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Citations de Marina Lewycka (71)


Oui, depuis que l'homme à pour la première fois levé la tête au dessus de la bouche de la grotte pour contempler les étoiles célestes, en se disant que ce serait bien agréable d'en posséder une à lui tout seul, l'homme rêve de faire travailler les autres à sa place en les payant le moins possible. Et ce rêve, personne ne l'a poursuivi avec autant de dynamisme que Vitaly. Il a passé la journée à ratisser tous les bars et les restaurants de Londres à la recherche de bons candidats. Les nouveaux arrivants, les égarés, les désespérés les cupides. On peut se faire beaucoup d'argent avec ces gens -là.
Car, comme le disait l'autre barbu à grosse tête, Karl Marx, personne ne peut bâtir une fortune par son seul travail, mais pour faire partie de l'élite des riches VIP, il faut s'approprier le travail des autres. Pour accomplir ce rêve, les hommes ont eu recours au fil des millénaires à de multiples solutions, de l'esclavage au travail forcé, en passant par la déportation, l'engagisme, la servitude pour dette et les colonies pénitentiaires, jusqu'à la précarisation, le travail sur appel, le travail flexible, l clause de non grève, les heures supplémentaires obligatoires, le statut d'indépendant obligatoire, l'intérim la sous-traitance, l'immigration clandestine, l'externalisation et autres changements organisationnels visant à une flexibilité maximale.
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Malgré leurs cheveux gris, Doro et Marcus ne sont jamais entrés dans le monde adulte. Ils en sont restés à l'innocente époque pré-consumériste, comme lui du temps où il rangeait sa boîte de coquilles d'escargots et de pommes de pins de Fibonacci sous son lit - les trésors de son enfance qui lui avaient fait découvrir la beauté intemporelle des mathématiques.
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Peut-être que si l'on réussissait à améliorer la cohésion humaine, les autres détails - les lois, les frontières, la Constitution - se régleraient d'eux-mêmes. Il suffisait de trouver l'adhésif le mieux adapté aux supports. La clémence. Le pardon. Si seulement ça existait en tube.
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Deux ans après la mort de ma mère, mon père tomba amoureux d'une séduisante Ukrainienne blonde divorcée. Il avait quatre-vingt-quatre ans et elle trente-six. Elle éclata dans nos vies comme une vaporeuse grenade rose, remuant les eaux troubles, ramenant à la surface une fange de souvenirs évacués, délogeant les fantômes de la famille d'un bon coup de pied au derrière.
Tout commença par un coup de fil.
La voix de mon père, tremblante d'excitation, crachote à l'autre bout du fil : «Bonne nouvelle, Nadezhda. Je me marie !»
Je me souviens encore du brusque afflux de sang sous mon crâne. Pourvu que ce soit une plaisanterie !
Il a perdu la tête ! Espèce de vieil imbécile ! Mais je garde mes commentaires pour moi. «C'est formidable, papa, lui dis-je.
- Oui, oui. Elle vient d'Ukraïna avec son fils. Ternopil en Ukraïna.»
Ukraïna. Il soupire, respirant le parfum inoubliable des foins coupés et des cerisiers en fleur. Quant à moi, je distingue nettement l'arôme synthétique de la Nouvelle Russie.
Elle s'appelle Valentina, me dit-il. Mais elle ressemble davantage à Vénus. «Vénus Botticelli émergeant de vagues. Cheveux d'or. Regard enchanteur. Poitrine remarquable. Quand tu la verras, tu comprendras.»
L'adulte que je suis est indulgente. Comme c'est touchant, ce dernier amour tardivement éclos. La fille que je reste est indignée. Le traître ! Le vieux bouc libidineux ! Dire que ça fait à peine deux ans que notre mère est morte. J'éprouve un mélange de colère et de curiosité. J'ai hâte de la voir, cette femme qui usurpe la place de ma mère.
«Elle a l'air fabuleuse. Quand est-ce que je peux la rencontrer ?
- Après mariage, tu pourras rencontrer.
- Il vaudrait mieux que je la rencontre avant, non ?
- Pourquoi tu veux rencontrer ? C'est pas toi qui épouses. (Il sait bien qu'il y a quelque chose qui cloche, mais il croit pouvoir s'en tirer à bon compte.)
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J'ai pensé aux bivalves, aux parois courbes et nacrées qui tapissaient l'intérieur de leurs coquilles, la lumière glauque que laissait filtrer l'eau de mer ; je ne sais pas au juste quelle colle prodigieuse leur permettait de tenir bon dans le tourbillon des tempêtes, mais c'était précisément ce dont j'avais besoin.
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Irina, une femme ivre est comme une rose saccagée.
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"Tu vois, dans la société capitaliste, les moyens de production appartiennent aux riches parasites et la classe ouvrière n'a que son travail à vendre.
- Je veux être riche répondit Megan en repoussant une épaisse mèche de cheveux noirs qui retombait sur son visage.
- Tu veux être un parasite ?
- Oui, Paris, Londres, New York, n'importe où, ce sera toujours mieux qu'ici".
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En bas du réfrigérateur, j'ai trouvé trois doigts noirs ratatinés. J'ai mis un moment à comprendre que c'étaient des carottes.
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J'étais également troublée par l'histoire du soldat au numéro tatoué sur le bras. A quoi pensait-il quand il avait abattu le jeune marié ? Comment un juif qui avait lui-même survécu aux déferlements de mort en Europe pouvait-il agir avec une cruauté désinvolte contre les malheureux civils qui peuplaient sa terre promise ? Qu'avait-il éprouvé au fond de son coeur ?
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Car, comme le disait l'autre barbu à grosse tête, Karl Marx, personne ne peut bâtir une fortune par son seul travail, mais pour faire partie de l'élite des riches VIP, il faut s'approprier le travail des autres. Pour accomplir ce rêve, les hommes ont eu recours au fil des millénaires à de multiples solutions ingénieuses, de l'esclavage au travail forcé, en passant par la déportation, l'engagisme, la servitude pour dette et les colonies pénitentiaires, jusqu'à la précarisation, le travail sur appel, le travail flexible, la clause de non-grève, les heures supplémentaires obligatoires, le statut d'indépendant obligatoire, l'intérim, la sous-traitance, l'immigration clandestine, l'externalisation et autres changements organisationnels visant à une flexibilité maximale.
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Comment peut-il expliquer à ce jeune homme impatient ce qu'il a mis quarante-cinq ans à comprendre - que la perte est une part essentielle de la condition humaine? Qu'à mesure que nous avançons en solitaires sur cette longue route sans connaître notre destination, nous abandonnons toujours quelque chose derrière nous.
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"Toi père acheter moi rien !" Elle se penche pour me crier en pleine figure, si près que je reçois des postillons. Je sens une odeur d'aisselle et de laque. " Pas voiture ! Pas bijou ! Pas vêtements ! Pas produits beauté ! Pas sous-vêtements ! " Elle remonte brusquement son tee-shirt en exhibant ces féroces mamelles jaillissant comme deux ogives nucléaires d'une espèce de lance-roquettes de satin vert à armature, bretelles en ruban, pans de lycra et bordures de dentelle. "Moi acheter tout ! Moi travail ! Moi acheter !" Pour ce qui est de la poitrine, je suis forcée de m'avouer vaincue. J'en perds mes mots.
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L'amour est comme le feu disait toujours mamma. C'est un trésor, pas un jouet.
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Cependant les kolkhozes n'étaient pas efficaces, et ce, essentiellement en raison de la résistance des paysans, qui refusaient de participer aux kolkhozes ou continuaient à cultiver à côté leurs propres parcelles.

Le châtiment de Staline fut impitoyable. L'instrument de sa vengeance fut la famine. En 1932, l'ensemble de la récolte d'Ukraïna fut saisi et expédié à Moscou et Leningrad pour nourrir le prolétariat des usines - comment la révolution aurait-elle pu tenir autrement ? A Paris et Berlin, on pouvait acheter du beurre et des céréales d'Ukraïna, et des occidentaux bien intentionnés s'émerveillaient de ce miracle de la productivité soviétique. Mais dans les villages ukrainiens les habitants mouraient de faim.
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Valentina appartient à une autre génération, c'est clair. Elle ne connaît rien histoire, encore moins histoire récente. C'est enfant de l'ère Brejnev. Sous Brejnev, tout le monde rêvait d'enterrer ce qui appartenait passé et faire comme à l'Ouest. Pour construire cette économie, les gens doivent acheter tout le temps. Il faut inculquer nouveaux désirs à mesure qu'on enterre anciens idéaux. C'est pour ça qu'elle veut toujours acheter quelque chose moderne. Ce n'est pas sa faute ; c'est la mentalité d'après-guerre.
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Non, six livres l'heure. L'autre heure est bénévole, je t'ai dit. T'es pas obligé de la faire. Il y en a toujours pour la faire. Ukrainiens, Roumains Bulgares, Albanais, Brésiliens, Mexicains, Kenyans, Zimbabwéens, on s'y perd. Ça baragouine dans toutes les langues ici. Jour et nuit. On se croirait aux Nations Unies. Avant on avait beaucoup de Lituaniens et de Lettons, mais l'Europe a tout fichu en l'air. Du coup, ils ont tous des papiers Une sacrée perte de temps. Ils se sont mis à demander des salaires minimum. Les mieux c'est les Chinois. Pas de papiers, pas d'anglais. Pas la moindre idée de ce qui se passe. Mais faut dire qu'y en a qui en profitent.
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- Malcom Loxley. Vous m'avez laissé un message.
La voix est grave, distinguée, pleine d'aplomb. Une voix qui trahit le pouvoir, avec des voyelles sèches, typiques du Yorkshire
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Ne voit-elle pas que tout est figé par le temps et la mémoire? Ne voit-elle pas qu'une fois qu'une histoire a été racontée d'une certaine façon, il est impossible de la raconter autrement? Ne voit-elle pas que les choses qu'il y a des choses qui doivent être dissimulées et enfouies, pour que la honte qui y est attaché ne vienne pas salir la génération suivante? Non, elle est jeune et tout est possible.
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Et pourquoi la souffrance rendrait-elle compatissant. Ça ne marche pas comme ça, Georgia. Les enfants maltraités deviennent souvent des adultes qui maltraitent à leur tour. C'est ce qu'ils ont appris.
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Dans mon pays, on dit l'ignorance est le bain chaud où c'est confortable s'asseoir mais dangereux se coucher.
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