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Critiques de Maryna Uzun (187)
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Au piano bigorneau

Des mots ciselés, dentelés, façonnés, des mots charnus, des mots rares, époustouflants, abscons qu'il faut savoir décrypter dans leur contexte, un style florissant, un rien trop chargé car baroque, mais d'où glissent en longs serpentements vibrants, une vie sensible, sensuelle qui se raconte, des mots qui clament fort l'amour de la langue, l'amour d'écrire, l'amour de se dévoiler avec une infime pudeur, même si le mot précis, choisi avec attention, le fait avec plus de vigueur, des mots collectés, collectionnés pour dire l'infinie passion de la musique, l' engouement qui porte une vie.

Il faut lire ce texte , dans un premier temps, pour le découvrir, de façon brute, abrupte, puis de le relire, à petites doses, lecture infusée, comme une décoction bienfaisante, cela fait tant de bien actuellement.

Un grand merci Maryna pour ce voyage littéraire d'un autre temps .
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Au piano bigorneau

Quel lieu aussi majestueux pouvait mieux accueillir une fringille , primesautière si exotique , que ce square , à Paris , où le seul mot romance soulèverait toutes les plaques qui honorent les plus grands poètes .

Leur confie-t-elle ses misères , ses états d'âmes , ses souvenirs d'une vie qui ferait frémir plus d'une fille !



" Sonate en do , nocturne en ré ,

C'était un amour emmuré ,

Scherzo en mi et valse en fa ,

Jamais posé sur un sofa ... "



Il est difficile de vivre comme le commun des mortels quand on a cette faim éternelle de caresses , de mains qui se posent avec délicatesse , telles celles de ce virtuose qui savait oser avec tant de panache .Ballotée entre une mère sévère et un père à l'esprit facétieux , Tarina va évoluer dans un monde strict où la parenté s'en arrache le monopole .

D'ailleurs , l'un et l'autre vont s'arranger , chacun à sa façon , pour que leur fille profite au maximum d'études , sans contrainte , sans soucis domestiques afin qu'elle atteigne des sommets , et , que son nom brille pour la nuit des temps .

Tout serait magnifique si sa génitrice n'avait pas cette habitude de tout contrôler en véritable cerbère .

Heureusement , très jeune , Tarina apprend la musique et joue si bien du piano qu'elle rentre dans une académie importante d'Odessa .



" Je me lève de ma banquette capitonnée avec des idées déprimantes : mon homme coruscant , je l'ai certes rencontré , très tôt , trop tôt , et mon triste sort est d'attendre pour rien sa copie . "



Sa rencontre avec un maître de musique réputé va porter la jeune artiste au-delà de ses espoirs . Une parfaite osmose se forme entre eux , comme si leurs doigts se joignaient pour jouer , avec maestria , spécialement Chopin .Tarina est marquée à vie par cette passion qu'il lui a communiquée , non seulement pour la chair mais aussi pour la musique . Une mère au caractère bien trempé qui semblait ne jamais avoir été amoureuse , sauf du travail bien fait , et un pianiste qui jouait si facilement avec le " do" ont créé la poétesse .



" Savez-vous , houppier , où s'est niché Hap ?

C'est mon happy end à l'aigrette noire .

Un vrai anticorps , il m'habite encore !

L'amour , n'a-t-il pas dix mille yeux qui brillent ? "
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Au piano bigorneau

Maryna Uzun, ici, renouvelle le genre des confessions noblement instigué par Saint Augustin et magnifié par Jean-Jacques Rousseau : résolument introspective sa prose évite tout jugement, tout remord, tout questionnement moral pour faire place au langage: sa musique, son rythme autant que la passion décrite emportent le tout, emportent ses souvenirs pêle-mêle dans une écriture liquide, une lecture haletante.



C'est donc aussi une réflexion sur l'écriture, sur la légitimité de mettre à nu des sentiments (autobiographiques ou non, peu importe) , sur l'impossibilité d'écrire finalement la passion, de situer sa place dans notre quotidien, parmi nos proches, dans cette société... la passion a-t-elle véritablement une place, d'ailleurs ? Même à nos mots, à nos récits, nos écrits, on la sait échapper...
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Au piano bigorneau

Grâce à une sensibilité de pianiste, Maryna Uzun propose ici des phrases musicales mises au service de phrases littéraires, des jeux de sonorité comme des sororités de lettres aimantées par le désir de l'amante qui les recompose pour chanter son amour. Bigorneau et bigarreautier, piano et pianissimo, distillent un tempo aux images mouvantes.



J'apprécie la richesse du vocabulaire employé, particulièrement précis dans quand il se fait botanique et bien sûr musical mais couvrant d'autres domaines, d'un érotisme ubéreux voire licencieux.



Car ce roman est avant tout une romance. Il comporte le sentimentalisme excessif que l'on associe à ce mot. Pour y adhérer, il faut être prêt à accepter les émotions quelques peu outrancières et narcissiques de la narratrice, dont les emportements tendent à tout ramener à elle et à sa passion.



Il y a de surcroît quelques variations de registres de langage qui ne feront peut-être pas toujours tressaillir au sens positif du terme. Ce texte emphatique et impudique possède les défauts de ses qualités et les qualités de ses défauts, à savoir un sens du baroque, une exubérance parfois rafraîchissante… mais aussi une relative absence de simplicité qui rend la lecture peu fluide, et qui dessert un peu la spontanéité passionnelle que l'on peut y trouver.



Malgré mon appréciation mitigée de ce roman, je salue la courage de faire ainsi se chevaucher deux arts, non sans talent : même en tant qu'écrivaine, Maryna Uzun est une pianiste attentive à sa partition.



Merci à l'auteure pour la confiance qu'elle m'a témoigné.
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Au piano bigorneau

On imagine la narratrice jouant sur son clavier une oeuvre dont les variations lui évoquent tour à tour son enfance, fille unique couvée par une mère castatrice, un mari, Casimir, un peu macho, son fils adoré, Némorino, avec qui elle partage la passion du basket, et, thème récurrent, comme un refrain, le souvenir d'Hap, son maître de musique, un amour désappointé en bord de Seine, mais n'est-ce pas l'aspect embryonnaire, fugace, inabouti qui rend inoubliable un tel amour?



Magnifique écriture de Maryna Uzun (que je remercie pour l'envoi de son livre), délire poétisé dans lequel mon esprit trop pauvre et pas suffisamment cultivé peinait parfois à y mettre du contenu.

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Au piano bigorneau

Roman poétique, roman épique, chanson de geste, roman de chevalerie, quête du Graal.

Oui, « Au piano bigorneau » est tout cela à mes yeux.



Tarina, être poétique s'il en est, entre en guerre, entre en quête.

Son Graal ?

Le Beau.

Pas la beauté, non, le Beau.

Ca n'a rien à voir….

Pour l'atteindre, il faut « cultiver l'art », il faut de la poésie – Beaucoup.



La poésie de Maryna Uzun n'habite pas des vers ni des rimes, elle loge dans l'assemblage des mots, des couleurs, des senteurs, des musiques. Elle abreuve le sens des mots, les décalages. Elle nous fait perdre nos repères et nous emmène naviguer au fil de ses courants, de ses marées thymiques.

Il ne faut pas lui résister, ce serait mortel ; il faut lui succomber se laisser emporter vers .....son Beau, vers le Beau.



Un voyage en somme.



Car le Beau abreuve ce texte. La beauté des mots et des phrases c'est une chose, mais le Beau qui nous sauve, Tarina et nous lecteurs, c'est autre chose.



Le Beau se loge partout, et surtout dans son souvenir sensuel et sexuel d'une adolescente puis d'une adulte aux sens à fleur de peau, aux prises avec un amour improbable et même impossible.



Le Beau, pour moi, se loge dans cette Nostalgie toute slave qui inonde tout son roman.

Car même si elle n'est jamais évoquée, la slavitude de l'auteure l'imprègne pour mon grand plaisir atavique.



Et puis, comme il s'agit d'un roman, il n'y a pas que de la poésie.

Quelques petits règlements de compte émaillent le récit et, curieusement, dans ces passages le lyrisme se fait discret et je le comprends.



Le Beau est encore là dans les photos de l'auteure qui illustrent tout aussi poétiquement ses propos. Et il y en a une surtout.

Cette photo, la première du roman, en noir et blanc, qui vaut toutes les quatrièmes de couverture, tant elle est chargée de cette Nostalgie amoureuse en forme de tour Eiffel – Un lapsus pictural, peut-être….



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Au piano bigorneau

AU PIANO BIGORNEAU, roman, Maryna Uzun, Livre Actualité 2022****

Début 2023, en janvier, mois à deux visages, deux regards, vers le passé et l’avenir en embrassant le présent.

Une première page, photo en NB, le blanc flou, un peu ému, monte les marches et s’imagine que le tapis est rouge.

Amour en solfège chanté et joué, imaginé comme souvenir ou une mémoire à revenir sur la charmille de charme, comme un cygne blanc dessinant un échiquier sur la surface de l’eau.

Une fois sortie de son appartement le monde en NB prend les couleurs des mots qui s’appellent et se répondent en écho, cherchent leurs contraires et en font leur compagnons insoupçonnés en y ajoutant un « vin de syllabes » et du « miel de virgules » contre la grisaille, pour éloigner l’acidité. D’autres cherchent un bon grog de janvier « quatre pétales de « v » pour ailer ton cœur, et sept pincées de « i » pour un sourire ample… » p.10 de clown ou de petite souris.

Paris, fermé par un vilain virus, s’ouvre en loukoum pour une échappée de quelques 200 pages, et l’accueille elle une plume, lui Némorino son faon qui s’en va et revient sans crier gare, et Hap de loin et de très près, et d’autres encore, plus près qu’on ne peut soupçonner.

C’est un « alpage fabuleux » avec son herbe juteuse, il porte en lui une imagination sans haie ni portillon, follement amoureuse d’une couture arlequin aux losanges en tissu ou petites pierres, qui cache quelque chose, comme une goutte nostalgique de ce qui fut un désir, de ce qui est passion et envol le temps d’une précieuse rencontre, une fin sans fin , un après, une note égarée, un oiseau qui s’envole et puis revient son cœur à 1000 battements par seconde.

Piano bigorneau, spirale s’enroulant sur elle-même, petit coquillage vêtu d’algues qu’il emporte dans son glissando, tissées de notes et de nocturnes, de poèmes en tourbillon remplis de questions, points d’exclamation et de suspension...

Maryna, tu sculptes les mots en baisers espiègles, jongleurs, équilibristes, leur donnes les couleurs de tes rêves et les fais valser avec abandon, puis, encore gourmande de quelques jongleries improvisées tu les attires dans un « complot galant » p.19 de métamorphoses, préfixes, suffixes et métaphores. Une vraie « choucroute entremetteuse »!p.19

« Fantaisie folle, anime-moi, mes variations sur la même affre ! La Tour Eiffel changera de pattes d’eph, déchiffrera mon feuilleton, le plus quotidiennement possible, contre champagne et réveillons ! » p.20

Un livre fouilles autant qu’un livre citations et hommage en leitmotiv à la Tour Eiffel, que je connais aussi, différemment.

Et des personnages, très proches portent une mantille de fiction, de souvenirs passionnés, amers ou citron, pâtes que tu souhaites de la même trempe que toi et te désoles que ce soit autrement. Et les mots s’accumulent en enfilant la toque du juge, mais une fois l’acide épuisé je crois entrevoir des éclaircis et le joli sourire du bigorneau.

Traverser les pages, les faire tourner par une envie non apaisée, oublier de suivre ou de comprendre une ligne narrative et déguster à chaque instant les nouveaux chemins que les mots empruntent en toute liberté, l’inattendu sur un tapis volant où le rêve embrasse le brouillard et le grand sourire cajole la peine, les dangers, la menace réelle ou inventée en les laissant sur le dos d’une dame dépitée qu’un ami appelle Oclès.

« Piano sans amour dans les doigts, cela ne peut pas fonctionner » p.45, piano bigorneau, tu es vie appel et souffle, marrée d’envies, flux d’histoires qui se répètent, jamais les mêmes, jamais à personne, vagabondes, uniques, instants éphémères vécus comme éternités, les identifier ? À quoi bon ? Suis pas étonnée que tu fus une bonne élève !

Oiseau aux plumes argentées ornées de quelques gouttes, perles pêchées dans les profondeurs, ornements et fardeau, tu t’élances en flèche, plonges en apnée, danses en cercles de toupie, grimpes par deux les marches du colimaçon, prends le vertige pour compagnon, vis revis et te nourris des choses de la vie qui reviennent « en boucle » p.69 comme un bigorneau.

De temps à autre, une page photo arrive comme pour changer le tempo, elle parle doucement d’une famille de galets aux couleurs du soleil et de l’eau. Une respiration nouvelle prend place et demeure laissant tout le plaisir d’une autre respiration, celle du regard, juste de lui.

Depuis que je lis ta plume, depuis que je parle avec toi, je pense de plus en plus à un lien que tu pourrais avoir avec quelques créateurs, tous colonisés par un feu, une impatience, une force fragile qui peuvent faire beaucoup de bien, du mal aussi des fois… Ils vivent le pire et le meilleur, se tiraillent, s’écartèlent, se consument et se remplissent de joie. Chacune de tes notes, chacun de tes mots sont recherchés, fouillés, déshabillés, écorchés à vif, transformés, et de ce traitement abusif le mot et la note ressortent plus forts, grâce à leur fragilité !

« Poire succulente » ou « hétère raffiné » ? Je dirais ni l’un ni l’autre mais les deux à la fois dans une alchimie heureuse de piano bigorneau !



« l’artiste ne sort jamais de lui-même »,dit Baudelaire, p.126, et moi d’ajouter mon point d’ ?, mais bien sûr que si, et c’est mon humble avis. L’artiste regarde le monde, en est impressionné, s’en imprègne, nous le fait voir autrement, peut transformer la boue en beauté, « se tirer vers le beau au prix des orages » p.127, nous aide à nous émerveiller, à trouver une petite lumière dans notre nuit profonde, on en a tellement besoin.
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Au piano bigorneau

Une année s'est écoulée depuis l'arrivée de ce roman dans ma liseuse.



Je n'ai pas beaucoup lu en 2022.



Je pense aussi que ce roman n'est pas comme les autres, c'est un florilège de poésie, de beauté, d'imaginaire débordant mais aussi de réalité qui est quelque part un peu de la vie de Maryna.



Lu en deux soirées, je me suis régalée avec tous ses mots si bien agencés, rares, qui parlent de musique, d'amour, d'amitié, de sensualité. Un roman original qui nous fait voyager à travers un piano, dont les partitions sont ses mots. Ses contours ne sont pas les nôtres, alors cela nous fait voyager dans une autre sphère.



Beaucoup de joie émane de ce livre, c'est frais, romantique, et le beau s'invite aussi dans les photographies distillées par Maryna.



C'est un roman qui ne se raconte pas, mais à vivre.



Une lecture unique que je ne suis pas prête d'oublier, de par sa beauté d'écriture, les images qu'elle véhicule, mon coeur a été étonné, touché.



Merci Maryna, pour ce voyage hors du temps.



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Au piano bigorneau

‌Un nouveau roman de Maryna , l’assurance de se prendre un bon voltage dans la caisse !

Intrépide et savoureuse, elle nous fait traverser fluidement les labyrinthes des amours silencieuses, plongeant brièvement dans la mélancolie mais toujours pour la subjuguer par une vitalité pulsante-inondante.



Sa ferveur se transfuse à nos bras bienheureux, shootés par un langage qui s'invente à l'instant, plein cependant d'alluvions millénaires.

Interprétation majeure d'une langue française débourrée sous les talons tendres mais fermes d'une cow-girl aux yeux de fleuve , sa langue est un appaloosa dont l'énergie nous abreuve .



Très loin des récits narcissiques au goût de poussière , ses entrechats entre fiction et vie nous tatouent le goût du dehors, des paumes autres, des arbres crémeux.



Énorme liberté , de ton , d'envies, de confessions audacieuses. Prêtresse débridée, femme "décousue" , elle nous accorde la primeur de ses sauts dans une voie lactée que nos yeux miros captaient mal.

Merci Maryna !
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Au piano bigorneau

Au Piano Bigorneau (2022)

Les Editions le livre actualité

Maryna Uzun



Au Piano bigorneau est le dernier bébé littéraire de Maryna qui donne le sentiment que l'auteur y tient peut-être plus qu'aux autres, non pas parce que c'est l'avantage du dernier, mais parce que sa veine est encore plus aboutie et son engagement revêtant plus d'acuité, toujours dans cette recherche de nous montrer le meilleur d'elle-même. Elle veut être vue selon son exigence et sa richesse intérieure, sans fard et sans pudibonderie, tout simplement dans une démarche de sincérité envers soi-même, mais attention il y a un peu de travail à faire pour l'aborder.



A travers cette poésie en prose remarquable et exigeante, Maryna par un exercice fouillé d'orfèvre explore indubitablement les bons mots du répertoire, parfois savants, parfois inusités, les choisit dûment comme des étiquettes désignant en fait les mille facettes de son âme qui se frottent aux réalités d'un monde étrange tantôt fait pour elle, tantôt hostile ; dans ce monde étrange tantôt fait pour elle, dis-je, il n'est pas rare d'y trouver les déconvenues, voire les confidences d'une jeune fille qui semble embrasser avec gêne la chair qui l'a fait naître par l'incomphension qu'elle suscite en s'en affranchissant, comme si elle lui paraissait d'un seul coup étrangère, alors qu'elle embrasse avec une sensualité torride les choses et les êtres à l'extérieur. Qu'on se rassure, tout cela est un jeu de miroirs avec une élégance et une générosité certaines !..



Cette étude introspective vaut largement le détour, on y découvrira un auteur en quête des secrets de son âme avec une richesse et une singularité audacieuses. Il est évident que la clef de son écriture est la poésie qu'elle plaque sur des histoires bien à elle qu'elle a envie pour notre plaisir de nous raconter

.

Voici un extrait pris au hasard dans le milieu du récit où tout se vaut dans un enchevêtrement de situations insolites où le temps semble s'arrêter quelque peu dans la constance de sa frénésie créatrice pour nous en dire un peu plus sur ici son héros du jour où il y a finalement autant à apprendre de la narratrice :

"Comment pouvais-je l'endiguer, lui, avantageusement connu de tous ? Sa stature d'athlète le hissait au rang du plus beau mâle jamais étreint ! Grand de taille, il avait un visage atypique au nez vaguement aplati, des cheveux brillants comme du jais, sobrement ondulés, une bouche passionnée et de petits yeux profondément plantés ... Gâté sous tous les aspects, il était le fils d'un couple de chambristes renommés, leur Gaspard de la nuit dans l'aura de Ravel, et cela amenait un fameux appui à des dons naturels pour accentuer sa notoriété. Logiquement, il devait poursuivre sa transhumance. Je ne savais que le saisir de mes labres (*), aussi longtemps que possible, à la manière d'un poisson cherchant l'eau."







(*) Ne m'en demandez pas trop, j'avance l'idée de lèvres charnues comme des carpes en faisant du bruit au fil de l'eau. Bien que j'aie un doute, je ne la vois pas ici s'oxygéner !..
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Au piano bigorneau

Écrire un billet sur ce livre de la même façon que je le ferai pour un roman est impossible.



Ce livre ne peut pas se résumer. Il est hors norme. C’est un fleuve d’émotions en fusion. Chaque page nous inonde, parfois dans des termes crus, de passion. De même que l’Amour y transparaît partout.



Durant toute ma lecture, j’ai eu l’impression de vivre une psychanalyse qui a amené la narratrice à renaître sur un piano dans un hall de gare.



J’ai toujours eu beaucoup de difficultés à exprimer mes émotions mais ce livre m’a beaucoup plu et je remercie beaucoup @Nemorino pour m’avoir permis de vibrer avec ce superbe texte.
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Au piano bigorneau

Mes yeux ont déambulé souvent le long de mes colonnades magiques : les perspectives des piliers du pont d'Iéna ou de celui de la Concorde… Serait-ce mon oeil-de-boeuf sur l'invisible ? Car ce roman répond à l'énigme d'un après-midi où j'ai aperçu les pieds d'un piano à queue majestueux passer par-dessus la Seine, comme un Pégase, aussi surréaliste qu'un temple dans une chambre ! Cet instrument incongru, en plein soleil, au milieu des touristes, s'est mis à me faire des signes. Ma superstructure ainsi révélée a remplacé l'ouvrage d'art connu de tous les usagers, et je me suis accrochée à son pupitre telle une rampe.

Si de l'eau a coulé sous les ponts enjambant gravement le fleuve, mon souvenir fort émerge toujours. Mon rendez-vous involontaire ! Je suis heureuse d'être secouée, mais de plus, finement caressée, par tes mains introuvables nulle part ailleurs ! Passion ancienne, indélébile, et impossible, et insensée ! Mes voeux augustes de silence, que j'ai tenus depuis des lustres, ce jour finissent par s'avérer labiles. Je te dédie mon cri d'amour !

Acquérir la cautèle, cela ne s'apprend pas, et si je suis en liesse, c'est parce que je suis vraie. En revanche, si on discerne chez moi une autofiction, il faut comprendre que j'insiste davantage sur la « fiction » que le « auto-». Au moins, pour moi, ils sont égaux.

Varna, Batoumi, Constanţa ? L'Anatolie, la Crimée, l'Occitanie ? J'ai transposé ma source, à l'instar d'une musique, mue toujours par pareilles méditation et harmonie. Dans mon odyssée, je ressuscite une grande ville maritime aux banlieues-dortoirs mais aux acacias fleuris. le mistral s'y enfle follement et enflamme ses esprits cosmopolites. Ma Marseille imaginaire, ma Marseille de l'Est, dans sa majesté antique m'arrive à l'égal d'une île aux sirènes. Me suivent mes catacombes curieuses, d'authentiques labyrinthes, riches de mystères et d'idylles. Mordue du sel des embruns, l'histoire de Hap et de Tarina s'égare en une région indistincte, telle l'Atlantide, entre l'Océan, la Riviera et le détroit où se déversent l'une dans l'autre la Méditerranée et la mer Noire.

Bibliophiles accueillants, vous êtes mes probes horlogers ! Ne portez les points sur les i, ne me blâmez pas de diviniser aveuglement mon nympholepte unique de luxe ! Heureux qui connaissent ma grâce à être lucide et volontaire ! Mon éblouissement effréné, Hap se mirait dans mes prunelles. Qu'il ne fût pas de ma promo, cela ne comptait que très peu. Il m'aimait de son coeur sincère et nos états d'âme communiaient.

Cet écrit représente la suite du roman « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! » À ma nouvelle course où mon sein impatient me lance sans réserve ! Au piano impudique, en bois de poirier dur sous un joli poli, dont le couvercle s'ouvre à quarante-cinq degrés ! Qu'il avoue ce qu'il camoufle !

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Au piano bigorneau

Merci Tarina !

Voilà bientôt deux mois que les premiers moments de ma journée te sont consacrés, je les passe en ta compagnie.

Rien ne doit alors me déranger, je dois me détacher de tout, je ne tolère qu’un accompagnement musical (et ce, selon tes suggestions : Chopin, Bach, Debussy, Grieg,…).

T’écouter exige de moi un abandon, les premiers soubresauts du jour me font te quitter.

Durant ces deux mois, Je t’ai suivie, j’ai vécu tes émois, j’ai été touché par ta belle sensualité, par les sentiments, troubles et désirs que t’ont inspiré Hap, par ton attendrissement devant Nemorino, par tes relations envers ta mère, par tes observations et descriptions.



Une empathie totale : au fil des pages, tu m’as insufflé le désir de te découvrir, je me suis senti proche de toi. J’ai aimé ton hymne à la vie.



Tarina, remercie de ma part Maryna Uzun, sa belle plume, son sens poétique de m’avoir permis de te connaître !

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Au piano bigorneau

Au piano bigorneau, cela ressemble au nom d'un estaminet dans lequel Maryna Uzun m'inviterait à prendre un verre.

À cette invitation, j'ai répondu avec enthousiasme, retrouvant la joie pure, presque puérile, où enfant, je courais avec mon père sur le littoral à marée basse, soulevant les paquets de goémons accrochés aux rochers, découvrant les bigorneaux qui allaient rejoindre notre butin de pêche et plus tard les assiettes...

Piano, bigorneau, voilà deux mots aux dissonances apparentes. C'est l'alliance improbable, incongrue qui marie la musique et la mer. C'est Debussy qui se penche dans le paysage maritime, tendant son oreille pour capter depuis l'antre d'un coquillage la mélodie insatiable des vagues.

Au piano bigorneau, c'est l'invitation à déambuler dans un Paris baroque, insolite, fugace, réinventé par la poésie de Maryna Uzun qui réinvente à son tour les mots et sa manière de nous les dire.

Une image saugrenue d'un piano à queue s'engouffrant sous le point d'Iéna où coule la Seine et il n'en faut pas plus pour faire surgir le passé encore présent, les quais vides qui se souviennent, la fulgurance d'une première fois, dire celui qui n'est plus, chanter ses gestes, ses effleurements, en dépit des fêlures qui resteront à jamais dans ce vide abyssal.

Comment rester mutique devant le désir qui court pieds nus sur le sable ? L'abandon, le corps et ses ressacs ? Ce qui reste quand la mer se retire du paysage...

À chaque pas, les mots de Maryna Uzun s'inventent dans le dédale de nos vies, ce sont des lucioles, des feux-follets, je deviens un clochard céleste et je pense alors presque sottement que la poésie peut devenir une citadelle imprenable pour nous protéger des malheurs du monde et de la bêtise qui terrasse les licornes.

Mutine est sa manière de musarder, bivouaquer, comme si la douleur du souvenir ne faisait jamais mal. Aimer les mots, c'est faire semblant.

« Je devrais loger près de l'océan pour que tu reflues vers moi plus souvent. »

Il s'appelle, il s'appelait Hap et son surgissement dans la vie de la narratrice ressemble à un scherzo. Sa disparition aussi...

Elle avait seize ans, c'est-à-dire vingt ans de moins que lui. Elle était sa gracieuse disciple devant le piano ; le cours devenait alors un paysage érotique où l'accord se faisait en apprenant... Plus tard, il y aurait des promesses, des serments... Celui qui donnait sens à sa vie n'est plus là désormais... Les seize printemps de la narratrice sont à jamais perdus, ou peut-être encore bien présents au bord de ce quai vide.

Ce sont les touches impudiques d'un piano qui se fraient un chemin dans la pluie oblique, obstinément. Comme j'ai aimé les suivre à la trace, guetteur inconnu, qui peut-être a vécu la même histoire, qui sait ?

Ici la phrase s'allume comme un gastéropode endiablé, comme un orgasme facétieux et alcyonien qui se noue et se dénoue, qui détourne la nuit en plein vol vers un endroit secret.

Evaporé, volatilisé, l'être aimé. Disparu à jamais.

Le souvenir demeure cependant intact, indélébile. On le reconnaît aux éraflures qu'il laisse dans le coeur et dans les mots pour le dire. Il continue de courir sur les touches noires et blanches de la vie, peut-être dans ce treizième prélude de Chopin et dans la manière de le jouer...

« Accords alanguis, pénétrants, répétés avec une obstination sensuelle. Je frissonne encore alors que je connais la fin... »

Creuser, fouiller ensemble. Se terrer dans la nuit. Est-ce ainsi s'aimer ? Tous les commencements sont beaux comme des préludes de Chopin.

L'amour, la mer et ses tangages.

« Grossir l'instant, c'est vivre ! »

Ici Maryna Uzun, dans une quête désespérée de la poésie qui tend vers le beau, l'incroyable, dit la faim inassouvie des caresses qui ne reviendront plus, la peau qui attend longtemps après.

Au piano bigorneau est le ressac maritime de la note ultime.

Ce sont des paupières primesautières sous lesquelles brûlent encore des cris d'oiseaux. On voudrait les soulever pour enchanter notre paysage.

« Les pas du piano me poursuivent sans limite dans un silence ample qui étrangle les cris des moineaux. »

Aimer, c'est peut-être s'abîmer dans l'élan de l'autre, sa fougue, sa générosité. C'est ce que m'ont dit les mots de Maryna Uzun.

C'est une ode à celui qui n'est plus, qui a tout donné : le vertige, l'abandon, le désir.

Au piano bigorneau est un cri d'amour. C'est aussi pour cela que j'ai aimé ce texte et qu'après sa lecture, j'entends encore sa musique vibrer en moi.



Je remercie Maryna Uzun pour m'avoir offert ce magnifique cadeau qu'est son texte.

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Au piano bigorneau

« Qu'il y ait constamment des arbres à aimer sur ma petite colline ! Les mots sont aussi des fûts, aux racines latines, grecques ou autres, ils sont des fermoirs d'or des coffrets, des médaillons, des clavecins et des sentiments. La clé universelle des amours se dissimule dans la tête. Ces derniers ne sont jamais achevés, mais sont continuellement créés.

On les enfante ! »



*

Ecrire un poème musical à un bigorneau, ce petit gastéropode commun qui colonise les bords de mer.

Jouer avec les sonorités des mots, les vagues de pensées d'un escargot marin recroquevillé dans la coquille noire de ses états d'âme, le déferlement qui battent le rivage mis à nu.

C'est avec cette idée originale que Maryna Uzun nous invite à entrer dans son univers où les accords du piano, comme d'autres, le bruit de l'océan, calment les vagues constantes de nos tempêtes intérieures.



*

A nouveau,

à l'heure où les songes se fondent avec la nuit,

ma petite fée primesautière et gaie

est venue à moi

dans ses habits de soie.



Mutine et taquine,

avec son jupon de mousseline,

la jolie magicienne des mots et des maux,

a replié ses ailes

et s'est posée

près de mon oreiller.

Pas un bruit.



Au ciel encordée,

elle s'est penchée

sur mes rêves inavoués

et comme une caresse sur ma tristesse,

plus légère qu'une plume,

doucement, elle s'est glissée

et a semé sur mes larmes

des germes de désir

des graines de plaisirs

des envies de chérir.



L'amour est une valse,

un pas de danse

peau contre peau

à fleur de peau

Nocturne au piano.



Dans son sillage,

page après page,

je me suis faufilée

dans ses failles, ses batailles.

J'ai voyagé

entre ciel et mer,

entre fiel et revers.



A tire d'ailes

voguant, volant,

bercée par nos rêves à l'unisson,

au rythme de nos passions et de nos circonvolutions,

ses yeux espiègles et gourmands

m'ont confié son imagination piégée,

son ambition cadenassée,

ses affections encellulées,

son coeur estropié,

son besoin de liberté,

ses vers enchaînés,

par une vie trop conformiste qui l'attriste

par l'amour sans atours.

Les mots se tordent,

les gestes se dévident de leurs illusions,

les pensées de leurs certitudes.

Il ne reste plus que rancoeur et douleur.



« L'amour toujours à la lisière entre le rêve et le brasier, entre l'exil et le verset… »



En un tour de passe-passe

les sentiments se désaimantent.

Tel un mirage dont on est otage,

les désirs s'esquivent et se languissent

emportés par le silence,

déchirés, bousculés,

tourmentés, écartelés.



Mettre l'amour en cage,

L'enchaîner, l'emmurer,

le condamner, le censurer,

s'oublier, capituler ?

s'enfermer, s'enferrer ?



Ses doigts de fée glissent

sur les touches noires et blanches.

Le bonheur en jachère,

l'amour amer,

la vie les amarre avec voracité.

Dans une ivresse amoureuse

le piano égrène sa mélodie

éveille les sens

sécrète une harmonieuse volupté.



« Les Pas du piano me hantent partout. Les embruns qui voltigent, pourchassés par la brise, se figent sur mes lèvres en un baiser astringent. Ce contact, c'est la mer qui m'envoie ses aveux. Ce n'est pas de rigueur qu'un amour soit verbeux. »



*

Maryna Uzun détourne les mots de leur sens commun, les combine de manière inattendue pour inventer ses propres images, créer sa propre palette d'images, de nuances, de sensations, de couleurs et de senteurs.



Sa poésie est l'ancre jetée à la mer, son espace de liberté et de désirs.





« Une nuit oasis, dans le désert des opacités plombées, où mes divagations ont amené nos corps au sommet. Ils s'encastraient d'abord flâneusement puis de plus en plus hardiment jusqu'à ce que la mer rejetât sur le rivage nos horripilations muettes. »



Sa poésie est fragile et espiègle, rebelle et sensuelle, impétueuse et fougueuse, romantique mais jamais mutique.

Sa poésie, impudique et audacieuse, est comme un battement d'aile ou de coeur qui oscille entre volupté gourmande, légèreté insouciante, sensualité et fêlures.



« Je devrais loger près de l'océan pour que tu reflues vers moi plus souvent ! »



Les vers se font joueurs et frondeurs,

un brin railleur.

Sur les pages des cahiers,

les mots déambulent libres et tendres,

avides de sens,

avides de vie,

avides de frénésie et de folie.

Ils s'enroulent et s'emportent,

Et comme des lames de fond,

ils balaient de leur puissance irrésistible

les apparences

les jacasseries, les pudibonderies, les hypocrisies.



Tels des funambules sur un fil,

ils s'accordent, s'encordent,

se raccordent, ou se désaccordent

au gré de ses amours et de ses fantasmes,

des espoirs et des doutes

des déceptions et des défaites.

Fantasques et débridés,

ils sautillent, pétillent, s'entortillent

en une gamme chromatique de couleurs,

d'images, de sonorités,

de saveurs douces et amères.



Au fil des pages,

ils deviennent saltimbanques,

jongleurs et bonimenteurs,

ils se font espiègles et passionnés,

prennent la tangente ou des libertés,

voyagent au gré des rêves et des pensées.

Ils se désancrent et jettent leurs amarres

au cours de leur voyage, de leur dévergondage, de libertinage, de leur mirage, de leur naufrage.



« Il n'y a pas de grande passion qui ne soit payée de sang ou de larmes. Mon coeur gonflé d'ardeur, j'ai choisi de vivre de mes gouttes alertes plutôt que de mourir d'un rire mou. »



*

Une fois de plus, j'ai aimé la force généreuse et vitale du texte de Maryna Uzun. La retenue et la pudeur se dévêtissent et se cisèlent en petits éclats acérés et mordants, se sertissent de jolies images primesautières et vraies. L'intime y rencontre l'imaginaire dans un texte troublant et poétique qui déploie ses bras introspectifs et mélancoliques.

A découvrir.



« Je m'appliquerai au jour le jour, m'équilibrerai en écrivant le contraire de ce que j'en-dure, je m'aiderai de ma longue perche de poète ! de toute façon, je m'engage à ne plus reculer au lendemain notre beauté de vivre ! Puisqu'il a prononcé cette phrase : « Tu me fuis, tu as trop d'occupations, et la vie détale ! … Je t'aime ! » »



*** ***

Un très grand merci Maryna Uzun pour ce beau cadeau, c'est toujours un plaisir de voyager sur des sentiers balisés.

*** ***
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Carnaval des majuscules : prolongation exce..

LE CARNAVAL DES MAJUSCULES : Prolongation Exceptionnelle - Maryna Uzun - Le Livre Actualité Éditions - Lu en août/septembre 2022.



Le Carnaval des Majuscules, ou le manège des Majuscules, ou l'arc-en-ciel des Majuscules, ou encore l'alphabet revisité par Maryna est une plongée dans la poésie, poésie moderne, poésie où l'humain se mélange avec la flore et la faune, poésie colorée.



Maryna Uzun se joue des mots et joue avec les mots, un poème par lettre, un dessin aux pastels de ses mains par poème, petites illustrations naïves et fraîches en rapport avec le texte.



A chaque majuscules est associé un mot, par exemple :



J - Jalons

I - Impératrice

Z - Zeus

N - Navré



Et c'est parti, voilà que Maryna s'emballe et sa plume vole sur le papier et ses pastels jouent avec les couleurs et les dessins.



Quant à la Prolongation exceptionnelle, elle débuté par un conte, dans lequel sont également reprises toutes les lettres de l'alphabet sauf 3 , le E, le O et le Q , mais pourquoi ? Aaah ! Vous voulez savoir ?

Je ne dirai RIEN. Mais également par quelques poèmes bonus pour mon plus grand plaisir.



Un recueil bonheur, à laisser sur la table pour l'ouvrir quand la vie paraît trop lourde ou bien pour se laisser aller à la rêverie et croire qu'un jour le vent tournera direction meilleur !



Je vais mettre le suivant sur ma table de... chevet :

L'insomnie est couchée dans mon lit.



Merci Maryna Uzun.

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Carnaval des majuscules : prolongation exce..

Sans drille ... on s'ennuie

On cherche la rengaine

Qui aura le don ,

Comme le dit sa marraine

Dans sa cocasse chanson :

" Bidibi Bodibi Bou "

de chauffer notre imagination .

Alors , citrouille , melon , potiron

Laisseront place à la reine

Et à ses délicieux bonbons

Qui promènent ' Caméléon ",

" Papillon " , sans oublier " Hibou "

" Un énorme H bien debout ",

Dans un bal masqué

Où toutes les majuscules

Posent des " Jalons "

Jamais à la " Hüzün "

Mais à la Nemorino,

aux mots rigolos , par centaines !

A vous d'en savourer la chaîne

Une véritable aubaine !







D - Ma demie



Ô toi , ma mie et ma demie ,

Une mouvante anatomie !

J'avance sans la moindre peur

Dans le dédale de ton coeur .



Deux lettres d'font une Orange

Par une touche d'alchimie

Ou forme une jarre étrange

Dans l'atelier de poterie !



Deux lettres d', deux amoureux ,

Reflets mutuels et rigoureux ,

Leur désaccord est douloureux

Leur désamour est désastreux !



Ô toi , ma mie et ma demie

Mon oasis , mon accalmie !

Depuis toujours , je te dédie

Mes jours , mes nuits , mes rhapsodies .







Dans son invitation à la lecture , Maryna Uzun nous souffle ces quelques paroles :

" Parfois mes amis se disputent au sujet des détails . Par exemple , cette controverse sur la composition des pantoufles de Cendrillon . Ce n'est en aucun cas une raison pour renoncer à ce banquet . "



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Carnaval des majuscules : prolongation exce..

Chers amis babelio ! à la suite des erreurs dans la base de données, ce livre s'est assimilé au premier volume du "Carnaval des majuscules" et s'est retrouvé sans critiques ni citations comme un orphelin. Voilà pourquoi je poste ce billet. Comme j'ai déjà fait une "invitation à la lecture" pour célébrer cet ouvrage par de grandes festivités, je vous parlerai plus sobrement aujourd'hui, presque trois ans après sa sortie.



Le premier abécédaire pour adultes ou encore un abécédaire pour enfants ? Cet abécédaire est pour les deux à la fois ! Pourquoi pas puisqu'il s'agit ici d'un carnaval et le carnaval est un moment de l'année où toutes les folies sont permises !

Cet abécédaire n'est pas imprimé sur le papier « indestructible » qu'on utilise souvent pour les plus jeunes lecteurs mais sur un papier basique qui passe partout. Cet abécédaire ne vous promet pas d'être d'une simplicité enfantine, et même des commentaires et digressions des adultes seront les bienvenues pour que certaines métaphores, trop éloignées du langage courant, parlent aux enfants ! Cet abécédaire n'est pas purement instructif, terre à terre, il est surtout poétique, tantôt rigolo, tantôt brumeux !

Chers parents, chaque livre que vous lisez avec vos enfants est un élixir qui vous rajeunit d'un an et c'est une somme que vous versez sur leur compte d'épargne. Chers professeurs, vous qui avez plus d'enfants que le commun des mortels, chaque poème que vous lisez avec vos élèves ouvre à vous tous les portes de vous-mêmes. Tout le blanc d'une page poétique, vous le remplissez de vos pensées qui voyagent comme des nuages et qui communiquent. Il en était ainsi et il en sera toujours ainsi.

O comme L'oeil de poète, en concurrence avec Jurassic Park !





Dans l'herbe humide de rosée,

Où l'allégresse est infusée,

À tour de rôle, nous soufflions

Les doux chatons de dents-de-lion…

Sur une tige, nous roulions

Les gouttelettes amusées…



Et nous rêvions d'un pas de boeufs,

Toujours friands de calembours…

Si O pouvait éclore un jour

Comme une fleur ou comme un oeuf

Dans une vieille basse-cour

Ou dans un ciel refait à neuf !



Te souviens-tu, Oeil de poète,

Combien le monde était en fête ?

Ô l'Oeil, si rond d'étonnement,

Comme parfois l'oeil vif d'enfant,

Et seul dans l'ordre du cosmos

Utilitaire jusqu'à l'os !
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Fière comme une batelière

Merci à Maryna de m'avoir envoyé son texte sous format PDF.

C'est très intimidant de lire un roman qui vous est adressé directement par son autrice. Je me suis senti un peu responsable, c'est assez étrange comme expérience de lecture. Aussi je ne suis pas entré d'emblée dans ce roman, ne cessant pas de penser à cette "responsabilité" nouvelle pour moi.

Malgré tout ces allez-retour entre ma lecture et ma situation inédite, j'ai peu a peu cédé à l'histoire de cette incroyable Irène, fille de bateliers.

C'est une véritable épopée familiale que nous propose l'autrice, un portrait de femme haut en couleurs en même temps qu'un témoignage sur la condition sociale des émigrés Italiens au sortir de la seconde guerre mondiale.

Les aventures d'Irène et de sa tribu de mariniers sont véritablement intrigantes, depuis son enfance sur une péniche qui parcourt les canaux de Belgique et de France jusqu'à l'ouverture de son salon de coiffure dans les locaux réhabilités d'une ancienne boucherie , sans compter son amour tumultueux avec le beau Calabrais Raffaele, on comprend rapidement qu'elle fait fi du destin et mène la danse. Son caractère impétueux et son optimisme lui permettent de défier les épreuves de la vie avec sang froid, d'être toujours à l'initiative du mouvement de ses troupes entre Bruxelles et Reggio, de ne jamais laisser le temps avoir vraiment prise sur elle.

Le long épilogue de cette histoire est très émouvant, les regards croisés que portent ses héritières sur leur mère finissent de nous convaincre qu'elle était un être d'exception, de ceux qui n'ont pas fait l'Histoire, mais qui l'ont vécu pleinement, et son devenu des mythes au sein de leur famille.

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Fière comme une batelière

Merci Maryna pour l’envoi de ta “fière batelière”.

Un roman très attachant , haut en couleur; une grand mère -Irène-pleine d’énergie qui raconte au fil de l’eau son “aventure amphibie “ à sa petite fille Alicia passionnée d’art, comme l’autrice très certainement - qui nous gratifie d’une écriture ciselée et pigmentée -et pimentée aussi!- avec des touches “impressionnistes”, mais un style moderne et actuel au service d’une vie pourtant presque passée .

L’histoire commence en bord de seine- de scène- il y a des reflets et des ondulations dans l’eau les nuages et les arbres qui s’entremêlent, c’est un roman mouvant-émouvant qui nous emporte et nous fait naviguer dans le temps la famille et le monde, telle une grande saga; laissons filer les pages et les péniches, paré pour l’immersion totale, je ne veux rien dé-voiler… Larguons les amarres “pareillement à ces gens fiers qui se sentent si opposés à ceux de la terre. Éternels explorateurs, nulle maison ne les apprivoise !”
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