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Citations de Jean Rhys (41)


"Je remonte dans ma chambre. Je ferme la porte à clé. Je m'allonge sur le lit, la figure dans l'oreiller. Maintenant je vais pouvoir me reposer avant de ressortir. Tout m'est égal tant que je peux m'allonger sur le lit et tirer le passé sur moi comme une couverture. Retourner en arrière, en arrière, en arrière..."
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Je marchais droit devant moi en me disant : "Peu importe où je vais, du moment que personne ne sait où c'est."
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Il revint dans la chambre et je l'observai dans la glace. Mon sac était sur la table. Il le prit et mis de l'argent dedans. Avant de le faire, il regarda dans ma direction, mais crut que je ne pouvais le voir. Je me levai dans l'intention de dire “Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?”, mais arrivée près de lui, au lieu de dire : “Ne faites pas cela”, je dis : “Très bien, si vous voulez - tout ce que vous voudrez, comme vous voudrez” et lui baisai la main.
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Il y a toujours deux morts, la véritable et celle dont les gens ont connaissance.
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Je la regardais d'un œil scrutateur. Elle portait un tricorne qui lui allait bien. En tout cas, il faisait de l'ombre sur ses yeux qui sont trop grands et parfois déconcertants. Je crois bien qu'elle ne bat jamais des paupières. Des yeux en amande, tristes, sombres, étrangers.
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- Alors je ferai venir la police, je vous avertis. Un tant soit peu de loi et d'ordre doit exister, même dans cette île abandonnée de Dieu!
- Pas de police ici, dit-elle. Pas de cadène, pas de moulin de discipline, pas de sombre cachot non plus. C'est un pays libre et je suis une femme libre.
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L'envie sauvage qui la tenait de prendre sa revanche sur le genre humain s'était transformée en une extraordinaire lucidité. Elle venait de comprendre, encore maladroitement, mais pour la première fois, que seuls ceux qui n'ont plus d'espoir peuvent se permettre de ne plus mentir, que seuls ceux qui sont malheureux peuvent offrir de la la sympathie ou en recevoir- qu'ils partagent l'amère et dangereuse volupté de la misère. (Rue de l'Arrivée p 56)
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La terre était comme un aimant. Elle m'attirait. Je me sentais si proche parfois de cette intégration, de cet anéantissement, dont j'avais la hantise.
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C’était comme si un rideau était tombé, dissimulant tout ce que j’avais connu. C’était presque comme de venir au monde une seconde fois. Les couleurs n’étaient plus les mêmes, plus les mêmes les parfums, plus la même l’impression laissée par les choses tout au fond de soi. Pas simplement la différence entre chaud et froid ; violet et gris ; lumière et ténèbres. Mais une différence dans ma façon d’avoir peur et ma façon d’être heureuse. Pour commencer, l’Angleterre me déplut. Je ne pouvais m’habituer au froid. Parfois je fermais les yeux et faisais comme si la chaleur de feu, ou celle des couvertures dans lesquelles je m’enroulais, était la chaleur du soleil ; ou bien je me faisais accroire que j’étais devant la porte de la maison, suivant des yeux la rue du Marché jusqu’à la baie. Quand il y avait de la brise, les paillettes étoilaient la mer, par millions ; et les jours de calme plat, elle était pourpre comme Tyr et Sidon. La rue du Marché sentait le vent mais les ruelles sentaient le nègre, la fumée de bois et les beignets de poisson salé frits dans le saindoux. (Quand les femmes noires vendent les beignets dans la savane, elles les portent sur la tête dans un plateau. Elles crient : « Beignets de poisson, doux mes beignets, succulents mes beignets. ») C’était drôle, mais voilà à quoi je pensais plus qu’à toute autre chose — l’odeur des rues et le parfum des frangipaniers, le jus de limette, la cannelle et les clous de girofle, les bonbons au gingembre et à la mélasse, l’encens après les enterrements ou les processions de la Fête-Dieu, et les malades qui attendaient à la porte du dispensaire voisin, et l’odeur de la brise marine, et celle, toute différente, de la brise de terre.
Parfois, c’était comme si j’étais de retour là-bas et que l’Angleterre ne fût qu’un rêve. Et parfois c’était l’Angleterre qui était la chose réelle, et là-bas le rêve, mais jamais je ne pouvais les faire aller l’un avec l’autre.
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La maison brûlait, le ciel jaune-rouge était comme un coucher de soleil et je compris que je ne reverrais jamais Coulibri. Il ne resterait rien de tout cela : les fougères dorées et les fougères argentées, les orchidées, les lys roux et les roses, les fauteuils à bascule et le sofa bleu, le jasmin et le chèvrefeuille, et le tableau de la Fille du Meunier.
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Et très vite on apprend cette amère leçon : les gens n’accepteront jamais que vous soyez différent d’eux. Ils feront tout pour vous en empêcher. Absolument tout. S’interposant sans cesse entre vos rêves et vous, avec une énergie farouche et le frénétique désir de tout mettre au même niveau – tout et tout le monde.
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Puis j'écoutais la pluie, chanson somnolente qui semblait ne devoir jamais finir... La pluie, la pluie à jamais. Noie-moi dans le sommeil. Et vite.

Le lendemain matin, il ne restait que très peu de signes de ces averses. Si certaines fleurs étaient meurtries, les autres avaient un odeur plus suave, l'air était plus bleu et d'une scintillante pureté.
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« La vie est trop affreuse. Connaissez-vous l’histoire de cet homme qui aimait la femme d’un autre, et cette femme est tombée malade ? Et il n’osait pas aller demander de ses nouvelles parce que le mari la soupçonnait et le détestait. Alors il est resté aux abords de la maison à guetter, sans jamais arriver à décider si ce serait une lâcheté de demander à la voir ou une lâcheté de ne pas le faire. Et puis un jour il est allé demander, et elle était morte. Ça ne vous fait pas rire ? Elle était morte, vous comprenez. Et il l’aimait et elle était mourante et il le savait et il ne lui avait jamais fait parvenir un mot. C’est une vieille histoire mais ne vous fait-elle pas rire ? Elle pourrait être vraie, vous ne croyez pas ? »
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— Les êtres humains sont cruels – horriblement cruels. 

— Pas du tout, dit le plus vieux avec irritation, pas du tout C’est un point de vue très limité ! Les êtres humains luttent, ils sont donc égoïstes. Mais il est faux de dire qu’ils soient totalement cruels – c’est un point de vue faussé.
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Bien entendu, son musicien favori était Bach. Quant aux autres, disait-il, il préférait les lire plutôt que les écouter. « Douces sont les mélodies que l’on entend, plus douces encore celles que l’on n’entend pas. » – Voilà ce qu’il disait. Au fond il était un peu filou. Quelquefois, il me glaçait le sang. Et malgré son long visage maigre, il n’était pas sensible.
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Bien sûr, quelquefois, quand je suis un peu ivre et que je parle à quelqu’un qui me plaît et que je connais, je parle le français vraiment couramment. Le reste du temps, je le parle tout juste. Et, à ce propos, cher monsieur, vous n’y êtes pas du tout.
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— Ne soyez pas comme ça, dit-il. Ne soyez pas comme une pierre, à qui j’essaie de faire remonter la pente mais qui redescend toujours.
« Comme une pierre », il avait dit. C’est étrange comme on se dit : « Tant que tu ne bouges pas, ça ne fait pas mal. » Alors on reste absolument immobile. Même le visage se fige.
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Je songe aux murs de la maison de la vieille plantation, toujours debout, avec de la mousse dessus. C’était ça le jardin : une pièce en ruine pour les roses, une pour les orchidées, une pour les fougères arborescentes. Et du chèvrefeuille tout le long de l’escalier raide qui descendait vers la pièce où l’intendant rangeait ses livres de comptes.
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Il éprouva un soulagement extraordinaire, en entendant la porte se fermer derrière lui. Maintenant qu'elle était terminée, cette aventure lui paraissait plutôt banale, avec une pointe d'humour
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C'est vers cinq heures et demie que Marya Zelli, par un après-midi d'octobre, sortit du café Lavenue, un établissement respectable et relativement cher du boulevard Montparnasse. Elle avait passé là plus d'une heure et bu, durant ce temps, deux tasses de café noir, fumé six caporales et lu le dernier Candide.
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