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Citations de Lionel Ray (229)


 
 
Tu n'es personne. Ce qui tourne
autour de toi, paroles, maisons,
visages, tourne autour d'un centre
qui n'existe pas.

Ton lieu est vers le dehors
dans la nuit de toute langue,
tu vis en lisière,
corps exilé, corps étranger.

Et comme un orchestre caché, tu ne sais
quels instruments en toi
résonnent, cordes ou cuivres, harpes ou tymbales,

Serait-ce le pas des nuits qui s'imprime
sur le sable et se dissout
dans la mémoire éteinte.

p.170
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Une sorte de chant
pareil au jour qui traverse
un feuillage et descend,
furtif, jusqu'à l'herbe pauvre.

Un chant qui parle d'octobre
et d'eau cachée,
de lointains sans amertume,
fronts mêlés, collines heureuses.

Et ce besoin d'espace entre
les mots, comme une disposition
de traces et de froissements.

Ici entre les fleurs, avec le grain
des ombres, la vie circule et boit,
fugitive, à d'anciennes sources.

p.178
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Je t'attendais à la porte des heures :
le silence est si vaste.
Que sont devenues ces traces d'eau
fuyante entre les pierres ?

Écoute au miroir des heures vides
sonner les chiffres de la nuit,
ils ne sont la voix de personne
sinon du sable qui s'épuise.

Les heures traversent l'obscur,
passantes proches, venues
de quel ciel, de quel monde

Vain ? maintenant que tu n'es plus
qu'une parole étrangère
et qui s'en va ?

p.186
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Ces pauvres choses qui nous étaient
si proches, cartes et plumiers,
règles, compas, la nuit dispersée,
la confiance ancienne.

Aux quatre coins du monde,
les clameurs, les phares,
écoliers et chevaux, l'incroyable
beauté des rires et des voix.

Tout cela qui s'éloigne comme
un ballet d'éphémères, une feuille
au fil de l'eau flottant.

On ne voit plus devant soi
qu'abîme, une ombre, une autre,
des murs froids, des effondrements.

p.192
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TU CHERCHES LA LETTRE PERDUE


(EXTRAIT)
Tu cherches la lettre perdue
parmi les paroles errantes
tu cherches un nom dans un ailleurs
sans lieu.

La forêt dans l’oiseau
la voix dans le silence
le lointain dans le proche.

Mais tu es ta propre mesure :
si peu de jour, si peu de nuit,
Suspendu entre source et brasier,
Noué aux plantes incestueuses.

Tu es cette flamme enterrée
Qui ne se souvient plus       sauf
Un visage comme un grain d’ombre.

p.205
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Poésie, tu t'éloignes sans apparence de douleur,
Cela fait longtemps déjà.

Mais les arbres et les routes sont toujours là,
Les maisons résistent, les matins ré-apparaissent

Avec la liberté sans déchirure des vents,
La suave pluie, les baisers de rencontre, ...


Ainsi les voix que nous aimions sont à jamais
Glacées, captives de l'ombre et de l'opacité,

Sauf un enfant peut-être qui aura perdu le sommeil
Et qui regarde
l'éblouissante nuit.
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LE PONT


Il y a une heure où tout se fait abîme. Une
Heure seule entre sommeil et insomnie entre

Bruit et silence entre gémir et crier, une
Où le temps brûle au ralenti au fond des larmes

Et qui se perd comme l'eau des orages ou ces bribes
D'étoffe aux buissons çà et là, une heure seule

Entre les doigts désespérés de l'âge, entre un
Soleil de soie et les prés profonds de juillet,

Une heure entre brume et fatigue, entre la chair
Affamée et l'innocente aventure d'être.

Une heure où l'on se regarde au reflet du Temps
Disparu comme au geste d'effacer au coin

Des yeux les rides, une heure comme un lieu d'ombre
Entre les mots et la mémoire : je passe je demeure.

p.14
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Lionel Ray
Ma feuille est une eau vide : à sa surface des mots se posent, font tache et s'étonnent.
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VISAGE D'AUTOMNE


Effaré du lieu de la nuit du silence, quel est
Ce moi cette brûlure à quoi j'appartiens à quelle

Vie réalisant quelle rage au cœur : ce que j'oublie
Ce tumulte en moi l'interrogeant muet dévasté

Ma cendre et ma couleur, ce que je vois nuage
Nageant en ciel mental poignant avec des gestes

Sans écho de grands gestes pour des lointains muets
Et sourds, ce que je veux mon ombre étant ailleurs

Enfermée dans le bleu du rire cette symphonie
De brouillards les oiseaux dormant les roses déjà

Mortes, ce que je suis : un être stupéfait
Changeant enraciné en plein vertige avec

Des paupières de glace descendant aux enfers
Par des chemins couleur de sang la dague au cœur.

p.35
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RATURES


Des ruses de mouches une paire de bottes un âne
Et son chat : tu épousais de curieux voyages.

Des semaines de meubles des barrières d'or ou serait-ce
La petite clef qui tremblait à chaque porte : un conte

Pour enfant triste. Toutes les eaux de ce temps-là
Naviguaient à l'estime en déchirures de plaines

En libertés sombres. Des carrefours des fêtes des rafales
De soleil des humiliations des épines de sel :

C'était une mélodie, un fleurissement de fantômes.
Tu applaudissais à l'élégance des mains travailleuses

À des lambeaux de phrases, aux chansons de fougères.
Cette année-là parmi les brumes d'étincelles dans

L'alchimie des danses on vit naître les objets fondamentaux :
Plumes et torrents, livres et ruchers, les neumes, les griffes.

p.20
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RÉSIDENCE DANS LES FROISSEMENTS

LE CŒUR


Ce tas d'épines compliqué, le cœur,
Le travail du sang : un village

Derrière la colline un soir de septembre,
Des chiens qui courent à travers tout

Et qui cherchent on ne sait quoi. Ici
Quelquefois se défait la distance :

Il semble qu'il ne fera plus jamais froid.
C'est la nuit, rien ne bouge. Nous sommes

Ici et partout. C'est le lieu pur
De la nuit. Rien

Ne bouge. Ne bougera. Ne vieillit. Ne
Vieillira. Rien ne tremble.

À cause de ce qui n'est pas,
La Nuit qu'on voit et ne voit pas.

p.31
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Comme une question arrachée
au silence
et c’est surgir :
lumière fut le soleil où l’inaperçu
glisse.

Tu lui demandes qui tu es, ô compagne!
vois, comprends :
ni l’instant lointain ni la déchirure de l’aube
n’exigent pareille alarme.

Mais toujours le sang vibre, appelle,
à cause de la terre et des arbres,
des sentiers et des lendemains.

Que ne suis-je une forêt,
un ruisseau, une ville impatiente,
un voyage que rien n’épuise?
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Dans un même silence
les maisons et les jours
les corps endormis
miroirs et lampes
le pain les citrons les solitudes.

Puis cette marée en nous du désir
qui glorifie les roses :
c’est l’heure où d’antiques ténèbres
montent
jusqu’à la bouche natale.

Salve d’écume
ni aube ni voix
ni blessure ni enlisement
mais la parfaite nudité
comme un
coquelicot d’avril.
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Cerné d’hivers
  
  
  
  
Cerné d’hivers
le monde penche
le monde faible
avec ses automobiles merveilleuses
les crimes les gloires les écorchements
la poudre de tant de vagues sur les pages des livres
et nos étroits labours
et nos soleils secrets.

je suis comme un insecte tâtonnant et
qui cherche le jour.

les couleurs et leurs maisons
les fées réelles.

venue de quel recoin obscur la
beauté qui ne souhaite rien
comme une veuve.
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Les lointains sont en nous il suffit d’oublier
Immenses et paisibles les rideaux du temps
Les tambours sauvages les trop vieilles guitares
Il suffit d’ouvrir cette porte en soi pour entrevoir

Nos lieux-dits nos secrets sentiers et toute chose
Soudain est là bien à sa place les pas étaient donc
D’avance ici tracés les tilleuls en juillet nos villages
Les fenêtres à grille qui donnent sur les prés
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Contre la vitre vient battre
le bruit du monde.
Ce qu’il y a d’éveillé en toi,

Comme l’écho murmurant
d’une source, accompagne l’écriture

Des oiseaux. Le corps est devenu
plaines et montagnes. Sur l’axe du temps
tourne la roue des aubes.
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Ce visage est le tien
et tu ne le reconnais pas.
Tu es une sorte de carte ancienne,

Inconnue, figure d’un jeu d’autrefois,
un jeu perdu.

Et tu écris comme un qui dort,
comme si toute vérité
était morte, ou sans signature.
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Un enfant peut-être avait pleuré,
une porte peut-être s’était fermée,
le sable s’était changé en nuit.

Je ne sais rien de ce qui fut,
je parle dans la pénombre,

Là où le silence est pareil aux statues.
Toi qui t’en viens avec sur le visage
le masque du temps,
qui donc es-tu ?
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Ce qui parle dans le bois, ce qui parle au bord
du gouffre et dans l’horloge et dans l’effondrement
des heures, te ressemble.

Ce qui parle dans le feuillage des consonnes,
dans l’encre des nuages, te ressemble.

Ce qui parle dans les plaies et les fusils sanglants
dans les crimes et les branches brisées
de la forêt humaine, te ressemble.
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Le froid te pénètre et t’éveille,
tu es multiple et vide, te voici
dans les paroles éparses, dans un vertige

Qui n’a pas de centre, tu n’es
personne, dispersé dans l’absence,

Perdu, sans lieu, naufragé de quel
voyage, dans la fraîcheur nouvelle
du plus vaste oubli.
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