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François-René Daillie (Traducteur)
EAN : 9782070773695
210 pages
Gallimard (03/03/2005)
3.73/5   32 notes
Résumé :
Anne a quitté ses Antilles natales pour venir en Angleterre.
Figurante dans une troupe théâtrale minable, elle vit d'expédients. Son premier amant qui a de l'argent la quitte un jour sans prévenir, Anne se terre dans une pension de famille. Elle rencontre un Américain qui s'en va à son tour. Désemparée et misérable, Anne finit par racoler n'importe qui dans la rue. Elle se trouve enceinte et se fait avorter. "Vous autres, filles, vous êtes vraiment trop naïve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Des histoires d'amours qui tournent mal, c'est comme ça que résume la quatrième de couverture de mon édition, alors que c'est tellement plus ! Ce roman raconte avant tout l'histoire d'une femme, Anne qui quitte les Antilles pour arriver sous le climat pluvieux de l'Angleterre, ses malheureuses rencontres avec des hommes vont effectivement mal tourner mais c'est toutes l'histoire d'Anne qu'on élude si on s'arrête à ça. Anne est l'incarnation intemporelle d'une femme forte. Venue pauvre, son premier mari, riche, va partir du jour au lendemain, la descente aux enfers qui va suivre montre toute la ténacité dont elle fait preuve. C'est avec ce livre que je me suis rendu compte de ce qu'une femme peut subir, encore de nos jours et couramment, mentalement. Ce « Vous autres, filles, vous êtes vraiment trop naïves pour vivre » venant d'un homme et tout simplement choquant, suivi de « Elle s'en tirera » comme si la vie d'Anne n'était qu'un jeu pour lui, comme si tout ce qu'elle avait vécu était minimisé parce qu'elle est une femme.

Oui, pour moi ce livre est féministe. Ecrit en 1934 il n'a presque pas pris une ride, en tout cas pour la condition de la femme il est actuel. le roman est fort, on suit doucement le voyage dans les ténèbres que fait notre héroïne, la misère que peuvent subir les femmes, les immigrées surtout, dans un « monde d'hommes ». La plume est superbe, les descriptions de la ville mettent dans le même état d'esprit qu'Anne, les personnages ont tous une psychologie qui leur est propre, ils sont travaillés, réels même.

Pourquoi n'ai-je pas entendu parler de Jean Rhys plus tôt ? Un indispensable à lire !
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Quand, pour Joseph Conrad, les ténèbres se tapissent au coeur de la forêt africaine, elles se matérialisent pour Jean Rhys dans la grisaille des rues de Londres. Comme dans "La prisonnières des Sargasses", nous suivons tout au long de ce "Voyage dans les ténèbres" une jeune femme en perdition.

Après la mort de son père, Anna est emmenée par sa belle-mère en Angleterre, après avoir toujours vécu aux Antilles, où elle est née. Alors âgée de dix-huit ans, elle doit pourvoir à ses propres besoins. Pour cela, elle intègre comme figurante une médiocre troupe de théâtre, dont les cachets lui permettent à grand peine de loger dans des pensions sordides. Pour pallier l'irrégularité de ses revenus, elle se lie parfois à des hommes, avec lesquels elle entretient des relations plus ou moins longues, au gré des desiderata de ces messieurs...

Elle mène ainsi une existence morne et sans perspectives, plombée par un environnement au sein duquel elle s'étiole peu à peu. Car c'est surtout d'elle-même, qu'Anna est en perdition. Seule, déracinée, dans l'incapacité de trouver sa place dans une société conçue par et pour les hommes, elle se laisse doucement sombrer dans une passivité morbide.

La parole que la narratrice fait entendre est à l'image de son délitement psychologique. Elle décrit son expérience londonienne du ton indifférent -et, paradoxalement, glaçant- de ceux qui ne trouvent plus d'attrait à l'existence. Ses propos, parfois décousus, trahissent son égarement et une détresse poignante.

Jean Rhys parvient, avec ce "Voyage dans les ténèbres", à nous faire oublier que c'est elle qui tient la plume...
Elle nous imprègne avec force de l'état d'esprit de son héroïne, nous faisant pénétrer dans son univers de torpeur tragique.
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Anna Morgan, dix-huit ans, quitte la Dominique dans les Antilles pour s'installer en Angleterre. Son père est décédé, Hester Morgan sa belle-mère vit en Angleterre et elle s'est occupée d'elle. À Londres, elle rencontre Walter Jeffries, un homme riche et plus âgé, qui l'entretient. Alors qu'elle est amoureuse et espère le mariage, Walter, lassé, la quitte. L'argent lui manque terriblement ainsi que la solitude, Anna s'accroche au passé, elle est bercée par cette nostalgie son l'enfance antillaise, le déracinement. Anna est une fille largué perdue, elle se sent seule, elle ne trouve pas sa place dans la société londonienne. Tout le roman est basé sur le froid et le chaud. C'est aussi un roman qui sent la misère et la tristesse. Elle se réfugie souvent dans l'alcool pour s'oublier, le whisky-soda, le rhum, le mauvais vin ... La froideur de Londres s'oppose à la chaleur des Antilles.
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Voyage dans les ténèbres m'a fait l'impression d'un anti-conte de fée. Voyez : une jolie petite nana, orpheline bien sûr, affublée d'une marâtre évidemment, qui vit dans le souvenir de son enfance - son âge d'or - et qui cherche un prince charmant… Et patatras. La vie - la vraie quoi ! - la rattrape rapidement.

(...)

Un sombre roman initiatique qui se déguste rapidement - c'est court - et aisément - quel style !

(...)

Pourtant, il a manqué quelque chose pour totalement me convaincre - et ce quelque chose est certainement de l'ordre de l'intrigue...
Lien : http://lemondeselonpickwick...
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Il fait si froid
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
C’était comme si un rideau était tombé, dissimulant tout ce que j’avais connu. C’était presque comme de venir au monde une seconde fois. Les couleurs n’étaient plus les mêmes, plus les mêmes les parfums, plus la même l’impression laissée par les choses tout au fond de soi. Pas simplement la différence entre chaud et froid ; violet et gris ; lumière et ténèbres. Mais une différence dans ma façon d’avoir peur et ma façon d’être heureuse. Pour commencer, l’Angleterre me déplut. Je ne pouvais m’habituer au froid. Parfois je fermais les yeux et faisais comme si la chaleur de feu, ou celle des couvertures dans lesquelles je m’enroulais, était la chaleur du soleil ; ou bien je me faisais accroire que j’étais devant la porte de la maison, suivant des yeux la rue du Marché jusqu’à la baie. Quand il y avait de la brise, les paillettes étoilaient la mer, par millions ; et les jours de calme plat, elle était pourpre comme Tyr et Sidon. La rue du Marché sentait le vent mais les ruelles sentaient le nègre, la fumée de bois et les beignets de poisson salé frits dans le saindoux. (Quand les femmes noires vendent les beignets dans la savane, elles les portent sur la tête dans un plateau. Elles crient : « Beignets de poisson, doux mes beignets, succulents mes beignets. ») C’était drôle, mais voilà à quoi je pensais plus qu’à toute autre chose — l’odeur des rues et le parfum des frangipaniers, le jus de limette, la cannelle et les clous de girofle, les bonbons au gingembre et à la mélasse, l’encens après les enterrements ou les processions de la Fête-Dieu, et les malades qui attendaient à la porte du dispensaire voisin, et l’odeur de la brise marine, et celle, toute différente, de la brise de terre.
Parfois, c’était comme si j’étais de retour là-bas et que l’Angleterre ne fût qu’un rêve. Et parfois c’était l’Angleterre qui était la chose réelle, et là-bas le rêve, mais jamais je ne pouvais les faire aller l’un avec l’autre.
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Il revint dans la chambre et je l'observai dans la glace. Mon sac était sur la table. Il le prit et mis de l'argent dedans. Avant de le faire, il regarda dans ma direction, mais crut que je ne pouvais le voir. Je me levai dans l'intention de dire “Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?”, mais arrivée près de lui, au lieu de dire : “Ne faites pas cela”, je dis : “Très bien, si vous voulez - tout ce que vous voudrez, comme vous voudrez” et lui baisai la main.
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— Je vais m’habiller, dit Maud, et après, vaudrait mieux aller prendre l’air. On ira jusqu’au théâtre voir s’il y a des lettres. C’est un livre cochon, que tu lis là ?
— Y a des passages pas mal, dis-je.
— Je le connais, dit Maud. C’est l’histoire d’une putain. Je trouve ça dégoûtant. Un homme qui écrit un livre sur une putain, je te parie que d’une manière ou d’une autre il dit des tas de mensonges. D’ailleurs tous les livres sont comme ça — c’est rien que du bourrage de crâne.
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Je songe aux murs de la maison de la vieille plantation, toujours debout, avec de la mousse dessus. C’était ça le jardin : une pièce en ruine pour les roses, une pour les orchidées, une pour les fougères arborescentes. Et du chèvrefeuille tout le long de l’escalier raide qui descendait vers la pièce où l’intendant rangeait ses livres de comptes.
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— Ne soyez pas comme ça, dit-il. Ne soyez pas comme une pierre, à qui j’essaie de faire remonter la pente mais qui redescend toujours.
« Comme une pierre », il avait dit. C’est étrange comme on se dit : « Tant que tu ne bouges pas, ça ne fait pas mal. » Alors on reste absolument immobile. Même le visage se fige.
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Book Review | Wide Sargasso Sea by Jean Rhys.
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