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Citations de Kafū Nagai (80)


Kimie, simple serveuse de bar, voulait bien tout ce qu'on voulait en matière d'esthétique ; elle voyait des jeunes hommes et des jeunes femmes nus s'étreindre parfois en présence de la multitude et, ce faisant, dessiner toutes sortes de figures, et elle s'était demandé quel genre de personnage se révèlerait, si elle pouvait avoir un rendez-vous avec lui, l'homme qui faisait commerce de ce genre de chose. Son état d'esprit ne différait en rien de celui d'une geisha débauchée patronnant un lutteur de sumô, ou d'une étudiante amoureuse d'un champion de base-ball.
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Le mécanicien se retourna vers moi en retirant son chapeau et commença à me parler. Je vis alors que c'était une femme ayant de peu dépassé la vingtaine. Elle avait à la main un flacon de whisky dont elle m'offrit un verre, et je compris qu'elle me proposait de faire de la voiture une chambre à coucher de fortune. N'est-il pas singulier que plus le filet des lois se resserre, plus se développe l'ingéniosité pour y échapper ? Que l'arc et la flèche soient remplacés par des armes plus efficaces, l'oiseau vole plus haut. Perfectionnez les filets et les appâts, le poisson plonge plus profondément. Depuis trois mille ans, le monde n'a pas changé.
Page 231
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Cet été, comme l’année précédente et celle d’avant, je sortais chaque jour de chez moi avant le coucher du soleil, mais la vérité est que je n’avais nul lieu à atteindre, nul endroit où marcher.

Chapitre 5
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Exposer mes livres au plein soleil pendant les dernières chaleurs de l’été, et brûler les feuilles mortes de mon jardin, un après-midi sans vent au début de l’hiver : telles étaient les occupations les plus agréables de ma vie solitaire. De fait, lorsque je sortais les livres, je contemplais ceux qui étaient restés longtemps empilés sur de hautes étagères, l’époque où je les avais savourés me revenait en mémoire, et c’était l’occasion pour moi de percevoir l’évolution des courants du temps et celle de mes goûts. Le plaisir que j’éprouvais à brûler les feuilles mortes venait du fait que j’en oubliais, ne fût-ce qu’un moment, que je menais une vie de citadin.

Chapitre 9
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L'allée centrale frangée d'herbes aux turquoises était bordée d'un côté par des arbres fruitiers luxuriants : pruniers, châtaigniers, plaqueminiers, jujubiers, et de l'autre par un bosquet de bambous à épis comestibles dont les pousses vigoureuses prenaient la tournure de jeunes sujets d'un beau vert, tandis que les branches des vieux troncs laissaient continuellement choir leurs fines feuilles voltigeantes. C'était l'époque où les corolles épanouies des fleurs des châtaigniers exhalaient leur entêtante odeur, où les jeunes feuilles des plaqueminiers, surpassant même les érables, offraient le vert le plus tendre. A mesure que la cime des arbres laissait filtrer des rayons de soleil dont le chatoiement dansait sur la mousse épaisse, le murmure du vent vous parvenait comme celui d'un ruisseau tout proche et le ramage d'on ne savait quel oiseau s'élançait avec une vigueur plus grande que celle de la pie grièche qui se fait entendre au matin des beaux jours d'automne.
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Il n’est pas rare que le sol des palais de l’équité soit jonché d’excréments d’oiseaux ou de rats, et c’est à l’inverse au fond des vallées du vice que l’on peut cueillir et amasser en abondance les belles fleurs des sentiments humains et les fruits parfumés des larmes.

Chapitre 7
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Même ces quartiers nouveaux, qui se forment en des lieux aussi retirés, ne peuvent échapper aux vicissitudes de l’Histoire. Que dire alors de la vie des êtres humains ?

Chapitre 6
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D’entre les livres empilés près du mur, il sortit des exemplaires reliés, cinq ou six, les épousseta des deux mains et me les confia :
« Dépôt légal, douzième année de Meiji (*). Quand on lit des revues de cette époque, on a l’impression de vivre plus longtemps, n’est-ce pas ? »

(*) 1879
Chapitre 1
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Kikuko avait fini par s'endormir tout en pleurant. A peine réveillée, le lendemain matin, elle pensa à sa bague. Regardant ses doigts nus, elle se sentit comme dépouillée de tout. Elle eût préféré perdre ses kimonos ou ses ornements de coiffure que sa bague ornée d'un diamant. Lorsqu'elle avait reçu l'ordre brutal de le rendre elle avait été stupéfaite, et il lui avait semblé que ses plus intimes sentiments avaient été mis à nu. Elle l'avait retirée et jetée en affectant une complète indifférence, mais maintenant, elle se demandait pourquoi elle n'avait pas montré comme d'habitude un dépit enfantin et déclaré que c'était la seule chose qu'elle ne pouvait faire. elle aurait pu lui dire d'un air câlin :
-Si nous devons nous séparer, donnez-moi au moins cette bague en souvenir de vous.

Une femme en chambre garnie ( Cambourakis p 78)
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Ce disant, Kimie défit et rejeta son pagne, et cambrée en arrière, se renversa complètement sur les genoux de Yata.
- Enlevez-moi tout, même mes socquettes.
Dans ce genre de situation, quand elle se trouvait pour la première fois en tête à tête avec un homme, et plus qu'avec un amant maintes fois rencontré, son plaisir était multiplié par deux et elle ne se sentait pas satisfaite tant qu'elle n'essayait pas d'envoûter son partenaire autant qu'elle le voulait. A quel moment ce penchant singulier lui était-il venu ? De cela elle prenait de temps à autre conscience au beau milieu des câlineries et voulût-elle y mettre fin en cours de route qu'elle n'y pouvait pas parvenir ; plus encore qu'avec un beau gars, quand elle avait pour partenaire un vieux bonhomme repoussant ou quelqu'un dont elle n'avait pas voulu d'abord, l'instant critique arrivé, Kimie retombait dans son tic habituel, mais amplifié jusqu'au déchaînement, quitte après coup à frémir intérieurement de tant de dépravation ; elle n'eût su dire combien de fois cela lui était arrivé.
Ce soir-là encore, harcelé par ce Yata dont l'affectation lui était d'ordinaire odieuse, Kimie, happée en cours d'opérations par cette frénésie-là, se laissa une fois de plus glisser sur la pente perverse.
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Nagashima s'arrêta devant la porte grillagée du logis où sa maîtresse, payée au mois, habitait une chambre garnie du premier étage, puis il revint en arrière en étouffant le bruit de ses pas. Il était à peu près dix heures par une soirée pluvieuse de la fin de février. La maison était dans une ruelle transversale perçant la rangée de maisons de location alignées au pied de la colline d'Atago : de simples baraques provisoires élevées avec le grand tremblement de terre. Nagashima constata avec satisfaction que la ruelle était silencieuse et déserte. Il franchit quelques mètres puis se dissimula derrière un gros poteau télégraphique qui se dressait sur le côté du chemin, sortit un paquet de cigarettes de sa poche et en alluma une tout en guettant la maison qu'il venait de quitter. Les volets de bois étaient déjà fermés à la fenêtre du premier étage, mais ceux de la porte d'entrée ne l'étaient pas encore.
Une femme en chambre garnie ( Cambourakis p 5)
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- Dans le temps, pour parler de choses sur lesquelles on ne peut pas trop compter, on disait : "Faveur de prince, confiance mince."
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Elle se serra contre Kiyooka sur le point de s'engager dans l'escalier, approcha tout près son visage comme pour l'embrasser, en fermant à demi ses paupières aux longs cils. Il jugea le procédé exécrable; mais en présence de cette femme qu'il ne détestait pas foncièrement et qui était si troublante avec ses gestes de grande passionnée, il sentit à cette minute précise se perdre dans les airs le sourd ressentiment qui ne le quittait pas; face à une pareille fille née pour être une parfaite prostituée, tous les blâmes formulés au nom de la morale s'avéraient peut-être d'une dureté excessive. Si l'on voyait en elle une sorte d'instrument à allumer les bas instincts des hommes, encore moins était-il fondé à lui reprocher ce qu'elle pouvait faire quand il ne la voyait pas; ses amants n'étaient pour elle que des jouets et qu'elle mettait au rancart selon son bon plaisir ? Pourquoi pas, après tout ?
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En ce temps-là, malgré sa dépravation, ses épaules, ses reins conservaient encore quelque chose d'une fille vierge ; aujourd'hui, avec cet ovale du visage qui, des pommettes à la pointe du menton, était la grâce même, avec cette plénitude luxuriante des chairs que le peignoir entrouvert et la position assise en tailleur laissaient voir de la poitrine à la région des cuisses alors que les épaules et la nuque semblaient plus minces et plus flexibles que par le passé, ce qui retenait l'attention, c'était un charme ensorceleur qu'on ne trouve nulle part dans toute la personne d'une femme qui gagne honnêtement sa vie.
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Pour reprendre mes termes de tout à l'heure, il existe d'un objet sa réalité essentielle et son reflet illusoire. Qu'un objet donné produise une ombre est dans l'ordre de la nature; mais selon le temps et les circonstances, le phénomène inverse se présente lui aussi, où c'est l'ombre qui fait surgir l'objet. Voilà pourquoi si l'on commence par abolir l'ombre, l'ordre naturel et les choses de ce monde s'acheminement tranquillement vers un règlement tranquille.
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Il arrive que, par le fait d'une affinité privilégiée, l’œuvre d'un écrivain trouve au sein d'une autre culture un interprète idéal. On ne peut s'empêcher, alors, d'admirer qu'en dépit des distances créées par l'espace et le temps, deux sensibilités se révèlent si merveilleusement accordées.
C'est bien une telle affinité qui fut en jeu dans la rencontre que devait faire l’œuvre de Nagaï Kafû avec Pierre Faure.
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Chez Yoshioka, la quête des plaisirs charnels offerts par une vie débridée dans la vie civilisée d'aujourd'hui s'apparentait à l'instinct qui poussait les hommes des temps reculés lorsque, enfourchant leurs fières montures, ils poursuivaient dans les vastes landes les animaux sauvages pour les dépecer et se délecter de leur viande avec de grands claquements de langue ou encore à celui qui animait les guerriers de l'époque des fiers combattants, lorsqu'ils revêtaient leurs armures et casques fastueux pour aller s'entre-saigner. Tout ceci n'était que manifestation de la pathétique et infinie libido de l'homme. Avec le développement de la civilisation, la société s'était organisée de telle manière que la force vitale s'était transformée maintenant en poursuite de l'opulence et de la volupté ou encore en volonté de vaincre dans le monde des affaires. La gloire, la fortune et les femmes constituaient les trois forces motrices de l'homme contemporain.
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Kafū Nagai
Jusqu'au bout, je ferai en sorte qu'on puisse compter au rang des œuvres d'art la maison où je dois vivre, les vêtements qu'il me faut porter, la nourriture qu'il faut bien avaler. J'irai plus loin encore: je souhaite concevoir ma vie elle-même comme le chef-d’œuvre d'un artisan. Faute de quoi mon cœur ne saurait être comblé.
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De même que, dans le palais de l'équité, on rencontre souvent les fientes laissées par les oiseaux et les rats, de même, au fond de la vallée du vice, on peut, paradoxalement, cueillir en abondance les belles fleurs de la sensibilité et les fruits parfumés des larmes.
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La décadence est le développement logique des choses ; si l’on veut l’éviter, dès le début il faut choisir de rester dans la barbarie et l’inculture.
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