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Critiques de Leïla Slimani (3319)
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Chanson douce

Grâce à Marina53, j'ai eu la chance de lire ce roman coup de poing.



Avec plus de 300 critiques, je ne vous ferai pas perdre votre temps à lire une autre critique complète. Je vais m'occuper de Louise.



Le roman commence avec une citation de Dostoievski que je vais écourter : "... Pas une fois il ne lui vint à l'idée que mademoiselle Vizzis avait à vivre sa propre vie..." Louise aussi.



On La voit d'abord calmer un enfant inconnu d'une façon magistrale et quelque pages plus tard on voit une femme maniaque de la propreté. Maniaque de l'ordre. Louise est perdue. Elle étouffe dans ce meublé et elle a parfois l'impression d'y devenir folle. Pourquoi? L'auteur nous fera connaître cette femme, morceau par morceau. Par des sauts à différentes époques de sa vie.



Au début, tous ces sauts dans le temps m'irritaient puis j'ai réalisé que la romancière nous faisait connaître Louise comme un peintre nous ferait découvrir un portrait : à coups de pinceau.



Extérieurement Louise est une nounou parfaite avec les enfants... sauf ces petits détails comme autant de grains de sable dans l'engrenage. Elle a un besoin maladif d'être aimée. C'est aussi une bonne indispensable et c'est ce que Louise recherche. Pourquoi?



Elle invente des contes cruels où les gentils meurent non sans avoir sauvé le monde. Pourquoi?



Louise a été meurtrie par la vie.



Jacques, son ex "adorait lui dire de se taire." Il la méprisait et adorait l'humilier. Il se gavait de la détresse des autres. Il est mort en laissant à Louise une quantité incroyable de dette qu'elle a été contrainte de tenter de rembourser.



Louise a travaillé chez une vieille folle qui "lui crachait des insultes, la traitait de pute, de chienne, de bâtarde. Parfois elle essayait de la frapper.



Avec Stéphanie, sa fille, elle n'a pas eu plus satisfaction. Stéphanie n'était tolérée que parce que Louise ne pouvait pas la laisser à la maison...



Bref, Louise se donnait à fond que pour avoir de l'amour. Elle se rendait indispensable parce que c'était pour elle la seule façon de se sentir valorisée.



Louise pourrait devenir un archétype littéraire. Une bonne partie de la population ressemble plus ou moins au personnage de Louise. Regardez tout ce que nous faisons pour être accepté, pour nous valoriser.



Regardez autour de vous toute ces personnes que l'on traite comme "moins importantes" qui n'ont pas leur mot à dire dans l'évolution de notre société... autant de Louises en devenir.



Serait-il possible que, privée de cet amour essentiel, privée de ce statut d'indispensable, Louise ait explosé ?
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Chanson douce

J'entendais beaucoup de bien des romans de Leïla Slimani et j'étais assez curieuse de lire celui-ci, si bien que je me suis laissée tenter par ce drame en trouvant la version audio à la bibliothèque.



Dans cette histoire, nous rencontrons un couple assez aisé qui a deux enfants. Myriam, la mère, va reprendre le travail même si Paul, le père, s'y oppose. Les jeunes parents partent à la recherche d'une nourrice pour garder leurs rejetons. Cette nourrice, c'est Louise, une femme apparemment charmante. Une dépendance mutuelle va se créer entre elle et la famille, jusqu'à arriver au drame...



Dès le début de l'intrigue, nous avons connaissance de ce terrible drame, à savoir le meurtre de deux enfants par Louise. Ce n'est pas un spoil, étant donné que cette information arrive dès la première page : le roman nous amène surtout à comprendre comment la nourrice en arrive-t-elle à commettre un tel crime, en remontant dans le passé, jusqu'à arriver au drame.



Cette lecture m'a rendue mal à l'aise à plusieurs reprises, sachant ce que Louise allait faire par la suite, et voyant la façon malsaine dont celle-ci se comportait, non seulement avec les enfants, mais aussi avec leurs parents. Même si, au départ, celle-ci a de parfaites relations avec Myriam et Paul, cela va basculer peu à peu en une sorte de dépendance...



Au travers d'un drame, l'autrice aborde les thématiques de la parentalité, des classes sociales et des rapports entre des patrons et ses employé•es. C'est un roman psychologique qui ne ménage pas les lecteurs et qui est parfois gênant.



J'ai aimé cette lecture, même si j'ai trouvé dommage qu'on ne soit pas plus dans la tête des parents, et un peu trop dans celle de Louise. Le style d'écriture est agréable et j'ai passé un bon moment, même si j'ai été mal à l'aise de nombreuses fois.
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Dans le Jardin de l'Ogre

« Non ce n'est pas moi. C'est quelqu'un d'autre qui souffre.

Moi, je n'aurais pas pu souffrir autant. »

ANNA AKHMATOVA



Premier roman de Leïla Slimani, « Dans le jardin de l'ogre » traite du sujet tabou de la dépendance sexuelle.

J'avoue avoir hésité, pendant un moment, à lire ce livre en raison de son thème qui ne m'attirait pas et je pensais m'aventurer en dehors de ma zone de confort en le lisant. Mais ayant aimé les autres romans de l'auteure, j'ai décidé de lui faire confiance. En définitive, je ne le regrette pas : le roman n'a rien d'érotique, il y a certes, des scènes intimes décrites en détail, mais le récit est introspectif et centré sur la psychologie des personnages.



*

Adèle mène une double vie.

Dans la première, elle est une femme épanouie et heureuse. Journaliste, elle voyage beaucoup et elle vit dans un bel appartement parisien avec son mari chirurgien et leur jeune enfant.

Mais sous cette belle couche de vernis, se cache une femme seule, insatisfaite, malheureuse, rongée par un besoin dévorant de sexe. Malgré son attachement pour son fils et son mari, elle est comme une toxicomane, une droguée du sexe. Elle a besoin de se sentir vivante, entourée, regardée, désirée, malmenée.



« Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin d'un ogre. »



Elle cherche à tout prix à préserver ses deux vies, ne voulant pas faire souffrir sa famille, et ne trouvant pas la force de résister à la violence de cet appel. Elle organise donc sa vie de manière à assouvir ses envies tout en maintenant un semblant de vie normale, son mari, follement amoureux d'elle, ignorant tout de l'addiction de sa femme.



« Les hommes l'ont tirée de l'enfance. Ils l'ont extirpée de cet âge boueux et elle a troqué la passivité enfantine contre la lascivité des geishas. »



*

Leïla Slimani brosse un portrait convaincant, troublant et douloureux d'une femme sous l'emprise de pulsions sexuelles qu'elle n'arrive pas à contrôler.

L'auteure ne cherche pas à expliquer pourquoi Adèle tente de combler les vides de son quotidien par une boulimie de sexe. Elle préfère s'attacher à ses personnages, à Adèle en particulier, à son mal-être, et aux répercussions sur son entourage.

Et le lecteur ressent ses tourments, sa peur d'être démasquée, sa solitude extrême, son insatiabilité impossible à refouler, son insatisfaction en même temps que cette violence qu'elle désire faire subir à son corps.



Tout doucement, Leïla Slimani amène une tension à son récit, le lecteur se doutant que cette vie insatisfaisante ne peut continuer ainsi.



*

Adèle n'est pas un personnage particulièrement sympathique, mais j'ai été touchée par sa vulnérabilité, sa souffrance psychologique suscitée par cette envie irrésistible et autodestructrice.

Ces aventures, sans amour, sans lendemain, n'apportent rien.

Aucun plaisir, aucune joie, aucune tendresse, aucun attachement.



« Parfois, elle a l'air d'un oiseau affolé, cognant son bec contre les baies vitrées, brisant ses ailes sur les poignées de porte. »



Adèle m'a rappelé Emma, l'héroïne de Gustave Flaubert. Toutes deux femmes de médecin, elles sont prisonnières d'un quotidien insipide, ennuyeux qui les mène à l'adultère.



*

J'avais déjà pu apprécier le style de Leïla Slimani, dans « Chanson douce » en particulier.

Je retrouve l'auteure dans la justesse des mots, l'écriture toujours très directe, brute, cru, laconique, sombre, sensuelle, mais qui ne juge pas.



« Elle comprit très vite que le désir n'avait pas d'importance. Elle n'avait pas envie des hommes qu'elle approchait. Ce n'était pas à la chair qu'elle aspirait, mais à la situation. Être prise. Observer le masque des hommes qui jouissent. Se remplir. Goûter une salive. Mimer l'orgasme épileptique, la jouissance lascive, le plaisir animal. Regarder partir un homme, ses ongles maculés de sang et de sperme. »



Elle nous fait entrer dans l'intimité de cette femme, et à travers cette mise à nu sans détour, je me suis sentie à la fois spectatrice et voyeuse. J'ai parfois été gênée, mal à l'aise devant cette écriture si juste, si franche, sans faux-semblant.



*

Pour conclure, « Dans le jardin de l'ogre » est un récit poignant.

Le thème choisi est certes audacieux, voire dérangeant, mais Leïla Slimani a le don d'émouvoir.

J'en ressors attristée par la détresse d'Adèle, la torture physique et psychologique qu'elle subit au quotidien. On ne peut la juger, on ne peut que compatir.



Merci Marlène50 qui, par ta belle critique, m'a donné envie de découvrir ce texte.
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Le Pays des autres

"Le pays des autres" relate une saga familial qui va apparemment être une trilogie. Dans ce premier tome, il est question de Mathilde, jeune Alsacienne et Aminé Marocain, couple mixte donc qui retourne vivre au Maroc après la libération. Ils vont avoir 2 enfants dont la petite Aicha qui illumine ce roman.

Tout le livre montre la difficulté de vivre 2 cultures différentes. Comment ne pas imposer sa culture, comment ne pas la bafouer ?

La période choisie, de la libération à l'indépendance vient renforcer cette difficulté à s'intégrer, à se positionner sans avoir un sentiment de trahison.

La haine du colon pour certains et l'ambiguïté pour d'autres. Ce roman met bien en exergue toute cette ambivalence.

J'ai apprécié sans pour autant m'enthousiasmer et je ne pense pas que je lirai la suite.
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Le Pays des autres



Il y avait bien longtemps que je n'avais pas dévoré un roman avec un tel plaisir, une si grande satisfaction de page en page, de chapitre en chapitre.

Sans que jamais ma JOIE d'avancer ne se tarisse, je me suis délectée de chaque ligne, de chaque paragraphe inclus dans ce beau récit historique et féministe, fougueux et humaniste.



J'ai d'abord apprécié la plume envoûtante à souhait de Leïla Slimani, pleine de vie, de dignité et de cris.

C'est avec une justesse sans égal qu'elle dénonce subrepticement les prisons mentales qui détruisent nos sociétés et les humains. Dans son paysage marocain, aux allures de Far West, Mathilde " l'alsacienne" enfouit ses rêves de jeune fille, ivre de voyages et de romanesque. Son statut d'étrangère dans le Maroc occupé des années 50 est révélé par ses traditions, sa fièvre nationaliste et religieuse, et surtout la vie quotidienne sous protectorat français. Cette jeune épouse blanche est maintenue à l'écart du coeur des choses, dans ce silence qui fait qu'on se sait ailleurs que chez soi.



Cette histoire crie l'universalité de nos quêtes de bonheur qui n'ont pas le même goût selon où l'on naît, selon les enseignements reçus. Qu'il est douloureux d'exister quand on n'est ni orange, ni citron, mais citrange. Au Maroc, comme partout.



Leïla Slimani nous offre une fresque au romanesque tantôt contenu tantôt majestueux, grâce à sa narration juste, déliée, ivre de sensations, de ressentis et de détails forts. Nourri de nombreuses mémoires, et documents privés comme historiques, ce roman magnifique une fois terminé me donne immédiatement envie de le relire, et évidemment de découvrir la suite.



Un immense coup de coeur (pour la première fois avec cette auteure) !


Lien : http://justelire.fr/le-pays-..
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Chanson douce

Un titre doux mais une histoire macabre…



Les livres ayant obtenu le prix Goncourt, je m’en méfie un peu car j’ai eu quelques mauvaises expériences – je pense par exemple à L’ordre du jour -… Même si je ne doute pas des goûts littéraires de mon ami, j’ai entamé ce livre très perplexe tout en ne sachant pas à quoi m’attendre…



Dès les premiers mots, « le bébé est mort », on est plongé au cœur de l’horreur, on se retrouve rapidement propulsé au milieu de l’appartement familial, entouré par les enquêteurs et les membres de l’équipe médicale qui tentent de comprendre ce qui a bien pu se passer chez les Massé… La plume tranchante et chirurgicale de l’auteure fait que l’on a presque l’impression d’être physiquement sur les lieux du crime tellement c’est bien écrit !



Et même si on connait – et pour cause – les faits dès la première page, cela ne gâche en rien l’histoire. L’acte commis par la nourrice des enfants est en effet l’aboutissement d’un enchaînement de faits que l’on découvre par la suite.



Premiers bons points pour cette tragique histoire, vous l’aurez compris, le mystère et le suspens qui rôdent tout au long du livre. Mais l’auteure ne s’arrête pas là pour nous tenir en haleine, à l’aide de sa plume chirurgicale, elle fait en sorte de créer une atmosphère lourde, étouffante qui finit par nous envahir totalement !



J’ai également beaucoup aimé la façon dont Leïla Slimani travaille ses personnages. Par exemple, elle nous décrit Louise, la nourrice de manière touchante lorsqu’on l’imagine traîner désespéramment dans la rue une fois sa journée finie chez la famille Massé plutôt que de rentrer chez elle ; ou bien encore lorsqu’on voit cette nounou si attentionnée avec les deux enfants… Et puis, cette même femme si touchante, si attentionnée, si prévenante, va finalement se transformer en un personnage glaçant, qui nous fait même complétement flipper !!!



Mais ce qui résulte de cette lecture est sans aucun doute la réflexion profonde sur la question du travail et de la famille, comment concilier le tout, comment ne pas délaisser son foyer à cause de son ambition dévorante ?



Pour conclure, Chanson douce est un roman addictif – on ne peut pas le lâcher avant d’être arrivé à la dernière page -, un roman dérangeant qui nous entraine vers une longue réflexion sur nos vies…
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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Sexe et mensonges

Un très bel essai sur la sexualité au Maroc. Leila Slimani nous livre des portraits de femmes qu'elle a rencontrées et qui lui confient sans tabou leur vie sexuelle. Ces femmes issues de tous les milieux sont trop souvent coincées entre la tradition, la religion et l'émancipation, elles sont soumises à la ruse pour échapper aux menacent permanentes qu'elles soient familiales, policières, religieuses. C'est aussi valable pour les hommes et plus encore pour les homosexuels.

Les filles sont éduquées dès l'enfance à la frustration de leur corps, surtout rester vierge, mais aussi je cite :"avant d'être un individu, la femme est une mère, une soeur, une épouse, une fille. Elle est la garante de l'honneur familiale et, pire encore, de l'identité nationale. Sa vêtu est un enjeu public."

Pour les femmes ce n'est pas facile d'assumer le choix d'une relation sexuelle hors mariage, même les prostituées estiment qu'elles ont tort et espèrent être sauvées et expiées de leurs péchés, certaines homosexuelles font parfois le choix de se marier pour sauver la face.

Tout n'est pas sombre, beaucoup de femmes s'affranchissent, elles ont une soif de liberté il faut juste que la législation change, s'adapte à ces changements mais aussi les mères, et là je reprends les propos de la journaliste Joumana Haddad qui s'adresse aux mères après les agressions sexuelles de Cologne le 31 décembre 2015 : "Désolée de vous l'annoncer ainsi, à vous les mères, mais si vos fils deviennent des harceleurs, des violeurs, des violents, des pourris, des mauvais maris, des machos, ce n'est pas uniquement la faute de la société et de la culture : vous en êtes également responsables. Au lieu de répéter à votre fille qu'elle est une proie, cessez de dire à votre fils qu'il est un chasseur. Au lieu d'apprendre à votre fille à se taire, essayez d'apprendre à votre fils à écouter. Au lieu d'interdire à votre fille de porter une jupe, essayer de faire comprendre à votre fils qu'une jupe n'est pas une invitation au sexe. Au lieu de forcer votre fille à se couvrir, essayer d'expliquer à votre fils qu'une femme est autre chose qu'un corps."

Cet essai questionne sur la place de la femme, de l'homme, l'épanouissement de la jeunesse, le droit à la vie privée, à l'intime, à la liberté sexuelle.
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Chanson douce

Louise est la nouvelle nounou engagée par Paul et Myriam au moment où celle-ci commence à trouver le temps long dans son rôle de mère au foyer et veut retrouver sa robe d’avocat. Louise est douce, attentionnée, elle range l’appartement, amuse les enfants , prépare des repas magiques pour toute la famille mais au fond d’elle, une noirceur existe et se développe inexorablement..

L’histoire est intrigante.. Essayer de comprendre les liens entre les nounous, les femmes de ménage et leur client, ces personnes qui s’insinuent dans le quotidien et l’intimité sans être des amis ou des proches a quelque chose de fascinant. Cette ambiguité est surprenante. Malheureusement dans le roman de Leila Slimani, les personnages sont beaucoup trop caricaturaux. Au fur et à mesure de l’histoire on se dit que les parents sont vraiment crétins d’avoir continué à accueillir cette femme chez eux, malgré tous les signes de bizarrerie pour ne pas dire de folie qui étaient pourtant évident.. Le style également est un peu trop convenu , on sent la volonté de faire de belles phrases , de belles images et on y perd en véritables sentiments et émotions. L’auteur est passé à côté de l’histoire je pense, par peur d’être trop directe peut être ou d’aller trop loin ? on le sent dans la description de l’évènement, tout est suggéré comme par peur de regarder les choses en face. Un manque de sincérité donc et peut être de courage pour cette histoire qui ne supporte pas le traitement un peu insipide fait par l’auteur.
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13 à table ! 2024

Je viens de finir le "13 à table" 2024.

L'anniversaire des 10 ans de ce petit livre édité tous les ans. Pour six euros seulement vous offrez cinq repas aux restos du cœur, et vous lisez 13 nouvelles écrites par 13 auteur(e)s reconnus. Je vais rédiger une petite phrase pour chacune d'elles. Tout simplement pour en montrer la diversité. Certaines sont tristes, d'autres drôles, d'autres étranges...toutes très bien écrites.

Une bobeliote les a trouvés sombres, elle n'a pas dû toutes les lire!



Philippe Besson

A dix ans il comprend qu'il est homosexuel.

A dix ans il est confronté à la mort pour la première fois.



Michel Aussi

L'histoire de Dilara, dix ans, son voyage du Kurdistan jusqu'en Angleterre.



Maxime Chattam

A dix un petit garçon est témoin de la mort d'un président, plusieurs décennies plus tard, un 22 novembre...



François d'Epenoux

En 2032, à 69 ans l'état nous proposera un choix bien singulier !



Lorraine Fouchet

En 2023, L'enfant a 10 ans, il commence son journal, très longtemps après son fils va le lire....



Karine Giebel

Chloé, une petite fille de dix ans pas comme les autres.



Raphaëlle Giordano

Un machine à laver de dix ans raconte la vie de ses propriétaires !



Philippe Jaenada

A dix ans, un petit garçon comprend le jour de sa communion que l'histoire de Dieu et Jésus c'est du flan !



Alexandra Lapierre

A dix ans Coralie tient tête à sa mère le soir de Noël, quitte à ne pas avoir de cadeaux.



Cyril Lignac

Il nous offre tout simplement la recette du marbré qu'il faisait à dix ans



Agnès Martin -Lugand

Eric et Sophia regrettent-ils ce qui leur est arrivé il y a dix ans ?



Tania de Rosnay

Quand deux femmes d'affaires se crêpent le chignon dès leur première rencontre...(enfin le croient-elles!)



Leila Slimani

Une histoire pendant le confinement.



Frank Thilliez

Phénomène très étrange pour Bob qui revient dans la maison de son enfance.



J'espère vous avoir convaincus d'acheter ce petit bouquin à glisser dans une poche. Il vous fera passer un bon moment dans une salle d'attente ou lors d'un petit trajet en train....

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Le Pays des autres

Après leur mariage, Mathilde et Amine Belhaj quittent l'Alsace et s'installent à Meknès pour reprendre le domaine familial en 1947. Mais Mathilde comprend vite que ce changement de vie dépasse de très loin les efforts qu'elle était prête à faire. Elle doit accepter le regard des villageois et surtout la défiance de colons français voyant d'un mauvais oeil ce couple mixte. Avec l'arrivée d'Aïcha et de Selim, Mathilde se sent de plus en plus isolée, maintenant l'illusion d'une vie de femme épanouie, qu'elle continue à relater dans sa correspondance avec sa soeur Irène, toujours en Alsace. Aïcha, sensible et très vive observe et soufre de voir ses parents se déchirer de plus en plus, sentant la frustration de sa mère, ĺe découragement de son père se tuant à la tâche, et devant lutter avec ses petites camarades qui la dénigrent.



Le pays des autres est la chronique de la vie de la grand-mère de l'auteur, une grand-mère Alsacienne qui, par amour, va quitter famille et pays pour suivre son mari marocain. C'est l'évocation des difficultés, des affronts et du racisme envers cette française blonde aux yeux bleus qui, de par son éducation bourgeoise, a du mal à s'adapter à un milieu frustre et paysan. C'est également l'enfance de sa fille Aïcha, qui, telle une éponge se construit entre des parents se déchirant de plus en plus souvent et de plus en plus violemment.

Leila Slimani visite le passé de sa famille avec cette chronique construite comme un patchwork, évoquant alternativement la vie de Mathilde et celle de sa fille. Une narration que j'ai trouvée un peu confuse, avec beaucoup de répétitions, et j'ai été soulagée d'arriver à la fin de ce roman, dont j'ai trouvé le style un peu scolaire et plat.

Une chronique intéressante sur les sujets abordés mais que j'ai trouvée longue et ennuyeuse sur la fin.
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Le Pays des autres

Cette chronique familiale au Maroc dans les années 50, comme un roman de terroir fort dans le contexte de la décolonisation est l'illustration de la manière de faire de l'universel avec du singulier. On part facilement sur les mots doucement alignés de l'auteure, une belle langue pour une conteuse qui nous piège dès les premières lignes du récit.

Cette histoire me parle. Elle raconte presque l'histoire de ma voisine alsacienne qui a épousé un combattant algérien de l'armée d'Afrique qui n'est rentré dans son pays que pour son enterrement. le métissage n'est pas rare, et plus largement les entre-deux n'importe quels pays sont fréquents, les enfants bilingues plutôt nombreux. Regardez autour de vous, je suis sûre que vous en connaissez.

Avec Amine et Mathilde, elle nous raconte les déracinés de partout. L'art de Leila Slimani qui situe son regard dans l'intime et la vie quotidienne, familiale et domestique, sur les femmes, les épouses, mères, soeurs, filles et amies produit cette magie et nous fait partager les malentendus, douleurs révoltes et difficultés de toutes sortes. Elle nous les fait ressentir avec acuité.Chaque personnage magnifique rajoute un élément de complexité à la palette. Les sentiments, le dur travail de la terre partagé peut-il gommer les différences qu'un contexte impitoyable et violent s'acharne à rappeler et tend à résumer en un choix binaire impossible ?

C'est un roman qui interroge constamment sur la liberté, celle des hommes certes, mais surtout celle des femmes.

C'est doux amer, puissant et délicat, un superbe roman bien écrit qui fait réfléchir.

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Chanson douce

Titre : Chanson douce

Année : 2016

Auteur : Leila Slimani

Editeur : Gallimard

Résumé : Myriam est décidée à reprendre son métier d'avocate malgré les réticences de son mari. Elle décide d'embaucher Louise qui va devenir peu à peu la pierre angulaire du foyer. Indispensable, adorée des enfants, Louise va peu à peu s'immiscer dans la vie du couple et révéler sa part d'ombre jusqu'au drame final.

Mon humble avis : On ne parle pas d'un Goncourt comme on le ferait d'un autre roman. Evidemment les attentes sont plus grandes et l'on ne peut ignorer le fait que des milliers de personnes ne lisent qu'un seul livre par an : le titulaire du fameux prix Goncourt. Ce prix est donc devenu au fil des années la plus grande vitrine de la littérature française et les noms qui ont précédé le lauréat 2016 sont prestigieux et synonymes d'excellence ( Houellebecq, Maalouf, Echenoz, Duras, Ajar, Proust, Malraux, etc...) Le jury a rendu son verdict et c'est donc chanson douce ce court roman de Leila Slimani qui a décroché le graal. Après lecture je dois bien avouer que Slimani n'est pas dénuée de talent, l'écriture est précise, assez sèche mais fluide et le peu de personnages qui peuplent son roman sont bien troussés. L'ambiance est ténébreuse, glaçante et le drame annoncé lors du premier paragraphe plane sur le texte comme une menace, une fatalité qui tient le lecteur en haleine jusqu'au dénouement. J'ai donc pris du plaisir à lire ce roman qui est, à mon humble avis un bon bouquin mais loin d'être un grand roman. En effet à aucun moment je n'ai eu l'impression de lire un texte exceptionnel, l'intrigue étant somme toute plutôt banale et son traitement assez superficiel. Slimani est certes talentueuse mais on est quand même assez loin du génie de certains auteurs contemporains et elle ne parvient pas à éviter l'écueil des stéréotypes qui jalonnent son roman. Ceci est mon humble avis mais visiblement pas celui du jury du Goncourt !

J'achète ? : Pourquoi pas ? Mais si tu ne dois lire qu'un livre cette année mon conseil serait autre....
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Chanson douce

Dès le départ nous sommes fixés : Cette histoire commence et finit par un terrible drame. La mort des deux enfants, Mila et Adam, tués par leur nounou qui a tenté ensuite de se suicider ... sans y arriver...



Il me semble que quand je vous dit ça j'ai l'impression de spoiler... Mais non en fait, car l'auteur s'ingénie à reconstituer la trame de cette terrible tragédie en remontant le cours de choses.



On sait ce qui est arrivé, mais on ne sait pas pourquoi, et l'auteur va donc tout au long de ce livre nous faire "comprendre" où du moins tenter de le faire grâce à un portrait psychologique de Louise, la nounou.



"Une chanson douce que me chantait ma maman..." gloups, on est bien loin de cette comptine dans cette histoire même si au départ tout semble absolument parfait pour le couple Myriam et Paul qui a trouvé la perle rare en la personne de Louise.



Leïla Slimani dresse non seulement le portrait de cette femme mais aussi de ce couple.

Les liens qui se tissent dans cette relation qui deviennent très étroits. Des liens de dépendances dans un sens comme dans un autre.



La vie de Louise se résume à son métier, sa vie privée est inexistante, ses attaches familiales perdues ou sommaires, ses amis peu nombreux ...



Ce livre se lit très vite, il nous ferre dès le départ, nous lecteur, car nous avons besoin de comprendre ou du moins d'expliquer.



On n'a pas vraiment de réponse claire mais on a ce sentiment puissant qui nous assaille d'une vie triste et sans liens. On ressent cette frustration, cette angoisse que ressent Louise.



Ce roman distille ce mal être jusqu'au point de rupture... Une angoisse sourde monte crescendo... D'autant plus que l'on sait que le drame ne sera pas évité.



Attention : je déconseille ce livre aux mamans et aux papas en quête de nounou ! Moi qui n'ai pas d' enfant ça m'a angoissé ...



Une lecture prenante qui décortique très bien

la psychologie de ces personnages.

Une lecture qui a laissé en moi un sentiment de malaise ...

Une lecture qui marque durablement !
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Chanson douce

364 critiques quelle avalanche ! Comme quoi les prix attirent les lecteurs…

Que puis-je dire de nouveau ? Tout d'abord, pourquoi l'auteure fait-elle la révélation dès les premières pages de l'horreur et de l'irréparable qui va advenir ? Je n'ai pas compris…

Leïla Slimani nous amène ensuite, dans une atmosphère douce et bienveillante,

nous entrons dans la vie de ce couple, Louise, la nounou, trouve là une famille, une maison, des enfants qui lui permettent d'exister. Elle peut aussi exprimer son amour et se soustraire à sa vie angoissante. Sa vie, « déglinguée » qui l'a menée vers une mortelle solitude : « La solitude s'est révélée, comme une brèche immense dans laquelle Louise s'est regardée sombrer. La solitude, qui collait à sa chair, à ses vêtements, a commencé à modeler ses traits et lui a donné des gestes de petite vieille. La solitude lui sautait au visage au crépuscule, quand la nuit tombe et que les bruits montent des maisons où l'on vit à plusieurs. La lumière baisse et la rumeur arrive ; les rires, et les halètements, même les soupirs d'ennui ».

D'une grande fragilité psychologique et d'une maniaquerie maladive Louise investit, dans le foyer du couple, un rôle laissé vacant par les parents pleinement occupés par leur carrière. Mais tout le monde semble y trouver son compte. Alors comment et surtout pourquoi Louise qui adore ces enfants en arrive là ?

Leïla Slimani parsème son récit de petits évènements où nous entrevoyons, des réactions excessives et anormales de Louise, elle semble décrocher de la réalité et se replier brusquement sur elle-même, ainsi lentement Leïla Slimani nous guide vers la cassure finale.

Les enfants grandissent et Louise ne supporte pas l'idée que tout s'arrête, que son univers s'écroule. Désespérément et irrationnellement, elle espère la venue d'un troisième enfant, ce désir devient une obsession délirante. Sa dépendance pour cette famille, la peur de retomber dans la solitude et la précarité la rongent et finalement le monstre se révèle en elle !

J'ai aimé l'écriture alerte et fluide de Leïla Slimani, paradoxalement, il y a beaucoup de tendresse malgré la tension palpable. Louise est à la fois victime et coupable, mais, on prend bien un coup de poing au coeur, l'histoire est déchirante.

Je dois l'avouer, la gorge serrée, je n'ai pas lâché pas ce drame, ce « fou récit », où chacun se sent concerné.



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Le Pays des autres

Décidément, je pense que les romans de Leïla Slimani ne sont pas faits pour moi.

Je n'avais pas du tout aimé Chanson douce et j'ai moyennement aimé Le pays des autres.

L'auteure écrit pourtant très bien et son propos sonne très juste mais c'est surtout l'atmosphère générale qui me dérange.

La vie de Mathilde, alsacienne, qui suivit son mari Amine au Maroc est narrée de façon déprimante. Cette dernière ne se sent pas à sa place parmi la famille marocaine de son mari et a du mal à accepter les mœurs contraignantes que lui impose ce dernier. Son mari, lui, ne se sent plus à sa place avec cette femme parfois fantasque. Leur fille, Aïcha, elle, se retrouve rejetée par ses camarades de l'école catholique.

Les colons, comme les indigènes, semblent également en une perpétuelle quête.

D'où le titre du livre bien sûr..



Et toute cette ambiance de mal être pèse terriblement sur les épaules de ce roman qui s'en trouve écrasé.



C'est du moins mon ressenti.

L'histoire se déroulant de 1944 à 1956 se lit tout de même très bien mais les personnages m'ont souvent apparu sans substance. J'ai néanmoins aimé la petite Aïcha, pour laquelle j'ai ressenti beaucoup de compassion.

Une suite de ce livre vient de paraître mais je ne pense pas la lire.
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Nos langues françaises

Leïla Slimani, représentante du président de la République pour la langue française, je l'apprends en fin de livre, propose à diverses personnalités de raconter ce que signifie le français pour chacun et chacune dans un court recueil appelé "Nos langues françaises".

- Pour Dai Sijie, auteur entre autres de "Balzac et la petite tailleuse chinoise", il reprend les paroles d'un astronome Mr Liu qui déclare que le français n'est pas seulement une langue mais aussi un esprit.

- Angélique Kidjo, née au Bénin, chanteuse, revoit les notions de liberté, égalité, fraternité quand elle arrive à Paris.

- Zeiba Abirached née à Beyrouth, autrice de bandes dessinées nous livre de merveilleuses illustrations qui vont à l'essentiel sur la définition de "naturalisation", avec une réflexion très personnelle d'ailleurs qui ne manque pas de poser question sur le sens de ce mot.

- Lilian Thuram, ancienne gloire du football français revient sur l'esclavage aboli en 1794 en France et rétabli par Bonaparte en 1802 sous la pression des propriétaires terriens. Il publie un texte magnifique de Louis Delgrès , un appel aux citoyens de la Guadeloupe afin qu'ils se soulèvent contre la tyrannie.

- Fawzia Zouari, née à Tunis, enfermée dans une langue qu'elle choisira de fuir pour parler français.

- Faïza Guène, auteure entre autres du merveilleux roman "Un homme, ça ne pleure pas" . Pour elle, le français est une langue qu'on peut faire sienne, qu'on peut nourrir, réinventer.

Et cette phrase si juste de Leila Slimani : "Car nombre d'entre nous, francophones sommes aussi des plurilingues. Souvent nous rêvons dans une langue, nous pensons dans une autre..."

Ne le nions pas, même si on se dit purs français ou purs belges francophones, on a dans notre tête des expressions du terroir, des dialectes, une langue maternelle du début de notre enfance ou autre.

Je n'aurais pas pu citer tous les participants tellement ce petit recueil si bien présenté aux bandes multicolores avec les visages de tous les invités au livre mélangés, avec des illustrations de qualité.

Impossible de passer en vitesse sur une réflexion tellement les pensées, les textes sont riches de sens.



Je remercie les éditions du Patrimoine pour l'envoi de ce petit bijou ainsi que la Masse critique Non Fiction de Babelio.



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Le Pays des autres

C'est l'histoire d'un coup de foudre entre une très jeune alsacienne et un soldat marocain qui combat pour la France pendant la seconde guerre.

Ils vont se marier et elle va le rejoindre au Maroc.

L'amour va t'il résister ?

C'est un livre sombre.

Eprise de liberté et malgré l'arrivée de la contemplative Aïcha et de l'adoré Selim, Mathilde va se sentir corsetée.

Elle déprime, le changement est difficile et elle ne trouve pas sa place.

Il est bien sûr questions de déracinement, de difficulté à se comprendre mais aussi de la place des femmes, de colonisation, de révolte, de tradition, de pauvreté et d'isolement.

Les conséquences sur les enfants sont dépeintes subtilement.

Les personnages ont chacun leurs failles, leurs courages et leurs contradictions.

La plume est élégante et empreinte de nostalgie.

Un joli roman.
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13 à table ! 2022

le cru 2022 a pris pour thème les vacances, on pense à une période libératrice, festive... Ce qui ne sera évidemment pas le cas dans certaines des nouvelles présentées.



Je ne vais pas faire un inventaire de mon ressenti concernant chacune d'entre elles, c'est pénible à lire et peu intéressant. Comme pour les autres parutions, certains textes se détachent, quelques-uns seront vite oubliés.



Sur mon podium personnel , qui n'engage bien sûr que moi, la médaille d'or revient à " Génie et Magnificent" de Tatiana de Rosnay, les deux vieilles dames indignes qui se retrouvent et retrouvent aussi le goût de la vie , notamment en évoquant des vacances communes, alors qu'elles étaient adolescentes, m'ont beaucoup plu. La médaille d'argent , je l'attribue au " Fugitif" de Tonino Benaquista, ce rôle de figuration qui se révèle un symbole est fort émouvant...Enfin, médaille de bronze à " La nuit de juillet" d'un auteur que je découvre, Étienne de Montety. Il fait référence à l'été 1982, et mes souvenirs très forts s'associent à ceux de la jeune fille , personnage principal: coupe du monde de football, Genghini ( j'étais fan...) , alors que je passais l'oral du CAPES à Paris, dans une ambiance électrique, et en plus il est question d'Elisabeth Barbier, dont j ai adoré " Les gens de Mogador" et de " J'ai quinze ans et ne veux pas mourir" de Christine Arnorthy. Je me suis reconnue dans cette période...Vous voyez, très subjectif, mon podium!



Romain Puertolas amuse et inquiète avec son speed-dating .Karine Giebel fait dans l'horrible, Leila Slimani dans l'ambigu et le cruel. Marie-Hélène Lafon présente des étés inoubliables à la campagne...mais arrêtons-nous là.



Ce qui est essentiel, c'est cette solidarité toujours présente, à laquelle, nous, lecteurs, pouvons nous associer. Alors, achetez ce recueil ! Il mérite toute votre attention!
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Dans le Jardin de l'Ogre

Adèle a une addiction au sexe. Mariée à un médecin et maman, son corps appelle à des rencontres de passage. Qu’importe l’homme pourvu qu’elle ait le sexe. Mot qui fait penser au plaisir ? Mais pour Adèle c’est la souffrance qui suinte en elle. Une écriture fine qui contraste avec le sujet. Une œuvre forte qui ne peut laisser indifférent et qui remet en cause certaines idées reçues. J’ai envie de terminer par une blague. C’est quoi une nymphomane ? C’est le nom donné par les hommes aux femmes qui ont plus envie de faire l’amour qu’eux.
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Dans le Jardin de l'Ogre

Je viens de prendre une bonne claque avec ce roman.

Histoire d'une femme. Description sans fard d'un mal-être névrotique , d'une addiction sexuelle compulsive, pour échapper à son passé, à la société, au conformisme de son environnement. Et retrouver dans les bras des hommes de passage un peu de l'amour dont elle a manqué pendant son enfance. Volonté de se perdre, de s'avilir, de s'affranchir de son rôle d'épouse et de mère qu'elle ne peut assumer, pour se retrouver, être sexué.

Besoin de cette débauche et de cette déchéance pour exister. de se sentir aimée par et pour son corps. Elle n'a plus que ça à offrir.

Ça me fait penser au film « Belle de jour » de Bunuel. La bourgeoisie bien-pensante, incarnée par le mari, chez Bunuel et Slimani, deviennent les symboles d'une société étouffante où le sexe doit être formaté, selon les conventions de la caste. le personnage de Richard dans le roman mérite également que l'on s'y arrête. Lui aussi est une victime, qui noie son amertume, son impuissance sexuelle dans le travail. C'est d'ailleurs, ce qui lui vaut, en partie, les relations adultérines de son épouse mais aussi son accident. C'est aussi un roman social. L'auteur pointe, sous une sociabilité superficielle mais complètement feinte, l'incompréhension entre les deux familles. Comment les époux peuvent-ils dépasser leurs éducations contradictoires basées sur une culture de classe ? C'est une des grilles de lecture du roman.

L'écriture est directe, rapide. Pas de poésie, de fioritures. On va droit au but. On décrit pour dénoncer. A la limite du naturalisme du XIXe siècle (je pense à Maupassant). Les chapitres sont courts comme pour correspondre aux multiples aventures d'un soir de l'héroïne. Et qu'on ne vienne pas me parler des scènes de sexe « choquantes ». La description des ébats, aussi dépravants et abjects qu'ils puissent être, sont absolument nécessaires pour comprendre la pathologie d'Adèle.

Ce roman est un chef-d'oeuvre et Leila Slimani une auteur à retenir pour sa description d'une société qui détermine nos pauvres existences. le parallèle avec Houellebecq, que fait Babelio me semble, sur ce point, assez justifié. C'est de la grande littérature.

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