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Citations de Lionel Ray (229)


Résidence dans les froissements

L'ADIEU


Simple scène : un chemin à l'écart du monde,
La forêt qui devient pluie, taches de temps,

Toutes nos questions à la pointe des branches, nos chaînes,
La vie qui cherche un silence plus habité,

Tandis que, sans excuse, massif, titubant,
Encore noué à tant de vaines paroles, insoucieux

Des boues et des cendres, le siècle s'en va
Pourrir en paix.

p.26
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PROSE AU TABLEAU NOIR


Salut à l'imperceptible jardin du fond de l'œil !
Aux paupières de l'instant bref ! aux cils secrets !

Salut à la haute page où s'inscrit le jour
Successif ! à cette roue d'éclats et de fumées !

Et salut au silence des racines ! aux passions obscures
Terreuses irrémédiables tournées vers le désastre,

Vers des châteaux de longue attente sans personne !
Et nul ne sait ce que les mots en ont appris :

La joie et ses couronnes l'afflux sans voix du sang
Le suspens des voix, l'imprononcé souverain !

Salut au projet de retrait à l'effacement !
À la plume des mots qui nidifient dans la forêt !

Et salut à ceux qui s'érigent dans la parole
Aux lèvres fascinées parmi javelles et vaisseaux !

p.9
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Ce tas d'épines compliqué, le cœur,
Le travail du sang: un village
Derrière la colline un soir de septembre,
Des chiens qui courent à travers tout
Et qui cherchent on ne sait quoi. Ici
Quelquefois se défait la distance :
Il semble qu'il ne fera plus jamais froid.
C'est la nuit, rien ne bouge. Nous sommes
Ici et partout. C'est le lieu pur
De la nuit. Rien
Ne bouge. Ne bougera. Ne vieillit. Ne
Vieillira. Rien ne tremble.
A cause de ce qui n'est pas,
La Nuit qu'on voit et ne voit pas.
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spectacle en noir et blanc


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… on observa le silence des superbes chevaux et
Le spectacle vertigineux s'ordonna : incessante
Révolution des astres, harmonie des tables ardentes,
Saveur lucide de ces breuvages. l'été vous rappelait
Un jardin une volière des tableaux rapides cela vous
Paraissait si facile comme la gelée transparente
Sur un rosier obscur et si poignant lorsque
D'innombrables lampes triomphaient du froid
Mais l'hiver patient ne fatiguait plus nos lendemains
Sinon la rive où c'est partir un peu
________________________________________________________

p.42
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melancholia


_________________________________________________________
…il rêvait, toute menace l’injuriait, pourquoi tant d’
Avanies, ce visage détruit, cette voix d’indifférence, L’impression de fouiller dans une mémoire vide ouvrant
Un tiroir où il n’y a que noms éteints, papiers morts,
Inexplicables ciels. Misère, pourquoi me dites-vous cela ?
Qu'importe d'ailleurs si les choses lui viennent dans
L'ordre du temps, tout cela décoloré par l'été —
Est-ce qu'elle avait un chapeau de gala ? il ya des
Roses qui sont comme ça, pétales palis, renonçant.
Quelquefois il observait des combats de grillons, ils
Vivaient là sans gouvernement et sans dieux, auprès
Des tenaces racines
____________________________________________________________

p.99
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abîme, noir abîme

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…rien n’est roman sinon l’oubli dans un tiroir sans fond :
Ce qui manque avec des scènes de joie, la houle des im-
Probables souvenirs, rien ! la visiteuse de l’ombre à deux
Pas du cercle, ce rien qui s’ouvre à deux battants, fenêtre
Qui épuise le regard quand tout à coup : « c'est moi, dit-
Elle, étais-je donc là, morte sur ce lit de cailloux ? »
Abîme ! noir abîme ! comme il est loin le temps des
Charmes, la petite gare aux volets jaunes aux volets
Endormis, ce goût de fraise écrasée, le glacial miroir du
Crépuscule quand des chiens confus reniflaient des sacs
D'ombre, et l'éclipse et l'ellipse la coupure : qui étions-
Nous et qu'étions-nous venus faire ici ? rien : des yeux
Noirs des yeux d'abîme
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p.86
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LA VEILLE


Comme un appel devant la porte des années,
Sa voix, et la porte des jours et des mois, comme

Un appel comique monumental me prenant
À partie. Est-ce toi ? Comme un lambeau de printemps

Parmi la nuit qui gagne, quelque chose qui marche au bord
De l'origine. Est-ce-toi ? Venant du sol, de l'autre versant,

Dormeuse enfant de tant d'années, comme un chemin
Évanoui qui s'érige tout à coup dans la parole

Et qui tient tête et surprend et s'immensifie.
Et ça bouge. Et ça tourne. Et ça prend de l'éclat.

Comme une grande folie à corps brûlant. Le signe
D'une source. Et ça frappe à la porte des années,

Cette voix taillée dans le bleu enfantin, dans l'élan
Du sang profond. À la porte des jours, des heures, des mois.

p.40
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L'OBJET BRISÉ


Les saisons les mots les plages : le yeux non plus ne changent
Ni les robes ni les bagues… C'est toujours toi comme

Au théâtre quand tout recommence, ce parler splendide
Devant des foules furtives et noires, la chevauchée

Des ombres les souffles d'inconnus douloureux dans la nuit
D'outre-nuit. C'est toi toujours dans le sommeil des yeux,

Cette vie que je n'ai pas choisie qui est mienne et ne l'est pas
Qu'importe si la voix s'étrangle dans la gorge, si

Le chant dégringole comme une avalanche, s'il faut tout
Effacer, oublier… Qu'importe si le décors change de voix,

Si quelqu'un là-bas s'attarde et me ressemble et me conduit
À l'autre que je suis, les mains sourdes les yeux froids.

p.43
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LÉGENDE


Sur la page le bleu extrême, la chaleur
Acérée. Écoute dit la voix ouvre les yeux regarde

Cherche un chemin ! Le jour ici descend creuse
Le miroir avec une odeur d'herbe fauchée, de temps

Sous les pierres de plumes d'ombre. Cela n'a point d'écho
Parmi les hommes sinon cette radieuse rayure

Comme d'un phare imprévisible qui balaie
Un océan d'absence. Et cela bouge et bruit, interpelle

Des seuils l'écume des nuits les traces le sang.
Puis ce parfum si peu connu comme éclairé

Du dedans : on dirait de cendres irritées
Ou de lointains friables. Quelquefois les objets

Meurent. Écoute dit la voix ce lieu visité
Si blanc, ton seul empire au sein des mots futurs.

p.46
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LA MÉMOIRE


Je porte en moi des châteaux multiples, les mots.
Leur nuit infime, leur étrange foudre.

Parmi eux flambent les coqs la gaité facile.
Des oiseaux venus d'ailleurs et qui construisent

Leur nid dans le tumulte, sous les tuiles du toit.
Puis la frénésie des oubliés les innombrables

Les incertains. La machinerie des regards d'autrefois
Les bourdonnants tilleuls les émois qui s'attardent :

Un fatras de brume. Des mots qui feignent le sommeil
Et qui tout à coup frappent comme des haches. Rien

Alors ni personne ne peut combler l'abîme
Qui se fait en moi. J'écoute la circulation des êtres

L'incompréhensible sang. Comme le dormeur des anciens
Contes je rêve debout des blessures de l'avenir

Ces grands trous de la vie, sans le moindre étonnement.

p.42
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Amour au feuillage tremblant

Grand arbre
Tout vibrant de paroles
D'insectes et de résine

Corps souffrant corps désirant.



      L'œil inlassable suit
      Et cerne une trace
      Que l'hiver dénude

      Je parle d'un puits ancien
      Énigme dans l'ombre mûrissante
      La maternelle nuit.

p.62
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Dans la nuit des nuits
L'ange veille
Le soleil respire

Et le feu initie
À l'énigme des mûriers.



Chaque jour la fable improvise

Fallait-il tant
De fleurs autrefois simples
Et gravir     et s'enfouir.

p.64
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LE GARDIEN


Dans sa cage l'impatient
L'émerveillé l'effrayé,

Le sommeil lui fait défaut : à l'intérieur
De soi il veille et, vaisseau de grand large,

Ne largue pas au vent sa folie.
Regarde avec sa face d'étranger

L'avenir, l'inlassable, le désirant,
S'unit à la splendeur, écoute

Son avènement, son égarement,
L'aube confuse, l'illisible destin.

Le très attentif, l'éperdu,
Tenant son rôle, il est celui-là

Qui interroge et ne consent
Ni aux fleurs défaites ni aux astres morts.

p.39
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INSOMNIE


Quand les rues sont éteintes et brisées les guitares
Quand le dernier galop vers les forêts s'éloigne

Tu cherches et tu t'alarmes. À l'écoute à jamais
D'un pas d'une peur ou simplement de cette pluie

Qui tinte sur les toits. Et ta mort elle aussi te cherche,
Pas d'étreintes, seulement la vie qui est entre vous, qui

Interroge inguérissable ayant quitté les chemins
D'ailleurs, ne dormant plus, c'est un peu de ta voix

Qui se repose ou qui regarde un ciel d'octobre.
Tu es triste, retranché, soustrait, étonné,

Renonçant. Près de toi un arbre bouge un peu.
Décombres. Un chien dort en rêvant d'un rossignol.

p.34
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ARRIÈRE-MONDE


C'était au temps des luzernes dans le chuchotement
D'une fin de jour, alors je vivais au-delà du silence

Dans l'ellipse des mots et des choses, le temps s'éloignait
Vers des collines mais laissait ici dans cette chambre

L'une de ses fractions éternelles. C'était du temps
Pour les grillons et les menthes, pour des yeux d'enfant.

Tu écoutais ce monde fragile. Ah aujourd'hui encore
Tout ce qui est parfum te ressemble, tout ce qui respire !

Et le temps revient à chaque souffle, à chaque arrêt
Du souffle, en décor d'eau et d'arbres, en ponts et

Ruissellements, en châteaux de cendre, en loques
 d'insomnie.

p.18
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LES CHEMINS


Chemins d'abandon (il y avait l'autre
côté du regard et du geste) la vigne
paisible n'était plus la vigne. ni les chevaux
envahis de nuages n'étaient chevaux. il y avait
l'autre côté de juin. Je ne sais quel

chemin entre paupières et paumes. une
réponse qu'on interroge. comme une eau lente.
une feuille dans cette eau. un mouvement.
à peine un mouvement. et ce serait comme
si dans l'équilibre des gestes et des voix

les chemins patientaient. chemins des nerfs et
des faims. et chemins de mémoire. cette
trouée dans l'orage du cœur. cette rivière
qui flambe et qu'on ne reconnaît pas. et la nuit
brouille les traces. et les paroles ne savent pas.

p.68
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Dans l'argile finale
Les mots les amants les époques
Bruits de langue cortège d'aveugles.



En flaques piteuses
En poudre d'ailes de papillons
En lézard écartelé

Le temps
L'ordure nostalgique.

p.60
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Le ciel s'accroît
Demain n'est déjà plus
Qu'une trace coupable

Mais
Suppose    dit-il    toute fin
Comme une abeille
Dans un nuage de fleurs.

p.58
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Enfance
Le matin est un vieil arbre derrière
La fenêtre    des lenteurs
D'ombre    des attentes

Un très furtif
Commencement d'être.

p.63
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La rose des traces :
Tant de cris
Parmi les songes !


Ce qui meurt en nous
Il se pourrait que ce soit
La transparence du double
L'illisible chimère

Si peu de choses     pèse.

p.54
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