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Critiques de Michel Zink (53)
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L'humiliation, le Moyen Âge et nous

Directeur de la célèbre collection Lettres gothiques du Livre de Poche, Michel Zink nous livre là un ouvrage qui manquait sur l'un des aspects fondamentaux de l'univers chrétien : son rapport étroit et cependant difficile à accepter avec les situations d'humiliation telles qu'il lui a fallu apprendre à les supporter, ne serait-ce qu'en raison du mystère de la Passion du Christ avec les terribles sévices du couronnement épineux, de la flagellation et de la crucifixion, nécessaires préalables à la Résurrection. C'est que personne ne tient particulièrement à être humilié, mais enfin, si on l'est, il vaut mieux supporter cela avec une abnégation exemplaire référencée aux souffrances infligées à Jésus. En somme, celles-ci devraient, à la limite, justifier une acceptation que l'humain, de par nature, n'est pas porté à tolérer. Au lieu d'apprendre l'humilité, l'Occident, imprégné de christianisme, aurait véhiculé, depuis le Moyen Âge,une culture de l'humiliation et de la coulpe battue, en en rajoutant au besoin - les exemples littéraires et hagiographiques illustrent parfaitement cet excès qui confine à la posture. Et il en resterait quelque chose dans nos sociétés et moeurs actuelles.



François Sarindar
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Bienvenue au Moyen Âge

Je pense que Michel Zink fait partie de ceux qu'on aurait aimé avoir comme prof d'histoire dans nos jeunes années.

C'est un auteur passionné qui a est derrière ces chroniques diffusées sur France Inter , pas de doute possible.



Avec cet ouvrage qui compile justement toutes ses chroniques, Michel Zink nous présente un Moyen Âge dont l'héritage est presque palpable aujourd'hui encore. Ainsi, les expressions du type "c'est moyenâgeux !" perdent tout leur sens car on découvre de façon surprenante, une époque très moderne dans ses propos sur l'amour, le courage, la loyauté, la rébellion contre l'ordre établi et bien d'autres valeurs qui aujourd'hui nous apparaissent fondamentales.

On comprend donc très aisément comment ces mythes ont pu parvenir jusqu'à nous et trouvent toujours un écho, devenu bien plus large grâce à la culture "populaire de masse" qui a intégré ces mythes dans ses fictions (dans la fantasy, entre autre).



Bien sûr certains thèmes m'ont plus plu que d'autres (quelle banalité même de le dire !). J'aurais aimé par exemple un développement plus conséquent sur les emprunts de la culture moderne au Moyen Âge (là je chipote, non ?). Enfin, ce petit détail ne m'empêche pas de me sentir tout à fait enchantée à l'issue de cette lecture. Et elle m'a même donnée envie de découvrir la poésie de François Villon (moi qui ne suis pourtant pas une adepte du genre).

On peut donc dire que l'objectif de l'auteur est atteint ! Merci pour ce voyage dans le temps, si lointain et si proche pourtant. J peux même dire que je suis fière de porter une partie de cet héritage historique maintenant. (double merci professeur Zink !)

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Les troubadours : Une histoire poétique

Cette "histoire poétique" sur les troubadours débute au XIe siècle avec Guillaume IX, comte de Poitiers, duc d'Aquitaine et de Gascogne, le grand-père d'Aliénor. Ce grand seigneur est aussi un poète; ses chansons sont d'abord destinées à ses compagnons, il ne recule donc pas devant les facéties et les gaillardises d'un bon viveur, tout en se montrant parfois plus délicat et d'un lyrisme poignant, augurant de la poésie courtoise. Bernard de Ventadour, d'une origine plus modeste, s'exprime avec plus de retenue. Les troubadours ne parlent que d'amour mais de bien des façons. Michel Zink cite de très nombreux poèmes , en français et en occitan. Dans les chansonniers du moyen âge, ces poèmes ou chansons étaient accompagnés de vidas et de razos écrites par des auteurs anonymes. C'est grâce à ces courtes biographies et les interprétations qui sont données des poèmes que nous connaissons la plupart des troubadours. Les anecdotes y sont nombreuses et assez piquantes, reflétant le monde à la fois rieur et caustique des cours occitanes.
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Littérature française du Moyen Âge

Poser la question d’une nature de la littérature française au Moyen Age est forcément anachronique pour deux raisons au moins :

- Qu’est-ce qu’une littérature à une époque où l’objet livre est minoritaire ?

- Quelles réalités dialectales se cachent derrière le terme d’une langue française fédératrice ?





Surtout, le Moyen Age est long et c’est en raison de la dernière objection que Michel Zink amorce son étude avec les Serments de Strasbourg, prononcés en 842, et considérés comme le premier monument témoin de l’émergence d’une langue populaire, par opposition au latin clérical. Jusqu’au XVe siècle, ce que nous entendons par « littérature » a donc le temps d’emprunter les formes les plus variées et de révéler des tendances profondes à l’image des évolutions spirituelles, politiques et historiques de la société.





Nous apprendrons que les premiers écrits en langue vulgaire résultent de la volonté de rendre les textes religieux latins accessibles au peuple. De plus en plus d’ouvrages seront ensuite traduits du latin et cette démarche entraînera généralement un véritable essor de la littérature d’édification, qu’il s’agisse d’éducation pratique, morale ou religieuse. En même temps, à la fin du XIe siècle, la rupture avec les modèles de la latinité s’amorce à travers l’émergence de deux littératures distinctes qui sont la chanson de geste en langue d’Oïl et la poésie lyrique en langue d’Oc. La chanson de geste comprend les grands cycles épiques dont le plus connu est celui de la Chanson de Roland ; au moment des grandes invasions, ces sagas généalogiques permettent peut-être de prendre conscience d’une identité nationale dans l’expérience du récit. La poésie lyrique quant à elle reflète plutôt l’idéal de la courtoisie et de la fin’amor. Avant tout poésie de cour, elle garde des attaches plus éloquentes avec les lettres latines en transposant à son époque l’idéal de l’éducation antique de l’urbanitas. Avec le temps, ces formes acquièrent des modalités d’expression progressivement neuves : l’influence antique cède place à l’inspiration celte et bretonne et les récits s’étoffent de merveilleux et d’amour, provoquant en même temps une opposition réaliste qui ne consiste pas encore à peindre la vraisemblance mais à refuser le merveilleux. Cette esquisse du roman, tel que nous le connaissons, se définit par la place prépondérante que se donne son auteur par le biais d’interventions explicites ou de l’intertextualité.





L’autre moment décisif se constitue lors de l’abandon de la forme versifiée pour la prose. On se moque de Monsieur Jourdain qui fait de la prose sans le savoir mais il semblerait qu’elle n’ait rien eu d’évident pour nos lettrés médiévaux :





« L’antériorité du vers sur la prose devrait à elle seule écarter la tentation de voir dans celle-ci un langage spontané, aux règles moins contraignantes que celles de la poésie et qui se confondrait avec le langage parlé. »





La prose est d’abord le langage du savoir spirituel qui révèle la vérité dans l’exhaustivité, contrairement aux amusements humains du genre fictif. Elle permet au genre littéraire de se renouveler : romans et chroniques abondent et Michel Zink nous permet également de découvrir les conditions de développement du théâtre moderne et le statut particulier de l’allégorie qui trouve son point de rupture et d’achèvement avec le Roman de la Rose. Composée en deux temps par deux auteurs différents, la quête spirituelle amorcée dans la première partie se termine en remettant en cause la valeur herméneutique de l’allégorie. Le paradigme médiéval, en quête de sens, considérait le monde comme un réseau de correspondances –l’amorce d’une pensée moderne s’attache désormais aux distinctions et oppositions dans une lecture causale du monde. Les grands cycles et les quêtes d’absolu se réduisent de plus en plus souvent à une étape. La déperdition du sens transcendant se justifie par la recherche d’une vérité référentielle : rien ne peut plus dépasser la mesure du héros.





En cette fin de Moyen Age, Michel Zink n’oublie pas d’évoquer le nouveau statut accordé à la poésie suite à sa distinction de la prose. Les formes de la réflexion trouvent leur origine dans la prise de conscience historique d’un peuple tandis que les formes de la représentation évoluent conjointement au développement du regard personnel de l’écrivain.





Le parcours est tracé clairement, ponctué de nombreux exemples et rattaché à des références bibliographiques qui donnent la possibilité d’élargir son champ de découverte médiévale. Michel Zink propose de plus une réflexion nuancée sur les plans synchronique et diachronique. Fidèle aux conclusions claires-obscures de Johan Huizinga écrivant L’Automne du Moyen Age, il essaie de se débarrasser des « poncifs des autres époques, y compris de la nôtre » pour plonger dans la narration de cette période pas « aussi rebutante ni aussi glacée qu’on a voulu ou qu’on pourrait le croire ».


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Tristan et Iseut

De temps en temps, cela change (soulage ?) de s’éloigner du roman et de notre époque tourmentée. J’ai donc choisi cet essai de l’Académicien Michel Zink consacré à Tristan et Iseut. Précédée par celles de Didon et Énée ou de Pyrame et Thisbé, leur histoire (12ème siècle) d’amour a fortement influencé la littérature et la culture populaire, de Roméo et Juliette à Wagner, en passant par Lancelot du Lac et Guenièvre.

Résumons les faits : le roi Marc envoie Tristan chercher Iseut la blonde qu’il veut épouser. En chemin, Tristan et Iseut absorbent un breuvage qui les rend fous d’amour. Pour le vivre pleinement, ils n’auront d’autres choix que le mensonge et la fuite, jusqu’au drame final.

Qu’est-ce qui rend cette histoire originale, référentielle et fondatrice de bon nombre de thématiques de la littérature contemporaine ? L’usage de la ruse d’abord. On est loin des amours pures et innocentes. Il n’est question que de stratagèmes - Choderlos de Laclos ne l’a pas renié. L’amour vu comme une infection, ensuite (« on peut l’attraper on ne sait comment »). Sans la potion (le poison), rien n’eût été possible. Ils tombent amoureux comme on tombe malade et de leurs maux surgissent toutes les calamités. L’adultère et la passion charnelle enfin, force motrice et dévastatrice (« Tous les personnages sont poursuivis par l’image insupportable d’une jouissance dont ils sont exclus »). Au grand dam de l’Église, voilà deux tourtereaux qui font fi du péché et forniquent tant et plus.

Cet amour est digne d’intérêt, universel. Parce que les amants se désirent une fois les effets de la potion passés et que leur amour, comme l’explique si bien Michel Zinc, est aussi fondé sur la souffrance partagée.

Il y a une grande modernité dans cette histoire. Elle interroge le lecteur commun qui « se fait une trop haute idée de l’amour pour accepter qu’il soit produit par une drogue et que sous cette excuse, il puisse tout se permettre ».

Une chose est certaine : « les règles de l’amour ont changé mais son angoisse et sa folie demeurent ».

Bilan : 🌹

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Bienvenue au Moyen Âge

J’avais écouté les émissions de Michel Zink sur France inter mais j’en étais ressortie un peu frustrée par la durée beaucoup trop courte à mon goût de ses chroniques.

L’ancien français pour moi c’est un peu continent inconnu et les romans du Moyen âge idem.

A l’écouter et aujourd’hui à le lire j’ai une envie forte de me plonger dans ces textes qui demandent certes un effort mais qui sont autant d’ouvertures vers le merveilleux et l’imaginaire et notre histoire littéraire.

Ce petit livre est parfait, des chapitres courts avec des extraits d’oeuvres, des vers des poèmes des troubadours, des héros de la Table ronde et les amours enflammées des chevaliers.

Un petit livre à emporter si vos vacances vous portent vers Brocéliande.

Que trouverez-vous dans ce petit opuscule ? D’abord un spécialiste de la littérature médiévale gage de sérieux et d’excellence.

Ensuite des textes mis en français moderne donnant envie d’en savoir plus et qui éveillent en nous des visions d’un monde ancien mais attirant.

De Sainte Eulalie (oui oui ) à François Villon en peu de pages Michel Zink parvient à éveiller notre curiosité, à nous donner à lire suffisamment pour nous appâter.

Je me suis vue en compagnie de troubadours écouter des chants d’amour courtois ou de redoutables récits et faire ainsi la nique à cette idée reçue « Il n’a pas bonne presse, ce pauvre Moyen Âge. Qualifier un régime politique ou un système judiciaire de moyenâgeux est rarement un compliment. » et bien Michel Zink prouve ici le contraire.






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L'humiliation, le Moyen Âge et nous

Le médiéviste Michel Zink, évoquant les invariants du sentiment d'humiliation, nous conduit à travers la littérature du Moyen-Age occidental et français sur un parcours thématique et poétique original. L'intérêt du thème est que le monde médiéval, profondément chrétien, valorise l'humilité, à commencer par celle du Christ, mais abomine l'humiliation, la honte sociale qui s'abat sur l'individu. De la Chanson de Roland au Testament de François Villon, après un passage par la théologie et la spiritualité de Saint François d'Assise, l'auteur nous guide de texte en texte, et chaque citation est donnée dans le français du temps, accompagné d'une traduction. Je lui suis reconnaissant d'une découverte poétique remarquable : celle des "Congés d'Arras", recueil de poèmes d'adieu rédigés au XIII°s par deux poètes devenus lépreux, à qui la maladie et l'exclusion sociale inspirent des accents inoubliables (pp. 145-160).
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Parler aux ''simples gens'' : Un art médiéval

Un grand merci à Babelio et aux éditions du Cerf pour l’envoi de ce livre lors de la dernière masse critique !



Michel Zink, grand spécialiste de la littérature du Moyen Âge et membre de l’Académie française, propose ici un livre à la fois d’une grande érudition et d’une grande accessibilité, qui est une adaptation d’une série de cours qu’il a récemment donnés au Collège de France. Les analyses et références précises à des auteurs et textes médiévaux y côtoient un niveau de langue plus courant (comme un prédicateur comparé à un vendeur de voitures d’occasion !) qui rend cet ouvrage lisible même pour un novice en littérature médiévale.



Le sujet, les « simples gens », autrement dit les personnes non instruites, est abordé à travers une série de chapitres thématiques variés, chacun analysant un texte ou un auteur. Des sermons des moralistes chrétiens adressés au peuple aux romans arthuriens de Chrétien de Troyes mettant en scène des paysans, en passant par la traduction du latin au français et l’adaptation d’écrits théologiques pour les femmes de la noblesse peu éduquées, le panorama dressé est large. Il est précédé d’une longue introduction plus théorique et un peu plus ardue pour les lecteurs non habitués, mais utile et intéressante pour fournir un cadre général et remettre cette thématique en perspective.
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Le roman d'Apollonius de Tyr

Le Roman d'Apollonius de Tyr, ou Historia Apollonii Regis Tyri est, à la base, un roman latin provenant d'une source grecque. Si le roman latin date du V ème ou VI ème siècle, le texte grec, quant à lui, date du III ème siècle. le texte latin a connu un succès durant tout le moyen âge et bien au-delà puisque Shakespeare, dans Périclès, Prince de Tyr l'a adapté. le texte a été décliné dans toutes les langues et sous toutes formes.



L'une des premières versions médiévales est apparue au XII ème siècle sous la forme d'un roman en vers français.



Le roman commence comme un conte: Un Roi, nommé Tobie, régnant sur les royaumes d'Antioche, d'Arabie, d'Egypte et de Tarse, a, avec sa femme Sarah, un fils, Apollonius. A la mort de ses parents, Apollonius ne peut régner car il est trop jeune. Il n'a en effet que sept ans. On décide alors de nommer un des meilleurs chevaliers du royaume, Antiochus, pour faire la transition. En attendant, notre jeune héros sera envoyé à Tarse pour recevoir l'éducation convenant à son rang.



Le conte se finit alors bien vite. En effet, le véritable point de départ de cette histoire est la relation incestueuse entre Antiochus, et sa fille. Ce roi était devenu impopulaire car il prélevait bien trop d'impôts. le peuple commençait à réclamer son vrai roi, Apollonius, qui avait atteint, entre-temps, l'âge de régner. La femme d'Antiochus lui propose alors de marier sa fille à notre héros. Évidemment, le père ne l'entendait pas de cette oreille. Sa femme meurt subitement. Il demande alors à ses plus fidèles conseillers leur accord pour épouser sa fille. Ceux-ci le lui déconseillent fortement et émettent l'idée du mariage avec Apollonius. N'en faisant qu'à sa tête, le père déflora sa fille la nuit suivante. Elle devint sa maîtresse sans pour autant que cela se sache.



Cependant, cette dernière recevait de plus en plus de propositions de mariage. Antiochus usa d'un stratagème en écrivant une devinette en grec. Les prétendants devraient la traduire. S'ils échouaient, ils auraient la tête coupée et accrochée à la porte de la tour. Il envoya également des chevaliers mettre fin aux jours d'Apollonius. Ces derniers se mirent en route mais ne suivirent pas exactement la consigne car il était le fils de leur suzerain légitime et adoré. Ils l'emmenèrent au royaume De Grèce combattre un chevalier démoniaque. S'il s'en sortait, ils le ramèneraient à Antioche où il épouserait la fille d'Antiochus. Strangulion, gouverneur et prévôt du pays les reçut et ils expliquèrent tout ceci à Apollonius.



Ce dernier partit avec les chevaliers et fut reçu par le roi De Grèce, Alexandre. Celui-ci lui annonça que celui qui réussirait à le débarrasser du chevalier démoniaque recevrait un destrier et une cité De Grèce. Apollonius releva le défi avec succès. Un mois plus tard, il repartit en direction d'Antioche. Lui aussi fut confronté à la fameuse devinette grecque. Il la traduisit en latin. Elle mentionnait la relation incestueuse. Il proposa à Antiochus de n'en rien dire. L'autre le força et Apollonius fut donc contraint de lui révéler la dure vérité. Cependant, le roi nia et lui donna un délai: le jeune héros devait se représenter le lendemain avec "la solution" ou il serait tué.



Apollonius s'enfuit vers Tarse, à bateau, dans la nuit. Antiochus, furieux, lança ses meilleurs chevaliers à ses trousses avec ordre de le tuer. A Tarse, Apollonius demanda l'hospitalité à Strangulion et à sa femme Denise, en échange de nourriture donnée au peuple qui mourait de faim. Au bout d'un an, le prévôt propose à Apollonius de l'aider à partir en direction de Cirène pour s'y cacher. Apollonius, que rien n'épargnait, fit naufrage pendant ce voyage et fut le seul survivant. Il fut aidé par un pêcheur miséreux qui lui donna la moitié de son habit et lui fit partager son repas. Apollonius se rendit à Cirène et rendit service au roi, Archestrate. Ce dernier apprécia et demanda de qui il s'agissait. On lui appris que c'était un naufragé. Il l'invita à sa table et lui offrit de beaux habits afin d'être plus présentable. Cependant, cet invité restait triste et muet. La fille du roi tenta de connaître l'identité de ce jeune homme. Il lui répondit qu'il s'appelait "Naufragé".



Elle joua de la harpe pour le divertir mais rien n'y fit. le roi fut vexé. Il questionna ce personnage sur son mutisme. Apollonius lui répondit que sa fille n'avait pas encore la technique parfaite pour jouer de cet instrument. Il fit une démonstration (cela avait fait partie de son éducation) et enchanta toute l'assistance. Il devint, à partir de là, et selon la volonté de la fille du roi, son précepteur. Elle tomba amoureuse de lui et, selon le schéma classique, en fut malade. Des prétendants se présentèrent. le roi décida que c'était à sa fille de choisir. Il voulait lui laisser faire un mariage d'amour. Après bien des péripéties (je passe sur les détails, histoire de ne pas tout dévoiler), il l'épousa et elle tomba enceinte rapidement.



Un bateau de son pays arriva dans le port. Apollonius apprit alors que le roi Antiochus et sa fille, consentante pour être sa maîtresse, étaient morts foudroyés. Notre jeune héros y vit une punition divine. Il devenait alors maître de son royaume. Il lui fallait y retourner et avec la bénédiction d'Archestrate, sa femme le suivit. le voyage fut plus long que prévu et cette dernière donna la vie à une petite fille sur le bateau. Une hémorragie donna à la jeune mère l'aspect d'une morte et l'équipage força Apollonius, fou de douleur, à se débarrasser du corps de sa bien-aimée. Il fit construire un cercueil bien étanche, y mit une lettre et une somme d'argent conséquente afin que celui qui le retrouverait donne à sa femme des funérailles de reine et, qu'en compensation, il garde une moitié de la somme. Arrivé dans son pays, Apollonius alla voir Stragulion et Denise et leur demanda de s'occuper de l'éducation de sa petite Tarsie, leur laissant sa nourrice et une forte somme d'argent ainsi que des parures et des bijoux afin qu'elle ne manque de rien.



Voilà, j'arrête là, car je ne voudrais pas révéler la fin si vous avez envie de lire ce roman.



Ma version date du XV°s. L'écriture en est agréable, même si quelques vers manquent et quelques erreurs sont relevées par le traducteur (Michel Zink). En effet, le compilateur a oublié parfois l'histoire et fait revivre soudain des personnages qui sont morts. Cependant, peut-on lui en vouloir face à l'enchaînement des nombreuses actions? Si ce roman est court, il n'en reste pas moins qu'il nous tient en haleine jusqu'à la fin.
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Seuls les enfants savent lire

Zink, auteur triplement académique (la rue d’Ulm, Le Collège de France, l’Institut), lisait enfant L’auberge de l’ange gardien, Le prince Éric, les Aventures de Huckleberry Finn (bizarrement abrégé ici en Huck Finn), L’enfant et la rivière et les Contes de Henri Pourrat. Moi aussi, comme ma classe d’âge et mon cadre culturel. Lui en garde un souvenir décisif, l’éblouissement d’un monde extérieur, de la puissance de la fiction. « Pourquoi ce récit insipide m’a-t-il laissé un souvenir aussi durable ? » demande-t-il page 28, et page 51 il déclare « Au fond, j’avais beau ne rien comprendre, je comprenais tout. C’est ainsi que les enfants lisent, ils comprennent sans savoir qu’ils comprennent. Ils ont raison. Le lecteur doit accepter d’être dupe de ce qu’il lit, et non jouer au plus malin. La pire lecture est celle des professeurs et des critiques ». Je n’ai pas vécu ce mystère ni perdu ce trésor qui n’appartiendrait qu’aux enfants. Dans l’éloignement de mes premières lectures, je ne vois ni réticence, ni honte, ni ironie, pas de monde perdu, seulement la continuité de mes découvertes : un ou deux livres par an maintiennent l’émerveillement. D’accord, les enfants savent lire, mais cette capacité ne s’efface pas. Je conseille pourtant la lecture de ce petit livre. Faites votre opinion.

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Bienvenue au Moyen Âge

Lu dans le cadre de Masse Critique.



Il s'agit ici de la transcription de 40 chroniques que Michel Zink a animées en juillet 2014 sur France Inter.

Le titre ;Bienvenue au Moyen Âge résume parfaitement la volonté de l'auteur. Le livre invite, en 40 étapes, a un voyage dans le temps. Pour ce faire , Michel Zink ne recourt ni à l'archéologie , ni à la recherche historique proprement dite. Le parcours est littéraire et offre une (re)découverte des textes médiévaux entre le VIIIème et le XVème siècle. Point de latin ni de liturgie , on se plonge dans les délices des langues vernaculaires. Chansons de geste et fin'amor , troubadours et chroniqueurs , quête du St Graal et Ballade des pendus , langue d'oc et langue d'oïl, ... Dans un foisonnement d'extraits (traduits en français moderne pour la commodité du lecteur ), Michel Zink fait ressurgir, succinctement compte tenu de la brièveté de ses chroniques radiodiffusées, le contexte historico- littéraire de l'époque.



La lecture de ce recueil est très agréable. Anecdotes et extraits rendent le texte dynamique. L' auteur suscite une belle envie de se replonger dans le Moyen Âge, cette longue période qui a longtemps souffert de préjugés sur son obscurantisme.
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L'humiliation, le Moyen Âge et nous

C'est afin d'appréhender la généralisation contemporaine de la notion d'humiliation que l'auteur décide de l'étudier depuis le Moyen Age. Deux justifications au choix de cette période (outre le fait que l'auteur en est certainement spécialiste, évidemment) : opérer un effet de distance dont il espère une objectivation par l'identification des critères essentiels d'une part ; et étudier la notion d'humiliation dans un contexte où la société féodale se présente comme une société de la honte où l'humiliation est haïe et où la société religieuse, société de la culpabilité, fait de l'humilité une valeur suprême. Dans cette opposition, la notion d'humiliation promet de livrer tous ses secrets.



La première partie est donc consacrée de manière très intéressante à définir les différences entre humilité, humiliation, honte, culpabilité, repentir par exemple en étudiant les textes des saints et des théologiens.

La seconde partie vise à appréhender les diverses formes de la notion. Pour cela, c'est dans la littérature que l'auteur puise puisque, comme l'humiliation, elle est le lieu du regard.



Le tout est très plaisant et agréable à lire, il est particulièrement appréciable que les textes soient donnés chaque fois en langue médiévale et en français moderne.
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Un portefeuille toulousain

J'ai lu ce livre il y a des années, sans doute à sa sortie en 2007. En rangeant ma bibliothèque, j'ai retrouvé des notes de lectures dans ce roman. Je vous les livre telles qu'elles:



Les premières pages peuvent dérouter car il y est question de Moyen Age, de Graal et de théories seules connues des initiés.

Nous sommes en province, dans un milieu bourgeois et intellectuel, une dizaine d'année après la seconde guerre mondiale.

On découvre très une galerie de personnages attachants malgré le ridicule de chacun.



Emilien Ribeyrol: agrégé de grammaire issu d'un milieu modeste, très fier de lui et de son savoir, mal à l'aise avec la bourgeoisie Toulousaine où chacun connait l'arbre généalogique de son voisin. Il place l'érudition au dessus de tout mais rêve malgré tout de reconnaissance (personne ne s'intéresse à ses théories fumantes sur le Graal). L'auteur dresse un portrait satirique de ce petit prof.



Marie-Thérèse Ribeyrol: l'épouse qui semble effacée mais qui se révèle très vite comme un personnage plus complexe. Résistante durant la guerre, elle n'a jamais parlé de cette période à son mari qui la voit comme une bonne mère de famille mais surement pas comme une héroïne.



Melle de Cantelou: vieille dame respectable de la bourgeoisie toulousaine, marquée à vie par l'histoire de son frère collabo.



Melle Pinon Blanchard: une intellectuelle, vieille fille qui comme Ribeyrol fait passer son travail avant tout.



Peiresc: a priori un simple prof, beau gosse.



Prenant le prétexte d'une enquête policière, l'auteur décrit une ville de province et ses habitants. On se rend compte que la guerre et les années d'occupation auront marqué à jamais ceux qui ont vécu ces moments.



"Un portefeuille toulousain" pourrait être sous-titré "Méfions-nous des apparences", aucun personnage n'étant celui qu'il semble être au premier abord.
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Arsène Lupin et le mystère d'Arsonval

Les talents d’écriture de Michel Zink, par ailleurs médiéviste reconnu, ne sont plus à faire. Nous pouvons cependant nous interroger sur la finalité de ce dernier roman. Certes, l’auteur a voulu se distraire, à défaut de nous amuser, en mêlant la vérité historique et la fantaisie romanesque. Malheureusement, n’est pas Maurice Leblanc qui veut et, passé le premier enthousiasme de découvrir le nom d’Arsène Lupin sur la couverture, il faut avouer que la chimie ne prend pas. Le flamboyant Arsène n’est plus qu’une pâle copie de son original et manque singulièrement de présence. Quant au professeur d’Arsonval, personnage réel cette fois, Michel Zink se montre peu flatteur avec lui. C’est sans vergogne qu’il détourne ses talents de conférencier et d’inventeur pour les attribuer à Lupin. Reste une intrigue cousue de fil blanc qui tient plutôt de l’exercice de style.
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Bienvenue au Moyen Âge

Voilà un livre que tout adepte de lecture parlant du Moyen Age devrait consulter ! Michel ZINK nous explique l’histoire de la littérature de l’époque via de courts chapitres qui correspondent à des chroniques de 3 minutes qui étaient diffusées sur France Inter durant l’été 2014. Vous n’avez pas eu la chance de les écouter ? Et bien lisez-les. Vous pourrez prendre le temps de savourez l’écriture singulière et drôle si je puis me le permettre de Michel ZINK. Il parle d’un sujet sérieux sans être lassant bien au contraire. Il joue lui sur un style agréable qui donne envie de citer son texte à moult reprises.

Ce n’est pas un ouvrage exhaustif et il faut surtout voir Bienvenue au Moyen Age comme une entrée en matière, une façon de donner envie de lire plus de textes médiévaux et surtout de comprendre la teneur de leur sujet au moment de leur rédaction. Ici l’amour tout comme la lèpre sont des sujets abordés et qu’il convient de remettre dans un contexte afin d’en savourer plus amplement les tenants et les aboutissants.



J’aime beaucoup le dernier paragraphe de ce livre qui clos à merveille le propos. Michel ZINK rappelle que le Moyen Age fait en réalité plus souvent échos à notre monde contemporain qu’on ne veut ou peux l’imaginer, le concevoir. C’est dans tout les cas loin d’être un âge sombre dénuée de sens du beau et de l’art poétique !



Très riches et très enrichissants, ces chapitres sont agrémentés d’exemples en langue originale et « traduit » en français actuel. Ce qui nous permet de voir la poésie du texte initial tout en comprenant le sens de ces écrits.
Lien : http://chickon.fr/2015/06/17..
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Parler aux ''simples gens'' : Un art médiéval

On sait qu'au Moyen Âge, la vie religieuse était bien souvent en latin, latin que les « simples gens » ne comprenaient pas... Alors, comment prêcher auprès de ces gens ?

Bienvenue dans « Parler aux "simples gens". Un art médiéval » ! Reçu dans le cadre de la Masse Critique par les éditions du Cerf !

C'était une lecture vraiment très enrichissante !



Si l'introduction est un peu dure à prendre en main, exposant ses concepts comme ce que sont en réalité les « simples », la suite est bien plus abordable !

En prenant de nombreux exemples, qu'il explique de manière très efficace, Michel Zink montre et analyse LES façons dont le Moyen Âge prêchait auprès des non-religieux.

En quelle langue ? Vernaculaire, traduction, mélange avec du latin ?

Vers qui ? Les nobles, les moines illettrés, le peuple ?

De quelle façon ? Paternaliste, explicative, obscure ?

Dans quel but ? Se rapprocher, prêcher pour prêcher ?

Toutes ces questions sont posées à travers les exemples, compréhensibles, complets, et qui exposent parfaitement la manière dont on parlait aux « simples gens » pendant le Moyen Âge !



Je vous le conseille vraiment si ce sujet vous intéresse !
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On lit mieux dans une langue qu'on sait mal

Ballade en littératures étrangères.

Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, On Lit Mieux Dans Une Langue que l’on ne sait mal ne se veut pas un éloge de la lecture superficielle du fait d’un idiome que l’on maîtrise insuffisamment ou d’une culture que l’on ne connaît que de l’extérieur. Le dernier livre de Michel Zink est constitué de lectures déterminantes de sa vie d’homme ayant pour point commun d’avoir été réalisées dans les trois langues étrangères qu’il possède : l’allemand, l’anglais et l’italien. Il s’agit donc d’une sorte d’autobiographie littéraire avec une contrainte linguistique. On se retrouve ainsi devant un catalogue d’œuvres et d’auteurs principalement de 1850 à 1950 (Dickens, Conrad, Canetti, Svevo, Jünger, Thomas Mann, Keyserling, …), de nombreuses femmes (Woolf, Stein, Eliot, O’Connor, Austen, Mansfield, Hanff, …) et quelques autres (Fontane, Wiechert, Thackeray, ..).

Malgré cet inventaire à la Prévert, la lecture demeure facile et agréable si on accepte de se laisser emporter par l’enthousiasme de l’auteur, d’autant que Zink ne se prive pas d’avoir recours à de nombreuses digressions lui permettant de mettre en rapport ses lectures avec des auteurs français qu’il a manifestement beaucoup fréquenté et apprécié. On a donc affaire à un livre parlant de littérature.

Cependant, on en vient vite à admirer davantage l’érudition de l’académicien que le contenu des livres qu’il nous invite à partager. Un ouvrage un brin décevant aussi par son manque d’analyse ; en effet, l’auteur nous livre davantage d’indications sur le déroulement des intrigues que sur leur portée générale. Au total, un livre personnel auquel il manque la personnalité affirmée de l’auteur et qu’il faut lire plus avec le cœur qu’avec la raison.

NB : Lu dans le cadre de Masse Critique, un grand merci aux Editions Les Belles Lettres avec le marque-page maison.
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Littérature française du Moyen Âge

Très bon aperçu de notre histoire littéraire! Lecture agréable, et vue d'ensemble qui donne envie de s'y plonger un peu plus. Michel Zink est un “synthétiseur” doué.
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Introduction à la littérature française du Moyen Âge

L'essentiel de ce qu'il faut savoir sur les débuts de notre langue et de notre littérature, et la découverte d'un continent merveilleux...
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Discours de réception de François Sureau à l'Acad..

Admirable discours qui rend un très bel hommage à Max Gallo, truffé de références dont la plupart m'ont échappé à la première lecture. Je me suis régalé à les rechercher ensuite. L'auteur profite pleinement de l'exercice, qui, en l'espèce, consiste à faire l'éloge d'un historien, pour nous abreuver d'anecdotes historiques. Le passage qui a le plus marqué est celui qui touche aux libertés publiques, auxquelles l'auteur est très attaché, notamment par ses fonctions. Le style est remarquable. La conclusion, avec l'hommage au vieux maître de la troisième république, m'a paru très émouvante. le document est accessible sur le site de l'académie, comme tous les discours de réception les plus célèbres.
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