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Citations de Jules Supervielle (519)


Ce n’était pas une petite chose que d’arriver chez les gens avec une voix de violon, d’être invitée à un thé ou à un déjeuner sur l’herbe et de porter toujours sur soi, dans la gorge, cette voix étrangère, prête à sortir, même quand elle disait : « Merci » ou « Il n’y a pas de quoi ».
Et rien ne l’agaçait tant que si l’on s’écriait : « Mais quelle voix merveilleuse elle a ! »
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S’ouvre le ciel touffu du milieu de la nuit
Qui roule du silence
Défendant aux étoiles de pousser un seul cri
Dans le vertige de leur éternelle naissance.
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Enhardi, le boeuf se plaça tout près de Jésus qui, pour le mettre tout à fait à l'aise, lui saisit le museau des deux mains. Le boeuf retenait son souffle, inutile maintenant. Jésus souriait. La joie du boeuf était muette. Elle avait pris la forme même de son corps et l'emplissait jusqu'à la pointe des cornes.
L'enfant regardait l'âne et le boeuf tour à tour, l'âne, un peu trop sûr de lui, et le boeuf qui se sentait d'une opacité extraordinaire auprès de ce visage délicatement éclairé de l'intérieur, comme si à travers de légers rideaux on eût vu passer une lampe d'une pièce à l'autre, dans une très petite et lointaine demeure.

(Le Boeuf et l'Âne)
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APESANTEUR
«  La terre lourde se souvient ,
Oiseau , d’un monde aérien,
Où la fatigue est si légère
Que l’abeille et le rossignol
Ne se reposent qu’en plein vol
Et sur des fleurs imaginaires » ....
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Voyageur, voyageur, accepte le retour,
Il n’est plus place en toi pour de nouveaux visages,
Ton rêve modelé par trop de paysages,
Laisse-le reposer en son nouveau contour.

Fuis l’horizon bruyant qui toujours te réclame
Pour écouter enfin ta vivante rumeur
Que garde maintenant de ses arcs de verdeur
Le palmier qui s’incline aux sources de ton âme.
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Marseille sortie de la mer, avec ses poissons de roche, ses coquillages et l’iode,
Et ses mâts en pleine ville qui disputent les passants,
Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d’eau marine,
Le beau rendez-vous des vivants qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel,
Et les cafés enfantent sur le trottoir hommes et femmes de maintenant avec leurs yeux de phosphore,
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Jules Supervielle
Si j’avais seulement un peu de neige des hautes montagnes la journée passerait plus vite.
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Écume, écume autour de moi, ne finiras-tu pas par devenir quelque chose de dur ?
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Biga pouvait rester des heures à fumer, à prendre du maté, le chalumeau d’argent à ses lèvres et sans se retourner une seule fois. Il ne lisait guère, ayant toujours une question à régler au fond de sa mémoire. Lui, un homme d’action autrefois, était devenu une étonnante machine à rêve comme ceux qui ont longtemps habité la mer ou les pampas
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Ces jours qui sont à nous, si nous les déplions
Pour entendre leur chuchotante rêverie
Ah c’est à peine si nous les reconnaissons.
Quelqu’un nous a changé toute la broderie.
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[...] L'un d'eux (peu importe sa couleur) se laisse pousser la moustache. C'est manifestement sa seule occupation. Un autre se contente de porter une cravate rouge. C'est tout. On ne peut pas bien faire deux choses à la fois.
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Quatre jours de mer depuis Boulogne et voici, dans l'île de Madere, Funchal, la seule escale du monde où l'on vous demande sans rire au moment ou vous debarquez : Charrette à boeufs ou auto ?
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[...] Et comme nous ne sommes pas sur un grand transatlantique, nous jouissons de l'impossibilité de voir surgir à bord une nouvelle tête, ce qui est tout un travail pour l'esprit.
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Je me croyais définitivement maigre et assez bien préparé pour le squelette final, qui, la vie durant, luit en veilleuse sous la peau, et voilà que j'ai gagné plusieurs kilos. Mes bras et mes jambes prennent sous mes yeux une confiance dans la vie que je ne partage pas. Que me donnera cette chair nouvelle prise à des boeufs et des moutons et dont je fais sans aucun enthousiasme du Supervielle dans l'inconscient de la chair ?
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1939-1940 dégage une odeur de charnier. Il y a ainsi des années pourries dans l'Histoire, du moins quand elles sont assez proches de nous. Mais si on remonte plus haut dans le temps, les guerres y sont entrées trop avant dans l'abstraction pour laisser une odeur. Seul le présent pue.
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Les émotions faisant maigrir les bovins, courir derrière les vaches nous était une joie défendue. Déféré ne nous permettait pas de les inquiéter. Et souvent j'étais obligé de les admirer au repos et de loin. Elles donnaient à la campagne des nuances bizarres, absurdes, touchantes. Pour moi qui connaissait déjà la France, elles remplaçaient, dans la déserte campagne uruguayenne, ici, un paysan allant à la foire avec sa carriole; là, un village immobile sous la chaleur du jour; un laboureur et sa charrue; des hommes jouant aux boules ou trinquant à la porte d'une auberge ! Elles portaient tout le poids, toute la responsabilité du paysage.
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Et le paysage vaste et plat, piqué par tant de roseaux, l'horizon le titrait à soi, sur tout son pourtour, comme pour l'elargir encore.
Nous n'avïons tous quatre que des bérets de marin pour nous protéger de l'infini au-dessus de nos têtes et tout autour. [...]
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Souvenirs, oui, vous faites parfois un bruit plus pénétrant que la réalité. Vous connaissez mieux le chemin de notre oreille et de notre corps.
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Dans cette chambre, tout a été changé : les meubles, la peinture, le lit et sa couverture, tout le visage de la pièce qui ne m'est absolument plus rien. Je ne pense qu'à m'éloigner. Au reste, n'ai-je pas souvent éprouvé que ce n'est jamais sur les lieux-même, et au moment même où je commence à la ressentir, que je vais au fond de l'émotion, mais, grâce à un lent cheminement qui ne fait aujourd'hui que commencer ?
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Et depuis ce jour je cède à mes ombres.
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