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Critiques de Lieve Joris (43)
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Danse du léopard

excellent, vraiment excellent
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Danse du léopard

Une plongée effarante dans un Congo en pleine... reconstruction ou déliquescence... c'est selon.



Exode, rapines, rançons, pots-de-vin, corruption, individualités exemplaires... tout cela et bien davantage encore dans un pays que Lieve Joris adore et qu'elle retrouve avec un bonheur teinté de profonde douleur et de stupéfaction.



Le récit se lit comme un thriller, un long suspense intense.
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Fonny

Début assez vivant et allant mais écriture (ou traduction ?) pas fluide ni facile. Histoire d'une famille nombreuse dont un des fils, le chéri des parents, a un accident grave. Tout remonte à la surface et on apprend les nombreux tiraillements familiaux qui déchirent la famille. Gentil mais pas inoubliable.
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Fonny

Les familles aimantes, décalées, névrosées, violentes inspirent un grand nombre d'ouvrages. Cet étalage de père alcoolo, de mère schizophrène , de frère violeur, de grand-mère douce et adorée ( on peut mélanger les adjectifs !) peut lasser mais parfois, un regard, une écriture accrochent le lecteur et rendent ces évocations touchantes, surprenantes, parlantes.

Quand l'écrivaine flamande Lieve Joris, réputée pour ces récits de voyage, se penche sur sa famille, c'est avec la même lucidité qu'elle employait pour décrire le quotidien de la vie au Congo ou au Moyen-Orient. En partant de la figure de son frère Fonny, être aussi séduisant que manipulateur, elle nous offre une plongée sans concession dans son univers familial. De l'enfance et ses maisons aimées, de Bobonne, sa grand-mère adorée qu'emportée par les tumultes de sa vie elle abandonnera à son triste sort de vieillarde, de ses parents fantasques, un peu imbibés, de ses nombreux frères et soeurs, plus ou présents, de sa soeur Tribe, joyeuse parce que très simple dans sa tête, Lieve Joris tire un récit où la tendresse, jamais mièvre, se dispute avec une froideur et une exigence de vérité assez rares. Elle n'occulte jamais ses pensées de rejet et de honte face à certaines situations, sentiments tellement humains qu'un certain politiquement correct essaie de rendre de moins en moins audibles, mais qui ici, émeuvent, touchent et donnent force et vérité à ce récit. Le Fonny du titre, homme à la séduction destructrice, clé de voûte de l'ensemble, catalyse à lui tout seul les interrogations de toute une famille, naviguant entre bienveillance, détestation, colère, aveuglement et résignation. C'est une lutte de tous les instants qui nous est décrite, celle d'un groupe d'individus lié par le sang, qui doit faire face au caractère cyclothymique ( bipolaire dit-on trop facilement aujourd'hui) d'un homme dévasté par les drogues, ver dans un fruit aux défenses bien faibles.

La lecture de "Fonny" s'avère bien agréable, tellement le regard porté sur cette famille reste empreint d'une douce lucidité et que revit avec talent, un passé mêlant autant le gris des âmes que l'éclat si particulier du soleil du Nord.
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Fonny

L’écrivaine belge Lieve Joris qui a emmené ses lecteurs au quatre coins du monde revient chez elle, à Neerpelt, pour raconter son frère aîné Fonny. Un récit intime et bouleversant.
Lien : https://www.lesoir.be/234418..
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Fonny

Par une grande dame de la littérature de voyage, ce récit familial autobiographique m'a énormément touchée. Aussi juste que dingue. Aussi douleureux que drôle. Au plus près des évènements et des sentiments. Entendu sur Fce Culture La Grande Table. Lu sur Kobo.
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Fonny

Je ne connaissais pas du tout cette auteure.

Elle dévoile un peu dans ce livre quel genre d'écrivaine elle est : une globe-trotteuse qui n'hésite pas à aller sur le terrain pour comprendre ce qui se passe dans différents pays.

FONNY semble un livre très différent des précédents (que je n'ai pas lus). Elle s'est aventurée cette fois, non pas dans une contrée lointaine, mais dans le récit intime de sa propre famille. Elle parle surtout de ce frère, Fonny, qui toute sa vie a dû lutter contre ses démons.

C'est un récit très touchant, mais aussi très respectueux de la manière dont chacun des membres de sa famille a tenté de faire avec ce frère.
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Fonny

Célèbre auteure de non-fiction et globe-trotteuse, la Néerlandaise Lieve Joris publie un remarquable récit familial, tissé de miniatures et d’anecdotes, autour de la vie dissolue et du destin tragique d’un frère aîné à la fois admiré et honni.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
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Fonny

Histoire familiale peinte par touches successives de souvenirs, Fonny ressemble à une tapisserie. Autour de l'accident de son grand frère, Lieve Joris convoque ses souvenirs, sa famille, son enfance.

Mais moi, je suis restée en retrait, sur le côté. J'ai regardé les vies s'écouler, les mémoires se rappeler, les pages défiler. Je pourrais dire que je suis passée à côté mais non, ce n'est pas vraiment ça. Je n'ai pas bougé, pas voyagé, pas accompagné. J'ai laissé filer. Ça arrive. Pas facile de donner un avis, un ressenti, quand il ne s'est rien passé. Pas pour moi, pas là, à ce moment-là. Je ne sais pas trop. Ça n'a pas fonctionné, c'est tout. Je ne reproche rien à l'écriture, elle n'est juste pas de celles qui m'emportent. Et puis, j'ai eu le sentiment que l'histoire m'avait tenue à l'écart. Je ne me suis pas sentie invitée. Ça ne s'explique pas, ça ne tient à rien parfois.

Mais ne vous arrêtez pas à ce que j'en ai pensé, on a tous des sensibilités différentes.

Je remercie Actes Sud et Babelio pour la découverte.
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Fonny

Dans ce magnifique portrait de l'ange noir, Lieve Joris est fidèle à sa marque de fabrique : une juste empathie, pas de règlement de comptes, mais une tendresse infinie pour le « clan » Joris.
Lien : https://www.lepoint.fr/cultu..
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Fonny

Au-delà de ce livre découpé en petites scènes pleines d'émotions, une histoire des mentalités se dessine, quand les années 1960 vont faire exploser les certitude.
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
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L'heure des rebelles

Liévé Joris sait de quoi elle parle, elle qui a bourlingué dans de nombreux pays africains.

Dans « L’heure des rebelles » à travers le portrait d’Assani, acteur actif de l’instabilité régnant au Congo (et part la même de la situation de nombreux pays africains) elle nous montre une Afrique gangrenée par de petits dictateurs assoiffés de pouvoir. Au-delà de ces bandes rivales semant désolation et terreur c’est tout un pays qui survit, priant pour d’utopiques jours meilleurs. Le regard de Joris est sans complaisance, on est révolté de voir comment ce continent s’auto détruit à travers une poignée d’hommes qui ne rêvent que de pouvoir. Assani n’est malgré tout qu’un pion, d’autres Assani sont prêt à prendre la main, bien au-delà d’idéaux patriotiques et d‘espoir d‘une vie simplement décente. Un constat instructif remarquablement maitrisé mais aussi désespérant désolant. Des mots pour décrire les maux d’un continent à la dérive.

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L'heure des rebelles

superbe livre,très instructif sur ce qui s'est passé au Congo et s'y passe encore,attention quand on décroche ce n'est pas facile de s'y immerger par la suite car c'est un livre très très dense en informations et de part sa structure littéraire
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La chanteuse de Zanzibar

Peu de Belges ont parcouru autant de kilomètres en Afrique que la romancière et essayiste Lieve Joris, qui à 66 ans peut se vanter d'avoir écrit une belle bibliothèque d'ouvrages instructifs sur ce continent. La maison d'édition "Actes Sud" en a traduit une dizaine et plusieurs sont disponibles en format poche dans la collection "Babel".



C'est le cas de "La chanteuse de Zanzibar" un petit recueil de 8 nouvelles de 225 pages, publié en 1992 et paru comme Babel numéro 811 en 2007.



La première nouvelle nous conduit donc à la capitale de Zanzibar et Dar es-Salaam, la capitale de la Tanzanie, dont l'Archipel de Zanzibar fait partie. Dar es-Salaam signifie en Français : la maison de la paix. Bien que l'endroit n'ait pas été toujours une illustration de son nom auguste. Le 7 avril 1972 par exemple, leur premier président et dictateur Cheik Abeid Karume, a été assassiné par balles pendant qu'il était en train de jouer au Bao (un jeu de société africain). Ce tyran, qui travaillait avant sur un bateau, haïssait les intellectuels et se flattait d'avoir constitué un gouvernement dans lequel aucune de ses excellences ministres n'avait terminé ses études secondaires.

Le mari de la chanteuse Aziza de Zanzibar, Latif, fût matraqué à mort par ses interrogateurs après l'attentat. Aziza, pour entretenir ses 3 enfants s'est alors mise à chanter dans les grands hôtels et vit avec sa copine Nagla. Elle apprend petit à petit que son Latif, qu'elle croyait sérieux, avait eu au contraire une tripotée de maîtresses !

Dar es-Salaam doit être un endroit fascinant, en 10 ans, de 2002 à 2012, la population y a presque doublé : de 2,48 millions d'habitants à 4,34 millions.



La seconde nouvelle, intitulée "Noël en forêt vierge", démarre dans les Carpates polonaises, où le jeune Bronek voulait devenir marin, mais comme sa mère s'y opposa, il devint prêtre et fut ordonné tel par l'archevêque de Cracovie, un certain Karol Wojtyla, le futur pape Jean-Paul II. À sa mère, il causa une autre déception en partant comme missionnaire pour la brousse africaine.

C'est sur le bateau avec destination Congo, que Lieve Joris fit sa connaissance et lui promit d'aller le visiter dans son poste à Kokolo, un endroit paumé dans la jungle. Ce qu'elle fit fin 1988. Brontek s'y trouvait seul avec le vieux père Gérard et 3 soeurs catholiques qui soignaient les lépreux dans une sorte d'hôpital de fortune.

Brontek qui avait un caractère jovial et dynamique se morfondait naturellement dans ce trou. Surtout qu'avec les animaux il n'avait que des problèmes. Le chien devait être enfermé car il n'aimait pas les Noirs et prenait les Blancs pour ses alliés. Son premier peroquet se debrouillait bien en Polonais et il avait décidé de l'offrir à sa mère lors d'un congé. Seulement, comme il n'avait pas les papiers nécessaires, le perroquet fût intercepté par la douane belge à l'aéroport de Bruxelles et a fini sa carrière au zoo d'Anvers. Le 2e perroquet avait un large vocabulaire et connaissait même des vers d'un genre osé, mais ne s'exprimait qu'en Flamand.

L'arrivée de l'auteure accompagné d'un chauffeur polonais, Marek, signifiait une bonne nuit de vodka polonaise. La chambre du jeune chef du village était ornée de clichés publicitaires, telles "Avec Belga (des cigarettes populaires) tu n'es jamais seul" et "Les nouvelles grâce à Grundig" (une marque électronique allemande), d'une photo d'Audrey Hepburn, une carte postale avec l'Arc de Triomphe et des dictons plein de sagesse comme "La meilleure façon d'oublier le passé est de rendre le présent meilleur !"

Je vous laisse découvrir la messe de Noël, durant laquelle Bronek avait des difficultés à terminer son sermon à cause des chants de plus en plus forts des croyants locaux, très en forme, moyennant du vin de palme.

Je dois dire que c'est la nouvelle que j'ai préféré, à cause de l'authenticité du contexte et le style ironique poli et discret !



2 nouvelles ont trait à des visites que l'auteure a rendu à 2 Prix Nobel Littérature chez eux : Naguib Mahfouz (1911-2006), Nobel 1988, au Caire en 1989 et Sir Vidiadhar Naipaul (1932-2018), Nobel 2001, à Trinité-et-Tobago, en 1991. Cette rencontre constitue le plus long texte de l'ouvrage avec ses 78 pages, bien que j'ai préféré la première nouvelle, parce que le grand Mahfouz m'est plus sympathique, mais cela n'est bien entendu qu'un avis purement personnel.

Ce serait dommage de résumer ces 2 rencontres pour les véritables amateurs de littérature.



Une nouvelle qu'il ne faut sûrement pas manquer est celle dans laquelle Lieve Joris raconte son séjour au Caire et à l'oasis d'Al-Fayoum, à une centaine de kilomètres au sud-ouest du Caire, en compagnie de l'acteur de cinéma probablement le plus populaire du monde arabe : Mahmoud Abdel Aziz (1946-2016) de nationalité égyptienne. L'homme a tourné dans plus de 100 films et est connu dans tous les pays islamiques pour son interprétation dans une série de télé à grand succès, où il interprète l'histoire de l'espion égyptien Raafat Al-Haggan (1927-1982) qui a "travaillé" 17 ans en Israël.



Pour être honnête, si vous n'avez jamais rien lu de Lieve Joris, je vous conseillerai de commencer par son "L'heure des rebelles" de 2006, situé à Kinshasa du temps de Joseph Kabila, et "Sur les ailes du dragon" de 2015 relatif à l'infiltration de la Chine en Afrique. Un ouvrage très bien documenté et équilibré. Sans oublier son excellent "Les portes de Damas", paru un peu avant, en 1993, mais exceptionnellement révélateur.

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Les hauts plateaux

J’aurais pu franchement apprécier ce récit de voyage qui nous entraîne dans les contrées africaines au même rythme qu’un roman. Lieve Joris a en effet un talent certain pour le romanesque, qui va ici lui permettre de nous raconter avec brio un voyage au Congo à double valeur pour elle : c’est d’abord le premier retour dans ce pays depuis la mort de sa mère en Belgique ; c’est aussi le premier voyage d’une blanche dans ces « hauts plateaux » congolais qui ont réussi à échapper à la colonisation belge. Cette narration romanesque est de plus bien servie par une précision documentaire constante qui nous donne la possibilité de visualiser au plus près lieux, personnes, situations qui sont décrites au fil de la plume de notre auteure belge.



Mais j’ai été plus que gênée par les relents colonialistes qui transparaissent de plus en plus au fil de cette même plume. L’on passe d’un récit dénué de tout jugement, qui ne sert qu’à raconter, décrire le plus fidèlement possible l’expérience vécue, sans filtre culturel d’Occidental en terre étrangère, à des descriptions de conversations et des commentaires condescendants qui laissent poindre la sensation de supériorité de ce même Occidental sur les individus qu’il côtoie. L’on a l’impression que, l’effet de la fatigue causée par cinq semaines de marche aidant, le naturel, chez notre voyageuse venue suivre les traces au Congo de son oncle justement colon, revient au galop pour nous donner une image marquée par un passé difficile à faire taire.



Je ne relirai donc pas de sitôt un récit de Lieve Joris.
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Les hauts plateaux

Un livre de voyage au cœur de l'Afrique.

Dépaysement garanti.
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Les hauts plateaux

Petit bouquin d'un peu plus d'une centaine de pages, Les Hauts plateaux nous emporte aux confins de la République démocratique du Congo et à ses frontières avec le Rwanda voisin.



C'est la première fois que je lis un auteur belge sur le thème de l'Afrique, et a fortiori du Congo ; le livre semblait d'emblée prometteur : une jeune femme voyageant dans cette région très instable m'intriguant beaucoup...



Lieve Joris nous livre ici une sorte de journal de voyage autobiographique, alternant entre récits de ses journées de marche à travers les montagnes, et de ses quelques séjours dans des bourgades un peu perdues, ses réflexions sur le monde qui l'entoure et ses pensées vers sa mère, dont la mort l'a profondément marquée...Mais dont le sujet est amené de manière surprenante dans le récit, sans que l'on comprenne véritablement le lien avec les évènements qui y sont contés.



Au fur et à mesure de la lecture s'installe finalement une sorte de malaise : si certaines observations sont intéressantes et pertinentes pour quiconque s'intéresse à cette région, notamment sur les différentes ethnies qui y vivent, les mœurs et coutumes faisant peu de place à la femme, et l'atmosphère de conflit qui règne entre différentes milices congolaises, mais aussi entre Rwandais et Congolais, dont on ne connait plus très bien la nationalité au vu de la frontière mainte fois traversée tantôt pour fuir Mobutu, le génocide ou pour reconquérir un territoire, on ne parvient pas à éprouver de l'empathie pour la narratrice, qui nous conte tout cela avec un détachement étonnant et une grande froideur, que je qualifierais même parfois d'hostilité envers ce et ceux qui l'entourent. On passe donc de son désir un peu fou d'atteindre les hauts plateaux à une sorte de mépris qu'elle ne peut s'empêcher d'éprouver devant l'ignorance et la naïveté des personnes qu'elle rencontre, que ce soit sur les sujets de la religion ou du rôle de la femme dans la société. Un peu comme si l'auteur avait été prise entre la tolérance que l'on se doit observer envers des cultures qui nous sont différentes et des pays que l'on visite, et son besoin de se comporter en femme occidentale et libre, qui peut s'affranchir de l'opinion sociale.



J'en garde une impression très mitigée : à lire si le Congo vous passionne, sauvez-vous si vous préférez les bouquins un peu plus positifs sur leur contenu.

Au-delà des ces remarques, ce livre est bien écrit et se lit très rapidement du fait de sa petite taille, heureusement peut-être !
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Les portes de damas

Fondamental pour comprendre la culture syrienne et les racines profondes de la crise actuelle
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Les portes de damas

Comment savoir ce qui se passe à l'intérieur des maisons, dans un pays comme la Syrie ? Aller vivre au milieu des gens, à Damas, et passer le quotidien avec eux pendant quelques mois ; il n'y a rien de mieux pour comprendre et apprendre.

C'est ce qu'a fait la narratrice qui nous livre l'histoire, passionnante et émouvante, de Hala et de sa fille Asma ; c'est donc l'amie européenne de Hala qui revient la voir et qui raconte, Ahmed leur mari et père prisonnier politique communiste pour des années, le reste de la famille très nombreuse, leur vie damascène, les problèmes de la Syrie. On est après la première guerre du Golfe, dans les années 90, sous le régime très autoritaire de Hafez al-Assad, le père de l'actuel président, Bachar al-Assad. La famille Assad est d'origine Alaouite, une branche du Chiisme ; les Alaouites sont un peuple des montagnes, minoritaire en Syrie, où les Sunnites sont de loin les plus nombreux.

L'auteure découvre chez son amie une vie de famille chaleureuse mais tiraillée : Hala a une soeur plus jeune, Shirin, qui est amoureuse d'un Alaouite, et un frère Salim, qui vit à Doha au Qatar pour "y faire de l'argent", et qui va se marier avec une baathiste (du parti politique Baas).

Hala pense que son frère est influencé par les moeurs du Qatar, il n'apprécie pas que sa nièce Asma joue au foot dehors avec de jeunes garçons ni que ses tenues soient peu discrètes.

Extrait : "Qui sommes-nous en train d'introduire dans notre famille, une baathiste et un Alaouite ! Si mon père l'apprenait, il se retournerait dans sa tombe." (p 166)



Tout au long du livre il est question d'une éventuelle libération de prisonniers politiques, comme Ahmed ; peut être à l'occasion de l'élection - truquée - d'Hafez al-Assad. Le gouvernement n'a jamais reconnu l'existence de ces prisonniers politiques qui ont passé de longues années enfermés à cause de leurs idées et qui seront libérés au compte-gouttes.

Le monde extérieur est si peu fiable que chacun se retire dans le cocon familial ; l'omniprésence des agents des mukhabarat (services secrets) crée une atmosphère de peur, de crainte qu'une conversation soit écoutée, de méfiance vis à vis de l'autre. D'où une vie presqu'en huis clos, un peu étouffante. Aussi l'auteure se rend dans différentes villes, dont la très ancienne Alep, ainsi qu'à Tadmur, à Palmyre, et dans le désert, et nous donne alors des visions différentes de ce pays très complexe.



Une immersion intense et très intéressante dans la Syrie d'il y a vingt-cinq ans et qui éclaire les troubles actuels et leurs terribles répercussions.



Extraits : "Le grand monstre qui nous gouverne a fait de chacun de nous un petit monstre. Mais après un moment, elle semble se raviser : ma vision est peut être fausse, ce sont peut-être tous ces petits monstres qui ont engendré le grand monstre." (p 117)



"Bien que nos vies aient pris un cours différent, bien que je me sois souvent heurtée aux limites de notre amitié, Hala fera toujours partie de moi. Dans notre jeunesse, nous nous sommes toutes deux révoltées contre le monde dans lequel nous grandissions. J'ai été récompensée de ma rébellion, elle en a été punie. Ma société a fait de la place pour moi, la sienne l'a forcée de plus en plus dans ses retranchements..." (p 374)





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Les portes de damas

Lieve Joris, écrivain voyageur connu pour ses récits sur l’Afrique, se rend à Damas au lendemain de la guerre du Golfe pour passer quelques mois chez Hala, une amie rencontrée à Bagdad douze ans plus tôt. Son mari, membre du parti communiste, a été arrêté il y a 11 ans. Depuis, elle vit avec sa fille Asma, partageant son temps entre les visites à la prison, son travail d’enseignante à l’université et une famille parfois envahissante. Lieve Joris a du mal à admettre les changements intervenus chez son amie qu’elle a connue pleine d’enthousiasme et de projets d’avenir. La solitude, la pauvreté, le poids des traditions familiales et le climat de psychose créé par le régime d’Hafez al-Hassad ont eu raison des rêves d’indépendance d’Hala.

A travers ce journal, réédité en 2015, l’auteur nous fait partager l’extrême complexité de la société syrienne composée de différentes factions hostiles les unes aux autres et dont la haine est entretenue par un régime autoritaire et répressif. La présence continuelle de la police politique, les mukhabarat, fait peser sur le pays une chape de plomb. Se mettent en place, insidieusement, les conditions d’un affrontement qui mènera la Syrie au chaos le plus total.

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