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Critiques de Lieve Joris (43)
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Mon oncle du Congo

Récit de voyage dans l'ancien Congo belge, aujourd'hui Zaire (1995).

Voyage au pays de ses ancêtres d'une jeune journaliste belge que j'ai rencontré au Festival "Étonnants voyageurs 1995" à Saint Malo.

Dilemme éternel entre les méfaits de la colonisation, de l'indépendance et de l'actualité. Un constat acide de ce pays africain aux grandes possibilités mais que les hommes ne font que piller. Tout cela n'est pas bien beau. Ecriture voyageuse très agréable à lire.
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Mon oncle du Congo

Il s'agissait pour moi d'une relecture. le livre date de 1985, il m'a donc semblé quelque peu dépassé, surtout au début. On parlait encore du Zaïre. Et puis, il y avait la langue flamande utilisée par les missionnaires - donc très désuète. Mais c'était la réalité à l'époque. C'était un retour en arrière dans l'histoire, et à partir de là, lire les réflexions sur le Congo (belge), et tout ce qui concerne le pays.

C'était très intéressant.





Au fur et à mesure que je lisais, je me souvenais de ce que j'avais lu auparavant et je ressentais la même indignation, la même confusion, le même mélange d'émotions... J'étais tout aussi heureuse de découvrir les huttes en terre, les huttes au toit de chaume, les huttes aux toits de feuilles, les maisons en argile et les maisons en pierre. J'étais tout aussi heureuse de lire sur les "oncle", les "mama" et les "papa", les langues congolaises. le livre est une très bonne introduction au pays.





Tout est très compliqué dans ce grand pays : les réactions des gens face aux blancs sont très différentes d'une région à l'autre, l'histoire est différente d'une région à l'autre. Cela va des tribus les plus primitives aux personnes qui ont étudié, dans les villes.

Il est question de nature, de superstition, de foi, de missionnaires et de colons, de rebelles et d'oppression, de toute une culture.





Lieve Joris n'aborde pas les choses à moitié, elle enquête et fouille comme une journaliste d'investigation de premier ordre. En tant qu'initiation, pour un lecteur, cela peut compter ! Si on ajoute que Lieve Joris peut vraiment vous emmener dans son voyage à travers le Congo, avec ses émotions, c'est vraiment une bonne lecture.





C'est un très bon livre

même si je l'ai trouvé long par moments. De nos jours, un tel livre serait écrit différemment, je pense. Il serait plus court. La narration longue m'a semblé quelque peu démodée. Lieve Joris a publié beaucoup d'autres livres depuis. Je me demande ce qu'elle pourrait raconter sur le Congo maintenant, et ce qu'elle a à dire sur d'autres pays. Je me demande aussi comment sa narration a évoluée. Mais une chose est sûre : si on prend un livre de Lieve Joris en mains, il est bon, voire excellent.
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Sur les ailes du dragon

Sur les ailes du dragon décrit les relations parfois compliquées qu'entretiennent l'Afrique et la Chine. L'auteure, qui a beaucoup voyagé en Afrique, nous emmène d'abord au Congo où elle nous présente des personnes en affaire avec les Chinois. Beaucoup sont des commerçants qui achètent des produits Made in China pour les revendre avec profit sur les marchés africains. Elle nous emmène ensuite à Dubaï où s'effectuent de nombreux achats de marchandises en provenance de Chine.

La troisième partie du livre se passe en Chine, et cette fois l'auteure s'intéresse à la fois au commerce et au domaine de l'art, et nous fait rencontrer de multiples personnages ayant voyagé en Afrique. Enfin la quatrième et dernière partie se passe en Afrique du Sud, où quelques Chinois se sont installés et tiennent des commerces. Cette partie est également l'occasion de rencontrer des Africains de l'Ouest ayant émigré en Afrique du Sud pour y chercher une vie meilleure.



Ce récit est l'occasion de découvrir les rêves de chacun, des Africains souhaitant faire fortune avec les produits chinois, et des Chinois dont l'avenir est bouché dans leur pays et qui désirent s'expatrier pour voir plus grand. Naturellement tout ne se passe pas comme prévu pour les uns comme pour les autres, et le choc des cultures est parfois violent. Ce livre est aussi l'occasion de découvrir les préjugés des uns et des autres sur leurs correspondants étrangers, et là aussi c'est souvent violent. Exemple : "Le gouvernement chinois appelle les Africains nos frères, son patron les appelle ces bons à rien de Noirs."

"Est-ce vrai qu'en Afrique vous vivez dans les arbres ?" "Oui, bien sûr que nous vivons dans les arbres, et tu sais que la Chine a un ambassadeur au Rwanda ? Eh bien, il habite à trois arbres de chez moi".

Les différences entre les deux peuples sont omniprésentes et ne facilitent pas la communication. Les Africains trouvent que les Chinois n'expriment rien, les Chinois eux, trouvent que les Africains ne sont pas fiables, au final il y a peu de mélange entre les deux communautés qui souvent ne se comprennent pas. "Un Chinois qui gagne 200 rands en économise 90. Un Africain qui gagne 100 rands en dépense 200".

Les Chinois vivant en Afrique découvrent aussi la violence, car ils sont particulièrement visés par les voleurs, d'autant plus qu'ils sont installés dans des pays qui ne sont pas les plus sûrs, les exemples de l'auteure étant le Congo et l'Afrique du Sud. Enfin il y a la corruption, même si elle existe aussi en Chine, et les arnaques qui menacent tout Chinois qui manque de vigilance.



Sur les ailes du dragon nous fait découvrir un univers inconnu des Européens puisqu'il concerne les Africains et les Chinois, et c'est tout l'intérêt du livre. La partie la plus longue est celle qui se passe en Chine, et elle aurait mérité d'être raccourcie. L'auteure nous y présente des tas de personnages dont beaucoup n'apportent pas grand-chose au récit, le point commun semblant être une consommation élevée de baijiu, l'alcool local, et on tourne clairement en rond en attendant la partie suivante. Dommage.
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Mon oncle du Congo

Nous partons dans ce livre sur les traces du grand-oncle missionnaire de Lieve Joris, à la rencontre du Zaïre de Mobutu, dans les années 80. Du voyage en bateau à l’est du désormais Congo, en passant par Kinshasa, des villages de brousse ou riverains du fleuve Zaïre, à Kisangani… nous allons à la rencontre de ce pays, ancienne colonie belge, et de ses habitants.



J’ai beaucoup aimé le regard de Lieve Joris sur les Congolais, et le regard critique, en parallèle, sur ces Belges toujours présents pour faire de l’argent, dont le mépris pour la population locale l’écœure comme il m’écœure en la lisant.



A l’heure où la gestion par la Belgique de période coloniale est remise en cause, ce livre vient me conforter dans ce ressenti : si un certain nombre de personnes est allé au Congo dans un but désintéressé, pour enseigner, évangéliser… un grand nombre d’autres s’y est rendu pour profiter, se servir, piller et piétiner les populations sur place. Et le départ des Belges du jour au lendemain, en n’ayant pas apporté les bases d’une gestion autonome par le peuple congolais, fait toujours sentir ses conséquences au moment où l’histoire se déroule :



« Diriger un pays, ça ne veut pas dire rouler dans des Mercedes noires et organiser des défilés. »

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Fonny

Début assez vivant et allant mais écriture (ou traduction ?) pas fluide ni facile. Histoire d'une famille nombreuse dont un des fils, le chéri des parents, a un accident grave. Tout remonte à la surface et on apprend les nombreux tiraillements familiaux qui déchirent la famille. Gentil mais pas inoubliable.
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Sur les ailes du dragon

Lieve Joris nous emmène dans l'univers complexe de la mondialisation...pas celle des multinationales, du CAC 40 et des mouvements financiers accessibles aux seuls initiés, mais celle des hommes et des femmes qui commercent, qui échangent et qui voyagent. Elle les accompagne à Dubaï , en Chine, en Afrique du Sud, au Congo. Elle partage un peu leur vie ; quitte à être quelque peu envahissante.

En Chine, elle va rencontrer des africains qui viennent pour le commerce, friands des produits à bas coût qu'ils revendront dans leur boutique; qui y font leurs études ou que les circonstances de la vie ont poussé à s'établir là; exilés nostalgiques ou résignés. Elle rencontre aussi des chinois qui vont partir en Afrique, parfois inquiets de ce qu'ils vont trouver, ou qui en reviennent avec des souvenirs divers ou encore des universitaires spécialistes de la culture africaine.



Il y a Cheikna, commerçant malien vivant au Congo; Li Shudi, chinois d'Afrique du Sud "qui ressemble à un Afrikaner en tenue de safari" qu'elle rencontrera dans les deux pays; Maggie, employée à l'ambassade de Namibie ; Albert, fils ambassadeur rwandais et dirigeant du Rwanda Development Board en Chine; Jacques, congolais ex-étudiant en Chine et qui y dirige une société espagnole; Théodore, étudiant congolais des beaux arts un peu égaré dans sa vie chinoise; Joseph, seul étudiant noir de l'Institut d'études africaines de Jinhua; le professeur Li Baoping, victime d'un vol d'ordinateur portable dans un bus camerounais avec tout son matériel de recherche; Richard commençant chinois établit au Cap où il emploie des congolais .... et tant d'autres qui traversent ces pages fourmillantes de vie.



Ces portraits et ces histoires de vie nous montrent les différentes facettes et les différentes couleurs de ces relations pas toujours simples.

C'est un tableau nuancé mais sans concession qui se dessine sous nos yeux avec un débordement d'énergie vitale mais aussi les difficultés, les incompréhensions culturelles et le racisme. Les représentations de certains chinois sur les africains sont proprement déroutantes au XXIeme siècle : par exemple telle mère de famille ne veut pas que son fils parte travailler en Afrique car il va devenir noir , ou encore tel étudiant qui demande ingénument à un africain si c'est vrai qu'ils vivent dans des arbres en Afrique. Certains africains pensent, de leur côté, qu'on peut tout acheter en Chine, y compris des organes. Ils ne comprennent pas ces hommes qui travaillent tout le temps sans jamais prendre le moindre temps pour un peu de plaisir, pour le simple échange humain.

Mais, il s'agit surtout d'un monde actif, remuant , plein d'énergie, en pleine bagarre pour améliorer son quotidien et trouver une place ; toute une richesse de relations économiques et humaines qui se créent et se développent en dehors de l'Occident. En cela ce témoignage est passionnant et riche d'enseignements mieux savoir comment change le monde, comment se construit la Chinafrique, ce que font les chinois en Afrique et les raisons qui les y poussent.



Lieve Joris a cette qualité remarquable de s’effacer devant le monde qu'elle raconte : elle parle d'eux, de leur histoire, de leur témoignage, pas de son voyage à elle, comme cela arrive parfois à certains écrivains du voyage. Elle ne juge pas mais essaie d'être fidèle à ceux qui lui ont accordé de leur temps ( en tout cas je le crois en la lisant) sans cacher parfois les côtés sombres.

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Ma cabine téléphonique africaine

Lieve Joris est une femme extraordinaire. Je ne la connais pas mais j'en suis sure quand je lis ses livres. Son regard ne ressemble à celui d'aucun autre écrivain voyageur dont je me souvienne, trop souvent centrés sur eux-mêmes. Ni à celui d'un reporter, trop souvent plat et sans âme. Elle est les deux, elle est ailleurs, elle est Lieve Joris. Elle est un grand écrivain qui sait nous parler du monde comme personne des petites histoires des hommes et des grands changements du monde.



J'ai déjà parlé de son livre sur la Chine et l'Afrique " Sur les ailes du dragon". "Ma cabine téléphonique africaine" est un ouvrage plus modeste, un recueil de portraits entre l'Afrique et la Pologne. On y rencontre Bina, receveur des postes de Sokolo au Mali; Rashid qui retrouve sa famille à Dar-es-Salam après avoir construit sa vie aux États-Unis; Jacob un hollandais installé sur l'ile de Pemba, pas loin de Zanzibar; Mme Taher et sa pension cairote; Ismail, l'avocat kurde près d'Alep, Ryszard Kapuscinski qui lui fait visiter la Pologne, Piotr et Anna qui la reçoivent dans leur ferme...Les différents récits sont datés entre la fin des années 80 et les années 90.



Elle nous parle d'eux, très peu d'elle ... amicale et intéressée ; indulgente mais pas dupe; leur quotidien difficile, leurs choix de vie, leur combat . Un très beau témoignage du monde.
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Les hauts plateaux

Petit bouquin d'un peu plus d'une centaine de pages, Les Hauts plateaux nous emporte aux confins de la République démocratique du Congo et à ses frontières avec le Rwanda voisin.



C'est la première fois que je lis un auteur belge sur le thème de l'Afrique, et a fortiori du Congo ; le livre semblait d'emblée prometteur : une jeune femme voyageant dans cette région très instable m'intriguant beaucoup...



Lieve Joris nous livre ici une sorte de journal de voyage autobiographique, alternant entre récits de ses journées de marche à travers les montagnes, et de ses quelques séjours dans des bourgades un peu perdues, ses réflexions sur le monde qui l'entoure et ses pensées vers sa mère, dont la mort l'a profondément marquée...Mais dont le sujet est amené de manière surprenante dans le récit, sans que l'on comprenne véritablement le lien avec les évènements qui y sont contés.



Au fur et à mesure de la lecture s'installe finalement une sorte de malaise : si certaines observations sont intéressantes et pertinentes pour quiconque s'intéresse à cette région, notamment sur les différentes ethnies qui y vivent, les mœurs et coutumes faisant peu de place à la femme, et l'atmosphère de conflit qui règne entre différentes milices congolaises, mais aussi entre Rwandais et Congolais, dont on ne connait plus très bien la nationalité au vu de la frontière mainte fois traversée tantôt pour fuir Mobutu, le génocide ou pour reconquérir un territoire, on ne parvient pas à éprouver de l'empathie pour la narratrice, qui nous conte tout cela avec un détachement étonnant et une grande froideur, que je qualifierais même parfois d'hostilité envers ce et ceux qui l'entourent. On passe donc de son désir un peu fou d'atteindre les hauts plateaux à une sorte de mépris qu'elle ne peut s'empêcher d'éprouver devant l'ignorance et la naïveté des personnes qu'elle rencontre, que ce soit sur les sujets de la religion ou du rôle de la femme dans la société. Un peu comme si l'auteur avait été prise entre la tolérance que l'on se doit observer envers des cultures qui nous sont différentes et des pays que l'on visite, et son besoin de se comporter en femme occidentale et libre, qui peut s'affranchir de l'opinion sociale.



J'en garde une impression très mitigée : à lire si le Congo vous passionne, sauvez-vous si vous préférez les bouquins un peu plus positifs sur leur contenu.

Au-delà des ces remarques, ce livre est bien écrit et se lit très rapidement du fait de sa petite taille, heureusement peut-être !
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Sur les ailes du dragon

Lieve Joris nous emmène dans l'univers complexe de la mondialisation...pas celle des multinationales, du CAC 40 et des mouvements financiers accessibles aux seuls initiés, mais celle des hommes et des femmes qui commercent, qui échangent et qui voyagent. Elle les accompagne à Dubaï , en Chine, en Afrique du Sud, au Congo. Elle partage un peu leur vie ; quitte à être quelque peu envahissante.

En Chine, elle va rencontrer des africains qui viennent pour le commerce, friands des produits à bas coût qu'ils revendront dans leur boutique; qui y font leurs études ou que les circonstances de la vie ont poussé à s'établir là; exilés nostalgiques ou résignés. Elle rencontre aussi des chinois qui vont partir en Afrique, parfois inquiets de ce qu'ils vont trouver, ou qui en reviennent avec des souvenirs divers ou encore des universitaires spécialistes de la culture africaine.



Il y a Cheikna, commerçant malien vivant au Congo; Li Shudi, chinois d'Afrique du Sud "qui ressemble à un Afrikaner en tenue de safari" qu'elle rencontrera dans les deux pays; Maggie, employée à l'ambassade de Namibie ; Albert, fils ambassadeur rwandais et dirigeant du Rwanda Development Board en Chine; Jacques, congolais ex-étudiant en Chine et qui y dirige une société espagnole; Théodore, étudiant congolais des beaux arts un peu égaré dans sa vie chinoise; Joseph, seul étudiant noir de l'Institut d'études africaines de Jinhua; le professeur Li Baoping, victime d'un vol d'ordinateur portable dans un bus camerounais avec tout son matériel de recherche; Richard commençant chinois établit au Cap où il emploie des congolais .... et tant d'autres qui traversent ces pages fourmillantes de vie.



Ces portraits et ces histoires de vie nous montrent les différentes facettes et les différentes couleurs de ces relations pas toujours simples.

C'est un tableau nuancé mais sans concession qui se dessine sous nos yeux avec un débordement d'énergie vitale mais aussi les difficultés, les incompréhensions culturelles et le racisme. Les représentations de certains chinois sur les africains sont proprement déroutantes au XXIeme siècle : par exemple telle mère de famille ne veut pas que son fils parte travailler en Afrique car il va devenir noir , ou encore tel étudiant qui demande ingénument à un africain si c'est vrai qu'ils vivent dans des arbres en Afrique. Certains africains pensent, de leur côté, qu'on peut tout acheter en Chine, y compris des organes. Ils ne comprennent pas ces hommes qui travaillent tout le temps sans jamais prendre le moindre temps pour un peu de plaisir, pour le simple échange humain.

Mais, il s'agit surtout d'un monde actif, remuant , plein d'énergie, en pleine bagarre pour améliorer son quotidien et trouver une place ; toute une richesse de relations économiques et humaines qui se créent et se développent en dehors de l'Occident. En cela ce témoignage est passionnant et riche d'enseignements mieux savoir comment change le monde, comment se construit la Chinafrique, ce que font les chinois en Afrique et les raisons qui les y poussent.



Lieve Joris a cette qualité remarquable de s’effacer devant le monde qu'elle raconte : elle parle d'eux, de leur histoire, de leur témoignage, pas de son voyage à elle, comme cela arrive parfois à certains écrivains du voyage. Elle ne juge pas mais essaie d'être fidèle à ceux qui lui ont accordé de leur temps ( en tout cas je le crois en la lisant) sans cacher parfois les côtés sombres.

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La chanteuse de Zanzibar

Peu de Belges ont parcouru autant de kilomètres en Afrique que la romancière et essayiste Lieve Joris, qui à 66 ans peut se vanter d'avoir écrit une belle bibliothèque d'ouvrages instructifs sur ce continent. La maison d'édition "Actes Sud" en a traduit une dizaine et plusieurs sont disponibles en format poche dans la collection "Babel".



C'est le cas de "La chanteuse de Zanzibar" un petit recueil de 8 nouvelles de 225 pages, publié en 1992 et paru comme Babel numéro 811 en 2007.



La première nouvelle nous conduit donc à la capitale de Zanzibar et Dar es-Salaam, la capitale de la Tanzanie, dont l'Archipel de Zanzibar fait partie. Dar es-Salaam signifie en Français : la maison de la paix. Bien que l'endroit n'ait pas été toujours une illustration de son nom auguste. Le 7 avril 1972 par exemple, leur premier président et dictateur Cheik Abeid Karume, a été assassiné par balles pendant qu'il était en train de jouer au Bao (un jeu de société africain). Ce tyran, qui travaillait avant sur un bateau, haïssait les intellectuels et se flattait d'avoir constitué un gouvernement dans lequel aucune de ses excellences ministres n'avait terminé ses études secondaires.

Le mari de la chanteuse Aziza de Zanzibar, Latif, fût matraqué à mort par ses interrogateurs après l'attentat. Aziza, pour entretenir ses 3 enfants s'est alors mise à chanter dans les grands hôtels et vit avec sa copine Nagla. Elle apprend petit à petit que son Latif, qu'elle croyait sérieux, avait eu au contraire une tripotée de maîtresses !

Dar es-Salaam doit être un endroit fascinant, en 10 ans, de 2002 à 2012, la population y a presque doublé : de 2,48 millions d'habitants à 4,34 millions.



La seconde nouvelle, intitulée "Noël en forêt vierge", démarre dans les Carpates polonaises, où le jeune Bronek voulait devenir marin, mais comme sa mère s'y opposa, il devint prêtre et fut ordonné tel par l'archevêque de Cracovie, un certain Karol Wojtyla, le futur pape Jean-Paul II. À sa mère, il causa une autre déception en partant comme missionnaire pour la brousse africaine.

C'est sur le bateau avec destination Congo, que Lieve Joris fit sa connaissance et lui promit d'aller le visiter dans son poste à Kokolo, un endroit paumé dans la jungle. Ce qu'elle fit fin 1988. Brontek s'y trouvait seul avec le vieux père Gérard et 3 soeurs catholiques qui soignaient les lépreux dans une sorte d'hôpital de fortune.

Brontek qui avait un caractère jovial et dynamique se morfondait naturellement dans ce trou. Surtout qu'avec les animaux il n'avait que des problèmes. Le chien devait être enfermé car il n'aimait pas les Noirs et prenait les Blancs pour ses alliés. Son premier peroquet se debrouillait bien en Polonais et il avait décidé de l'offrir à sa mère lors d'un congé. Seulement, comme il n'avait pas les papiers nécessaires, le perroquet fût intercepté par la douane belge à l'aéroport de Bruxelles et a fini sa carrière au zoo d'Anvers. Le 2e perroquet avait un large vocabulaire et connaissait même des vers d'un genre osé, mais ne s'exprimait qu'en Flamand.

L'arrivée de l'auteure accompagné d'un chauffeur polonais, Marek, signifiait une bonne nuit de vodka polonaise. La chambre du jeune chef du village était ornée de clichés publicitaires, telles "Avec Belga (des cigarettes populaires) tu n'es jamais seul" et "Les nouvelles grâce à Grundig" (une marque électronique allemande), d'une photo d'Audrey Hepburn, une carte postale avec l'Arc de Triomphe et des dictons plein de sagesse comme "La meilleure façon d'oublier le passé est de rendre le présent meilleur !"

Je vous laisse découvrir la messe de Noël, durant laquelle Bronek avait des difficultés à terminer son sermon à cause des chants de plus en plus forts des croyants locaux, très en forme, moyennant du vin de palme.

Je dois dire que c'est la nouvelle que j'ai préféré, à cause de l'authenticité du contexte et le style ironique poli et discret !



2 nouvelles ont trait à des visites que l'auteure a rendu à 2 Prix Nobel Littérature chez eux : Naguib Mahfouz (1911-2006), Nobel 1988, au Caire en 1989 et Sir Vidiadhar Naipaul (1932-2018), Nobel 2001, à Trinité-et-Tobago, en 1991. Cette rencontre constitue le plus long texte de l'ouvrage avec ses 78 pages, bien que j'ai préféré la première nouvelle, parce que le grand Mahfouz m'est plus sympathique, mais cela n'est bien entendu qu'un avis purement personnel.

Ce serait dommage de résumer ces 2 rencontres pour les véritables amateurs de littérature.



Une nouvelle qu'il ne faut sûrement pas manquer est celle dans laquelle Lieve Joris raconte son séjour au Caire et à l'oasis d'Al-Fayoum, à une centaine de kilomètres au sud-ouest du Caire, en compagnie de l'acteur de cinéma probablement le plus populaire du monde arabe : Mahmoud Abdel Aziz (1946-2016) de nationalité égyptienne. L'homme a tourné dans plus de 100 films et est connu dans tous les pays islamiques pour son interprétation dans une série de télé à grand succès, où il interprète l'histoire de l'espion égyptien Raafat Al-Haggan (1927-1982) qui a "travaillé" 17 ans en Israël.



Pour être honnête, si vous n'avez jamais rien lu de Lieve Joris, je vous conseillerai de commencer par son "L'heure des rebelles" de 2006, situé à Kinshasa du temps de Joseph Kabila, et "Sur les ailes du dragon" de 2015 relatif à l'infiltration de la Chine en Afrique. Un ouvrage très bien documenté et équilibré. Sans oublier son excellent "Les portes de Damas", paru un peu avant, en 1993, mais exceptionnellement révélateur.

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Fonny

Histoire familiale peinte par touches successives de souvenirs, Fonny ressemble à une tapisserie. Autour de l'accident de son grand frère, Lieve Joris convoque ses souvenirs, sa famille, son enfance.

Mais moi, je suis restée en retrait, sur le côté. J'ai regardé les vies s'écouler, les mémoires se rappeler, les pages défiler. Je pourrais dire que je suis passée à côté mais non, ce n'est pas vraiment ça. Je n'ai pas bougé, pas voyagé, pas accompagné. J'ai laissé filer. Ça arrive. Pas facile de donner un avis, un ressenti, quand il ne s'est rien passé. Pas pour moi, pas là, à ce moment-là. Je ne sais pas trop. Ça n'a pas fonctionné, c'est tout. Je ne reproche rien à l'écriture, elle n'est juste pas de celles qui m'emportent. Et puis, j'ai eu le sentiment que l'histoire m'avait tenue à l'écart. Je ne me suis pas sentie invitée. Ça ne s'explique pas, ça ne tient à rien parfois.

Mais ne vous arrêtez pas à ce que j'en ai pensé, on a tous des sensibilités différentes.

Je remercie Actes Sud et Babelio pour la découverte.
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Fonny

Les familles aimantes, décalées, névrosées, violentes inspirent un grand nombre d'ouvrages. Cet étalage de père alcoolo, de mère schizophrène , de frère violeur, de grand-mère douce et adorée ( on peut mélanger les adjectifs !) peut lasser mais parfois, un regard, une écriture accrochent le lecteur et rendent ces évocations touchantes, surprenantes, parlantes.

Quand l'écrivaine flamande Lieve Joris, réputée pour ces récits de voyage, se penche sur sa famille, c'est avec la même lucidité qu'elle employait pour décrire le quotidien de la vie au Congo ou au Moyen-Orient. En partant de la figure de son frère Fonny, être aussi séduisant que manipulateur, elle nous offre une plongée sans concession dans son univers familial. De l'enfance et ses maisons aimées, de Bobonne, sa grand-mère adorée qu'emportée par les tumultes de sa vie elle abandonnera à son triste sort de vieillarde, de ses parents fantasques, un peu imbibés, de ses nombreux frères et soeurs, plus ou présents, de sa soeur Tribe, joyeuse parce que très simple dans sa tête, Lieve Joris tire un récit où la tendresse, jamais mièvre, se dispute avec une froideur et une exigence de vérité assez rares. Elle n'occulte jamais ses pensées de rejet et de honte face à certaines situations, sentiments tellement humains qu'un certain politiquement correct essaie de rendre de moins en moins audibles, mais qui ici, émeuvent, touchent et donnent force et vérité à ce récit. Le Fonny du titre, homme à la séduction destructrice, clé de voûte de l'ensemble, catalyse à lui tout seul les interrogations de toute une famille, naviguant entre bienveillance, détestation, colère, aveuglement et résignation. C'est une lutte de tous les instants qui nous est décrite, celle d'un groupe d'individus lié par le sang, qui doit faire face au caractère cyclothymique ( bipolaire dit-on trop facilement aujourd'hui) d'un homme dévasté par les drogues, ver dans un fruit aux défenses bien faibles.

La lecture de "Fonny" s'avère bien agréable, tellement le regard porté sur cette famille reste empreint d'une douce lucidité et que revit avec talent, un passé mêlant autant le gris des âmes que l'éclat si particulier du soleil du Nord.
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Fonny

Je ne connaissais pas du tout cette auteure.

Elle dévoile un peu dans ce livre quel genre d'écrivaine elle est : une globe-trotteuse qui n'hésite pas à aller sur le terrain pour comprendre ce qui se passe dans différents pays.

FONNY semble un livre très différent des précédents (que je n'ai pas lus). Elle s'est aventurée cette fois, non pas dans une contrée lointaine, mais dans le récit intime de sa propre famille. Elle parle surtout de ce frère, Fonny, qui toute sa vie a dû lutter contre ses démons.

C'est un récit très touchant, mais aussi très respectueux de la manière dont chacun des membres de sa famille a tenté de faire avec ce frère.
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Les hauts plateaux

J’aurais pu franchement apprécier ce récit de voyage qui nous entraîne dans les contrées africaines au même rythme qu’un roman. Lieve Joris a en effet un talent certain pour le romanesque, qui va ici lui permettre de nous raconter avec brio un voyage au Congo à double valeur pour elle : c’est d’abord le premier retour dans ce pays depuis la mort de sa mère en Belgique ; c’est aussi le premier voyage d’une blanche dans ces « hauts plateaux » congolais qui ont réussi à échapper à la colonisation belge. Cette narration romanesque est de plus bien servie par une précision documentaire constante qui nous donne la possibilité de visualiser au plus près lieux, personnes, situations qui sont décrites au fil de la plume de notre auteure belge.



Mais j’ai été plus que gênée par les relents colonialistes qui transparaissent de plus en plus au fil de cette même plume. L’on passe d’un récit dénué de tout jugement, qui ne sert qu’à raconter, décrire le plus fidèlement possible l’expérience vécue, sans filtre culturel d’Occidental en terre étrangère, à des descriptions de conversations et des commentaires condescendants qui laissent poindre la sensation de supériorité de ce même Occidental sur les individus qu’il côtoie. L’on a l’impression que, l’effet de la fatigue causée par cinq semaines de marche aidant, le naturel, chez notre voyageuse venue suivre les traces au Congo de son oncle justement colon, revient au galop pour nous donner une image marquée par un passé difficile à faire taire.



Je ne relirai donc pas de sitôt un récit de Lieve Joris.
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Fonny

L’écrivaine belge Lieve Joris qui a emmené ses lecteurs au quatre coins du monde revient chez elle, à Neerpelt, pour raconter son frère aîné Fonny. Un récit intime et bouleversant.
Lien : https://www.lesoir.be/234418..
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Fonny

Célèbre auteure de non-fiction et globe-trotteuse, la Néerlandaise Lieve Joris publie un remarquable récit familial, tissé de miniatures et d’anecdotes, autour de la vie dissolue et du destin tragique d’un frère aîné à la fois admiré et honni.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
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Fonny

Dans ce magnifique portrait de l'ange noir, Lieve Joris est fidèle à sa marque de fabrique : une juste empathie, pas de règlement de comptes, mais une tendresse infinie pour le « clan » Joris.
Lien : https://www.lepoint.fr/cultu..
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Fonny

Par une grande dame de la littérature de voyage, ce récit familial autobiographique m'a énormément touchée. Aussi juste que dingue. Aussi douleureux que drôle. Au plus près des évènements et des sentiments. Entendu sur Fce Culture La Grande Table. Lu sur Kobo.
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Fonny

Au-delà de ce livre découpé en petites scènes pleines d'émotions, une histoire des mentalités se dessine, quand les années 1960 vont faire exploser les certitude.
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
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Ma cabine téléphonique africaine

J'ai reçu Ma cabine Téléphonique Africaine en cadeau au pique-nique de Babélio. Comme je n'avais aucune idée de ce que cachait ce titre original, le livre est resté longtemps dans ma PAL. Quelle bonne idée de l'en sortir!



164 pages, 10 récits, autant de rencontres en Afrique, au Moyen Orient, en Europe de l'Est.



J'aime les écrivains-voyageurs et encore plus  les écrivaines-voyageuses. Après Alexandra David Neel, Mary Kingsley, Isabelle Eberhardt et d'autres, je découvre Lieve Joris  née en Belgique(1953) mais basée aux Pays Bas, donc néerlandophone. Journaliste, boulingueuse elle a écrit de nombreux livres que je compte bien lire!



Ma cabine téléphonique africaine est le titre du premier récit : rencontre avec Bina, receveur des postes dans un village malien en 1996, déjà les touaregs rebelles menacent les autorités ou leurs représentants. La téléphonie mobile n'existe pas dans cette contrée. La cabine de Bina est une institution....Comme j'ai aimé ce récit! Lieve Joris s'efface devant les personnages africains. Elle les campe magnifiquement.



Le second récit, Les Enfants de Mobutu, se déroule au Congo, en 1998, le règne de Mobutu s' achève, il reste un grand désordre et pourtant l'auteure se promène dans la province qui paraît paisible. Elle accompagne un homme d'affaires qui vend, troque, ou achète un peu n'importe quoi. Elle nous fait imaginer l'"ambiance du poisson" sur le bord du lac, on rencontre des pauvres pêcheurs, des cyclistes qui font des kilomètres de pistes défoncées pour transporter 3 malheureux poissons....Aventure humaine, chaleur africaine...



On passe aussi par Dar-es-Salam ou par Saint Louis du Sénégal .



Lieve Joris a posé ses valises en 1982 au Caire. Elle nous invite dans l'appartement de Madame Taher, sa logeuse, bourgeoise déclassée qui fait survivre un monde féminin, désuet, étriqué et décalé.



Puis elle part à Alep et à la frontière de la Syrie et de la Turquie, rencontre Ismaïl,  Kurde qui préfère disserter sur Baudelaire et les surréalistes que de lui faire rencontrer la réalité, "Baudelaire est sans danger" : rencontre touchante.



Les 50 dernières pages se déroulent en Pologne (1987)et en Hongrie (1990) . Rencontre avec Kapucinski - un écrivain -voyageur que j'aimerais lire. Ils ne parleront pas de l'Afrique que les deux auteurs ont parcouru, Kapuscinski fera découvrir la Pologne grise de la fin du communisme. Enfin Lieve Joris aboutit dans un petit village hongrois  sur la Tisza.  Avec une grande délicatesse, elle nous présente les protagonistes de l'histoire récente, l'idéaliste qui voulait changer le monde, le maire communiste, l'institutrice aux prises avec les enfants tziganes qui ne supportent pas la sédentarisation imposée...Aucun jugement, juste une grande sympathie.



Lieve Joris ne se met pas en avant. Elle ne se vante pas de ses aventures. Elle laisse parler les personnages qu'elle rencontre, nous fait sentir les ambiances, les odeurs, les goûts, les manques aussi. Un tout petit livre, un concentré de saveurs!




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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