Citations de Lucia Etxebarria (362)
L agression perverse consiste á embrouiller l' autre, á lui faire perdre ses points de repere ne plus savoir ce qui est normal de ce qui ne lest pas
"Dark Vador, pensai- je, voici tes guerrières, ouvre-nous la porte."
Dis-toi bien que personne, absolument personne ici bas, n avance sans trebucher ni tomber au moins une fois, que nous comettons tous des erreurs ou des gaffes, que nous avons tous deja ete trompes, trahis ou abandonnes. Mais que nous avons tous la capacite de nous releverpour aller de l'avant.
S'embarquer dans la tristesse, c'est comme de se laisser glisser en patins à roulettes le long d'une pente : impossible de prévoir combien de temps durera la descente, mais on sait parfaitement que tout s’arrêtera d'un seul coup.
N'est-ce pas plutôt que chacun de nos actes, loin d'être le fruit du hasard, est susceptible de déterminer ceux d'autrui d'une façon que nous-même ne soupçonnons pas ?
"À 36 000 kilomètres de la Terre, lut-elle, il existe une orbite géostationnaire, fixée à l'atmosphère car tournant à la même vitesse que la Terre : on l'appelle l'Orbite Cimetière car on y expédie les satellites hors d'usage. Tous les satellites disposent d'une réserve d'énergie qui leur permet, en cas de problème, d'être envoyés sur cette orbite où ils seront immobilisés dans l'espace sans que l'on ait besoin d'un moteur pour les maintenir en place." Autrement dit, les pauvres satellites sont comme les éléphants qui vont dans leur nécropole pour mourir. Ça ne manque pas de poésie, quand on y songe. T'imagines, Bea : d'énormes engins qui servaient surtout à la communication, réduits au silence, isolés à jamais, entourés d'une armada de machins similaires, eux aussi condamnés à ne plus communiquer. Hallucinant, non ?
Penses-y maintenant, Bea, tant d'années plus tard. Voici quatre ans que tu n'as pas vu Mónica. Pense à la solitude des satellites, à la solitude orbitale. Abandonnés par ceux à qui ils ont rendu service. Oubliés dans le froid. Au milieu du vide le plus désolé, recouverts d'une couche de givre opaque, n'ayant même plus de lumière à refléter. Immobiles et dignes dans leur retraite glaciale, satellites défunts, cadavres de ferraille gelée, exsangues, vieilleries qui furent des monstres de fer et d'acier et qui transmirent un jour des dates, des données, des chiffres d'une importance jugée cruciale. Autant de dates, de données et de chiffres dont personne ne se souvient. Rien, pas même la puissance du fer n'échappe à l'abandon.
De nos jours, la nudité féminine n'a plus rien d'obscène. Elle est même courante en publicité, qu'il s'agisse de vendre des shampooings, des produits de beauté, de la lingerie fine, des soins de chirurgie esthétique ou même des voitures. Mais on nous montre toujours un type de corps bien particulier, très normatif, svelte avec peu de hanches et de poitrine. Si, en revanche, le modèle avait dix kilos de plus, des seins qui tombent et des fesses en forme de tambour, la même image nous paraîtrait bel et bien obscène. Car le sexe ne se situe pas seulement dans nos parties génitales, mais d'abord et surtout dans notre tête, et notre cerveau, hélas, pense le plus souvent comme on lui a appris à penser.
Avec Biotza, Juan ne connaissait ni la fièvre de la passion ni l'égarement des sens mais une tendresse nourrie de tranquilles habitudes. Il n'avait ni à se battre ni à souffrir pour l'avoir. Elle lui était acquise.(...) Ainsi s'écoulaient les jours, paisiblement, Juan ayant réintégré le rang des gens calmes et de bonne composition pour qui le mieux est l'ennemi du bien.
Apple fabrique plusieurs millions d'ordinateurs par an. Des millions de mondes virtuels conçus chaque jour par des démiurges de vingt-sept ans, micro-esclaves au QI démesuré... Dans les tribus africaines, la moyenne hebdomadaire d'heures de travail d'un adulte avoisine la dizaine. L'homme européen dépasse de beaucoup les quarante. En toutes choses, le progrès a dépassé le Dieu originel, y compris en cruauté. C'est pour cela que nous aimons tant les paradis artificiels, par nostalgie de temps meilleurs.
"Le passé laisse en bouche des saveurs contradictoires, et l'avenir insuffle au corps l'ardent désir de continuer à désirer."
- [...] Tu sais, David, nous sommes tous des malades. Moi, ça va de soi. Mais toi aussi. A chaque heure qui passe, tu attrapes un virus, qu'on l'appelle solitude, angoisse, ou frustration... Nous passons tous par là un jour ou l'autre.
Où que tu ailles, tu emporteras ta ville avec toi. Qu'elle soit chaude et lumineuse, qu'elle soit humide et sombre, au fond, c'est toujours la même, un minuscule point à l'intérieur d'un autre point minuscule habité par des êtres imperceptibles, différentes versions d'un même modèle, combinaisons à l'infini de quelques éléments chimiques.
Ce qui fait le plus mal, ce n'est pas de quitter la vie, mais d'abandonner ce qui lui donne un sens.
À partir du moment où Caitlin coucha avec moi, elle commença à employer le nous, et moi je trouvais ça ridicule parce que nous n'étions pas "nous" : elle était Cat et j'étais Bea. Je ne voulais pas être la moitié d'un couple.
C'est qu'en amour, comme dans la vie, on en attend toujours plus, on n'est jamais comblé.
Nos actes et nos amours sont la répétition d'actes et d'amours passés, et c'est pourquoi, dans un livre, nous trouverons toujours une réponse à certaines de nos questions.
J’ai pleuré alors que jamais je n’avais pleuré à l’hôpital, pas plus que je n’avais pleuré en apprenant la mort de José Merlo, car ce jour là, au lieu de verser une larme j’étais allée de bar en bar et m’étais soûlée sans désemparer pendant trois jours. J’ai pleuré l’amour que j’avais eu pour elle et qui s’était si souvent changé en haine devant l’impossibilité de la voir heureuse, satisfaite, en bonne santé, de la voir autrement que comme un appendice de mon père, comme quelqu’un à qui je ne voulais surtout pas ressembler et que je finissais par imiter à ma façon en recherchant stupidement des hommes qui toujours me criaient dessus pour me dominer, des répliques de mon père que j’étais incapable de reconnaître mais que personne n’avait choisies à ma place.
Ce sont les mères qui donnent la vie et la symbolisent aux yeux de leurs enfants, et ceux qui, comme moi, ne sont pas entendus avec leur mère interprètent la vie comme un cadeau empoisonné, et ont du mal à avancer parce qu’ils ont en eux un féroce et permanent instinct de mort. C’est cette pulsion de mort que j’appelle mon Autre Moi. Et cette Autre Moi issu de mon amour pour ma mère était là, impuissant devant le sac vert, contemplant la raison d’exister qui l’ animait et qui était désormais réduite à cela, à une enveloppe.
Y'a une solitude qui peut être très fructifère : celle que l'on choisit. Mais la mienne est une solitude assez inutile, une vulgaire trafiquante de désillusions. Une solitude de naufrage sans boussole. Une solitude froide et creuse. Une solitude déshabillée, sans ombres, qui ne produit pas de signaux, qui pèse.
Etre enfant de Marie marquait une différence importante par rapport aux garçons de chez les maristes, qui étaient les Soldats du Seigneur. Cela renforçait l'idée que l'on était condamnée de naissance à une inactivité frustrante. On commençait par être une fillette qui ne pouvait pas grimper aux arbres, et on deviendrait une bonne petite épouse soumise qui ne dirait jamais un mot plus haut que l'autre.
Un bouquin très drôle et émouvant de l'espagnole "lucia ETXEBARRIA".
C'est son premier roman. Comme dans la plus part de ces romans ,l'auteur qui se définit comme féministe fait le portrait de plusieurs types de femmes contemporaines (trois soeurs que tout semble opposer):la parfaite femme au foyer, la fille qui vit la nuit et
la super femme d'affaires. Grâce à son immense succès le roman est considéré comme le plus réussi de ce qu'on appelle "la génération x espagnole. Il a été très librement porté à écran par "Miguel Santesmases"