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Critiques de Meryem Alaoui (92)
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La vérité sort de la bouche du cheval

Un premier roman qui mérite qu'on en parle .

Il faut dire que c'est la curiosité qui a motivé ma lecture : qu'est-ce qui se cache derrière ce titre ? J'en souris déjà .



Alors, c'est parti pour suivre les aventures d'une prostituée à Casablanca .

Un milieu sordide , un monde de misère certes .

Et pourtant, Jmiaa portée par son appétit de vivre ne s'en laisse pas conter.

Mais , une rencontre va bouleverser son quotidien .

Le roman se divise en quelque sorte en deux parties . C'est seulement la seconde qui dévoilera vraiment l'intrigue .

Et là , l'histoire prend un chemin inattendu et sans doute trop scabreux pour garder un scénario crédible . Trop de sucre à la fin ...



Pourtant , malgré cette petite déception , je me suis quand même bien délectée de ce récit truculent porté par la gouaille savoureuse de l'héroïne et truffé de commentaires imagés .

Le franc- parler populaire aux comparaisons animalières des plus cocasses , aux sobriquets fleuris , à l'irrévérence exacerbée cache derrière sa drôlerie apparente bien des émotions ou des détresses .

J'y ai été sensible et Jmiaa m'a touchée par sa générosité .



Un roman somme toute assez satirique qui égratigne la religion , le machisme ambiant ou les travers d'une certaine société marocaine qui se cherche entre tradition et modernité .



L'humour , on le sait , est propre à chacun .

Celui de Meryem Alaoui m'a parlé .

Alors, même si l'intrigue ne m'a pas vraiment séduite , je l'oublie pour ne garder que le souvenir d'un moment de lecture bien divertissant .

Encore une jeune auteure que je suivrai .



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La vérité sort de la bouche du cheval

C'est Jmiaa qui tient la parole dans ce roman, elle ne la lâchera pas. Une prostituée de Casablanca parmi d'autres, à l'esprit vif et tenace. Autour d'elle gravite un petit monde haut en couleurs. Un univers de débrouille, de brutalité et de magouille, plus rarement de sentiments. La vie est vacharde par ici, on s'en sort comme on peut. On peut même monnayer les services de sa femme à ses copains, et la faire plonger. Le destin de Jmiaa prendra un autre tour avec l'arrivée d'une marocaine émigrée aux Pays-Bas.



Ce qui frappe dans un premier temps est la multitude des personnages, ça grouille de vie. Le panel y est varié, même si beaucoup végètent dans un milieu pour le moins défavorisé. Flics pourris et petits mecs brutaux, garagiste débraillé ou folle de quartier, prostituées. Les parcours de certaines d'entre elles sont saisissants. On ne naît pas prostituée. Jmiaa l'est devenue contrainte et forcée par une main masculine. Hamila l'est devenue contrainte et forcée surtout par elle-même, pour expier une faute impardonnable à ses yeux.

Il y a aussi Bouche de cheval, surnom donné par Jmiaa à la cinéaste venue repérer et comprendre le milieu. Difficile de ne pas imaginer Meryem Alaoui en lieu et place de la cinéaste, pour son roman. Difficile aussi de ne pas penser à « Much Loved », film sorti en 2015, qui divisa la société maghrébine. Mais « Much Loved » traitait d'une forme de prostitution plutôt luxueuse à Marakech. Ici l'on aguiche le client dans les ruelles paupérisées de Casa, l'on consomme sur des matelas dans des pièces sordides en retroussant les jellabas.



J'ai été emballé par l'écriture, surtout dans la première partie. Je l'ai trouvée délicate et subtile. Oui. Qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit bien d'un personnage de pute à qui Meryem Alaoui donne la parole. Son langage est forcément crû, pour le moins fleuri. Des perles de grossièretés égrainent le récit, mais des touches subtiles de poésie, d'inventivité, une imagerie inspirée (souvent autour des animaux) évitent l'écueil d'une vulgarité trop facile. Le ton assigné à Jmiaa, fait de colère à la vindicte jaillissante, de tendresse refoulée ou de réserve parfois, lui donne corps, et surtout l'allure d'un beau personnage de littérature.



« La vérité sort de la bouche du cheval ». Elle sort peut-être bien aussi de la plume de Meryem Alaoui. En espérant que la société marocaine acceptera mieux ce roman que le film « Much Loved ».



Merci beaucoup à Babélio Masse Critique et aux Éditions Gallimard pour ce premier roman de Meryem Alaoui, que j'ai lu en avant-première avec curiosité, intérêt et plaisir.
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La vérité sort de la bouche du cheval

Prostituée aguerrie, Jmiaa promène ses courbes généreuses et son caractère bien trempé dans les rues de Casa, de la petite pièce où elle vit seule avec sa fille jusqu'à sa place dans l'escalier près du marché où elle alpague ses clients. Le métier n'est pas facile, le quartier est populaire, les affaires se règlent vite, à même le sol, la djellaba à peine retroussée, sans états d'âme ni sentiments superflus. Pour supporter cette vie qu'elle n'a pas choisie, Jmiaa cherche l'oubli dans l'alcool, les cachets, les fous rires avec Samira sa collègue et amie, et les bras de Bouchaïb, son client préféré. Tout change lorsque Hamid, le gardien du parking, lui présente Chadlia, une marocaine qui vit au Pays-Bas. Aussitôt rebaptisée ''Bouche de cheval'' par une Jmiaa circonspecte, la jeune femme lui explique qu'elle veut tourner un film, son premier long-métrage, à Casa, sur la vie du quartier, sur une prostituée...Elle veut des conseils, elle veut du vécu, elle veut une actrice...



Gros coup de cœur pour Jmiaa, sa verve, son langage fleuri, son esprit vif et son courage. A la suite de ce personnage haut en couleurs, nous découvrons Casablanca, la société marocaine, le sort des femmes soumises à la volonté des hommes. Jmiaa est une de ces femmes qui n'a pas eu de chance mais qui prend les choses comme elles viennent, avec pragmatisme, philosophie, fatalisme. Narratrice sans concessions de sa propre vie, Jmiaa n'épargne rien ni personne, les hommes, les collègues, les ''barbus'', les fonctionnaires corrompus, les flics, les bien-pensants et les hypocrites. Si le sort ne lui a pas toujours été favorable, elle saura aussi saisir les opportunités qui s'offrent à elle et changer le cours de son destin.

Un récit plein de couleurs, de chaleur, de piment. De la misère, de la violence, mais aussi de la solidarité, de la débrouillardise et un happy end un peu facile mais qu'on ne peut qu'approuver tant on s'est attaché à Jmiaa au point de lui souhaiter le meilleur. Une lecture pétillante qui donne la pêche.



Un grand merci à Babelio et Gallimard pour cette lecture en avant-première.
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La vérité sort de la bouche du cheval

C’est avec verve et fantaisie que Myriem Alaoui donne la parole à Jmiaa, que le destin guidé par des choix malheureux a mis sur le trottoir à Casablanca. Elle élève seule sa fille, sa propre mère ignore la vérité, son crétin de mari s’est fait la malle. Rien de réjouissant ni d’ enviable donc . Et pourtant, rien ne la démotive , Jmiaa, ni les embrouilles avec les autres filles ou les souteneurs, ni les frasques de son chéri, qui n’a pas inventé l’eau tiède. Elle a d’ailleurs du répondant , que ce soit par la parole ou par les poings. Et puis, un jour , la roue tourne….



Dès les premières lignes on est surpris par le style haut en couleurs utilisé par la narratrice pour nous raconter son quotidien. Pas de faux semblants : elle appelle un chat un chat. Mais c’est si tonique que le sordide disparait derrière la truculence. Les portraits qu’elle dresse de son entourage sont drôles et clairvoyants.



Par ailleurs, Jmiaa emploie de nombreux mots en marocain, et fait référence à des personnalités du spectacle ou de la politique qui ne sont célèbres que localement. Le lecteur est renvoyé à un glossaire, indispensable, qui met la lumière sur ce qui n’est en général pas fondamental pour l’intelligence du texte, mais lui donne sa couleur. Bien entendu, le revers de la médaille est que la lecture est coupée à chaque fois que l’on y a recours .



Malgré cet écueil, on est vite sous le charme de la pétillante jeune femme et le récit de ses aventures est captivant. C’est un voyage dans un Maroc pittoresque, coloré, à l’image du parler de Jmiaa, et jamais déprimant : pas de lamentation stérile, mais une capacité de réplique immédiate à l’adversité, même si le message est clair (pour les femmes qui auront raté l’étape fiançailles - mariage, le plus vieux métier du monde est l’une des alternatives, sinon la seule , juste pour espérer survivre).



Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour leur confiance.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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La vérité sort de la bouche du cheval

Ce livre nous conte une facette du système liberticide qui sévit au Maroc et affecte les femmes.

A travers le journal de Jmiaa, prostituée à Casablanca l’auteur:Meryem Alaoui , dont c’est le premier roman décrit par la voix forte de la narratrice au caractère très affirmé , l’âpreté de ces vies, leur fragilité , toutes ou presque ostracisées et laissées dans l’ombre, l’amoureux de Jmiaa, une brute épaisse et sans parole, Halima , sa comparse qui récite le Coran entre deux clients et d’autres.....



Jmiaa vit de passes depuis que son mari, individu paresseux, aviné , amateur de coups fourrés pour avoir de l’argent qui vivait d’expédients a quitté le pays ...



Dans une langue crue, rude, vive et gaie , hardie et sans détour elle évoque ses colères et ses rêves , le quotidien de son quartier , les amourettes et les désillusions, les conflits inévitables, la solidarité avec les autres filles .



Elle narre avec beaucoup de verve les incursions de Moui sa mère, gardienne si intransigeante des valeurs morales ....



Par contre la deuxième partie du livre ennuyeuse et répétitive, un brin plaquée peut- être, m’a énormément déçue, Jmiaa devient l’actrice d’un film retraçant le destin chaotique, agressif, violent et âpre d’une femme de son quartier ....



Livre humoristique étonnant , fantaisiste, une narratrice à la langue bien pendue ...

Agréable à lire , deuxième partie décevante .....

C’est un premier roman....





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La vérité sort de la bouche du cheval

Casablanca (Maroc), 2010*.

Pour Jmiia, prostituée de 34 ans, la plupart des femmes sont des connes, des connasses, et les hommes des bâtards, des fils de putes, des pédés (sic). Elle se prend vite la tête avec tout le monde, et quand les insultes à voix normale ne suffisent plus, elle crie et castagne - avec ses partenaires, ou ses collègues de la rue. Il faut dire que dans son milieu, la misère a beau se vivre au soleil, beaucoup de boisson et de fumette sont nécessaires pour la trouver moins pénible. Et une fois bien 'chargé', on est vite à cran.



Ce personnage de Jmiia, son franc-parler et l'animation hystérique autour d'elle ont quelque chose d'exotique, de touchant et de tragicomique. Le ton m'a un peu rappelé ceux de Faïza Guène et de Virginie Despentes, mais l'intrigue reste au premier degré, factuelle, et tourne vite en rond.



Plus j'avançais, moins les aventures de cette caricature de femme m'intéressaient. J'aurais volontiers sabré quelques dizaines de pages lors des journées répétitives de tournage, qui n'avancent ni de la queue ni de la bouche du cheval.

Et j'aurais sans doute abandonné après les cent premières pages (réussies) si j'avais su que finalement, je lisais là un remake (autobiographique ?) de...



* J'ai situé l'année grâce à la finale foot Espagne-Pays Bas – remerciements à Wiki !

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Merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour cette découverte en avant-première...
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La vérité sort de la bouche du cheval

C’est le bordel, ce roman ! Mot qu’emploie régulièrement la narratrice, prostituée au Maroc. Donc, une écriture plutôt de charretier, mais qui se prête bien au contexte, même si, parfois, j’ai l’impression qu’elle en fait trop. J’ai été amusée par son regard de quidam sur le tournage du film. La première moitié est triste et drôle à la fois dû à la verve fleurie. La seconde est un peu décevante, on se croirait dans la téléréalité, ce que tout vrai lecteur, fuit.
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La vérité sort de la bouche du cheval

Casablanca, de nos jours. Jmiaa est une jeune femme de trente-sept ans qui vit seule avec sa fille. Elle vit difficilement de la prostitution. Son mari, habitué du haschich, a donné dans différents trafics et a fini par partir pour l'Espagne en clandestin, en espérant régulariser sa situation un jour. Jmiaa a une fille qui vit avec elle et une mère, qu'elle voit de temps en temps, et qui ignore tout des activités de sa fille.

La vie s'écoule plus ou moins paisiblement, la solidarité entre Jmiaa et ses soeurs d'infortune est très grande, ce qui permet d'adoucir un peu leur sort.

Parmi les camarades de Jmiaa, Halima est certainement la plus attachante et on compatit quand on apprend qu'elle a connu une déchéance brutale après avoir vécu une idylle sur internet alors qu'elle était encore mariée, ce qui lui a valu deux ans d'emprisonnement pour pornographie et un divorce immédiat à ses torts.

Tout va changer quand "Bouche de cheval" arrive, il s'agit d'une jeune cinéaste hollandaise d'origine marocaine, qui veut réaliser un film sur le quartier où vit Jmiaa. Un film qui va rencontrer un succès certain et qui montrera à Jmiaa combien elle tient à ses racines.

Le livre est surprenant, les personnages sont pittoresques. Toutefois le langage très crû qui est souvent employé peut dérouter de nombreux lecteurs.

Avec ce livre nous visitons la société marocaine actuelle, où le poids des traditions est encore très fort (comme l'autorité absolue de la mère: Jmiaa tremble encore devant sa mère Mouy alors qu'elle a dépassé la trentaine!)

Nous découvrons les habitudes des gens de Casablanca, la nourriture, les quartiers commerçants (comme le centre commercial Alpha 55, qui sert de repère aux Casablancais, le Twin aussi à l'entrée du quartier de Maârif), les émissions de télé favorites, les chanteuses et chanteurs (l'Egyptien Amr Diab, à la mode pendant les années 90, la chanteuse Lhajja Hamdaouia.., la chanteuse féministe Najat Aatabou "la lionne de l'Atlas", le groupe Nass El Ghiwane "les Rolling Stones de l'Afrique" selon Scorcese..)

Bref un concentré de vie marocaine, une société en train de bouger malgré le poids des traditions.

L'auteure, Meryem Alaoui, est une jeune Marocaine qui vit à New York. Elle a grandi à Casablanca. C'est son premier roman. Il fait partie de la sélection des livres retenus pour le prix Stanislas de Nancy, on devrait parler de lui dans les prochains mois.
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La vérité sort de la bouche du cheval

Un roman surprenant, plein de vie, de couleurs, ça grouille de partout. C'est brut, tranchant, acide, la vie telle qu'elle peut être dans les rues de Casa, le quotidien des filles qui sont rendues à cet esclavage de leur corps.

Ce n'est pas très ragoûtant, loin de là, mais ce n'est pas sans compter sur l'humour et le caractère bien trempé de Jmiaa pour nous emporter dans sa tornade.

Au travers de son journal intime, elle nous dévoile la condition des prostitués, la misère, l'alcool etc ...

Son destin va virer quand elle fait la rencontre de bouche de cheval.

Si parfois on rit de situations cocasses, on se lasse aussi de ce langage, et des joutes verbales.

C'est bien mais à petites doses.

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La vérité sort de la bouche du cheval

Jmiaa, prostituée à Casablanca, parle comme elle pense. Changeante, grosse gueule, mais avec un coeur gros comme ça et des idées bien arrêtées.

Elle nous raconte comment, après son mariage, elle est tombée dans la prostitution et nous montre son milieu haut en couleur. C'est Bouche de Cheval, une jeune néerlando-marocaine toute maigre qui va changer sa vie: réalisatrice, elle se documente sur le monde de la prostitution et engage Jmiaa pour discuter avec elle. Deux mondes se rencontrent: celui du cinéma et celui des bas-fonds de Casa.

Pour un premier roman, il évite assez bien les écueils de la sensiblerie et des gros clichés, il est dynamique, enjoué et surprenant. On y découvre un Casablanca contemporain bien plus ouvert que ce qu'on pourrait croire et les personnages sont très vivants.

Je remercie Babelio et Gallimard pour cette lecture originale.
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La vérité sort de la bouche du cheval

Dès la première phrase, le ton est donné, le décor est planté. Immersion directe au coeur d'un quartier populaire de Casablanca où des hommes suivent des femmes dans un escalier, entrent dans une modeste chambre, s'installent rapidement sur un matelas bien souvent posé à même le sol et y consomment un acte sexuel.



Mais comment Jmiaa en est arrivée à devenir une prostituée ?

Elle a tout simplement suivi son mari qui avec tous ces plans foireux se retrouve sans un sou pour subvenir aux besoins quotidiens du couple.



Et de là, c'est la descente aux enfers. Un premier ami du couple va forcer Jmiaa à une relation non consentie, sans que son mari n'intervienne, puis, un deuxième et ainsi de suite. Jmiaa a beau crier, se disputer, se battre avec lui, se démener contre cette situation, rien n'y fait. Leur relation de couple s'envenime et s'enlise dans cette déchéance.



Un jour, Hamid a une autre brillante idée, il part tenter sa chance en passant clandestinement en Espagne, et laisse Jmiaa sur le carreau. Elle n'a plus qu'à se débrouiller toute seule pour vivre.



Jusqu'au jour où, Hamid, le gars qui travaille au garage du coin, dit à Jmiaa qu'une femme fait des recherches pour son film et souhaiterait discuter avec elle. Sans vraiment trop y croire, Jmiaa accepte cependant de la rencontrer…





Jmiaa, personnage centrale de ce roman n'a pas sa langue dans sa poche. Elle sait se défendre verbalement, utilisant à bon escient tous les mots vulgaires, grossiers qu'ils existent. Mais c'est comme ça dans le quartier, si elle veut survivre, elle n'a pas vraiment le choix.



Esclave, assouvissant le moindre désir des hommes, Jmiaa ne sait pas comment sortir de cette spirale qui l'entraine jusqu'à devenir une loque entre boire pour oublier, boire pour tenir, enchaîner cigarette sur cigarette, s'abrutir devant des téléfilms niais une bonne partie de la journée. Et pourtant, pendant le mois du Ramadan, elle trouve la force de mettre tout ça de côté en retournant chez sa mère.



Finalement, qu'est-ce qui retient Jmiaa de tout plaquer, de retourner une bonne fois pour toute chez sa mère ?

- le poids d'une société, où la femme doit accepter d'être soumise.

- le poids d'une mère qui avait prévenu sa fille : « Ne reviens pas pleurer chez moi le jour où ça se corsera avec lui. », page 67.

- le manque d'estime de soi.



« Mais pour comprendre ça, tu dois le vivre », page 72, c'est ce que pense Jmiaa. Elle se retrouve inexpérimentée, loin de son village, face à une société masculine dominante, gavée de téléfilm où tout est beau, tout est rose et où tout se finit bien à la fin.



Combien de Jmiaa sont dans ce cas là ? Et pense que c'est la normalité de proposer son corps contre de l'argent ou tout simplement de subir les violences de son mari. Je pense c'est ce que l'auteure a voulu nous montrer à travers ce roman qui ressemble parfois à un documentaire, à une immersion dans la réalité comme nous pourrions le voir dans un reportage à la télévision.



Premier roman, déjà sélectionné dans plusieurs prix littéraires, qui m'a séduit par son réalisme et par le personnage de Jmiaa touchante, poignante, incisive, drôle aussi. Elle marque les esprits c'est certain.

Lu avant sa sortie nationale, je remercie les éditions Gallimard pour le partenariat avec Babelio.

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La vérité sort de la bouche du cheval

Pourtant intriguée par ce titre " La vérité sort de la bouche du cheval ", je reste sur une sensation mitigée après cette lecture. Premier roman de Meryem Alaoui, il est paru au moment de la rentrée littéraire de septembre 2018, aux éditions Gallimard.

L'histoire démarre en 2010 où Jmiaa, la narratrice, est prostituée dans un quartier populaire de Casablanca. Dotée d'un caractère bien trempé et de courbes généreuses, elle se voit confier la responsabilité d'une nouvelle recrue, Halima.

p. 14 : " [...] j'allume une cigarette et je tire rapidement dessus pour continuer à lui raconter mes journées en insistant bien sur l'essentiel : la quantité. Parce qu'il faut en voir ,des hommes, pour vivre. Au moins six par jour. Sept ou huit, c'est mieux, mais six, c'est déjà bien. "

Mais au fur et à mesure que l'histoire avance, Jmiaa se laisse aller aux confidences. Et si elle s'est retrouvée à faire le trottoir pour gagner sa vie, c'est parce que son mari Hamid lui en a suggéré l'idée. En effet, celui-ci est prêt à toutes les magouilles pour se faire de l'argent, et ses mauvaises fréquentations vont avoir raison de leur couple.

p. 74 : " A la paranoïa, aux joints, à ses nerfs et à l'argent qui se faisait de plus en plus rare, il a ajouté l'alcool. "

Mais il a pris ses jambes à son cou lorsqu'elle lui a annoncé qu'elle était enceinte. Mouy, sa mère, l'avait pourtant prévenu : Hamid n'était pas un homme pour elle, et il allait lui créer des ennuis. Bien qu'elle est acceptée de s'occuper de sa fille pendant ses longues journées de travail, elle ne peut s'empêcher de le lui rappeler.

p. 61 : " Le truc qui me parasite vraiment, c'est que chaque fois que je vais la voir, elle me cuisine pour savoir où j'en suis avec le bâtard  de mon mari. Et chaque fois, elle se fait plus insistante que la précédente. "

Sur ce chemin de vie, ou plutôt de survie, il n'y avait guère d'issue favorable, et les espoirs d'une vie meilleure ne restaient que du domaine des rêves. C'est alors que son cousin lui parle d'une femme d'origine hollandaise, venue au Maroc dans l'intention de réaliser un film. Journaliste et réalisatrice, Chadlia cherche donc des femmes issues des quartiers pauvres de Casablanca pour témoigner de leur quotidien. C'est alors que le cousin propose une rencontre entre les deux femmes.

p. 104 : " - Ce film que je veux faire, c'est mon premier long métrage. J'ai presque fini d'écrire mon histoire. Mais je voudrais m'assurer que ce n'est pas à côté de la réalité. C'est pour ça que je voulais rencontrer... "

D'un physique plutôt ingrat, Jmiaa va alors la surnommer "Bouche de cheval". Elles vont se rencontrer régulièrement, mais discrètement. Sans complexe, Jmiaa va lui parler de son histoire personnelle. Touchant de plus en plus la journaliste par son franc parler et sa spontanéité, elle va lui faire une proposition des plus surprenantes.

p. 167 : " Je veux que tu joues dans le film. Et tu as une force qui se dégage de toi qui... qui remplit la pièce. Qui remplit l'écran. "

Passée la surprise, Jmiaa se prête au jeu, et s'astreint à une hygiène de vie et à une grande conscience professionnelle, oubliant presque ses soucis avec l'alcool.

p. 173 : " Peut-être qu'il y a des choses qui arrivent pour rien dans la vie. Et peut-être aussi que tout ce qui se passe, c'est déjà prévu, planifié, tracé, tout. Comme dans un film."

Devenue une célébrité dans son quartier, les habitants lui accordent enfin le respect tant attendu. Mais le tournage du film terminé, le retour à son ancienne vie se révèle douloureux, comme si cette parenthèse étoilée n'avait été qu'illusion.

p. 216 : " Aujourd'hui, on est vendredi. Je suis dans ma chambre, en ville. Et on a fini le tournage. Ils m'ont donné mes trois millions et demi, tous les costumes qu'ils avaient faits pour moi, du maquillage, des sacs et des foulards. Ils ont bien pris soin de moi. "

Mais une surprise aussi incommensurable aux yeux de Jmiaa peut-elle en cacher une autre, toute aussi improbable... ?

Ecrit à la première personne du singulier, ce roman se fait plus proche du lecteur, telles des confidences. Meryem Alaoui utilise  le langage courant, en adéquation avec le cadre du roman,ce qui lui donne une dimension réelle. J'ai apprécié la première partie du roman qui relate le témoignage de la vie d'une femme prostituée à Casablanca, une ville riche en couleurs et en animation, elle l'est aussi de violence et de misère pour cette héroïne. En revanche, la seconde partie me semble bien idyllique, voire utopiste. Jusqu'où le lecteur est prêt à se laisser prendre dans cette happy end à l'hollywoodienne ?
Lien : https://missbook85.wordpress..
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La vérité sort de la bouche du cheval

Retenu dans la première sélection 2018 du prix Goncourt, cet ouvrage d'une fille d'un ex ministre marocain brille par sa qualité littéraire et par le souffle qui l'anime me semble-t-il. La prose est douce et aimable tout comme l'inspiration qui guide l'auteur semble n'être qu'humour, tolérance et humanisme. Quelques pages, heureusement rares, instillent l'angoisse due au péril islamisme intolérant et criminel.

A bientôt de vous relire? Madame Alaoui
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La vérité sort de la bouche du cheval

Meryem Alaoui m'a emmené en voyage.

Elle me l'avait promis.

Elle m'a donc pris par la main avec son roman et nous sommes parti à la découverte du Maroc.

Mais elle ne m'avait pas tout dit.

Parce que une fois arrivés à Casablanca, elle m'a confié à Jmiaa.

Jmiaa comme guide ?

Jmiaa, la prostituée ?

Oui, elle-même.

Avec son franc-parler, son tutoiement, sa simplicité, sa joie de vivre, même dans les moments les plus compliqués de son existence.

Jmiaa vit de ses charmes, (la phrase est belle, mais sans aucun doute sujet à polémique pour les puritains, je ne débattrai pas sur le sujet, vous pouvez fermer vos yeux et vous boucher les oreilles, ces femmes existent...) elle élève seule sa fille, enfin, avec l'aide de Mouy (mère en arabe, oui, parce que en plus, Meryem, par la voix de Jmiaa va vous apprendre quelques mots de sa langue maternelle, autant joindre l'utile à l'agréable...). C'est donc les pérégrinations de cette femme que j'ai suivie tout au long de ce roman.

Loin des idées toutes faites, loin de l'image du pays renvoyée par nos cités ou banlieues, avec Jmiaa on est loin du Maroc des touristes.

Meryem Alaoui m'a entrainé au coeur de la vie des Autochtones, dans les rues, les bars, les maisons. J'ai partagé le couscous avec Mouy. J'ai bu des bières à m'enivrer avec Jmiaa et ses amies.

Parce que dans La vérité sort de la bouche du cheval, il y a plein de personnages, qu'on croise, avec qui l'on parle, avec qui l'on se bat parfois, avec qui l'on rit.

D'ailleurs, dans ce livre, on rit beaucoup. Parce que Meryem n'a pas voulu d'un récit larmoyant.

Parce que le destin peut frapper à votre porte où que vous soyez et qui que vous soyez.

Parce qu'un jour.....Bouche de cheval s'est approché d'elle, la vie de Jmiaa va changer.

Et si Cendrillon devenait Princesse avant minuit ? ( oui, bon d'accord, baisser vos boucliers, je sais, Cendrillon n'est pas une prostituée,  Oh ! Ce que vous pouvez être susceptible, si on peut plus faire de métaphore...)

Bref, moi je vous le dis, si vous avez envie de voyager, sans vous prendre la tête avec des réservations,  des heures d'avion, des valises, etc... si vous avez surtout envie de passer un bon moment, voici un livre de cette rentrée littéraire qui vous comblera.





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La vérité sort de la bouche du cheval

La narratrice, c'est Jmiaa, prostituée à Casablanca depuis que son mari a fichu le camp vers le mirage d'une vie meilleure en Espagne. « Pour vivre, je me sers de ce que j'ai. » (p. 17) Jmiaa n'a pas sa langue sans sa poche, elle est droite dans ses bottes et débrouillarde. « Ici, tu rencontres celui qui chaque jour boit sa honte et qui – le soir venu – te fait vomir la tienne, dans les toilettes sales et l'excuse d'un vin frelaté. Mais, au fond, tu te fous bien d'eux, de leur misère et de leur crasse. Parce que tu sais que c'est comme ça. Et que sur cette terre, chacun son lot. » (p. 26) Jmiaa aime la vie, la fête, l'alcool – peut-être un peu trop. Et sa fille, à qui elle tente de cacher son activité. Elle aime aussi Chaïba, son petit ami, aussi brutal qu'inconstant. Arrive Chadhia, dite Bouche de cheval, qui veut réaliser un film dans Casablanca et lui donner tous les accents du réel. « Il faut que ce soit comme dans la vraie vie. Pour que les gens y croient. Qu'ils pensent que c'est vraiment arrivé. » (p. 166) Pour ça, elle a besoin de quelqu'un qui connaît la ville dans ce qu'elle a de plus authentique. Pour Jmiaa, c'est une proposition en or. « C'était ça mon travail avec elle : l'aider pour qu'elle puisse finir d'écrire son histoire. Plus facile que ça, il n'y a pas. » (p. 123) Jmiaa compte bien en profiter autant qu'elle pourra et tirer tous les avantages de cette situation. D'autant plus que Bouche de cheval cherche maintenant l'actrice principale de son film.



Jmiaa est le genre de personnage que je désespère de croiser plus souvent dans la littérature. Quel plaisir de l'écouter parler – à qui, cela reste un mystère – et de suivre son regard profane sur le cinéma, mais acéré sur la nature humaine ! Dotée d'un gros bon sens et d'une tête solide, elle traverse les épreuves de la vie avec majesté et détermination. À l'image de sa protagoniste, le roman est généreux, drôle par moment, profond, vivant et très humain. Et le de Meryem Alaoui est de ceux qui enchantent dès les premières lignes, à la fois musical et chantant, aussi rythmé que mesuré. Avec ce premier roman, l'autrice fait déjà preuve d'un talent certain et je vais suivre de près la suite de sa carrière littéraire.
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Sweet chaos

Après Casablanca, avec La vérité sort de la bouche du cheval, voici New York, pour Sweet Chaos. De belles promesses avec le premier roman de Meryem Aloui que ne concrétise pas le second, qui entend prend le pouls de la "Grosse pomme", à travers les habitants d'un immeuble de Brooklyn. Las, leur existence au jour le jour suscite d'emblée un ennui poli, d'une part parce qu'ils sont trop nombreux (une vingtaine) et qu'il faut vite renoncer à identifier les uns et les autres, et d'autre part parce qu'écrire sur la banalité du quotidien fait courir le risque de la platitude. La romancière, sans doute consciente du fait, a donc ajouté une intrigue, comme un zoom sur deux des occupants de l'immeuble, Riley et Graham, un couple amoureux et bien sur tous rapports, qui a la riche idée de tenter le libertinage. Allons bon, nous voici entraînés dans un récit à l'érotisme léger, dont il est aisé de comprendre que l'enjeu est de savoir si ledit couple survivra à ses jeux dangereux. On s'en fiche un peu car rien ne nous attache à leur sort, la faute à l'autrice qui les rend plus capricieux et égocentriques que sympathiques. Du collectif à l'individuel, du plan large au gros plan, ce huis-clos new-yorkais n'a rien de "sweet" et le chaos annoncé a plus des allures de K.O pour le lecteur qui a plusieurs fois envie de jeter l'éponge avant la fin.
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Sweet chaos

Curieux ce second roman ( là où en principe l’auteur se définit plus clairement).

Une cinquantaine de pages pour présenter les occupants d’un immeuble de Brooklyn, j’ai pensé un court instant à « l’immeuble Yacoubian ».

Comme partout, on y trouve des commères des gens qui s’ennuient ou se droguent, des bons, des moins bons, en fait un catalogue assez fastidieux.

Et puis sort du lot sur une centaine de pages un couple qui s’entend tellement bien en toutes choses et donc sexuellement qu’il en vient à se demander si « le faire à 3 ou 4 «  serait un piment supplémentaire dans leur vie, mais avec l’assurance de tout se dire et de ne jamais s’attacher ailleurs. On passe donc à l’action.

Et puis on se recentre sur l’immeuble et ses psycho-drames , et l’on revient sur notre couple et une fin que seul le lecteur peut découvrir…

Je suis un peu perplexe pour étoiler cette histoire, en tous cas M.Alaoui cache bien son jeu avant d’aborder le vrai thème de son roman:le couple.

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La vérité sort de la bouche du cheval

En septembre 2015 sortait sur les écrans français Much Loved qui racontait le quotidien de prostituées de Marrakech. Un grand film, avec une touche de romanesque, mais aux résonances politiques très fortes qui n'ont pas d'ailleurs eu l'heur de plaire aux autorités marocaines. Se plonger dans La vérité sort de la bouche du cheval est par conséquent une expérience relativement familière même si le contexte est différent ne serait-ce que parce que l'héroïne du livre, Jmiaa, exerce son métier dans les quartiers populaires de Casablanca et que c'est elle qui s'exprime, à la première personne, au fil d'une sorte de journal intime qui raconte sa vie au jour le jour, souvent sordide, avec une verve jamais prise en défaut même si dérapant parfois dans une grossièreté un peu répétitive. L'immersion est totale, dans la première partie du roman, et le regard de Jmiaa, qui a dépassé la trentaine et est mère d'une fillette, séduit par son franc parler, sa lucidité et son absence de tabous pour décrire une société où l'hypocrisie et la corruption vont très bien ensemble. Rien de très nouveau sous le soleil de Casa mais l'énergie et la vitalité de Jmiaa attirent forcément la sympathie. Cela se gâte malheureusement dans la deuxième partie du roman qui tourne au conte de fées improbable si l'on considère la volonté de réalisme de l'auteure. Ce n'est pas que l'on veuille du mal à la belle de Casa mais les péripéties que La vérité sort de la bouche du cheval décrit dans ses dernières pages souffrent d'un grand défaut de crédibilité. Il est vraiment dommage que ce premier roman en grande partie réussi ne tienne pas ses promesses jusqu'au bout.
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La vérité sort de la bouche du cheval

Jmiaa prostituée à Casablanca a l'optimisme chevillé au corps.



Pourtant sa vie, n'est pas un long fleuve tranquille.



Un mari fainéant qui la "prête" aux copains moyennant finance et la voilà propulsée sur les trottoirs avec ses compagnes d'infortune.



Une simple paillasse dans une chambre miteuse ; mais un humour à toute épreuve.



Sa route va croiser une jeune réalisatrice qui la mènera en Amérique, au Mexique, jusqu'à un succès inespéré pour cette jeune femme qui gardera ses traditions et ses valeurs familiales.



J'ai adoré son franc parler et ses descriptions d'une vie tellement à l'opposé de tout ce qu'elle avait pu connaître jusqu'alors.



C'est simple, drôle parfois, intelligent et je dirais "bien joué".



You You You You You You You You You You You You !
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La vérité sort de la bouche du cheval

J’ai découvert ce premier roman de Meryem Alaoui tout à fait par hasard, mis un peu en avant par la bibliothèque que je fréquente sur l’étagère des nouveautés, coups de cœur, etc. … C’est le titre qui m’a surtout attirée : La Vérité sort de la bouche du cheval…



Rien d’équestre pourtant dans ce livre, mais de beaux portraits de femmes, ciselés, magnifiques de vérité et de réalisme, attachants, hauts en couleurs et pudiques à la fois.

« Bouche de cheval » est le surnom donné à une jeune femme marocaine : « un bâton tout maigre avec, au bout, des cheveux longs et en pagaille. […] Plein de grandes dents. Bouche de cheval ! […] debout devant moi, j’ai un balai qui s’est teint les poils en marron. Elle est tellement maigre qu’on dirait qu’elle va se casser en deux ». C’est une journaliste d’origine marocaine qui vit en Hollande ; elle veut réaliser un film sur la vie dans un quartier populaire de Casablanca ou vivent des prostituées.

Ce roman est l’histoire de sa rencontre avec Jmiaa, qui n’a pas choisi la prostitution mais qui y a été contrainte par son mari pour rembourser ses dettes ; abandonnée par lui depuis, elle partage son temps entre les passes avec les clients et les séries télé ; elle boit et se drogue un peu aussi pour se donner du courage et ne se plaint jamais ; cette femme est une battante qui aborde les vicissitudes du métier avec brio, profite de tous les bons moments, même les plus éphémères, et mène vaillamment sa vie entre ses collègues de la rue, ses clients, son proxénète, son amant de cœur, sa fille et sa mère. Quand elle découvre le milieu du cinéma, son regard acéré permet de belles mises en lumière des personnalités et des situations décrites.

Cette lecture fut pour moi un total dépaysement, une immersion dans un milieu où règnent la débrouillardise et une certaine forme de solidarité entre les filles malgré les rivalités et les mesquineries. Le parcours de Jmiaa est atypique et jouissif, factuel et bouleversant à la fois ; il y a du sexe, de l’alcool, de la violence, des rires et des larmes, du rêve aussi…



La narration est rythmée, sans temps morts. J’ai surtout été happée par le style oral et paradoxalement soutenu. Jmiaa, la narratrice parle à la première personne et s’adresse à un interlocuteur qu’elle interpelle parfois, à moins qu’elle ne s’adresse directement au lecteur : « va savoir ». J’avais vraiment l’impression d’être à ses côtés et de l’écouter me raconter son histoire, entre deux bières ou deux cigarettes. J’ai entendu l’auteure dire dans une interview qu’elle avait pensé en arabe et écrit en français…

Le récit est précisément daté, de juin 2010 à mai 2018, et pourtant la narration ne fait pas penser à un journal intime, mais plutôt à un journal de bord ou à un témoignage. Meryem Allaoui a l’art de mêler le parler populaire et de belles métaphores poétiques pour décrire les ressentis. Les dialogues sont savoureux, percutants, pleins de finesse et de sensibilité, sous des dehors bourrus et insultants parfois ; la langue de la rue, colorée et imagée, entre moments de franchise et non-dits, rend ce récit vivant et réaliste, au plus près de l’humain et de la vie quotidienne.

À la fin du livre, un glossaire très utile permet de situer les célébrités marocaines citées ou de comprendre le sens caché de certaines expressions.



Ce roman est une belle découverte, une pépite entre portraits de femmes, hymne à la vie et peinture de la vie quotidienne dans un quartier populaire de Casablanca.

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