tous pour harmoniser le vocabulaire. C'est ce qu'a tenté de faire en son temps (1863 - 1963) le philosophe André Lalande en rédigeant son « Vocabulaire technique et critique de la philosophie » un ouvrage de 1376 pages paru chez PUF. Leibniz avait lui aussi conçu le projet d'une langue philosophique d'où auraient été éliminées toutes les ambiguïtés de définition, ce qui aurait permis de traiter les problèmes métaphysiques par une sorte d'algèbre logique ou « combinatoire » ou encore « caractéristique » universelle.



Je pense que la bonne manière d'aborder la philosophie serait de commencer par la lecture de la biographie des philosophes puis par l'étude du vocabulaire parallèlement à la lecture des textes de base.



Après avoir expliqué que les grands systèmes philosophiques n'ont plus cours aujourd'hui et n'intéressent que les chercheurs, l'auteur conclut en citant Cicéron : « Rien ne peut être dit de si absurde qui ne soit dit par quelques philosophes » (page 520). Ce jugement sévère n'a pas pour objectif de nous éloigner de la philosophie mais au contraire de nous inciter à exercer avec vigilance notre esprit critique.



— « Histoire de la philosophie occidentale de Thalès à Kant », Jean-François Revel, Nil éditions (1996) 523 pages.
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Le voleur dans la maison vide

J'ai lu la majorité del'œuvre de JF Revel et suis un admirateur absolu.

Pour moi, il faut partie des rares grands penseurs de terrain de la démocratie et de la liberté.

En suivant son itinéraire, on vit ce qu'il appelait 'l'aventure du vrai", à travers ses échecs, rencontres et réussites, décrites dans la langue la plus riche et servies dans l'humour doux et pointu des derniers grandes plumes journalistiques.

L'arrogance, la tromperie et la déloyauté constituent la trame de fond des sociétés où il a pourtant cultivé de grandes amitiés. Chaque histoire est savoureuse et vibrante de vérité.

Meilleur observateur politique de son temps, dénonciateur précoce des crimes et illusions, connaisseur de multiples domaines, éditeur novateur, vrai progressiste, il n'ennuie jamais. Ayant vécu 10 vies, Il a rencontré de nombreux personnages célèbres dans tous les domaines. Il nous en livre une vision lucide et amusante.

Je lui dois l'acuité de mon regard.

Ses chroniques politiques et littéraires, partiellement réunies dans "Fin du siècle des ombres" me manquent aussi cruellement.

Revenir toujours y puiser l'élan de la liberté et de la vérité dans ce monde qui s'en éloigne si dangereusement.
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Le moine et le philosophe

Une réflexion très inspirée et très inspirante que cet échange entre père et fils mais surtout entre un philosophe occidental et un occidental devenu moine bouddhiste et accessoirement traducteur du Dalaï lama.

Tout y est je trouve : le regard sur les différentes sociétés humaines et les bases sur lesquelles elles reposent est très pertinent.

On se prend à rêver d'un Monde où l'Ego aurait perdu de sa superbe et où chaque individu aurait enfin compris qu'il est vain de chercher le Bonheur en rassasiant jour après jour son égo car il est insatiable et la frustration ne fait qu'augmenter . Cela me rappelle un certain Souchon (foule sentimentale) et un certain Balzac (la peau de chagrin).🙏
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La grande parade

C'est suite à une discussion sur les méfaits de la droite et de la gauche dans le monde à travers l'histoire que mon interlocutrice m'a proposé de lire ce livre. J'ai donc parcouru ce véritable pamphlet. Je ne connaissais J-F Revel qu'à travers la réflexion sur le Bouddhisme écrite en collaboration avec son fils Matthieu Ricard. J'ignorais tout de sa biographie et de ses idées. J'ai été surpris par le ton qu'il emploie ici. On ressent toute la hargne et le mépris qu'il peut avoir contre le socialisme et le communisme, la gauche en général. Également surpris par son apologie du libéralisme qui ne tolère apparemment aucune remarque. On a l'impression que ce qu'il énonce est une vérité qui ne souffre aucune contestation. Il est certain d'avoir raison. Pour ce faire, il s'appuie sur de nombreuses recherches et références qui étayent son récit qu'il nous restitue souvent à travers la caricature et l'ironie.

On aurait peut-être préféré plus de souplesse dans le propos, moins de certitudes. L'histoire nous a montré les erreurs tant de la gauche que de la droite avec leurs idéologies et leurs expériences concrètes respectives.

J'ai lu ce livre entre des entretiens avec Théodore Monod et Nomad Land de Jessica Bruder. Cet éclectisme me permet de relativiser beaucoup de choses, notamment la politique. Il me semble d'ailleurs que Matthieu Ricard a fait le bon choix en devenant moine bouddhiste. Il a choisi la sagesse, au-dessus de ces réflexions de droite ou de gauche qui seront certainement complètement caduques dans quelques siècles.
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Le moine et le philosophe

Bouddhisme : philosophie ou religion ? Comme cette question, beaucoup de thèmes sont abordés dans cet échange entre le père Jean-François Revel et le fils Matthieu Ricard. Le bouddhisme face à la sagesse, la métaphysique, la violence, la foi, la psychanalyse, l'ego, la vie quotidienne, la Chine, le Tibet…

C'est parfois très ardu, pas toujours facile à suivre, tant pour la philosophie que pour le bouddhisme. Rien de très nouveau non plus par rapport à d'autres livres, mais celui-ci a le mérite de présenter cette religion/philosophie avec moult détails, de manière très précise. Certaines notions du bouddhisme comme la vacuité, l'absence d’ego, méritent des relectures assidues.

Un livre de plus sur ce thème qui aide à en comprendre la complexité.
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Le moine et le philosophe

La première partie de ces dialogues est purement philosophique ; la seconde est plus concrète et de ce fait plus intéressante.

Les réponses de Matthieu Ricard utilisent assez souvent des images propres au Bouddhisme sans doute, mais qui en France sont inopérantes, - je dirais, artificielles dans la mesure où elles ne correspondent à rien de concret ; de ce fait, souvent ses réponses manquent de concrétisations.

Trois choses me laissent insatisfait :

- que les Sages soient servis par leurs disciples (M. Ricard reste très elliptique sur ce sujet) ;

- le retard technologique du Thibet bouddhiste où les habitants vivent (vivaient ?) dans une certaine misère matérielle ;

- pourquoi faudrait-il absolument "trouver un sens à la vie" ? L'absence de sens empêche-t-il le bonheur ? Rien à mes yeux ne le démontre.
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Le voleur dans la maison vide

Lorsque j’ai lu le livre de Philippe Labro « J’irai nager dans plus de rivières », l’auteur a mentionné le titre de Jean-François Revel « Le voleur dans la maison vide » comme étant des mémoires passionnantes, une démonstration de lucidité et une verve intelligente.

Il est vrai que je me suis laissé également embarqué par le titre.

Vous l’aurez compris cette bibliographie est bien personnelle.



Il est donc difficile, à travers 650 pages, (livre commencé en 2020) et de vous parler des souvenirs d’une vie riche d’une personne.



« A partir de quel moment un événement devient-il un souvenir ? Dès l’instant même où il a lieu, répondrait Bergson. Lorsqu’il est tiré d’un oubli préalable, protesterait Proust. Le philosophe parle de la formation du souvenir, de la trace mnémonique » pour employer le jargon de la tribu. Le romancier pense, de son côté, à l’effet d’éloignement qui transforme le souvenir en objet littéraire. »



Cet homme a été philosophe, écrivain et journaliste français et a côtoyé de près des hommes politiques dont il dit :



« On peut classer les hommes politiques en deux catégories : ceux qui sont faits pour le gouvernement et ceux qui sont faits pour l’opposition. Il est rare que les mêmes excellent dans les deux emplois. Le plus grand nombre, il est vrai, échoue dans les deux à la fois. »



De sa mémoire philosophique il nous communique :

« Il ne dépend pas de nous de choisir le rôle que nous attribue le Destin. La seule chose qui dépende de nous, c’est de le jouer bien ou mal. »



De son emploi de journaliste en ressort :



« Qu’il s’agisse d’investigation ou de réflexion, de découvrir des faits nouveaux ou de raisonner juste à leur sujet, n’allons pas croire que la tâche la plus rude, dans le travail du journaliste comme de l’historien, soit de décrire la vérité avec exactitude et de la commenter avec talent. Elle est de surmonter la résistance qu’opposent à sa divulgation les préjugés, les intérêts, les lâchetés et la bêtise. »



Pour son titre, il en dit ceci :



« Le titre vient d’une comparaison, empruntée au bouddhisme, entre la vie humaine éparpillée dans le monde de l’illusion, avant l’«éveil » ou, du moins, sans la recherche de la sagesse menant à l’Eveil, et la convoitise stérile d’un voleur qui s’introduit plein d’espoir dans une maison d’apparence cossue, en comptant y trouver un copieux butin pour s’apercevoir, une fois entré et l’ayant visitée, qu’elle est entièrement vide et qu’il a été dupe d’une enveloppe trompeuse. » Ce titre lui est venu ou lui a été soufflé dans le vent de son fils Matthieu, moine bouddhiste.

Je rejoins Philippe Labro, même si certains passages sont plus lourds par méconnaissance de sa vie ou de monde dont il témoigne, bien sûr !

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La grande parade

Un essai fort long sur la "survie de l'utopie socialiste - ou plutôt marxiste-léniniste -, dix ans après la chute de l'empire soviétique. Plutôt bien écrit, souvent drôle, l'essai pèche quand même par un ton polémique usant à la longue, un certain manque d'objectivité dans les reproches faits à ses adversaires (avec un paquet d'hommes de pailles, ce qui est fort dommage de la part d'un auteur qui a écrit un livre, l'année suivante, sur l'usage de ce même sophisme dans l'autre sens, contre l'Amérique libérale), et tout de même pas mal de répétitions.
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L'oeil et la connaissance

Son œuvre appartient donc principalement au monde de la controverse politique, mais aussi, par la formation qui fut la sienne, par la hauteur où il situe sa critique, à celui de la philosophie.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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L'obsession anti-américaine. Son fonctionneme..

Un peu déçu par cet essai, qui parvient certes à mettre en lumière les contradictions et l'irrationnalité des "anti-américains primaires", notamment américains, mais qui s'arrête au milieu du gué. Car Revel ne s'interroge pas vraiment sur le fondement au moins partiel des accusations contre la puissance américaine. Le tout s'apparente finalement trop à un essai lui-même partial, alternant réhabilitation radicale de la culture et de la politique américaine et critique trop unilatérale des Européens. On aura connu l'ami Jean-François plus subtil !
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L'obsession anti-américaine. Son fonctionneme..

Ce livre met à mal beaucoup de préjugés sur les Etats-Unis. Il permet de prendre conscience de notre regard ambigu d'européen.
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Le moine et le philosophe

Emballée par les propos de Matthieu Ricard dans "A nous la liberté!", j'ai voulu en apprendre davantage sur la philosophie bouddhiste. Cependant les propos condescendants de Jean-François Revel, le propre père du moine, m'ont rapidement agacée. On le sent très dubitatif concernant les choix de vie de son fils qu'il pousse constamment dans ses retranchements, contestant systématiquement chaque principe évoqué, ramenant toujours tout aux philosophes antiques (sous-entendu, les bouddhistes n'ont rien apporté de nouveau) et, au lieu de découvrir les principes fondamentaux du bouddhisme, je me suis retrouvée à assister à une joute verbale autour de sujets me semblant toujours plus éloignés de ce que j'étais venue chercher. J'ai abandonné ma lecture au bout d'une cinquantaine de pages.
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Fin du siècle des ombres

Le talentueux : journaliste, écrivain, philosophe, chroniqueur, essayiste politique, mémorialiste, historien, Académicien, Jean-François Revel, pour fêter à sa manière la fin de ce terrifiant XXème siècle, nous a gratifié, en 1999, de cet extraordinaire ouvrage-compilation, reprenant d’innombrables chroniques politiques et littéraires publiées entre 1983 et 1999.

Moi qui étais, au début de cette période un adolescent parfaitement insouciant et indifférent du monde dans lequel il vivait, politiquement ignorant et historiquement complètement inculte, ce passionnant ouvrage m’a permis de recontextualiser d’importants évènements du XXème siècle…

En effet, Jean-François Revel possédait une culture générale, un don et un talent incomparables pour décrire, synthétiser et analyser les phénomènes de société.

À la manière d’un George Orwell, il était même un visionnaire puisque certains de ces phénomènes qu’il décrivait il y a déjà 30 ans de cela, ont toujours des répercussions de nos jours, et nombres d’entre eux se sont confirmés, amplifiés, ou sont simplement toujours d’actualité, voire certains ont même réapparus aujourd’hui.

Ses analyses extrêmement précises, sa fulgurante clairvoyance, son pragmatisme intellectuel, son absence de langue de bois et sa totale liberté de penser et d’expression nous seraient fort utiles, de nos jours, pour analyser notre société Française et notre Humanité, devenue Mondialisée.

Rares sont les intellectuels, aujourd’hui, aussi libres Penseurs que lui.

Disparu en 2006, Jean-François Revel laisse un vide incommensurable pour Penser notre Monde et notre époque.



En ce début de XXIème siècle, nous aurions donc bien besoin de toute la lucidité de ses analyses, dans une société Française hagarde, à la recherche de ses valeurs ; et un État Français au bord du dépôt de bilan, à cause de nos élites (de droite comme de gauche), depuis plus de 30 ans. En effet, ces élites politiques et intellectuelles n’ont pas la volonté et sont trop pusillanimes pour entreprendre de donner un véritable cap politique, économique et social à la France ; et sauvegarder ce qu’il reste encore de notre culture, de nos valeurs et de nos principes Républicains et Laïcs.



En hommage à Jean-François Revel, grand spécialiste du Totalitarisme Communiste avec d’autres, comme : Raymond Aron, Hannah Arendt, Tzvetan Todorov, Alain Besançon, Stéphane Courtois, Nicolas Werth, Dominique Colas, Pierre Rigoulot, etc., je ne peux résister, ici, à la tentation de vous faire partager cette brillante chronique ci-dessous, publiée en 1997, suite à la sortie du, devenu célèbre : « Livre Noir du Communisme », sous la direction de l’historien Stéphane Courtois (pages 600 à 604) :

« Le communisme : 85 millions de morts !



La publication du monumental Livre noir du communisme a été précédée d’un tapage autour d’un désaccord entre la maître d’œuvre, Stéphane Courtois, et deux des principaux auteurs (sur onze) de ce grand travail collectif. Évidente était l’intention de discréditer l’ouvrage à titre prophylactique, tant on gonfla le racontar au détriment du compte rendu.

Que Nicolas Werth et, surtout, Jean-Louis Margolin aient élevé des objections de dernière minute contre certaines formulations de Courtois dans une « Introduction » qui leur avait pourtant été soumise, c’est un fait. Mais qui relève de la querelle terminologique ou idéologique, sans altérer en rien l’essentiel : la richesse documentaire du Livre noir. Au demeurant, les deux parties du livre que Werth et Margolin ont écrites (et magistralement), le premier sur l’URSS, le second sur la Chine, le Vietnam et le Cambodge, établissent des bilans qui corroborent en substance le tableau d’ensemble et les interprétations de Courtois, J’ignore que fut le ressort de leur tardif regimbement, mais je ne l’aperçois en tout cas pas dans leur propre travail d’historiens.

On peut discuter sur des chiffres que le secret dissimule encore partiellement. On peut balancer si Mao a tué 60 ou 70 ou 65 millions de personnes, on peut observer que, malgré la répression et les procès truqués, il n’y a pas eu, en Tchécoslovaquie, de génocide, comme au Cambodge. Ces hésitations sont propres à l’esprit scientifique, elles ne changent rien au scandale moral. Quand on disait, vers 1950 : « Les nazis on tué 6 millions de juifs », il se trouvait des gens pour vous répondre : « Non, ils n’en ont tué que 4 millions. » La logique intrinsèquement criminelle du communisme comme du nazisme n’est en rien infirmée par ces chipotages indécents.

Je n’aurais pas relaté d’aussi mesquines chamailleries si elles ne faisaient pas, en quelque sorte, partie du sujet que traite le livre dont il est question. Elles témoignent de la puissance d’intimidation que conservent les adeptes rétroactifs et rétrogrades du communisme. Si le monstre est mort comme phénomène politique, il demeure bien vivant comme phénomène culturel. Le Mur est tombé à Berlin, mais pas dans les cerveaux. Décrire le communisme dans sa réalité reste un délit d’opinion.

La France en a eu la démonstration avec le « Bouillon de culture » du 7 novembre. Je venais justement de voir le dernier film de Steven Spielberg sur les dinosaures, et je n’ai eu aucune difficulté à effectuer la transition avec le numéro de cette célèbre émission de télévision consacré au Livre noir. Les communistes invités y sont parvenus à faire barrage aux historiens, l’un d’eux allant même jusqu’à traiter Stéphane Courtois… d’antisémite ! Leur but, censurer l’information, a été ainsi en partie atteint. Les téléspectateurs n’ont quasiment rien pu apprendre sur le contenu du livre. À force d’obstruction, les complices des crimes ont réussi encore une fois à les nier ou à soutenir, la main sur le cœur et des sanglots dans la voix, que ces forfaits n’avaient aucun rapport avec l’essence du communisme. Pourquoi le négationnisme, défini comme un délit quand il porte sur le nazisme, ne l’est-il pas quand il escamote les crimes communistes ? C’est que, aux yeux de la gauche, il subsiste de bons et de mauvais bourreaux. Le groupe socialiste européen, au Parlement de Strasbourg, a voté contre la motion reconnaissant le Tibet comme « pays occupé ».

Le refus par la gauche de classer les génocides communistes parmi les crimes contre l’humanité, au même titre que les génocides nazis, ne résiste ni à l’esprit de la science historique ni à la lettre des textes juridiques. Soulignant la motivation idéologique des crimes nazis, le procureur général français à Nuremberg, François de Menthon, disait : « Nous ne nous trouvons pas devant une criminalité accidentelle, occasionnelle, nous nous trouvons devant une criminalité systématique découlant directement et nécessairement d’une doctrine. » Cette description de la criminalité noire s’applique mot pour mot à la criminalité rouge. De même que lui convient parfaitement la définition du nouveau Code pénal français, adopté en 1992, selon laquelle le crime contre l’humanité inclut « la déportation, la réduction en esclavage, la pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture, d’actes inhumains inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux, et organisés en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile ». Or les massacres et déportations systématiques de groupes sociaux ou ethniques en raison de ce qu’ils sont, et non de ce qu’ils font, jalonnent toute l’histoire du communisme.

Ainsi, les 20 millions de morts (hors guerre) de l’URSS, les 65 millions de la Chine (Mao décroche la médaille de plus grand assassin de tous les temps), les 2 millions de morts du Cambodge (sur 7,8 millions d’habitants) ou de la Corée du Nord résultent tous d’exterminations programmées. Il n’y aura pas eu d’analyse sérieuse du communisme tant que la gauche n’aura pas admis que sa criminalité ne fut pas due à une improbable succession de ratages accidentels. C’est là ce que François Furet, qui devait préfacer ce Livre noir lorsqu’il disparut brutalement, en juillet, considérait, à propos de la Terreur de 1793-1794, comme la plus misérable des échappatoires pour un historien : l’explication par les circonstances. L’explication par la cause réelle, la seule qui rende vraiment compte des faits, à moins d’admettre que tout arrive par hasard, réside dans la logique d’un système entraînant à la liquidation physique pour motif idéologique.

Il est donc légitime de conclure à une tendance intrinsèquement criminogène du communisme, tant il a produit de copies conformes dans les circonstances les plus diverses et jusque dans ses métastases marginales, sous toutes les latitudes et dans les sociétés culturellement les plus différentes : à Cuba, en Éthiopie, en Angola, en Afghanistan, au Mozambique, au Laos, au Cambodge. Avec le total – prudent – de 85 millions de morts que dresse Courtois, il s’agit bien de crimes contre l’humanité, c’est-à-dire « commis au nom d’un État pratiquant une politique d’hégémonie idéologique », et « en exécution d’un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ou d’un groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire » (Code pénal français).

D’ailleurs, Hitler n’a pas commis que des crimes racistes. Il a exterminé, sans distinction de race ni de religion, des peuples occupés qui se soulevaient ou des otages inoffensifs, par exemple à Oradour. Mieux : comme Staline et avant Staline, il a égorgé ses propres compagnons, lors de la Nuit des longs couteaux. Inversement, parmi les crimes communistes figurent aussi des crimes racistes, visant collectivement des ethnies en tant que telles : Polonais, Baltes, Tatars, Moldaves, Ukrainiens, Tchétchènes massacrés sur place ou déportés en Sibérie pour y crever de faim et de froid. La politique chinoise au Tibet depuis l’invasion de 1950 ne peut pas se définir autrement que comme un ethnocide méthodique.

La méthode que, pour sa part, suivait en URSS le Guépéou, ancêtre du KGB, était celle des quotas. Chaque région devait arrêter, déporter ou fusiller un pourcentage donné de personnes appartenant à des couches sociales, idéologiques ou ethniques déterminées. Ce qui comptait, ce n’était pas l’individu ni son éventuelle culpabilité personnelle (par rapport à quoi, d’ailleurs ?), c’était le groupe auquel il appartenait.

Les amoncellements de cadavres exquis inspirèrent à Louis Aragon un « poème » où, en 1931, il appelle de ses vœux la création d’un Guépéou français :



« Je chante le Guépéou qui se forme en France à l’heure qu’il est

Je chante le Guépéou nécessaire en France

Demandez un Guépéou

Il vous faut un Guépéou

Vive le Guépéou, figure dialectique de l’héroïsme. »



Cette déjection montre que même des vers de mirliton de la plus indigente facture peuvent servir d’appel au meurtre.

À point nommé, dans son Manuel du goulag, tout juste paru aussi, Jacques Rossi, qui goûta lui-même pendant dix-neuf ans aux plaisirs de ce type de villégiature, explique avec clarté le lien indissociable entre goulag et communisme. Car « le goulag servait de laboratoire secret au régime soviétique, dans le but de créer une société idéale : garde-à-vous et pensée unique ».

En outre, pour un système de gouvernement dès le départ condamné à la ruine matérielle par ses théories économiques imbéciles, le goulag était une façon de se procurer de la main-d’œuvre gratuite en réduisant en esclavage des millions d’individus. Or, on l’a vu, la déportation en vue de l’esclavage est reconnue en droit comme un des crimes contre l’humanité. C’est pourquoi, commente justement Rossi, « il est inutile de chercher à savoir lequel des totalitarismes, dans notre siècle, fut le plus barbare, lorsque tous deux imposèrent la pensée unique et laissèrent des montagnes de cadavres. »

Face à un tel constat, la gauche ressasse inlassablement son vieux cliché : le nazisme annonçait dès sa naissance un programme d’extermination tandis que le communisme se voulait, dans son principe, une doctrine de libération. À quoi l’on peut rétorquer que, loin d’être une excuse, c’est bien pire. Le nazisme avait au moins le sinistre mérite de la franchise. Le communisme a trompé des milliards d’hommes au nom d’un idéal de justice et de liberté dont tous ses actes ont constitué la contradiction permanente et absolue. On nous a, bien sûr, à « Bouillon de culture », ressorti le poncif avarié : « l’anéantissement de l’homme exprime non l’essence, mais la « perversion » du communisme. Vraiment ? Qu’est-ce donc que ce merveilleux système qui jamais, nulle part, n’a mis en œuvre autre chose que sa propre perversion ? Et la praxis, alors où la mettez-vous, mesdames et messieurs les marxistes ?

La nouveauté et l’immense intérêt de la somme historique réalisée par Stéphane Courtois et son équipe, c’est de nous présenter pour la première fois en un seul volume un panorama international complet du communisme dans toute son étendue géographique et chronologique. Les éléments de cette synthèse intégrale ne sont pas des opinions, ce sont des faits. Il incombe aux défenseurs opiniâtres de cette calamité du XXe siècle de nous expliquer de façon plausible pourquoi, selon eux, la vérité du communisme est exprimée non par ces faits, mais par une histoire qui n’a jamais existé. Qu’ils se sachent, au profond d’eux-mêmes, incapables de forger cette démonstration explique leur rancœur contre le livre qui vient de la rendre pour toujours impossible.



15 novembre 1997.



Le Livre noir du communisme ; crime, terreur, répression sous la direction de Stéphane Courtois, Robert Laffont.

Le Manuel du goulag ; dictionnaire historique de Jacques Rossi, Le Cherche-Midi éditeur. »



Jean-François Revel nous manque…
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La grande parade

Ce formidable Essai publié en 2000, de ce grand Penseur que fût Jean-François Revel, représente un florilège d'analyses concrètes, d'une pertinence rarissime, d'un intérêt intellectuel et moral indispensables pour éveiller les consciences ; voire tenter (si cela est encore possible ? !) de réveiller certaines consciences qui sont encore aujourd'hui, volontairement, sous domination idéologique, à propos des régimes totalitaires et en particulier…, du Communisme. Communisme, toujours dramatiquement encore au Pouvoir, en ce début de 21ème siècle, dans plusieurs pays du monde : en Chine, à Cuba, en Corée du Nord, au Vietnam, etc..



Au nom de cette Idéologie, le Communisme a exterminé extrêmement large : environ 100 000 000 de morts innocents dans le monde entre 1917 et la fin du 20ème siècle, pour créer un « peuple nouveau » et lui proposer un soi-disant « paradis » terrestre…, qui n'est bien évidemment jamais advenu !

En revanche, le Communisme a engendré un effroyable, monumental et absurde gâchis en vies humaines.



Voici donc ci-dessous, quelques pages d'anthologie incomparables et indispensables (selon moi) issues de la description et de l'analyse de l'auteur, concernant l'un des deux plus grands Mal du XXème siècle : le Totalitarisme Communiste.



* Pages 32 et 33 :

« Car, pour reprendre le raccourci symbolique du Mur, ce qui marque la faillite du communisme, ce n'est pas la chute du Mur de Berlin, en 1989, c'est sa construction, en 1961. Elle démontrait que le « socialisme réel » avait atteint un point de décomposition où il était contraint d'enfermer ses ressortissants pour les empêcher de le fuir. Malheureusement, le message tangible de cet éclatant aveu d'échec ne fut compris que par une minorité d'Occidentaux.

(…) C'est le déshonneur de l'Occident que le Mur fût en fin de compte abattu par les populations asservies au communisme en 1989 et non par les démocraties en 1961, comme il leur eût été si facile de le faire.

(…) L'utopie n'est astreinte à aucune obligation de résultats. Sa seule fonction est de permettre à ses adeptes de condamner ce qui existe au nom de ce qui n'existe pas.

* Pages 36 et 37 :

« Ainsi aux États-Unis comme en Europe, au moment où le communisme vient de s'effondrer et où l'horreur de son passé apparaît sous un jour enfin complet, ce sont les anciens anti-communistes qui sont mis en accusation, tandis que les anciens procommunistes entérinent avec une fierté redoublée les choix qu'ils ont faits.

Eux ne se sont pas trompés, ce sont leurs contradicteurs que l'histoire a réfutés. Pourquoi ? En particulier, parce que ces obsédés avaient qualifié le totalitarisme communiste d'irréversible. Or, il a disparu, donc l'événement leur a donné tort. J'ai déjà longuement répondu, en ce qui me concerne, à cette objection, dans le le Regain démocratique (note n°1 : 1992, Fayard et Pluriel-Hachette. Voir notamment le chapitre sixième, « le prévisible et l'imprévu », et l'annexe I, « de la réversibilité du communisme », reproduction d'un article paru en 1988). Je serai donc très succinct ici. J'ai souvent écrit que le communisme était irréversible dans ce sens qu'il était inamendable, mais je n'ai jamais dit qu'il fût irrenversable. J'ai même toujours dit le contraire. le rêve de la gauche universelle – perfectionner le communisme, l'humaniser, le rendre le plus efficace économiquement et moins répressif politiquement, tout en y maintenant les structures maîtresses du socialisme – a été, partout et toujours, réfuté par la pratique. Un système totalitaire ne peut pas s'améliorer : il ne peut que se conserver ou s'effondrer. Ce qui est une autre manière de dire qu'il n'est pas réversible, mais qu'il est renversable. C'est pourquoi j'ai écrit dans La Tentation totalitaire (1976) : « La seule manière d'améliorer le communisme, c'est de s'en débarrasser. » C'est exactement ce qu'ont fini par comprendre et par faire les peuples de l'ex-Union soviétique et des colonies d'Europe centrale, entre 1989 et 1991. »

* Pages 62 à 65 :

« Un malentendu fausse quasiment toutes les discussions sur les mérites respectifs du socialisme et du libéralisme : les socialistes se figurent que le libéralisme est une idéologie. Et, suivant une soumission mimétique souvent décrite dans ces pages, les libéraux se sont laissés inculquer cette vision grossièrement erronée d'eux-mêmes. Les socialistes, élevés dans l'idéologie, ne peuvent concevoir qu'il existe d'autres formes d'activité intellectuelle.

(…) Si, par exemple, un libéral dit à un socialiste : « À l'usage, le marché semble être un moins mauvais moyen d'allocation des ressources que la répartition autoritaire et planifiée », le socialiste répond aussitôt : « le marché ne résout pas tous les problèmes. » Certes ! Qui a jamais soutenu pareille ânerie ? Mais, comme le socialisme, lui, a été conçu dans l'illusion de résoudre tous les problèmes, ses partisans prêtent à leurs contradicteurs la même prétention. Or tout le monde n'est pas mégalomane, heureusement. le libéralisme n'a jamais eu l'ambition de bâtir une société parfaite. Il se contente de comparer les diverses sociétés qui existent ou ont existé et de retenir les leçons à tirer de l'étude de celles qui fonctionnent ou ont fonctionné le moins mal. Pourtant, de nombreux libéraux, hypnotisés par l'impérialisme moral des socialistes, acceptent la discussion sur le même terrain qu'eux. « Je crois à la loi du marché, mais elle ne suffit pas », déclare l'économiste américain Jeremy Rifkin (note n°1 : le Monde, 20 avril 1999). « le marché libre ne peut tout résoudre », renchérit le spéculateur George Soros (note n°2 : Jeune Afrique, 1er juin 1999. Repris de la New York Review of Books). Ces piètres truismes émanent d'un système de pensée figé, selon lequel le libéralisme serait une théorie opposée au socialisme par ses thèses mais identique à lui par ses mécanismes.

Or il n'est ni l'un ni l'autre. le libéralisme n'a jamais été une idéologie, j'entends n'est pas une théorie se fondant sur des concepts antérieurs à toute expérience, ni un dogme invariable et indépendant du cours des choses ou des résultats de l'action. Ce n'est qu'un ensemble d'observations, portant sur des faits qui se sont déjà produits. Les idées générales qui en découlent constituent non pas une doctrine globale et définitive, aspirant à devenir le moule de la totalité du réel, mais une série d'hypothèses interprétatives concernant des évènements qui se sont effectivement déroulés.

(…) Il faut donc réfuter l'affrontement entre socialisme et libéralisme comme étant l'affrontement de deux idéologies. Qu'est-ce qu'une idéologie ? C'est une construction a priori, élaborée en amont et au mépris des faits et des droits, c'est le contraire à la fois de la science et de la philosophie, de la religion et de la morale. L'idéologie n'est ni la science, pour laquelle elle a voulu se faire passer ; ni la morale, dont elle a cru détenir les clefs et pouvoir s'arroger le monopole, tout en s'acharnant à en détruire la source et la condition : le libre arbitre individuel ; ni la religion, à laquelle on l'a souvent et à tort comparée. La religion tire sa signification de la foi en une transcendance, et l'idéologie prétend rendre parfait ce monde-ci. La science accepte, je dirai même provoque, les décisions de l'expérience, et l'idéologie les a toujours refusées. La morale repose sur le respect de la personne humaine, et l'idéologie n'a jamais régné que pour la briser. Cette funeste invention de la face noire de notre esprit, qui a tant coûté à l'humanité, engendre en outre, chez ses adeptes, ce curieux travers qui consiste à prêter à autrui leur propre forme d'organisation mentale. L'idéologie ne peut pas concevoir qu'on lui oppose une objection si ce n'est au nom d'une autre idéologie.

Or toute idéologie est un égarement. Il ne peut pas y avoir d'idéologie juste. Toute idéologie est intrinsèquement fausse, de par ses causes, ses motivations et ses fins, qui sont de réaliser une adaptation fictive du sujet humain à lui-même – à ce « lui-même », du moins, qui a décidé de ne plus accepter la réalité, ni comme source d'information ni comme juge du bien-fondé de l'action.

C'est donc un non-sens, quand une idéologie est morte, de se dire qu'il faut de toute urgence la remplacer par une autre. Remplacer une aberration par une aberration, c'est de nouveau céder au mirage. Peu importe alors quel mirage se substitue au précédent, car ce n'est pas le contenu d'une illusion qui compte, c'est l'illusion même.

Le libéralisme n'est pas le socialisme à l'envers, n'est pas un totalitarisme idéologique régi par des lois intellectuelles identiques à celles qu'il critique. Cette méprise rend absurde le dialogue entre socialistes et libéraux.

(…) Mais, outre que le libéralisme n'a jamais été un fanatisme lancé contre un autre, je n'ai jamais lutté contre le communisme au nom du libéralisme, ou seulement au nom du libéralisme. J'ai lutté contre le communisme avant tout au nom de la dignité humaine et du droit à la vie. Que la faillite permanente et ridicule des économies administrées ne fût pas sans apporter quelques arguments aux économistes libéraux – encore que bien des socialistes le nient encore aujourd'hui farouchement – c'était incontestable, mais ce n'était pas l'essentiel. Quand on se trouve devant une prison doublée d'un asile de fous et d'une association de meurtriers, on ne se demande pas s'il faut les détruire au nom du libéralisme, de la social-démocratie, de la « troisième voie », du « socialisme de marché » ou de l'anarcho-capitalisme. de telles arguties sont même indécentes, et le débat sur libéralisme ou social-étatisme ne peut renaître légitimement que dans une société rendue à la liberté. J'ai combattu le communisme mû par la même « obsession » qui m'avait jadis fait combattre le nazisme : l' »idée fixe », « viscérale » du respect de la personne humaine. »

* Page 87 :

« Aucune des justifications avancées depuis 1917 en faveur du communisme réel n'a résisté à l'expérience ; aucun des objectifs qu'il se targuait d'atteindre n'a été atteint : ni la liberté, ni la prospérité, ni l'égalité, ni la paix. Si bien qu'il a disparu, sous le poids de ses propres vices plus que sous les coups de ses adversaires. Et pourtant, il n'a peut-être jamais été aussi farouchement protégé par autant de censeurs aussi dénués de scrupules que depuis son naufrage.

Que d'abnégation ne faut-il pas pour ferrailler en faveur d'un système politique et idéologique qui n'a plus d'avenir, pas même de présent, et dont le passé est à ce point grotesque, stérile et sanglant ! Pousser aussi loin le sacrifice volontaire de sa propre intelligence force l'estime, mais demeure une énigme : l'énigme de l'homme même, sans doute.

* Pages 89 à 97 :

« Comme il arrive parfois, les communistes inscrits ou leurs journalistes assermentés se montrent plus lestes dans l'esquive que leurs maladroits alliés. Ils accordent éventuellement qu' : « il n'est pas question de nier les crimes rapportés dans le Livre noir », selon les termes de Régine Deforges dans sa chronique de L'Humanité (note n°1 : 18 novembre 1997). de quoi est-il question, alors ? de soutenir que ces crimes ne sont en rien représentatifs du communisme. C'est la tactique qu'appliquera, imperturbable, le secrétaire national du PCF, Robert Hue, tout au long de l'émission « La Marche du siècle », déjà mentionnée, à laquelle j'ai participé en compagnie de Stéphane Courtois, d'Andreï Gratchev, ancien porte-parole de Gorbatchev et auteur de L'Histoire vraie de la fin de l'URSS (note n°2 : Éditions du Rocher. Traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain, 1992), de Jean Ferrat, vedette communiste de la chanson et de Jacques Rossi. Ce dernier, presque nonagénaire, ancien membre français de l'Internationale communiste, avait été, avant la guerre, arrêté à Moscou pour des motifs imaginaires, comme tant d'autres bons et fidèles serviteurs communistes, puis expédié au goulag, où il avait coulé des jours instructifs pendant dix-neuf ans. Il venait de publier – ce qui avait incité Jean-Marie Cavada à l'inviter – un Manuel du Goulag, « dictionnaire historique » (note n°1 : Le Cherche-Midi éditeur, 1997). Il y montre, grâce à son expérience, en vieux client de ce type de villégiature, que le goulag était beaucoup plus qu'un camp de concentration répressif et liquidateur. « le goulag, écrit-il, servait de laboratoire au régime soviétique, dans le but de créer une société idéale : garde-à-vous et pensée unique. » (C'est moi qui souligne).

Rudes propos pour les communistes présents à l'émission. Aussi Robert Hue appliqua-t-il tout au long de la soirée son plan de bataille en deux parties. Premièrement, dit-il, nous reconnaissons l'existence des abominations relatées dans le Livre noir. Deuxièmement, ces abominations n'ont rien à voir avec le communisme. Elles en sont la perversion. Elles n'en découlent pas, elles le trahissent.

On admirera que ces socialistes « scientifiques » plaident avec autant d'ingénuité l'existence de phénomènes historiques sans cause, et qui sont en outre en proie à la contrariante habitude de se répéter avec la régularité d'une rotation astronomique. La répression concentrationnaire ou carcérale, les procès truqués, les épurations meurtrières, les famines provoquées accompagnent tous les régimes communistes, sans exception, tout au long de leur trajet. Et cette association constante serait fortuite ? En revanche l'essence véritable du communisme résiderait dans ce qu'il n'a jamais été, dans ce qu'il n'a jamais produit ? Qu'est-ce donc que ce système, le meilleur jamais conçu par l'homme, nous dit-on, mais qui est doté de cette surnaturelle propriété de ne jamais mettre en oeuvre, nulle part, autre chose que le contraire de lui-même, que sa propre perversion ?

À l'émission « Bouillon de culture » du 7 novembre, déjà, les communistes présents avaient soutenu que l'histoire du communisme tel qu'il avait été n'avait aucun rapport avec le communisme. Mais alors, pourquoi vous obstinez-vous à nier les crimes de ces régimes totalitaires qui, selon vous, n'étaient pas communistes ? S'ils vous demeurent si chers, c'est qu'ils l'étaient quand même un peu… Sinon, nous aurions d'un côté une série de causes porteuses de la plus sublime perfection et, de l'autre, une série d'effets parmi les plus exécrables de l'histoire humaine. Ce n'est plus du matérialisme historique, c'est de la magie noire. Malgré l'invraisemblance de leur délire ratiocineur, les communistes présents à « Bouillon de culture » atteignirent leur but, qui était de couper si constamment la parole à leurs interlocuteurs historiens que les téléspectateurs n'avaient quasiment rien pu apprendre de ce que contenait effectivement le Livre noir. Mission accomplie. Pour le coup de l'étrier, un communiste avait même fini par trouver le moyen de traiter Stéphane Courtois… d'antisémite !

À « La Marche du siècle », Robert Hue nous resservit la même rengaine : le communisme était un cerisier merveilleux sur lequel, par le plus incompréhensible des hasards, ne poussaient que des champignons vénéneux. Pour agrémenter ce raisonnement puissamment rationnel, Jean Ferrat joua la sentimentalité geignarde. Il s'attendrit sur la générosité, la fraternité, l'espérance, etc., communistes. Robert Hue était venu pour louvoyer et Jean Ferrat pour larmoyer. Les duettistes étaient bien rodés. le bouquet final réédita l'entourloupette utilisée par les braves camarades à « Bouillon de culture ». Ce fut le moment, déjà narré, où le secrétaire national sortit de sa manche et brandit devant la caméra un numéro du journal lepéniste National Hebdo, en nous accusant, Stéphane Courtois, Jacques Rossi et moi de faire le jeu du fascisme. Dans cette méprisable conspiration de notre « bande des trois », on flétrira comme particulièrement sournoise la ruse ingénieuse de Jacques Rossi. N'avait-il pas poussé le vice réactionnaire jusqu'à se faire enfermer pendant dix-neuf ans au goulag, dans le seul dessein évident de servir dans l'avenir la propagande anticommuniste d'un futur Front national qui alors n'existait même pas ? Qui n'est pas fasciste, d'ailleurs, aux yeux des communistes, à un moment ou à un autre ? Faut-il rappeler que, jusqu'au mot d'ordre d'unité d'action qui donna naissance au Front populaire de 1936, les socialistes étaient couramment appelés par le PCF et l'Internationale communiste, les « sociaux-fascistes » ?



P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
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Le regain démocratique

Jean-François Revel, journaliste, historien puis Académicien possède cette fascinante capacité de rendre l’histoire et la politique, pragmatiques.



L’auteur commence son ouvrage en nous présentant un état des lieux du phénomène de démocratisation du monde, qui a commencé, selon lui, à s’opérer lentement depuis le début de la décennie de 1980.



Puis, Jean-François Revel grâce à son talent exceptionnel d’analyste, détricote l’incroyable mythe consistant pour les dirigeants Communistes, à faire par la propagande et le mensonge jusqu’à aujourd’hui, du Totalitarisme Communiste : un Parti faussement humaniste. En effet, il est dans la réalité historique, au contraire, un Parti par essence anti-démocratique et même pire : intrinsèquement criminogène, ce que l’auteur explique parfaitement, pages 47 et 48 :



« L’existence du totalitarisme communiste a complètement perverti au XXe siècle notre façon même de poser le problème de la démocratie. Je dis bien communiste, car les deux autres totalitarismes, le fasciste et le nazi, se sont présentés à visage découvert et ont été perçus d’emblée comme des adversaires de la démocratie. C’est en toute clarté, de façon consciente et délibérée, qu’en 1922 Benito Mussolini créa le totalitarisme : à la fois le mot, le concept et la chose. Au contraire, le communisme s’est prétendu un perfectionnement de la démocratie et a réussi pendant trois quarts de siècle à faire très largement accepter cette prétention en Occident même. Aucune révélation sur sa vraie nature ne parvenait à lui ôter une connotation « progressiste » qui faisait rejeter « à droite » ceux qui le critiquaient, même quand on leur donnait raison. Cette imposture fut possible parce que l’idéologie marxiste dominante invitait à donner la prépondérance à l’imaginaire sur le réel, aux prétentions théoriques sur les résultats pratiques. »



Le Totalitarisme Communiste applique exactement l’opposé de son mensonge idéologique, ce que résume Jean-François Revel, pages 70 et 71 :



« Un caractère frappant du soviétisme est d’avoir réalisé point par point pendant soixante-dix ans l’exact contraire de ce qu’il annonçait et prétendait faire. Or c’est là l’essence du léninisme. Lénine proclame le pouvoir des conseils ouvriers (les soviets) et introduit le parti unique, monstre politique dont il est l’indiscutable inventeur, parti prolétarien qui méprise le prolétariat et le traitera plus mal que n’importe quel patron capitaliste. A la question : « Les ouvriers peuvent-ils gouverner l’Etat ? », Lénine répondit un jour : « Tous les gens pratiques savent que ce sont des fables. » Il affirme respecter la volonté des « masses » et la démocratie, mais dissout par un coup de force l’Assemblée constituante, en janvier 1918, parce que les « masses » n’y ont élu qu’un quart de députés bolcheviques. »



Ensuite, l’auteur décortique les raisons qui ont conduit à l’effondrement de l’U.R.S.S. en 1991. Il s’étend longuement, sur l’incapacité de Gorbatchev, malgré tous ses efforts à travers la Perestroïka et la Glasnost, à restaurer la matrice originelle Marxiste-Léniniste. Car en effet, l’incompatibilité est totale, lorsqu’il s’agit de vouloir insuffler UN PEU de liberté d’expression et de Libéralisme dans un corset aussi tendu que celui qui entoure le régime Totalitaire Communiste.

D’ailleurs, voici ce que déclarait Gorbatchev le 18 février 1988 devant le Comité Central du Parti Communiste d’Union Soviétique (P.C.U.S.), page 489 :



« Nous ne reculerons pas d’un mètre dans la voie du socialisme, du marxisme-léninisme. »



Précisons que même si l’idéologie Communiste s’est largement essoufflée en ce début de 21ème siècle, cette réalité Totalitaire existe néanmoins toujours, dramatiquement : en Corée du Nord, en Chine, à Cuba, etc..



L’auteur nous démontre également quelques principes économiques fondamentaux, tels que :

1 / Il ne peut y avoir de développement dans un pays, sans économie de marché. Mais le marché ne suffit pas toujours, à lui seul, à contribuer au développement d’un pays.

2 / De même, qu’il ne peut exister de démocratie sans économie de marché, même s’il existe des économies de marché sans démocratie.

3 / En revanche, une économie Etatisée empêche, par définition, à la fois : l’économie de marché et par voie de conséquence la démocratie de se développées.



En résumé, une société fondée sur l’économie de marché (liberté économique, propriété privée, investissement privé, marché) a de grandes chances de devenir démocratique (sauf, Pouvoir de type Dictatorial…).

Alors, qu’une société basée sur une économie Etatisée et collectivisée, donc sans propriété privée, n’a AUCUNE chance de devenir un jour…, démocratique.



Un autre sujet abordé par l’auteur est celui, fondamental, des Droits de l’Homme.

Malgré l’adhésion et la signature de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme par de nombreux Etats-membres, dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies (l’O.N.U.) en 1948 ; ces Droits de l’Homme continuent régulièrement d’être bafoués.

Alors, quel comportement adopté lorsque :

– Certains Etats-membres de l’O.N.U., ou non, commettent des Crimes contre l’Humanité et/ou des Génocides ?

Il en découle consécutivement, les épineux dilemmes et choix entre : le droit, voire le devoir d’ingérence, qui s’oppose donc aux principes de non-ingérence et de Souveraineté Nationale.



Jean-François Revel décrit également différents systèmes de corruption, comme par exemple celui consistant pour le Dictateur d’un pays du tiers-monde, à détourner des aides financières Internationales pour son propre profit personnel.



Il consacre aussi un autre grand chapitre de son livre à : l’Islam.

L’auteur part de l’exemple du livre de Salman Rushdie : « Les Versets sataniques » publié en 1989, et du terrifiant ordre (fatwa) International lancé par l’ayatollah Khomeyni à tous les musulmans du monde : d’assassiner l’écrivain.

Il y a eu alors d’innombrables « incidents » répertoriés sur toute la planète :

– Une foultitude d’autodafés du livre en question ;

– Des librairies « osant » vendre le roman furent saccagées ;

– Des manifestations de musulmans eurent lieux, exigeant la mort de Rushdie et en brûlant son effigie : aux Etats-Unis, au Danemark, en France, en Grèce, en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne de l’Ouest, au Canada, en Espagne, en Australie, en Grande-Bretagne, à Bangkok, à Karachi, à Srinagar, à Rotterdam, à Stockholm et Bonn.

A partir de cette « simple » affaire, Jean-François Revel pose donc plusieurs questions essentielles, dont celle-ci, page 369 :



– « Si extensibles soient les complaisances des islamologues, comment qualifier de tolérante une religion où « désaccord » est synonyme d' »exécution »? »



Une autre question peut se formuler de la manière suivante :

– Si l’Islam se considère comme démocratique, comment se fait-il qu’il n’y ait eu aucune contre-manifestation condamnant le fanatisme et l’appel au meurtre de la part des musulmans modérés ?



Depuis l’écriture de cet essai (en 1992), il y a eu récemment, la comparable affaire en 2005, celle dite « des caricatures de Mahomet » ayant conduit à des « incidents » similaires.

Le prosélytisme et les tensions engendrés par l’Islam en France et en Occident, se sont encore accrus depuis 1992 et avec une plus grande acuité ; sans parler de l’expansion planétaire du Terrorisme Islamiste.



Un Essai donc passionnant et très éclectique, avec un Jean-François Revel fidèle à lui-même…, sans langue de bois. Bref, un véritable régal…



Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants, de Jean-François Revel :

– La Grande Parade. Essai sur la survie de l’utopie socialiste ;

– Le moine et le philosophe – Un père et son fils débattent du sens de la vie.
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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