Michaïl Lermontov

- Quels yeux elle a ! Une merveille !
- « Comme des charbons ardents dans une forge » !
- Avoue quand même que ses yeux sont admirables !
Quand on loue les yeux, c’est que le reste ne vaut rien.

Ton âme est jeune, et tu es jeune d'âge :
Du livre de la vie, tu ne sais rien
Sinon que s'ouvre à la première page
L'océan du mal et du bien.
Toi, prends n'importe quelle route,
Espère et rêve, ignore tous les doutes

Couchée dans son cercueil, elle ressemble à une gracieuse péri qui vient de s'endormir. Son visage pâle et sombre est plus pur que le linceul qui l'enveloppe. Ses paupières se sont abaissées pour toujours.

Un ange déchu, un démon plein de chagrin, volait au-dessus de notre terre pécheresse.

Tout est absurde en ce monde ; la nature est stupide, le destin un dindon et la vie ne vaut pas un copek 

Au-dessous de lui, les neiges éternelles du Kazbek scintillaient comme les facettes d’un diamant ; plus bas, dans une obscurité profonde, se tordait le sinueux Darial, semblable aux replis tortueux d’un reptile. Puis le Terek, bondissant comme un lion à la crinière épaisse et hérissée, remplissait l’air de ses rugissements

cher sombre du Kazbek garde avidement sa proie et le murmure de l’homme ne trouble jamais leur éternel repos.

Et l’ange, jetant sur le séducteur un regard sévère, agita ses ailes avec joie et disparut au milieu des cieux purs. Et le démon vaincu, maudissant ses rêves pleins de folie, comme autrefois resta seul dans l’univers, sans es- pérance et sans amour !...

Et le démon comprit alors pour la première fois les douleurs et les agitations de l’amour. Effrayé, il veut s’éloigner ; mais ses ailes restent immo- biles ! et ô prodige ! une larme roule lentement de ses yeux obscurcis !...

Tout d’abord, ce n’est pas un roman que j'écris, mais des notes de voyage; je ne peux, par conséquent, obliger le capitaine à raconter avant qu’il n’ait effectivement commencé.

Ma terre natale (extrait)

Je l'aime mon pays, d'un amour si puissant
Que la froide raison ne le pourrait comprendre,
Car ni la gloire acquise au prix de notre sang,
Ni l'orgueil confiant , ni les vieilles légendes
Ne peuvent m'inspirer de rêves apaisants .
Mais sans savoir pourquoi, seuls cependant m'émeuvent
Les steppes, leur silence étrange et souverain ,
Les ondulations de ces forêts sans fin
Et, pareil à la mer, l'estuaire des fleuves.

("Oeuvres poétiques")

E finita la comedia, dis-je au docteur.

Il était clair qu’elle avait quelque chose à me dire, mais elle ne savait pas pour où commencer. Son sein se gonflait, qu’était-il arrivé ? Une manche de mousseline est une égide bien faible, et un courant magnétique allait de mon bras au sien. Presque toujours, l’amour naît ainsi et la plupart du temps nous nous trompons bien en pensant qu’une femme nous aime pour notre extérieur ou nos qualités morales, tandis qu’ils ne font que préparer et disposer son cœur à recevoir le feu sacré ; le moindre premier contact décide l’affaire.

Mais je remarquai qu’il ne gesticulait point, indice certain d’un caractère dissimulé.

Ma jeunesse flétrie s’écoula au milieu d’une lutte entre la société et moi.

22 mai... Le salon de l'hôtel s'est transformé en quartier pour la noblesse. À 10 heures tout le monde était arrivé. La princesse mère et sa fille arrivèrent les dernières. Les femmes leur lançaient des regards envieux et malveillants, car Mary s'habille avec goût. Celles aux prétentions aristocratiques, cachant leur envie, se rapprochèrent d'elles. Au milieu de la foule, Grounchiski aux aguets ne quittait pas des yeux sa déesse. Les danses commencèrent par une polonaise. Puis on a joué une valse. Les éperons se mirent à sonner.

Il y a cependant une volupté immense dans la possession d’une âme jeune, à peine éclose. Elle est comme une fleur, dont le plus bel arôme s’exhale sous le premier rayon de soleil ; c’est alors précisément qu’il faut la cueillir, puis, après en avoir longuement aspiré le parfum, la jeter sur la route : peut-être bien que quelqu’un la ramassera.

Ce malheureux gamin, comme il s'enflamme...

Dors mon petit ma lumière,
Dodo, l'enfant do.
La lune d'argent éclaire
Ton petit berceau.
De contes et de merveilles
Berçant ton repos

Le Démon



extrait 3

.Ainsi donc, le malheur farouche
Fondait sur le palais bruyant ;
Thamar se jette sur sa couche,
éclate en sanglots déchirants,
Et son sein oppressé halète…
Tout à coup une douce voix,
Voix d’enchanteur et de poète,
Jaillissant de la nuit muette,
La remplit d’extase et d’effroi :
«O chère enfant en vain tu pleures :
D’un stérile espoir tu te leurres,
Si, sur un corps inerte et froid,
Tu crois répandre une rosée
Vivifiante, et si tu crois
Que, de tes larmes arrosée,
La chair morte peut refleurir…
Tes pleurs ne feront que flétrir
Et brûler la fleur de tes joues,
Et qu’enténébrer tes beaux yeux
Et cet époux auquel tu voues
Tant de soins, la clarté des cieux
à présent rayonne et se joue
Dans son regard transfiguré ;
Il entend des chants éthérés ;
Que sont donc la terre et ses songes,
O vierge, que sont tes chagrins,
Pour un hôte des deux sereins ?
Le deuil terrestre est un mensonge.
Crois-moi, doux Ange d’ici-bas,
Le sort d’un être périssable,
D’un être de chair, ne vaut pas
Un de tes pleurs inestimables !
…