"De l'influence de
David Bowie sur la destinée des jeunes filles" ou un titre plutôt énigmatique pour le cinquième livre de la sélection "prix Passeurs de mots" 2021 à laquelle participe la médiathèque de ma commune, titre qui pourrait faire croire à un quelconque essai à tendance philosophique, bien incongru au milieu de ce florilège de romans à la toile de fond musicale (concourent à ce prix "
Âme brisée" de
Akira Mizubayashi, "
Madame Pylinska et le secret de Chopin" d'
Eric-Emmanuel Schmitt, "
La sonate oubliée" de
Christiana Moreau et "
Le mari de la harpiste" de
Laurent Bénégui).
Loin de cette première fausse supposition, je m'aperçois que ce livre est bien dans la même veine que les autres, à savoir un roman musical qui vit au rythme des nombreuses partitions qui l'animent. Il y a celles interprétées par Paul, le héros pianiste. Si ce jeune adolescent est, contre toute attente, plutôt branché "variétés", sa mère est très "hard rock" et enfin il y a bien l'ombre de
David Bowie qui plane au détour de quelques pages. La lecture du livre est d'ailleurs proposée accompagnée du CD "Blackstar"de la plus androgyne des stars.
L'androgynie, c'est justement ce qui caractérise Paul, 17 ans. Bien que garçon n'aimant que les femmes, il aime semer le trouble sur son identité sexuelle en jouant avec son apparence très féminine. N'ayant jamais rien su de son père, il vit avec sa mère Léna, une tatoueuse lesbienne, rockeuse au caractère bien trempé et la compagne de cette dernière, la très sage Stella, ex-hôtesse de l'air, qui possède un restaurant où il est embauché comme pianiste.
Voilà sous la plume d'un auteur qui joue à prendre à contrepied bien des clichés, le quotidien d'une famille à la normalité différente que l'on va découvrir au fil des pages dans un roman inattendu et très moderne. Cette quête initiatique pour Paul qui s'interroge sur son père et sur le passé de sa mère, sujets totalement tabous aux yeux de cette dernière, balade le lecteur entre rires et émotions. Hormis le héros, ce sont les personnages féminins qui mènent le bal. J'ai été plutôt décontenancée par cette lecture et la façon dont Paul joue de son ambiguïté. La première partie m'a semblé bien longue. Heureusement que
Jean-Michel Guenassia fait preuve d'une légèreté malicieuse dans des scènes que tout lecteur un peu attentif sentait venir, afin d'éviter le scabreux. En deuxième partie, quelques événements inattendus viennent rompre la monotonie du quotidien et donnent plus de rythme et d'émotion à l'histoire. Dommage que dans ce roman culotté, la tolérance ne soit pas mis en exergue.
Parmi les 5 lectures proposées dans le cadre du prix Passeurs de Mots 2021, celle-ci figurera en dernière place de mon choix, ma préférence étant pour "
Madame Pylinska et le secret de Chopin" de E-E-S. J'accorde malgré tout un 11/20 pour l'apparition en guest-star dans l'histoire de
David Bowie, à laquelle je me suis laissée prendre, même si son album conseillé avec la lecture ne m'a pas convaincue.