AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Michel de Montaigne (959)


Je souhaiterais aussi parler à des gens qui eussent essayé ce que je dis [qui eussent fait l'expérience de] : mais sachant combien c'est chose éloignée du commun usage qu'une telle amitié, et combien elle est rare, je ne m'attends pas d'en trouver aucun bon juge. Car les discours même que l'antiquité nous a laissés sur ce sujet, me semblent lâches au prix du sentiment que j'en ai [...]. Car à la vérité si je compare tout le reste de ma vie, quoiqu'avec la grâce de Dieu je l'aie passée douce, aisée, et sauf la perte d'un tel ami, exempte d'affliction pesante, pleine de tranquillité d'esprit, ayant pris en paiement mes commodités naturelles et originelles, sans en rechercher d'autres, si je la compare, dis-je, toute, aux quatre années qu'il m'a été donné de jouir de la douce compagnie et société de ce personnage, ce n'est que fumée, ce n'est qu'une nuit obscure et ennuyeuse. Depuis le jour que je le perdis [...] je ne fais que traîner languissant ...

p. 298, Poche.
Commenter  J’apprécie          100
Michel de Montaigne
La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute.
Commenter  J’apprécie          80
Plombières-les-Bains (Vosges, France)
Plombières… Nous y arrivâmes le vendredi 16ème de septembre 1580, à deux heures de l’après-midi. Ce lieu est assis aux confins de la Lorraine et de l’Allemagne, dans une fondrière, entre plusieurs collines hautes et coupées qui le serrent de tous côtés. Au fond de cette vallée naissent plusieurs fontaines tant froides naturelles que chaudes. L’eau chaude n’a nulle senteur ni goût et est chaude tout ce qui se peut souffrir au boire…
Commenter  J’apprécie          00
Tann (Haut-Rhin, France)
Première ville d’Allemagne, sujette à l’empereur, très belle. Lendemain au matin trouvâmes une belle et grande plaine, flanquée à main gauche de coteaux pleins de vignes, les plus belles et les mieux cultivées qui soient, et en telle étendu que les Gascons qui étaient là [avec moi] disaient n’en avoir jamais vu tant de suite. Les vendanges se faisaient lors… [28 septembre 1580]
Commenter  J’apprécie          00
[Le style et la pensée]
... C'est aux paroles à servir et à suivre, et que le gascon y arrive, si le français n'y peut aller. Je veux que les choses surmontent, et qu'elles remplissent de façon l'imagination de celui qui écoute, qu'il n'ait aucune souvenance des mots. Le parler que j'aime, c'est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu'à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant délicat et peigné, comme véhément et brusque ("Seul vaudra le style qui frappera", Vita Lucani). Plutôt difficile qu'ennuyeux, éloigné d'affectation, déréglé, décousu et hardi ; chaque lopin y fasse son corps [que chaque morceau se suffise à lui-même] ; non pédantesque, non fratesque, non plaideresque, mais plutôt soldatesque, comme Suétone appelle celui de Jules César.

I-25, "De l'institution des enfants", p. 265.
Commenter  J’apprécie          90
[La grammaire et la philosophie à l'école]
Ce sont là préceptes épineux et mal plaisants, et des mots vains et décharnés, où il n'y a point de prise, rien qui vous éveille l'esprit ; en cette-ci [la philosophie] l'âme trouve où mordre, où se paître. Ce fruit est plus grand sans comparaison, et si sera plus tôt mûri. C'est grand cas [chose étonnante] que les choses en soient là en notre siècle, que la philosophie soit jusques aux gens d'entendement, un nom vain et fantastique, qui se trouve de nul usage, et de nul prix par opinion et par effet. Je crois que les ergotismes [raisonnements trop subtils] en sont cause, qui ont saisi ses avenues. On a grand tort de la peindre inaccessible aux enfants, et d'un visage renfrogné, sourcilleux et terrible : qui me l'a masquée de ce visage pâle et hideux ? Il n'est rien plus gai, plus gaillard, plus enjoué, et à peu que je ne dise folâtre. Elle ne prêche que fête et bon temps : une mine triste et transie montre que ce n'est pas là son gîte.

I-25, De l'institution des enfants, p. 246
Commenter  J’apprécie          60
Je trouve vraisemblable qu'il [Solon] ait ... voulu dire que ce même bonheur de notre vie, qui dépend de la tranquillité et contentement d'un esprit bien né, et de la résolution et assurance d'une âme réglée, ne se doive jamais attribuer à l'homme, qu'on ne lui ait vu jouer le dernier acte de sa comédie, et sans doute le plus difficile. En tout le reste il peut y avoir du masque : ou ces beaux discours de la philosophie ne sont en nous que par contenance, ou les accidents ne nous essayant pas jusques au vif, nous donnent loisir de maintenir toujours notre visage rassis [tranquille]. Mais à ce dernier rôle de la mort et de nous, il n'y a plus que feindre, il faut parler français. Il faut montrer ce qu'il y a de bon et de net dans le fond du pot. "Car alors les paroles de vérité jaillissent enfin du fond du coeur ; le masque est arraché, demeure la réalité" (Lucrèce III-57). Voilà pourquoi se doivent à ce dernier trait toucher et éprouver toutes les autres actions de notre vie. C'est le maître jour, c'est le jour juge de tous les autres : c'est le jour, dit un ancien, qui doit juger de toutes mes années passées. Je remets à la mort l'essai du fruit de mes études.

I-18, "Qu'il ne faut juger de notre heur, qu'après la mort", p. 122.
Commenter  J’apprécie          50
Notre esprit est un outil vagabond, dangereux et téméraire ; il est malaisé d'y joindre l'ordre et la mesure ; de mon temps ceux qui ont quelque rare excellence au-dessus des autres, et quelque vivacité extraordinaire, nous les voyons quasi tous débordés en licence d'opinions et de moeurs : c'est miracle s'il s'en rencontre un rassis [tempéré] et sociable. On a raison de donner à l'esprit humain les barrières les plus contraintes qu'on peut. En l'étude, comme au reste, il lui faut compter et régler ses marches, il lui faut tailler par art les limites de sa chasse. On le bride et garrotte de religions, de lois, de coutumes, de science, de préceptes, de peines, et récompenses mortelles et immortelles ; encore voit-on que par sa volubilité [inconstance] et dissolution, il échappe à toutes ces liaisons. C'est un corps vain, qui n'a pas par où être saisi et assené [conduit à un but] : un corps divers et difforme, auquel on ne peut asseoir noeud ni prise. Certes il est peu d'âmes si réglées, si fortes et bien nées, à qui on se puisse fier de leur propre conduite, et qui puissent avec modération et sans témérité, voguer en la liberté de leurs jugements, au-delà des opinions communes. Il est plus expédient de les mettre en tutelle.

II-12, Apologie de Raimond de Sebonde, p. 868
Commenter  J’apprécie          62
[Prendre des notes]
Pour subvenir un peu à la trahison de ma mémoire, et à son défaut, si extrême qu'il m'est advenu plus d'une fois de reprendre en main des livres comme récents et à moi inconnus, que j'avais lus soigneusement quelques années auparavant, et barbouillés de mes notes, j'ai pris en coutume depuis quelque temps d'ajouter au bout de chaque livre (je dis de ceux desquels je ne me veux servir qu'une fois) le temps auquel j'ai achevé de le lire, et le jugement que j'en ai retiré en gros : afin que cela me représente au moins l'air et l'idée générale que j'avais conçu de l'auteur en le lisant.

Des livres, II-10, p. 662
Commenter  J’apprécie          122
[Juger les livres qu'on a lus]
Je dis librement mon avis de toutes choses, voire et de celles qui surpassent à l'aventure ma suffisance, et que je ne tiens aucunement être de ma juridiction [qui dépassent peut-être ma compétence, et qui ne sont pas de ma spécialité]. Ce que j'en opine, c'est aussi pour déclarer la mesure de ma vue, non la mesure des choses. Quand je me trouve dégoûté de l'Axiochos de Platon, comme d'un ouvrage sans force, eu égard à un tel auteur, mon jugement ne s'en croit pas [ne se fie pas à lui-même]. Il n'est pas si outrecuidé de s'opposer à l'autorité de tant d'autres fameux jugements anciens qu'il tient [considère comme] ses régents et ses maîtres, et avec lesquels il est plutôt content de faillir [de se tromper]. Il s'en prend à soi, et se condamne, ou de s'arrêter à l'écorce, ne pouvant pénétrer jusques au fond, ou de regarder la chose par quelque faux lustre.

II-10, "Des livres", p. 648.
Commenter  J’apprécie          70
... je ne hais point les fantaisies [opinions] contraires aux miennes. Il s'en faut tant que je m'effarouche [loin de m'effaroucher] de voir de la discordance de mes jugements à ceux d'autrui, et que je me rendre incompatible à la société des hommes, pour être d'autre sens et parti que le mien ; qu'au rebours, (comme c'est la plus générale façon que nature ait suivi, que la variété, et plus aux esprits qu'aux corps - d'autant qu'ils sont de substance plus souple et susceptible de formes) je trouve bien plus rare de voir convenir nos humeurs et nos desseins. Et ne fut jamais au monde deux opinions pareilles, non plus que deux poils, ou deux grains. Leur plus universelle qualité, c'est la diversité.

II, 32, De la ressemblance des enfants aux pères, fin du livre II.
Commenter  J’apprécie          130
[Sur la fréquentation des livres, livre III, chapitre 3].
Ces deux commerces (l'amitié et l'amour) sont fortuits et dépendants d'autrui : l'un est ennuyeux par sa rareté, l'autre se flétrit avec l'âge ; ainsi ils n'eussent pas assez pourvu au besoin de ma vie. Celui des livres, qui est le troisième, est bien plus sûr et plus à nous. Il cède aux premiers les autres avantages, mais il a pour sa part la constance et facilité de son service. Cettui-ci côtoie tout mon cours [= celui-ci accompagne de près toute ma vie], et m'assiste partout : il me console en la vieillesse et en la solitude ; il me décharge du poids d'une oisiveté ennuyeuse ; et me défait [débarrasse] à toute heure des compagnies qui me fâchent ; il émousse les pointures de la douleur, si elle n'est du tout extrême et maîtresse. Pour me distraire d'une imagination importune, il n'est que de recourir aux livres, ils me détournent facilement à eux, et me la dérobent ...

p. 1292
Commenter  J’apprécie          172
Michel de Montaigne
Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors.
Commenter  J’apprécie          10
La juridiction ne se donne point en faveur du juridiciant, c’est en faveur du juridicié (on rend la justice, non dans l’intérêt du juge, mais dans celui du justiciable). On fait un supérieur non jamais pour son profit mais pour le profit de l’inférieur, et un médecin pour le malade, non pour soi. Toute magistrature, comme tout art (technique, métier), jette sa fin (finalité) hors d’elle : nul art n’est enfermé en soi-même (Cicéron, Les Fins, V,6).
Commenter  J’apprécie          00
Le conseil qu’Isocrate donne à son roi ne me semble sans raison :
« Qu’il soit splendide (qu’il dépense beaucoup) en meubles et ustensiles, d’autant que c’est une dépense de durée, qui passe jusqu’à ses successeurs ; et qu’il fuie toutes magnificences qui s’écoulent incontinent (qui disparaissent aussitôt) et de l’usage, et de la mémoire. »
Commenter  J’apprécie          00
Je ne suis pas marri (fâché) que nous remarquons l’horreur barbaresque qu’il y a en une telle action, mais oui bien de quoi (mais je suis fâché que), jugeant bien de leurs fautes, nous soyons si aveuglés aux nôtres. Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, à déchirer par tourments et par géhennes (tortures) un corps encore plein de sentiment (encore sensible,vivant), le faire rôtir par menu, le faire mordre et meurtrir aux chiens et aux pourceaux (cochons) (comme nous l’avons non seulement lu, mais vu de fraîche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entre des voisins et concitoyens, et, qui pis est, sous prétexte de piété et de religion), que de le rôtir et manger après qu’il est trépassé.
Commenter  J’apprécie          10
Ceux qui manient les choses sujettes à la conduite de l’humaine suffisance (les choses soumises à un savoir à la portée des hommes) sont excusables d’y faire ce qu’ils peuvent. Mais ces autres, qui nous viennent pipant des assurances (qui viennent nous offrir des affirmations mensongères) d’une faculté extraordinaire qui est hors de notre connaissance. faut-il pas les punir de ce qu’ils ne maintiennent l’effet de leur promesse (de ce qu’ils ne tiennent pas leurs promesses) et de la témérité de leur imposture ?
Commenter  J’apprécie          00
Michel de Montaigne
Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies.
Commenter  J’apprécie          00
Quant à moi, tout ce qui, dans la justice même, est au delà de la mort simple, me semble une pure cruauté, et notamment chez nous, qui devrions nous soucier d'envoyer (à Dieu) les âmes en bon état, ce qui ne peut pas être fait quand nous les avons ébranlées et désespérées par des tortures insupportables.
Commenter  J’apprécie          00
Ce que j'ai de bon en moi, je l'ai, au contraire, par l'effet du hasard de ma naissance.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel de Montaigne Voir plus

Quiz Voir plus

En route avec James Stewart

Dans ce film, adaptation du roman de Lewis R. Foster, James Stewart joue en 1939 sous la direction de Frank Capra. Il entre en politique aux côtés des acteurs Claude Rains et Edward Arnold dans:

Monsieur Smith au Sénat
Monsieur Smith au Capitole
Monsieur Smith à la Maison Blanche

10 questions
22 lecteurs ont répondu
Thèmes : acteur , Acteurs de cinéma , hollywood , adapté au cinéma , adaptation , littérature , romans policiers et polars , roman noir , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}