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EAN : 9782264014566
294 pages
10-18 (01/03/1992)
3.53/5   15 notes
Résumé :
Chantre du quartier des plaisirs, Nagaï Kafû (1879-1959) est l'un des écrivains japonais les plus anticonventionnels de sa génération. Ayant appris en France, au début du siècle, le goût des libertés, il refusera son concours à l'association des écrivains d'orientation fasciste, émettant le vœu d'être enterré au cimetière des prostituées et ne cessant jusqu'à sa mort (viveur impénitent) de fréquenter les petites danseuses d'Asajusa qu'il a su dépeindre dans ses roma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'avais adoré Chronique d'une saison des pluies. Je retrouve avec le même plaisir l'écriture élégante et moderne de Kafu et ses formidables portraits de femmes. Sans aucun misérabilisme ni aucune complaisance mais avec une profonde humanité, il raconte le quotidien précaire des prostituées, geishas, serveuses de café,... leurs parcours chaotique, leur destin ...dans les années 30 à Tokyo. En arrière plan, les ruines et la misère d'une ville qui vient de subir un terrible tremblement de terre (1923) et qui s'européanise jusque dans ses bas fonds.
La présente édition Cambourakis 2020 contient six nouvelles. La première est un bijou avec des scènes d'anthologie.

1)Une femme en chambre garnie ( 84 pages)
Nous suivons d'abord Nagashima, un publicitaire quinquagénaire, qui entretient sa maîtresse payée au mois. Jaloux, iI l'épie devant la porte grillagée du logis. C'est à travers son regard et ses souvenirs de bourgeois possessif que nous faisons connaissance de Kikuko, puis à travers les yeux intéressés des entremetteurs et des clients et enfin à travers le point de vue sensible et compatissant du narrateur. Elle apparaît insaisissable, capricieuse, indépendante, pragmatique mais à mesure que le
récit avance, profondément seule. A la fin Nagashima réapparaît, content de lui.

2) L'hortensia ( 22 pages)
Tsuruki Dayu rencontre SôKichi dans un temple à son grand étonnement. Celui-ci était un ancien joueur de guitare et un homme entretenu par une dame. A présent, il est marié et propriétaire d'une modeste maison de geishas. Il se recueille devant la tombe de kimika. Une geisha de médiocre réputation, pour laquelle il vécut une folle passion au point de vouloir la poignarder...

3) Voitures de nuit ( 10 pages)
Le narrateur peste devant les transformations de son Tokyo nocturne. Les taxis automobiles ont remplacé les pousse-pousse ; les chauffeurs, les coolies. La prostitution aussi a changé. Deux anecdotes viennent corroborer sa nostalgie et sa colère.

4) Un soir au café ( 12 pages)
Le narrateur rapporte une histoire entendue dans un café de Ginza, quartier qui ne brille pas par son raffinement. Tsuta, une serveuse de vingt ans raconte son enfance minée par la jalousie du père envers la geisha qu' il a épousée.

5) Un amour non partagé ( 20 pages)
Le narrateur, un dramaturge, se souvient de son amour secret pour une actrice, elle même amoureuse de l'un de ses amis. Une nouvelle très réussie sur les occasions manquées, les illusions perdues et les retrouvailles vingt ans après.

6) Cheveux bouclés ( 33 pages)
Nakada, 45 ans, rentre ivre d'une maison de rendez-vous où il a accompagné son directeur. Sa femme O-kyô, qu'il méprise, l'attend. Elle a l'habitude. Nakada se fait du souci pour kyotarô, le fils, pas encore rentré et pour sa fille Masako, 16 ans, qui ressemble beaucoup à une des filles de la maison de rendez-vous,. En rentrant dans sa chambre, il se souvient tout à coup d'une grosse bêtise où "l'avait entrainé, vingt ans auparavant une des élèves de l'école de fille où il enseignait". Une nouvelle intéressante avec différents points de vue et un ton légèrement ironique.

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Me suis-je lassé des écrits de Kafu ou c'est l'écrivain qui, se répétant sans fin sur les relations entre les geishas et leurs amants finît par me décourager ? J'apprécie toujours autant la toile de fond de ces récits, ici l'après-tremblement de terre de 1923 qui ravagea la région du Kanto. Mais les petits arrangements entre les hommes et les femmes sur fond de destruction et reconstruction de Tokyo ne m'intéressent plus. Où se trouve la fraîcheur de « La Sumida » que j'avais tant aimée ? Cette impermanence qui se lisait à l'ombre des cerisiers en fleurs sur les bords du fleuve. Il me semble avoir lu quelque part (Pierre Faure?) que Kafu, pour ne pas être inquiété pendant la dictature militaire dans les années 30, a continué à écrire, mais seulement de ces histoires de geishas qui plaisaient à tout le monde. Ce qui lui évitait d'écrire le véritable fond de sa pensée sur les militaires et la guerre qui arrivait. Une forme d'auto-censure.
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Le livre rassemble sept nouvelles.
« Une femme en chambre garnie » est l'histoire d'une prostituée clandestine dont la vie précaire est particulièrement émouvante.
Dans « Saison des pluies » c'est une jeune serveuse dans un bar (le Don Juan sur Ginza) qui est le principal personnage. Ses amants se bousculent, sa vie est compliquée. C'est un texte magnifique, plein de compassion, de dialogues étincelants, de peintures tranquilles de la nature et de la vie. La fin touche au sublime.
« L'hortensia » est le récit de la courte vie d'une geisha. On est devant sa tombe. La misère l'a conduite à ce métier.
« Voitures de nuit « bien que donnant son titre au livre est paradoxalement le texte le moins intéressant. Il montre la dépravation des moeurs « dans ce monde en décadence ».
Dans « Un soir au café » une jeune serveuse raconte son histoire, la dislocation de sa famille. Elle se retrouve seule et doit se débrouiller.
Pour finir « cheveux bouclés » est une sorte de farce sur les amours d'un professeur d'anglais avec une élève qui, vingt ans plus tard, prendra sa revanche.
Pour « saison des pluies » et « une femme en chambre garnie » le livre mérite à mon avis la notation maximale.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le mécanicien se retourna vers moi en retirant son chapeau et commença à me parler. Je vis alors que c'était une femme ayant de peu dépassé la vingtaine. Elle avait à la main un flacon de whisky dont elle m'offrit un verre, et je compris qu'elle me proposait de faire de la voiture une chambre à coucher de fortune. N'est-il pas singulier que plus le filet des lois se resserre, plus se développe l'ingéniosité pour y échapper ? Que l'arc et la flèche soient remplacés par des armes plus efficaces, l'oiseau vole plus haut. Perfectionnez les filets et les appâts, le poisson plonge plus profondément. Depuis trois mille ans, le monde n'a pas changé.
Page 231
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Kikuko avait fini par s'endormir tout en pleurant. A peine réveillée, le lendemain matin, elle pensa à sa bague. Regardant ses doigts nus, elle se sentit comme dépouillée de tout. Elle eût préféré perdre ses kimonos ou ses ornements de coiffure que sa bague ornée d'un diamant. Lorsqu'elle avait reçu l'ordre brutal de le rendre elle avait été stupéfaite, et il lui avait semblé que ses plus intimes sentiments avaient été mis à nu. Elle l'avait retirée et jetée en affectant une complète indifférence, mais maintenant, elle se demandait pourquoi elle n'avait pas montré comme d'habitude un dépit enfantin et déclaré que c'était la seule chose qu'elle ne pouvait faire. elle aurait pu lui dire d'un air câlin :
-Si nous devons nous séparer, donnez-moi au moins cette bague en souvenir de vous.

Une femme en chambre garnie ( Cambourakis p 78)
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Nagashima s'arrêta devant la porte grillagée du logis où sa maîtresse, payée au mois, habitait une chambre garnie du premier étage, puis il revint en arrière en étouffant le bruit de ses pas. Il était à peu près dix heures par une soirée pluvieuse de la fin de février. La maison était dans une ruelle transversale perçant la rangée de maisons de location alignées au pied de la colline d'Atago : de simples baraques provisoires élevées avec le grand tremblement de terre. Nagashima constata avec satisfaction que la ruelle était silencieuse et déserte. Il franchit quelques mètres puis se dissimula derrière un gros poteau télégraphique qui se dressait sur le côté du chemin, sortit un paquet de cigarettes de sa poche et en alluma une tout en guettant la maison qu'il venait de quitter. Les volets de bois étaient déjà fermés à la fenêtre du premier étage, mais ceux de la porte d'entrée ne l'étaient pas encore.
Une femme en chambre garnie ( Cambourakis p 5)
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En temps ordinaire, Kikuko n'était pas du tout comme la généralité des femmes qui importunent constamment leurs amis avec des demandes de kimonos, de cols, de ceintures, de tout au monde. Par contre, elle était très indépendante, et son amant pouvait parfois la cajoler en vain sans obtenir une réponse. Il ne le lui reprochait pas, car pour lui le fait de ne pas désirer beaucoup d'argent et de ne rien demander était la plus grande vertu que l'on pût trouver chez une femme.
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Le vent du soir apportait des boutiques une odeur de poisson grillé. La blancheur du cou et des pieds nus des femmes rentrant du bain égayait le crépuscule de cette journée du commencement de l'été. Devant de nombreuses portes, on voyait de nombreuses jeunes femmes aspergeant le sol pour faire tomber la poussière. Dans d'autres maisons, on voyait rentrer, au premier étage,la lessive séchée par le soleil. La plupart étaient des femmes entretenues, jolies et coquettes, et Uémura, tout en marchant, ne pouvait détacher ses regards de l'étage supérieur de toutes ces maisons garnies.
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Video de Kafū Nagai (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kafū Nagai
Ryoko Sekiguchi Patrick Honoré le Club des gourmets et autres cuisines japonaises. Traduire. Où Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré tentent de dire de quoi est composé "Le Club des gourmets et autres cuisines japonaises", présenté par Ryoko Sekiguchi, et comment a été traduit du japonais ce recueil de Kôzaburô Arashiyama, Osamu Dazai, Rosanjin Kitaôji, Shiki Masaoka, Kenji Miyazawa, Kafû Nagai, Kanoko Okamoto, Jun?ichirô Tanizaki traduits par Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré, à l'occasion de sa parutuion en #formatpoche aux éditions P.O.L et où il est question notamment de la traduction à deux mains, de Patrick Chamoiseau et de mangas,et des mots pour dire la nourriture et la cuisine. "Si le Japon est connu comme un pays de fine gastronomie, sa littérature porte elle aussi très haut l'acte de manger et de boire. Qu'est-ce qu'on mange dans les romans japonais?! Parfois merveilleusement, parfois terriblement, et ainsi font leurs auteurs, Tanizaki, Dazai, Kafû du XIIe siècle à nos jours, dix gourmets littéraires vous racontent leur histoire de cuisine."
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