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Comment j'ai vidé la maison de mes... tome 2 sur 4
EAN : 9782020909013
253 pages
Seuil (12/10/2006)
4.17/5   18 notes
Résumé :

Parmi tous les souvenirs qui me restaient de mes parents, ceux qui occupaient une place unique, les plus fragiles, peut-être, se trouvaient dans trois boîtes découvertes dans leur grenier. Trois boîtes en carton que j'avais emportées chez moi sans les ouvrir. Je savais qu'elles contenaient la correspondance amoureuse que mes parents avaient échangée pendant trois ans, entre leur rencontre fin septembre 1946 et leur maria... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Billet très, très bref écrit en mai 2013 sur un texte pourtant adoré et induisant tant d'émotions universelles... A RELIRE, sûrement! [ 28 avril 2021]

Un récit très poignant...avec tant de passages soulignés, sur une multitude de sujets délicats parlant de la complexité des histoires familiales et par là-même de nos origines. Une femme trouve dans une malle la correspondance de ses parents avant sa naissance...Que sait-on de l'amour de nos parents ? Roman des origines que chacun rêve de découvrir. au fil de leurs lettres s'écrit aussi notre histoire: sommes-nous nés de l'amour ?
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Après Comment j'ai vidé la maison de mes parents, lu en 2015 (déjà !?), voici le deuxième volet de la trilogie autobiographique de Lydia Flem. Dans le premier, elle racontait le deuil, le difficile travail de vider la maison (garder, offrir, vendre ou jeter) et elle comprenait que tout ce que ses parents avaient entassé sans jamais rien jeter leur servait sans doute de rempart contre le vide de leurs débuts, marqués par la Shoah.

Après tout ce travail de tri, il reste trois boîtes remplies de lettres soigneusement numérotées. Des lettres écrites surtout entre 1946 et 1949, depuis le moment où Boris Flem rencontre par hasard Jacqueline Esser à Leysin, dans le sanatorium où elle se fait soigner de la tuberculose sévère contractée dans les camps : résistante, elle a été déportée à Auschwitz et a subi les marches de la mort jusqu'à Ravensbrück. Lui n'a plus de famille ou si peu, on ne s'est d'ailleurs jamais bien occupé de lui, il a lui aussi été déporté dans un camp de travail. Une amitié naît, qui se nourrira de longues lettres et qui se transformera en un amour plus fort que la solitude, plus fort que la maladie et la mort.

Cet amour restera fort toute leur vie. Il pèsera lourd aussi sur leur fille unique : Boris et Jacky étaient tout l'un pour l'autre, ils comblaient l'un pour l'autre toutes les pertes que la guerre leur avait fait subir, la fragilité physique de Jacky lui interdisait toute grossesse et pourtant Lydia est née, heureusement bien désirée, pas le fruit du hasard ou de l'oubli.

La maladie a toujours fait partie de la vie de la famille : régulièrement, Jacqueline retournait en Suisse pour des cures ; plus tard, elle gardera de lourdes séquelles d'un accident de voiture. Cela lui a à la fois forgé un moral de battante mais aussi fait surprotéger sa fille.

En lisant et en classant ces lettres, Lydia Flem comprend mieux pourquoi elle a toujours senti qu'elle ne pourrait jamais satisfaire sa mère, si avide d'attention et d'amour. Elle a bien sûr réussi à se construire, elle raconte comment l'imagination et la lecture l'ont aidée.

Au final, ce travail sur les lettres, commencé dans le doute, la crainte de la curiosité malsaine a permis à Lydia Flem de faire son deuil, de mieux comprendre ses parents et de se comprendre elle-même.

Comme pour le premier tome, cette lecture a été très prenante. L'histoire d'amour des parents de Lydia Flem est touchante et l'expérience intime, personnelle de la fille prend des dimensions universelles par la clarté de son regard de psychanalyste, par la bienveillance qui se dégage de l'ensemble du livre.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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" Parmi tous les souvenirs qui me restaient de mes parents, ceux qui occupaient une place unique, les plus fragiles, peut-être, se trouvaient dans trois boîtes découvertes dans leur grenier. Trois boîtes en carton que j'avais emportées chez moi sans les ouvrir. Je savais qu'elles contenaient la correspondance amoureuse que mes parents avaient échangée pendant trois ans, entre leur rencontre fin septembre 1946 et leur mariage le 1er décembre 1949. Fallait-il les jeter sans les regarder ou bien les lire? "

Heureusement pour nous, Lydia Flem ouvrira cet abondant courrier et découvrira dans ces lettres bien plus qu'une histoire d'amour originale d'une force incroyable, mais la preuve que notre histoire ne s'écrit pas sur une feuille blanche : " Dès notre conception, nous nous trouvons saisis dans une autre histoire, celle de nos parents, de nos grands-parents, même si nous naissons longtemps après leur mort. Dans la suite des générations, notre place est désignée, nous ne sommes pas libres de nous-mêmes. "

Ce livre, preuve qu'il faut assumer le passé pour ouvrir les horizons du présent est un trésor de sensibilité et d'humanité.
La douleur de la guerre, la force de reconstruction et tant d'autres choses encore y sont traités avec une immense sensibilité au travers des lettres, des commentaires de l'auteure, fille des expéditeurs.

Un bijou, une révélation basée sur une histoire vraie et qui se lit d'une traite, avec, forcément  des pauses nécessaires pour savourer la portée de certaines idées, et la délicatesse des sentiments évoqués.
Lien : http://justelire.fr/lettres-..
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Mes dix mots inspirés par cette lecture :
- Correspondance
- Attente
- Union
- Résilience
- Mère-fille (relation)
- Questionnements
- Indiscrétions
- Shoah
- Maladies
- Soutien
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Souvent j’ai regretté les frères et soeurs qui ne sont pas nés après moi, mais j’étais fière de savoir que j’avais été désirée. L’amour qu’on a reçu dans sa petite enfance ne disparaît pas, il nous donne une force au fond de soi qui ne peut jamais être vaincue. Malgré tous les reproches que je pouvais et pourrais encore faire à mes parents, je leur dois, à tous les deux, d’avoir été aimée. Même fort, même mal, mais aimée. Sur la partition de notre histoire ne s’effacent pas les étranges détours de l’inconscient de nos parents. Nous avons été modelés autant par ce qu’ils ont voulu nous transmettre que par ce qu’ils nous ont transmis à leur insu. Une généalogie inconsciente, sur plusieurs générations, nous traverse. Nous portons, souvent sans nous en douter, des blessures venues de nos ascendants, d’anciennes missions, de lourds secrets. Il ne nous est pas toujours donné d’en d’éclaircir les ombres, d’en dénouer les liens. Nous faisons notre vie cahin-caha, et à réfléchir à l’histoire de nos parents, de nos ancêtres, nous parvenons parfois à ne pas répéter leurs destins, mais à nous en échapper en partie. À faire un pas de côté. (p. 178-179)
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Il me fallait du temps pour découvrir que l'absence des disparus, imperceptiblement moins aiguë, moins obsédante, se changerait, jour après jour, en une présence amie, emplie de tendresse et d'une mélancolie bienheureuse. La perte donnait naissance à un lien nouveau, inédit, unique, encapsulé, à l'abri de la réalité quotidienne. Il me semblait que mes parents disparus se fondaient en moi. Je les abritais, ils m'emplissaient.J'évoquais leurs manières d'êtres, leurs gestes, leurs paroles, je jouais avec l'idée que, s'ils étaient encore là, ils diraient ceci ou cela, réagiraient comme ci ou comme ça. Je dialoguais avec eux. je les faisais miens.
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Ecrire une lettre, c'est se confier à un autre qui n'est pas là. L'espace de la lettre ouvre un espace intérieur, un moment de réflexion, de méditation, une ouverture vers l'inconnu de soi.
Il y a une immense liberté possible dans la rédaction d'une lettre.
On est avec soi tout en pensant à l'autre lorsqu'on l'écrit.
On est avec l'autre tout en étant seul lorsqu'on la reçoit.
Echanges différés dans le temps.
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Je n’avais pas mis de point final à ma dernière phrase.
Mon chagrin était encore trop vif, la perte trop écrasante. Je ne pouvais pas imaginer que ma peine se ferait petit à petit moins violente, qu’elle deviendrait une compagne apaisée, assourdie, faite de souvenirs et d’évocations réconfortantes. Le deuil n’était pas clos. J’en étais encore prisonnière.
Il me fallait du temps pour découvrir que l’absence des disparus, imperceptiblement moins aiguë, moins obsédante, se changerait, jour après jour, en une présence amie, emplie de tendresse et d’une mélancolie bienheureuse. La perte donnait naissance à un lien nouveau, inédit, unique, encapsulé, à l’abri de la réalité quotidienne. Il me semblait que mes parents disparus se fondaient en moi. Je les abritais, ils m’emplissaient. J’évoquais leurs manières d’être, leurs gestes, leurs paroles, je jouais avec l’idée que s’ils avaient été encore là, ils diraient ceci ou cela, réagiraient comme ci ou comme ça. Je dialoguais avec eux. Je les faisais miens. Ils ne pouvaient plus démentir ce que je pensais d’eux. Une sorte d’aura idéalisée les entourait. Rien ne venait plus contredire mes sentiments à leur égard. Ils se coulaient en moi. Parmi toutes leurs facettes, je choisissais celles qui me convenaient, je les embellissais, j’immobilisais les meilleurs souvenirs, les moments les plus drôles, les plus affectueux, les plus riches d’émotions.
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Je voudrais meubler votre petite chambre de mes pensées affectueuses et vous, en retour, seriez assis au chevet de mon lit. Ne trouvez-vous pas merveilleux de pouvoir s'épauler ainsi l'un l'autre à distance ?
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Videos de Lydia Flem (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lydia Flem
"J'entre ici en perdante. Je sais que les mots ne pourront rien. Je sais qu'ils n'auront aucune action sur mon chagrin, comme le reste de la littérature. Je ne dis pas qu'elle est inutile, je dis qu'elle ne console pas." C'est ainsi que débute Inconsolable, le livre que nous explorons au cours de cet épisode.
À travers un récit porté par une narratrice confrontée à la mort de son père et qui scrute, au quotidien, la douleur, la tristesse, le monde qui n'est plus le même et la vie qui revient malgré tout, son autrice, la philosophe Adèle van Reeth, tente de regarder la mort en face et de mettre des mots sur cette réalité de notre condition d'êtres mortels. C'est un livre qui parle de la perte des êtres chers et qui est en même temps rempli de vie.
Adèle van Reeth nous en parle au fil d'un dialogue, où il est question, entre autres, de la difficulté et de la nécessité d'écrire, de la vie avec la tristesse et d'un chat opiniâtre. Et à l'issue de cette conversation, nos libraires Julien et Marion vous proposent de découvrir quelques livres qui explorent la question du deuil.
Bibliographie :
- Inconsolable, d'Adèle van Reeth (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21563300-inconsolable-adele-van-reeth-gallimard
- La Vie ordinaire, d'Adèle van Reeth (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20047829-la-vie-ordinaire-adele-van-reeth-folio
- le Réel et son double, de Clément Rosset (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/501864-le-reel-et-son-double-essai-sur-l-illusion-e--clement-rosset-folio
- L'Année de la pensée magique, de Joan Didion (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/1177569-l-annee-de-la-pensee-magique-joan-didion-le-livre-de-poche
- Comment j'ai vidé la maison de mes parents, de Lydia Flem (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16192372-comment-j-ai-vide-la-maison-de-mes-parents-une--lydia-flem-points
- Rien n'est su, de Sabine Garrigues (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22539851-rien-n-est-su-sabine-garrigues-le-tripode
- Vivre avec nos morts, de Delphine Horvilleur (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21199965-vivre-avec-nos-morts-petit-traite-de-consolati--delphine-horvilleur-le-livre-de-poche
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