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Citations de Leonardo Padura (890)


Tu te rends compte, si Dieu n'existe pas, aucun Dieu, alors que les hommes se sont toujours détestés et entretués pour leurs dieux et pour la promesse d'un au-delà meilleur … si, en vérité, il n'y a ni Dieu, ni au-delà, ni rien ...
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Pour nous, tout est écrit d'avance, non? De la maternelle à la tombe, ils ont tout choisi, sans même nous demander de quoi nous souhaitions mourir.


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Je suis le même et je suis différent à chaque instant. Je suis tous ceux-là et je ne suis personne, parce que je ne suis qu'un pion, un tout petit pion, dans le combat pour un rêve. Un individu et un nom ne sont rien... Tu sais, dès que je suis entré à la Tcheka, on m'a appris quelque chose de très important : l'homme est interchangeable, remplaçable. L'individu n'est pas un élément unique, c'est un concept qui s'agglutine pour former la masse, qui, elle, est réelle. Mais l'homme en tant qu'individu n'est pas sacré, et donc pas indispensable.
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La Havane, 2004
– Repose en paix, furent les derniers mots du pasteur.
Si cette phrase usée, si impudiquement théâtrale dans la bouche de ce personnage, eut jamais un sens, ce fut en cet instant précis où les fossoyeurs, avec une habileté désinvolte, descendirent le cercueil d’Ana dans la fosse ouverte. La certitude que la vie peut devenir le pire enfer, et que cette mise en terre me libérait du joug de la peur et de la douleur, m’envahit comme un soulagement mesquin et je me demandai si d’une certaine façon je n’enviais pas le passage final de ma femme vers le silence, car pour certains la mort, être totalement et vraiment mort, est parfois ce qui ressemble le plus à une bénédiction de ce Dieu avec lequel Ana avait essayé de me réconcilier, sans beaucoup de succès, dans les dernières années de sa pénible vie.
Dès que les fossoyeurs eurent refermé la sépulture et disposé sur la pierre tombale les couronnes de fleurs que les amis leur tendaient, je fis demi-tour et m’éloignai, résolu à me soustraire aux nouvelles accolades et aux traditionnelles condoléances que les gens se sentent toujours obligés de présenter. À ce moment, toute autre parole au monde était superflue : seule la formule éculée du pasteur avait un sens et je voulais m’y raccrocher. Repos et paix : ce qu’Ana obtenait enfin et que je réclamais moi aussi.

(Incipit)
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L'absence d'objets destinés à embellir ce refuge révélait le côté provisoire de leur installation. Il n'y avait même pas un malheureux rosier dans le jardin : "Planter une seule graine en terre reviendrait à admettre la défaite", avait prévenu Lev Davidovitch à l'intention de sa femme, car il avait toujours en tête les foyers de lutte que tôt ou tard il espérait rejoindre.
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Conde se dit qu’en réalité, il y avait deux villes invisibles dans la ville visible : la fourmilière agitée des malheureux et les fabuleuses propriétés des bienheureux politiques et économiques. La piste d’une vierge noire s’obstinait à lui révéler, de façon flagrante, des écarts qui devenaient insurmontables et touchaient de plus en plus de gens.
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L’Histoire prouvait, disait-il, que rien ne s’était jamais amélioré ; que les fondamentalismes, l’arrogance, le goût du pouvoir et les innombrables stratégies utilisées par les uns pour tromper, exploiter, gouverner et, par définition, pourrir la vie des autres, étaient des attitudes omniprésentes depuis l’âge des cavernes.
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Ses pieds qui furent ceux d’un grand marcheur ne sont plus que les extrémités impotentes et mortes d’un homme à l’agonie.
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Leonardo Padura
Depuis qu'il avait prit goût à la lecture et qu'il s'était senti rongé d'envie à l'égard des gens capables d'imaginer et de raconter des histoires, le Conde avait apprit à respecter la littérature comme l'une des choses les plus belles que la vie pouvait engendrer.
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« Il n’y a qu’un temps essentiel pour s’éveiller ; et ce temps c’est maintenant. »
Bouddha


(Intro)
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- Ce serait cruel que l'ouragan en finisse avec tout ça, n'est-ce pas?
- Non, vous vous trompez. La nature n'est jamais cruelle, parce qu'elle ne saurait pas l'être. La cruauté est le triste privilège des êtres humains. C'est pourquoi les cultures préhispaniques des Caraïbes ont personnifié le cyclone et lui ont attribué une figure humaine. Pour eux c'était le terrible dieu de l'Orage, et ils l'appelaient huracan, yuracan, ou yoracan, selon leurs dialectes, mais dans tous les cas le mot signifiait toujours Esprit Malin, plus ou moins comme le diable chez les chrétiens, et c'est pour le calmer qu'on lui a offert des chants et des danses... comme je le fais maintenant... Ce qui est quand même dommage, c'est que ce genre de désastre se produise : peut-être demain ne restera-t-il plus rien de ce jardin que j'ai cultivé et soigné pendant presque trente ans. Et cela donne aussi envie de pleurer.
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Pourquoi était-ce toujours si compliqué d'être juif?
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En une seconde, je comptai dix qualificatifs dont Lopez aurait pu me gratifier ( allant de connard ou taré, à crétin ou abruti, selon les variantes cubaines ou espagnoles ).
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...et j'eus la conviction que si mon ami ne me sortait pas du cimetière, je serais incapable de trouver une issue vers la vie.
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A part mes allées et venues à la plage, ce dont je me rappelle le mieux de cette période, c'est la fébrilité avec laquelle je dévorais cette volumineuse biographie du révolutionnaire nommé Leon Bronstein qui, par la même occasion me faisait découvrir ma prodigieuse ignorance des vérités (vérités?) historiques, sur les circonstances et les faits qu'avait vécus cet homme, des circonstances et des faits si russes et si lointains, à commencer par la révolution d'Octobre (je n'ai jamais très bien compris ce qui s'est passé à Petrograd ce 7 novembre, qui en réalité était le 25 octobre, et comment était tombé le palais d'Hiver qu'à la fin presque personne ne voulait défendre, ce qui entraîna automatiquement le triomphe de la Révolution et donna le pouvoir aux bolcheviks), en continuant par de tout aussi étranges luttes dynastiques entre révolutionnaires, où seul Staline semblait disposé à s'emparer du pouvoir, pour terminer avec les procès de Moscou, pratiquement passés sous silence (pour nous ils semblaient ne jamais avoir existé), où les prévenus étaient les pires accusateurs. A la fin de tout ce défilé de manifestations de "l'âme russe" (quand on ne comprend pas quelque chose chez les Russes, on dit toujours que c'est la faute de leur âme) venait la confirmation de l'assasinat du vieux leader, gommé dans les livres soviétiques qui lui étaient consacrés, car Trotsky (peut-être parce qu'il était ukrainien et non russe) semblait plutôt être mort d'un rhume, ou mieux encore, avalé par un marécage mouvant comme un personnage d'Emilio Salgari.
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Le Conde consulta sa montre : bientôt quatre heures, Karina ne l’appellerait jamais avant six heures. Est-ce qu’elle va m’appeler ? douta-t-il, et il avança contre le vent sans même jeter n coup d’œil à l’affiche du cinéma qui rouvrait ses portes après des réparations qui avaient duré dix ans.
Bien que son corps réclamât l’horizontalité du lit, les révolutions où tournoyaient ses pensées auraient rendu impossible l’inconscience du sommeil pour tromper l’attente. De toute façon une promenade en solitaire dans le quartier était un plaisir que le Conde s’octroyait régulièrement : dans cette géographie circonscrite étaient nés ses grands-parents, son père, ses oncles et lui-même, et déambuler sur cette Calzada qui avait tapissé le vieux chemin, par où transitaient vers la ville les meilleurs fruits des vergers du Sud, était un pèlerinage vers lui-même jusqu’aux limites qui appartenaient déjà à la mémoire de ses aînés.
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À l’époque, nous parvenions difficilement à comprendre comment et pourquoi toute cette perfection s’était écroulée en faisant bouger seulement deux des briques de la forteresse : un accès minime à l’information et une légère mais décisive perte de la peur (toujours cette fameuse peur, toujours, toujours, toujours) qui avait cimenté les éléments de la structure. Deux briques et elle s’écroula : le géant avait des pieds d’argile, il n’était resté debout qu’en s’appuyant sur la terreur et le mensonge… Les prophéties de Trotski finirent par se réaliser et la fable futuriste et imaginative d’Orwell dans 1984 devint un roman atrocement réaliste. Et nous qui ne savions rien… Ou qui préférions ne rien savoir ?
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Elle m'a seulement dit qu'elle venait de de Cuba et qu'elle préférait ne pas parler de son pays. Que cela lui faisait mal et qu'elle l'avait enterré … Le Pays je veux dire… et avec lui, son passé. Ce qui peut être une sage décision. Le grand enseignement de Bouddha, c'est que la seule façon de se libérer complètement de la souffrance est de se libérer radicalement du désir ; et le moyen d'y parvenir, c'est d'exercer son esprit pour vivre la réalité telle qu'elle se présente. Je sais que ce n'est pas facile… L'un des dépassements les plus importants que nous indique Bouddha est justement celui du passé, parce qu'il a été déjà vécu, bien ou mal, il est écoulé et il n'est pas réparable. Et , en même temps, ne pas essayer de prévoir l'avenir… puisqu'il n'a pas encore eu lieu , et que vouloir le prédire est une source d'anxiété, et que l'anxiété génère de la souffrance.
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Pour Clara, bordel de merde ! parvint à crier Bernardo.
- Pour Clara ! lui répondirent les autres, qui furent encore capables de sourire et de boire, avant que certains d’entre eux, Irving en tête, ne se mettent à pleurer quand Ramsés, comme vingt-cinq ans plus tôt, mit la chanson de Kansas qu’aimait tant Bernardo et qui leur rappelait ce qu’ils étaient tous, ce qu’était toute la vie : Dust in the wind.
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Lev Davidovitch se rappela avoir autrefois écrit que l'Histoire avait vaincu Tolstoï sans pour autant le briser. Jusqu'à son dernier jour, ce génie avait su conserver un don précieux: l'indignation morale. C'est pourquoi il avait lancé ce cri contre l'autocratie: "Je ne peux pas me taire!" Mais Maïakovski, en s'évertuant à être croyant, s'était tu, ce qui avait fini par l'anéantir. Il n'avait pas eu le courage de partir en exil quand d'autres l'avaient fait; de cesser d'écrire quand d'autres avaient brisé leurs plumes. Il s'obstina à offrir sa poésie à l'engagement politique et sacrifia son Art et même son esprit: il s'efforça tellement d'être un militant exemplaire qu'il dut se suicider pour redevenir le poète qu'il était...
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