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Critiques de Maurizio de Giovanni (257)
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L'affaire Carosino / L'omicido Carosino - E..

Vuoi parlare correntemente l'italiano? Grace à cette édition bilingue d'une nouvelle polardeuse signée Maurizio de Giovanni et intitulée L'omicidio Carosino, L'Affaire Carosino, tu pourras lire dans la langue de Dante et dans celle de Molière la toute première aventure du mélancolique commissaire Ricciardi, la prime indagini del commissario Ricciardi. Pour les puristes, elle a été publiée en 2012, entre le Noël du commissaire Ricciardi, et Les Pâques du commissaire Ricciardi.

Fin septembre 1929, le policier qui voit des morts comme le gamin flippant du Sixième Sens enquête sur le meurtre d'une belle et riche duchesse archi-sèchée du coup.

La nouvelle fait une quarantaine de pages, à gauche, le texte italien, à droite le texte français et c'est une manière fort plaisante de faire connaissance avec notre Napolitain préféré qui nous parle de « la Chose », cette malédiction qui fait apparaitre devant lui et à tous les coins de rues une ribambelle de maccabées.
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Les Pâques du commissaire Ricciardi

Maurizio de Giovanni est un écrivain qui prend son temps. Son lecteur accepte et fait sienne la lenteur, la finesse, l'élégance et la poésie de son écriture. Il recherche et apprécie ce rythme assez rare dans les romans policiers, adhère sans hésitation aucune aux capacités surnaturelles de son héros qui voit des morts surgir à chaque coin des rues, et retrouve toujours avec plaisir ce qui fait le sel de la série, la pudeur, la loyauté et l'amitié. Ces valeurs transparaissent plus encore dans ce nouvel épisode.

L'assassinat de Vipéra, une prostituée très prisée du bordel le Paradiso où se presse la bonne société napolitaine, permet à Maurizio de Giovanni de mettre en parallèle les existences dévastées des jeunes campagnardes pauvres et séduisantes qui finissent comme objets de plaisir dans des maisons de passe et celles des hommes riches qui viennent s'y détendre, passe-temps socialement bien accepté du moment que la discrétion reste de mise. La montée du fascisme et le danger qu'il représente pour la population prennent dans Les Pâques du Commissaire Ricciardi une dimension bien plus concrète. On sentait le vent tourner, la tempête s'abat désormais sur les personnages.

Cet épisode marque un tournant dans la série. Désormais, en ce printemps 1932, l'étau se resserre sur la population napolitaine comme sur toute la population italienne. Des hommes sont enlevés à leurs familles dans la nuit ou au petit matin par la police secrète, sont exécutés ou déportés à Ponza ou à Ventotene . De Giovanni a sa manière à lui, poétique et pudique de dire l'arbitraire et la violence, là où Carlo Lucarelli dans Enquête interdite ou dans L'île de l'ange déchu, nous plongeait sans ménagement le nez dans la boue: « Regarde la nuit en face, elle te regarde elle aussi, impassible. Elle en a vu bien d'autres, la nuit. Elle est passée sur bien d'autres souffrances, elle a caché bien d'autres regrets. Il y a un professeur de lycée, un peu plus loin, un Calabrais. Il est là parce qu'il est homosexuel. Il dit ne pas avoir d'idées politiques, il ne vocifère pas contre le fascisme mais il a tout de même été arrêté (…) Il y a un étudiant de l'université que tu as soigné tant bien que mal pour une blessure au front. Il ne parle que par monosyllabes. (…) Et il y a un berger d'Avellino qui a osé proférer des blasphèmes à l'inauguration d'une statue de Tête de vache*. Et d'autres dont les idées sont devenues des délits qui leur valent désormais le camp de concentration. Parce que, dis-tu à la nuit, c'est bien de cela qu'il s'agit: d'un camp de concentration. Et c'est vers un de ces camps que tu vas être conduit."

Les Pâques du commissaire Ricciardi est un des meilleurs romans de la série, et on se surprend à ne plus être suspendu à l'intrigue sentimentale - Enrica Colombo, ou Livia Lucani, décide toi Ricciardi - car l'atmosphère délétère n'augure rien de bon pour les libres penseurs, les généreux, les libertaires, les athées, les pauvres, pour la droiture morale de Ricciardi , pour la générosité de Raffaele Maione, et surtout, pour Bruno Modo le médecin légiste dont on sait depuis longtemps que les prises de position risquent de lui coûter la vie. Les Pâques du commissaire Ricciardi, sur fond de Résurrection du Christ, marquent l'heure du choix. Même la très privilégiée Livia, amie intime d'Edda, la fille du Duce, va devoir ouvrir les yeux et choisir son camp, non seulement par amour, mais par conscience.

Je remercie les Editions Rivages pour ce beau roman reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.



* Surnom donné à Mussolini par les antifascistes. (N du T).
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La méthode du crocodile

Méfiez-vous de ceux qui ont vite la larme à l’œil...ce sont peut-être des serial killers en puissance!



En tout cas, dans ce roman, M. De Giovanni n’y va pas de main morte : le pleureur assassine des jeunes, et même des tout jeunes. Pauvres parents ! Comment peut-on continuer à vivre lorsqu’on connait une épreuve pareille...C’est tout à fait le but du tueur : faire vivre aux mamans, aux papas, l’enfer sur Terre.

L’inspecteur Lojacono, en exil dans un bureau de police de Naples à cause d’une sombre affaire de mafia qui l’a impliqué de façon injuste, et privé de sa famille dont sa fille qu’il aime par-dessus tout, est amené fortuitement à s’occuper de cette affaire terrible. Son intuition, son instinct paternel le mènent droit vers le tueur.



De Giovanni a l’art de plonger dans le psychisme d’un homme rongé, mais je ne dirai pas lequel.

Il a l’intelligence de semer le doute, je ne dirai pas à quel propos.

Il fait preuve d’une sensibilité et d’une empathie hors du commun lorsqu’il se penche vers les parents.



J’ai été attirée par le charme de cet inspecteur ténébreux, tout comme d’ailleurs la substitut du procureur et la tenancière d’une trattoria où il fait bon manger le plat du jour.

J’ai frémi devant la douleur qu’on ne raconte pas, celle de parents effondrés.



L’écriture est belle, juste, tendre, dure, poétique par moments. Les points de vue sont variés font le tour de la question, et c’est tout naturellement que le lecteur accueille la fin du roman.



Je m’en vais donc sur la pointe des pieds, la pensée tournée vers ces parents qui connaissent cette épreuve ultime, et du fond du cœur, je leur envoie toute ma compassion.

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L'hiver du commissaire Ricciardi

Naples, mars 1931, an 9 du fascisme italien. Un vent glacial souffle sur la ville, dernière offensive de l'hiver avant la douceur du printemps. Loin de ces considérations météorologiques, le théâtre San Carlo est en effervescence. le célèbrissime ténor Arnaldo Vezzi est dans les murs pour y jouer deux pièces. Adulé des foules et grand ami de Mussolini, l'homme est moins apprécié de ses collègues qui lui reprochent ses caprices et son arrogance. Aussi, les suspects sont-ils nombreux lorsque le chanteur est retrouvé assassiné dans sa loge. En charge de l'enquête, le commissaire Luigi Alfredo Ricciardi découvre le ténor baignant dans son sang, la gorge tranchée par un éclat de miroir, les murs rouges d'éclaboussures et le manteau et l'écharpe de l'artiste curieusement immaculés. Une larme coule sur sa joue et de sa bouche sort un air de Cavalleria rusticana. Mais cela, seul Ricciardi peut le voir et l'entendre. Depuis sa tendre enfance, le commissaire voit les morts. Un don, mais aussi un poids, qui l'a rendu triste, solitaire et a fait de cet aristocrate un policier doué mais trop étrange pour être aimé de ses collaborateurs.



Malgré le froid et la mort du ténor, Maurizio de Giovanni nous convie à une belle promenade dans la ville de Naples. On parcourt avec son commissaire les rues populaires comme les quartiers résidentiels, on déguste une sfogliatella chez Gambrinus, on entre dans les coulisses du magnifique théâtre San Carlo. Mais la balade est loin d'être bucolique. Au vent glacial s'ajoutent l'ambiance maussade induite par le fascisme et les morts que voit Ricciardi. Un policier taciturne mais attachant. Si ses supérieurs ne l'apprécient pas, il peut compter sur la vieille Rosa pour s'occuper de lui à la maison et sur son adjoint Maione qui l'accompagne dans son travail. Sans cesse confronté à la souffrance et aux morts violentes, Ricciardi se console aussi en observant Enrica, sa jeune voisine, dont la vue lui apporte paix et sérénité.

Quant Vezzi, l'ami personnel du Duce, il s'avère extrêmement antipathique malgré sa voix enchanteresse. Seul le monde lyrique pleure sa disparition, son entourage étant unanime pour dénoncer son comportement déplorable envers les femmes, le personnel et les membres de la troupe. Pour enquêter au théâtre, le commissaire demande de l'aide à un passionné d'opéra qui lui dévoile les secrets de ce monde qu'il ne connaît pas.

Un whodunit classique a priori mais qui dégage un charme particulier, sans doute grâce à la personnalité de Ricciardi et à la belle ville de Naples. Premier tome d'une série, cet hiver se prolonge au printemps et on a hâte de retrouver l'univers créé par Maurizio de Giovanni.
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Des phalènes pour le commissaire Ricciardi

Chi va piano va sano, chi va sano va lontano…

Maurizio de Giovanni nous livre la huitième aventure du singulier commissaire Ricciardi, plus mélancolique que jamais. Sa fidèle gouvernante, qui veillait sur lui depuis l'enfance n'est plus, ce coeur simple s'en est allé, comme s'en est allée sa bien-aimée Enrica. Mais le crime lui continue dans les rues napolitaines, et cette nouvelle enquête qui le mène vers les hautes sphères aura de grandes répercussions sur sa vie.



Des phalènes pour le commissaire Ricciardi marque un tournant tant politique que personnel dans l'existence des personnages. L'Allemagne nazie tisse sa toile dans une Italie où les fascistes surveillent de plus en plus les institutions comme les individus. Quant aux protagonistes, les jeux sont faits.

Pianississimo donc pour ces nuances polardeuses, et Bravissimo à Maurizio de Giovanni qui reste l'un des maitres du roman d'atmosphère. Ma seule remarque désobligeante (et c'est mon coeur de bas-bleu qui s'exprime) sera :Que se passe-t-il donc avec Enrica???

Je remercie Babelio est les Editions Rivages pour ce roman reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.

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Le printemps du commissaire Ricciardi

Naples, avril 1931. Un petit vent printanier souffle sur la ville. Pourtant, malgré les vestes légères, les canotiers et les robes virevoltantes, le commissaire Ricciardi traîne sa mélancolie sous les timides rayons du soleil. Chacune de ses promenades est constellée des morts qu'il voit et dont il entend les derniers mots, la ''Chose'' ne lui laisse aucun répit. C'est pour rendre justice à ces êtres arrachés violemment à la vie qu'il est devenu policier et qu'il mène ses enquêtes avec son fidèle adjoint Maione, le seul à comprendre cet étrange commissaire, triste et ombrageux. Les deux collègues vont d'ailleurs devoir résoudre une nouvelle énigme, celle de l'assassinat d'une vieille cartomancienne, usurière à ses heures, dans le quartier populaire de la Sanita. S'il s'investit comme d'habitude dans l'enquête, Maione est cette fois un peu déstabilisé par sa rencontre fortuite avec Philomèna, la plus belle femme de Naples. Depuis la mort en service de son fils aîné, sa femme s'est repliée sur elle-même et leur couple bat de l'aile. Saura-t-il résister à la douceur, la gentillesse et la prévenance de Philomèna ?



Nouvelle saison et nouvelle enquête pour l'attachant commissaire Ricciardi. Celle-ci est des plus classiques : un meurtre et une foule de suspects, chacun d'entre eux ayant un excellent mobile pour trucider la vieille femme. En parallèle, on suit aussi la triste histoire de cette femme trop belle pour être heureuse car elle attire la convoitise des hommes et la jalousie des femmes. Ce deuxième tome est à la hauteur du premier avec ses personnages secondaires bien campés, ses deux héros auxquels on s'attache comme à des amis et la belle Naples. Autre personnage et non des moindres, le printemps apporte ici une touche de douceur et un vent de liberté dans une ville marquée par la misère et la crainte des autorités. Car même si Ricciardi ne se mêle pas de politique, il n'est pas sans savoir que critiquer le régime fasciste de Mussolini, s'en moquer, ou même afficher son défaitisme, est passible d'une lourde peine de prison.

Cette série est décidément une belle surprise et Maurizio de Giovanni un auteur sensible et très humain, à l'image de son commissaire tourmenté que l'on aimerait voir un peu plus heureux. Peut-être avec l'aide de l'épouse de son adjoint ? Peut-être en été ?
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L'automne du commissaire Ricciardi

Il pleut sur Naples en ce mois d’octobre 1931 où la ville doit accueillir Le Duce et montrer d’elle une image expurgée de tous les crimes et délits. Aussi le commissaire Ricciardi est prié de taire ses doutes quant à la mort d’un petit scugnazzo, un de ces orphelins abandonnés de tous qui tentent de survivre dans les rues boueuses de l’automne. Pourtant, le policier a des doutes. Le petit corps a été retrouvé aux pieds de l’escalier de Capodimonte et Ricciardi n’a pas vu ‘’La Chose’’. C’est donc que l’enfant est décédé ailleurs et que son corps a été déplacé. Décidé à découvrir les circonstances de cette mort que le légiste a qualifiée d’accidentelle, le commissaire prend des congés et enquête sans permission, aidé par le fidèle Maione, peu enclin à abandonner Ricciardi à ses errances solitaires.



Ambiance sombre et mélancolique, encore accentuée par la pluie diluvienne qui s’abat sur Naples. On y retrouve un commissaire Ricciardi hanté par la vision d’un gamin mort dans l’indifférence générale et déboussolé par l’absence de la Chose. Dans sa quête désespérée, il rencontrera ce que l’humanité fait de plus bas : la maltraitance des enfants, la vénalité des prêtres, la perversion des adultes, l’égoïsme des puissants, la misère, la faim. Diminué par la maladie et affecté par ses découvertes, le policier apparaît plus seul que jamais, vulnérable et touchant. Toujours poursuivi par les assiduités de la belle Livia qui pourrait bien profiter de sa faiblesse, il tente de se rapprocher de l’élue de son cœur, la timide Enrica qui n’en finit pas d’attendre qu’il se déclare enfin.

Beaucoup d’humanité dans ce dernier opus des saisons de Ricciardi qui voit se préciser l’emprise du fascisme sur l’Italie. La visite programmée de Mussolini met la questure en émoi et fait intervenir un service d’ordre secret, bien informé et menaçant.

Un excellent tome, très noir, très dur et éprouvant.

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Les Pâques du commissaire Ricciardi

Elle était la plus belle prostituée de Naples. Elle faisait la renommée du Paradiso où les notables se pressaient, juste pour l’apercevoir puisqu’elle ne donnait son temps et son corps qu’à seulement deux clients. Une semaine avant les fêtes de Pâques de 1932, alors que le printemps essaie de percer le vent glacial qui souffle sur la ville, la trop belle Vipera s’est éteinte, aidée par un oreiller pressé sur son jeune visage.

Tout le monde aimait Vipera alors qui voulait sa mort ? Pour le commissaire Ricciardi et son fidèle Maione, l’affaire est opaque. Qui a puisé suffisamment de haine au fond de son coeur pour assassiner celle qui rendait les hommes fous d’amour ?

Leur enquête commence dans les effluves alléchantes des spécialités pascales et celles, plus sournoises, de la terreur fasciste.



Pour cette nouvelle enquête, Ricciardi fréquente, à son corps défendant, un bordel napolitain. Un de ceux où échouent les filles de la campagne qui ont le tort d’être trop belles pour ne pas susciter la convoitise des hommes. Dans ce milieu où il n’est pas à l’aise, le commissaire peut compter sur le docteur Modo, son ami médecin qui aime passer ses soirées en bonne compagnie.

Outre l’enquête, Maurizio de Giovanni raconte surtout sa ville, ses traditions, ses ruelles et ses grandes avenues, ses petits métiers et ses notables. Et puis il y a ‘’la tête de vache’’, Mussolini, dont les chemises noires étendent leurs tentacules sur tout le pays.

Ricciardi ne se mêle pas de politique, Maione reste prudent pour protéger sa famille, mais leur ami Modo ne rate jamais l’occasion de critiquer haut et fort les fascistes. A ses risques et périls ! Le brave docteur va se mettre à dos des personnages peu recommandables mais puissants, donnant l’occasion à ses deux comparses de prouver que, pour eux, l’amitié n’est pas un vain mot.

Côté vie privée, on partage avec plaisir les joies simples de la vie de famille du brigadier et les hésitations du commissaire entre sa triste solitude, la voluptueuse Livia ou la sage Enrica.

Un tome très sombre, le fascisme se rapproche insidieusement et nul n’est à l’abri. Il faudra bientôt choisir son camp et prendre des risques…Heureusement, l’auteur sait aussi manier l’ironie et le sarcasme et on se régale des piques que se lancent les trois amis ou des dialogues cocasses entre Maione et Bambinella, son indic qui le drague effrontément.

Une série qui reste toujours aussi séduisante.

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L'hiver du commissaire Ricciardi

Rares sont les personnages de romans policiers campés avec autant de profondeur.

Maurizio De Giovanni nous ferre avec son commissaire Ricciardi particulièrement touchant, et tisse une toile autour de son héro dont on ne s'échappera même pas à la dernière page tant l'envie est forte de prolonger la lecture avec d'autres enquêtes.



Premier opus de la série, mais le troisième dans le désordre de mes lectures (ayant fait l'heureuse rencontre du commissaire Ricciardi dans l'excellent tome printanier), celui-ci est peut être légèrement plus vert dans son entame.



Il n'en reste pas moins que ces enquêtes situées dans le Naples des années 30 vous happent tant par le style que par l'histoire et par ses personnages.

Une série de courts romans qui tient pour moi le haut du pavé de la littérature de bon mauvais genre.









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Le Noël du commissaire Ricciardi

Naples bouillonne d'activités en ce mois de décembre 1931. Les préparatifs de Noël battent leur plein et dans les palazzi les plus somptueux comme dans les bassi les plus sombres, chacun prépare la crèche qui accueillera l'enfant Jésus au soir du 24. Pourtant, malgré l'ambiance festive, le crime ne prend pas de vacances. Le commissaire Ricciardi et son fidèle brigadier Maione sont appelés dans un palazzo où un milicien et sa femme ont été sauvagement assassinés, elle, la gorge tranchée, lui, lardé d'une trentaine de coups de couteau. Il était centurion dans la milice portuaire et sa hiérarchie compte sur une résolution rapide de l'enquête.



Après les quatre saisons, Maurizio de Giovanni inaugure un nouveau cycle avec les fêtes, en commençant par Noël. On y retrouve le commissaire Ricciardi là où on l'avait laissé, tout juste rétabli de l'accident de voiture qui a failli lui coûter la vie. Pas question pour lui de prendre du repos et il se lance dans cette nouvelle enquête, guidé par ‘'la Chose'' qui lui a laissé entendre les dernières paroles des défunts. Ce faisant, il va se frotter à la milice fasciste, cette police parallèle qui s'infiltre partout, surveille tout le monde et n'hésite pas à frapper ou faire disparaître les récalcitrants. Issus de toutes les strates, les hommes qui la constituent ne sont pas irréprochables et les deux policiers vont découvrir qu'y règnent la délation, la corruption, l'intimidation, le racket, etc. Et, alors que le commissaire et son acolyte se frottent aux hommes de Mussolini, écument les rues enguirlandées de Naples à la recherche d'un meurtrier et côtoient la grande misère des petits pêcheurs de la baie, leur vie privée est chahutée. Ricciardi souffre de l'absence d'Enrica qui n'honore plus leurs rendez-vous nocturnes de fenêtre à fenêtre et cela pourrait faire les affaires de la belle et très entreprenante Livia. Quant à Maione, une révélation sur la mort de son fils fait voler en éclats sa sérénité enfin retrouvée et le laisse devant un terrible dilemme…

Noël, période de pardon, de bienveillance et de resserrement des liens, saura-t-il apaiser les esprits et apporter la paix dans cette ville turbulente ? Rien n'est moins sûr…

Encore un excellent tome ! Les enquêtes se suivent et on ne se lasse pas des tourments du commissaire et des promenades dans la belle ville de Naples. Une série superbe et addictive.

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Et l'obscurité fut



Comme nombre de lecteurs, j'ai découvert l'auteur par "La méthode du crocodile " , un thriller que j'ai beaucoup apprécié pour son originalité, la qualité de la narration et l'ambiance. Et ,bien sûr, j'en attendais autant de cette seconde lecture mais j'en reviens un peu déçue.

Aussi, ai-je préféré prendre un peu de recul avant d'en parler.



Alors, au début, plaisir des retrouvailles : l'inspecteur Lojacono, la magistrate Laura Piras ,la trattoria et le coeur de Naples que l'on écoute battre dans la chaleur d'un mois de mai .

Et à Naples, il y a le commissariat de Pizzofalcone ,un "placard" où sont mis au rebut des enquêteurs accusés de fautes diverses comme Romano ,un taciturne qui étrangle facilement ses interlocuteurs, Alessandra , qui a la gâchette facile ou Aragona , la grande gueule du groupe, caricature d' un riche beau gosse , flic par désoeuvrement ...

Ambiance donc !



Mais, l'enlèvement du petit-fils d'un ponte de la ville va très vite mettre à mal la routine de l'équipe.

Dans un premier temps ,ils sont chargés de l'enquête . Ils vont tous mettre un point d'honneur à la conserver et surtout à la résoudre.

On va donc suivre leurs méthodes et apprécier leurs talents.

On savoure de belles études de caractère ,une fresque familiale peinte au vitriol et une sociocritique débridée.



En première partie,il faut reconnaître que le suspense est bien préservé.

Mais, peu à peu, j'ai regretté que l'intrigue perde un peu de souffle ; le dénouement se profilait trop sûrement par perte d'originalité .Quelques longueurs aussi .

Cependant, même si elle était prévisible, la fin m'a tout de même laissée médusée !



Alors, malgré les quelques aspects négatifs que je lui reproche , ce roman m'encourage à suivre l'oeuvre de Maurizio De Giovanni : j'aime beaucoup son style classique, élégant et empreint de finesse. Poétique aussi parfois.

Et, comme souvent, j'obéis aux caprices du hasard , je vais découvrir le tome 2, "La collectionneuse de boules de neige" ,après ce tome 3 !

Je sens déjà poindre l'impatience ...
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La collectionneuse de boules à neige

La découverte des romans de Maurizio de Giovanni (merci Encoredunoir) a été un vrai bonheur. Jamais je ne me lasse des aventures napolitaines du commissaire Ricciardi dans l'Italie des années 30 ou celles, contemporaines, de Giuseppe Lojacano dont La collectionneuse de boules à neige est la seconde enquête.

L'intègre policier sicilien injustement muté à Naples a résolu "l'Affaire du Crocodile" (La méthode du crocodile) et se retrouve dans un commissariat de triste réputation après l'inculpation de certains de ses membres pour corruption. On y a affecté à titre expérimental des policiers tricards, hommes et femmes, les nouveaux "Bastardi di Pizzofalcone", avant de décider du maintien ou de la fermeture du lieu. L'assassinat d'une riche héritière avec un boule à neige est l'occasion pour l'équipe d'apprendre à se connaître et de résoudre rapidement le meurtre d'une notable.

A priori rien de nouveau sous le soleil, on s'attend à respirer un parfum sympathique de Buddy Movie, une légère brise de Douze salopards. Ils ne se connaissent pas, apprivoisent leurs différences et deviennent efficaces. Sauf qu'il s'agit d'un roman de Maurizio de Giovanni, qui aime tellement sa ville natale, que même la crasse y devient belle. La violence (mafia, racket...) celle que l'on pense trouver au coeur d'un polar napolitain ne se trouve pas au coeur du récit .

Ce qui différencie de Giovanni des autres, en plus de son humanité, c'est la beauté et la poésie de son écriture (quelle merveille que L'hiver du commissaire Ricciardi, amoureux (se) de l'amour et de l'opéra, ce roman est pour toi) qu'on pourrait qualifier de naturaliste.

Aristocrates, bourgeois, ouvriers, chômeurs des bassos... ses protagonistes sont issus de tous les milieux sociaux. Leur environnement devient le miroir de leurs agissements, de leurs pensées les plus intimes. Le regard de l'auteur est lucide, le trait est juste. Maurizio de Giovanni déchiffre les âmes avec élégance et pudeur. Il dit si bien les attentes, les doutes, la douleur, l'espoir des amours naissantes que l'on voudrait qu'il nous parle toujours des gens, des sentiments, des vieux, des femmes, du temps qui passe... La mise en place d'un nouveau cadre, celui du commissariat de Pizzofalcone, de personnages tout en nuance et de possibles amours nous font trépigner d'impatience. A quand la suite par pitié???





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L'été du commissaire Ricciardi

En ce mois d'août 1931, Naples suffoque sous un soleil de plomb qui ne réussit pas à percer la sombre mélancolie du commissaire Ricciardi. L'homme qui voit les morts souffre du mal d'amour. Pour rien au monde il ne voudrait imposer à une femme ce fardeau qu'il porte depuis l'enfance mais il subit les affres de la jalousie en songeant que celle qu'il aime pourrait se laisser séduire par un autre. Et ses craintes sont fondées, car madame Colombo, lasse de voir Enrica encore célibataire à vingt-quatre ans, a entrepris de lui présenter un jeune homme riche et séduisant. Mais malgré sa mélancolie, Ricciardi va devoir se mettre au travail. La duchesse de Camprino a été assassinée en son palazzo de la piazza Santa Maria La Nova. Au matin, la maison est en émoi et pourtant, à l'heure du crime personne n'a rien vu, rien entendu. Les domestiques étaient couchés. Son mari, le duc, agonisait dans sa chambre qu'il ne quitte plus guère et son beau-fils s'occupait de ses plantes, à l'étage. Dehors, la fête de Santa Maria Regina battait son plein. La duchesse n'était pas appréciée des siens, son jeune âge, sa beauté et sa liaison avec un célèbre journaliste attisaient jalousie et haine.

Toujours accompagné du fidèle Maione, lui aussi confronté aux tourments de la jalousie depuis qu'un perfide marchand de fruits et légumes a complimenté sa Lucia, Ricciardi se lance dans une enquête faussée par les derniers mots de la duchesse que seul lui peut encore entendre. Ses pas vont le mener jusqu'à la police secrète des fascistes, une peste qui s'étend de plus en plus sur la ville et sur tout le pays.



Troisième saison, troisième enquête pour un commissaire Ricciardi toujours aussi ténébreux, solitaire et malheureux en amour. Pourtant, cet opus marque le retour de Livia Lucani, déjà rencontrée en hiver. La jeune femme, belle, sophistiquée, déterminée, est bien décidée à conquérir le policier aux yeux verts qui reste insaisissable. Car il faut bien avouer que l'action sentimentale ne bouge pas d'un pouce. La pauvre Enrica risque bien de finir vieille fille si elle persiste à attendre une initiative de Ricciardi. Heureusement, il y a l'enquête : une morte, plusieurs suspects, de la haine, de la jalousie, de l'amour et un peu de politique.

La plume de Maurizio de Giovanni est très plaisante. C'est toujours un plaisir de lire ses descriptions de Naples qui sont toujours des déclarations d'amour à la belle ville du sud. Bien sûr, la situation de Ricciardi n'évolue pas et, au troisième tome, l'effet de découverte s'est estompé, mais cette série est une valeur sûre, la certitude d'un joli voyage en Italie.
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L'enfer du commissaire Ricciardi

Revoici notre cher commissaire Ricciardi créé par Maurizio de Giovanni, et après « Le Noël du commissaire Ricciardi » qui ouvrait joliment un nouveau cycle des Fêtes, puis Le Noël du Commissaire Ricciardi nous voila en plein été et en pleine période caniculaire avec L’Enfer du commissaire Ricciardi



Le docteur Tullio Iovine del Castello est retrouvé écrasé au sol, tombé de la fenêtre de son bureau au dernière étage du Policlinico de l’Université Royale. Il apparaît tout de suite évident que la chute ne fut pas accidentelle et qu’il ne s’agissait pas d’un suicide.



Une enquête pas si facile qu’il y parait, et dans laquelle Ricciardi et son adjoint devront faire preuve de très d'ingéniosité.



Sacrée bonne idée de choisir Naples comme décor de polar, ne dit-on pas : " voir Naples et mourir "?



Maurizio De Giovanni, en choisissant sa ville natale et la montée du fascisme pour toile de fond, réussit à renouveler la série noire.



On retrouve la virtuosité dans la construction et la finesse de l’intrigue, on éprouve toujours une belle empathie et tous les ingrédients qui ont fait la base du succès des précédents livres de De Giovanni sont bel et bien assaisonnés!! Un roman policier parfaitement al dente !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La méthode du crocodile

Un roman policier qui ne m'a pas lâchée .

Et, la dernière page avalée, je suis restée longtemps sous son emprise .

Que dire ?

C'est d'abord un thriller diabolique écrit avec maestria qui entraîne le lecteur dans sa machine à broyer.



Un ouvrage savamment orchestré porté par un style classique, épuré, élégant, métaphorique qui va peu à peu faire apparaître avec subtilité toute la perversité d'un tueur qui terrorise la ville de Naples.

Il faudra du temps pour savoir pourquoi il s'attaque à ces jeunes vies.



On va suivre chaque personnage au travers d'une belle étude de caractère.Une analyse psychologique à la fois sobre et juste mais essentielle pour la compréhension du dénouement.



Mais, le plus marquant, je dirais bouleversant, c'est la pudeur et la grande sensibilité dont fait preuve l'auteur pour aborder la douleur extrême, celle des parents face à la mort de leur enfant.



Ce livre est autre chose qu'un polar, même s'il en a pris la forme .

Un crocodile qui laisse en larmes.

Très belle découverte.
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L'hiver du commissaire Ricciardi

Un ténor est mort à l'opéra de Naples.

Un roman vraiment policier, un crime à résoudre, un commissaire taciturne et perspicace qui réfléchi...Non ce n'est pas du Simenon...

Une touche de surnaturel en plus, avec ce commissaire Ricciardi capable de "voir" les derniers instants des victimes.



Pas de tueur en série sadique, de victimes dépecées, de bains de sang ; un roman policier "à l'ancienne", de construction classique et astucieuse, exposant par petites touches les rudes contextes politiques, sociaux et sociétaux de cette sombre époque de l'omnipotent régime fasciste italien des années 30, et sur un décor napolitain parfait pour cela sans exagérations.



Les caractéristiques et caractères des personnages, leurs motivations, sont fouillés, complexes et détaillés, rendant ce court roman attachant et profond.

Toute l'humanité, l'empathie, de ce personnage détonnant et torturé qu'est Ricciardi se découvre au fil de la lecture et explose à la conclusion de cette enquête passionnante.



Bref j'ai bien apprécié le fond et la forme, l'enquête et le contexte, et risque fortement de devenir addict à la série...(...1000 caractères pour aboutir à une conclusion qui se suffit à elle-même...pas économique...)
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L'hiver du commissaire Ricciardi

Le cadre : la ville de Naples en 1931. Naples, ville divisée entre quartiers aisés et quartiers populaires, pauvres, très pauvres, dont le enfants jouent pieds nus dans le caniveau avec un ballon de chiffons en plein hiver. 1931, l’an 9 du fascisme en Italie.



Une enquête dans le milieu de l’opéra, au théâtre San Carlo où l’on joue successivement Cavalleria rusticana et Paillasse, deux oeuvres assez courtes où la jalousie mord le coeur des personnages et où la réalité se confond avec la fiction. Vous comprendrez tout de cet univers grâce à Dom Pierino. La victime, le ténor Arnaldo Vezzi, à la voix d’or et au caractère de cochon, tout le monde ou presque aurait aimé la voir morte.



Et puis surtout le personnage principal, l’enquêteur, le commissaire Ricciardi, entouré de fantômes, hypersensible aux derniers instants des victimes de mort violente qui le hantent jusqu’à ce qu’il ait résolu l’énigme, n’a trouvé d’autre moyen de calmer un peu ses voix que d’entrer dans la police alors qu’il pourrait mener une existence dorée. Il promène ses yeux verts et sa mélancolie dans tous les quartiers de Naples en compagnie de son fidèle brigadier Maione, le seul qui ose travailler avec lui. Et bien sûr, en ces temps troublés, Ricciardi ne se laisse influencer par personne, ignore les menaces voilées liées au pouvoir, il reste honnête et humain de bout en bout. Il y a bien un petit « défaut » dans la cuirasse du solitaire : une fenêtre ouverte sur la nuit et sur une petite main gauche qui brode en face de chez lui.



Le premier tome de cette série est déjà un grand coup de coeur, surtout pour le commissaire Ricciardi, et je la continuerais rien que pour savoir si un jour il va traverser la rue, mais je suis curieuse aussi de continuer à découvrir Naples avec lui et surtout observer l’évolution de l’époque qui, je l’imagine, ne risque pas de s’améliorer.



A très bientôt, Commissaire Ricciardi !
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L'été du commissaire Ricciardi

« A partir de quand, mamma, on n'est plus un enfant ? Quand on est grand et fort, et qu'on peut décider par soi-même . Ou qu'on est capable d'aider, de travailler, ou d'avoir des enfants ? Selon moi, tu sais, mamma, on est adulte quand on voit clair. »



Naples. Années 30. Alors que le fascisme italien se met en place, un crime est perpétré. Une duchesse est assassinée chez elle, par balle. Son époux est mourant dans une pièce voisine. Son beau-fils arrose ses fleurs à l'étage supérieur. Personne n'a rien entendu, pas même les domestiques. Ce soir, il y avait fête dans le quartier et la population était en liesse. Le commissaire Ricciardi est dépêché sur place. C'est alors que j'ai fait sa connaissance. Qu'il est bizarre cet homme. Solitaire, renfermé, bourreau de travail, fin limier. C'est un drôle d'être. En fait, il a une particularité qui déteint sur sa vie, il voit les morts et entend leurs dernières paroles ou pensées au moment du dernier soupir ; une malédiction qui obscurcit sa vie et éclaire son travail. Pas facile dès lors d'avoir une vie tranquille quand au détour d'une rue il retrouve les premiers accidentés de la circulation, les débuts de l'automobile à Naples. Et pourtant il ressent au fond de lui de manière de plus en plus douloureuse et physique, cette envie d'amour romantique, une envie forte depuis un an qu'il observe Enrica derrière sa fenêtre. Afin de trouver le coupable de ce meurtre, il sera aidé d'un fidèle compagnon de route, le brigadier Maione. Un homme droit, juste et sensible. Ils forment une excellente équipe. Ils découvrent rapidement que le meurtre est sans doute lié à la vie particulière que menait la duchesse de Camparino. Ancienne infirmière de la première épouse du duc, elle a vite franchit le pas et est passé des soins de la mourante au lit du mari. Mais le duc âgé a très vite compris que la nouvelle duchesse aimait séduire.

J'ai beaucoup apprécié ce roman policier qui parle de la vie des napolitains sous le fascisme. Les personnages sont bien campés. La construction est subtile avec des pensées mélangées au récit impersonnel, parfois c'est même surprenant. L'auteur alterne plusieurs songes de divers personnages dans un même chapitre, sans unité de lieu, cela m'a un peu désarçonné au début. Et puis Maurizio de Giovanni a réussi à mélanger les genres dans ce roman très complet : une touche d'histoire (situation de la presse, vie politique, société napolitaine), un brin de fantastique, une pincée d'enquête policière, une pointe d'humour, le tout saupoudré d'amour, de passion, de trahison, d'amitié. Une bien belle recette à déguster sous la chaleur étouffante du soleil italien, un jour d'été.



« En regardant par la fenêtre la ville encore assoupie, il comparait l'amour à un liquide. Comme de l'eau, mais plus dense, de la fluidité de l'huile, qui envahit chaque espace en prenant la forme du contenant, se faufilant dans les interstices et laissant sa trace sur son parcours. »
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Le Noël du commissaire Ricciardi

Noël à Naples, minestra maritta, tracchiolelle, pezzentelle et autres struffoli, toute la famille se réunit autour de la table. Noël à Naples, des quartiers les plus pauvres du port, aux plus bourgeois de la haute ville tout le monde s’affaire. Noël à Naples dans le quartier de San Gregorio Armeno un jeune sculpteur de santons s’applique, ses figurines sont les plus belles de la ville. Noël à Naples un centurion de la milice fasciste est retrouvé mort dans son lit, lardé de coups de couteau, à ses coté son épouse égorgée.



Naples 1931, les chemises brunes du Duce contrôlent tout. Humains, tellement humains, le commissaire Ricciardi et le brigadier Maione arpentent les venelles venteuses et glacées de la ville, l’enquête sera difficile, l’Italie fasciste n’est pas tendre avec les faibles.



Sacrée bonne idée de choisir Naples comme décor de polar, ne dit-on pas voir Naples et mourir ? Maurizio De Giovanni en choisissant sa ville natale et la montée du fascisme pour toile de fond, réussit à renouveler la série noire.

Un commissaire torturé, un brigadier bienveillant, nous sommes en terrain connu, d’accord, mais au pied du Vésuve, foi d’amateur de polar et d’amoureux de l’Italie, je vous assure ça change tout. Après le cycle des saisons, « Le Noël du commissaire Ricciardi » ouvre le cycle des Fête, parions que, prochainement, Pâques sera sanglant dans la baie de Naples.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'hiver du commissaire Ricciardi

C’est encore l’hiver en cette fin mars à Naples, "et l’enfant mort se tenait debout , immobile, au carrefour entre Santa Teresa et le musée. Il regardait les deux garçons qui, assis par terre, faisaient le tour d’Italie avec des billes. Il les regardait et répétait: «  Je descends? Je peux descendre? »"



Ce sont les premières phrases de ce roman, et d’emblée, on est saisi.

L’enfant mort ne parle plus, , mais Luigi Alfredo Ricciardi a, depuis l’enfance, un don qui est pour lui une malédiction et le plonge dans une douleur constante. Il "voit " où qu’il soit, les derniers instants de ceux qui ont eu une mort violente. Pour rendre la justice à certains de ces morts, assassinés, après des études de droit, il est rentré dans la police .



Nous sommes en 1931, l’ère fasciste a 9 ans. Dans son bureau, deux portraits, obligatoires, le roi Victor- Emmanuel III et Benito:

"Qu’ils sont beaux, ironisa en lui-même Ricciardi , avec un demi-sourire. Le petit roi sans forces, le grand commandant sans faiblesses. Les deux hommes qui avaient décidé d’éliminer le crime par décret. Il se souvenait toujours des paroles du directeur de la police, un lèche-cul tiré à quatre épingles, qui avait fait de la complaisance absolue envers les puissants le but de son existence: les suicides n’existent pas, les homicides n’existent pas, les vols et les blessures n’existent pas, à moinsqu’ils ne soint inévitables ou nécessaires. Ne rien dire au monde, ne rien dire surtout à la presse: la ville fasciste est propre et saine, elle ne connait pas d’horreurs."



Mais, hélas pour cette vision de l’ordre, il va être difficile de décréter que le célèbre ténor Arnaldo Vezzi , un ami du Duce, s’est malencontreusement tranché la carotide en se rasant dans sa loge, avant d’aller interpréter le personnage de Canio dans l’opéra Paillasse sur la scène du théâtre royal San Carlo..

Lors de sa première vision du cadavre, Ricciardi fait certains constats , de vraies larmes ont coulé sur ses joues maquillées, il y a du sang partout sauf sur un manteau et un coussin. Et.. grâce à son don particulier de vision des derniers instants de la victime, , le commissaire Ricciardi entend chanter «  Io sangsue voglio , all’ira m’abbandono, in odio tutti l’amor moi fini."

Le traducteur précise en note que c’est extrait de Cavalleria rusticana , l’air d’Alfio. Donné en première partie du spectacle, avant Paillasse. C'est le ténor lui-même qui avait décidé de cela..



Alors qui a tué Arnaldo Vezzi? Roman policier classique, quand et où on sait, il nous reste qui , comment et pourquoi . La succession des interrogatoires va très vite montrer que la mort de cet homme est peut être une vraie perte pour l’art lyrique, mais pour le genre humain, pas vraiment! Tout le monde se rejoint sur ce point.. En tout cas, pour moi, suspense jusqu'au bout, l'histoire policière est bien menée.

Mais plus que cet aspect , c’est le contexte historique qui est intéressant, tous les détails sur ces opéras ( Ricciardi qui n’aime pas l’opéra se fait aider par un vicaire , grand connaisseur et très sympathique personnage) , des costumes aux textes eux-mêmes.

Et puis, surtout, les personnages, et essentiellement bien sûr ce Ricciardi solitaire, qui porte la souffrance des autres, sur lequel veille quand même Rosa placée très jeune dans sa famille, ce rebelle aux menaces de la hiérarchie, celui qui ne retrouve un peu de calme qu’en regardant le soir par la fenêtre la jeune fille d’en face , Enrica. Ce qu’il ne sait pas par contre, c’est que…

C’est que vivement qu’arrivent le printemps et l’été du Commissaire Ricciardi!



Merci à MaitéBsAs qui m’a intriguée avec son commentaire et m’a permis de découvrir cet auteur italien.
Lien : http://www.youtube.com/watch..
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