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Citations de Louis-Ferdinand Céline (2885)


«  J’ai attrapé la guerre dans ma tête » .
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Dans mon domaine, je n'accomplis au cours de ces quelques mois de pratique spécialisée aucun miracle. Il en était pourtant grand besoin de miracles. Mais mes clients n'y tenaient pas à ce que j'accomplisse des miracles, ils comptaient au contraire sur leur tuberculose pour se faire passer de l'état de misère absolue où ils étouffaient depuis toujours à l'état de misère relative que confèrent les pensions gouvernementales minuscules. lls traînaient leurs crachats plus ou moins positifs de réforme en réforme depuis la guerre. Ils maigrissaient à force de fièvre soutenue par le manger peu, le vomir beaucoup, l'énormément de vin, et le travailler quand même, un jour sur trois à vrai dire.
L'espoir de la pension les possédait corps et âme. Elle leur viendrait un jour comme la grâce, la pension, pourvu qu'ils aient la force d'attendre un peu encore avant de crever tout à fait. On ne sait pas ce que c'est que de revenir et d'attendre quelque chose tant qu'on n'a pas observé ce que peuvent attendre et revenir les pauvres qui espérent une pension.
Ils y passaient des après-midi et des semaines entières à espérer, dans l'entrée et sur le seuil de mon dispensaire miteux, tant qu'il pleuvait dehors, et à remuer leurs espérances de pourcentages, leurs envies de crachats franchement bacillaires, de vrais crachats, des "cent pour cent" tuberculeux crachats.
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La grande prétention au bonheur, voilà l'énorme imposture ! C'est elle qui complique toute la vie ! Qui rend les gens si venimeux, crapules, imbuvables. Y a pas de bonheur dans l'existence, y a que des malheurs plus ou moins grands, plus ou moins tardifs, éclatants, secrets, différés, sournois... " C'est avec des gens heureux qu'on fait les meilleurs damnés. " Le principe du diable tient bon. Il avait raison comme toujours, en braquant l'Homme sur la matière. Ça n'a pas traîné. En deux siècles, tout fou d'orgueil, dilaté par la mécanique, il est devenu impossible. Tel nous le voyons aujourd'hui, hagard, saturé, ivrogne d'alcool, de gazoline, défiant, prétentieux, l'univers avec un pouvoir en secondes ! Éberlué, démesuré, irrémédiable, mouton et taureau mélangé, hyène aussi. Charmant. Le moindre obstrué trou du cul, se voit Jupiter dans la glace. Voilà le grand miracle moderne. Une fatuité gigantesque, cosmique. L'envie tient la planète en rage, en tétanos, en surfusion. Le contraire de ce qu'on voulait arrive forcément. Tout créateur au premier mot se trouve à présent écrasé de haines, concassé, vaporisé. Le monde entier tourne critique, donc effroyablement médiocre. Critique collective, torve, larbine, bouchée, esclave absolue.
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Louis-Ferdinand Céline
Elle possédait d'amples ressources, cette amie, puisqu'elle se faisait dans les cent dollars par jour en maison, tandis que moi, chez Ford, j'en gagnais à peine six. L'amour qu'elle exécutait pour vivre ne la fatiguait guère. Les Américains font ça comme des oiseaux .
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Figurez vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n'est ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle là l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.
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Destinée je l’ai jamais revue par le fait. J’ai jamais même eu de ses nouvelles. Les patrons de l’Hyperbole ont sûrement fait fortune alors ils l’ont virée. C’est drôle y a des êtres comme ça ils sont chargés, ils arrivent de l’infini, viennent apporter devant vous leur grand barda de sentiments comme au marché. Ils se méfient pas, ils déballent n’importe comment leur marchandise. Ils savent pas comment présenter bien les choses. On a pas le temps de fouiller dans leurs affaires forcément, on passe, on se retourne pas, on est pressé soi-même. Ça doit leur faire du chagrin. Ils remballent peut-être ? Ils gaspillent ? Je ne sais pas. Qu’est ce qu’ils deviennent ? On n’en sait rien du tout. Ils repartent peut-être jusqu’à ce qu’il leur en reste plus ? Et alors où qu’ils vont ? C’est énorme la vie quand même. On se perd partout.
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Faut se méfier ,c'est putain le passé ,ça fond dans la rêvasserie.Il prend des petites mélodies en route qu'on lui demandait pas .Il vous revient tout maquillé de pleurs et de repentirs en vadrouillant.C'est pas sérieux.
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Top, que j'ai dit, le vent souffle Ferdinand, pare ta galère, laisse les cons dans la merde, laisse-toi pousser, croye plus à rien. T'es cassé plus qu'aux deux tiers mais avec le bout qui reste tu vas encore bien te marrer, laisse-toi souffler debout par l'aquilon favorable. Dors ou dors pas, titube, trombone, chancelle, dégueule, écume, pustule, fébrile, écrase, trahis, ne te gêne guère, c'est une question de vent qui souffle, tu ne seras jamais aussi atroce et déconneur que le monde entier.
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[Mon père] me félicitait longuement pour ma bravoure. Il m’étonnait alors sérieusement avec la bravoure. Il savait pas ce que c’était, ni moi non plus. En somme il m’inquiétait. J’avais beau me trouver en train de dissoudre dans une putain de mélasse, pas même très croyable tellement c’était fadé, cependant les lettres de mon père retenaient mon attention, tout au fond, pour le ton. Même si on n’avait plus que dix minutes à vivre on chercherait encore de l’émoi tendre d’antan. Dans les lettres de mon père y avait toute ma garce de jeunesse qu’était morte. Je regrettais rien, c’était qu’un fumier puant, anxieux, une horreur, mais c’était quand même mon petit passé de môme pourri qu’il cernait sur les cartes censure, avec des phrases bien équilibrées et bien faites.

D’où que je me trouvais j’aurais bien voulu, question de crever, avoir pour y passer une musique plus à moi, plus vivante. Le plus cruel de toute cette dégueulasserie c’est que je l’aimais pas la musique des phrases à mon père. Mort, je me serais relevé je crois pour lui dégueuler sur ses phrases. On se refait pas. Pousser son couic encore ça peut se faire, c’est tout ce qui précède qui vous épuise la poésie, toutes les charcuteries, les baveries, les torturations qui précèdent le hoquet du bout. Faut être donc ou bien bref ou bien riche. Quand la L’Espinasse venait me peloter à la nuit j’ai bien failli lui pleurer dans les bras par deux fois. Je me suis retenu. C’était de la faute à mon père avec ses cartes. Parce que d’avance je peux m’en vanter, tout seul je suis plutôt courageux.
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Les miennes d'idées elles vadrouillaient plutôt dans ma tête avec plein d'espace entre, c était comme des petites bougies pas fières et clignoteuses à trembler toute la vie au milieu d un abominable univers bien horrible...
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On avait si hâte d'arriver que je faisais dans ma culotte... d'ailleurs j'ai eu de la merde au cul jusqu'au régiment tellement j'ai été pressé tout le long de ma jeunesse. (p48)
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A vingt ans je n'avais déjà plus que du passé.
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L’Homme il est humain à peu près autant que la poule vole. Quand elle prend un coup dur dans le pot, quand une auto la fait valser, elle s’enlève bien jusqu’au toit, mais elle repique tout de suite dans la bourbe, rebecqueter la fiente. C’est sa nature, son ambition. Pour nous, dans la société, c’est exactement du même. On cesse d’être si profond fumier que sur le coup d’une catastrophe. Quand tout se tasse à peu près, le naturel reprend le galop.
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L'amour c'est comme l'alcool, plus on est impuissant et soûl et plus on se croit fort et malin, et sûr de ses droits.
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La supériorité pratique des grandes religions chrétiennes, c' est qu'elles doraient pas la pilule. Elles essayaient pas d'étourdir, elles cherchaient pas l'électeur, elles sentaient pas le besoin de plaire, elles tortillaient pas du panier. Elles saisissaient l'Homme au berceau et lui cassaient le morceau d'autor. Elles le rencardaient sans ambages : " Toi petit putricule informe, tu seras jamais qu'une ordure... De naissance tu n'es que merde... Est-ce que tu m'entends ?... C'est l'évidence même, c'est le principe de tout ! Cependant, peut-être... peut-être... en y regardant de tout près... que t'as encore une petite chance de te faire un peu pardonner d'être comme ça tellement immonde, excrémentiel, incroyable... C'est de faire bonne mine à toutes les peines, épreuves, misères et tortures de ta brève ou longue existence. Dans la parfaite humilité... La vie, vache, n'est qu'une âpre épreuve ! T'essouffle pas ! Cherche pas midi à quatorze heures ! Sauve ton âme, c'est déjà joli ! Peut-être qu'à la fin du calvaire, si t'es extrêmement régulier, un héros, 'de fermer ta gueule', tu claboteras dans les principes... Mais c'est pas certain... un petit poil moins putride à la crevaison qu'en naissant... et quand tu verseras dans la nuit plus respirable qu'à l'aurore... Mais te monte pas la bourriche ! C'est bien tout !...Fais gaffe ! Spécule pas sur des grandes choses ! Pour un étron c'est le maximum !... "

Ça ! c'était sérieusement causé ! Par des vrais pères de l'Église ! Qui connaissaient leur ustensile ! qui se miroitaient pas d'illusions !
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La guerre en somme c’était tout ce qu’on ne comprenait pas.
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On a beau dire et prétendre, le monde nous quitte bien avant qu’on s’en aille pour de bon.
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Ils poussaient la vie et la nuit et le jour devant eux les hommes. Elle leur cache tout la vie aux hommes. Dans le bruit d'eux mêmes ils n'entendent rien. Ils s'en foutent. Et plus la ville est grande et plus elle est haute et plus ils s'en foutent. Je vous le dis moi. J'ai essayé. C'est pas la peine.
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La guerre en somme c'était tout ce qu'on ne comprenait pas.
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Louis-Ferdinand Céline
Jouir de la vie, c'est boire, c'est bouffer, c'est roter, c'est baiser.
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