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Critiques de Laura Alcoba (144)
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Le Bleu des Abeilles

Le bleu est décidément en vogue. Après Julie Maroh et son « bleu est une couleur chaude », c’est au tour du « bleu des abeilles » de venir nous émouvoir avec finesse et poésie.

1979, la jeune narratrice quitte La Plata et son père emprisonné dans les geôles argentines pour rejoindre sa mère réfugiée en France. Alors qu’elle découvre un pays fantasmé, c’est l’amour des mots et de la langue française qui émerveille la jeune fille. Tandis qu’elle entretient une correspondance épistolaire avec son père, elle découvre les joies de la démocratie, même si l’exil lui pèse énormément.

Un roman qui vous prend par la main et vous enveloppe dans sa bulle avec une délicatesse et une justesse très touchante. Laura Alcoba (car on imagine bien sur que ce sont en grande partie ses propres souvenirs) nous montre son amour des mots, des syllabes, des sons avec une innocence jamais naïve. Un roman bourré de charme dont le seul défaut est d’être trop court. Bien à vous et merci Laura.

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Le Bleu des Abeilles

Souvenirs de fin d'enfance, de débuts d'adolescence pur cette jeune fille arrivée d'Argentine fin des années 70.

Description de petits moments suspendus. C'est doux, c'est tendre. Ce livre est une plume déposée délicatement dans nos mains. C'est une petite madeleine de Proust.

La découverte de la langue française comme la découverte d'une confiserie.

J'ai beaucoup aimé cette petite lecture. Un joli moment de pause. Ce n'est pas une histoire avec un début et une fin. C'est un moment partagé,une sensation, un vrai petit plaisir...
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Le Bleu des Abeilles

Avec Le Bleu des abeilles, je renoue avec la littérature contemporaine, celle honnête et légère de Laure Alcoba. Et avec Le Bleu des abeilles, c’est aussi ma 600e critique sur Babelio qui se fait jour (ça passe vite ).



Et c’est sur son arrivée en France, depuis son Argentine natale alors qu’elle n’a que dix ans et que sa mère pour l’accompagner, que s’étend ce court roman. La petite narratrice découvre le Blanc-Mesnil, bien moins reluisant que son Argentin d’où elle vient d’émigrer. En parallèle de ses découvertes et de ses désagréments du fait du décalage linguistique et culturel, elle entretient un lien épistolaire avec son père, resté emprisonné au pays.

Ainsi, il n’y a pas là matière à découvrir un roman exceptionnel ou bien un ouvrage qui va révolutionner le genre. Toutefois, l’honnêteté et la simplicité de l’auteur, associée au regard de l’enfant qui découvre son monde, les enfants de son âge et la langue française font de cet opus une lecture charmante ; cette naïveté est particulièrement touchante quand l’auteur se prend d’affection pour un aspect de la culture française pour en développer une caractéristique symbolique sur un ou deux paragraphes (celui sur l’odeur du reblochon est sûrement le meilleur pour moi, juste devant des scènes touchantes comme celles à la cantine de l’école).



De souvenirs d’enfance en difficultés concrètes de l’immigration, Laura Alcoba nous sert un petit récit aussi mignon qu’instructif, sans pour autant chercher à être LE grand roman d’envergure qui nécessiterait un plus long développement de l’histoire et des personnages ainsi qu’une problématique plus étoffée.
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Par la forêt

Paris, décembre 1984. « Ce jour-là, Claudio n’a pas écouté Griselda » C’est avec cette phrase laconique que Laura Alcoba ouvre sa longue, minutieuse et patiente enquête sur un fait-divers familial. Mais s’agit-il d’une tragédie, d’un drame ou bien d’un accident ?

Quarante ans après, l’autrice va écouter tour à tour tous les protagonistes de ce drame, elle va le faire avec délicatesse et bienveillance tout en s’interrogeant sur chaque évènement précédent le drame.

Elle arrive à prendre ce recul nécessaire pour raconter les faits alors que son père était un ami proche de la famille qu’elle-même a connue lorsqu’elle était enfant.

Petit à petit, se dévide la parole des parents, celle de Griselda, de Claudio et celle de Flavia leur fille et de Colette l’institutrice avec son mari René, et l’on voit apparaitre chaque personnage. Les souvenirs tout d’abord, ceux de l’autre pays, l’Argentine, qu’il a fallu quitter et puis l’arrivée en France, et le travail dans un lycée privé avec, pour tout logement, une loge étroite de concierge. Puis, peu à peu, transparait la personnalité dérangée, fragilisée de Griselda. Jusqu’à ce jour funeste de décembre 1984 où l’irrémédiable se produit.

Comment se reconstruit une famille après un drame de cette ampleur ?

Laura Alcoba est fascinée par Flavia dont elle dit : « Elle a en elle une force et un courage que je ne croyais pas pouvoir exister.

Je le sais depuis le début : c’est pour elle que j’écris ce livre »

Bien sûr, le mythe de Médée est évoqué par l’autrice, qui cherche à comprendre sans jamais juger.

L’écriture d’un tel sujet était pour le moins périlleuse et Laura Alcoba s’en sort avec maestria et sans effets de manche. Elle a su s’effacer pour mettre la lumière sur les mots, les gestes des personnages et l’on vibre avec eux au fur et à mesure que se précise le récit.

Une histoire d’une grande force menée avec douceur et empathie, voilà ce que je retiens de ce très beau récit romancé.

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Par la forêt

Lorsqu’on découvre la quatrième de couverture, on ne peut que se rendre compte que la lecture de ce livre ne sera pas facile au vu du principal sujet évoqué : une mère ayant tué deux de ses enfants. Pourtant, l’auteure, Laura Alcoba, en a écrit une histoire solaire, avec beaucoup de poésie, de pudeur mais surtout sans aucun jugement.



À la fois avec douceur et délicatesse, elle nous conte l’histoire terrible de Griselda, mère de trois enfants, qui – un vendredi de décembre 1984 – a tué deux de ses enfants. On y apprend beaucoup de cette journée funeste mais aussi du passé de cette femme argentine, avant son exil d’Argentine en France entremêlé des difficultés depuis son enfance à l’âge adulte.



La narratrice rencontre, trente ans plus tard, les différents protagonistes qu’elle a connus par l’intermédiaire de sa famille quand elle était plus jeune : la mère, le père mais aussi la fille survivante, Flavia ainsi que d’autres témoins du drame. Tous ces témoignages sont rassemblés, sans jamais sentencier les actes, et confrontés aux propres souvenirs enfouis de la narratrice. Elle expose simplement les faits. Ce qui pourrait paraître « froid » ou « détaché », ne l’est finalement pas, mais rempli d’humanité et porté par une plume habile.



Comme je l’avais déjà mentionné dans ma chronique du livre « Les jardins d’hiver » de Michel Moatti, j’éprouve un intérêt certain pour les événements qui se sont déroulés en Argentine durant les années 70-80. Leur évocation apporte une plus-value au fond de l’histoire.



La retenue et l’empathie dont fait preuve Laura Alcoba dans ce livre est à saluer. Exposant l’avant et l’après de ces infanticides, l’auteure n’a pas la prétention d’expliquer le pourquoi de ce terrible geste posé par une mère « aimante », telle que qualifiée par Flavia, qui n’était alors qu’une petite fille de 6 ans à cette époque.



Voilà un livre de cette rentrée littéraire hivernale très riche, que je vous recommande chaudement.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Par la forêt

Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la loge du Lycée T. à Paris, en décembre 1984, pour que la narratrice de cette histoire, bien des années après, décide d’enquêter et d’expliquer un drame familial qui s’est joué en quelques heures et a détruit une famille apparemment très heureuse ?



C’est à un long flash-back que nous convie Laura Alcoba, qui va pendant plus de cent pages raconter la vie de Griselda, une femme argentine ayant émigré en France, et retrouvé Claudio, l’homme de sa vie pour lequel elle éprouvé un coup de foudre dès leurs débuts dans une librairie de Buenos Aires, et lui donner trois enfants dans la loge du lycée où ils sont hébergés.

Il nous faudra attendre la page 106 pour connaître les détails de « l’accident », ou du « drame » ou encore de « la tragédie ». Auparavant, avec la narratrice qui écoute les témoins de cette époque, on aura appris à connaître l’histoire de Griselda et on aura tenté de comprendre ce qui a pu conduire cette belle femme à agir ainsi lors de cette funeste journée de décembre 1984.



On aura au passage tracé le portrait de Flavia, la fille de Griselda et Claudio, qui va se reconstruire grâce notamment à un couple d’instituteurs très aimants, Colette et René.



Il y a beaucoup de délicatesse et de douceur sous la plume de Laura Alcoba, qui réussit le tour de force de ne jamais juger, accabler, ou vilipender la femme qu’est Griselda, quoi qu’elle ait pu faire dans le secret de sa loge un petit matin.



Traversée par le mythe de Médée, « Par la forêt » convoque des souvenirs anciens de femme ogresse, dévorant ses propres enfants. Il faut se souvenir de la tragédie grecque d’Euripide, puis de la pièce de Corneille, ou de tous ces récits d’infanticide insoutenables : une femme n’a pas le droit de tuer ses propres enfants, cet acte est trop infamant.



Avec beaucoup de patience donc, Laura Alcoba nous conduit sur le chemin qui mène à la forêt sombre de l’inconscient, nous rassurant au passage comme l’ont fait Colette et René avec la petite Flavia sur les sentiers près d’une forêt métaphorique où ils sont allés ensemble, pour terminer sur une note magnifique, à l’image de ce que dit Flavia à la narratrice à propos de sa mère Griselda :

« Présente, aimante. Très aimante ».



Une belle leçon de tolérance et d’empathie à laquelle seule la littérature ou la culture en général nous donne accès.

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La danse de l'araignée

Des abeilles à une araignée,

une araignée ," une araña pollito andine",une espèce à part, qu'on peut vraiment apprivoiser, donc l'avoir comme animal de compagnie (en cage), et de surcroît qui danse. En somme, c'est ce qu'elle appelle une mygale, que désire notre narratrice alias l'auteur. Et tout ce désir vient d'une histoire racontée dans une lettre envoyée par son père emprisonné en Argentine dans les années 80....la mygale / le père....son désire se réalisera en mieux.....

C'est la suite à son livre précédant, "Le bleu des abeilles ", qui racontait ses deux premières années à Paris avec sa mère, suite à leur exil d'Argentine, où son père est resté incarcéré comme prisonnier politique. Elle poursuit le même procédé narratif, de courts chapitres relatant chacun une anecdote de son adolescence. Anecdotes du nouveau quartier où elle a emménagé avec sa mère et Amalia, une amie de sa mère, un nouveau lycée, des nouvelles amies, des changements corporels à l'adolescence....et toujours en arrière-plan, l'Argentine, la dictature et le père emprisonné. Un père féru de littérature française qui à travers ses lettres encourage sa fille à lire des classiques et s'enquiert de ses études....

La prose de Laura Alcoba est toujours belle et douce,agréable et facile à lire mais j'ai trouvé le fond plus léger que son livre précédent, dont les anecdotes étaient plus intéressantes, vu l'âge de la narratrice et le contexte - les deux premières années d'exil-.

Si vous n'avez pas lu le précédent, je le conseille vivement, celui-là, à vous de voir, avec le temps que je dispose j'aurais préféré lire autre chose.
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Manèges : Petite histoire argentine

En 2003, lors d'un voyage en Argentine réalisé avec sa fille, Laura se souvient des événements qui se sont déroulés alors qu'elle n'était qu'une enfant. Tout a commencé à La Plata, en 1975, ses parents appartiennent à l'organisation politico-militaire péroniste des Montoneros dont les membres sont pourchassés par les commandos de l'AAA, la Alianza Anticommunista Argentina. Le père de Laura, emprisonné, sa mère doit se cacher ...

Laura a écrit cet épisode autobiographique à Paris en 2006.



Challenge Petits plaisirs 2017 – 143 pages
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Par la forêt

« Bientôt, l’envie de fuir, de partir en courant, s’était transformée en urgence. Depuis qu’elle étouffait dans leur appartement, elle avait l’impression d’être devenue ce cheval espagnol capable de parcourir des kilomètres comme si de rien n’était. Elle avait toujours rêvé d’être ce cheval infatigable, débordant d’énergie et prêt à conquérir la terre pour l’offrir à celui qui le chevaucherait.  »



Elle rêvait de liberté dans cette Argentine des années 70, elle est devenue une mère infanticide. En effet, un jour de décembre 1984, Griselda commet l’irréparable. Elle noie ses deux garçons, Boris et Sacha. Seule Flavia, 6 ans, est épargnée. 34 ans plus tard, la narratrice, une proche de la famille, retourne sur les traces de cette histoire. Elle questionne le passé et les protagonistes de cette affaire, sans jamais juger. Pas de pourquoi, juste des faits et la vie qui continue.



« Au plus noir, au bout de la nuit et de l’horreur, le pari de l’amour et de la vie. »

Sur un sujet difficile, Laura Alcoba propose un texte tout en bienveillance et délicatesse.
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Les passagers de l'Anna C

Ce livre, à la fois roman historique et romanesque relate l’incroyable voyage effectué dans les années 60 par une poignée de jeunes révolutionnaires argentins , inexpérimentés, en 67 , 68, à peine sortis du lycée et de l’adolescence.

Ils quittent l’Argentine clandestinement et s’embarquent dans un périple qui leur permettra de rejoindre le Che Guevara.



Naïfs , enthousiastes , prêts à donner leur vie pour l’idéal de la révolution .



L’auteure âgée d’un mois lors de la traversée de l’Atlantique à bord de l’Anna C , relate ce périple à partir des souvenirs des rares survivants de cet incroyable voyage , dont ses parents , très jeunes , même pas vingt ans , Soledad et Manuel , très amoureux , au cours duquel elle est née….



Les protagonistes séjournent à Prague, à Paris , La Havane , Gênes, dans diverses villes cubaines .

Ils suivent un entraînement militaire , confrontés à l’idéal du communisme , l’auteure conte d’une façon dérisoire, la fascination et la ferveur insolentes, l’effervescence, les déceptions , leur idéal révolutionnaire s’ émoussera tout au long de ces mois d’apprentissage , dans un camp d’entraînement cubain : trop de questions sans réponses, trop de silences …



De vraies amitiés naîtront , de belles rencontres aussi, ils apprendront ——lorsqu’ils quitteront Cuba , dans l’espoir de répandre la révolution en Amérique du Sud , notamment Soledad et Manuel avec Laura , leur bébé ,——-par un vieux barman que le Che , lorsqu’il était étudiant en médecine était infirmier et travaillait à bord de l’Anna C .

Sa mort les plongera dans une grande tristesse .

L’auteure , à la fin du livre, dans un court chapitre nommé «  Stèles » , dévoile le destin funeste , parfois , de certains de ces jeunes révolutionnaires, assassinés ou torturés plus tard . …..



Laura Alcoba reproduit l’atmosphère de Cuba, les discours incroyablement longs de Fidel, les conditions misérables de vie des paysans , les contradictions entre l’idéal communiste et les préjugés sexistes —- ou plus curieux ——-la foi catholique——-restitue avec beaucoup de justesse les convictions puissantes de cette jeunesse , leurs problèmes de cohabitation nourries de grandes illusions . ….

Un livre intéressant , au style vivant et efficace , agréable à découvrir à travers lequel , une dignité est redonnée à ces jeunes révolutionnaires lors de leur épopée cubaine , attachés à leur mission , animés d’une foi presque naïve . ……



«  Une des règles incontournables dans l’apprentissage de la vie GUERRRILLERA: un GUÉRILLERO , digne de ce nom , se doit d’être toujours botté en cas d’embuscade , ou d’attaque soudaine de l’ennemi, ce qui pouvait arriver à tout moment de la journée » .

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Le Bleu des Abeilles

Une éternité que je souhaite lire Laura Alcoba...; Hier, en faisant des recherches à la médiathèque, je me suis décidé pour emprunter les deux textes "personnels" de cette auteur, d'origine argentine..."Le bleu des abeilles" et "La danse de l'araignée"...



De très abondantes critiques...que je ne lirai, comme chaque fois, qu'après avoir "rédigé" ma propre copie !!...



Un récit qui met en scène une enfant de 11 ans, à qui l'on dit pendant un très long moment, qu'elle va bientôt partir de l'Argentine, pour rejoindre sa maman, en France. Pour cela, on lui octroie Noémie, un professeur de français, qui lui donne des cours, lui fait apprendre par coeur les chansons les plus connues , la familiarise aux lieux de la capitale française, où elle habitera.. etc....

Avant de partir, elle doit promettre à son père,prisonnier politique , qu'elle lui écrira chaque semaine... et qu'il devront discuter dans leur correspondance hebdomadaire des mêmes lectures. Comme premier ouvrage, le papa choisit le célèbre ouvrage de Maeterlinck " La Vie des abeilles"... Nous sommes en 1979...



Et voilà cette petite fille, en partance pour la France, qui devra poursuivre son apprentissage de la langue, s'adapter à un tout nouvel environnement...une école, des petits camarades, quelques uns, réfugiés comme elle...la neige, les premiers sports d'hiver ...la mini-épreuve comique du reblochon, pendant ces quelques jours à la neige !!! !....



Et le noyau central, qui enchante et obsède notre narratrice, c'est se débarrasser de son accent et acquérir parfaitement la Langue française...



"(..)c'est comment dans la tête d'Astrid ? Et dans celle de Nadine ? Comment font-elles pour penser en français puis pour parler aussitôt, dans un même mouvement ? Comment il est fait , ce circuit ? Par où ça passe ?

(...)

C'est que, même si je parlais de mieux en mieux, même si les mots qui m'échappaient étaient chaque jour

moins nombreux, pour moi, ça se passait toujours en deux temps. Il était là le problème, je le savais bien :

moi, je pensais toujours en espagnol, puis je traduisais mentalement ce que je voulais dire avant d'ouvrir la bouche. (...)

Mais un jour, pour la première fois, j'ai pensé en français. sans m'en rendre compte, comme ça. J'ai pensé et parlé en français -en même temps- (...)

Pour la première fois, dans ma tête, je n'avais pas traduit. J'avais trouvé l'ouverture(p. 116)"



Un roman tiré des propres souvenirs de Laura Alcoba... un livre très touchant sur les apprentissages d'une jeune enfant qui doit tout réapprendre...dans un tout nouveau pays...de l'autre côté de l'océan !



Les passages que j'ai trouvés les plus touchants, hormis, biens sûr ses lettres à son père, emprisonné, sont pour moi son amour de la langue française et l'appropriation complexe de cette nouvelle langue...et de toute nouvelle langue !...



La belle couleur bleue, la Littérature française , "La Vie des abeilles" de Maeterlinck et "Les Fleurs bleues" de Raymond Queneau...nous accompagnent avec bonheur le long de ce très attachant roman, à fortes

résonances autobiographiques...



Je vais rester en compagnie des mêmes personnages et de Laure Alcoba, en commençant dès ce soir "La Danse de l'araignée" !....

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Le Bleu des Abeilles

Dans ce récit autobiographique, Laura Alcoba évoque son arrivée en France en 1979 pour rejoindre sa mère réfugiée politique argentine alors que son père est emprisonné à La Plata et son adaptation (climat, langue, école, copains..).

Nous avons ici le regard d'une enfant de dix ans qui ne se doute pas de l'horreur de la situation de son pays d'origine sous la dictature.

Bien que le style soit très journalistique, l'émotion transparait lorsque l'on comprend que sa correspondance avec son père donne à ce dernier une raison de tenir le coup et que cette correspondance est à l'origine de son amour des mots puisqu'il lui demande de lire La vie des abeilles de Maurice Maeterlinck.

Le bleu des abeilles tire son titre de cette attirance des abeilles pour le bleu et de la compréhension par la fillette que la terre n'a pas la même couleur selon l'endroit d'où l'on se place.

Intéressant.
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Le Bleu des Abeilles



Laura a dix ans lorsqu’elle quitte l’Argentine où son père a été emprisonné. Nous sommes en 1979 sous la dictature argentine. Sa mère est partie en France en 1976 et Laura devait la rejoindre quelques mois plus tard mais cela n’a pas été si simple.

Elle réside à La Plata où elle apprend le français avec un professeur, Noémie. Elle promet à son père de lui écrire toutes les semaines, en espagnol, sans parler de politique ou de choses compromettantes. Ils vont donc parler de livre. Son père lui parle du livre qu’il est en train de lire et elle se le procure en français. Le premier sera « la vie des abeilles » de Maeterlink dans lequel l’auteur essaie de prouver que leur couleur préférée est le bleu. Laura et son père vont donc disserter sur ce thème.

Arrivée en France, elle découvre que les saisons sont inversées par rapport à l’Argentine et fait la connaissance d’Amalia l’amie de sa mère. La première semaine, elle suit sa mère qui accompagne des enfants handicapés mentaux ou moteurs de leur domicile à leur centre de soins, un univers qu’elle ne connaît pas : elle communique avec eux par le regard car ils ne parlent pas.

Ensuite, elle est admise à l’école et découvre les autres enfants pas toujours gentils, parfois même cruels avec les émigrés, heureusement trois autres enfants espagnol et portugais vont se liés d’amitié avec elle.

On assiste à ses progrès en français, à la façon dont elle doit expliquer les différences des saisons entre les deux hémisphères, mais aussi qu’elle vient de très loin, qu’elle a pris l’avion pour venir.

Elle croyait que sa mère habitait Paris mais en fait c’est à Blanc-Mesnil, donc pas de tour Eiffel mais les immeubles des banlieues.

On la suit donc dans ses progrès en français mais aussi dans sa vie de tous les jours et ses expériences que je vous laisse découvrir.



Ce que j’en pense :



Laura Alcoba nous raconte sa propre histoire, à la première personne, et on a vraiment l’impression que c’est l’enfant de dix ans qui s’exprime. Elle nous raconte la douleur de quitter son père, prisonnier de la dictature, la difficulté de parler en français car elle doit traduire dans sa tête avant, ses difficultés avec les moqueries des autres enfants.

Elle raconte très bien l’exil, la difficulté d’être émigrée, tous les efforts qu’elle fait pour s’intégrer à tout prix, elle veut parler la langue couramment aussi bien sinon mieux que les autres, elle doit tout faire pour ne pas être différente et attirer l’attention sur elle.

Le seul lien avec son père est l’écriture qui lui permet de s’exprimer en espagnol sur des livres qu’elle lit en français. L’épisode avec la bibliothécaire ne manque pas de sel et montre sa détermination : elle choisit un livre d’après son titre « les fleurs bleues », et elle s’obstine à le lire jusqu’au bout pour prouver qu’elle avait eu raison de le choisir à la place du « petit Nicolas » qui lui était conseillé.

Un autre moment extraordinaire est sa découverte des vacances à la neige dans une famille qui fait découvrir le ski aux enfants d’immigrés, et le pacte tacite avec l’autre enfant d’origine étrangère qui vient avec elle : quoi qu’il arrive on ne parlera qu’en français...

Elle me fait penser à ces étrangers qui mettent un point d’honneur à parler le français le mieux possible, parfois mieux que nous français d’origine, avec un vocabulaire très riche.

Elle m’évoque en cela Georges Semprun, alors élève à Louis le grand, d’où sont sortis pas mal érudits, et qui a toujours présent à l’esprit le regard méprisant de la boulangère qui se moque de son accent tous les matins quand il se présente dans sa boutique.

C’est dur d’être un émigré car on ne sait pas toujours où est sa place, dédaigné dans son pays d’origine où il est considéré comme un étranger et dans son pays d’accueil qui le traite aussi en étranger. Donc où se trouve l’identité ? Passe-t-elle par la maitrise parfaite de la langue ? A-t-on besoin de parler parfaitement une langue pour être intégré ? Est-ce qu’on doit abandonner sa culture d’origine pour s’intégrer?

L’amour pour le pays d’accueil ne passe pas forcément par l’excellence, ou la nécessité de se glisser dans un moule car l’enrichissement tient au mélange des cultures et non à l’exclusion de l’une au profit de l’autre.



Joli parcours Laura, et belle histoire qui donne envie d’aller voir vos précédents livres.


Lien : http://eveyeshe.canalblog.com
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Manèges : Petite histoire argentine

Il est vrai que je suis pas très calée question géopolitique et encore moins en ce qui concerne l'histoire de l'Argentine mais cet ouvrage m'a réellement envie de creuser de ce côté-là et de tenter de comprendre, une fois que j'aurais terminé cette critique (sinon, mes impressions de lecture risqueraient de s'avérer fausses), de comprendre certains détails qui m'on échappés.



Ici, le lecteur est plongé en plein coeur de l'Argentine, à la fin des années '70 mais surtout, en plein milieu d'une guerre civile, opposant l'armée d'une part, et les autres (les résistants au régime) d'autre part. L'auteure, personnage principal de ce livre, voit tout cela de l'intérieur mais comment une enfant de huit ans pourrait-elle percevoir tous les enjeux politiques dissimulés derrière tout ce qu'i fait dorénavant parti de son quotidien. Vivre cachée, elle a appris à le faire, mentir sur sa propre identité, cela aussi, mais vivre en ayant régulièrement des parents en prison, tout simplement parce que ces derniers s'opposent au régime en place, comme cela une fillette peut-elle l'affronter ? Eh bien, c'est tout ce qui est relaté ici dans ce témoignage bouleversant et d'une sincérité extraordinaire !



Un livre, certes complexe sur le plan politique pour qui (comme moi) ne connaît pas grand chose concernant l'histoire de l'Argentine ou était trop jeune lorsque les événements se sont déroulés mais qui est pourtant, non seulement accessible à tous tant cela est raconté avec des mots simples ! Un témoignage déchirant mais qui est pourtant si simple ! A découvrir et à faire découvrir !
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Le Bleu des Abeilles

Un joli récit dans lequel Laura Alcoba raconte son propre parcours, celui d’une petite fille de 10 ans réfugiée en France et ne maitrisant ni les codes ni la langue de son nouveau pays.

Entre les lettres hebdomadaires qu’elle écrit à son père emprisonné à Buenos Aires et sa nouvelle vie en banlieue nord avec sa mère, Laura essaie de s’adapter à ce déracinement, au Blanc-Mesnil qui ressemble si peu au Paris des cartes postales.

Dans un texte très touchant, elle nous fait merveilleusement sentir la difficulté pour un enfant d’être différent des autres, de ne pas venir du même monde, de ne pas appréhender les choses de la même façon, de ne pas maitriser les subtilités de la langue.

Une trentaine d’années plus tard, c’est dans cette nouvelle qu’elle a écrit Le bleu des abeilles : bravo pour l’immersion Laura !

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Le Bleu des Abeilles

Dans « Le bleu des abeilles », Laura Alcoba évoque l’exil, un drame ô combien d’actualité.

La narratrice a une dizaine d’années lorsqu’ elle quitte l’Argentine pour rejoindre sa mère réfugiée en France.

Une fois la déception passé de ne pas vivre dans le Paris dont elle avait rêvé mais dans une ville de banlieu, la fillette doit affronter la réalité très dure : le déracinement bien sûr mais surtout « l’encrage » dans un nouveau pays dont on ignore tout.

Chaque chapitre correspond à un souvenir marquant : les premiers amis, les vacances au ski, ou l’horrible tapisserie de l’appartement.



L’écriture de Laure Alcoba allie très bien l’émotion, la douceur, le drame pour créer un roman riche de malheurs et de joies, empli de vie.

C’est un très beau texte, témoin de notre époque. 

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Le Bleu des Abeilles

Un livre court , autobiographique, agréable à lire et sans prétention

Laura Alcoba raconte son arrivée en France en 1979 alors que son père est prisonnier politique en Argentine.

Elle lui écrit régulièrement avec , en toile de fond , la censure de la prison

Pourquoi les abeilles préfèrent la couleur bleue?

Il y a , à ce sujet , un très bel échange poétique entre Laura Alcoba et son père.Pour moi , le meilleur passage du livre

Laura Alcoba, aujourd’hui parfaitement intégrée dans la culture française, nous raconte ses débuts difficiles avec notre langue

La première fois où elle pense en français et la première phrase spontanée adressée à sa mère en français

Tout cela fait un joli petit livre comme le reconnaît avec simplicité Laura Alcoba
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Le Bleu des Abeilles

L'Amérique Latine et l'exil sont frères siamois depuis l'apparition des républiques indépendantes de ce sous-continent : l'exil est donc au cœur de sa littérature. Et la liste des écrivains contraints pour motif culturel ou politique de quitter leur pays s'est allongée au 20ème siècle avec la multiplication des régimes autoritaires.

Laura Alcoba propose, au-delà d'une lecture émotionnelle de cette délicate autofiction d'une enfance déracinée d'Argentine et réenracinée en France, une alternative littéraire au sentiment d'étrangeté et une convocation par le langage et la littérature d'une mémoire autofictionnelle douloureuse.

Dans une écriture séduisante et une narration à la première personne dans sa langue d'adoption, le français, Le bleu des abeilles, comme toute autofiction, brouille ce qui sépare le réel du fictif, permettant à l'auteur de diluer une expérience de vie dans une expérience littéraire.

Laissant derrière elle son Argentine natale et un père militant emprisonné, une enfant de dix ans émigre en France pour vivre avec sa mère en banlieue parisienne; expérimentant le déracinement puis la construction d'une nouvelle identité linguistique et culturelle qui tient compte de la restitution de son passé.



Dans une relation épistolaire régulière en espagnol avec le père prisonnier en Argentine, c'est en évoquant la littérature qu'ils jettent ensemble un pont qui les relie temporairement et adoucit l'apprentissage d'un nouveau territoire. Le titre choisi pour ce récit, Le bleu des abeilles, fait appel à une recommandation de lecture que le père confie à sa fille et donne tout son sens à cet ouvrage : il lui faut lire "La Vie des abeilles" de Maurice Maeterlinck. Cette œuvre à la fois littéraire et scientifique et à l'écriture symboliste, propose d'aborder le savoir selon le principe philosophique du "donner à connaître" ce qui relève également du rôle de la littérature. Cette conception unifiée de l'accès à la science par la littérature de Maeterlinck repose sur une vision philosophique de l’univers comme un monisme où tout est en lien et s'unit "en une prodigieuse noce". Accéder au savoir, tout comme accéder à l'expérience identitaire par le langage, c'est accéder à la beauté du monde que seule la forme littéraire peut révéler.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Par la forêt

C'est un livre qui décrit tout en douceur et retenue la pire des violences et j'oserai dire la folie passagère d'une Médée de notre temps.

La narratrice qui a connu la famille chez qui ce drame est arrivé, essaie plus de trente ans après les faits de restituer le contexte dans lequel une mère aimante noie ses deux garçons, Sacha et Boris, épargnant sa fille Flavia qui était à l'école ce matin là.

Griselda, la mère , est une exilée argentine qui du temps des militaires s'est retrouvée avec une balle dans la tête, inopérable, ce qui lui cause de nombreuses fatigues et douleurs. Elle a eu là-bas un amant qui finira par la rejoindre à Paris. Ils deviennent les concierges d'un lycée, et apparemment le calme s'installe jusqu'au drame dans la baignoire.

Chaque témoin , même Griselda, rejoint la narratrice dans un café parisien et essaie de raconter petit à petit comment cela a t-il pu arriver, comment certains ont aidé Flavia à avoir une jeunesse à peu près normale. Flavia elle -même est une figure lumineuse qui raconte ses quelques souvenirs de "ce jour là"et qui vient fêter les 88ans de son père.

Beaucoup de pudeur chez L.Alcoba, pas de jugement,de l'empathie, des faits c'est tout .

Lors de la mort du petit Gregory et alors qu'un juge pensait que peut-être la mère était coupable, je me souviens du "Sublime, forcément sublime de Marguerite Duras"et je reste encore et toujours dubitative ...
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Le Bleu des Abeilles

Bleue, la distance qui sépare une petite fille de 10 ans réfugiée en France de son père emprisonné en Argentine ; Bleu, lien epistolaire en langue espagnole qui les unit ; Bleue, voyelle finale "indispensable ...[lire la suite]et silencieuse" de la langue française. "Le français est une drôle de langue, elle lâche les sons et les retient en même temps, comme si, au fond, elle n'était pas tout à fait sûre de bien vouloir les laisser filer-je me souviens que c'est la première chose que je me suis dite". Dans ce roman délicat et âpre à la fois, Laura Alcoba dévoile l'apprentissage et "l'immersion" dans la culture française d'une petite fille enchantée et étonnée. Qui grandit vite aussi et ne sait pas comment l'expliquer "j'étais déjà en train de devenir quelqu'un d'autre". L'hiver 1979 dans la banlieue de Blanc-Mesnil où la narratrice rejoint sa mère est cette période de questionnements et d'expériences pour trouver dans "les tuyaux" labyrinthiques du corps cet enchaînement parfait de la pensée à la parole, le maniement aisé d'un langage naturel sans traduction. Une petite fille qui écrit à son père toutes les semaines mais préfère se taire pour ne pas dévoiler son accent. L'enfant lit aussi énormément ; Des livres que lit son père en prison comme l'ouvrage de Maeterlinck dont elle trouve en France un vieil exemplaire. Des livres en langue française comme "les fleurs bleues " de Raymond Queneau choisi pour le e muet "j'aime ces lettres muettes qui ne se laissent pas attraper par la voix, ou alors à peine" dont elle est fière de terminer la lecture malgré les difficultés de compréhension. La dernière phrase du roman de Laura Alcoba est aussi la dernière phrase de Raymond Queneau qu'elle traduira pour son père en espagnol. Une phrase emblématique de leurs correpondances.
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