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Citations de Lionel Ray (229)


          Les mots
  
  
  
  
Changent les chemins, les choses, les visages,
Les mots demeurent ; ils veillent dans le désordre

Quelquefois, voyageurs de mémoire, étranges ou
Familiers, les mots de l’aube ou de la nuit.

Statues de cendre, miroirs inhabités, les mots
D’ici ou d’ailleurs, perdus et retrouvés, ils sont

À l’écoute, ils sont tes regards intérieurs, ils sont
Du temps arrêté, ce balbutiement du souvenir,

Le phrasé d’un paysage à jamais présent et
Qui appelle et se déploie.


p.47
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          Hiver
            à Françoise
          Et Bernard Alligand

  
  
  
  
Le jour le plus froid
ferme ses volets
un autre alphabet
neige sur les toits

C’est l’éclair de vivre
au miroir des voix
blancheur et dérive
est-ce vous ? est-ce moi ?

Quoi donc es-tu
étrange musique
pour l’écoute seule
et l’oubli oblique ?

Tu vis avec les choses
et dans l’étonnement
comme vivent les roses
un bref instant

C’est l’étourdissement
de ne pas être
sauf ce poids de plumes
qui flottent au vent

Tu cherches un mot
une leçon de ténèbres
une langue sans oreille
qui fasse écho

Rien ne vit tout est songe
tout est mémoire
l’absence de toute fleur
s’ouvre avec le soir.


p.22-23
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Vous, absence, vous, ombre
  
  
  
  
Vous, absence, vous, ombre.
invisible rose.
bouche à jamais secrète.

qui dirait que le temps
vous ensemence
et que ce feu obscur
suscite
plus loin que toute mémoire
vos royaumes, vos courses, vos ciels.
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Ce trou en excès dont on ne sait le centre
  
  
  
  
Ce trou en excès dont on ne sait le
centre qui est en moi comme une
ville monstrueuse où toute limite est
en recul où tout est perte et infranchi
et les mots ne s’ouvrent plus et la
mémoire est une lune morte.

cette énorme réserve
impatiemment engloutie.

la masse du temps
le vide interne.

ah que j’échappe enfin
à l’inconséquence des choses.
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Il imagine
  
  
  
  
Il imagine
un récit mobile comme une flèche
des étoiles nouvelles
et sous les pierres qu’il déplace
la vie imperceptible.

il regarde obliquement
son passé irréparable
les trahisons l’usure
les images radieuses les autres.

il voyage
à l’écart de soi traversé par la soif.

il dormira
contre la terre comme il fit
enfant
parmi les papillons et les jonquilles
dans le savoir obscur des signes
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Nous la rivière
  
  
  
  
Nous la rivière
l’antique jeunesse
dérivant.

nous les nuages
et nous les mots perdus
l’élan l’effroi.

nous l’automne et l’épine
la lumière recluse
l’invisible vie.

et le soleil atténué
la phrase des corbeaux.

nous les nombres et la
distance le temps désenchanté
l’herbe amère.

nous enfin dans l’effacement des lignes et
le sable sourd
le large oubli.
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Cerné d’hivers
  
  
  
  
Cerné d’hivers
le monde penche
le monde faible
avec ses automobiles merveilleuses
les crimes les gloires les écorchements
la poudre de tant de vagues sur les pages des livres
et nos étroits labours
et nos soleils secrets.

je suis comme un insecte tâtonnant et
qui cherche le jour.

les couleurs et leurs maisons
les fées réelles.

venue de quel recoin obscur la
beauté qui ne souhaite rien
comme une veuve.
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Dans les yeux la page et l’alouette
  
  
  
  
Dans les yeux la page
et l’alouette
hélice sans poids
le ciel simple.

j’improvise
dans le proche et le lointain
l’espace possible la vie béante
la lumière et l’accident.

dire que tout ceci
s’écrase dans le froid
se dissout
les mots perdent mesure
où nous ne sommes pas.

puis le sommeil reprend force
la grande phrase anonyme
la nuit neutre.
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Etre un moment du feu
un moment du temps ou du sommeil
être cela qui ne se mesure pas
écouter vivre en soi l'ailleurs
c'est comme si l'oiseau de l'aube
devenait plus léger qu'un souffle
et tout est là qui faiblement respire
une fois qu'on a passé le seuil
et qu'il n'y a plus qu'à s'asseoir
calement à la table des mots.

(" Pages d'ombre")
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Lionel Ray
SUICIDE



Il y a des oiseaux qui vous tombent dans le corps
les poumons les veines les yeux et qui
Vous chassent.

Ah finir
Quand le vent pourrit l'ombre
Avec un goût de camélia dans la bouche.

Alors l'hôtesse revient vous baiser la main
Par un tendre soir de mai en épelant des prénoms
D'ailleurs, renaissant comme jonquilles.

Les dieux sont lents.
Tu es seul, plus bas que terre.
La parole est ton oreille
Ouverte
Sur l'arrière-monde,
La lune sans fracas.
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Devant toi, venu
d'un quartier d'enfance, que vois-tu
ne sachant plus où ni quand :
ciel craintif, orage contenu ?

Quel jour déclinait, brouillard
d'heures en dérive, avec
un bruit de roues, jusqu'au
fond du soir ?

Tu marchais le long des roseaux
sombres du fleuve, minuscules
myosotis ici ou là, camélias stériles

Et sans parfums, tu respirais un souffle
lent venu de la forêt voisine :
ta vie quelque part existait.
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...je t’offre tout ce que
j’aimais les commen-
cements les maisons
noires les feuilles indo-
ciles quelques nuages
et l’averse ruche
de soleil pactole
je voudrais pour toi
l’écume des foules le
tranchant des pierres ou
le royaume des puits
tant est âpre la
solitude qui me
ressemble comme à
ces étoiles de paille
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Maintenant



Je t’offre septembre
blanc avec ramures
agitées ce reste
de ciel charbonneux
ses fourrures ses cages

je t’offre le sable
matinal parmi
les collines cette bras-
sée de rouges le seuil
fugitif les flaques
je t’offre tout ce que
j’aimais les commen-
cements les maisons
noires les feuilles indo-
ciles quelques nuages
et l’averse ruche
de soleil pactole
je voudrais pour toi
l’écume des foules le
tranchant des pierres ou
le royaume des puits
tant est âpre la
solitude qui me
ressemble comme à
ces étoiles de paille
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Lionel Ray
La seule confiance qui vaille pour le poète ne consiste pas dans l’activité
raisonnante de l’esprit mais dans l’ouverture de tous les possibles du sens
qu’implique le travail des mots.
► C’est faire fausse route que de croire qu’on puisse se libérer du sens. Mais à
l’inverse, la confusion entre la pensée analytique et la poésie, entre le poème et
le discours, entre le haïku et l’aphorisme ou la sentence est un danger mortel.
N’oublions pas que le mot « comme » signifie poésie. « Les images pensent pour
moi » disait Éluard.
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Lionel Ray
J’ai quelquefois parlé du manque : c’est le sentiment profond, viscéral, d’un
manque, d’une absence, et entre toutes les formes d’absence : l’absence de sens,
qui incite à l’écriture et qui la nourrit. On cherche par les mots (par l’art quel
qu’il soit) à trouver une réponse au rien qui préexiste à l’élaboration de l’œuvre.
« Rien » est le premier mot des Poésies de Mallarmé. « Il y a toujours quelque
chose d’absent qui me tourmente » dit Camille Claudel. Et Rimbaud : « Nous ne
sommes pas au monde. La vraie vie est absente » Toute œuvre d’art, comme tout
poème, met en scène un vide qu’elle cherche à combler. Tout poème est un essai
de réponse à l’inquiétude que creuse en nous le sentiment d’absence de sens.
J’écris pour apporter une réponse (c’est-à-dire un sens) au constat désenchanté
de Rimbaud. Le travail des mots, sur les mots, ouvre la possibilité d’un accès à
la « vraie vie … absente. »
► Je n’oublie pas le rôle majeur que joue la forme (la structure, la métrique, le
rythme, les mots qui sont « premiers » et à qui revient « l’initiative ») dans
l’élaboration du poème, on n’ose à peine en parler après Mallarmé, Valéry,
Aragon. Elle initialise tout le poème, lui imprime le ton, oriente le sens. Plus
encore, indissociable du sens, d’une certaine façon elle est le sens en même
temps qu’elle en permet le dépassement. Au début des années 1970, Henri
Meschonnic, dans Pour la poétique, inventa le mot composé « forme-sens »
Chaque poète se doit de construire un nouvel accord entre la forme et le sens,
accord en quoi on peut reconnaître sa voix personnelle, singulière, irréductible à
aucune autre, son vibrato intime
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Lionel Ray
L’empire du sens

(Quelques notes en vrac)

► Rien ne pourra jamais empêcher qu’à chaque mot prononcé, à chaque mot écrit
du sens advient. Écrire, parler, c’est produire du sens. Des grammairiens, des
linguistes, des poètes l’ont dit : on lit, on entend, en fonction du sens. Mais tel
est l’art de poésie qu’on écrit d’abord en fonction des mots, compte tenu de leur
matière sonore autant que de leur sémantisme, sinon plus.
► Toute œuvre se déploie et s’organise à partir d’un centre irradiant et signifiant :
le spleen pour Baudelaire, le temps (perdu / retrouvé) pour Proust, la
contemplation (Hugo), l’Ailleurs pour Michaux, la disparition (Pérec), la
modification (Butor), le silence (dernier titre de Guillevic, avant sa mort : Du
silence). L’œuvre lui doit une grande part de sa cohérence et de son pouvoir de
séduction.
Peut-être faut-il parler comme le fait Julien Gracq de « mot d’ordre » qui serait
au principe de l’œuvre et qui en assure la cohésion. « Là tout n’est qu’ordre et
beauté… » dit le Poète. Condition de l’œuvre et principe intangible de sa
poétique.
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Les lointains sont en nous il suffit d’oublier
Immenses et paisibles les rideaux du temps
Les tambours sauvages les trop vieilles guitares
Il suffit d’ouvrir cette porte en soi pour entrevoir

Nos lieux-dits nos secrets sentiers et toute chose
Soudain est là bien à sa place les pas étaient donc
D’avance ici tracés les tilleuls en juillet nos villages
Les fenêtres à grille qui donnent sur les prés
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Contre la vitre vient battre
le bruit du monde.
Ce qu’il y a d’éveillé en toi,

Comme l’écho murmurant
d’une source, accompagne l’écriture

Des oiseaux. Le corps est devenu
plaines et montagnes. Sur l’axe du temps
tourne la roue des aubes.
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Ce visage est le tien
et tu ne le reconnais pas.
Tu es une sorte de carte ancienne,

Inconnue, figure d’un jeu d’autrefois,
un jeu perdu.

Et tu écris comme un qui dort,
comme si toute vérité
était morte, ou sans signature.
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Un enfant peut-être avait pleuré,
une porte peut-être s’était fermée,
le sable s’était changé en nuit.

Je ne sais rien de ce qui fut,
je parle dans la pénombre,

Là où le silence est pareil aux statues.
Toi qui t’en viens avec sur le visage
le masque du temps,
qui donc es-tu ?
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