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Critiques de Jean Hatzfeld (263)
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Dans le nu de la vie

Un livre bouleversant sur le génocide rwandais de 1994. Jean Hatzfeld a recueilli ldix témoignagnes de rescapés du massacre. Chaque témoignage est précédé d'une courte présentation du témoin et de son environnement. Des récits d'une atrocité souvent insupportable mais dont la lecture éclaire la face sombre de l'humanité.

Ce livre a été suivi par "Une saison de machettes", incroyable témoignage de quelques-uns des génocidaires.

Deux livres fascinants sur un événement majeur de l'histoire contemporaine.
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Dans le nu de la vie

Lors du génocide des Tutsis au Rwanda, le journaliste Jean Hatzfeld est à Sarajevo, alors assiégée. Il part ensuite aux Etats-Unis couvrir la Coupe du monde de football. C’est là qu’il découvre, à la télévision américaine, l’ampleur du génocide. Il est envoyé au Rwanda par sa rédaction début juillet, suit le mouvement de l’actualité qui se focalise sur les colonnes de réfugiés hutus qui tentent de joindre le Congo, puis repart à Sarajevo. De retour en France, il ressent un malaise, et réalise avoir commis une erreur en ne prêtant pas assez d’attention aux rescapés tutsis, en ne les intégrant pas dans les récits. En 1998, il suspend son activité au sein de sa rédaction et part séjourner près des marais de Nyamata, pour recueillir les témoignages de survivants du génocide. Il y retournera par la suite régulièrement, posant inlassablement ses questions aux rescapés, ce travail lui fournissant la matière de nombreux livres, dont "Dans le nu de la vie".



J’ai lu il y a quelques années un autre de ces livres, "Une saison de machettes", où l’auteur donne la parole à un groupe de Hutus ayant participé au génocide sur les mêmes collines, dans le pénitencier de Rilima. Une expérience éprouvante et désespérante…



********************************************



"En 1994, entre le lundi 11 avril à 11h00 et le samedi 14 mai à 14h00, environ 50000 Tutsis, sur une population d'environ 59000, ont été massacrés à la machette, tous les jours de la semaine, de 09h30 à 16h00, par des miliciens et voisins hutus, sur les collines de la commune de Nyamata, au Rwanda. Voilà le point de départ de ce livre."



Comme dans "Une saison de machettes", le journaliste s’efface pour laisser la place à la parole de ses interlocuteurs, entrecoupant leurs témoignages de courts chapitres qui précisent le contexte de l’entretien, ou des éléments biographiques. Ce sont des hommes et des femmes, des enfants et des adultes. Ils sont cultivatrice, enseignant, berger, assistante sociale… Ils s’appellent Francine, Janvier, Claudine, Innocent, Marie-Louise, Sylvie, Cassius… Ils s’expriment dans une langue française qu’ils se sont réappropriée, qui donne à leur récit une éloquence et une spontanéité que l’on qualifierait de gouailleuse, si le sens n’en était pas si terrible.



Ils racontent la macabre routine à laquelle ils ont dû s’astreindre des semaines durant, poussés par l’arrivée, chaque matin annoncée par leurs chants et leurs sifflements, des tueurs armés de machettes, de lances et de massues, visiblement "très gais d'aller tuer pour toute la journée". Ils partaient alors se cacher dans les marais, nus et recouverts de boue, après avoir caché les plus petits sous la végétation. Ceux qui n’étaient pas morts en sortaient le soir, une fois les tueurs rentrés avant la nuit en raison de leur peur du noir. Affaiblis par le manque de sommeil et d’alimentation, par la dysenterie, harcelés par les poux et les moustiques, ils ont vécu dans la certitude résignée de leur mort prochaine, ne redoutant plus que la souffrance.

Ils racontent les scènes insoutenables de coupage ou d’enfants brulés perpétrées sous leurs yeux, l’agonie des blessés que l’on était obligé d’abandonner et qui, couchés sur une rive ou sous un arbre, attendaient que la mort vienne, ou que leurs bourreaux viennent les achever.



Ils racontent aussi les bruits du massacre, et ses odeurs.



Ils racontent leur survie, parfois dû au hasard, mais la plupart du temps à la capacité à courir vite, ce qui explique que sont d’abord les enfants, puis les femmes et les vieillards, qui ont été assassinés les premiers.



"D'abord je devais être mort, puis j'ai insisté pour vivre. Je ne me souviens pas comment."



Et tout cela, dans l’indifférence totale de la communauté internationale, les blancs se contentant "d’envoyer des journalistes à pied pour bien photographier".



La survie, c’est aussi l’après, dans un pays dont les terres ont perdu les deux tiers de leurs hommes et où les troupeaux (des tutsis, traditionnellement éleveurs) ont été décimés. Le quotidien est rudimentaire, faite de débrouille et de solidarité pour les rescapés amputés des leurs et de tous leurs projets d’avenir. Comment faire son deuil face à la monstruosité des conditions de la perte, et quand on ne sait pas comment sont morts ceux que l’on a perdus, et que l’on n’a pas pu enterrer ? Un immense sentiment de détresse mais aussi de solitude désordonne les esprits : "on n’a plus personne à servir, à qui obéir, demander conseil ou se confier, personne avec qui envisager une destinée, plus d’épaule où poser sa tête les soirs de désespoir". Beaucoup de survivant se sont endurcis, ont perdu le goût de la gentillesse, aigris par le découragement et l'accablement. D’autres s’organisent pour restaurer une indispensable normalité, recueillent les orphelins, proposent des lieux de rencontres, essaient de rendre leur gaieté aux enfants.



Dans cet après, les rescapés côtoient les bourreaux ou leurs familles. De nombreux "ténors" du génocide sont redevenus des gens de tous les jours. Certains enseignent à l'université, prêchent dans les églises ou soignent dans les hôpitaux. Et si quelques-uns se sentent obligés de baisser les yeux lorsqu’ils croisent un tutsi, aucun n’a demandé pardon. Ceci dit, comme le souligne un des témoins, "il n'y a rien à pardonner".



Beaucoup ont tenté de comprendre, en vain. Comment expliquer l’inacceptable ? Comment, même, entendre ces arguments se réclamant d’une différence de physionomie ou d’allure, de jalousie ou de sentiment d’infériorité ? Comment comprendre que des gens qui n’ont été ni brimés ni volés, qui pour certains vivaient en bonne entente avec leurs voisins ou collègues tutsis, aient pu commettre ces atrocités ? L’un des survivants évoque entre autres le terrible mystère que représentent ces intellectuels -médecins, prêtres…- qui retroussaient leurs manches pour tenir fermement une machette, et qui, pendant les massacres, se montraient d’un calme glaçant.



Pour autant, la plupart de ces tutsis affirment ne pas éprouver de haine. Certains parce que les tueurs représentaient une masse anonyme qui empêche de la poser sur un visage ou sur un nom. D’autres parce qu’ils ne peuvent la pointer sur un visage ou un nom, d’autres parce qu’ils refusent de souffrir leur vie durant à se demander pourquoi, d’être hantés du remords et de la crainte d'être tutsi. En revanche, l’attente de justice est forte, une justice pour offrir une place à la vérité, pour que s’écoule la peur, et pour donner une chance à l’espoir et à la réconciliation.



C’est un récit très fort, souvent insoutenable, qui a je crois modifié définitivement ma perception du verbe "couper". On referme l’ouvrage bouleversé et désespéré, mais c’est à lire, ces témoignages sont précieux car comme le souligne Jean Hatzfeld, les survivants de génocide aspirent au silence et au repliement.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Dans le nu de la vie

Un livre et un travail nécessaire de Jean Hatzfeld. Des récits éprouvants à lire mais parfois aussi très poétiques. Je lirai les autres recueils de l'auteur même si helas ils ne répondront jamais à la question "Comment une telle chose a pu arriver ?"
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Dans le nu de la vie

Comment expliquer l'inexplicable? Jean Hatzfeld nous retranscrit des témoignages de rescapés du génocide rwandais dans la petite région de Nyamata. Sur 59 000 tutsis, 50 000 seront tués à coups de machette, à main nue du matin jusqu'à 16h tous les jours pendant un mois. Un massacre de façon méthodique, d'abord dans des églises puis en piégeant les fuyards dans les marécages, des colonnes d'hutus partant le matin comme on part au boulot pour aller mutiler, couper les membres à coups de machette tout tutsi se terrant dans l'eau croupie.



Des témoignages violents dans la froideur de ces massacres, qui dépassent l'entendement. Une lecture qui peut être dérangeante pour les âmes sensibles, mais une lecture utile pour se souvenir et si seulement pour plus jamais ça.
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Deux mètres dix

Deux disciplines (le saut en hauteur et l'haltérophilie), deux athlètes dans chacune de ces disciplines, un soviétique et un américain. Soit 4 destins en tout, intimement liés. Des adversaires au cours de leurs carrières, en pleine période de guerre froide, jouets d'une cause politique qui les dépasse. Puis, des retrouvailles étonnantes quelques décennies plus tard dans les montagnes kirghizes...



J'ai été un peu perturbé au départ dans ma lecture, ne sachant pas si ces athlètes étaient réels ou bien des personnages de fiction (à ma décharge, je suis loin d'être un spécialiste de saut en hauteur ou d'halterophilie des années 80...). Une fois cette incertitude levée, je me suis mis à apprécier cette histoire, même si tout ceci (la relation entre Sue et Tatyana par exemple) m'a paru être un peu trop romanesque. Pour autant, ce récit illustre le destin de personnes qui, bien que nées dans des pays forts différents, se ressemblent finalement, plongées à une époque dans un terrible affrontement politique, qui se joue aussi dans les stades. Le sport comme outil de propagande, comme un champ de bataille par substitution. Les athlètes ne s'appartiennent alors plus, gare aux défaites ou à tout geste politique... sans parler du dopage subi, qui révèle ses méfaits des années plus tard.

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Deux mètres dix

Roman sur les destins de deux athlètes olympiques sur fond de guerre froide. Bien écrit et émouvant
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Deux mètres dix

Ce roman traite de la guerre froide mais Jean Hatzfeld prend le partie d'en parler du point de vue des athlètes.

J'ai beaucoup apprécié le style d'écriture. J'ai aussi appris de la géopolitique et politique de l'époque : On suit quatres athlètes de deux pays différents (Kirguizes et américains). L'auteur nous parle de leur vie mais aussi de la politique de l'époque. Certains de ses athlètes vont être amenés à se croiser.

Le Kirguizistan n'est pas un pays dont on parle souvent. J'ai été captivé par le passé de ce pays méconnu. C'est l'écriture de l'auteur qui distille des informations avec parcimonie qui m'a permis d'apprécier cette lecture.

De plus, celui-ci sait tenir le lecteur grâce à des allers-retours dans le temps. J'ai souvent du mal avec ce style d'écriture et pourtant ici j'ai trouvé que cela servait le récit.

C'était ma première lecture de cet auteur mais je sais déjà que je relirai des roman de celui-ci.
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Deux mètres dix

(Fini le 06/12/2018)

Je découvre cet auteur à l’occasion de cette lecture.

Je suis un peu embarrassée de dire ce que je pense… parce que, à la lecture des premiers chapitres, j’ai eu l’impression de lire un brouillon de livre, un « premier jet » d’une très belle écriture, certes, mais un capharnaüm dans lequel j’ai eu du mal à me localiser dans le temps et dans l’espace au point de prendre des notes pour ne pas m’égarer…

C’est dommage parce que j’ai trouvé que ça nuisait à cette histoire qui retrace le parcours de quatre athlètes : deux filles qui pratiquent le saut en hauteur et deux garçons haltérophiles. L’une des filles (Sue, diminutif de Susan) et l’un des garçons (Randy) sont Américains. L’une des filles (Tatyana) et l’un des garçons (Chabdan) sont tous deux soviétiques, d’origine kirghize (région où l’on a déporté les Koryo-Sarams, les personnes venues de Corée pour construire le port de Vladivostok). Vous me suivez toujours ? Pour ma part, j’avoue que j’ai traîné ce livre plusieurs jours avant d’entrer vraiment dans le sujet…

On y évoque les sanctions implacables de l’impitoyable régime soviétique, le dopage dans les deux camps (soviétique et américain) et la guerre froide qui entraîna des boycotts des Jeux olympiques : celui des J.O. de Moscou en 1980 par les USA et celui des J.O. de Los Angeles en 1984 par les soviétiques… Des sujets vraiment très intéressants, mais impossibles à suivre sans connexion internet. A titre d'exemple, l'auteur ne dit à aucun moment que les J.O. de Los Angeles se sont déroulés en 1984...

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Deux mètres dix

Encore un livre se rapportant au sport, et beau, et poétique, et passionnant !

Jean Hatzfeld raconte la compétition entre des athlètes américains et soviétiques, deux sauteuses en hauteur, puis deux haltérophiles, au tournant des années 70/80. En raison des boycotts de leurs pays respectifs, ils ne s'affronteront jamais aux Jeux Olympiques, mais se croiseront lors de quelques championnats -ou dans des visions, ou se retrouveront 40 ans plus tard.

Plus que de compétition pure, ce roman parle d'ouverture, de paix (de l'esprit) et de respect. Les Soviétiques sont des Kirghizes (et grâce à Hatzfeld, j'ai découvert un peu de leur culture et de leurs paysages), charmés par la décontraction yankee (pour la sauteuse), ou étonnés par la haine anti-communiste que leur vouent leurs adversaires américains (pour l'haltérophile).

L'auteur évoque les lendemains de gloire difficiles et les ravages du dopage, mais son écriture est éthérée, et ponctuée d'allusions au chamanisme, aux légendes d'Asie Centrale, et à la puissance de la Nature et des éléments. Brodé autour de sportifs de haut niveau fictifs et fascinants, c'est un récit court, léger et profond, une belle découverte !
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Deux mètres dix

Dès le début de ma lecture, je n'étais pas convaincue. Arrivée à la fin, je reste déçue.

De quoi est-il question ? D'un roman ou d'un documentaire ? S'il s'agit d'un documentaire, on se perd dans les époques, les différents jeux, les différentes compétitions. S'il s'agit d'un roman, il manque une sacrée dose de romanesque.

En faisant quelques recherches, on se rend compte que les athlètes décrits n'existent pas. C'est donc un roman.

Un roman qui montre surtout la déchéance des athlètes, leur utilisation politique, le possible respect entre eux, le dopage.

Mais un roman qui effleure ces sujets sous couvert de style, d'allers et retours entre les époques et les personnages. Quand enfin, on pense que ceux-ci se sont rencontrés, on part à la recherche d'autres.
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Deux mètres dix

J'ai pris plaisir à lire ce livre qui nous dévoile les arcanes du sport, que ce soit les gestes répétés inlassablement, les relations au sein d'une équipe, l’ascension, la chute. La fiction permet à l'auteur Jean Hatzfeld d'aborder les enjeux géopolitiques entre l'URSS et les Etats-Unis en pleine guerre froide. Sur l’échiquier de la scène internationale, les athlètes sont sélectionnés et préparés pour montrer la puissance de leur pays. Tous les moyens sont bons : dopage, entraînement quasi militaire.

Un bon livre instructif, plaisant à lire, et des personnages avec de l'épaisseur. C'est aussi l’occasion de découvrir une jolie contrée, le Kirghizstan.
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Deux mètres dix

J'ai eu la chance de recevoir en avant-première le dernier ouvrage de Jean Hatzfeld "Deux mètres dix". J’ai beaucoup aimé ce roman qui traite d’un sujet toujours d’actualité : le sport de haut niveau et ses dérives, qui plus est sur fond de guerre froide.



Nous y rencontrons deux sauteuses en hauteur, l’Américaine Sue Baxter et Tatyana Izvitkaya, kirghise d’origine Koryo-saram comme on appelle les coréens présents dans les anciens États soviétiques et deux champions en haltérophilie, l’Américain Randy Wayne et le géant kirghise, Chabdan Orozbakov.



Quatre grands champions, quatre destins que l’auteur décortique à partir des jeux olympiques de 1980. Car, autant que la rivalité, ces athlètes développent un sentiment d’admiration réciproque. Cet ouvrage est passionnant qui à la fois raconte l’histoire de ces héros mais dresse aussi le portrait de deux sports qu’il décrit à la manière d’un tableau. L’auteur a ce talent de rendre vivant une épreuve d’haltérophilie et de décrire par le menu la préparation des athlètes pour un concours de saut en hauteur avec poésie "Il reste en lisse cette soviétique d’allure insolite… Elle regarde la barre, sourit. Des cheveux noirs et lisses embrassent en ovale un visage asiatique aux traits fins... Elle se déplace de deux pas vers le centre du sautoir, prélude d’une originale trajectoire d’élan."



S’ajoute à cela une belle étude de l’ex-URSS et de ses exigences en matière de sport. Chaque épreuve fait l’objet d’une attention extrême, rien n’est laissé au hasard et les pilules circulent…



Il s’agit là d’un roman aux intérêts multiples qui conjugue de magnifiques portraits d’athlète et de leurs relations, un rappel de ce que fut la guerre froide et ses impacts jusque dans les grandes compétitions sportives, et un regard sur le monde du dopage traité avec beaucoup de finesse.



J’ai trouvé ce récit passionnant.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Deux mètres dix

Je dois cette lecture à Gwen21 dont le billet m'a donné furieusement envie.

Et aussi le thème de départ qui allie plusieurs de mes passions, l'histoire, et particulièrement la période de la guerre froide, et le sport. Si je suis assez sportive (j'ai longtemps pratiqué la natation, je fais régulièrement de la gym suédoise depuis plus d'une décennie et je cours toutes les semaines), je suis surtout une sportive du dimanche, comme on dit, ne cherchant pas la performance, même si je l'admire, mais aimant plutôt l'effort qu'exige la pratique sportive. Et un de mes plaisirs, tous les quatre ans, ou plutôt tous les deux ans depuis l'alternance, est de regarder les jeux olympiques. Je peux passer des heures avec le téléviseur allumé, regardant des disciplines aussi diverses que le tir à l'arc, la gymnastique, le plongeon ou l'athlétisme.



Dans ce récit, il est question d'athlètes de très haut niveau, des athlètes olympiques, deux sauteuses en hauteur, deux haltérophiles, les quatre oeuvrant au début des années 80, l'une des sauteuse étant américaine, l'autre kirghize concourant pour l'URSS; l'un des haltérophiles étant lui aussi américain, l'autre kirghize. Mais que s'est-il passé au début des années 80 et qui a pu bouleverser ces athlètes ? Le boycott des Jeux de 1984 à Los Angeles du bloc de l'Est en réponse au boycott des Jeux de 1980 à Moscou des Américains. La carrière d'un sportif est relativement courte, quatre ans c'est très long.



Mêlant les petites histoires dans la grande, la grandeur d'un pays se mesurant également à la performance de ses athlètes, quel qu'en soit le prix, Jean Hatzfeld nous dépeint dans ce récit les vies tantôt réussies tantôt brisées de quatre sportifs dont on ne voulait voir que les performances et les sourires, sans penser qu'il y avait, derrières ces athlètes, des hommes et des femmes faits de fêlures, de chair et de sang. Du dopage d'État aux hauteurs du Kirghizstan, l'auteur explore les failles de ces hommes et de ces femmes au service d'une propagande plus ou moins affichée, qu'on n'hésite pas à lâ(yn)cher une fois qu'ils n'ont plus d'intérêt.



Le roman offre des moments de vie de ses héros, naviguant entre passé et présent de manière plutôt morcelée ce qui peut être assez déroutant puisque le sentiment d'unité qu'on attend généralement d'un roman peut sembler absent. Ce fut pourtant pour moi une très bonne lecture, la découverte d'une plume et d'un écrivain.



Lu en avril 2022
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Deux mètres dix

Sue et Randy sont américains, Tatiana et Chabdan sont Kirghizes ; tous les quatre sont des athlètes de haut niveau : Sue et Tatiana s'affrontent au saut en longueur tandis que Chabdan et Randy sont haltérophiles.

Une lecture assez sympathique sur une histoire dans l'Histoire. En effet, les bouleversements de certains pays dans les années 80-90 ont été jusqu'à empiéter sur le sport de haut niveau. Les descriptions par l'auteur des mouvements des athlètes sont impressionnantes de réalisme. Une lecture intéressante.
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Deux mètres dix

Sue et Tatyana. Deux sauteuses en hauteurs. L’une américaine, l’autre soviétique, kirghize.

Randy et Chabdan. Deux haltérophiles. L’un américain, l’autre soviétique, kirghize.

Chacun dans sa spécialité, ils vont se rencontrer lors de championnats mais pas les JO. Dans les années 80, les jeux olympiques de Moscou seront boycottés par les américains. Les jeux de Los Angeles le seront par les soviétiques.

Jean Hatzfeld raconte le parcours sportif de ces athlètes, leur début, la reconnaissance, le travail, la pression mais aussi le dopage. Dans les années 80, c’est le temps de la guerre froide et les deux puissances rivalisent aussi sur le terrain sportif.

Des années plus tard, Tatyana invite Sue dans ses montagnes kirghize et Randy partira sur les traces de Chadan au Kirghizstan devenu indépendant à l’éclatement de l’URSS. Une façon d’évoquer ce que deviennent les sportifs après la compétition.

J’aime le sport et j’ai vraiment aimé ce livre. Jean Hatzfeld, ancien journaliste sportif, décortique les gestes sportifs tout en poésie. Il nous remet dans le contexte politique de l’époque et cela raisonne étrangement en ces jours sombres.

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Deux mètres dix

Ce fut laborieux. Pas que ce livre soit mauvais, pas qu'il soit inintéressant, même pas qu'il soit long, mais j'ai eu tellement de mal à accrocher au début. Puis, petit à petit, on rentre dans l'histoire. Surtout dans la beauté du Kirghizistan il faut dire, même si ça n'est pas central je crois. Seulement voilà, le reste, le sport, la guerre froide, c'est pas du tout mon rayon. C'est le genre de livre qui doit demander un bagage culturel que je n'ai pas (j'ai l'impression de dire ça sans cesse ces derniers temps, je suis à deux doigts de croire que je suis stupide...)
Mais voilà, il faut découvrir la guerre froide, les tenants et aboutissants, les jeux olympiques de l'époque et leur différent boycott, la Corée aussi, le communisme, l'URSS (ou la CCCP en VO), donc j'ai passé tout le début du livre sur Wikipedia...
Bon après, soyons honnête : on peut comprendre ce livre, adhérer à l'histoire sans connaître la grande Histoire, c'est que je suis curieuse moi. Mais si on se contente de l'histoire de ces quatre sportifs, c'est vraiment intéressant. Bien sûr c'est un roman, mais je ne doute pas une seconde que la réalité soit très proche. Les envois en Sibérie, les pilules pour être plus fort que le corps humains, ce que ça provoque des années plus tard, les corps abîmés, et le mental des anciens grands champions totalement bousillés.
C'est vrai j'ai un peu souffert pendant cette lecture. Mais alors j'en ressort avec l'impression d'être rentré dans l'esprit de grands champions de l'époque, et l'impression que je verrais un peu différemment les images des jeux olympiques d'hier. (Et pourquoi pas d'aujourd'hui, le monde a-t-il vraiment changé?)
Lien : https://stephalivres.wordpre..
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Deux mètres dix

Jean Hatzfeld, ayant été journaliste sportif, plante le décor de son roman dans la thématique qui lui est chère, et, particulièrement pendant les jeux de 1980 à Moscou et de 1984 à Los Angeles. On suit quatre athlètes, deux femmes, championnes de saut en hauteur et deux hommes, champions d'haltérophilie. Dans chaque discipline, l’un ou l’une est russe et l’autre représente les Etats -Unis. On imagine déjà que la volonté de l’auteur est bien de mêler sport et politique en pleine guerre froide. Mais cela va plus loin car, sont aussi abordés le problème du dopage et des conséquences que cela peut avoir sur les sportifs et les difficultés que rencontrent les minorités au sein de la Russie communiste. Les rivalités sont surtout politiques car les sportifs, même s’ils sont concurrents se respectent et s’admirent réciproquement. Dans la première partie de l’ouvrage, j’ai beaucoup apprécié les descriptions des corps en actions lors des épreuves olympiques et dans la seconde, c’est le dépaysement créé par l’entrée dans l’intimité de la vie, après exploits, des athlètes russes kirghizes. Un roman surprenant entre fiction et réalité, dont on ne saisit pas toujours les frontières. J’ai découvert des univers qui m’étaient totalement inconnus avec intérêt.
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Deux mètres dix

j'ai été touchée par ce roman qui raconte le parcours de 4 grands sportifs. Nous partageons leurs ascensions, leurs moments de gloire et leurs vies après leur carrière sportive. Ce roman bien écrit est plein de sensibilité.
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Deux mètres dix

Autour de 4 athlètes, Jean Hatzfeld reconstitue les conséquences de la guerre froide dans le monde du sport : 2 gymnastes, 2 haltérophiles, 2 Russes, 2 Américains qui participent aux jeux olympiques. C'est aussi l'histoire d'un pays, le Kirghizistan sous domination russe à ce moment-là. Et bien sûr, les contraintes des entraînements, l'exaltation des concours et pour les Russes, la présence continuelle du KGB. Ces 4 sportifs au parcours différent sont décrits dans leur complexité, leurs contradictions, leurs espoirs et leur déconvenue.

On suit surtout les 2 jeunes femmes, Sue et Tatyana, au corps détruit par les traitements hormonaux pour l'honneur de leur nation. On songe bien sûr aussi à "la petite communiste qui ne souriait jamais ".

Elles se retrouveront des années plus tard au Kirghizistan, entourées d'une nature sauvage et de troupeaux de moutons qui les aideront à se reconstruire.

Lecture très intéressante et d'actualité !
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Deux mètres dix

C'est une histoire très curieuse de rencontres. Sue est américaine, Tatyana est kirghize. Toutes deux sont championnes de saut en hauteur fin des années 1970, début des années 1980. Sur cette même période Chabdan, kirghize, et Randy, américain, s'illustrent en battant des records du monde en haltérophilie. C'est l'époque de la guerre froide, Etats-Unis d'Amérique et Union des républiques soviétiques se mesurent, se combattent aussi à travers les performances de leurs athlètes. Trente ans plus tard, ces sportifs à la retraite, se retrouvent et soignent leurs maux. Jean Hatzfeld, presque sans l'air d'y toucher, comme si on était dans un songe, parle de geste sportif aérien et puissant, de dopage et de ses conséquences, de la vie "d'après" des sportifs de haut niveau, de haine entretenue entre États belliqueux, de revendications indépendantistes et de déportation, de solidarité et de remords, d'amitié et de résilience. Ces 2m10, barre qui reste encore à franchir, comme un cap, une volonté de croire au lendemain apaisé. Ce roman un peu déroutant par sa construction, marque toutefois par sa poésie, ce flottement qui emporte.
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