Un roman où j’ai eu beaucoup de mal à rentrer …
Le style très bavard des premiers chapitres, comme si l’auteur avait voulu placer tous ses protagonistes dans les premières pages, m’empêchait presque de distinguer les personnages les uns des autres, et je n’arrivais pas à trouver de fil conducteur dans cette logorrhée.
Puis, le rythme s’est apaisé, et j’ai commencé à apprécier ce roman multiple.
Ce roman comporte trois personnages principaux : Morty Lear, auteur réputé de livres pour enfants qui vient de décéder, Tommasina, alias Tommy, sa fidèle assistante nommée exécutrice testamentaire et Nick, l’acteur oscarisé qui doit interpréter le rôle de Morty à l’écran et qui veut s’imbiber du personnage.
Tommy a toujours travaillé avec l’auteur et connaît de lui certain secret sur l’origine de son œuvre qu’elle n’avait encore jamais dévoilé.
Nick, avait échangé des mails avec Morty, avant de convenir avec lui d’une visite pour mieux construire son personnage. Morty lui avait dévoilé la réalité de ses jeunes années, ce qu’il avait toujours tu, laissant croire tout autre chose.
Malgré le décès de l’auteur, Nick a souhaité maintenir sa visite et il vient passer quelques jours dans la maison que Tommy a partagée avec Morty. En farfouillant dans la chambre de l’auteur, Nick y découvrira ses tout premiers dessins, jusque-là inédits.
En éclairant tour à tour la vie et l’histoire de chacun des personnages, Julia Glass nous permet de composer le portrait le plus exhaustif possible de Morty dont chacun détient une facette qu’il ne dévoilera que partiellement aux autres. Et nous, lecteurs, sommes donc les seuls à connaître l’intégralité du personnage – pas si reluisant que ça – que fut Morty Lear !
Comme ‘Ma dévotion’ de Julia Kerninon, ce roman traite de la dévotion que certaines femmes, ni épouse, ni mère, portent à des artistes, s’oubliant, se mettant à leur service pour leur permettre de créer sans avoir le souci d’aucune contingence matérielle …
P 229 « J’aime Morty. Et sa vie, qui est la sienne, pas la mienne est une vie que … qu’il me plaît de partager. Pas exactement de partager, mais … j’aime vivre à ses côtés »
Là cependant, l’auteur ne veut pas être quitté et le montre : p 301 « Vous ne pouvez pas m’abandonner maintenant. Ce n’est pas possible. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi, mais ce n’est pas possible. Pas maintenant » Et même après son décès, p 414 « Tommy sera complètement si ce n’est inconditionnellement loyale à son patron. A présent elle le considère ainsi, de la même manière qu’elle le considérait au tout début : comme son patron. »
Ce qui m’a plu dans ce roman, c’est la façon dont l’auteur canalise le flux d’informations, de données qui coulent sans retenue dans les premières pages, jusqu’à façonner un récit plus classique, groupé par personnage au fur et à mesure que le roman avance, jusqu’au bouquet final où tous se retrouvent pour un épilogue. Cette impression de flux est renforcée par l’absence de chapitrage, ce roman coule d’une traite, sans interruption …
Ce que j’ai également aimé, c’est la façon dont l’auteur a réussi à donner des éléments de contexte, des flash-back sur le passé et l’enfance de ses personnages, qui éclairent les comportements et le caractère des adultes qu’ils sont devenus, sans rompre la fluidité du récit. Tout arrive au bon moment dans le livre. Seul bémol, parfois on ne sait pas trop de quel personnage il est question lorsqu’elle passe de l’un à l’autre sans nous en aviser.
Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions Gallmeister de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire
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