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Critiques de Jean-Paul Dubois (1979)
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L'Origine des larmes

Le Toulousain, discret lauréat du Goncourt 2019, publie "L’Origine des larmes", rédigé selon un rituel précis et nourri par le puzzle de sa mémoire.
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L'Origine des larmes

Dans ce roman terrible, Jean-Paul Dubois parle d'un homme fracassé par la personnalité glauque et obsédante de son père, même après la mort de celui-ci.
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L'Origine des larmes

Mettant un peu de côté sa drôlerie habituelle, l’écrivain français Jean-Paul Dubois signe une singulière histoire de vengeance.
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L'Origine des larmes

Seul rescapé d’un accouchement qui a vu mourrir sa mère et son frère jumeau et affublé d’un père biologique cruel et sadique, Paul Sorensen a essayé toute sa vie de rester moralement à flot. L’heure des comptes étant arrivée il tire deux fois dans le crâne de son géniteur déjà décédé depuis plusieurs jours. Condamné par la justice à une obligation de soin d’une année il devra raconter au thérapeute le saccage de sa vie . C’est du grand Jean Paul Dubois avec cette différence qu’il me faisait beaucoup rire dans ses premiers romans et que depuis « La succession » c’est beaucoup plus triste et plus caustique. Il reste toujours son style si particulier avec ses descriptions techniques pointues juste au moment où on s’y attend le moins comme la vitesse par seconde des gouttes d’eau qui tombent sur Paul en sortant du cabinet du Médecin ou dans ses citations du genre « Aimez à vivre inconnu et à n’être compté pour rien ». On espère sincèrement que tout est fictionnel et que l’auteur n’a jamais été confronté à aucunes des situations décrites.

Un grand moment de lecture .
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L'Origine des larmes

Un roman déroutant. L'eau est partout, la pluie incessante en 2030 à Toulouse, les inondations, les intempéries sous un ciel chargé et gris .

Une volonté de tuer le père soi même pour tout effacer, cette violence, ces humiliations, tuer le père pour tout oublier et ne plus avoir trace de sa vie si indigne.

Un roman très intéressant entre noirceur, larmes, pluie, . Une histoire tragique, mais drôle, de la folie d'un père destructeur. Comment se reconstruire après cela?Est ce que le fait de le tuer alors qu'il est déjà mort va apaiser Paul? Un roman aussi absurde que sordide où la mort et le désespoir sont présents mais l'humour n'est jamais loin dans ce personnage décalé, seul qui a pour seul ami un chien et sa compagne est l'I.A .
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L'Origine des larmes

Il ouvre les yeux en même temps que sa maman les ferme, en même temps que son frère jumeau se détache

"l'air est entré dans ses poumons au moment où leurs coeurs ont cessé de battre".

Une solitude glaciale remplacera la douce chaleur protectrice du ventre de sa mère, aux côtés de son frère.

Deux morts contre une vie : l'origine des larmes.

"L'origine des larmes se trouve là, au fond du ventre de ma mère".

Il sait déjà que la mort sera toujours à ses côtés,

Il ressent l'absence de son frère, la perte d'une mère inconnue

Son père n'est pas là pour l'accueillir

Il n'est pas là pour accompagner sa femme.

Ce père prédateur, toujours en chasse d'une proie, désaxé, dangereux, pervers se nomme Thomas Lanski.

Ce père monstrueux, sadique doublé d'un escroc hantera toute sa vie.

Il va grandir contre lui, apprendre à verrouiller de l'intérieur, ne rien attendre, ne rien espérer.



C'est l'histoire de Paul Sorensen cinquante deux ans.

Depuis le décès de sa mère adoptive Rebacca, il a hérité de l'entreprise Stamentum spécialisée dans la fabrique de housses mortuaires zippées, haut de gamme.

Il tire deux balles dans le crâne de son père déjà mort et allongé dans une chambre funéraire.

Un parricide post-mortem.

Peut-être une manière pour lui de traduire Lanski en justice !

Nous sommes en 2031, la pluie tombe depuis deux ans sur Toulouse: la ville rose se délave.

Le procureur de Toulouse, un homme magnanime et intelligent, le condamne à une détention avec sursis et une obligation de soins de douze mois auprès du Docteur Guzman. Une session par mois. Un sujet par séance.

Paul se conforme à la règle et se demande pourquoi il respecte les règles de ce jeu impudique, ouvrant ainsi tous les placards de sa vie.

"L'obligation de soins veut tout savoir, tout voir et sonder les coeurs et les pantalons"

Alors il va donner à savoir, à voir : se vider.

Sa vie : seul depuis la mort de son chien, pas de relation aux autres, pas de vie amoureuse, interagissant seulement avec une intelligence artificielle pour dialoguer. Une profonde solitude !

Le réconfort viendra de la compagnie d'un chien, un bâtard vagabond : son frère de naufrage.

Sa deuxième mère Rebacca, d'une infinie délicatesse lui donnera de l'amour, lui parlera de sa mère de neuf mois qu'il ne connaît pas, n'a jamais vu son visage sur une photo et n'a pas de sépulture.

Les échanges entre Paul et son psychiatre sont puissants et savoureux. Ce Dr Guzman très sensible, va explorer l'origine des larmes qui l'inondent depuis sa naissance, ce lourd fardeau.

Le comble de l'ironie étant que lui même souffre de conjonctivo-chalasis : l'oeil droit qui pleure sans cesse !

Il est attachant ce psy "la larme à l'oeil".

Il y a beaucoup d'humanité entre ces deux-là, c'en est très touchant.

Le peintre coréen Kim Tschang-yeul apporte la lumière

à ce récit : il a passé sa vie à peindre des gouttes d'eau !

Un écho aux larmes de Paul et Guzman ...



C'est un roman sombre, il touche à la mort, la perte, la violence et l'enfance. C'est aussi un très beau récit, un savant dosage d'ironie macabre et d'humour tendre.

Un roman déchirant ! On n'en ressort pas indemne mais pas désespéré non plus.

Entre tragédie et comédie .





« Au coeur des eaux viendra alors un moment fragile, délicat, décisif, depuis toujours guetté et redouté, où il faudra décider de continuer à vivre. Celui qui, alors, en aura le courage et en éprouvera l'envie ramènera l'autre vers le rivage. »



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13 à table ! 2022

Ces recueils de nouvelles vendus à petit prix pour aider les Restos du coeur sont toujours agréables à lire. Quelques tauliers restent présents pour le millésime 2022 (Bourdin, Lapierre, Giebel, d'Epenoux par exemple), mais j'ai aussi eu la surprise de lire Cyril Lignac et François Morel.

Ma nouvelle préférée? Dag Hammarskjöld de Jean-Paul Dubois, pas très gaie, titre improbable, très motorisée et enfumée façon années 60. Elle se termine malencontreusement sur les pentes du Jaizquibel au Pays Basque. Quel rapport avec le titre me direz-vous? Lisez ce livre et vous le saurez.
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L'Origine des larmes

Jean-Paul Dubois est un maître dans l’art de l’assemblage Certes, ses romans charrient toujours du sombre et de la mélancolie et frôlent parfois la désespérance. Celui-ci n’y déroge pas. Et pourtant ! Pourtant, j’ai du plaisir à le lire, un vrai plaisir gourmand, le plaisir d’une familiarité retrouvée avec un Paul, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre , en proie à son passé et ses démons.

En refermant cet opus, j’ai eu envie de faire une liste à la Prévert :

Un Paul

La pluie incessante

La solitude écrasante,

La mémoire obsédante

Et Puis

La mort omniprésente

Le cadavre du père

Un révolver

Des housses mortuaires

Une intelligence artificielle

Un peintre Coréen obsessionnel

Un cas de jurisprudence

Un psy qui pleure de fausses larmes

Un grand-père suédois usurpé

Un chien

Un deuxième chien

Un navigateur et son blog



Vous mettez le tout dans un cerveau brillant, vous secouez à volonté puis laisser reposer et il en sort ce roman cousu de fils noirs et de sourires jaunes.

Cette fois-ci je me suis également amusée à souligner quelques mots savants ou spécialisés égrenés au fil des pages . Ils sont discrets, mais révèle sûrement de la part de l’auteur un goût pour une langue épicée.

En tant que lectrice ou lecteur on se sent parfois comme une parenté avec un autre imaginaire que le sien. Celui de Jean-Paul Dubois m’enthousiasme, il creuse le sombre comme personne, c’est une forme d’audace que j’aimerais avoir dans laquelle j’imagine qu’on peut se délivrer ( un peu...) du pire.



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L'Origine des larmes

Quel prologue, époustouflant, qui place le lecteur dans l'intensité d'une tragédie antique ! Paul Sorensen, la cinquantaine, vient d'être arrêté pour avoir abattu son père post-mortem dans une morgue. Il présente son destin comme marqué par la mort, né d'une mère décédée en couches en même temps que son frère jumeau.



« Chacun de mes anniversaires commémore la mort de Marta et de mon frère. L'origine des larmes se trouve là, au fond du ventre de ma mère. Ce ventre dont je n'aurais jamais dû sortir. Ce ventre qui aurait dû m'ensevelir au côté de mon frère. Ce ventre qui m'a expulsé au dernier moment vers la vie sans que je ne demande rien ni que je sache pourquoi. de l'air est entré dans mes poumons pour la première fois au moment même où leurs coeurs ont arrêté de battre. »



Suite à son procès pour atteinte à l'intégrité d'un cadavre, il écope d'une année de prison avec sursis et d'une prise en charge médico-psychologique obligatoire pendant un an : une séance par mois, un sujet par mois.



Au départ, l'intérêt est happé par le personnage du père. On attend avec impatience le réquisitoire de Paul pour comprendre son geste inouï. Jean-Paul Dubois évacue rapidement cette attente car on comprend vite que le père incarne toute la sauvagerie et la violence du monde. Ce personnage est tellement outré, monstrueux dans ses actes et paroles, totalement impardonnable, qu'il en devient presque irréel, mais sa présence hante tout le récit par l'impact qu'il a eu sur la vie Paul.



La construction narrative est faussement simple. Douze chapitres, un par mois, un par séance, un sujet par séance, pour savoir si Paul va réussir à se décharger du fardeau de son existence et sortir du trou noir de la haine que lui inspire son père. Ce qui a aimanté ma lecture, c'est le portrait désespéré de Paul, un homme profondément seul, raconté par moultes digressions brillantes qui dessinent la réalité d'une vie fracassée et inconsolée ( « cet homme est entré dans ma tête, il y vit en ne laissant que désordre derrière lui. Il entre, sort, fait ce qu'il veut, n'importe quand, n'importe où. Même quand il n'était pas là, on l'avait en nous, comme une amibe, un parasite mental. »



La maitrise narrative de cette introspection labyrinthique est admirable, des détails inattendus venant faire écho à d'autres, de façon encore plus inattendue, autant de contre-poisons au venin paternel : le peintre coréen Kim Tschang-yeul, l'ancien secrétaire général de Nations Unies Dag Hammarskjöld, le moine néerlandais Thomas a Kempis entre autres. En filigrane, une réflexion bouleversante sur la mémoire se déploie, sur les mécanismes des souvenirs et de la perte. On n'échappe pas à sa mémoire.



C'est sans doute le roman le plus sombre de Jean-Paul Dubois, baigné dans une pluie perpétuelle quasi dystopique ( nous sommes en 2031 ) et pourtant, il y a bien une juste dose d'humanité qui vient, malgré tout, éclairer le noir de l'ensemble, accompagnée d'une tendresse parfois teintée de burlesque : le logiciel d'I.A. avec lequel discute Paul, si civilisé et courtois ; l'amour d'une mère adoptive ( inoubliable scène des jouets pris en photo ) ; la relation avec le génial psychiatre ( il souffre d'une maladie de l'oeil provocant un larmoiement continu qui l'oblige à sortir de son cabinet pour se mettre du collyre, de peur que ses patients pensent qu'il pleure à cause de ce qu'ils lui racontent ) et ses compagnons chiens.



« Wats avait la particularité, quand il était sec, d'avoir un pelage qui gonflait et magnifiait une stature. En revanche, une fois mouillée, sa toison s'effilochait misérablement, lui donnant l'apparence d'un gros rat. Il avait aussi de tout petits os, des pattes effilées comme des talons hauts et un museau aussi pointu qu'un pic à glace. J'avais donc deux chiens. L'un, sec, une vraie merveille. L'autre, mouillé, une totale affliction. Wats avait aussi cet étrange besoin, en voiture, de mettre son museau à la portière et de demeurer dans cette position, sans broncher, même au-delà des cent trente kilomètres-heures réglementaires. Le vent plaquant les poils sur son museau déformait ses babines, lui donnant un visage effrayant, à tel point que j'avais honte de doubler un véhicule. »



Dubois est un des rares auteurs français à savoir manier avec autant d'élégance et d'intelligence tragédie et comédie. Il compose ici un roman d'une noirceur drolatique qui émeut autant qu'il désole.
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Une vie française

Ce roman nous raconte la vie de Paul Blick au travers de l'histoire politique française de de Gaulle à Jacques Chirac. C'est intéressant sur les aspects politiques et sociaux mais c'est presque trop foisonnant et trop de scènes de sexe. L'écriture est cependant agréable.
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La succession

Je n'ai malheureusement pas réussi à vraiment m'intéresser à la vie de Paul et son chien. Je suis tout de même allée jusqu'à la page 120 donc presque la moitié du livre. En fait les récits des parents, oncles et tantes étaient plutôt pas mal, mais ensuite lorsque Paul retourne à Miami je n'ai pas vraiment accroché, ni eu envie de poursuivre cette lecture.
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Vous plaisantez, monsieur Tanner

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la malchance poursuit Monsieur Tanner, lorsqu’il décide d’embaucher des artisans pour mener à bien la rénovation de la vieille maison abandonnée qu’il a reçue en héritage à la mort de son oncle. En effet, il se fera pigeonner par toute une équipe de « bras cassés » dont les compétences se révèleront plus que douteuses, dans tous les corps de métier.



J’ai beaucoup ri en lisant ce roman qui parle pourtant de sujets graves, tels que la découverte de malfaçons dans les chantiers de construction, le piège des travailleurs au noir ou l’emploi d’escrocs à la « petite semaine ». Jean-Paul Dubois a pourtant préféré adopter le ton humoristique pour nous raconter ses mésaventures et la légèreté de sa plume en témoigne : des chapitres très courts pour passer en revue ses déboires, un style d’écriture cocasse, des dialogues savoureux, une verve un brin gouailleuse, tout est réuni pour entraîner les lecteurs dans une hilarité décapante. Le romancier possède un incontestable talent pour transformer les situations cauchemardesques en séquences comiques et distrayantes. En sa compagnie, on peut effectivement plaisanter sans modération !

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Le cas Sneijder

Si elle avait été écrite par un autre que le Toulousain Jean-Paul Dubois, l’histoire aurait facilement pu verser dans le glauque. Mais rien de tel ici, l’humour noir étant au rendez-vous d’un bout à l’autre. De tous les romans de cet écrivain, celui-ci fait d’ailleurs partie de nos préférés.
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L'Origine des larmes

Difficile de donner un avis sur ce nouveau roman de Jean-Paul Dubois qui compte parmi mes auteurs préférés : drôle de voyage que celui-là, plutôt sombre, mais pourtant bel et bien imprégné d'une grande sensibilité et de doses d'humour ( vache ?) à savamment dénicher entre deux chocs traumatiques infligé au malheureux héros de cette histoire et au lecteur compatissant également démunis face à un tel acharnement du destin et de l'auteur. Bien qu'un peu désarçonnée par cette lecture, j'ai été embarquée tambour battant jusqu'à son aboutissement et séduite par son originalité.
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Une vie française

À chaque tournant un tourment



Comment raconter une vie en croisant, au fil de quelques décennies, le destin individuel d’un personnage et l’actualité en France ? L’histoire de Paul Blick, le narrateur, commence sous De Gaule et se continue au fil des présidences, celle de Pompidou, de Giscard, de Mitterrand, de Chirac…

Enfant marqué par le décès de son grand frère, adolescent tourmenté, exempté de l’armée dans des conditions bien particulières, étudiant en sociologie, adulte sans emploi au grand dam de son épouse (Anna, chef d’entreprise et farouche adepte d’Adam Smith et de la loi du marché), papa poule, photographe à ses heures, le narrateur vit l’Histoire à sa façon, et pose un regard à la fois amusant et désabusé sur les événements : « Chaque jour apportait sa livraison de fiente fraîche : corruption, prévarication, abus de biens sociaux, détournements, mises en examen, racisme, pauvreté, mépris, chômage. »

Évoquer ses errances, c’est « sombrer dans une bouteille d’encre ». Paul Blick est un contemplatif caustique qui parvient un jour, comme par miracle, à gagner beaucoup d’argent en photographiant des arbres. Cela lui permet de voyager aux frais de son éditeur en quête des plus belles lumières sur les arbres du monde et d’acquérir suffisamment de notoriété pour être courtisé par le président Mitterrand. De multiplier aussi les aventures amoureuses de nature cocasse (le traitement de la sexualité et des « coups de braguette magique » est toujours abordé de façon humoristique sinon mélancolique). De tâcher, au bout du compte, de gratter dans une existence qui devient chaotique « à quelques mois du deuxième millénaire », « un squelette de bonheur débarrassé de l’embonpoint des hommes ».


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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..





Aaah lala l'écriture de Jean-Paul Dubois....

Si j'écrivais des romans c'est comme ça que je voudrais les écrire .

Il est virtuose dans la façon de tourner les phrases qui peuvent basculer du côté tordant ou touchant sans qu'on ait vu venir le coup. Effet assuré.



Montréal. Paul Hansen est en prison pour....réponse en fin de livre.

Il partage sa cellule avec Patrick Horton, gros dur. Il se raconte sa vie, son père pasteur, sa mère, sa femme, son chien.

Chez J.P Dubois, les personnages sont toujours bourrés d'humanité. Ils sont racontés avec plein d'humour fin, tout en retenue.



Ce livre est une histoire de vie génialement contée....à la Jean-Paul Dubois .
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L'Origine des larmes

L’écrivain Jean Paul Dubois dit souvent qu’il est un homme qui pleure facilement.

Cet aveu de vulnérabilité me touche, j’y vois une humanité sensible et je retrouve dans ses personnages cette fragilité sur le fil qui me les rend proche. J’ai tout de suite éprouvé pour Paul Sorensen une profonde empathie, dans cette atmosphère totalement investie par une pluie sans fin, brossant d’emblée un tableau qui sied aux larmes. Dans un temps du futur proche, 2031, qui accentue l’effet d’apesanteur dans lequel le récit est suspendu, le personnage de Jean Paul Dubois est un homme triste dont la vie est hantée par la mort. Tout y ramène, tout y converge. Sa naissance, son métier, ses déplacements professionnels et par dessus tout l’inexistence du lien filial vers un père haineux qui n’a rien d’un père. Il s’agit donc d’accompagner cet homme dans un voyage introspectif, au fond de lui même et de ses souvenirs, dans une catharsis presque condamnée par avance. Comme un chemin de croix, les étapes de cette introspection s’égrènent dans le cabinet d’un psychiatre attentif et attentionné, à la mode de « Thérapie ». Le récit est ainsi tout entier inscrit dans la solitude du personnage principal, les éclaircies y sont rares: Rebeca, l’intelligence artificielle et surtout le chien de la plage, figure d’amour et d’humanité absolues.

Malgré toute ma sympathie, que Paul Sorensen a acquise dès le début du récit, celle ci s’est un peu émoussée au fil du calvaire, tant la solitude du personnage est lourde et pesante dans un contexte où la réalité du monde est absente. La démonstration est pourtant ainsi faite que l’homme, est condamné à sa propre histoire au plus près de ses racines, il y a pourtant des hasards qui donnent forme aux destins et les sauve du pire. Ce n’est pas le chemin que l’auteur a choisi, je respecte son choix tout en regrettant que Paul Sorensen n’ait pas pu voir quelques mains tendues ou quelques échappées possibles au cours de sa vie.
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L'Origine des larmes

Dans "l'origine des Larmes" jean-paul Dubois parvient merveilleusement à parler de l'horreur et de la méchanceté d'un père envers son fils, Paul, en tournant les situations en dérision et avec humour. Les récits que ce fils fait de son enfance passée avec ce père ignoble au psychiatre sensé le soigner, nommé par le juge pour cela, est une occasion pour JP Dubois de se lâcher dans des histoires abracadabrantesques qui amplifient la perversion et l'abomination de ce monstrueux père. C'est une façon réussie de nous faire accepter cette lecture qui, autrement, aurait pu être insoutenable, en tout cas pour certains lecteurs.

A travers les sujets qu'il distille à plaisir et de façon loufoque dans ses conversations avec son psychiatre, Paul aborde un tas de problèmes sérieux de société et c'est, naturellement, ce qui est intéressant dans ce livre, c'est-à-dire sa façon de sortir du fil de l'histoire pour dériver avec brio sur des réflexions, en premier lieu celle de la mort.

L'écriture est pour beaucoup dans la qualité de ce roman; JP Dubois la manie avec aisance, associée à une large culture dont il ne fait pas cas mais qui enrichit merveilleusement l'histoire.

Malgré son côté morbide et décalé j'ai accroché à ce roman auquel on ne peut pas rester insensible.

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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon (2019 – Prix Goncourt)

J’ai mis quelques chapitres à m’habituer aux digressions du personnage principal de ce roman. Paul Hansen, emprisonné à Montréal, déplie un à un les souvenirs de sa vie réduite à néant. Son récit adopte la lenteur du temps passé en prison, comme s’il résistait du mieux qu’il peut à la vague de mélancolie qui l’emporte. Seul, digne, profondément humain, Paul Hansen m’habite étonnamment alors que j’ai terminé ce roman. C’est du Dubois, tragique et drôle, injuste et tendre, un antidote à la férocité.

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L'Origine des larmes

Dans son dernier roman, Jean-Paul Dubois réussit une mise en abyme étonnante de la morale et de la justice.

La morale, sous toutes ses formes, peut juger sévèrement la plupart de nos actes, en se référant au religieux, au sacré, à la liberté d’autrui. La justice elle, agit selon des critères différents.

Paul Sorensen, le personnage principal, est au cœur de cette problématique. Il a commis un acte (je ne vous dis pas lequel) réprouvé par la morale, pas la sienne toutefois. La justice, au regard du droit et de la jurisprudence, considère cet acte, pour surprenant qu’il soit, comme un délit mineur, puni par une « année de prison assortie du sursis, d’un contrôle judiciaire et d’une prise en charge médico-psychologique obligatoire pendant une année. »

Au début du roman, Paul Sorensen accepte de se conformer aux procédures policières et judiciaires. Il est pleinement conscient de son geste, mais pour autant ne souhaite pas en donner la motivation. Il se joue de l’inspecteur qui lui notifie sa garde à vue et l’interroge, « Cet homme est peut-être trop jeune pour entendre ce genre de choses. (…) je vois bien qu’il ne sait plus quoi penser à mon sujet. ». Avec le procureur Mingasson, les choses sont différentes, l’homme est « tout à fait singulier, magnanime, il possède l’art de la digression et la faculté de mettre ses interlocuteurs à l’aise. » Paul s’en méfie, « Cet homme est un procureur. Ne jamais perdre cela de vue. » Après sa condamnation, il se retrouve face au docteur Frédéric Guzman. Il devra se soumettre à 12 séances mensuelles et raconter à Guzman le parcours de vie qui l’a conduit à commettre l’acte pour lequel il a été jugé et condamné. La liberté est à ce prix.

Pour Paul, Guzman est « (…) un suricate, ce petit animal du désert surnommé le « guetteur des sables »

Le corps du roman est composé du récit de ses 12 séances. Guzman et Paul se jaugent, s’apprécient se joue des tours, adoptent des postures ou la jouent franc-jeu.

Dubois excelle dans le rôle du conteur. Chacune des séances est l’objet de boucles sur l’histoire de Paul, de retours-arrière, de confrontations entre les deux hommes. Ils jouent à cache-cache. « Cette friandise d’hypocrisie fait partie des codes de maintien de cette étrange valse que nous nous efforçons lui et moi de danser », pense Paul. « (…) je pourrai sans mal vous prendre pour un mythomane et un affabulateur » lui rétorque Guzman.

Ce que l’on retient de l’histoire de Paul, c’est le traumatisme subi à la naissance – la mort de sa mère et de son frère jumeau - la détestation de son père, l’amour de sa belle-mère et sa capacité une fois adulte à faire preuve de la plus grande résilience en se créant un univers d’où le mal est absent.

Ce père dont il pense, « Il ne connaissait rien à la gestion des machines et des hommes, mais appartenait à cette école de pensée libérale convaincue que faire et dire n’importe quoi était toujours préférable à un immobilisme raisonné. » (Suivez mon regard…)

Les thèmes chers à Dubois sont présents dans ce roman. Les relations père fils, la mort et le souvenir des disparus, la punition, l’amour des femmes, ici la mère biologique décédée et la mère nourricière, le frère jumeau disparu, les identités alternatives.

Autre thème cher à Dubois, les détails techniques et la précision de certaines descriptions :

« A la maison, dans une partie basse d’un garage en sous-sol, j’ai installé une pompe à relevage autoamorçante qui préserve des accumulations »

« Une petite voiture. Simca Versailles bicolore des années 60 de la vieille marque Dinky Toys. Avec ses pneus démontables en caoutchouc et son indestructible carrosserie moulée en Zamak, alliage de zinc, d’aluminium, de magnésium et de cuivre.

On en redemande ! »

Personnellement je n’ai pas trouvé ce roman plus sombre ni moins sombre que les autres romans de Dubois. Il exprime, comme le fait toujours l’auteur, la capacité de son personnage principal à subir les épreuves de la vie en faisant preuve de la plus grande résilience et à trouver des solutions de substitution.

Jean-Paul Dubois en profite pour nous faire connaître des personnages réels qui résonnent avec les siens. C’est le cas de Dag Hammarskjöld le secrétaire des Nations Unies et de Kim Tschang-Yeul le peintre coréen des gouttes d’eau qui ne déparent pas le roman, et dont on pourrait penser que l’histoire est trop belle pour être vrai. Comme dans chacun de ses ouvrages, les sources de Jean-Paul Dubois sont vérifiées et vérifiables. Il partage avec ses lecteurs une réalité qu’ils ne connaissent pas forcément. Il nous fait découvrir des événements, des lieux, des pays, des personnages dont nous ignorons l’existence et qui pour autant existent même si nous ne le savions pas…

L’autre point fort de ce roman est de mettre en scène des événements dont nous n’ignorons rien mais face auxquels nos sociétés sont impuissantes par choix ou par négligence. « A l’époque nous sortions à peine du Covid, ce petit frère du Sers-22 puis du Codim-12. » ; « (…) la fonte accélérée des glaciers de l’Antarctique rendrait les eaux de ce continent moins denses et moins salées, ce qui aurait pour conséquence (…) de modifier sensiblement le climat. » ; dans la Toulouse de 2031 où se déroule le roman, « Tantôt ce sont de brusques et violents tempêtes (…) tantôt de longues et patientes averses (qui) épuisent les arbres et font enfler les fleuves. » ; « (…) il est question d’installer, sur les trottoirs, des passerelles improvisées avec des bastaings posées sur des briques. »…Tout cela a un air de déjà vu !

Paul Sorensen a une conscience aigüe de son environnement de ses limites, de ses perspectives d’évolution il ne peut pas être un personnage serein et rieur mais seulement un homme lucide avec tout ce que cela implique dans ses relations aux autres. Il ne peut se résoudre à « sourire en pensant à autre chose »

Le seul bémol que je formulerai, est l’histoire du grand-père qui est un peu trop téléphoné…

Pour l’essentiel j’ai adoré ce roman, comme tous les autres de Jean-Paul Dubois !

J’adore Dubois pour, des phrases comme celle-ci avec cette expression « garder son moi pour soi »…

« Qu’est-ce que je suis allé raconter ! Il ne faudrait jamais rien dire, garder son moi pour soi, s’accommoder de ses nuisances intimes, les laisser décanter dans le bac à compost, attendre que ces épluchures de l’âme atteignent une granulométrie acceptable pour les évacuer à travers un tamis peu regardant. Au lieu de quoi me voilà sommé de mettre à nu un corps et des sentiments depuis bien longtemps serrés dans une remise. »

…mais aussi pour ses idées loufoques :

« En traversant le jardin qui longe l’édifice, j’entends les sons des grandes orgues jaillir des voutes et des vitraux. Pour jouer ainsi « Angie » des Rolling Stones à tue-tête, se débattre avec quarante-sept jeux, soixante rangs, quatre claviers, trente touches au pédalier, à une heure pareille, j’imagine que le titulaire des orgues doit être seul dans son domaine. »…On entend d’ici…

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