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Critiques de Jean-Michel Guenassia (1043)
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Le club des incorrigibles optimistes

J'ai lu ce livre de 750 pages en 3 jours, sans l'ombre d'un ennui. Bien au contraire ! Jamais entendu parler de l'auteur, Jean-Michel Guenassia, avant cette rentrée littéraire ! Normal, c'est son premier roman et quel roman ?!



Michel Marini, le pivot de ce récit, va fréquenter le Club des incorrigibles optimistes d'octobre 1959 à juin 1964. Cela bouleversera sa vie.



En 1959, Michel est un petit parisien de 12 ans plus passionné par la lecture et le baby-foot que par ses études. Son temps libre, il le passe principalement au Balto, troquet tenu par d'authentiques Auvergnats à Denfert-Rocherau. Michel est un garçon curieux et si les parties de baby-foot ne souffrent pas d'amateurisme, cela ne l'empêche pas de prêter une oreille attentive aux discussions enflammées de ses ainés, jeunes gens fortement engagés politiquement, tels son frère, Franck et son ami Pierre qui partiront pour la guerre d'Algérie, déterminés à tout révolutionner, quitte pour cela à devancer l'appel. En attendant, de fortes amitiés se créent. Michel découvre le rock'n roll, les dissenssions politiques et littéraires et le Club des incorrigibles optimistes. C'est un club d'échec dans l'arrière-salle du Balto où parfois Sartre et Kessel se joignent aux autres membres. "C'étaient quasiment tous des gens des pays de l'Est. Des Hongrois, des Polonais, des Roumains, des Allemands de l'est, des Yougoslaves, des Tchécoslovaques, des Russes, pardon, des soviétiques reprenaient certains. Il y avait même un Chinois et un Grec." Tous avaient quitté leur famille et leur pays dans des "conditions dramatiques et rocambolesques". Mais de cela, ils n'en parlaient jamais et il faudra du temps à Michel pour rassembler les pièces du puzzle de leurs vies.



Ce roman est d'abord un roman sur la trahison. Tous les personnages (ou presque) ont trahi un proche ou leurs idées. En face, bien sûr, il y a le pardon. Mais la trahison est-elle pardonnable ? C'est la question que va vite se poser Michel. Mais ce n'est pas le seul souci du jeune homme qui découvre que vivre, c'est apprendre à perdre et que la psychologie humaine est particulièrement complexe. Heureusement pour lui, Michel a des antidotes à tous les maux : la littérature, la photographie et la cinémathèque de la rue d'Ulm. Et puis, il y a l'Amour...



Jusqu'en 1964, petits et grands événements ne laisseront aucun répit à ces destinées peu ordinaires, composant un livre si dense qu'il est difficile de le résumer.



Avec un rythme impeccable, une documentation sans failles, du rire, des larmes, cet ouvrage est captivant, on ne peut plus le lâcher une fois commencé... Sa construction est parfaite, très élaborée. Jean-Michel Guenassia écrit plusieurs romans dans un roman, plusuieurs histoires qui se dévorent sans qu'on se sente égaré.



Il y a aussi la question que l'on se pose forcément : Joseph Kessel et Jean-Paul Sartre fréquentaient-ils le même bistrot et aidaient-ils les réfugiés politiques ?



Je vous conseille fortement cette lecture qui laisse "échec et mat" et qui se lit comme on boit une vodka : d'un coup !



Bref, un livre formidable ! Il sonne si vrai qu'on en oublie parfois que c'est un roman.
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A Dieu vat

Je viens de terminer ce magnifique roman de Jean Michel Guenassia, une histoire qui se déroule sur 4 décennies, c'est l'histoire de de Thomas et Marie , jumeau, et de celle de Daniel et Arlene, Arlene est une jeune fille née dans une famille d'ouvrier et les autres avec une petite cuillère en argent, Une amitié, une sorte de fratrie, à la vie à la mort rien ne pourra briser leur amitié, Une histoire sur fond de guerre, Un roman où les femmes sont à l'honneur, des pères des maris absents, durant la guerre, les 4 amis grandissent, mes les aléas de la vie, font changer leurs idéaux. Ils grandissent trop vite, et leur amitié s'étiole , durant les années lycée, Arlene décide de braver les tabous et devenir la première femme ingénieur ,elle rejoint CNRS, puis le Commissariat à l'Énergie Atomique alors que sa mère voulait la faire entrer dans le monde du travail, Une amitié qui s'étiole, chacun prend un chemin différent, Daniel, issu d'un milieu militaire, suit sa destiné et rentre à Saint Cyr. Thomas est un rang rêveur et s'imagine de devenir poète, au gros dam de ses parents Marie déclare et revendique sa condition féministe, Une histoire intense sur l'amour, l'amitié, le courage , les premiers mois qui font disloquer leurs rêves d'enfants. C'est avec une grande finesse qui l'auteur signe cette merveilleuse saga, les descriptions, sont existentielles , pimentant le parcours et l'évolution des personnages dans l'histoire, La plume de l'auteur est subtile, sensible et un brin poétique, nous avons une sensation de faire partie du récit, la lecture est captivante, envoûtante, surprenante,

Une ode la vie, a l'amour à l'éternité

Un roman magistrale que je vous recommande ,Un gros coup de coeur,





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Le club des incorrigibles optimistes

Je vois 285 critiques sur ce livre. Aïe aïe aïe! comment m'y prendre pour intéresser un ou deux lecteurs.. et pourtant, j'ai tellement aimé ce roman que je ne résiste pas au plaisir d'en parler!



Lorsque l'histoire débute, nous sommes encore à l'époque bénie où Montparnasse, Saint Germain, et "le boul'miche" se disputent la vedette. Il y a les bourges, et les communistes. Les bourges habitent les appartements haussmanniens, les femmes, souvent au foyer ont des permanentes gaufrées et leurs maris roulent en DS. Les classes populaires prennent l'autobus. Les chauffeurs de taxi sont souvent russes. France soir tire à plus d'un million d'exemplaires, les jeunes en blue-jean dansent le rock'n'roll dans les surboum. A chaque coin de rue un "bougnat" ouvre un café ou chacun peut jouer au baby foot. Michel Simon, Tino Rossi et Pierre Fresnay sont des vedettes incontestées. C'est aussi et surtout la guerre d'Algérie.

C'est dans cette ambiance tout-à-fait particulière que Jean-Michel Guenassia a choisi de planter le décor de son roman.



Le personnage principal Michel Marini a douze ans. C'est à lui qu'incombe la lourde tâche de nous raconter cette histoire qui m'a tenue en haleine pendant 750 pages.



Le petit Michel se débrouille vaille que vaille entre ses compos de math où il n'excelle pas vraiment, une mère autoritaire et ambitieuse issue d'un milieu choisi, et un père tendre et compréhensif, issu lui de la classe ouvrière et rital de surcroît. L'ambiance n'est pas facile à la maison et Michel se réfugie dans un café "Le Balto" où il rencontre des réfugiés russes, roumains, polonais et deux personnages célèbres: Jean-Paul Sartre et Joseph Kessel.





C'est dans l'arrière salle du Balto que vont se dérouler des parties d'échecs animées. C'est dans cette salle que vont se nouer des amitiés solides, des confidences de la plus haute importance, des intrigues et des combats.

C'est dans cette salle que Michel va s'initier aux échecs bien sûr mais pas seulement. Il va côtoyer un monde parfois absurde où le partage des idées et des biens est le seul remède à l'insoumission à la précarité et au déracinement. Michel s'appuie sur cette expérience riche et variée pour apprendre la vie.



Cette histoire, sans pathos, conserve un rythme incroyable. Nous sommes sans cesse "balancés" de l'histoire personnelle des Marini à L Histoire mondiale sans que cela nuise au récit. Les ponts sont établis et tous les événements se tiennent habilement ce qui permet de maintenir la structure romanesque. lorsque l'on adhère à cette histoire on se déconnecte de notre époque pour plonger dans une ambiance propre aux années soixante.



Les personnages deviennent rapidement familiers. Ils sont nombreux certes mais la structure de l'histoire permet de les assimiler sans peine.

J'ai personnellement fait un parallèle entre les parties d'échecs tranquilles mais néanmoins stratégiques et le pari sanglant de la guerre. Entre le roi qui est menacé de capture et le soldat qui se bat. Entre le déplacement des pièces du jeu et le déplacement des réfugiés qui sont parfois dans une situation délicate.

Echec et mat!









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Les Terres promises

Avec Les Terres Promises de Jean-Michel Guenassia (Le Club des Incorrigibles Optimistes, Trompe-la-mort, La Valse des arbres et du ciel), je suis justement reparti sur les traces de ces Incorrigibles Optimistes, pour une nouvelle saga s’étalant de 1964 jusqu’au début des années 2000.

Avec sa verve intarissable, l’auteur m’a entraîné dans un tourbillon historique un peu long au final mais la plupart du temps passionnant.

Dans l’histoire des frères Marini, Franck et Michel, difficile de savoir quel pays tient la vedette car la France, l’Algérie, Israël et la Russie sont les principaux théâtres de leurs aventures et de celles de leurs amis.

Fils de parents séparés, Michel et Franck ne se voient plus car l’aîné, Franck, militaire en Algérie, a déserté après avoir tué un officier qui voulait l’empêcher de quitter le pays avec Djamila, une femme qu’il aimait et qu’il laissa, là-bas, enceinte. Revenu en France, il a retrouvé Cécile, prof de français, qui donnera le jour à Anna, leur fille, que Franck n’a pas connu car obligé à nouveau de fuir pour échapper aux poursuites. C’est avec lui que se déroule un bon passage dans l’Algérie devenue indépendante.

Écrivant de façon très vivante, Jean-Michel Guenassia m’a passionné en me replongeant dans l’Histoire tout en me faisant partager la vie des gens pris dans ce tourbillon.

Toujours alerte, le récit passe de l’un à l’autre, m’apprend que Paul, le père de Franck et Michel, est revenu vivant du stalag, grâce à un trèfle à quatre feuilles trouvé là-bas par le plus grand des hasards. Il n’hésitera pas à en fabriquer un de plus et ces porte-bonheur passeront de l’un à l’autre. Pour l’efficacité, il suffit d’y croire. C’est comme pour la religion qui surgit de temps à autre car Franck est devenu fan de Charles de Foucauld alors qu’il est un marxiste convaincu.

Avec la famille Marini, il ne faut pas oublier les frères Sacha et Igor Markish. Le premier était membre éminent du KGB et, sans se faire connaître, a réussi à prévenir son frère de son arrestation imminente. Ainsi, Igor qui est médecin, a pu fuir, laissant femme et enfants. Quand ça tourne mal pour lui, Sacha quitte aussi l’URSS pour Paris mais est rejeté par les membres du Club des Incorrigibles Optimistes, tous réfugiés du bloc de l’Est. Même Igor qui lui doit la vie sauve, ne lui parle pas. Aussi, Sacha, à bout, se pend.

Après un long épisode algérien très instructif, Igor et Michel arrivent en Israël où ce dernier retrouve Camille, sa petite amie, partie avec ses parents, vivre dans un kibboutz. Là aussi, le roman est passionnant car il démontre le fonctionnement du pays comme il l’a fait pour l’Algérie et le fera ensuite pour l’URSS.

Franck veut retrouver Djamila. Michel cherche Camille. Igor prend tous les risques pour revoir femme et enfants. Ces quêtes fructueuses ou infructueuses, souvent dangereuses, émaillent un roman qui sacrifie beaucoup, hélas, dans sa dernière partie à la religion orthodoxe.

Tout cela est habilement mené, bien articulé par Jean-Michel Guenassia. Libre à tout un chacun d’y croire ou non mais la lecture de ce roman-fleuve : Les Terres Promises, m’a fait passer des moments passionnants, rappelé des événements historiques pas si lointains mais un peu oubliés. C’est un roman que je suis content d’avoir dévoré.


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Le club des incorrigibles optimistes

Je referme ce compagnon de route de quelques semaines avec un léger parfum de nostalgie.

Ce livre mêle la petite histoire à la grande avec élégance et émotion.

Le Paris des années soixante, son café de la Place Denfert Rochereau, symbole du foisonnement intellectuel nous est dépeint à travers le regard d'un adolescent, Michel, qui s'ouvre à la vie et à la politique.

Je pense à "Une vie française" de Jean-Paul Dubois ou au film "Skylab"de Julie Delpy qui nous décrit de façon humoristique les vacances d'une famille française à la fin des années 70, et nous livrent avec grâce le doux témoignage d'un temps révolu: celui de l'enfance, la nôtre, celle de nos parents dont nous sommes si friands.

Le cercle des incorrigibles optimistes a le merveilleux pouvoir de réveiller l'enfant, l'adolescent qui sommeillent en chacun de nous.

Je rejoins donc le cercle très large de ceux qui ont été profondément touchés par ce beau roman.
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Les Terres promises

Quelle lecture passionnante que Les terres promises de Jean-Michel Guenassia !

J’avais déjà été emballée par Le Club des Incorrigibles Optimistes, cette épopée intime d’une poignée de réfugiés du bloc de l’Est, dont Igor, Léonid et Sacha qui s’adonnaient avec passion aux échecs dans l’arrière-salle du Balto, place Denfert-Rochereau à Paris, sous l’œil attentif du jeune Michel Marini. C’était en 1959 et il avait 12 ans.

L’auteur a eu l’idée géniale de donner une suite à ce roman. Les Terres promises peut néanmoins se lire indépendamment. J’appréhendais, d’ailleurs, de ne plus me souvenir des personnages, ma lecture datant d’une dizaine d’années, mais aucun problème, l’auteur replaçant bien chacun des personnages dans son contexte.

Nous sommes en 1964 et Michel a maintenant 17 ans. Il attend désespérément une lettre de Camille espérant pouvoir aller la rejoindre, elle qui est partie vivre avec ses parents dans un kibboutz en Israël. Son frère Franck, recherché par les autorités françaises depuis qu’il a déserté, repart en Algérie où il va s’engager à fond dans la reconstruction de ce pays en partant de zéro, espérant avant tout retrouver la jeune Algérienne qui attend un enfant de lui. Quant à Igor, arrêté après la mort de son frère Sacha, il pense de plus en plus à retourner en URSS pour retrouver sa famille qu’il pense avoir trahie en l’abandonnant.

France, Israël, Algérie, URSS, Jean-Michel Guenassia nous embarque dans un voyage où les protagonistes sont pleins d’illusions et prêts à changer le monde. Tous s’engagent, pensant comme Franck en Algérie qu’« ils auraient la chance historique de participer à l’élaboration d’une société plus juste … en finir avec la cupidité, l’égoïsme, la maladie, l’illettrisme.. . ». Ils reçoivent des coups, souffrent mais s’ils sont partis c’est pour pouvoir s’impliquer sur ces terres promises et quoi de mieux que la promesse, le rêve !

Les utopies, le désir et une volonté chevillée au corps de vouloir changer le monde, c’est ce que raconte l’auteur dans ce roman avec malheureusement toutes les désillusions qui ont suivi.

Je n’avais jusque-là pas vraiment lu d’ouvrage où la période post-indépendance de l’Algérie était traitée et j’ai donc apprécié de découvrir comment la reconstruction de ce pays après 1962 a pu se faire et les déboires rencontrés.

J’ai été surprise en voyant comment la religion orthodoxe avait pris de l’ampleur après l’effondrement du communisme, une sorte de nouvelle utopie.

La narration historique des années 1960 jusqu’à la fin du XXème siècle est fabuleuse et transcrit à merveille cette époque où on pensait qu’il était possible de changer le monde.

C’est également à un voyage intérieur qu’il nous est donné de vivre à travers ces personnages. Chacun est à la recherche d’un proche, de sa famille, de ses enfants. L’amour, le doute, la culpabilité, mais toujours l’espoir, la solidarité et la tolérance.

À la fois roman d’aventures où le suspense est maintenu jusqu’à la fin, avec un brin d’angoisse, roman sociétal, roman intimiste, roman historique, Les Terres promises tient largement les promesses des Incorrigibles Optimistes, même si la religion a, à mon goût, une place trop prégnante et si la fin perd un peu de rythme à mon sens !

Plus de 600 pages qui se dévorent allègrement laissant la nostalgie d’une époque révolue et signant malheureusement la fin de toutes nos utopies.


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Le club des incorrigibles optimistes

Ce roman est juste une pépite, une belle, une vraie.. une pépite qui fait que tu laches toutes tes lectures en court juste pour pouvoir te consacrer a celle-ci.



Et dire que ce roman aurait pu ne pas venir entre mes mains...récemment j'ai vu le titre passer sous mes yeux sur babelio. Et il ne m'en a pas fallu plus. J'ai lu dans Le maître des livres de Umiharu Shinohara que c'était les livres qui nous choississaient et là avec ce roman je pense que c'est complètement vrai.



Un roman qui ne paye pas de mine : c'est l'histoire d'un ados Michel qui rencontre des gens de son âge, plus vieux, plus jeunes, venus d'autres horizons.. et toutes ses rencontres vont forger sa vie.

Mais ce qui fit la force de ce roman c'est la narration simple, prenante et réaliste. L'auteur arrive a laisser trainer certaines questions, ce qui te pousse a vouloir en savoir plus. Et si ce roman peut sembler léger au premier abord il est en fait d'une grande complexité. Les personnages le sont déjà complexes.. mais ne le sommes pas tous par notre passé, notre expérience ?



J'ai tout simplement dévoré les pages les unes après les autres (j'ai même ralé du changement d'heure.. non pas parce que je perdais une heure de sommeil, mais une heure de lecture) , j'ai eu des frissons , de la joie, de la haine, de l'incomprehension tout au long du récit de Michel... mais j'ai été passionnée par sa jeunnesse, ses rencontres. Et franchement j'aurais bien voulu m'asseoir une heure ou deux à une table du Balto pour le rencontrer ainsi que ses amis. Et c'est pour moi ce qui fait un très grand roman.

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De l'influence de David Bowie sur la destin..

Un des livres que j'attendais impatiemment de cette rentrée littéraire 2017.



Mon premier Guenassia.



D'abord ce titre ! Mais ce titre ! J'adore !



Après, j'ai passé un bon moment de lecture.



Des personnages humains, attachants. On suit les aventures de Paul, garçon à l'apparence androgyne, et de ses deux mamans. Dont l'une est hétérophobe et haute en couleurs.



Un roman résolument moderne, ancré dans notre époque.



Il m'a juste manqué de ce petit plus qui en aurait fait, à mes yeux, un grand roman. J'ai aimé comme une entrevue avec un bon pote, un bon moment, simple et convivial.



Je ne regrette pas !



Et si vous voulez connaître le pourquoi de David Bowie, il faudra lire jusqu'au bout les amis !

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A Dieu vat

°°° Rentrée littéraire 2023 # 31°°°



1924, Irène rencontre Georges, beau comme Rudolph Valentino, dans une guinguette des bords de Marne. Une première fille naîtra, Arlène, quasi en même temps que trois autres enfants, Daniel, les jumeaux Thomas et Marie, nés eux dans des familles très riches dont les mères se lient avec Irène qui travaillent pour eux comme couturière. C’est l’histoire de ces quatre enfants que l’on suit, de leur naissance jusqu’aux années 1960.



Dès les premières pages, le lecteur est pris dans un tourbillon de mots empli de personnages, de détails, d’événements. Cela m’a donné le tournis, j’ai mis du temps à entrer dans cette narration très dense faite de paragraphes compacts et de paroles dialoguées directement insérées dans le corps du texte. J'ai quand même fini par poser mes yeux sur les personnages et leurs parcours.



Jean-Michel Guenassia brasse beaucoup de sujets historico-sociétaux qui dressent un portrait grand panorama d’une France en pleine évolution : l’Occupation durant la Deuxième guerre mondiale, les guerres coloniales d’Indochine et surtout d’Algérie ; la condition féminine, le développement du nucléaire, les débuts du CNRS et du CEA ( Commissariat à l’énergie atomique ), le redémarrage économique des Trente glorieuses, entre autres.



Mais ce n’est pas ce contexte qui guide à proprement parler les pas des personnages, il est là, présent comme une toile de fond discrète mais marquante. Ce n’est pas la politique qui les anime. Ce sont leur famille, leurs valeurs, leurs idéaux. Ce sont leurs émotions qui font avancer le récit : amours, amitié, trahisons, haines, rapprochements, rancœurs, des montagnes russes sur quatre décennies.



Et c’est Arlène qui constitue le cœur central du quatuor. Un beau personnage de femme, surdouée des mathématiques mais en butte à une société patriarcale doit se battre de façon insensée pour mettre un pied dans la porte et devenir qui elle veut, à savoir ingénieure. L’auteur a le sens des situations et des portraits : Thomas le poète incompris, Marie l’intransigeante, Daniel droit dans sa tête mais déchirée en son cœur, Arlène déterminée et secrète.



Le récit est tellement vivant, détaillé que lorsque Guenassia raconte ses quatre vies dans le siècle, on a l’impression que ce sont des biographies placées sous le signe du Destin. A Dieu vat, locution utilisée par les marins pour annoncer que le bateau va virer de bord et se positionner face au vent. Et les personnages vont souvent devoir virer de bord pour affronter avec dignité un destin qui se joue d’eux, parfois cruellement, y compris sur la génération suivante.



Reste qu'une fois ce copieux roman choral refermé, j'ai eu du mal à savoir si j'avais vraiment apprécié ma lecture, à la hauteur d'autres romans de l'auteur. Plusieurs semaines après, il me reste une sensation de trop plein qui m'a empêchée de réellement fixer les péripéties et de m'attacher aux personnages. Le tournis initial ne s'est en fait jamais totalement dissipé, malheureusement.

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La valse des arbres et du ciel

Encore une preuve qu’il n’est pas nécessaire de maltraiter la langue ou de se perdre dans des figures de style douteuses pour séduire un lectorat. C’est clair, limpide, et pourtant l’histoire est fondée sur un mystère non élucidé : celui de la mort de Vincent Van Gogh.



Nous sommes à Auvers-sur-Oise en 1890, alors que la Tour Eiffel est l’objet de polémique et que des pétitions circulent pour obtenir sa démolition. C’est aussi une période où les femmes passaient de l’autorité d’un père à la férule d’un mari, sans avoir pu exprimer la moindre volonté, au risque de se retrouver à la rue.



Marguerite Gachet ne l’entend pas ainsi. La froideur de son père l’a armée au moins contre le piège d’un chantage affectif, et c’est avec détermination qu’elle se distingue de ses congénères , d’abord en passant son baccalauréat (encore une institution vouée à une disparition rapide, si l’on en croit les prédictions des professionnels de l’éducation de l’époque). Malheureusement, elle n’a pas l’autonomie financière pour aller au bout de ses désirs, et poursuivre son but : se perfectionner dans l’art de la peinture (à l’école des Beaux-Arts, les femmes ne sont pas admises, et les académies privées qui les acceptent sont hors de prix).



C’est parce que son père monnaye ses piètres talents médicaux contre des toiles de peintres pas assez connus pour ne pas vivre dans la misère, que Marguerite croise sur son chemin le pas encore célèbre Van Gogh. La jeune fille voue un culte à la fois au peintre et à sa peinture, au point d’y risquer son honneur. De toute façon, il est hors de question pour elle de céder à la pression de son père qui lui enjoint d’épouser un futur pharmacien. Non, elle partira pour l’Amérique avec l’élu de son coeur.



L’aventure tourne au drame, et si la thèse du suicide ne résiste pas aux arguments des légistes, la mort par hémorragie interne à la suite d’une blessure par balle est accidentelle ou criminelle . Il est curieux qu’aucune enquête n’ait été diligentée après le décès de cet homme de 37 ans. La vie d’un artiste méconnu n’a t-elle que si peu de valeurs qu’on n’y accorde pas le moindre intérêt?

Jean-Michel Guenassia nous propose sa version des faits, plus plausible que l’officielle.



C’est avec talent que l’auteur nous dresse le portrait de ce siècle finissant, et l’idée d’insérer des extraits d’articles de presse de l’époque est excellente, car elle évite d’alourdir le récit, tout en le replaçant dans son contexte.



Ce qui fait tout le charme de ce roman, c’est aussi d’être le témoin de l’élan créateur du peintre (un petit conseil : se munir d’un support numérique ou papier avec des représentations des oeuvres de Van Gogh pour apprécier au mieux la description qu’en fait l’auteur).





C’est une incitation à revisiter l’univers pictural de ce grand peintre, dans ce roman aussi agréable qu’instructif.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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La vie rêvée d'Ernesto G.

Il est très bon ce livre de Jean-Michel Guenassia, « la vie rêvée d’Ernesto G. ». Un livre dont la conception est remarquable et le déroulement captivant.

Ça démarre à Prague, dans la Tchécoslovaquie d’hier puis la république Tchèque d’aujourd’hui. Á Paris et dans l’Alger des années 30. Une traversée du siècle puis un retour à Prague en passant par la deuxième guerre mondiale, le communisme et les rêves libertaires. L’exil pour les uns, la fuite ou la persécution pour les autres. Et, toutes ces vies qui défilent, inexorablement font sonner comme une épitaphe la citation en préface de Pablo Néruda : La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité.

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La valse des arbres et du ciel

♫Courir dans les tournesols

Marcher dans les champs de blé

Retrouver les parasols

Et le goût des nuits d'été

Les chevaux qui caracolent

Les souvenirs, les démêlés

Et les pastilles de menthol

Le goût de la liberté ♫

Les Tournesols-Marc Lavoine-1999-



Je renonce à l'inutile et à l'insignifiant

Je ne demande rien, ni parure ni enfant.

Mon cher Vincent je pars

le vol de nuit s'en va

je ne m'enfuis pas je vole

sans fumée sans alcool

dans le doute... absynthe toi.

Je stagne, je tourne en rond

avec mes ritournelles

On me rogne les ailes

Résignation, compromission

Réduire la distance à l'essentiel

toujours ce tournis

tour demain ciel bleu lavis

tourne sol

valse folle

tournez ma neige

sortir de ce florilège.



Signé Marguerite, un petit tournesol !



Ultime Ses jours, soixante -dix derniers !

ou l'Auvers du décor

Finir une balle dans le corps

Le docteur a tout Gachet

ton suicide bille en tête

sa fille s'rait-y pas la Gachette...



5/5 Stupéfiant !!!

Autant le peintre que l'écrivain

Salut aux artistes vraiment j'y tiens

A Jean Michel Guenassia

Tant il m'impressionna

il peint comme on se drogue...

Sacré Van Gogh. ;-)





















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La vie rêvée d'Ernesto G.

L’auteur du formidable Club des incorrigibles optimistes revient en force avec ce deuxième roman, je l’attendais depuis trois ans… Patience largement récompensée ! Oui, un roman encore plus romanesque qui nous émeut autant qu'il nous passionne et nous fait souvent sourire. 535 pages de pur plaisir !



C’est à une grande traversée du xxe siècle que nous invite Jean-Michel Guenassia avec le récit de la vie de Joseph Kaplan, brillant chercheur en biologie né à Prague en 1910 et issu d’une lignée de médecins juifs tchèques. Joseph a perdu très jeune sa mère et, avec l’approbation de son père, qu’il craignait d’abandonner, il termine ses études à Paris en 1936. Le Front Populaire s’installe, la guerre d’Espagne interpelle les intellectuels du monde entier, mais lui ne se passionne que pour le chanteur argentin Carlos Gardel et brûle toutes ses nuits à danser merveilleusement le tango. Embauché par l’institut Pasteur, il part à Alger pour étudier et mettre au point un traitement contre le paludisme. La Seconde Guerre mondiale l’oblige à se cacher dans une région reculée d’Algérie où se révèlent à lui la triste pauvreté d’un peuple, en même temps que sa passion pour l’exercice de la médecine de terrain. Après la Libération, un nouvel ordre mondial se met en place. Il est temps pour lui de rentrer dans son pays. Il croit au communisme et s’engage avec conviction en se faisant élire député. Évidemment, le temps des désillusions arrive. Joseph abandonne ses fonctions politiques pour retrouver la médecine en s’occupant de l’ouverture d’un sanatorium où on lui demande de soigner, dans le plus grand secret, un mystérieux patient qui ne parle que le français ou l’espagnol, et est sous la protection des plus hautes autorités de Moscou. Le titre du roman s’éclaire…



Amitiés trahies, amours déçues, enthousiasmes ou désespoirs politiques, abandons et retrouvailles sont au cœur de ce roman fleuve qu’on dévore avec passion. Un grand roman donc sur les désillusions des rêves mais comme dans Le club des incorrigibles Optimistes on rencontre des gens formidables qui croient encore malgré tout… On retrouve avec grand plaisir la plume de Guenassia qui sait si bien entremêler, avec un équilibre subtil, les destins et l'Histoire. C’est toujours aussi bien construit, rythmé, documenté , avec des personnages forts, originaux et attachants. Jean-Michel Guenassia confirme son art de la narration, c’est vraiment un talentueux conteur .



Vous avez adorez Le club des incorrigibles Optimistes, vous aimerez La vie rêvée d'Ernesto G. ! A lire en écoutant Carlos Gardel !

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Les Terres promises

On retrouve avec plaisir les personnages du Club des incorrigibles optimistes là où on les avait laissé.

Chacun suit son chemin

Franck se retrouve en Algérie au moment de l'indépendance.

Michel poursuit ses études à la fac, fait de nouvelles rencontres, mais il n'oublie ni Camille, ni Cécile.

Igor va chercher à se reconstruire après avoir été accusé du meurtre de son frère.



L'auteur mêle a avec brio personnages de fiction et personnages réels, le tout étayés de vrais moments historiques.



En tout cas ces hommes sont en quête d'eux même. Tout au long de ma lecture je n'ai aspiré qu'à une chose... Qu'ils puissent avancer sereinement dans leur histoire et enfin se trouver.



L'auteur est sans concession pour ses personnages.

J'ai une fois encore, mais en serait-il autrement avec JM. Guenassia, passé un très bon moment.

Quel plaisir de retrouver ces personnages tant aimé.



Néanmoins, j'ai trouvé la fin un peu abrupte... Mais peut être que l'auteur nous offrira un troisième opus.

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A Dieu vat

En juillet 1924, dans l’euphorie d’un monde à reconstruire, dans une guinguette en bord de Marne, une jeune serveuse Irène va rapidement s’éprendre d’un superbe danseur, Georges, ressemblant à s’y méprendre à Rudolph Valentino. Ce beau jeune homme est menuisier aux studios de cinéma Pathé.

Il trouve pour sa belle un travail de couturière aux studios et ils se marient bientôt à la mairie de Joinville. Avec la crise, la production à Joinville diminue et, heureusement, Irène fait de la couture à domicile, notamment chez Madeleine Jansen dans son immense maison de Saint-Maur. Elle fait connaissance également avec l’amie de Madeleine, Jeanne, héritière de la moitié de la banque Schmidt Frères et mariée avec un Virel d’Epernay dont la maison de champagne est renommée.

Irène, Madeleine et Jeanne se retrouvent enceintes. La première accouche d’une fille, Arlène. Le même jour, le 17 juillet 1928, avec dix minutes de retard, Madeleine donne naissance à un garçon, Daniel. Un mois plus tard, Jeanne mettra au monde des jumeaux Thomas et Marie.

Dans À Dieu vat, Jean-Michel Guenassia nous fait partager les vies aux destins emmêlés de ce quatuor, sur quatre décennies. Ce carré magique d’amis grandit entre la région parisienne et Dinard, où tous passent leurs vacances d’été dans la propriété des Virel qui domine la baie depuis la pointe de la Malouine.

À Dieu vat, est un véritable roman choral et sociétal, chassé-croisé d’amours éperdues, de destinées funestes et de rendez-vous manqués sur fond de bouleversements sociaux et politiques, une saga qui traverse les années, où vies intimes et grande Histoire s’entremêlent.

À travers le personnage d’Arlène, l’héroïne du roman, cette enfant surdouée, aînée d’une famille modeste, qui devra lutter encore et encore pour s’émanciper et tenter de devenir l’une des premières femmes ingénieurs atomiques en France, l’auteur raconte à la fois les combats des femmes et la fabrication de la première bombe atomique française.

Arlène, féministe dans l’âme, est dotée d’une force de caractère hors du commun !

On ne peut qu’être admiratif devant les efforts qu’elle fournit, dans un premier temps pour échapper à sa condition sociale et poursuivre ses études, puis pour s’imposer en tant que femme à une époque, pas si lointaine, où certains métiers, notamment scientifiques étaient réservés uniquement aux hommes. Il faut dire qu’Arlène, toute jeune ado, a trouvé près des gravats d’un immeuble éventré par une bombe, un livre gisant dans le caniveau : Calcul des probabilités, d’Henri Poincaré. Après l’avoir lu et avoir décodé ce qu’elle peut, elle se dit que c’est dans cette voie qu’elle doit aller. Elle n’en dérogera pas !

La vie des trois autres amis est également loin d’être linéaire. Daniel veut être soldat comme son père, Marie a une âme d’artiste et Thomas ne rêve que de poésie. Eux aussi devront se frotter aux conditions de l’époque et aux exigences de la société et des parents. Pour l’un d’entre eux ce sera fatal et la vie des autres en sera perturbée à jamais.

C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, dans des situations critiques, la seule solution semblant possible est de s’en remettre à la Providence après que le nécessaire a été fait et qu’advienne que pourra : À Dieu vat…

Dans la même veine que Le club des incorrigibles optimistes, Prix Goncourt des Lycéens en 2009, ou Les terres promises, avec À Dieu vat, Jean-Michel Guenassia, en nous contant les péripéties de ces quatre jeunes gens aux destins emmêlés, nous fait traverser les années.

Dans ce dernier roman, nous découvrons une jeunesse fracassée par trois guerres successives, des filles et des gens modestes voulant échapper à leur condition, mais aussi et c’est à mon avis ce qui fait la grande valeur et la puissance de ce roman, nous suivons un pan de notre histoire plutôt méconnu, peut-être volontairement. Il s’agit tout d’abord, du premier essai de bombe atomique française le 13 février 1960, dans le sud du Sahara algérien sur la base de Reggane. Le statut de colonisateur de la France expliquant la possibilité de telles expériences dans le sud du pays. La bombe avait une puissance trois fois supérieure à celle d’Hiroshima. Je n’ai pu m’empêcher de penser à ce film impressionnant de Christopher Nolan, Oppenheimer...

Suivront d’autres essais nucléaires sur le même site ou celui d’In Ekker pour une expérimentation d’essais souterrains. Celui du 1er mai 1962 ne se passera pas comme prévu… Le problème des contaminations radioactives est soulevé et aiguisera l’imagination de l’auteur, lui permettant de terminer sa saga en un véritable thriller aussi angoissant que palpitant.


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Les Terres promises

C’est motivant de retrouver plus de dix ans après ces héros tant aimés et que l’auteur avait laissés face à un avenir qui restait à imaginer ! La crainte aussi de ne pas raccrocher au fil, d’avoir oublié, d’avoir perdu la magie que nous avait fait vivre ce club de paumés rassemblés autour d’un jeu d’échec.



Eh bien, la magie reste présente, et c’est sans peine que l’on reconnaît Michel, qui a pris quelques années, mais est encore mineur, (la majorité à 21 ans, c’est pour un peu plus tard). Et puis Maurice qu’on avait eu le plaisir de croiser dans la vie rêvée d’Ernesto G. Et puis Camille, Cécile, même si ces deux là ont une propension pour filer à l’anglaise. Sans compter Leonid et Igor.



Plus de club d’échec improvisé, même si le jeu reste un fil rouge au cours du roman, mais surtout des voyages incessants, émigrations, dont les prétextes sont multiples, fuite de la justice pour Franck, recherche de sa bien-aimée pour Michel, désir de l’ailleurs pour tous. Seul Maurice reste à Paris où il monte un projet de grande surface d’électroménager, une révolution dans le monde du commerce.



Les rencontres sont foisonnantes et dans ce contexte politico-historique qui a conduit à l’autonomie de l’Algérie, les temps sont troublés. On a la chance de parcourir ces pages qui marient si bien la petite et la grande histoire, dans un récit qui impressionne par la documentation.



C’est un réel bonheur d’avoir enfin pu assisté à l’évolution de ces personnages que l’on a tant aimés, et qui sait, on laisse la dernière page avec l’espoir d’avoir une nouvelle tranche de ce qui deviendrait une saga.
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Le club des incorrigibles optimistes

Ce roman nous raconte l’histoire de Michel et de sa famille et s’étale d’octobre 1959 à 1964.



Il s’agit d’une famille dysfonctionnelle : la mère, bourgeoise de la famille Delaunay, a épousé un employé de la maison, immigré, d’origine italienne, au grand dam de ses parents. Ils se sont mariés au retour de la guerre, où le père a connu le stalag.



Un mariage un peu bancal ce qui n’est pas sans effets secondaires sur leurs trois enfants : Franck qui part en Algérie, Michel, notre héros et une petite sœur.



Il y a des heurts à propos de l’éducation des enfants, car la mère est psychorigide, alors que le père est plus compréhensif, sinon permissif.



Franck a des opinions bien arrêtées, communiste



Michel trouve un espace de liberté en jouant au babyfoot au Balto tenu par un couple d’Auvergnats et un copain de Franck, Pierre, devient son confident, lui fait découvrir le rock and roll, avec sa collection de disque fabuleuse, les livres.



Un jour, un rideau l’intrigue et il décide de jeter un œil, pour voir ce qu’il se passe derrière, et il découvre des hommes jouant aux échecs.



« Mû par la curiosité, j’ai écarté le rideau. Une main malhabile avait inscrit sur la porte : « Club des Incorrigibles Optimistes ». Le cœur battant j’ai avancé avec précaution. J’ai eu la plus grande surprise de ma vie. J’ai pénétré dans un club d’échecs. »



Ce sont des hommes qui ont dû s’exiler, sous le règne de Staline, sous l’emprise soviétique, du rideau de fer ; ils ont dû fuir leurs pays dans des conditions difficiles : URSS mais aussi Hongrie, Allemagne de l’Est, Grèce… . Ils sont désormais apatrides, ne parlent jamais de ce qui leur est arrivé, des raisons de leur exil à chacun et on devine qu’il y a eu de trahisons.



Ils ont des noms et des accents qui chantent, ils s’appellent Virgil, Igor, Pavel, Vladimir, Imré , Tibor ou encore Leonid…



Mais Michel croise aussi Sartre et Kessel que tout oppose mais qui prennent du plaisir dans leurs parties d’échecs.



J’avoue un petit faible pour Leonid qui pilotait fièrement son Tupolev et qui est passé à l’Ouest par amour!



J’ai dévoré ce roman, les personnages m’ont beaucoup plu, bouleversée, tant leurs personnalités sont bien trempées, cachant leur fragilité derrière leurs propos provocateurs, la souffrance de l’exil. Même la famille est attachante tant elle est écorchée, et la manière dont Michel évolue entre ce milieu familial rigide qui l’étouffe, où l’on se dispute, et ses rencontres avec les Incorrigibles ou avec Pierre (ou Cécile qui fait le pont entre eux) qui sont autant de bouffées d’oxygène est très intéressante.



L’écriture est fluide, pleine de grâce, de légèreté, alors que le sujet est loin de l’être et on se laisse emporter dans ce tourbillon. On ne voit pas passer les 730 pages, on aimerait que cela dure encore. C’est un rayon de soleil en ces temps tristounets…



J’ai découvert l’auteur avec « La valse des arbres et du ciel » qui m’a beaucoup plu et j’ai mis une option sur « La vie rêvée d’Ernesto G. »



Ce roman a reçu le Goncourt des lycéens en 2009 (je suis beaucoup plus souvent en accord avec le jury des lycéens, le Goncourt me laissant souvent perplexe) ainsi que le prix des lecteurs Notre Temps. Prix amplement mérités.
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La valse des arbres et du ciel

Et encore un roman de Jean Michel Guenassia qui fait mouche chez moi.



Sa façon d'écrire est belle, pas pompeuse pour un sous et il sait admirablement mettre en avant, avec de simples mots le talent incontestable de Van Gogh. Sa description des toiles est incroyable, surtout celle du docteur Gachet. Je vais avouer que j'ai lu ce roman mon portable à la main afin de pouvoir aller rechercher les toiles décrites par l'auteur.

J'ai aussi beaucoup aimé la romance qu'il a fait autour du célèbre peintre.



Enfin les supputations que fait l'auteur sur Van Gogh, sur la fille du docteur sont juste très bien travaillées et peuvent très bien être plausibles.



Un très beau roman

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Les Terres promises

Franck, Michel, Igor et les autres n'iront plus au Balto, il est définitivement fermé, mais partent en quête de ce dont on peut rêver entre vingt et trente ans — de l'amour, d'un idéal politique (fut-il marxiste) — ou tentent d'échapper aux conséquences sur leur vie de conflits et d'enjeux qui les dépassent. Des chemins qui n'aboutissent pas toujours là où ils voulaient, mais qui sont riches d'enseignement pour qui sait comme eux rebondir et s'engager dans un idéal digne de ce nom.



L'Israël des kibboutz comme l'Algérie décolonisée sont les terres promises de ces incorrigibles optimistes que presque sans jamais lasser (il est parfois un peu long) et d'une plume fluide Michel Guenassia, douze ans après le formidable Club des incorrigibles optimistes, remet en scène en prise avec leur époque. Une façon de parler des années 60 et de leur contexte social, économique et géopolitique aussi vivante qu'attrayante.
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La vie rêvée d'Ernesto G.

Un roman qui raconte la vie d'un homme, Joseph Kaplan., De son enfance, a sa vie étudiante, de ses amours, des ses amitiés, de ses déceptions, de ses enfants, de ses rencontres,... rien n'est laissé au hasard.



J'avoue qu'en commençant ce roman, je me suis dis dans quoi je me suis embarquée. Ce type est superficiel, il fait la java il danse, il est médecin mais il n'est pas très intéressant. Et je reconnais volontiers que je me suis trompée, car passé un certain nombre de pages, on se rend vite compte que ce roman est formidablement conçu. Le personnage principal, un peu anti-héro de son état, grandit en sagesse et prend de l'ampleur et de la consistance au fil des page,. Tout suis un raisonnement logique et imparable : celui du temps qui passe, car comme nous le personnage apprend de ses erreurs, il gagne en maturité en vieillissant. Et j'avoue que la façon dont Michel Guenassia a maîtrisé ceci est juste magistral.



L'histoire est réellement prenante, on traverse la seconde guerre mondiale, en passant par l'Algérie pour finir dans les pays de l'Est. J'ai hais, vibré, aimé, et été surprise tout au long de ma lecture. C'est en général ce qu'un bon roman procure.

Et puis j'avoue que le petit clin d'œil au Club des incorrigibles optimistes a mis la cerise sur le gâteau.



Un très beau roman , qui se lit et se vit tout à la fois
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