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Citations de Jean-Pierre Guéno (232)


Papa chéri,
Je t'envoie le drapeau de la Victoire,il nous viendra couvert de gloire en 1914 et tous les chers papas rentreront dans leur foyer.
Ta petite Suzette
(de Suzette à son père)
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" Nous sommes priés de ne pas déranger le reste du monde avec notre chagrin. "
Claudine BURINOVICI-HERDOMEL, Une enfance traquée.
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Les filles du peuple ne sont pas faites pour être considérées comme des êtres humains. Le regard glisse sur elles sans s'arrêter.
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Nous disons adieu à tout le monde avec la détermination de nous retrouver à Paris au pied de la tour Eiffel ou à l'hôtel du PLM. Nous voici à Leers-et-Fosteau à piétiner devant cinq bureaux par passeport. Quelle belle proie pour les avions boches! Nous sommes là, massés à cinq mille personnes, tassés à attendre des passeports! Vraiment les Français sont lents à comprendre la situation et ne donnent pas l'impression d'être des alliés! Cartes d'identité, formulaires à remplir pour chaque individu au-dessus de 16 ans. Enfin nous passons la frontière belge à Thirimont et la française à Bousignies par un chemin étroit.
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Être le vainqueur du temps ou son vaincu, la prison ne permet que ces deux sorts extrêmes.
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Le temps de l'enfance, c'est le temps parfumé, le temps du goût des premières découvertes, des sensations nouvelles, des premiers émois, le temps des gourmandises, le temps des senteurs et des saveurs indélébiles, de celles qui deviendront des réminiscences et des petites madeleines. Odeurs de lessive, de repassage, de confitures ou de pain grillé ; odeurs de villes, odeurs d'étables, odeurs de caves ou de greniers. Magie olfactive des pique-niques et des goûters, des nappes ou des serviettes à carreaux et du pain qui croustille. Saveur chimique des roudoudous, des chewing-gums gagnants, des caramels à un un franc, de la réglisse, de la guimauve, de la grenadine et du Zan...
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La jeune fille inconnue
Bergerac, 1907

Souvenez-vous. Dimanche 8 décembre 1907. C'est un beau jour de la toute fin d'automne. Vous êtes ce jeune homme timide de Bergerac. Bientôt vous devez vous éloigner de la ville pour quelques mois. Vous errez dans les rues désertes à l'heure de la sieste. Vous avez pris votre courage à deux mains et vous avez glissé un poème d'amour dans une enveloppe de petit format, à l'attention de cette jeune fille qui a changé votre vie; vous ne savez rien d'elle : ni son nom, ni son prénom. vous ne rêvez que de la courbe gracile de sa silhouette, du profil de son visage, de la couleur de sa chevelure, de l'éclat de son regard. Vous la croisez tous les dimanches au sortir de la messe... Vos pas vous ont porté devant la gare. Vous postez votre enveloppe timbrée dans la boîte à lettres. Votre lettre arrivera dès demain entre les doigts de sa jolie destinataire mais nous ne connaîtrons jamais sa réponse : le temps ne va laisser de vous que cette lettre que vous n'avez même pas osé signer et qui resurgira dans un siècle, dans la vitrine d'un libraire de Périgueux...

Adresse sur l'enveloppe
A une jeune fille brune portant souvent un chapeau de feutre marron et un manteau de fourrure grise, et qui le dimanche vers midi se tient avec Madame Chevalier devant le magasin de confection "A la grande maison"
Rue du Marché
Bergerac
Dordogne

Contenu de la lettre
A une jeune fille brune que je ne reverrai pas de quatre ou cinq mois j'envoie très respectueusement ces quelques vers tout remplis d'elle :

Oui hélas! depuis que, par un matin d'été,
Je vous ai vue passer si charmante et si belle
Dans mon âme un tourment inconnu s'est glissé
Et je souffre à présent d'une douleur cruelle.

Votre image troublante est restée en mon coeur
Et pendant tout le jour, sans relâche et sans trêve
Je vois votre visage adorable et charmeur;
La nuit c'est encor vous qui passez dans mon rêve.

Si parfois je me promène au soir quand la lune
Qui brille dans les cieux éclaire les champs blonds
Triste, je pense à votre chevelure brune
Et à vos yeux profonds...

Enfin en quelque lieu que j'aille sur la terre,
Dans la saison des fleurs ou des feuillages roux,
Durant l'été brûlant ou l'hiver solitaire,
Toujours, je songe à vous.
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Voilà six mois bientôt qu'on traîne cette misérable existence qui n'a plus rien d'humain.
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« Extrait de la lettre du Caporal Olivier Roblot – Afghanistan, 2011
Vous faites l’apprentissage de la peur. Un sentiment fort différent de l’appréhension. L’appréhension c’est l’esprit qui turbine à grande vitesse avant de sauter dans le vide.
Mais la peur, c’est une sorte de paralysie, de léthargie fulgurante. Quelques secondes de vide. Le blanc. Avant que la raison ne reprenne le dessus. Avec son cortège d’angoisses,
de haine, d’instinct de survie. La peur c’est l’état primitif. Vous pensez à votre mère.
Vous vous croyez sans défense. Vous regardez les yeux des autres ébahis de surprise, par la sidération. Vous vous croyez seul au monde pendant quelques secondes. Et puis vous vous en sortez. Vous redevenez soldat. Vous écoutez. Vous analysez. Vous trouvez le moyen de bouger pour vous protéger avant de riposter.
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Je fus déshabillé et déchaussé. En sous-vêtements et pieds nus, je creusai ma tombe. Chaque coup de pioche et chaque pelletée de terre était accompagné d'un sanglot étouffé. Saïd mesurait avec ses mains, le pouce et le petit doigt écartés, les dimensions du tombeau. La tombe était conforme au rite musulman.
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Ma chérie,
Ça ne te dit rien le bonhomme qui est sur la carte : il paraît que la France en a besoin pour les faire tuer : quand ils seront grands, naturellement....

(De Marcel à son épouse, 12 mars 1917.)
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J'ai appris des années plus tard que mes lettres ne leur étaient jamais parvenues.
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23 septembre 1914

Des classes 12 et 13, nous sommes une quarantaine au maximum sur cent cinquante - tout le reste est mort, blessé ou prisonnier. Un matin de septembre aussi clair se lève sur les vignes et les coteaux de la Marne ; le clocher du village émerge au-dessus des vapeurs du matin que dissipe le soleil, les dernières roses de l'automne fleurissent encore dans les jardins, et les vers de Ronsard me chantent douloureusement un souvenir.

Etienne Tanty
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Marguerite Bloch, née Herzog, est l'épouse de l'écrivain communiste et historien Jean-Richard Bolch et la soeur d'André Maurois. Le 13 juin 1940, elle décide de rejoindre "La Mérigote", la maison qu'elle et son mari ont achetée à Poitiers et où ils ont accueilli, entre autres, Louis Aragon, Georges Duhamel et Diego Rivera. Ce trajet de trois cent quarante kilomètres va durer dix-sept jours.
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"Hitler m'a pris mon pays, ma maison, mon fiancé, mais il ne prendra jamais ma pensée... Ma pensée je la garde pour moi..." Cette phrase d'une jeune Hollandaise de 20 ans, prisonnière des bagnes nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et codétenue de la résistante Agnès Humbert, ne pouvait que servir d'introduction à Paroles de femmes. Au cours de l'histoire, on a pu contraindre les femmes, les brimer, les malmener, les enfermer, les violenter, les réduire en esclavage ou les traiter comme des êtres humains de seconde catégorie... Mais il est une fonction humaine qui reste inaliénable, tant que l'être humain ne perd pas l'envie de vivre : celle du regard, de la liberté du regard qu'il porte sur les êtres, sur les paysages et sur les choses. C'est cette liberté du regard des femmes qui s'exprime ici à travers leurs paroles et tout au long du XXe siècle.
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Dans la cellule ou derrière les pieux de la palissade, on est seul en effet contre tous les autres, seul et séparé par un mur de cette immense grouillement d'hommes dont on a été brutalement retranché, de cette humanité remuante et libre qui semble vous avoir abandonné, vit sans vous, s'organise et agit sans vous, prenant tout entière figure d'adversaire. Son poids formidable pèse sur le toit de la prison comme sur un couvercle qu'elle ne laissera point soulever. Il faudra donc, pour résister, composer un monde à soi seul, retrouver en soi et cultiver toutes les sensations, toutes les satisfactions que vous procuraient naguère "les autres". Ces "autres" égoïstes et lointains, c'est à vous maintenant de les abandonner, de leur prouver que vous pouvez vous passer d'eux et que vous les avez condamnés plus sévèrement qu'ils vous ont frappé.
Jean Zay - Souvenirs et solitude
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Portrait de facteur par Jules Janin, 1838

(...) Le facteur de la poste aux lettres est l'homme universel; il nous connaît tous au fond de l'âme, tant que nous sommes, pauvres et riches, ignorés ou célèbres, grands ou petits. (p. 51)
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Je suis bien blessé. Espérons que ça ne sera rien. Elève bien les enfants, chère Lucie. Léopold t'aidera si je ne m'en sortais pas. J'ai une cuisse broyée et suis seul dans un trou d'obus. Je pense qu'on viendra bientôt me sortir. Ma dernière pensée va vers vous.
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Chéri,
Moi aussi dans l'éternité, je t'attendrai sagement.
Je chanterai tous les soirs et tous les jours et je serai bonne pour les passants,
et tu arracheras aux étoiles des poèmes de justice et de lumière pour les peuples anxieux ou inquiets.
Et je te rôtirai des oiseaux et des fruits doux
et je te donnerai mes mains pendant le sommeil pour ne pas être séparée de toi.
Reviens mon amour.
Je t'embrasse d'un si grand baiser jusqu'à ton retour.
Ta femme page 195
Consuelo de Saint-Exupéry
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Je ne ferai rien pour disparaître, je n’ai pas le sang d’un héros. J’ai même comme un frisson quand la mort me frôle de trop près et, machinalement je fais ce qu’on appelle son devoir. Je suis un de ces millions d’anonymes qui forment l’instrument pour forger une page sanglante de notre histoire. Cette époque sera bâtie avec beaucoup d’héroïsme, de tristesse et de lâcheté.
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