Citations de John Harvey (186)
Depuis quelque temps, Lorraine observait sa fille, douze ans bientôt, qui poussait comme une asperge et commençait à avoir des formes. Sandra avait mis sa jupe vert bouteille, la portant pour changer sans en avoir rabattu la taille, ses sandales vernies bleues presque neuves, le T-shirt CK gris pâle qu’elle avait acheté au marché avec son propre argent de poche.
Ayant grandi dans cette ville, il était encore hanté par les émeutes raciales qui avaient empoisonné son enfance. Il en avait peur, il en avait honte.
La seule chose sur laquelle la plupart des gens semblent d’accord, c’est qu’il y a toute une bande de jeunes qui a débarqué vers deux heures du matin, avec déjà plusieurs verres dans le nez. L’un d’entre eux s’est intéressé de trop près à la nana d’un autre type. Vous devinez le reste.
Les informations concernant Amanda Hooson étaient collectées au fur et à mesure, systématiquement annotées, classées, traitées. Un travail de fourmi, laborieux, mobilisant un important effectif. Un travail essentiel.
Dans la matinée, les différentes phases de la procédure relative aux homicides se mettraient en branle. Cellule de crise, effectifs supplémentaires, traitement des informations recueillies par l’ordinateur central, le tout parallèlement à l’enquête sur les deux agressions de l’hôpital, avec en plus le sommet de la hiérarchie qui viendrait souffler dans le cou, demandant des résultats. Mais demain était un autre jour et, ce soir, Resnick n’avait pas envie d’être seul.
[...] – Derek vous a décrit comme un gros, fagoté comme l’as de pique et frisant la cinquantaine.
– Normal que vous ne m’ayez pas reconnu tout de suite.
– C’est parce que vous n’êtes pas vraiment gros.
– Merci.
[...] Lui en tenue de ville, avec son pantalon trop serré à la taille et légèrement en accordéon sur ses chaussures, sa veste dont il ne parvenait à fermer qu’un seul bouton.
[...] Quelquefois, Resnick se disait qu’il devait forcément exister sur terre des gens pour qui une sonnerie de téléphone au beau milieu de la nuit ne signifie pas obligatoirement une mauvaise nouvelle.
[...] Elle m’a dit à quel point vous aviez fait preuve de compréhension.
– Elle se trompe. Je ne comprends rien. Je ne comprends rien du tout.
[...] Comment est-ce qu’ils en arrivent à ça ?
– En crevant de solitude, dit Resnick.
[...] Il se demandait ce qui était le plus difficile. Trouver quelqu’un, ou bien vivre avec.
[...] Comme vous l’aurez deviné, je réponds à votre annonce parue dans "Cœurs Solitaires".
Lynn leva les yeux au ciel, réfrénant un soupir. Encore un qui avait fait son éducation dans le courrier des lecteurs de Penthouse et les séances de masturbation mutuelle dans les douches après le sport.
— Une femme comme elle, intervint Despard, en lui prenant la main ostensiblement, n’importe quel type a envie de l’entreprendre dans un coin.
— Enrichir ses connaissances ne nuit pas à l’âme, répondit Despard, solennel.
Resnick demeurait le regard rivé sur Divine.
— Une remarque que vous avez faite ?
— Oui, monsieur.
— Et vous lui avez dit quoi ?
— Je lui ai dit… que quand un mec arrive pas à bander alors que sa gonzesse en meurt d’envie, ben, la gonzesse crève tout court, quoi.
— Monsieur, c’était seulement pour le faire réagir.
— Apparemment, c’est gagné.
— Depuis hier qu’il en décrochait pas une.
— Et vous vouliez que ça change.
— C’était seulement une vanne, quoi. Pour le taquiner.
Resnick s’assit lentement. Songeant qu’on pense toujours en avoir vu assez, en matière de connerie. Qu’on s’étonnera plus.
Il fut un temps où n’importe quel individu qui abusait d’un enfant était un psychopathe, un fou à enfermer ou à mettre hors d’état de nuire. Les gens pensaient à Myra Hindley, ou Ian Brady, dit-elle, s’interrompant pour toucher ses joues qui commençaient à lui brûler. À présent, il y en a partout. Des gens ordinaires. C’est cela qu’ils n’arrivent pas à croire. Des gens comme eux, comme leurs amis, comme leurs propres enfants.
Naylor sentit quelque chose de chaud contre sa cuisse et tourna la tête. Macliesh s’était légèrement décalé par rapport à son urinoir et, tenant avec solennité son engin de la main gauche, était en train de lui pisser consciencieusement sur sa jambe de pantalon.