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Citations de Julien Decoin (24)


Au bout de la jetée, sur le Fort Raz, c’est apocalyptique. Minuscule petite forteresse, ridiculement fragile au milieu de cette Manche déchaînée qui joue aux cinquantièmes hurlants. Le cadavre d’une mouche dans les pattes d’un chat. Le raz d’Alderney et le raz Blanchard ont recouvert les eaux noires d’un linceul blanc qui doit s’étaler jusqu’en France. Vent contre courant, s’envolent dans le ciel des milliers de plumes écumeuses qui s’illuminent dans la nuit noire.
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Mais il ne fait pas que marcher, tranquillement dans son coin, tel un promeneur solitaire dans la forêt. Non. Pour aller plus vite et plus loin, cet arbre fait comme nous : il conquiert et colonise. Il profite des arbres, arbustes et buissons qui sont autour de lui, immobiles et impuissant pour avancer. Il pose sa branche comme on pose sa main sur l'épaule d'un copain. Puis il enlace comme on embrasse. Il sertrecomme on aime.
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La différence entre le charme et le reste de la beauté : la particularité.
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Platine rit et rougit. C'est la plus jolie chose qu'on ait faite pour elle par amour. La plus enfantine, la plus ridicule, la plus naïve et donc la plus jolie. On l'a soûler, on l(a droguée, on l'a attachée, on l'a forcée, on l'a trompée, on l'a battue, on l'a presque tuée par amour, mais ça, non, jamais. On ne l'a jamais embrassée par amour.
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La mer brasille, s'irise et s'enflamme. Le soleil se couche, et rien ne s'y oppose. Pas une montagne, pas une maison, pas un nuage, pas même une vague pour l'empêcher de disparaître parfaitement, proprement, derrière l’horizon, dans l'au-delà. Le voilier fonce droit dessus, et la boule jaune orange, brûlante, irradiante, semble grossir à vue d’œil. S'ils avancent encore un peu, ils la toucheront. La proue du navire fend la mer et foule l'allée doré que l'astre roi leur a déroulée. Derrière, le sillage, blanc, immaculé. L’avenir est radieux et le passé soulagé.
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C’est facile de vouloir être heureux. Encore faut-il savoir comment.
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Les nuages ont toujours aimé les îles. Catherine le sait bien, de la France les Anglo-Normandes ont chacune un chapeau qui mime à la perfection leurs lignes, courbes et reliefs. Si bien qu’elles se reflètent une fois dans la mer, une fois dans le ciel et qu’on peut, parfois, ne plus savoir laquelle est le reflet de l’autre. Un jeu des éléments, quelque chose qui les a toujours rendues un peu plus inaccessibles.
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En mer, le bruit n’existe pas. Les allées et venues des vagues qui caressent le rivage, la plage, les rochers, la côte, c’est bon pour les terriens. En mer, c’est le silence. Presque. L’écoulement, le ruissellement le long de la coque et quelques vagues dont les sommets s’entrechoquent en baisers blancs et bruyants. Écumeux. Les moutons que l’on aperçoit des landes, qui paraissent si violents depuis la terre, si délicats en pleine mer. Deux corps mous qui se rencontrent pour ne plus faire qu’un. Gerbe explosive.
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La différence entre le charme et le reste de la beauté : la particularité.
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Dehors, le ballet a commencé. D’abord un grand coup de vent qui claque les branches contre les volets puis les volets contre les fenêtres et les fenêtres contre les habitants qui osent regarder. Catherine voit s’envoler papiers, fleurs, insectes, grains de sable, tournoyer en suspens jusqu’à Guernsey, Jersey et puis la France, dans ce vent de retour de transatlantique, affamé, épuisé, trempé, prêt à en découdre. On a écouté une dernière fois les oiseaux, une ultime alerte et un grand silence, avant d’entendre le souffle jubiler, s’engouffrer dans les ruelles de St Anne et ternir les façades colorées devenues grisâtres sous son filtre terreux. Tout emporter sur son passage.
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Alderney a été entièrement repeuplée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, après avoir été vidée par les Allemands, puis réoccupée par des prisonniers de guerre pour constituer le seul camp de concentration en terre anglaise. Plus proche et plus pratique que la Pologne pour les juifs de Normandie et de Bretagne. Funeste et sordide Alcatraz européen. Impossible de s’échapper. Pas besoin de requins, de miradors, d’eau gelée. Le raz Blanchard est là, gardien malgré lui et complice de l’horreur. Plus personne, depuis, n’a d’attache historique dans l’île. Nul ne peut prétendre que cette pierre ou ce chemin est à lui. Alderney appartient à la reine, et à tout le monde.
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Alors Jean balance leurs instruments dans leur bagnole et leur dit d'aller se faire foutre. C'est là qu'il les traite de branleurs. La pire insulte pour lui qui ne supporte pas l'idée de "se branler", c'est-à-dire ne rien faire sauf se donner du plaisir.
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Elle porte une robe courte qui dévoile ses cuisses nues. Des bottines noires qui s’arrêtent aux chevilles. Des seins bombés, collés l’un à l’autre. Ils ne sont pas comme ça d’habitude. Pas autant. Elle mâche un chewing-gum et c’est peut-être ce qui la rend vulgaire, ou ce rouge à lèvres outrancier, ou ce noir sur les yeux, ou son assurance. Elle est blonde et elle boit une bière à la bouteille.
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- Tu dis que tu m'aimes pour ce que je suis et tu ne veux pas que je sois celle que tu aimes. Go fuck yourself.
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- Votre lassitude. La routine de vos engueulades. Il y a des couples pour lesquels une engueulade est quelque chose d'important, un orage un mois d'été. Et des couples pour lesquels une engueulade, c'est la rosée du matin. Quelque chose qui mouille la plante des pieds, chaque jour.
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Mais elle lui pardonne et reste. Elle ne dort pas avec lui, elle vit avec lui. Elle veut bien tout lui passer et baiser toute la journée, sur des tables et des flight cases, contre la porte des toilettes ou le dossier d'un siège de voiture. Il est le dernier qu'elle a envie de voir en se couchant, le premier en se réveillant. Le seul.
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Quand on est seul on n’a besoin que d’une seule table pour travailler, pour manger, pour boire. Elle ne sait pas pourquoi, c’est le vin, peut-être, elle l’imagine avec quelques années de moins à prendre des groupies sur cette table. Quand on est connu, se dit-elle, on doit baiser sur les tables. Plus que quand on n’est personne. Elle a déjà baisé sur une table, elle n’est personne. Ça devient gênant de l’imaginer pantalon baissé, elle fait diversion avec du concret et essaie de glaner quelques informations sur sa vie. On ne sait pas grand-chose de lui en ville. Juste qu’il est riche, célèbre, et acariâtre. Personne ne le voit jamais, d’aucuns pensent qu’il est retourné là-bas, à New York. Comme on ne sait pas, on se contente de ressasser le passé et ses histoires.
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Il doit trouver quelques périphrases malignes pour se faire comprendre : devenir une canaille, s’y perdre et s’y frotter, s’aventurer un court instant, avec toujours, toujours, cette idée de définitif et d’irréversible. Sans retour. C’est à petit feu, c’est lent, ça dure une vie si on s’y prend bien. La jeune fille ne saisit pas toutes les nuances mais le nouveau bar dont tout le monde parle lui apparaît comme suffisamment canaille pour cet auteur à la française – en français dans sa bouche et avec son accent, il faut y entendre quelque chose de Sartre, petit rat littéraire germanopratin pas franchement sexy. Ça l’amuse même, l’insolente, de l’embarquer là-dedans, qu’il en ait pour son argent et qu’il découvre son rêve américain des bas-fonds de Manhattan.
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Il aurait aimé, lui, inventer le mot « raimer ». Aimer encore et toujours, encore plus, comme un enfant qui ne se repaît jamais des baisers de sa mère. Raime-moi, maman, j’en reveux. Comme un homme de son amante. Raime-moi, encore. Rejouis. Ne jamais arriver à satiété. Mais « raimer », ça ne se dit pas.
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Il n’écrit plus mais continue de dire qu’il travaille. Comme si vivre dans son couvent, marcher, lire, dormir, vivre était écrire. Parcourir son jardin jusqu’à la porte pour ouvrir à une jeune fille n’a rien d’une sinécure.
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