AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Maria Pourchet (332)


Cette femme s'appelle Laure, elle m'aime, comme quoi. Pour le moment aveugle mais pas trop con, Laure comprend peu à peu ce qui l’attend en termes de nous. Rien. Absolument rien au-delà du pronom. C'est une femme avec des idées, je suis un homme avec un chien, je ne peux pas être partout. Je ne supporte que les fictions, elle a toujours la nostalgie de la vérité. Ses idées c'est vivre, les miennes c'est attendre, un chien devant moi. Bref, vous voyez.
Commenter  J’apprécie          512
Élisabeth renonce. Encore un peu on va la mordre. ElIe doit passer un appel, ne retient pas la visiteuse puisque c'est écrit, noir sur blanc, sur son badge. Elle mettra ce registre singulier sur le compte de la notoire créativité. Encore une chose, Reine, une innovation managériale. On réserve ici à tout opérationnel arrivant une singulière épreuve, vous allez voir c'est très ludique : présenter en trente slides sa quête pour le groupe. Exactement, sa quête. C'est inspiré du Tao, vous savez le jeu. Il s'agit d'exposer les origines de votre mission, pourquoi vous, vos armes et vos limites, votre historique et vos objectifs, vos projections. Merci de mettre des chiffres, des graphes, sinon c'est flou. Et des visuels, sinon, c'est chiant. Vous présenterez votre quête aux collaborateurs, ils verront tout de suite où ça déconne. Vous allez voir, c'est très contemporain.

Pages 32-33, Gallimard, 2019.
Commenter  J’apprécie          505
L'argent travaille lui aussi, comme tout le monde. Et quand il ne travaille plus, converti en biens immobiliers et revenus locatifs, il garantit l'avenir, sans quoi on nage dans l'incertitude comme les parents de Pierre. Et comme eux on sera réduit à la conjurer dans la bouffe, l'alcool, le Xanax et les crédits revolving, merci bien. On parle de Pierre comme s'il était là, c'est parfaitement désobligeant, oui. L'équilibre de Pierre, pour ne pas dire sa félicité, repose sur la prévision. Entre autres petits placements sans risque dans de jeunes entreprises du big data, ils disposent avec Reine de deux studettes dans le arrondissement louées sans risque à des locataires eux-mêmes entretenus par leurs propriétaires de parents. Ajoutés à cela, deux appartements à Saint-Jean-CapFerrat, loi Pinel, assureront des revenus locatifs en cas non pas de licenciement mais de réflexion, envie de liberté, nécessité d'émigration. La France pourrait devenir insupportable, décevante au moins, l'histoire l'a montré. Enfin, un compte est approvisionné dans le cas plus que probable où la mère de Pierre, fantasque retraitée de l'enseignement primaire, témoignerait d'une soudaine perte d'autonomie et voudrait vivre chez son fils. Pierre a évalué le coût de six ans de pension complète en maison de repos. Il a placé le total à taux fixe et depuis il respire. Ils ne partent pas en vacances tous les quatre matins, inutile. Pierre est suffisamment détendu à l'idée que sa mère ne viendra pas tacher le chesterfield.

Page 50, Gallimard, 2019.
Commenter  J’apprécie          496
Être mère, je l’apprendrai avec les semaines, c’est trouver des endroits sur Terre, des coins dans les maisons et pouvoir en puissance aller très loin. Je chercherai un lieu frais pour veiller ton sommeil en été. Un lieu pour te regarder marcher. Je chercherai encore un lieu sûr pour te laisser, quand il s’agira pour moi de disparaître ou de guérir. Je chercherai les lieux sans bruit pour te parler, nous cacher.
Commenter  J’apprécie          420
Trouver un bouvier bernois, même gare de l’Est, ce n’est pas normal.
Il insiste. Le mec a fait douze ans d’études pour prescrire du Xanax à des Maincoon stérilisés et il va nous apprendre ce qui est normal.
Commenter  J’apprécie          380
Laure est passée d’une robe corail à déjà nue, les bras dorés, c’est tôt dans la saison pour des marques de maillot sur les hanches, elle est censée travailler en journée. Elle aura une terrasse dans sa baraque de banlieue, un endroit où s’étaler. Je me concentre sur des conneries vu qu’elle est très belle et surtout trop près, déjà très au-delà des gestes barrières. C’est difficile la peau nue d’un coup, sans un écran devant, j’avais oublié. Elle a un petit chat dans les yeux, et sur le front, et dans les mains, elle me terrorise alors je me désape et je dis voilà, qu’elle ne s’attende pas à plus. Pas plus qu’un corps noueux, blanc tirant sur le vert, monté correctement je suppose. Je n’ai jamais su me situer sur l’échelle des queues.
Commenter  J’apprécie          377
Tu vas me dire, elle est intéressante, elle sait des choses. Precisement ça m’énerve, ça prend de la place. Et savante c'est Ie terme poli pour dire pauvre chez les diplômés, un prof ça gagne quoi, 2 000 balles. Tu vas me dire, elle est belle. Tu plaisantes ]'espère ? C'est périssable et pas toujours vrai. Elle est honnête. En effet. C'est du reste une vertu appréciable chez une crémière, un poissonnier, quand la question c'est la fraîcheur de la came. C'est d'un rural, l’honnêteté, surtout qu'elle l'a perdue. La preuve elle trompe son mari. Elle est forte ? Arrête, elle chiale tout Ie temps et j'en fais ce que j'en veux. Elle me trouve beau. C'est vrai, mais elle va se réveiller. On baise bien. La j'ai rien a dire. Mais enfin, elle n’aime pas les chiens et moi je n'ai jamais aimé les profs, alors de quoi on parle. Nous n'avons elle et moi rien en commun, sinon une chose : on ne se comprend pas.
Commenter  J’apprécie          311
Des filles qui montrent leurs genoux, elle dit qu’elle sont vulgaires, nous sommes en 1996. Des jolies, des soignées, qu’elles singent leur mère. Le féminin est condamné. Une porte après l’autre. Je ne sais plus par où passer. Tout est interdit, tout est porno. Elle m’arrache des mains le Journal d’une femme de chambre, sur la liste des lectures du collège, porno. Elle éteint la radio, porno. Des filles qui s’épilent les mollets elle dit aguicheuses et les bronzées sont des folles.
Moi je te protège. Tu me diras merci.
Commenter  J’apprécie          300
Maria Pourchet
Tu ris toute seule de consumer en une phrase des générations de bienséance, de convenances, de principes, de préceptes, de prudence, de pudeur, de punition, de réserve, de respect, de tact, de vertu….. et pour dire quel bien ça fait , en revanche tu n’as pas de mot.
Commenter  J’apprécie          260
Tu voudrais lui avouer que la guerre des sexes n’a jamais été la tienne, tu avais autre chose à faire. Naître n’importe où, tenir, trouver comment t’arracher, apprendre par cœur des livres entiers jusqu’au dégoût, trouver un homme, le perdre, trouver à bouffer, accoucher, faillir être bouffée, renaître, retrouver, accoucher.
Commenter  J’apprécie          210
Le discours amoureux, planquant ses armes létales, peut porter la charge plus loin chez l’autre en territoire intime. Autrement dit « je t’aime » est un chaton ceinturé d’explosifs qu’on prend dans ses bras et boum.
Commenter  J’apprécie          202
D'après le médecin, j'ai tous les indicateurs de la joie au taquet. L'ocytocine, la dopamine, la sérotonine, la phénilathyline. Les endomorphines je ne sais pas mais ça doit être un festival.
Commenter  J’apprécie          181
Il est bien là, Paul, C’est un sentiment court et parfait, toujours difficile à décrire. Plus un état qu’un sentiment d’ailleurs, car tout cela est avant tout physiologique, disons que chaque cellule de Paul se trouve pour une fois à sa place, heureuse de son sort dans ce corps libre et avachi et, brièvement, Paul ne manque de rien. A la rigueur, une petite pipe. Si l’on voulait être perfectionniste. A la rigueur. Voici justement qu’apparait Marguerite mais ne rêvons pas.
Commenter  J’apprécie          180
M. Pierre Bourdieu est un sociologue très célèbre qui a inventé la misère du monde qui ne lui avait rien demandé.
Commenter  J’apprécie          170
Le bananier parlons-en, on vous le colle à tous les balcons, c’est bien joli mais on ne lui rend pas service. Il n’est pas prévu pour la ville, le bananier, il crève.
Commenter  J’apprécie          160
Tu commentes, machinale et savante, puis tu te tais afin qu'ils rédigent. Tu trouves encore un repos dans ces trois temps que tu connais par cœur. Tu aimes enseigner comme on se délivre d'un corps lourd. Tu fais de ton mieux, le reste ne t'appartient plus.
Les enseignants du supérieur se font démolir ou remercier à coups d'étoiles sur des applications dédiées au partage d'expérience, comme le première chambre d'hôte venue. Tu songes à cela, en contemplant les rangées de masques cousus main. Tu songes aussi qu'il ne reste rien à part Vanessa Paradis, rien au monde où tu es née.
Commenter  J’apprécie          150
Pour qui n'aurait jamais vu de création sous Power Point un peu chiadée, et même pour les autres, la proposition technologique de Benoît forçait l'admiration. Des couleurs lumineuses, quasi réelles, des contrastes parfaits, des effets de transitions de la dernière recherche : les silhouettes se détachaient des photographies tels des fantômes et, dans un fondu enchaîné, prenaient place dans la suivante, à chaque écran, des inserts furtifs indiquaient les prénoms des figurants afin que l'on s'y retrouve. Un moment dans l'histoire de l'électricité. Benoît avait dû y consacrer des journées entières, des trésors d'habileté, de patience, de doigté, on ne pouvait que s'interroger sur ses motifs. Qui se ferait ainsi chier pour rien ?
Commenter  J’apprécie          150
C’est comme les hanches, ajoutait-elle juste parce qu’une idée en entraîne une autre, ses hanches, il ne faut pas lui en parler.

- Tu exagères, opposa Michel, elle est mince comme tout. Un roseau.

Sabine ne disait pas le contraire. La belle affaire que Marguerite soit fine avec ce qu’elle mangeait : rien. La privation n’avait cependant aucun effet sur sa région postérieure et Marguerite continuait de faire face à un sérieux problème de pantalon, était-ce bien sérieux de risquer l’anémie pour rester au seuil du 40, Sabine posait ce soir la question. Les femmes callipyges, c’est beau en peinture mais moins en jean, crut-elle bon d’ajouter. Personne ne se gaussant, Sabine rappela le caractère permissif de la date, cette règle universelle voulant que le samedi on puisse se lâcher. Sinon, franchement c’est quand ?
Commenter  J’apprécie          140
Paul n'est pas tout à fait sot, Paul est diplomate qui rassure le partenaire quant à l'atmosphère du foyer, sa tranquillité, son repos. Il évoque du quotidien la quiétude, le confort, la douceur. Mais la rhétorique est une tentation persistante. Tu remarqueras que je dis la douceur, souligne Paul, j'aurais pu dire la fadeur, mais non. Prétérition, synonymes, et tout le bazar, Marguerite s'en prend plein la gueule et s'en rend compte.
Commenter  J’apprécie          140
Le succès vint qui statistiquement se décrit par le nombre de visites, le montant de la caisse après la fermeture, les abonnés au Facebook officiel, le volume de recommandations, les conversations en ville qui, à un moment ou un autre évoquait l’État Sauvage comme une plage secrète, les gens dans les affaires qui voulaient savoir qui connaissait quelqu’un qui avait le numéro de cette fille. On disait que Reine avait trouvé un truc, rapproché l’Atlantique de Paris, placé au cœur de la ville ce qui était à quatre heures de train. Quelqu’un voulait savoir pour quelqu’un qui cherchait pour son fils quelle école de commerce avait formé cette pépite, on supposait que c’était loin, aux Amériques probablement. À l’État Sauvage, on s’y rendait pour vérifier si c’était vrai, qu’on vous vaporisait vraiment un peu d’eau de mer dans les cheveux. C’était vrai. On avait du volume, un peu de sel sur les lèvres. On prétendait que les algues en jus contenaient autant de fer et de protéines que de la viande rouge, on tapait sur Google le nom de Reine. Qui n’avait pas encore essayé se disait par-devers soi, quel con. Tu vas voir que quand je me réveillerai il faudra faire la queue.
Il faut déjà faire la queue. »  121
Commenter  J’apprécie          130



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Maria Pourchet Voir plus

Quiz Voir plus

Oh, Antigone !

Comment se prénomme la sœur d'Antigone ?

Sophie
Hermine
Ismène

10 questions
3143 lecteurs ont répondu
Thème : Antigone de Jean AnouilhCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..