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Citations de Leonardo Padura (891)


La conviction que l’écriture n’est guère plus que la possibilité de construire d’autres êtres à partir de ce que tu as été et de ce que tu es t’avait servi pour tenter de prendre de la distance envers toi-même, pour te voir dans une perspective qui fut finalement révélatrice, à la fois agréable et douloureuse.
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Dans la cuisine, il prépara les cafés, en but deux tasses et fuma deux cigarettes. Entre les cafés et les cigarettes, il fit une généreuse pause aux toilettes où il déposa la mouture des aliments raffinés du dîner exquis de la veille et pensa à la triste fin des fromages français.
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Merche immobilisa la fourchette avec le morceau de carpaccio qu’elle portait à sa bouche et ouvrit tellement ses yeux verts qu’il semblait possible de les voir tomber dans son assiette. Que l’on parlât avec autant de naturel de deux morts et de la moitié d’un autre n’entrait pas dans son univers de design, de modes et de décorations.
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Quel pouvait être le destin de cette ville [La Havane], hormis cette mort violente, forgée dans l'agonie et prolongée de l'oubli? Ou peut-être mourrait-elle castrée, nouvelle Atlantide engloutie dans la mer pour un péché impardonnable bien qu'encore inconnu? Et merde! se dit-il, quand il eut atteint ce niveau de profondeur morbide dans sa réflexion : elle peut bien mourir d'une façon ou d'une autre, de toutes façons nous allons tous mourir.
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Elle observe la pluie et le cimetière désert, terriblement paisible.
- Ça n'a aucun sens de recommencer.
- Et recommencer à vivre ?
- Je crois que ça n'en a pas non plus... Le film anglais est terminé parce que là, ça ressemble à un boléro : "Mon amour, je veux revivre avec toi." - Elle chantonne et un léger sourire se dessine sur ses lèvres.
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Il n'y avait même pas un malheureux rosier dans le jardin : “Planter une seule graine en terre reviendrait à admettre la défaite”, avait prévenu Lev Davidovitch à l'intention de sa femme, car il avait toujours en tête les foyers de lutte que tôt ou tard il espérait rejoindre.
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- Tamara, murmura-t-il, et il osa poursuivre : Et si on se mariait, qu'est-ce que tu en dis?
Le premier ronflement de la femme fut l'unique réponse que reçut sa terrible question.
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Pendant qu’il se débarrassait de la sueur et des chaleurs de la journée, tout en imaginant lui donner une conclusion sexuelle satisfaisante, Mario Conde pensa qu’en vérité il pouvait considérer qu’il avait beaucoup de chance : des milliers de choses lui manquaient, le monde entier partait en couilles, mais il possédait encore quatre trésors qu’il pouvait considérer, dans leur magnifique conjonction, comme les meilleures récompenses que lui avaient données la vie. Parce qu’il avait de bons livres à lire ; un chien fou et voyou à soigner ; des amis à emmerder, à embrasser, avec lesquels il pouvait se saouler et se lâcher en évoquant les souvenirs d’autres temps qui, sous l’effet bénéfique de la distance, semblaient meilleurs ; et une femme à aimer qui, s’il ne se trompait pas trop, l’aimait également. Il jouissait de tout cela — et même maintenant d’une somme d’argent — dans un pays où bien des gens n’avaient presque rien ou sacrifiaient le peu qui leur restait : chaque jour, en travaillant au hasard des rues, il en rencontrait qui vendaient leurs livres dans l’espoir de sauver leurs estomacs, alors qu’ils avaient déjà perdu jusqu’à leurs derniers rêves.
Selon sa coutume de loup solitaire, Conde suspendit dans la douche le slip qu’il venait de laver et récupéra celui qu’il y avait laissé la veille.
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C'est alors que cette dame, élevée depuis le berceau dans le luxe et le confort, éduquée chez les soeurs, experte dans l'art de monter les chevaux arabes, et mariée à un patron étranger par nature aux sentiments des hommes qui travaillaient à sa richesse, se défit de ses bijoux et de ses vêtements chics et descendit dans les endroits les moins reluisants de la ville.Elle palpa de ses mains une autre géographie, un autre monde (...)
Là, tout en goûtant d'autres alcools moins sophistiqués et plus efficaces, elle découvrit une humanité glauque, remplie de frustration et de haine, qui parlait, avec un langage nouveau pour elle, de choses aussi terribles que la nécessité d'en finir avec toutes les religions, ou de renverser l'ordre bourgeois et exploiteur, ennemi de la dignité de l'homme, ce monde dont elle-même provenait.
La fureur anarchiste, dont elle avait à peine eu idée jusque là, fut pour elle comme un choc qui ébranla chaque cellule de son corps.


( Livre de poche, 2021, p.59)
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Les personnages romanesques ne demandent pas qu'on les admire pour leurs vertus. Ils demandent qu'on les comprenne, et c'est quelque chose de tout à fait différent.
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Ou alors, je n'y songeais pas parce qu'en réalité, j'avais tellement oublié que j'avais un jour voulu être écrivain que je ne pensais presque plus comme un écrivain.
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Lev Davidovitch savait que tant qu'il restait de la vie, il restait aussi des balles à tirer.
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Bouddha nous a révélé que les trois réalités qui régissent le monde sont que rien n'est permanent, rien n'a d'essence durable et que rien, jamais, n'arrivera à nous sembler totalement satisfaisant.
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— Non, vous vous trompez... Partir ou rester, ce n'est pas ce qui compte le plus. C'est la liberté de partir ou de rester dont disposent les gens qui est importante. Ou l'absence de cette liberté... Et d'autres aussi. Vous comprenez ?
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Émue par le regard de l’animal, qui paraissait ne rien comprendre au fonctionnement du monde (ou seulement l’essentiel : il fonctionnait mal),
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Même le drapeau indépendantiste catalan a été créé ici, à La Havane… On dit que c’est pour ça qu’il ressemble au drapeau cubain, avec l’étoile solitaire. De nombreux nationalistes catalans pensaient qu’ils devraient suivre l’exemple cubain et obtenir leur indépendance de l’Espagne. Ils voulaient profiter de la crise dans le pays, de la situation chaotique en Catalogne et même utiliser les méthodes anarchistes…
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En regardant votre oeuvre, une chose lui avait semblé evidente: l'art est pouvoir. Non pas pour dominer des pays et changer des sociétés, pour provoquer des révolutions ou opprimer les autres. C'est le pouvoir de toucher l'âme des hommes et, à la fois, d'y semer les graines de son amélioration et de son bonheur.
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Le résultat, c'est que nous sommes tellement historiques que non seulement nous nous croyons les meilleurs, mais qu'en plus nous le sommes parfois. Et voilà les conséquences. ..sens historique et mauvaise mémoire, insolence et prédestination, grandeur et légèreté, idéalisme et pragmatisme , de quoi équilibrer les vertus et les défauts, non? Mais au bout du compte la fatigue arrive. La fatigue d'être si historiques et si prédestinés.
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- Et qu'est-ce qui se passera si nous ne pouvons pas continuer ensemble?
Le Conde la regarde : il se demande pourquoi, après tant d'amour, elle peut imaginer une chose pareille. Mais lui-même n'a pas cessé d'y penser.
- Je ne veux même pas y penser. Je ne peux pas y penser, dit-il cependant. Karina... je crois que le destin de l'homme s'accomplit dans la recherche, non dans la découverte, bien que toute les découvertes paraissent le couronnement d'un effort : la Toison d'Or, l'Amérique, la théorie de la relativité... l'amour. Je préfère être un chercheur de l'éternel. Pas comme Jason ou Colomb qui sont morts pauvres et désenchantés après tant d'obstination. Plutôt un chercheur de l'Eldorado, de l'impossible. Pourvu que je ne te découvre jamais, Karina, protégée par un dragon, comme la vieille Toison. Ne me laisse pas t'attraper, Karina.
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... car j'ignorais encore que le véritable plaisir d'écouter un boléro ne peut germer que sur les expériences amères de la vie.
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