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Citations de Michel de Montaigne (959)


(74%) Il n’a jamais pu s’astreindre à lire un titre, un contrat; chez lui, la moindre chose le préoccupe

Depuis dix-huit ans que j’administre mes biens, je n’ai pas su prendre sur moi d’examiner ni mes titres de propriété ni mes principales affaires, que je devrais cependant connaître à fond, puisque j’ai à y veiller. Ce n’est pas par mépris des choses passagères de ce monde, inspiré par la philosophie: je n’en suis pas détaché à ce degré, et les estime pour le moins à leur valeur; mais bien par l’effet d’une paresse et d’une négligence puériles et incurables. Que ne ferais-je pas plutôt que de lire un contrat, plutôt que de me mettre à secouer ces paperasses poudreuses qui me feraient l’esclave de mes affaires ou, ce qui est encore pis, l’esclave de celles des autres comme font tant de gens pour de l’argent. Rien ne me coûte tant que le souci et la peine; je ne recherche que la nonchalance et la mollesse.
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Les inclinations naturelles sont aidées et fortifiées par l'éducation, mais on ne les change guère et on n'en triomphe guère.
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Michel de Montaigne
L'obstination et ardeur d'opinion est la plus sûre preuve de bêtise.
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Que pour bien agir, il faut agir à propos.
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Chapitre XII - Apologie de Raimond Sebond [plus de 100 pages !]

Quelles garanties particulières de stabilité nous présentent-elles en effet pour l'avenir ? — Un homme ainsi porté à innover et à réformer dans ce qui est du domaine des lois physiques, me disait, il n'y a pas longtemps, que les anciens s'étaient manifestement trompés sur la nature et les effets des vents, ce qu'il me ferait toucher du doigt et dont il me démontrerait l'évidence, si je voulais l'écouter. Après m'être prêté patiemment, pendant quelque temps, à l'entendre me développer ses arguments qui paraissaient très admissibles : « Comment donc, lui dis-je, ceux qui naviguaient en appliquant les principes de Théophraste, parvenaient-ils à aller vers l'Occident, quand le vent soufflait vers l'Orient ? allaient-ils de côté ou à reculons ? » « Affaire de hasard, me répondit-il; ce qu'il y a de certain, c'est qu'ils étaient dans l'erreur. » « Pour lors, répliquai-je, je préfère m'en rapporter aux effets plutôt qu'au raisonnement. »
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Chapitre XXXI. De la colère.

Ceux-ci les châtient quelquefois, dans des transports de colère ; ce n'est plus correction, c'est vengeance. — Combien de fois, par exemple, n'ai-je pas été tenté, en passant dans la rue, de venger, par quelque tour de ma façon, de petits garçons que je voyais écorchés, assommés, meurtris par un père ou une mère en fureur, mis hors d'eux par la colère ; voyez-vous ces brutes, les joues en feu, les yeux dénotant leur rage (et, d'après Hippocrate, les maladies qui nous défigurent sont des plus dangereuses), vociférant à tue-tête contre des êtres qui sortent à peine de nourrice, «dans l'emportement qui les entraîne, elles ressemblent au rocher abrupt qui, perdant son point d'appui, se précipite tout à coup du haut de la montagne (Juvénal) ». Puis, des paroles on passe aux coups, et voilà ces pauvres petits, blessés, assommés, estropiés, sans que la justice s'en inquiète, comme si ces déboîtements et dislocations de membres n'atteignaient pas des créatures faisant partie de la société que nous formons: « On t'est reconnaissant de ce que tu as donné à la patrie un nouveau citoyen, pourvu toutefois que tu le rendes propre à la servir, soit dans la culture des champs, soit dans les travaux de la guerre, soit dans la pratique des arts de la paix (Juvénal). »

Il n'y a pas de passion qui, autant que la colère, porte atteinte à l'équité des jugements. Personne n'hésiterait à punir de mort un juge qui, sous l'empire de ce sentiment, aurait condamné un criminel ; pourquoi donc pères et maîtres d'école ont-ils le droit, quand ils sont irrités, de fouetter un enfant ou de lui infliger tout autre châtiment? Ce n'est plus le corriger, c'est se venger. Le châtiment est en quelque sorte un médicament pour l'enfant; supporterions-nous qu'un médecin s'emporte et se mette en courroux contre le malade qu'il traite ?
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Chapitre XII - Apologie de Raimond Sebond.
Exemple de raisonnement chez un chien.

Chrysippe qui, en toutes autres choses, se montre aussi dédaigneux que n'importe quel autre philosophe de la condition inférieure des animaux, convient que lorsqu'il réfléchit sur les mouvements d'un chien à la recherche de son maître qu'il a perdu, ou à la poursuite d'un gibier qui lui échappe, et qui, arrivé à un carrefour où s'embranchent trois chemins, après avoir pris l'un, puis un second, et avoir reconnu que ni l'un ni l'autre n'offrent trace de ce qu'il cherche, enfile le troisième sans hésiter, il est contraint de confesser qu'il faut que l'animal se soit tenu le raisonnement suivant: «J'ai suivi les traces de mon maître jusqu'à ce carrefour; il a dû nécessairement prendre l'un de ces trois chemins; or, il n'a suivi ni celui-ci, ni celui-là; donc, infailliblement, il est passé par cet autre.» Et, fort de cette déduction, il ne se consulte plus sur le troisième chemin, ne songe même pas à s'assurer s'il y trouvera des traces confirmant sa conclusion, il le prend obéissant à la force de son raisonnement. Cet effort de dialectique, cet emploi de propositions examinées d'abord séparément, puis ensemble, pour en arriver à une déduction logique, n'a-t-il pas autant de valeur si le chien y est amené de lui-même, que s'il y avait été conduit par les leçons reçues de Trapezonce?
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Michel de Montaigne
Qui apprendrait aux hommes à mourir, leur apprendrait à vivre.
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Michel de Montaigne
°La beauté est un élément de grande importance dans la relation entre les hommes et la grande âme se reconnaît dans la grandeur comme la beauté dans un corps grand et haut. (Aristote).

Le corps a une grande part dans notre être. Ce qui veulent le séparer ( de l''âme) ont tort. Il faut les remettre ensemble et les unir. Il faut ordonner à l'âme de se rallier à lui, de le chérir, l'assister, le contrôler, le conseiller, l'épouser en somme afin que leur actions ne paraissent pas différentes mais en bon accord.


°Mes dispositions corporelles sont en somme bien en accord avec celles d'âme : il n'y a en moi rien de vif, il y a seulement une vigueur pleine et solide. Je résiste bien à la peine dans la mesure où mon désir m'y conduit.


°Mon caractère mol et libre est exempte de rigoureuse obéissance , délicat et incapable de supporter l'inquiétude à tel pont que j'aime qu'on me cache les désordres qui me touchent. Je préfère de ne pas savoir, en m'abandonnant entièrement à la Fortune. J'ai cette façon de penser qui consiste à prendre toute chose au pire et ce pire-là à le supporter avec la résignation et patience.


°Un cœur noble ne doit pas déguiser ses pensées. Apollonios disait que c'est aux esclaves de mentir et aux hommes libres de dire la vérité. Il ne faut pas toujours tout dire, car ce serait une sottise, mais ce qu'on dit il faut que ce soit tel qu'on le pense. Mon âme par sa nature fuit fermement la menterie.
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Le pire que je trouve dans notre situation présente, c’est l’instabilité, et le fait que nos lois, pas plus que nos vêtements, ne peuvent prendre aucune forme arrêtée. Il est bien facile d'accuser d'imperfection un système de gouvernement car toutes les choses mortelles en sont pleines ; il est bien facile de faire naître chez un peuple le mépris de ses vieilles coutumes : jamais homme n’entreprit cela sans y parvenir. Mais y établir ensuite de meilleures institutions à la place de celles qu'on a ruinées, à faire cela, beaucoup de ceux qui l'avaient entrepris ont pris un refroidissement.
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La diversité des façons d'une nation à une autre ne me touche que par le plaisir de la variété.
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Toute la gloire que je prétend [tirer] de ma vie, c'est de l'avoir vécue tranquille : tranquille non selon Métrodore, ou Arcésilas ou Aristippe, mais selon moi. Puisque la philosophie n'a su trouver aucune voie pour la tranquillité qui fût bonne pour tout le monde, que chacun la cherche en soi, individuellement !
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Le temps : par la vigueur de l'usage, compenser la hâtiveté de son écoulement.
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Michel de Montaigne
Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »
Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous oyions l'un de l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports, je crois par quelque ordonnance du ciel ; nous nous embrassions par nos noms. Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre. Il écrivit une satire latine excellente, qui est publiée, par laquelle il excuse et explique la précipitation de notre intelligence, si promptement parvenue à sa perfection. Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé, car nous étions tous deux hommes faits, et lui plus de quelques années, elle n'avait point à perdre de temps et à se régler au patron des amitiés molles et régulières, auxquelles il faut tant de précautions de longue et préalable conversation. Celle-ci n'a point d'autre idée que d'elle-même, et ne se peut rapporter qu'à soi. Ce n'est pas une spéciale considération, ni deux, ni trois, ni quatre, ni mille : c'est je ne sais quelle quintessence de tout ce mélange, qui ayant saisi toute ma volonté, l'amena se plonger et se perdre dans la sienne ; qui, ayant saisi toute sa volonté, l'amena se plonger et se perdre en la mienne, d'une faim, d'une concurrence pareille. Je dis perdre, à la vérité, ne nous réservant rien qui nous fût propre, ni qui fût ou sien, ou mien.
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Michel de Montaigne
Si la vie n'est qu'un passage, sur ce passage, au moins, semons des fleurs.
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Mais quand je rencontre, parmi les opinions les plus modérées, des raisonnements qui tendent à prouver combien nous ressemblons étroitement aux animaux, combien ils participent de ce que nous considérons comme nos plus grands privilèges, et avec quelle vraisemblance on peut les comparer à nous, certes, j’en rabats beaucoup de notre présomption, et me démets volontiers de cette royauté imaginaire qu’on nous attribue sur les autres créatures.

Quand bien même les animaux n'auraient pas ces avantages, il y a pourtant un certain égard et un devoir général d’humanité qui nous attache non seulement aux bêtes qui ont vie et sensibilité, mais aux arbres eux-même et aux plantes. Nous devons la justice aux hommes, et la bienveillance et la douceur aux autres créatures qui peuvent les ressentir. Il y une sorte de relation entre nous, et des obligations mutuelles. Je ne crains pas d’avouer la tendresse due à ma nature si puérile qui fait que je ne peux guère refuser la fête que mon chien me fait, ou qu’il me réclame, même quand ce n’est pas le moment.
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La connaissance et la vérité peuvent loger chez nous sans le jugement et le jugement peut y être aussi sans elles : [je dirai] même [que] le fait de connaître son ignorance est l'un des signes de jugement les plus beaux et les plus sûrs que je trouve.
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Au sujet des hommes, je crois plus malaisément à leur constance qu'à toute autre chose, et je ne crois à rien plus aisément qu'à leur inconstance. Celui qui jugerait d'eux en détail, pièce par pièce, séparément, se trouverait plus souvent dire vrai.
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Michel de Montaigne
Il y a des hommes sur qui la simple vue des médicaments fait de l'effet !

Dans le livre Céline Rivière "La câlinothérapie"
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Michel de Montaigne
Ne pouvant faire qu'il soit forcé d'obéir à la justice on a fait qu'il soit juste d'obéir à la force. Ne pouvant fortifier la justice, on a justifier la justice, on a justifier la force.

dans le livre de Jonathan Attias " La désobéissance fertile, pour une écologie offensive".
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