AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Maria Pourchet (559)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Western

A la différence de Feu, Western ne m'a pas enflammée. Et c'est bien dommage. Malgré la plume virevoltante de Maria Pourchet. Malgré ses réflexions incisives sur la séduction, l'emprise, la passion amoureuse, le théâtre. Et la fin très réussie du roman. J'ai trouvé l'histoire décousue et trop bavarde. le style qui habituellement me séduit m'a perdue parfois. Trop de verbiage. Et ces personnages en fuite qui finissent par se croiser et s'apprécier m'ont paru guère aimables. Je n'ai pas eu envie de les suivre, poursuivre, découvrir, aimer (rayer la mention inutile 😀)

Une lecture en demi-teinte par conséquent (pas moins puisque je l'ai terminé). Un coup de coeur chez d'autres

Il ne vous reste donc plus qu'à le parcourir pour vous faire un avis 😉.

De mon côté je continuerai à lire ses prochaines parutions, malgré cette petite déception

Merci à Netgalley et aux éditions stock pour le partage.
Commenter  J’apprécie          484
Western

Dom Juan 2023



Le nouveau roman de Maria Pourchet raconte une rencontre improbable entre un comédien célèbre et une mère célibataire. Ils ont tous deux quitté leur vie parisienne pour se retrouver dans un village aux environs de Cahors. C'est là que la France post #metoo va les rattraper.



Au fronton d'un théâtre parisien, on annonce déjà la nouvelle adaptation de Dom Juan, avec Alexis Zagner, comédien célèbre, dans le rôle-titre. Pendant ce temps Aurore s'épuise à mener de front sa carrière et son rôle de mère célibataire dans un Paris qui devient ingérable. Du coup, l'annonce du décès de sa mère est presque un soulagement. D'autant qu'elle hérite d'une maison dans le Quercy, certes peu confortable mais idéale pour quelqu'un qui entend changer de vie, car rien ne la retient vraiment dans la capitale, même pas une relation que l'on pourrait qualifier de simple confort sanitaire, histoire de contrôler que tout fonctionne encore, maintenant que la «fracture d’avec les hommes, d’avec l'amour, d’avec la joie, pour la simple sensation du moteur» est consommée, qu'après l'acte elle est renvoyée «à la solitude la plus totale dont un adulte puisse se souvenir».

Un avenir sans perspectives va pousser Aurore prendre le large, à essayer de sortir du piège dans lequel elle était prise, ayant appris à «tout avaler sans rien dire. À commencer par Tchernobyl à six ans, à pleins poumons, puis les conneries sur l’Europe réunifiée en pleine tête, la pilule microdosée, le non à Maastricht, le sperme, d’abord un peu puis tout car dans ELLE on disait que c’était coupe-faim.»

Au moment de se retrouver avec sa fille dans une bâtisse plutôt inconfortable et loin de tout, elle se souvient de ses rêves avortés. «Elle a cru à l’amour comme marché, à la libéralisation des échanges hommes-femmes, elle a pensé en termes d’offre et de demande, puis offensive et force de vente, s’est appliquée à déclarer ses sentiments la première, y compris sans certitude, s’entraînant ainsi à ne plus être un objet passif du désir. Elle a cru au travail, à la patience et qu’en France on pouvait rire de tout. Elle a cru pour un discours de vieux stal moins mal écrit que d’habitude que le communisme était une idée neuve.»

C'est donc très méfiante qu'elle ouvre sa porte au visiteur du soir. Et c'est encore plus méfiante qu'elle va lui demander de partir au petit matin, ne voulant plus partager son foyer avec un homme, fut-il un comédien célèbre. «Elle sait de cet homme son nom, sa frayeur, cette tenace odeur de ville, sa bonne volonté musculaire et ça suffit. Elle est déjà pleine de prénoms et de romans, pleine de traces que depuis un an elle s’applique à effacer.»

Mais Alexis lui explique alors qu'il est ici chez lui, qu'il a acheté la maison en viager. À cet imbroglio vient aussi se greffer pour le Dom Juan une tentative de fuir Paris et ses rumeurs. Car les médias se sont emparés d’un témoignage qui laisse croire à une emprise forte exercée sur une jeune comédienne. La machine va s'emballer quand un journaliste part en chasse du scoop et détaille l'histoire du maître et de son élève. Très vite, elle finira dans son lit, très vite il va échanger avec elle des messages brûlants. Abus de position dominante ou passion amoureuse librement consentie? Toute la question est là. Car comme le résume la fille d’Aurore, «le problème avec une vie, même méprisable, c’est que lorsqu’on la détruit, elle est terminée.»

Après la confrontation proposée l’an passé par Pascale Robert-Diard avec «La petite menteuse», le procès mis en scène en 2019 par Karine Tuil dans «Les choses humaines» et l’injonction de Mazarine Pingeot la même année avec «Se taire», Maria Pourchet poursuit l’exploration de la société française post #metoo avec beaucoup de finesse. Des relations complexes qui lient hommes et femmes, la romancière réussit, dans son style inimitable, à jouer sur le registre de la subtilité, comme elle le faisait du reste déjà dans Feu, son précédent roman. Loin du brûlot féministe, elle choisit de décrire plutôt que de juger, laissant le soin lecteur de se faire une opinion.




Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          482
Champion

Fabien est un gamin qui séjourne dans un asile psychiatrique. Lydia, son médecin, traitant lui demande à des fins thérapeutiques, de rédiger sur des cahiers de brouillon l'histoire qui l'a mené dans cet hôpital. Au fil des mots, derrière la nonchalance et l'esprit rebelle de Fabien, se cachent un drame enfoui dans son inconscient. Accompagné d'un loup invisible qu'il a nommé « Champion », le gamin va petit à petit réaliser ce qu'il s'est passé et comprendre l'attitude étrange de ses parents à son égard.

Maria Pourchet a écrit une jolie histoire qui n'a pas de grandes ambitions, sinon simplement de nous distraire et souvent nous faire sourire. La dramaturgie des situations est légère et le texte pas suffisamment dense, ni l'intrigue suffisamment intense pour que cette histoire nous prenne aux tripes. Néanmoins, un court et bon moment de lecture.

Commenter  J’apprécie          480
Western

Parmi les romans, j’aime particulièrement les histoires fictives calquées sur le réel et inscrites dans le cadre d’une actualité authentique et sensible. Alors qu’on débat de ce que pourrait ou devrait être l’amour post #MeToo, Western relate la rencontre fortuite d’une femme et d’un homme, une rencontre qui les confronte chacun à leur passé. Maria Pourchet la raconte sans parti pris, sans condamnation personnelle, en s’inspirant simplement des grandeurs et des petitesses humaines. Des situations imaginatives, inattendues. Une plume exceptionnelle en rend la lecture particulièrement excitante.



La femme, c’est Aurore, la petite quarantaine, plutôt pas mal physiquement, élevant seule son fils de huit ans. Une vie privée et une vie professionnelle de middle class parisienne moderne, qui l’a menée au bord de la crise de nerfs. La vogue du télétravail lui a permis de se replier, avec son fils, dans une maison de famille vide, dans le Sud-Ouest. Au calme. Mais la crise de nerfs n’est jamais loin.



L’homme, c’est Alexis, la quarantaine avancée, un physique avantageux, une voix à nulle autre pareille. Comédien et acteur français réputé, il est censé jouer le rôle-titre dans une nouvelle programmation du Dom Juan de Molière. Mais voilà qu’un pressentiment l’incite à fuir, à disparaître. Il débarque dans la maison où Aurore est réfugiée. A priori, pas le genre à crise de nerfs, c’est en principe réservé aux femmes, à ses femmes, Olivia, Elisabeth, Chloé. Mais ça lui viendra…



Pourquoi Alexis débarque-t-il chez Aurore alors qu’ils ne se connaissent pas ? C’est la première surprise du roman qui en réserve d’autres. La femme et l’homme s’observent, se parlent, s’intéressent l’un à l’autre, se questionnent, se découvrent. Retour sur des circonstances vécues, tantôt subies, tantôt provoquées. Une façon comme une autre de se révéler à soi-même.



Alexis est brillant, talentueux, séduisant. Cet homme public sait de surcroît se rendre admirable. Il est Dom Juan… à la scène comme à la ville ! En langage post #MeToo, on dirait : un « connard »… Ce qu’il pressent survient. La chute. Pour nos hommes publics, les chutes ne s’arrêtent pas, elles accélèrent, elles n’en finissent pas. La presse, les réseaux sociaux, les rumeurs, les petites vengeances. Magnifique travail de construction littéraire dramatique, chapitre après chapitre ! La chute est terrifiante. A en préférer presque la mort rapide de Dom Juan, précipité dans les flammes de l’enfer.



Aurore est heurtée, déçue et même dégoûtée par ce qu’elle apprend. Cependant, elle s’introspecte. Vivre sans homme, sans amour, sans sexualité, ça va un temps. Pourrait-elle aimer un homme faible, inconsistant, un homme qui a peur, pour reprendre l’exergue pioché chez Musset ? Alors qu’un don Juan repenti, un connard qui se soigne, c’est porteur d’espoir. Femme ou homme, à plus de quarante ans, on ne peut pas renier son genre et les fantasmes qui vont avec. Et les mythes sont universels.



Où Maria Pourchet a-t-elle appris à écrire comme ça ? Une exubérance osée comme une parole spontanée. Une syntaxe maîtrisée comme un ouvrage fait main. Des variations de rythme haletantes. J’ai lu presque chaque page deux fois. Une fois à toute allure, parce que le tempo des révélations incite à se précipiter sur la page suivante. Une fois presque mot à mot, parce que chacun de ces mots était celui qu’il fallait, là où il était. Admirable ! Un peu de gêne avec la crudité du discours amoureux… et pas seulement du discours ! Que se passe-t-il donc à l’intérieur de la tête d’une femme ?



La narratrice est dans la tête d’Aurore, dans celle d’Alexis, elle parle pour eux, elle pense pour eux. Et son empathie est contagieuse. Pareil pour les autres personnages : un petit garçon astral touchant, une jeune comédienne désespérée émouvante. La narratrice, tel un chœur de théâtre grec, relie le tout par des commentaires décalés et pourtant dans l’air du temps. Souvent amusant, parfois cruel !



Je n’ai en revanche pas été convaincu par la symbolique du titre, sur laquelle l’autrice revient à chaque chapitre. Oui, le western est un genre qui a ses codes, même si Sergio Leone les a un peu brouillés. Oui, le genre humain fonctionne aussi sur des codes, sur des mythes… Alors, celui de Don Juan suffisait… Remarque personnelle, qui n’entache en rien mon coup de cœur pour ce roman !


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          471
Toutes les femmes sauf une

Marie, 35 ans, vient juste d'accoucher d'une petite Adèle, et déjà elle la met en garde contre la malédiction qui semble frapper les femmes de sa lignée, toutes prénommées Marie et toutes rendues hargneuses à force de frustration. Et Marie de raconter son histoire, et notamment sa mère, qui l'a élevée à coups de remarques cinglantes : "Tu te crois maligne ?" ; " Ca t'apprendra !" ; "Tu la vois celle-là ?" ; "Qu'est ce que tu crois ?". Une mère qui oubliait de venir la rechercher, qui lui interdisait les flans colorés, les Barbies, les jeans, et qui passait pour une folle auprès des autres collégiens, mais qui l'emmenait au théâtre et lui faisait écouter du classique. Comment se remet-on de ça ? Marie se réfugiait dans la lecture et l'écriture, et désormais écrivain et mère, elle annonce : "Je suis une connasse occupée à tuer sa mère dans un livre." Ouch.



Donc, ça cogne fort, mais tout en délicatesse. Comme avec "Feu", j'ai été saisie à la gorge et aux tripes par le style de Maria Pourchet, ses phrases courtes truffées de bribes de conversation. C'est un long monologue d'une densité rare -il m'a fallu 4 jours pour venir à bout de ces 120 petites pages ciselées au burin, qui visent juste et font mal à chaque fois. Difficile, en effet, d'éviter ces mots malveillants qu'on ne voit pas venir, et de ne pas compatir à la violence (verbale) subie par Marie, de ne pas s'émouvoir de ses efforts dérisoires pour résister, exister, tenter d'être heureuse quand même.

Il est donc question de maltraitance entre femmes, que ce soit dans le cadre familial, professionnel -et même obstétrical ; la sororité est ici un concept inexistant. J'ai aimé la façon dont l'auteur exploite cette thématique inhabituelle, qui détonne dans le contexte féministe actuel. Mais Maria Pourchet aborde aussi la notion de transfuge de classe, qui torture sa narratrice quand elle s'adresse aux générations de femmes qui l'ont précédée dans sa famille : "A mesure que je parcours le vocabulaire émacié de votre langue, l'étendue de votre souffrance ne m'apparaît plus, tant elle est vaste. J'ai honte. Je voudrais vous épargner ce livre de petite conne bien lettrée, bien nourrie. Je ne peux plus." En cela, elle m'a fait penser à l'Annie Erneaux de "La place".



Pas franchement le genre de livre à emporter à la plage, donc, tant c'est un concentré d'amour-haine, de l'extrait de douleur. Mais surtout, il est traversé par une rage de survivre, de stopper la malédiction, qui emporte tout sur son passage, et ça, c'est incroyablement fort. La dernière Marie est une battante, alors on se lève et on applaudit.
Commenter  J’apprécie          429
Feu

Quelle claque ! Si vous aimez Desproges vous allez adoré. Rare sont ces plumes acerbes, caustiques, cyniques, acides, etc. Je me rappelle avoir quitté les pingouins et la banquise pour ces raisons-là : les fuir plutôt que leur ressembler. Cette lucidité sur notre monde moderne et la place des hommes et des femmes fait froid dans le dos. La mère, universitaire, qui s'ennuie et qui cherche à être aimée rencontre un cadre sup-sup-supérieure, accroché comme une sangsue à sa solitude arrogante qui le fera passer à côté de tout - quand on vous dit que l'argent ne fait pas le bonheur. Et sa fille, dire qu'elle est rebelle n'est le 1/10 de cette déconstruction du conformisme - son analyse de la pièce de théâtre de Racine est une pure merveille. Ce roman est horriblement parfait. Ce n'est pas un roman d'ailleurs, c'est une collection de punchlines et de citations tant la majorité des phrases sont chirurgicalement réussies. Exceptionnelle une écriture pareil ! Allez j'arrête !
Commenter  J’apprécie          410
Feu

Livre sélectionné pour le prix Summer 2022 de la Fête du livre de la ville de Bron



Quelle purge, mais quelle purge !

Certains jurés m'ont avoué avoir abandonné très vite. Moi, j'ai fait le job, à contrecoeur, mais je l'ai fait.

L'écriture n'est pas en cause car j'ai aimé cette façon abrupte qu'a Maria Pourchet.

Mais le vocabulaire, l'histoire, la façon désabusée de voir les choses...

En résumé,une lecture éprouvante, déprimante, décourageante,



Commenter  J’apprécie          397
Champion

Je fais une pause dans cette rentrée littéraire 2019 pour m’offrir une séance de rattrapage avec « Champion », que m’a conseillé ma librairie fétiche ICI en la personne de Nina. Dans le mille, Émilie - si tu ‘appelais Émilie. Quel pied ce roman de Maria Pourchet ! Intelligent, drôle, dérangeant : ma sainte trinité de la lectrice comblée. Un roman sur la jeunesse brisée, l’impossibilité du deuil, le désarroi des parents et la folie, comme dernier refuge possible. Fabien est le héros, il n’est pas un adolescent comme les autres : « J’ai lu dans un magazine pour dames que l’odeur de l’enfance, c’était statistiquement la lessive, la confiture et le pain. Moi l’odeur de l’enfance, c’est le fioul. Je ne suis pas un exemple ». On ne saura qu’à la fin du livre pourquoi il s’invente un double, un loup qui mord à sa place, pour supporter le quotidien du pensionnat ou pire, les week-ends en famille. J’ai adoré sa foudroyante lucidité, son regard acéré, ses raccourcis déroutants, cette façon désopilante de mettre en boîte le genre humain. Un hymne à l’enfance écolière, « Les 400 coups », « Les choristes » et « Diabolo menthe » sous l’emprise de la gnôle et du K2R. Et puis la tendresse qui affleure quand il parle de sa grand-mère et de ses manières surannées : « J’ai compris que c’était bien plus grave mais Mamie a dit « invitée à danser » parce qu’elle vient d’un temps où la langue française n’était pas là pour vous agresser. Il y avait déjà la guerre pour ça ». Un roman à tiroirs, qu’on fouille avec bonheur. Dédoublement du personnage, héros qui écrit un journal destiné à la psy et l’auteur qui taquine sa propre prose : « J’ai semé des cailloux sur la route. Non, c’est faux. Mais je ne sais pas comment écrire le sentiment d’abandon ». Et vous, vous l’avez lu ce petit miracle ?

Bilan : 🌹🌹

Commenter  J’apprécie          390
Western

Déçu par ce roman qui cherche à assimiler ses protagonistes à des héros de western. Et qui nous explique qu'il le fait, au cas où...

J'ai trouvé cela complètement artificiel, ou suffisamment sophistiqué pour être au dessus de mes capacités de compréhension...

Quant à l'histoire elle-même, je l'ai gentiment trouvée d'une banalité moyenne, affublée d'un scénario improbable. Avec des personnages loin de mon univers mental, de ma sphère de perception...

Reste la particularité de l'auteur : une écriture "coup de poing", un legato qui déstabilise, qui procure un réel effet émotionnel. Bravo pour ce dernier point.

Commenter  J’apprécie          360
Champion

Bon, eh bien ça ne l'a pas fait. Après deux lectures enthousiastes ("Feu" et "Toutes les femmes sauf une") de Maria Pourchet, cette troisième approche m'a frustrée.

Fabien Bréckard, "quinze ans et un casier juridique", séjourne dans un centre médicalisé dans l'Est de la France. A la demande de la psychiatre qui le suit, il relate dans des cahiers d'écolier l'année précédente : c'était alors 1992, la guerre de Yougoslavie, les succès de Metallica, la prostate de Mitterrand. Et Fabien en internat en classe de cinquième B, son caractère bien trempé et son ami imaginaire, et lui encore plus heureux d'être en colle que chez lui. Mais est-ce lui qui déraille ou son entourage ? Et qu'a-t'il bien pu faire pour se retrouver dans ce centre ?



Je n'ai pas réussi à entrer dans cette histoire, peut-être en raison d'un mauvais timing entre ce livre et moi. Pourtant, j'ai apprécié le ton vif et insolent de Fabien, lointain cousin d'Antoine Doinel et Holden Caulfield, ses réflexions vachardes sur le monde qui l'entoure, ses élans et son désarroi. En le voyant se débattre dans sa vie comme un naufragé, j'ai éprouvé de la compassion à son égard. Mais le fond du roman étant trop diffus, je ne suis pas parvenue à m'accrocher aux bizarreries qui le jalonnent, ni à déterminer ce qui relève de la réalité et de l'hallucination. Habituellement, c'est un mélange qui me plaît, mais ici, ça n'a pas pris. En outre, il est déjà question d'une mère monstrueuse, thème récurrent chez l'auteur -et je n'avais plus envie de m'y confronter.



C'est donc un rendez-vous manqué, mais ce n'est que partie remise : j'aime trop le style de Maria Pourchet pour m'en passer, et j'admire sa propension à tordre ses sujets, instiller une goutte d'horreur dans les décors les plus normaux, pour faire de ses romans des pièces uniques qui se démarquent des autres.

(N'hésitez pas à découvrir cet auteur si particulier.)
Commenter  J’apprécie          3616
Feu

Lui : quinquagénaire, célibataire, travaille dans la finance, regarde des films porno, possède un chien baptisé « Papa ». Il s’appelle Clément.

Elle : la quarantaine, prof à l’Université, mariée mère de deux filles, cultivée. Elle s’appelle Laure.

Leurs points communs ? Aucun.

Ou plutôt si : le sexe.



Dans de très courts chapitres, alternant le personnage masculin et féminin (avec l’usage du « tu » pour imaginer la voix de la mère qui désapprouve, bien sûr) Maria Pourchet décrit la passion sexuelle. Très rythmé, l’écriture est resserrée, comme les scènes qu’elle décrit et nous communique cette sensation d’essoufflement comme ces deux êtres qui courent à la catastrophe.



Parce que dès le départ on se dit que ça finira mal.

Lui gagne « 300 boules » (c’est comme ça qu’il se présente) et on comprend qu’il traîne un passé, ou plutôt un passif pas banal. Elle, n’a rien de spécial, une vie de parisienne bourgeoise avec une fille ado rebelle.

Quel rôle le sexe peut-il encore tenir dans nos vies modernes ? Peut-on bâtir une relation sur la seule attirance physique ? Et au fond qu’est-ce qu’un couple ?



C’est en creux que ce « Feu » est peut-être le plus intéressant : dans cette interrogation sur ce qui fonde une attirance entre ici un homme et une femme (mais ça pourrait tout aussi bien être deux femmes ou deux hommes) dans nos vies d’aujourd’hui. Car le thème de l’adultère traité par Maria Pourchet n’est pas nouveau, bien au contraire, la littérature en est remplie.

Avec un petit côté Mme de Bovary du XXIème siècle, puisque cette Laure a l’air de bien s’ennuyer avec son mari parfait et ses deux filles qui lui donnent du fil à retordre.



Nul doute que l'’autrice renouvelle plutôt bien le genre avec ses traits d’humour et son rythme effréné.



La fin étant à l’image du reste – on n’en dira rien – mais les personnages ressortiront plutôt « cramés » par le feu de cette passion physique – et nous, nous soufflerons un peu pour revenir à nos vies ... un peu plus tranquilles peut-être.

Commenter  J’apprécie          369
Feu

À quoi bon écrire une critique ?





Tout a été dit déjà:



Le titre intrigue : trois lettres brûlées sur fond de couverture blanche , une rougeur au beau milieu , signe d'une ardente combustion …..

Ce mot brûle , il souffle le chaud et le froid : Laure , professeure d'université à Cergy , une maison à Ville d'Avray, un. mari, un médecin rabat - joie , il ne la fait plus rêver depuis un moment, deux filles . …..



À quarante ans , elle a l'impression d'avoir fait le tour de ses désirs, mais refuse de voir la flamme s'éteindre .



Et un amant , surgit à l'improviste dans cette vie faussement lisse et rangée!;



Clément , quinquagénaire banquier , cynique , un chien omniprésent , la conviction que l'époque «  est un Crachat » .



Cet homme - là n'est pas vraiment son genre, il n'aime que lui , ce golden boy , rencontré à un colloque de sciences humaines .



Comme deux aimants , ces amants se repoussent , soufflant le chaud et le froid sur une passion qui les consumera .



Il la prend de haut avec son salaire douze fois supérieur, ses dents refaites à New- York, ses costumes chics hors de prix.



Les deux font affaire , puis plus , par attirance pour les liaisons dangereuses, une union invraisemblable, elle le met en pièces , il la bousille.



Elle s'accroche à lui comme à une bouée excitée plus par l'idée d'avoir un amant plus que par l'amant lui- même . …..



Les deux amants exposent leur point de vue à tour de rôle dans des chapitres chaud bouillant , puissants , incandescents……



Passion , désir, colère , sauvagerie , causticité , cruauté , cynisme …



La plume est à l'os , vive , puissante , au cordeau, bravache , absolue , à l'arrache , nerveuse , acérée , l'amour : une affaire dangereuse ?

Plus dangereuse que l'on pourrait le croire …..



Une réinterprétation d'un thème éternellement rebattu : l'éternelle histoire de madame Bovary? .

Rencontre entre l'épuisement d'une femme de quarante ans et le vide affectif d'un Winner à 300 000euros ?

J'ai tout détesté chez ce Clément , un prénom pourtant cher à mon coeur …..

Merci à Reine pour le prêt .

Je ne connais pas cette auteure .
Commenter  J’apprécie          352
Les impatients

Avec «Les impatients», son cinquième roman, Maria Pourchet renoue avec la veine ironique en racontant le parcours de Reine, une businesswoman aussi ambitieuse que décidée. Cinglant, corrosif et bien rythmé.



Je dois commencer par vous faire un aveu. Au début de ma carrière professionnelle, j’ai travaillé pour un magazine économique. Ayant notamment en charge la rubrique «portrait», je devais m’évertuer à ne sélectionner que les patrons et cadres correspondants au fameux public-cible. Si bien que le panorama proposé se concentrait sur les personnes jeunes, dynamiques, passionnés par leur métier, ambitieuses, ne comptant pas leurs heures pour réussir. Les femmes servant, tous les dix numéros environ, d’alibi et de vitrine. Reine, le personnage principal du nouveau roman de Maria Pourchet aurait fort bien pu y trouver sa place. À condition, bien entendu, de publier l’article au moment où elle tutoie les étoiles.

Comme dans le roman, on passe vite sur l’enfance et l’adolescence pour nous intéresser aux premières étapes de la carrière de cette businesswoman. « Elle a trente-trois ans. Déjà? Oui Reine va très vite. On tourne une page, on ne fait pas attention, on s’est pris dix-huit ans dans la vue. Cinq années jusqu’à Hec, trois pour en sortir, deux passées à s’en remettre, à Harvard section histoire de l’art, couplé à un poste de researcher chez Gucci USA, pour la suite se référer à LinkedIn. Il est classiquement écrit que sa passion pour la beauté est devenue un métier. Au chapitre Expérience s’énoncent en anglais quelques vies de chef de groupe, de chef produit, de chef de département France, de chef de département Moyen-Orient, de chef de département Russie et Moyen-Orient, de directrice de marque, avant qu’elle ne soit débauchée par la concurrence, toujours dans la cosmétique de luxe. C’est assez agaçant à lire. On imagine que sur le terrain ce fut palpitant, concentré, outrageusement bien payé. »

Vous aurez remarqué le ton et le style. Écrit en grande partie avec ce «On» non défini et à la seconde personne du pluriel, ce qui permet d’établir une distance ironique avec les personnages ainsi interpellés, ce roman brille par son côté incisif, par cette arrogance propre aux leaders dont les dents rayent le parquet.

Élisabeth, quarante-trois ans, un bureau à l’étage de la direction et à l’affût de sa N-1, son «dernier trophée» vient à peine d’embaucher Reine que cette dernière lui rend ses «vêtements nobles et sous-vêtements travaillés» pour lancer son propre projet. Les impatients n’ont pas envie d’attendre. Après un voyage en Bretagne et la découverte des bienfaits des algues, elle trouve des investisseurs pour la suivre dans la société L’État sauvage, un institut de soins qui commercialisera également les produits cosmétiques et qu’elle ouvrira en quelques mois à peine.

Ah, j’allais presque oublier. Ce voyage en Bretagne s’est fait en compagnie de Marin, un jeu et beau breton dont elle aurait pu s0enticher. Sauf que voilà, comme on lui a appris dans ses cours de management, elle doit anticiper. renonce à cette aventure: « Reine s'enguirlande et prophétise. Tu te vois c’est Reine qui parle à Reine – tu te vois chercher un hôtel à Brest? Te faire choper le soir même parce que tu sentiras le gel douche caramel beurre salé? Et même. Tu te vois trois semaines à faire l’amour dont deux mal, et après quoi? Débandade chez lui, jalousie chez toi, un SMS à la con, ton téléphone qui charge au salon alors que tu es à la cuisine. Tu la vois la gueule de Pierre? Reine la voit, elle le voit aussi rester. Tout plutôt que d’admettre l’imprévu. Ils reparleront, pour passer à autre chose, de l’enfant. Mais à la suite de la trahison, subiront une stérilité psychologique. » 

Pierre est le mari de Reine, rencontré alors qu’elle était à Hec. Cet intervenant extérieur, chargé de la Stratégie juridique en entreprise, lui aura facilité les études et entend lui aussi grimper les échelons de l’entreprise qui l’emploie. Mais il voit aussi leur relation s’effriter au fil du temps, confiant à son psy qu’elle «n’est plus vraiment là. Qu’elle poursuit une vie parallèle.» Est-ce une première étape avant la séparation? Reine, on s’en doute, n’a pas le temps d’y réfléchir. À moins que…

La belle trouvaille de Maria Pourchet, c’est d’avoir lancé du sable dans cette machinerie si bien huilée. Voilà Reine confrontée à quelques soucis, voilà Reine bien décidée à s’offrir une récréation. Voilà comment l’étude sociologique vire au roman à suspense, le tout accompagné d’un humour corrosif et de quelques rebondissements dans lesquels les hommes ne sont pas forcément à la fête. Enfin pas tous.

Mais ne dévoilons rien de l’épilogue, sinon pour souligner combien ce roman, après Brillante de Stéphanie Dupays, raconte avec beaucoup de finesse ce monde de l’entreprise qui est tout sauf lisse comme les parois de verre derrière lesquelles il se cache.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          351
Les impatients

Une reine au pays des algues.

Reine, la trentaine créative et conquérante, vient de se voir offrir un poste très convoité au sein d'un grand groupe de cosmétique de luxe, car la beauté, c'est son métier. Et la voici tout en haut d'une tour de la Défense, en proie au vertige. Heureusement, un beau marin passe par là, et Reine tombe en amour. Commence alors l'aventure, la vraie, au milieu des algues (et bientôt des coraux).



Je commence à beaucoup, beaucoup aimer la douce férocité de Maria Pourchet. Sous ses petites phrases bien ciselées, élégamment alambiquées, elle balance dur, fracasse ses personnages, déchire à pleines dents le mythe de la start-up nation. Et c'est très drôle, je me suis plu à suivre les péripéties cocasses de cette jeune "pépite" qui traverse la vie avec une légèreté admirable et se lance dans les affaires sans trop d'états d'âme.

Mais il ne s'agit pas seulement d'un roman joyeusement revanchard qui remet les élites à leur place : il est aussi porté par une réflexion sur le changement de paradigme générationnel concernant l'ambition et le rapport au travail. Et au travers d'autres personnages, l'auteur évoque également les tourments de certains énarques vendus au privé mais quand même attachés à certains principes moraux et rêvant encore de la Présidence suprême, ou la concurrence vacharde entre les femmes dirigeantes (quid de la sororité ?).

Jeu de massacre, donc, très réjouissant à lire, bien que l'écriture de Maria Pourchet mette son lecteur à l'épreuve : ici, elle se surpasse dans la torsion des phrases, et l'emploi du "vous" distant et moqueur et du "nous" complice malgré nous. Mais j'ai adoré, et je trouve cet auteur décidément très doué (sans doute ma plus belle révélation de 2023).



C'est donc un roman intelligent, mordant et exigeant, qui se lit avec délectation. Et un peu de patience aussi.
Commenter  J’apprécie          3410
Western

Je m'excuse à l'avance auprès de mes babelamis qui sont fans de Western, car je souffre quand on dénigre les livres que j'ai adorés, ceci étant je respecte les goûts et les couleurs de chacun et je salue la différence. Je me sens très seule quand je vois que Western a décroché le prix de Flore – parmi les prix de Flore, j'ai beaucoup aimé deux ouvrages originaux qui m'ont touchée, Rhapsodie des oubliés de Sofia Aouine (2019) et le voyant d'Etampes d'Abel Quentin (2021) -, ou quand j'écoute Augustin Trapenard faire l'éloge d'une « phrase singulière, incisive et drôle ».



« le coeur a ses raisons que la raison ignore », la lecture c'est comme la musique, chacun l'aime ou pas selon sa sensibilité. C'est le pendant du métal à la musique classique ou folklorique. Pour moi, un bon roman doit m'offrir un voyage et de belles rencontres.



Plus qu'un roman, pour moi Western est une sorte d'autofiction sociologique. Pourquoi prendre Western qui est un concept cinématographique américain comme titre d'une fiction scripturale qui se passe à Paris et près de Cahors ? Les cowboys bien trempés sont remplacés par Aurore et Alexis Zagner, deux créatures de papier aliénées. Aux chevaux qui galopent et soulèvent la poussière succèdent des idées mots qui se bousculent et se heurtent. On nous décrit un ouest terne qui signe la décadence de l'occident. Une plaine minérale tient lieu de Far West.



Alexis Zagner est un Don Juan à la scène comme à la ville. Lassé de répéter les mêmes répliques et les mêmes scènes, il va abandonner traitreusement son rôle phare dans Don Juan, sa femme officielle, la femme du ministère qui le harcèle pour qu'il la baise à tout-va, la fragile jeune Chloé qui s'est amourachée de lui. Il va larguer les amarres pour se réfugier dans une maison près de Cahors qu'une vieille dame, Sabine, lui a léguée, sauf que quand il arrive, son alter ego féminin, Aurore, la fille de Sabine, qui se croit chez elle lui ouvre la porte. Ils ne savent pas quoi se dire, alors allez hop ! ils baisent.



Ils sont tous deux parisiens. Aurore élève seule son fils Cosma de sept ans. Elle est en plein burnout. Comme Alexis, elle cherche à combler sa perte d'identité, son manque de repères en baisant.



Notre Don Juan national est devenu un vil acteur sans personnalité. Aurore fantasme devant le Christ ! Appelons un chat un chat, Don Juan c'est Don Juan pas Alexis Zagner, le christ c'est un symbole de piété pas une idole sexy !



La déchéance des icônes va de pair avec un appauvrissement du langage. Ce que Maria Pourchet nomme pompeusement le discours amoureux ce sont des SMS. On a droit, sur deux pages (231-2) à une analyse sémantique et stylistique des SMS d'Alexis, avec nombre d'occurrences de tel et tel mot, les classiques métaphores, euphémismes, périphrases… etc., et aussi du jargon, antonomase, anacoluthe, prétérition, oxymore que je connais, pas comme astéisme, que je ne l'ai pas trouvé dans mon Petit Robert, il a fallu que je consulte mon Gradus, Les procédés littéraires de Bernard Dupriez. C'est assez mignon d'ailleurs.



Astéisme : badinage délicat et ingénieux par le quel on loue ou l'on flatte avec l'apparence même du blâme et du reproche.



Exemple, vers de Verlaine :

Il paraît que tu ne comprends

Pas les vers que je soupire…

Tu les inspires, c'est bien pire.



Augustin Trapenard s'extasie devant cette digression, pas moi ! que vient faire un TD de linguistique dans un supposé roman ?



Le processus de déconstruction de Maria Pourchet ne s'arrête pas là. Elle démystifie le travail d'écrivain. La narratrice s'immisce régulièrement dans le récit pour nous signifier qu'elle ne sait pas ce que pensent ou font les personnages.



« Après quoi, j'ignore ce qu'il a pu faire, du café forcément, ou manger quelque chose, dormir. » p.195



On loue les phrases ciselées de Maria Pourchet, moi je dirais qu'elles manquent de souffle et que les protagonistes et l'autrice s'entrechoquent.



Pourquoi as-tu lu ce livre ?

Par snobisme ! Je l'ai pris sur l'étagère des nouveautés de ma médiathèque pour en parler avec mes babelamis. J'aime vivre avec mon temps.



Quel intérêt de faire une chronique négative ?

Parce que ce livre m'a intéressée, j'ai d'ailleurs pris énormément de plaisir à rédiger cette chronique.

Je ne chronique pas forcément tous les livres que je lis. Il y a des livres que j'aime bien, qui m'aident à m'endormir, où tout est dit, dont je ne vois pas l'intérêt de les commenter.



Pourquoi ne mettre qu'une étoile à un livre qui t'a intéressée ?

Parce que chez moi un livre avec une étoile, c'est un livre que je ne cautionne pas, avec lequel je veux marquer mon désaccord idéologique.



Ouest terne n'est pas ma musique.
Commenter  J’apprécie          3428
Western

Réécriture de Dom Juan à la lumière de #MeToo, transposition du western dans notre ère ultra-informatisée, ce roman joue avec les mises en abyme et les mythes d’hier, pointant du doigt les rôles attribués depuis toujours – femmes victimes, hommes bourreaux. Maria Pourchet s’en amuse tout en les dénonçant, parfois de manière trop schématique (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/08/28/western-maria-pourchet/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          330
Feu

Il ne faut généralement que quelques étincelles pour que naisse un feu qui, s'il n'est pas maîtrisé devienne incontrôlable et dévore tout sur ce qui se trouve sur son passage...



Laure et Clément n'avaient pas vocation à se rencontrer un jour. Elle, professeur d'université, mère de deux filles, épuisée par la vie et lui, travaillant dans la finance et partageant sa vie routinière avec son chien.

Pourtant, lors d'un rendez-vous informel, il ne suffira que de quelques regards pour que le feu d'une intense passion naisse entre eux... Celle-ci les conduira à emprunter de dangereuses montagnes russes émotionnelles dont les flammes s'en dégageant pourraient bien brûler les ailes de ces Icares des temps modernes...



De sa plume incisive, percutante dont se dégage une tension perpétuelle, Marion Pourchet aborde les thèmes de la passion dévorante, des relations de couple et familiales qui peuvent s'essouffler avec le temps. Généralement dérangée par les ouvrages évoquant l'adultère, je me suis complètement laissée dévorer par cet ouvrage qui nous pousse à de nombreuses interrogations. J'ai apprécié l'impression de crescendo qu'arrive à nous faire ressentir Marion Pourchet lors de l'écoute de ce livre audio dont j'ai pu rendre le récit plus dynamique en accélérant la vitesse de lecture que je trouvais trop lente.



Je tiens à remercier les Éditions Audiolib et Netgalley pour la découverte de "Feu" qui m'a fait plonger dans un brasier ardent dont la fin m'a totalement prise au dépourvu...
Commenter  J’apprécie          333
Feu

Laure et Clément n'auraient pas dû se rencontrer, aucune raison, mais voilà, le destin est imprévisible par nature. Et ces deux êtres si différents sont happés en quelques jours par une passion amoureuse, un incendie que M.Pourchet fait monter en puissance tout au long du roman.

Clément,célibataire, travaille dans une tour de La Défense, il n'a plus de but dans la vie , parfois, des femmes tarifées et éphémères passent. Son seul ami et confident est "papa", un vieux chien qui l'écoute et peut-être le comprend...

Laure est établie comme on dit, mariée, deux enfants, professeure en faculté.

Cette passion soudaine n'est pas accompagnée d'espérances réciproques, le désir bien sur, mais des envies de rompre, du chagrin, de la solitude, de la peur aussi, de l'intolérance et cette sensation de danger imminent.Il faudra en payer le prix, c'est dangereux un incendie.

C'est un magnifique roman d'amour et de naufrage.

Mais l'urgence contenue dans cette passion exige une écriture nerveuse voire même télégraphique qui convient bien à la situation , mais qui m'a quand même gênée un moment avant que je ne m'y adapte.

Commenter  J’apprécie          335
Western





Alexis Zagner, comédien réputé pour son talent, doit incarner Don Juan, mais coup de théâtre, il disparait de la circulation, laissant la troupe et ne donne plus signe de vie. Quelques jours plus tard, il dit abandonner le rôle à la comédienne censée jouer Elvire, au nom du féminisme.



De son côté, Aurore décide de fuir Paris et un travail où elle n’est pas très reconnue, direction la maison de sa grand-mère décédée dans le Lot. Dorénavant, elle supervisera en mode télétravail, toujours dans la même entreprise. Elle emmène son fils dans ce nouveau défi.



Mystérieusement, Alexis débarque un soir chez elle, soi-disant par hasard. Une relation étrange va ainsi se nouer. Hélas, la nature ayant horreur du vide, le comportement passé donjuanesque d’Alexis va refaire surface et tout le monde va s’en donner à cœur joie, quand une ancienne conquête, une jeune comédienne dont il fut plus que le mentor a mis fin à ses jours. On brûle ce qu’on a adoré…



Ce roman m’attirait par le thème abordé : le harcèlement moral et ses conséquences, ainsi que la manière de l’aborder, en mode western. Certes, il faut reconnaître que l’auteure a bien creuser son analyse, expliquant le parallèle entre le mode fonctionnement (machiste, n’ayant pas peur des mots) du western ses codes, la manière dont se déroule l’action et la rencontre des héros.



J’ai aimé l’analyse de la solitude de Chloé, sa descente aux enfers, l’impuissance de la justice, le comportement de la presse. Par contre, le comportement de la mère m’a irritée, car elle parle à la place de sa fille, (dont le silence est largement compréhensible) et cela donne l’impression d’une relation ambigüe voire malsaine.



Le comportement du prédateur est bien analysé : la manière dont il tisse sa toile, les lettres qu’il envoie et les termes utilisés pour séduire et rendre l’autre dépendant… on passe du lyrisme aux détails crus, limite, pornographiques. Tout grand acteur qu’il soit, il n’inspire aucune compassion. Dom Juan, sors de ce corps !



Le style par contre, l’écriture brouillonne, où Maria Pourchet raconte ce qui arrive dans la vie des deux héros, puis tout d’un coup, irruption du « je », des détails à n’en plus finir, une véritable dissertation sur l’art de la rhétorique, tout cela vient gâcher le plaisir. J’ai failli abandonner ce roman en cours de route tant l’écriture me déplaisait.



Avis mitigé donc !



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur



#Western #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          322
Feu

Etrange titre que ce quasi antinomique « Feu » pour décrire une relation amoureuse si froide… J’ai eu l’impression de lire cet ouvrage dans un brouillard glacé, à l’instar de celui dans lequel se débattent les deux personnages principaux, Laure et Clément. Elle, elle se sent comme endormie, spectatrice de sa vie, sans aucune volonté d’y jouer un rôle, et lui se sent déjà mort. D’ailleurs, il ne veut aucune attache, ne recherche rien, et la fuit, alors qu’elle, elle s’accroche à ce rien comme si c’était un grand tout : « Je pense toi, tu vas vouloir me sauver. Je ne serai pas des vacances mais une vocation, tu seras écrasée ou écrasante, je serai un connard ou la victime. Dans les deux cas je vais fuir, tu me chercheras, on est très mal barrés, pense Laure à ceci : si j’avais voulu qu’on me trouve, voulu quoi que ce soit, j’appartiendrais à quelqu’un d’autre qu’un bouvier. » Ca promet… ou plutôt, dès le départ on lit que ça ne va pas promettre grand-chose.



Ce pas grand-chose, c’est une relation amoureuse, adultère, Laure étant mariée, qui commence sur un coup de tête de cette dernière, un coup de feu pour ce Clément, grand cadre d’une banque qu’il surnomme la Banquise, qui a achevé de « le glacer jusqu’aux couilles », alors qu’elle l’a contacté pour participer à un colloque qu’elle organise. Elle lui rentre dedans, il se laisse faire, car il semble dépourvu de toute envie ou volonté dans une vie passée à se laisser flotter au gré des (non) événements, lui qui n’aime rien ni personne, hormis son chien qu’il appelle Papa (oui oui !). Elle, elle entretiendra seule ce feu qui brûle à l’intérieur, qui menace de la consumer, lui faisant abandonner pour de bon un mari pour qui elle ne ressentait pas grand-chose, et deux filles qu’elle laissera partir à la dérive, sans rien faire, parce qu’elle s’en fout, de tout. Au moins sur ce point Laure et Clément se trouvent-ils un point commun.



Ce roman est plutôt long, et pendant tout ce temps de lecture je me suis demandé ce que Maria Pourchet a souhaité nous raconter avec cette description d’un roman d’amour à l’envers, d’une histoire qui ne peut pas fonctionner, due principalement à ce Clément qui est, sinon mort, en tout cas dans une spirale dépressive dangereuse due, ou causée, par un certain goût pour la haine de lui et pour la raclure. Car c’est un connard fini, il le sait et il le veut.

L’histoire est narrée en court chapitres qui adoptent le point de vue de Laure ou de Clément, un « tu » qui malgré son côté englobant et son accès direct aux pensées de Laure m’a laissée complètement en dehors, et le « je » de Clément qui m’a incluse dans son délire autocentré de force, tellement il est malsain bien que triste (il m’a fait penser par certains côtés à Jason Bateman, mais sans les meurtres, pour cet affichage de fric totalement cynique). Ce sont ainsi deux personnages antipathiques auxquels il est difficile, et pour moi je dois dire que cela a été impossible, de s’attacher, tellement ils m’ont semblé désincarnés. Ils sont crédibles, il faut dire que c’est remarquablement écrit, pourtant on a du mal à ne pas les voir comme des purs personnages de papier tellement ils sont vides, sans émotions, déconnectés d’eux-mêmes. A tel point qu’on se demande ce que Laure, qui pourtant est celle qui ressent le plus de choses des deux, poursuit : une relation vraiment ? Ou ne serait-ce pas la sensation d’être vivante, que quelque chose se passe dans sa vie qu’elle ait choisi, et que ce soit Clément ou un autre… au moins a-t-il l’avantage d’être totalement indisponible.



Je me suis également demandé ce que Maria Pourchet souhaitait que l’on ressente à la lecture de ce roman. Pour ma part, j’ai été comme anesthésiée dans cette froidure, à chercher en vain la petite flamme d’émotions, de chaleur humaine. Il m’a donné l’impression que la vie est laide, que l’espoir ou l’amour sont des mots vides de sens. Autant dire que j’ai été heureuse de le terminer, pour aller me réchauffer dans d’autres lignes.

Commenter  J’apprécie          324




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Maria Pourchet Voir plus


{* *}