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Critiques de Lydia Flem (92)
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Je suis assez tristement et laborieusement en train de faire ce que Lydia Flem évoque dans son récit: vider la maison de mes parents..



J'ai donc pris ce livre et l'ai lu d'une traite comme un bricoleur du dimanche se jetterait sur une notice de montage de bibliothèque Ikéa, ou comme une cuisinière occasionnelle se précipiterait sur les Buffets de Sophie à l'approche d'une soirée d'anniversaire de 30 copains..;



Finalement, le monteur du dimanche devant le surréalisme prononcé de la-dite bibliothèque fera appel aux services efficaces (et ironiques) d'un pro et la cuisinière occasionnelle -et cossarde- dira à ses copains d'apporter chacun leur spécialité..



Le livre de Lydia Flem n'est pas un mode d'emploi ni un kit destiné à gérer (le vilain mot à la mode) le deuil...



Chaque vidage de maison parentale est une épreuve personnelle: rien à transmettre, sinon des platitudes bien générales.



L'enfer , comme toujours, est dans les détails. Et c'est là que le livre de Lydia Flem m'a le plus touchée: dans ce qui justement n' appartient qu'à elle.



Par exemple, le trousseau magnifique de sa mère, grande perfectionniste et couturière émérite, dans une gamme de tons distingués et très classe...rien à voir avec celui de ma petite maman à moi, qui détestait faire même un ourlet, s'habillait de bric et de broc, au gré des fantaisies de ses filles, et dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.. mais ce sont les mêmes perplexités: qu'en faire? à qui donner ce qui était sa deuxième peau? ses vêtements "habités" tout à coup si vides, si insignifiants, sans elle...Qu'en faire? Les porter, ce serait une hérésie, les donner, une souffrance..Trouver qui pourrait VRAIMENT les mettre en leur donnant une autre vie...mais qui?



Les lettres et papiers personnels, Lydia Flem les a archivés, jusqu'aux papiers de banque, jusqu'aux factures..quant aux "lettres d'amour en héritage" échangées par ses parents, un couple toujours amoureux et très uni, elles ont fait l'objet d'un livre, que j'ai lu aussi, il y a quelques années, quand mon père, le premier, nous a quittés...et qui m'avait convaincue, alors, de ne jamais percer , comme elle, le secret des lettres d'amour de mes parents, quelle que fût ma curiosité, parce que je savais que leur amour avait été grand, assez pour nous envelopper tous d'un habit de tendresse, et que cela me suffisait. Mais elle, Lydia Flem, était enfant unique de parents rescapés de la Shoah qui avaient toujours refusé de parler à leur fille de leur expérience traumatisante: lire les lettres c'était aussi percer un abcès, mettre fin à un silence insoutenable.Alors elle exhume ces secrets, elle met à nu le mystère de l'amour parental. Je ne me suis pas sentie capable de cette appropriation qui m'est apparue comme un viol: ma sœur et moi, le cœur serré, nous avons passé ces lettres-là à la déchiqueteuse, sans les lire...



Non, décidément, ce livre n'a pas été un mode d'emploi, encore moins un mode de pensée. Et pourtant, dans la mesure où il m'a renvoyée à une expérience que je n'arrive pas encore à clore et à un adieu que je suis loin d'avoir fait, c'est un livre utile et même nécessaire.



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Je me souviens de l'imperméable rouge que je ..

j'ai lu déjà plusieurs écrits de Lydia Flem qui m'enchantent et me surprennent chaque fois et celui-ci ne fait pas exception !!!

Un petit livre qui ne paye pas de mine ... jubilatoire, faussement léger,

qui parle avec beaucoup d'humour, d'émotion, de facétie mais aussi de

connaissances historiques, littéraires , etc. des habits que nous choisissons,

et des codes vestimentaires auxquels nous obéissons ou que nous refusons...



"Je me souviens qu'un corps, c'est une manière de se mouvoir, d'exister

dans l'espace. Nos habits nous habillent, mais c'et nous qui les habitons." (p. 196)



Tout ce que les vêtements révèlent ou dissimulent de notre personnalité...

La course aux apparences, les convenances, les règles de savoir-vivre, les

marques de classe sociale, etc.



Une lecture des plus plaisantes grâce au talent de Lydia Flem, qui balaye

tous les registres, entre l'histoire de la mode, ses souvenirs personnels, des

évocations littéraires, picturales , historiques ou cinématographiques, sans oublier "le décortiquage" facétieux d'expressions qui sont rentrés dans notre langage quotidien !!



Lydia Flem par la forme choisie, rend hommage parallèlement à Georges

Perec avec son "Je me souviens"....



J'ai beaucoup souligné dans ce florilège des plus attrayants... mais je

tenterai de me freiner dans mes transcriptions, que je vous ajoute à cette

fin de chronique...sans trop vous lasser, j'espère ?!!



"Je me souviens de la phrase d'André Suarès: " La mode est la plus excellente des farces, celle où personne ne rie car tout le monde y joue" (p. 174)



"Je me souviens que les mots -habit, habitation et habitude- partagent une commune étymologie. (p. 178)"



"Je me souviens des phrases de Gilbert Lascault: " Chaque maison est un

vêtement de pierre. Chaque manteau est déjà une demeure et-simultanément-une peau" (p. 131)



Je me souviens que lorsqu'il faisait trop chaud, les hommes demandaient

aux dames l'autorisation de "tomber la veste" (p. 134)



Une lecture fort agréable... qui évoquera à chacun ses propres souvenirs, et

ses propres comportements face aux choix vestimentaires, qui en disent fort long sur "notre deuxième peau" !!... que nous nous créons...intimement, de manière rebelle ou plus conventionnelle.... !
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Billet très, très bref écrit en mai 2013 sur un texte pourtant adoré et induisant tant d'émotions universelles... A RELIRE, sûrement! [ 28 avril 2021]



Un récit très poignant...avec tant de passages soulignés, sur une multitude de sujets délicats parlant de la complexité des histoires familiales et par là-même de nos origines. Une femme trouve dans une malle la correspondance de ses parents avant sa naissance...Que sait-on de l'amour de nos parents ? Roman des origines que chacun rêve de découvrir. au fil de leurs lettres s'écrit aussi notre histoire: sommes-nous nés de l'amour ?
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Un jour, Lydia Flem se trouve au pied du mur. La perte de ses deux parents, en soi un séisme qui fait d'elle une orpheline, la met en charge désormais de disposer des traces matérielles de leur vie.

Effraction. Comment décider si tel ou tel papier doit être lu, sinon en le lisant? Comment ne pas être coupable en découvrant l'intimité des personnes les plus fondamentales dans sa vie?

Comment disposer d'objets qui ne lui ont pas été donnés?

Et pourtant ce travail lui échoit, comme une ultime manifestation d'amour et de respect qu'elle ne peut confier à personne.

Comment, à l’issue de ce labeur douloureux, elle pourra aboutir à un bonheur et une fierté, c'est ce que cette auteure sensible et impressionnante de lucidité nous aura révélé à la fin de ce beau livre.
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Paris fantasme

Choisi samedi 14 mai 2022 / Librairie Chantelivre



Juste une pépite pour tous les amoureux de Paname, de l'Histoire, des écrivains, de la Littérature et des Arts !!!



Invitée chez une amie...j'ai été fureter pour lui trouver une surprise.Dans un même élan, je me suis pris ce texte des plus attractifs...d'une auteure que je lis et suis avec attention depuis un temps certain !



Attirée par le sujet de l'ouvrage comme par la photo très frappante de Man Ray,ornant la couverture !

Me plongeant dans le texte...l'émotion la plus vive

m'a prise, en faisant remonter une masse de souvenirs professionnels très intenses,lié aux endroits décrits...!



Cette fameuse "rue Férou"...près de Saint-Sulpice,où se trouvaient les sièges des éditions Belin,ainsi que la belle Librairie des éditions L'Âge d'Homme....je travaillais dans les années 1990 comme Libraire-Bibliographe pour la Librairie- édition Picard, rue Bonaparte...je croisais aussi comme client notre voisin- éditeur ,Jean-Jacques Pauvert...



Ce livre...je l'ai " dévoré " ,j'avoue, de façon sentimentale,émotionnelle,de la façon la plus désordonnée et anarchique possible ! Me précipitant aux lieux Du Livre et aux personnalités qui m'intéressaient le plus: Belin, L'Âge d'Homme et son exceptionnel fondateur...des photographes qui retiennent toujours mon attention: que cela soit Eugène Atget...ou plus tard,Man Ray..!



"Dans la peau d'Eugène Atget



Peut-être Paris est-elle devenue mon théâtre privé, une scène où personne ne peut m'interdire de soliloquer avec les pierres,le monde d'hier,celui que mes parents connurent jadis.Je suis un orphelin, je n'ai pas d'enfants.Ma compagne,Valentine, m'est très chère. Chaque matin,je pars déambuler, seul,dans les rues et les ruelles, je marche et je regarde. Mon matériel est lourd,je suis costaud,cela ne me déplaît pas,cela me rassure même, comme la présence d'un ami imaginaire, une sorte de double de bois,de verre et de tissu.Quand je sens le moment propice, je dépose le trépied,prépare la chambre puis me glisse sous le drap noir.Comme un enfant qui s'amuserait à se déguiser, qui jouerait à cache-cache, qui s'inventerait une petite maison,au milieu du monde. Personne ne me voit,c'est moi qui porte un regard photographique sur cette ville qui disparaît Paris que je voudrais retenir de toute la force de mes yeux grands ouverts." (p.485)





Un ouvrage fourmillant d'anecdotes et de documentation historique,sans omettre les thématiques et analyses habituelles de Lydia Flem sur l'importance vitale des racines, d'"habiter un lieu",une maison,avoir un port d'attache...en se souvenant des arrachements, exils douloureux des ses deux parents pendant la seconde Guerre mondiale...qui ont impacté profondément l'histoire familiale !



Autres thèmes précieux et constants de cette écrivaine : la Mémoire individuelle comme la Mémoire collective,ainsi que tous les chemins de la TRANSMISSION....jusqu'aux recettes de cuisine, comme le fameux "gâteau au pavot de la grand-mère Rose" !!



Que de célébrités historiques, littéraires, artistiques ont hanté, fréquenté, habité cette rue Férou ainsi que de véritables institutions Du Livre", comme La Revue des Deux-Mondes:

Ernest Renan, Tolstoï, Proust,Man Ray, Eugène Atget, Fantin-Latour, Whistler,etc.



La partie consacrée au photographe Atget et une pure merveille...et l'oeuvre de cet artiste aura été un " vrai moteur" pour Lydia Flem,dans cet ouvrage...Elle le reconnaît et précise elle-même dans sa "Lettre à Eugène Atget":

"Mon très cher Eugène Atget, votre précieuse collecte du Parus en voie de disparition m'a encouragée à poursuivre l'insensé de mon propre chantier : esquisser l'arbre généalogique d'une ruelle parisienne sur cinq siècles d'existence, son patrimoine, ses lieux d'oubli et de mémoire, la trace fugitive de ses habitants. Un défi.un fantasme. "(p.536)



Même si la promenade fût empreinte d'une nostalgie certaine...elle fût captivante...et je retournerai à sa lecture, à l'occasion...en piochant selon l'humeur et la curiosité du moment....

Mon dernier passage -pèlerinage dans ce quartier ,à l'automne 2021,avec une ancienne amie libraire m'a fait découvrir le poème de Rimbaud" le Bateau ivre" peint de fort belle manière, sur un vaste mur !
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Dans ce court récit, Lydia Flem aborde la question du deuil à travers l'expérience traumatisante qui consiste à vider la maison des parents disparus. Des milliers d'objets, insignifiants ou porteurs de mémoire rappellent ce que fut la vie des défunts, désormais réduite à quelques traces matérielles, souvent dérisoires, une louche, une boîte d’allumettes, un verre à pied. L'auteur décrit admirablement les sentiments qui assaillent ceux qui sont soumis à cette tâche impossible. Entre piété, colère, volonté de garder, besoin de détruire, de donner, de se détacher, le travail de deuil se construit lentement et finalement, nous reprenons la vie. Mais combien de pleurs et de fous rire, d'émotions submergeantes ou de moments de dégoût, de culpabilité et de honte avant de retrouver la sérénité? Un ouvrage très touchant, très pudique, qui met le doigt sur les difficultés qu'il y a à se reconstruire après la mort d'un proche.
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Livre choisi après avoir lu d'excellentes critiques sur cet auteur dont je n'avais jamais entendu parler. Elle est Belge et membre de l'Académie Royale de Belgique, où siégèrent Colette, Simenon, Anna de Noailles, Cocteau et bien d'autres plumes illustres.



Mais foin de ces mondanités littéraires, le sujet de ce livre est abordé avec beaucoup de réalisme, et non comme un exercice de style.

La photo de couverture est éloquente: d'un côté la masse énorme du passé et des souvenirs de toute une vie, de l'autre une petite "topolino" rouge qui symbolise la vie, le mouvement, l'avenir. Comment ne pas se laisser écraser, étouffer, envahir, submerger, par ce raz de marée de meubles et d'objets qui s'est amoncelé pendant des décennies dans la maison familiale?



Comment contenir ces émotions qui viennent aussi nous submerger quand nous retrouvons de précieux fragments d'une histoire qui nous concerne de façon tellement intime, si personnelle? Photos anciennes, portraits de visages chéris, lettres jaunies, vieilles dentelles ou babioles sans valeur qui font remonter des souvenirs d'enfance, des récits familiaux, ils semblent conspirer pour nous donner des remords.

Comment résister pour ne pas être happé par un passé qui ne veut pas tomber dans l'oubli?



Lydia Flem décrit avec justesse les dilemmes auxquels sont confrontés les héritiers: vouloir tout conserver, c'est devenir gardien de musée. Et vouloir tout jeter, c'est trahir la mémoire des siens, se montrer déloyale et ingrate.



Alors on doit trier, et passer par le chagrin, le découragement, l'agacement, la crise de nerfs, l'envie de tout envoyer au diable, et surmonter la lassitude et les accès de nostalgie.

En parcourant les chapitres, je souris en constatant que nos parents ont tous eu les mêmes habitudes conservatrices, mettant de côté et accumulant leurs trésors au fond des caves et des greniers, des boites et des enveloppes, des tiroirs et des placards.

Et je partage son avis: ne vaut-il pas mieux faire cadeau de son vivant, quand viennent les enfants et petits enfants, de ces chers objets qui resteront après nous?

Lydia Flem nous livre avec délicatesse et sincérité une expérience humaine sur cette étape mystérieuse de la vie: la disparition.
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Un livre qui fait ressentir le deuil autrement, quand on a du mal à continuer d'écrire les pages de nos vies avec des absents.



Il narre les étapes avec une langue vraie et bien maniée. Des mots posés sur ce qui étouffe, il rend clair tout à coup ce que l'on pensait contradiction existentielle inavouable.



Effet miroir garanti.



A ceux qui se retrouve contre toute attente, à trier, revivre, dire au revoir à un monde qui devient passé à chaque instant ce livre permet de voir un avenir plus apaisé. Très beau et sans prétention.



N'ayez pas peur: il ne donne pas de direction à prendre, il relate.
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Assez émouvant comme petit livre portant sur un sujet douloureux, le deuil de nos parents. Comment clore un pan d'une vie, que faire de tous ces souvenirs qui se sont amoncelés au fil des années ? Vider la maison de ses parents, pas chose aisée, un vrai crève coeur. Double perte, celle des parents aimés et tous les objets qui rappellent aux bons souvenirs. Difficile, ce mot est déjà bien faible face à cette épreuve.

Une belle réflexion sur le deuil mais aussi sur les objets.

Un court récit mais intense chargé de ce vécu.

Nous sommes tous confrontés un jour ou l'autre à ces moments pénibles, lire ce petit récit peut sans doute vous apporter une lumière, un soutien, même si chaque cas est différent, et vécu plus ou moins sereinement, nous ne pouvons restés indifférent à ce passage de notre existence.
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Avec beaucoup de sensibilité et une grande précision, Lydia Flem aborde un sujet grave, celui du deuil des parents : tous, un jour (du moins dans la logique plus ou moins naturelle des choses) nous perdrons nos parents, et la séparation se marquera notamment par une autre forme de présence, qui pourrait se révéler encombrante : l'héritage qu'ils nous légueront.



Lydia Flem est non seulement écrivain mais elle est aussi psychanalyste. Cela se ressent, notamment par ses références à Freud, dans la réflexion approfondie qu'elle mène sur la mort des parents quand on est un adulte déjà accompli, sur l'ambivalence des sentiments qui peuvent survenir : « Comment oser raconter à quiconque ce désordre des sentiments, ce méli-mélo de rage, d'oppression, de peine infinie, d'irréalité, de révolte, de remords et d'étrange liberté qui nous envahit ? » (p. 9) Car dans notre société, peu d'espace, peu de temps sont accordés aux endeuillés pour traverser la perte et retrouver un nouvel équilibre des relations.



Une des premières réalités les plus visibles de ce travail de deuil est l'héritage, c'est-à-dire se retrouver tout à coup propriétaire légal de biens que les parents ne nous ont pas nécessairement transmis, donnés clairement de leur vivant. Que faire des objets, des papiers, des souvenirs personnels, de cette maison à vider ? Vider, un verbe cruel que Lydia Flem égrène avec une grande lucidité.



Face à cette tâche, elle est d'abord et avant tout une fille, une fille unique qui prend d'abord le temps de raviver les derniers jours, les derniers instants de ses deux parents, et surtout de sa mère partie en dernier, et dont elle a respecté les dernières volontés. Un respect qui apaise un peu sa douleur et l'aide à trouver grâce aux yeux de cette mère jamais satisfaite des efforts de sa fille pour se faire aimer telle qu'elle était. Vient ensuite le temps, long, terriblement long, souvent teinté d'amertume, d'incrédulité, où il lui faut ranger, trier, vider la maison, pièce par pièce. Une maison où ses parents ont accumulé et gardé les papiers, les objets, les souvenirs de toute une vie, sans jamais rien jeter. Une tâche gigantesque, presque insurmontable et pourtant libératrice pour une fille qui n'avait jamais vraiment trouvé sa place dans la lignée familiale marquée par la Shoah et les nombreux membres déportés et gazés à Auschwitz. Une histoire que ses parents n'avaient jamais racontée clairement à Lydia, comme pour se protéger et pouvoir recommencer une nouvelle vie malgré l'horreur.



Ainsi, au fur et à mesure des découvertes, des choix cornéliens, « garder, offrir, vendre ou jeter », Lydia Flem peut à la fois se détacher et se réapproprier l’héritage de ses parents. En témoignent les listes, les longues listes d’objets trouvés dans la maison, le passage très émouvant sur les vêtements cousus et portés par sa mère, les dons qu’elle réussit à faire à des amis pour que les choses puissent vivre une nouvelle vie. Et ainsi à travers ce lent travail minutieux, l’héritière passe du chagrin à la joie, de la mort à la renaissance. On sent que les souvenirs ne sont pas achevés, il n’y a pas de point final à ce premier volet d’une trilogie autobiographique.
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Tout d’abord, âme sensible s’abstenir d’acheter, d’emprunter et surtout de lire ce petit livre de 152 pages. Au fil des pages, j’ai senti mon cœur se serrer et j’ai du aller au bout de mon malaise pour arriver à la fin indemne car ce roman fait mal.

Lydia Flem a exprimé tous ses sentiments refoulés, extériorisé sa douleur et vidé son cœur comme elle a vidé la maison de ses parents. En même temps, elle nous communique ses doutes et son angoisse et ça se ressent jusqu’à la dernière page et on a presque envie de pousser un grand OUF de soulagement. La tâche qui lui incombe n’est pas de tout repos et d’une certaine manière, elle nous fait partager son héritage.

A lire si le cœur vous en dit !

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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Après Comment j’ai vidé la maison de mes parents, lu en 2015 (déjà !?), voici le deuxième volet de la trilogie autobiographique de Lydia Flem. Dans le premier, elle racontait le deuil, le difficile travail de vider la maison (garder, offrir, vendre ou jeter) et elle comprenait que tout ce que ses parents avaient entassé sans jamais rien jeter leur servait sans doute de rempart contre le vide de leurs débuts, marqués par la Shoah.



Après tout ce travail de tri, il reste trois boîtes remplies de lettres soigneusement numérotées. Des lettres écrites surtout entre 1946 et 1949, depuis le moment où Boris Flem rencontre par hasard Jacqueline Esser à Leysin, dans le sanatorium où elle se fait soigner de la tuberculose sévère contractée dans les camps : résistante, elle a été déportée à Auschwitz et a subi les marches de la mort jusqu’à Ravensbrück. Lui n’a plus de famille ou si peu, on ne s’est d’ailleurs jamais bien occupé de lui, il a lui aussi été déporté dans un camp de travail. Une amitié naît, qui se nourrira de longues lettres et qui se transformera en un amour plus fort que la solitude, plus fort que la maladie et la mort.



Cet amour restera fort toute leur vie. Il pèsera lourd aussi sur leur fille unique : Boris et Jacky étaient tout l’un pour l’autre, ils comblaient l’un pour l’autre toutes les pertes que la guerre leur avait fait subir, la fragilité physique de Jacky lui interdisait toute grossesse et pourtant Lydia est née, heureusement bien désirée, pas le fruit du hasard ou de l’oubli.



La maladie a toujours fait partie de la vie de la famille : régulièrement, Jacqueline retournait en Suisse pour des cures ; plus tard, elle gardera de lourdes séquelles d’un accident de voiture. Cela lui a à la fois forgé un moral de battante mais aussi fait surprotéger sa fille.



En lisant et en classant ces lettres, Lydia Flem comprend mieux pourquoi elle a toujours senti qu’elle ne pourrait jamais satisfaire sa mère, si avide d’attention et d’amour. Elle a bien sûr réussi à se construire, elle raconte comment l’imagination et la lecture l’ont aidée.



Au final, ce travail sur les lettres, commencé dans le doute, la crainte de la curiosité malsaine a permis à Lydia Flem de faire son deuil, de mieux comprendre ses parents et de se comprendre elle-même.



Comme pour le premier tome, cette lecture a été très prenante. L’histoire d’amour des parents de Lydia Flem est touchante et l’expérience intime, personnelle de la fille prend des dimensions universelles par la clarté de son regard de psychanalyste, par la bienveillance qui se dégage de l’ensemble du livre.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Les parents disparus, les enfants quittant le nid, les changements qui s'opèrent au coeur de la famille sont majeurs, indélébiles.



Coincés entre deux générations, ceux à qui nous devons l’existence, ceux à qui nous l’avons donnée, qui sommes-nous désormais ?

Quel sens donner à notre existence quand les repères vacillent, quand les rôles changent ?



Comment faire de cette double perte une métamorphose intérieure, un nouveau départ ?

C'est le sujet de cette psychobiographie que nous offre là l'auteure psychanalyste Lydia Flem et ça se laisse lire. Gentiment....
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Ce livre me faisait de l'oeil depuis un moment chez mon libraire et un jour, j'ai cédé à la tentation de l'appel secret. Quel heureux bonheur de l'avoir découvert. Le sujet m'a beaucoup touché. Lorsque nos parents décèdent il reste la maison. Celle avec leurs souvenirs, les nôtres et tous ces objets remplis d'histoire et d'espoir. Comment les voir ailleurs que là, cet endroit où on les a toujours connu. On ne peut pas tout ramener chez soi. Mais que faire? Une vague d'émotions arrivent et il est bien difficile de la gérer. On se retrouve face à une solitude bien difficile à gérer.



En plus, l'auteur apprend plus sur le passé de ces parents qui ont été déporté pendant la seconde guerre mondiale. Un secret qui le devient moins à la découverte de lettre, de vêtement, d'arbre généalogique... mais une souffrance secrète s'opère dans son coeur. Une histoire qui rend plus fort ou plus faible? Le futur lui dira.



Cela m'a fait penser à ma famille, à ces objets que ma mère collectionne et qui remplissent trop la maison. Elle me raconte encore et encore leurs histoires que cela soit la gamelle de mon grand-père lorsqu'il allait à l'usine ou la photo de l'arrière grand-mère. Peut-être devrais-je faire un livre de souvenirs des objets. Pourquoi pas. Que faire de tous cela? Comment en parler à mes parents? Devrait-il nous donner déjà quelques objets comme si ils nous les prédestinaient? Une lecture qui m'a chamboulé.
Lien : http://22h05ruedesdames.word..
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La Reine Alice

Avec la même distance étonnée que celle de Lewis Carroll, l'Alice de Lydia Flem raconte sa plongée au coeur du nonsense. Au fond, n'est-ce pas cela la maladie ? Un monde à l'envers où l'on ne reconnaît rien et où, dérouté, sans carte ni boussole, on est bien forcé d'"épouser le déséquilibre" ?



Source : Le Monde
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Ce livre m'a touché, au plus profond de moi. Il est écrit avec une grande sensibilité et surtout, beaucoup de pudeur. Je suis passée, comme l'auteure, par cette étape importante de ma vie, cela m'a peiné mais paradoxalement, fait grandir aussi. Un très bon livre qui fait du bien.
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Ce roman décortique tous les sentiments ressentis lorsqu'il faut " vider " la maison de ses parents, non seulement de ses biens matériels, mais aussi de ses souvenirs.

Rude tâche !

J'ai pensé, à un certain moment, suite à une énumération un peu longue, à un inventaire " à la Prévert ". Ne manquait que le raton laveur.

Très intéressant car bien analysé.



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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Lydia Flem perd sa mère peu de temps après son père. La voici orpheline. Fille unique, elle devient l'héritière et doit vider la maison. Objets, souvenirs, papiers, que garder, donner, vendre, jeter? Il faut s'immiscer dans l'intimité des disparus. Les parents de Lydia gardaient tout. Rescapés de la Shah ayant tout perdu, ils gardent.

Lydia Flem est psychanalyste, écrivaine, photographe. Elle connaît les sens des mots, des actes. Mais elle est comme nous tous, elle patauge dans ce temps de deuil et ne sait que faire.

Un livre qui se lit très facilement alors qu'il aborde un sujet difficile et douloureux.

Une écriture pleine d'acuité et de légèreté malgré tout.
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Comment j'ai vidé la maison de mes parents, t..

Le sujet est rarement abordé car lorsque comme moi, on ne l'a pas encore vécu, on se refuse à y penser. Pourtant, si l'ordre des choses est respecté, je suis sûre que je repenserai à ce livre le moment venu. Le trouble, la culpabilité et la peine que l'on imagine sont décrites, avec justesse, dans les moindres gestes et détails. Dans le cas de l'auteure, le fait de "vider la maison" remet en lumière le tabou, non pas caché mais jamais raconté de l'histoire douloureuse de ses parents: ils furent déportés et ont perdu une grande partie de leur famille.

C'est un beau livre, un témoignage qui peut réellement aider, je crois, à mieux appréhender cette situation à venir ou passée.
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Je me souviens de l'imperméable rouge que je ..

Cet objet littéraire est comme un album où toutes les photos seraient mélangées. On y trouve côte à côte des souvenirs de la semaine dernière, comme des années 60. Des clichés de famille ou des portraits de gens célèbres. Des anecdotes personnelles ou de la grande Histoire.

Un régal. Léger comme du tulle, mais riche comme un brocard ancien.

Le texte fait écho à notre propre vécu. Remet en lumière des instants qui paraissaient enfouis, englués dans les sous-sol de la mémoire. Parce que les souvenirs, si on ne les convoque pas de temps en temps, ils palissent, à devenir transparents et s'effilochent comme un pull aimé, trop porté.



Alors après lecture on se souvient aussi.

Je me souviens de cette combinaison jaune pale que l'on m'avait achetée chez Marks & Spencer dans les années 80.

Je me souviens de cette tenue beaucoup trop originale que portait ma mère lors d'une réunion parents-profs et pour laquelle je l'avais vertement rabrouée.

Je me souviens de cette robe que j'aimais quand j'avais 5 ans et qui rapetissaient à mon grand désespoir, ne comprenant pas que c'était moi qui grandissait.



Les vêtements sont nous. Certains restent très longtemps et d'autres passent fugaces. Quand leur propriétaire disparait, ils deviennent orphelins.

Portant encore pour quelques temps le parfum de leurs hôtes et le souvenir qu'on en a.



C'est un beau texte où l'on apprécie ce qui est trop souvent considéré comme futile. Où l'on parle de patrons, de surfil, de pattemouille, de ces dames chapeautées et ces messieurs gantés. Mais aussi de cape d'invisibilité, de baskets. Bref, le vêtement est passé, présent. Il se touche, s'enlève, se revêt, se donne, se fait discret ou insolent. A l'image de celui qui le porte.

Je regrette juste que l'on ne parle pas plus de son parfum, de son odeur. Le vêtement neuf, le pull en laine mouillé, l'eau de toilette qui imprègne le foulard maternel ou la cravate paternelle, le tee-shirt en sueur, le bloomer qui sent le lait bébé, le vieux chapeau en feutre de grand-mère qui fleure l'antimite, ou le manteau dont les effluves de friture trahissent le menu du déjeuner.



Alors faut-il le lire ? Oui. Un grand oui. Prenez le temps pour cette frivolité pas si frivole que ça finalement.
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Racine

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Thèmes : portraits d'écrivains , Peinture française , peinture anglaiseCréer un quiz sur cet auteur

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