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Critiques de Jonathan Littell (330)
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Une vieille histoire

Une vieille histoire est un exercice de style, de la littérature comme il n'en existe presque plus de nos jours.



Un personnage, aux contours indéfinis (sexe, âge), à la personnalité floue et à l'histoire inconnue, sort d'une piscine, entre et court dans un couloir sinueux, passe des portes pour vivre une situation humaine, généralement une histoire de sexe, de guerre ou de famille, faite de violence et de domination (subie ou active), puis reprend le couloir pour passer d'autres portes, jusqu'à replonger dans la piscine.



Ce schéma, réalisé 7 fois (pour 7 chapitres), se répète dans la structure sans que les fragments d'histoire racontées ne soient redondantes, malgré l'abondance de détails, d'échos qui se répondent et dialoguent entre chapitres et même entre histoires au sein des chapitres. Vous les repérerez très vite: le chignon de la femme blonde, la pomme, le chat gris, le dessus de lit représentant des feuilles vertes sur un fond doré, les cicatrices sur le corps: ces motifs récurrents mais jamais répétés à l'identique semblent d'abord anodins, mais prennent au fil des chapitres des charges nouvelles - ou du moins le lecteur face à la variété des situations leur attribuera par tâtonnement une charge symbolique différente. Une deuxième voire troisième lecture du roman s'imposerait pour bien se faire une opinion de toute la richesse de ces symboles.



Jusqu'à présent, quelqu'un qui n'aurait ni lu ni même été renseigné sur le livre doit trouver cette description très générique. Mais le propos du livre est si universel, la liberté d'interprétation du lecteur si totale qu'il ne peut en être autrement. Le style lui-même symbolise cette gêne, étant à la fois extrêmement précis dans les descriptions des moindres objets, des moindres gestes, mais rigoureusement générique dans la description de la situation elle-même: jamais un nom n'est mentionné, pas un nom de personne ou de ville, de pays, de lieu, de marque ne peut être retrouvée dans ce livre - à l'exception du Don Giovanni de Mozart. Seuls la description de quelques objets historiquement datés (gramophone, automobile) nous montrent que l'histoire doit se passer quelque part entre le XXe et le XXIe siècle.



L'on ne sait que peu de choses des personnages ; on le devine péniblement au fil des pages de chaque chapitre, comme plongés dans une obscurité presque totale, ne distinguant des contours qu'au bout d'une heure d'adaptation. Cette adaptation à peine commencée, le protagoniste rentre dans le couloir, ouvre une porte, se change dans le vestiaire et replonge dans la piscine ; c'est la fin de l'histoire - de sa vie de personnage.



De même, si les lieux, les situations voire les époques se devinent - guerre civile en Afrique noire, camp de concentration, narco-criminalité à la frontière américano-mexicaine -, jamais ils ne sont eux-mêmes décrits, commentés ou approfondis. Les personnages débarquent littéralement dans les situations, après avoir ouvert une porte, au hasard, dans le fameux couloir gris dans lequel ils courraient, et les subissent - généralement -, ou, quand ils sont plus chanceux ou violents, la maîtrisent et se contentent d'agir à leur guise, selon une logique absolument opaque.



Cette écriture montre magistralement ce que peut dire la littérature sur les situations les plus universelles de la vie, dont le sexe et la guerre, sans le vernis du contexte, du social, et de la psychologie : la pure brutalité des faits.
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Les Bienveillantes

Je lâche page 278... les états d'âme d'un SS, qui donnent un semblant d'humanité à la bête immonde, je ne me sens pas de continuer encore 1000 pages de ce tonneau. Ça va j'ai compris l'idée...

Et en plus dans un style plutôt lourdingue (n'est pas Proust ou Céline qui veut)

Bref je n'adhère pas à l'emballement dithyrambique de l'académie Goncourt
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Les Bienveillantes

C'était un peu dur je l'avoue mais j'ai réussi à le finir !

Je suis plutôt mitigée sur ce roman. A la fois, j'ai trouvé intéressant (même si compliqué aussi) de se retrouver du côté des nazis et d'avoir des détails assez précis sur le déroulement de la guerre, mais à la fois le personnage principal m'a parfois dérouté notamment dans ses délires ou encore sa relation avec sa sœur.

Par ailleurs, malgré les 1300 pages du roman, ce personnage reste bien mystérieux... voire incompréhensible...



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Les Bienveillantes

Ça y est c'est décidé ! J'abandonne ce livre DEFINITIVEMENT !!!!

4 mois que je suis dedans, ( je n'en ai lu que 400 pages)

avec un besoin d'un grand bol d'air à chaque page.

Ce pavé de plus de 1400 pages est HORRIBLE.

C'est pervers, atroce, sadique !

Et pas le moindre scrupule de la part de l'auteur ( même s'il somatise ...)

Heureusement que j'ai fait des pauses et lu d'autres livres entre temps.

Il n'est même pas chapitré.

Donc 1400 pages d'atrocités à avaler d'une traite.

Non ! trop c'est trop.

Et le comble c'est l'introduction:

D'entrée de jeu, l'auteur s'adresse au lecteur avec cette phrase qui me sidère :

"Frères humains, laissez-moi vous raconter comment ça s'est passé."

Il est le frère de qui lui ? Pas le mien en tout cas !!!!

Et dire qu'il a eu le Goncourt ...
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Une vieille histoire

Un habile exercice de style qui permet à l'auteur d'imaginer sept variations où se rejouent encore et encore les rapports humains les plus essentiels.
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Les Bienveillantes

je l'ai lu deux mois avant le battage médiatique Ce livre m'a marquée! il figure en bonne place dans ma bibliothéque mais je ne pourrais pas le relire!
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Les Bienveillantes

Comme plusieurs d'entre vous, j'ai été véritablement soulagée d'arriver à la fin de ce livre. Non pas à cause du nombre de pages, qui était une des raisons de mon achat (j'adore relever des défis "pavés"), mais surtout à cause des sentiments tantôt mitigés, tantôt dégoutés, tantôt plats que cette histoire m'a inspirés. Je ne sais pas trop quoi penser de cet ouvrage. Je reconnais que l'auteur, né dans les années 60 et qui n'a donc pas connu la guerre, a du fournir un travail de titan pour réussir à écrire une si longue histoire avec autant de détails, de précision. Il a accompli un travail de recherches qui force le respect, et je lui tire mon chapeau. Mais ce sont justement tous ces détails, ces pléthores de titres officiels, et d'emploi de termes très nébuleux et mal expliqués qui ont entre autre rendus ma lecture pénible. Le lexique en fin de livre était très incomplet et certains termes expliqués tellement longs que je m'y perdais. De plus, même si je pense que le ton du livre était volontairement froid et distant, il rendait presque impossible une totale immersion dans l'histoire, il rendait le personnage principal presque inintéressant. Les allusions systématiques au pénis de Max, et à ses problèmes d'estomac étaient tellement présents que ça en frôlait le ridicule, j'ai failli stopper ma lecture quand je suis arrivée au chapitre interminable sur sa visite au manoir de sa soeur et ou il part dans un délire total de relations incestueuses avec sa soeur? c'était écœurant, ridicule, et je n'ai pas du tout compris le but et l’intérêt de ce chapitre. Ce qui a sauvé ce livre à mes yeux, c'est sa facilité de lecture, le style est fluide, et parvient par moments à nous plonger dans cette triste page de notre histoire. Mais je ne le recommanderai sans doute pas!
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Les Bienveillantes

Un plongeon dans la classe militaire nazie en Allemagne et sur les différents fronts. Nous suivons un gradé à travers son ascension et ses délires dans l'Allemangne des années 1940. Il ne faut pas s'arrêter à la lecture des grades et autres titres honorifiques très longs, car c'est une somme très éclairante. A lire et relire!
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Les Bienveillantes

Lorsque j'ai ramené ce livre à la maison mon compagnom m'a dit: "qu'est ce que tu vas faire de ce pavé?" et je lui ai répondu : "le lire".

C'est ce que j'ai fait et j'ai adoré ce livre. Je l'ai tout simplement dévoré en moins d'une semaine pendant mes trajets dans le train.

Malgré les horreurs décrites, les invraisemblances du personnage et les délires de l'auteur, je l'ai trouvé fascinant. Il fait partie de mes livres préférés.

Ce livre est difficile à lire au propre comme au figuré, il est indescriptible.

Je crois qu'on ne peut avoir qu'un avis tranché sur ce livre on adore ou on déteste.
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Les Bienveillantes

Qu'ai je donc fait pour mériter un tel châtiment. Il semblerait que les furies grecques, ou autrement dit les Bienveillantes aient décidé de me jouer un sale tour. En effet, lire ou subir l'ouvrage éponyme de Jonathan Litell tient de la punition divine.



Imaginez vous ça, un livre tellement dense que l'on pourrait le recycler en briques pour construire une maison. Près de mille cinq cents pages d'un texte, lourd ou l'auteur ne nous épargne aucune récréation. Le retour à la ligne est rare pour ne pas dire inespéré, y compris durant les dialogues ce qui donne aux pages un aspect chargé et monotone. L'écriture est petite, je pense que quiconque achèterais ses livres au nombre de caractères serait gagnant, quand à les lire toutes ces phrases c'est autre chose. Ainsi, l'auteur ne se donne pas la peine de traduire de nombreuses expressions ou termes allemande, on trouve même des citations grecques ou latines. Ainsi, l'action se déroulant pendant la guerre en allemagne, on a systématiquement droit à la désignation des grades dans leur langue d'origine. C'est vrai, parler d'un major, d'un colonel ou d'un simple officier eut été trop simple, on perd le charme d'un Obersturmbannführer ou d'un Hauptfelwebel. Ce livre m'a immédiatement rappelé le profond dégoût que j'ai pour les langues germaniques (alors que j'ai eu le malheur de les pratiquer pendant plusieurs années).



Mais somme toute, ce n'est pas le plus la forme qui m'a choqué dans ce livre. C'est le fond qui est véritablement répugnant.

Donc nous suivons pendant ces quelques milles cinq cent pages (ce qui a représenté près d'un mois de lecture pour moi) les aventure d'un jeune officier SS durant la seconde guerre mondiale. Et pas un gentil SS, mais l'un de ceux qui ont activement participé à l'extermination des juifs. Ainsi on le suit au début du livre qui suit le front de l'est pour massacrer les partisan communistes, les malades mentaux et surtout les juifs par milliers. Puis on le regarde abandonner ses derniers restes de raison en organisant le travail dans les camps de concentration polonais.

Pour être exact, le roman retrace avec plus ou moins de talent quatre intrigue distinctes, la vie au jour le jour de notre protagoniste et sa progression dans l'échelle sociale militaire, la progression et l'origine de son déséquilibre mental causé par un amour exclusif et incestueux pour sa soeur, une sombre affaire criminelle lié à un passage en France où le narrateur retrouve ses parents et bien sûr la quatrième histoire est celle qui s'affuble d'un grand H comme pour revendiquer ses atrocités.



Notre héro est tout sauf sympathique. Ce n'est pas vraiment un boucher, mais il perçoit la Shoah comme une nécessité et s'acquitte de ses ordres avec une froideur inquiétante. Seul son organisme le trahit parfois par des troubles gastriques. Il apparaît régulièrement comme un pleurnichard qui s'apitoie sur son sort et son amour perdu pour sa soeur en se réfugiant derrière une sexualité soumise et sans amour pour les hommes qui frôle dangereusement à la pédérastie. Ses névroses le rattrapent peu à peu et il s'enferme dans des rêveries absurdes, fantasmagoriques et quasiment impossible à suivre, il projette sa philosophie fétide dans des tirades à la limite du supportable. C'est à peine si le dernier tiers du livre est lisible. Et son comportement à la fin devient proprement irrationnel et grotesque.



Donc ce livre est long, difficile à lire et très dur. Même si un éclat admirable de travail transparaît pour restituer l'horreur de cette période je regrette un peu mon achat. Sans compter que cela commence à faire beaucoup de livres que je lit qui ressassent le sort des juifs durant la seconde guerre mondiale, la coupe est pleine.
Lien : http://oiseauchanteur.blogsp..
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Les Bienveillantes

Pfiou, s’attaquer aux Bienveillantes n’est pas une mince affaire. Les 1400 pages de la version Folio pourrait en dissuader plusieurs, mais au final, ce livre se lit assez facilement et rapidement.

L’histoire est passionante. On plonge dans la vie du Dr. Aue, un agent du SD impliqué dans la solution finale durant la Deuxième Guerre Mondiale. On le suit tout au long de la guerre, des premières actions des Einsatzgruppen en Ukraine, aux terribles camps d’extermination, en passant par la bataille de Stalingrad.

Le lecteur est mis face aux atrocités commises par le narrateur, mais Jonathan Littell arrive à nous faire considérer Aue comme quelqu’un d’ordinaire (ok, mis à part ses délires et dérives sexuelles), un simple fonctionnaire qui exécute ses ordres par devoir, sans forcément les approuver. Une image très éloignée du SS, monstre sanguinaire et avide de violence si souvent dépeint. Dans ce sens, la présence du personnage d’Eichmann est très interéssante. La complexité et la désorganisation du Reich est également très bien rendue par Littell.



Le style est agréable et facile à lire. J’ai personnellement beaucoup aimé les interpellations du lecteur disséminées dans le récit, qui donne une impression de complicité avec les actions du héros. Le premier chapitre « Toccata » m’a également beaucoup plu.



Il y a cependant certains aspects des Bienveillantes qui m’ont profondément ennuyés, à commencer par les nombreux passages scatologiques ou le chapitre « Air ». La fin du livre m’a également déçu. Je l’ai trouvé un peu baclée (un comble pour un livre de 1400 pages) et les improbabilités comme la rencontre avec Hitler ou le retour des inspecteurs Weser et Clément m’ont irrité dans ce récit qui se veut si fouillé historiquement.



En conclusion, je dirais que Les Bienveillantes est un bon roman, très fouillé et qui plaira sûrement aux passionés de la Seconde Guerre Mondiale malgré ses nombreux défauts. Si cela était possible, il méritrait à mon avis un 3,5 étoiles... C’est un roman original et novateur dans son traitement de la solution finale mais qui énèrve à force de vouloir choquer à tout prix.


Lien : http://www.unmomentpourlire...
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Les Bienveillantes

L'horreur de la déportation racontée par l'un de ses bourreaux... C'est un livre terrible, que j'ai lu il y a au moins une dizaine d'années et qui m'a marquée pour toujours. Certains récits sont encore très frais dans ma mémoire, comme cette description de tuerie efficace des juifs sur le front de l'Est. Cela met très mal à l'aise mais impossible cependant d'y échapper...
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Les Bienveillantes

J'ai lu ce livre il y a des années.

Je l'ai terminé dans la douleur, le dégoût, l'incompréhension.

Je me suis demandée, comment un auteur aussi jeune a-t-il pu écrire cela?

Pourtant, j'en ai lu, des livres sur la guerre, écrits d'un côté comme de l'autre.





Je retiens juste... Quand le narrateur va voir son beau père et se rend compte, en coupant des bûches, que peut-être tous les intellectuels qu'il rencontre ne sont pas d'accord avec le Nazisme. Le lendemain, il tuait tout le monde.



J'ai peur pour la France aujourd'hui, et j'ai envie de revenir à cet épisode : si tous les intellectuels ne sont pas d'accord", ne faudrait-il pas les entendre?



Un livre crucial, désespérant.

J'ai peur d'un Zem et de ce qu'il amène. La haine et l'admiration inconditionnelle n'ont rien de bon.
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Les Bienveillantes

J’ai lu 250 pages des Bienveillantes, et mise à part le prologue et quelques étonnantes pages sur l’homosexualité, le livre m’est tombé des mains.



Il saute les deux pieds dans « le piège du salgarisme », pour reprendre un bon mot d’Umberto Ecco dans son Apostille :



« On court alors le risque du “salgarisme”. Les personnages de Salgari fuient dans la forêt, traqués par des ennemis et trébuchent sur une racine de baobab : et voilà que le narrateur suspend l’action pour nous faire une leçon de botanique sur les baobabs. »



Ça sent l’élève appliqué qui écrit en suivant ses livres d’histoire disposés autour de lui, et qui a prévu d’ajouter toutes les dix pages sa petite description poétique ou son petit propos moral scandaleux.



Je passe.

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Tchétchénie, An III

Et si c’étaient les Tchétchènes qui l’avaient emporté en Tchétchénie ?



Les Russes croient fermement qu’ils ont remporté la seconde guerre de Tchétchénie.



Ramzan Kadyrov, le petit Père des Peuples… Ah, non, ça c’est déjà pris par un certain Joseph (pas celui de Marie, un autre)… Reprenons et tâchez de suivre car vous me semblez très dissipés !



Ramzan Kadyrov et les Tchétchènes sont sûrs d’en être sortis vainqueurs… De quoi ? Mais de la guerre, bien entendu ! Le pays est islamisé, la charia (à la sauce Kadyrov) est d’application, les femmes remises à leur place (avec possibilité pour un père de famille de tuer sa femme et ses filles), et la paix règne ! (Pour ce dernier point, il vaut mieux ne pas trop aller trainer du côté des forêts pour s’en assurer.)



Ramzan Kadyrov est le fils d’Akhmad Kadyrov, grand mufti d’abord opposé aux Russes, puis, avec la bénédiction de Poutine, président de la Tchétchénie de 2003 à 2004, année de son assassinat, le 9 mai.



Le petit Ramzan, devenu grand, est Premier ministre de Tchétchénie par intérim du 17 novembre 2005 au 28 février 2006 (avec la bénédiction de Vladimir Poutine, son très amical protecteur-bienfaiteur). Après cela, il devient tout naturellement président… Pour le rester très longtemps, longtemps, longtemps… En tout cas, il fait tout pour ! Et jusqu’à aujourd’hui, cela ne réussit pas trop mal à notre boxeur, cavalier émérite, plus grand constructeur du monde !



Quand Jonathan Littell effectue son reportage en Tchétchénie, pays qu’il connaît bien pour y avoir travaillé pour une ONG, il s’attend à trouver un pays en ruines puisque du 26 août 1999 au 6 février 2000, jour de la prise de Grozny, la capitale a été quasi entièrement détruite. A sa grande surprise, en 2008, il ne trouve plus du tout une ville en ruines ou, en tout cas, portant encore les stigmates de la guerre. Mais voilà, le magicien Kadyrov est passé par là ! Routes en très bon état, constructions modernes, peu de choses laissent penser qu’entre 15% et 26% de la population tchétchène a péri au cours de ces deux conflits.



Ramzan est un tel magicien bienfaiteur, loué soit Son Nom, que tout le monde l’aime. Dans le cas contraire, vous ne pouvez être qu’un terroriste et seule la mort est votre proche avenir. Jonathan est tellement favorablement impressionné que son livre eut été tout différent s’il n’avait rencontré des personnalités, qui au péril de leur vie, critiquent le « Leader Maximo » tchétchène, le « duce » du Caucase, le nouveau « führer », quoi !



Ce livre, publié en 2009, laisse entendre que Ramzan Kadyrov, grâce à ses magouilles (enlèvements, rackets, programme de reconstruction, « sécurisation »,…) et à la bénédiction de Poutine, trop heureux de s’être tiré des flûtes en Tchétchénie va faire une belle carrière de dictateur. En 2018, nous pouvons affirmer que Jonathan Littell a vu juste.



Attention, pour comprendre le langage employé par Littell, il est bon de lire d’abord le glossaire (p. 139, vers la fin du livre). Vous risquez aussi de vous perdre dans les noms des Russes et des Tchétchènes. J’ai lu le livre avec mon PC devant moi pour tenter de m’y retrouver. Quelques vidéos m’ont aussi bien aidé.

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Une vieille histoire

Peut-être que sous les traits de cet “héros de notre temps” se cache un Maximilian Aue alternatif, car bien des scènes narrées dans ce roman se retrouvent aussi dans Les Bienveillantes. Mais le temps du récit est ahistorique ici, il se déroule comme chez un Kazuo Ishiguro, un temps du rêve enroulé sur lui-même en images réfléchissantes, fascinantes, ni film ni miroir, mais entraînant des sensations fortes (toujours comme Aue) - sans fièvre cependant, méthodiquement - délivré de toute finalité ou de causalité, emportant avec lui le lecteur, prisonnier du labyrinthe.
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Les Bienveillantes

C’est sûr, il faut un peu de temps pour lire ce lourd pavé (près de 1500 pages) dont le style autant que le sujet ne se laissent pas aisément abordés. C’est un livre qui demande du temps, qui demande une patience : dès les premières lignes, on sent qu’on ne peut pas le lire à toute vitesse.



Ce n’est pas seulement le sujet (les pérégrinations d’un commandant SS sur le front avec tout ce que cela connote…) mais aussi le style. Non content d’aborder un thème aussi dur, Littell le raconte de façon toute aussi rude : des paragraphes qui peuvent se poursuivre sur des dizaines de pages, des enchevêtrements de constats objectifs entrecoupés des cauchemars du personnage ou d’images subliminales. Ce roman forme un sorte de catalogue d’images, de visions, toutes plus choquantes les unes que les autres, livrées dans un rythme incessant. Tout juste si on peut souffler lorsqu’on tombe sur la page de titre annonçant la partie suivante pour plonger à nouveau dans cette imagerie, sorte de cauchemar sans fin dans lequel on s’enfonce sans pouvoir reprendre son souffle.



Tout cela ne vous engage pas beaucoup à le lire, n’est-ce pas ? Et pourtant, je dirais qu’il fait partie de ces livres contemporain qu’il faut avoir lu, de ces livres coups de poing comme on en compte encore mais peu.



L’histoire, elle aussi, est assez difficile à démêler, le personnage lui-même se perd dans ce qui forme de plus en plus pour lui une spirale infernale.



Maximilian Aue, bien des années après la fin de la seconde guerre mondiale, décide de prendre la plume pour enfin raconter ce qu’il n’a jamais pu raconter, avant de mourir. Car il est bien sûr difficile de dire tout ce qu’il a vu là-bas, sur le front, toutes les atrocités, mais aussi le rôle qu’il y a joué. Maximilian n’était pourtant qu’un de ces intellectuels recruté par l’armée nazie pour écrire des rapports et des comptes-rendus sur ce qu’il pouvait observer de la vie quotidienne des soldats. D’observateur, il est progressivement amené, lorsqu’il se retrouve au plus proche des lignes russes, à subir lui aussi les conditions de vie désastreuse des soldats.



Fondamentalement, on n’aime pas ce personnage, c’est clair, c’est impossible. Mais en lisant les témoignages et les observations, qu’il tente au début d’être le plus objectives possible, on est bien amené nous aussi à plaindre les conditions des soldats, qu’ils soient russes, français ou allemands en fait.



C’est peut-être ça aussi, le message de Littell : de quelque manière que ce soit, dans n’importe quel camp, les soldats sont lancés dans une guerre qu’ils ne comprennent pas ; leur faute est de ne pas avoir cherché à remettre en question les ordres ; tous morflent en tout cas dans des conditions inhumaines.



Le message est aussi peut-être : voir l’ennemi mondial de l’intérieur, c’est aussi comprendre comment tout cela a pu se mettre en place dans la tête des soldats et des commandants, et comprendre peut permettre d’éviter d’y retomber : ne pas oublier que l’Homme est capable de ça. C’est encore et toujours d’actualité.



« Il est vrai aussi que j’ai changé. Jeune, je me sentais transparent de lucidité, j’avais des idées précises sur le monde, sur ce qu’il devait être et ce qu’il était réellement, et sur ma propre place dans ce monde ; et avec toute la folie et l’arrogance de cette jeunesse, j’avais pensé qu’il en serait toujours ainsi ; que l’attitude induite par mon analyse ne changerait jamais ; mais j’avais oublié, ou plutôt je ne connaissais pas encore la force du temps, du temps et de la fatigue. Et plus encore que mon indécision, mon trouble idéologique, mon incapacité à prendre une position claire sur les questions que je traitais et à m’y tenir, c’était cela qui me minait, qui me dérobait le sol sous les pieds. Une telle fatigue n’a pas de fin, seule la mort peut y mettre un terme, elle dure encore aujourd’hui et pour moi elle durera toujours. »
Lien : https://justine-coffin.me/20..
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Les Bienveillantes

Livre un peu trop long j ai sauter des passages entre autres ceux parlant des névroses sexuelles du narrateur .J ai encore beaucoup appris sur le nazisme

en particulier les dignitaires SS qui en fait étaient des intellectuels en grande partie Quelle déviance pour ces hommes Fort courageux au demeurant mais aussi trop dirigés , peu enclains à réfléchir à ce qu il aurait pu être de l HISTOIRE s ils avaient eu le COURAGE d interrompre Leur ligne de conduite bien malveillante n ot font aucunement des héros mais encore et toujours des fanatiques assoiffés de sang, de tortures, et d'alcool Le Héros s en sort il ? peut être mais à quel prix : tuer et encore et toujours un fou Son ami Thomas même y est passé



A faire lire aux jeuens d'aujourd hui !!!!
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Les Bienveillantes

Accrochez vous pendant cent pages. Surtout n'abandonnez pas, vous passeriez à côté de quelque chose d'unique. Effrayant, envoutant, l'histoire d'une psychopathie collective poussée au delà de toute limite. Cette lecture ne vous laisse pas en repos, sur le front russe en 42-45, la chasse obsessionnelle aux Juifs, la recherche des procédés les plus "rentables" d'élimination, la bataille de Stalingrad comme si l'on y était, la mort omniprésente. On ne peut pas ne pas avoir lu ce livre. Attention, on met longtemps à s'en remettre, si tant est que l'on s'en remette.
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Les Bienveillantes

J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre à cause des longues descriptions politico-historico-géographiques qui jalonnent ce roman. Ensuite, n'ayant pas de références linguistiques ni historiques, le style était caremment froid (comme le personnage), j'ai lu quelques passages en travers. Ensuite, comment peut-on donner un prix à un auteur qui décrit en long en large et en travers des perversités sexuelles abominables! Certes, l'histoire du Dr Aue mérite d'être racontée, j'ai été intéressée par le parcours géographique du personnage qui permet de se rendre compte, vraiment, de l'atrocité de cette guerre, de la portée des actes guerriers, mais je n'aime pas cette façon de se moquer du lecteur qui en l'occurence peut être une femme! Je vais de ce pas lire un autre livre sur ce thème, mais qui je l'espère sera écrit à la façob d'un écrivain!
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