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Critiques de Nathalie Heinich (81)
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L'Art Brut : Actualités et enjeux critiques

"L'Art Brut est un apex, une vue algébrique de l'esprit, un pôle vers lequel on tend..."

(J. Dubuffet)



"Vincent... !", s'est fâchée un jour Mme Capt.

"Encore un mot sur l'Art Brut, et tu vas te coucher sans dîner ! Et si vraiment tu as besoin d'en parler, fais-le avec tes amis, mais épargne-moi tes spéculations !"

Et voilà comment a vu le jour ce livre : "L'Art Brut, Actualités et enjeux critiques", qui regroupe les observations de plusieurs spécialistes sur l'évolution de ce courant artistique.

Mais d'abord - l'Art Brut est-il vraiment un "courant artistique" ? Oui et non...



Le sujet m'intéresse, et avant de me lancer dans cette laborieuse lecture, je pensais en savoir l'essentiel. L'appellation nous vient de Jean Dubuffet, qui (en 1945) commence à s'intéresser à la production des autodidactes, des marginaux et des mentalement dérangés qui créent pour leur propre plaisir, souvent poussés par un certain "besoin". Création hors système officiel et académique, à partir du matériel récupéré ou peu coûteux.

Ce n'est pas de "l'art naïf" à l'inspiration folklorique, ni "l'art ethnique" qui est en quelque sorte l'art officiel de telle ou telle ethnie, mais une création spontanée, originale et absolument libre de toutes les contraintes imposées par le diktat de "l'art culturel".

Mais voilà..

Depuis 1945 l'Art Brut (qui existe depuis toujours et qui est jusque là passé inaperçu) a fait son bout de chemin, et le récent engouement qu'il provoque nécessite d'éclaircir et de justifier sa position dans le monde de l'art actuel, et notamment sur le marché (ne tournons pas autour du pot !)

L'introduction de V. Capt, exercice verbal de haute voltige, m'a fait, hélas, réévaluer mes connaissances on ne peut plus brutes sur le sujet, en me laissant seule avec Socrate et son "je sais que je ne sais rien".



L'esprit à l'état brut, j'ai donc abordé le premier chapitre, "Axiologie d'une artification", qui se pose la question essentielle : à quel moment une oeuvre "brute" devient-elle une oeuvre "d'art", exposable et vendable ? Est-ce vraiment de l'Art ? Oui et non...

Peut-on le sortir de son contexte "marginal", sans en altérer la nature ? Oui et non...

Un artiste "brut", désire t-il lui même être connu ? Oui et non...

L'Art Brut peut-il être confondu avec l'Art Contemporain ? Oui et non... etc., etc.

Voilà le problème actuel de l'Art Brut, qui, sorti des hôpitaux psychiatriques et des ateliers miteux des autodidactes est subitement devenu un "produit" difficilement qualifiable, car une fois officiellement présenté au public et soumis aux critères, il va perdre une partie de son essence et de sa "brutalité". On va créer de nouvelles appellations : "Outsider art", "Art singulier", pour le différencier des autres formes qui ne désignent, après tout, qu'une seule et même chose.



Le livre n'est pas inintéressant, mais il tergiverse beaucoup et les phrases sont souvent pleines d'un pompeux rien, car toutes ces questions sont loin d'avoir une réponse claire. L'Art Brut en train de s'officialiser est devenu un peu comme ce mythique serpent Ouroboros qui dévore sa propre queue.

Mais quelques articles restent intéressants (le cas de Gaston Chaissac et les portraits de quelques autres artistes, accompagnés d'illustrations sporadiques), et on peut comprendre la perplexité des galeristes et commissaires d'exposition face à cette production hors-normes.



D'ailleurs, ces expositions originales attirent toujours un nombreux public... Est-ce que cela veut dire que l'Art Brut actuel (y compris virtuel, désormais) est en train de s'"institutionnaliser" ? La réponse est encore oui et non; et même l'un des derniers chapitres, qui s'interroge s'il vaut mieux exposer ces oeuvres dans une salle entièrement noire ou entièrement blanche reste indécis.



Je remercie donc les éditions Antipodes de m'avoir adressé ce livre lors de la dernière masse critique, en me posant la dernière question : le livre m'a t-il vraiment apporté quelque chose de plus que l'addiction à l'aspirine et la tête remplie de questions ?

Oui et non. Donc 2,5/5.

Peut-être un conseil : si vous avez envie de créer, faites ! Même un autodidacte peut devenir un artiste honnête en pratiquant, mais pas un "artiste brut". Lui, il est né tel quel, avec son étrange génie. Mais peu importe, car vous serez toujours l'un ou l'autre, et c'est ça qui est bien !
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La maison qui soigne

Pourquoi ? Pourquoi ??? Qu'ai-je fait pour mériter ça ??? Pourquoi suis-je punie au point de me retrouver à lire régulièrement des daubes pseudo-culturelles ? Je pensais être tombée plus bas que terre avec Eva Bester, mais je me dois d'observer qu'on peut malheureusement toujours tomber plus bas, encore, encore, et encore. Ce calvaire prendra-t-il fin un jour ? Les éditeurs vont-ils enfin cesser de publier des livres uniquement parce que l'auteur fait partie de leur petit cercle, et s'intéresser au contenu ? Peut-être que c'est juste moi qui n'ai pas saisi le concept d'édition et qui croit bêtement qu'un livre se doit de posséder un minimum de qualités et d'intérêt, alors qu'en fait, pas du tout, un livre est juste fait pour être vendu et pour faire croire aux lecteurs qu'ils sont plus bêtes que l'auteur et doivent forcément le vénérer - surtout s'il est chercheur au CNRS, comme nous le fait bien remarquer l'éditeur de la maison qui soigne. On ne va quand même pas oser, nous, simples lecteurs, simples consommateurs sans cervelle, affirmer qu'un livre écrit par un chercheur du CNRS est nul ? Ben si. Si. Si si si. Oh que si ! Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!





Certes, c'est moi qui ai voulu lire un livre de Nathalie Heinich, même si je suis tombée sur ce titre par hasard lors d'une Masse critique de Babelio, quelques mois après avoir lu un de ses essais. J'avais d'ailleurs prévu de lire au moins deux autres essais d'elle - là, c'est curieux, je suis vachement moins enthousiaste. Un peu comme dans les moments où je me dis que je vais enfin lire un roman de le Clézio et que je me retrouve le nez dans une de ses interviews ou que je le vois cinq minutes à la télé : ma motivation en prend direct un gros coup. Ben là, pareil. Bon, j'avais bien capté que Heinich, dans son essai "Art brut : axiologie d'une artification", ne se prenait pas pour une crotte. Mais ses sujets d'étude me paraissaient suffisamment intéressants pour faire abstraction de la suffisance de l'auteure qui apparaissait en filigrane dans son texte. À ce jour, alors que je viens de lire La maison qui soigne, il va me falloir prendre sacrément du recul pour m'attaquer à ses essais : Heinich me semble odieuse, et représente à mes yeux le parfait cliché de la bourgeoise parisienne très aisée faisant montre d'une condescendance assez abjecte envers ses concitoyens non parisiens et d'une autre classe sociale que la sienne (donc la très grande majorité de la population française). Et ces traits de sa personnalité ne m'ont pas vaguement agacée, comme cela arrive avec d'autres auteurs, mais horripilée, parce qu'ils sont malheureusement au coeur du livre. Lorsqu'on clame à la page 24 (page à laquelle j'aurais refermé le livre si je ne m'étais pas engagée auprès de Babelio pour en écrire une critique)... donc, quand on clame à la page 24 de son livre en manière de blague qu'on a été assez désespérée pour avoir cherché une maison jusqu'en Bourgogne ou dans le Comtat Venaissin (j'imagine que c'est censé relever de la private joke), on se permet une blague raciste, au sens large - disons discriminatoire, afin d'être plus précis dans les termes, mais ce qui revient au même. Nathalie Heinich n'est pas un auteur du XIXème qui pouvait, sans que ça choque personne, se montrer misogyne, antisémite, raciste et j'en passe. Elle écrit aujourd'hui... et elle est quand même sociologue. Oui, oui, so-cio-lo-gue. Ce qui donne matière à réflexion sur un tel choix de carrière pour une personne autant imprégnée de préjugés désolants.





Et le fait que l'auteure soit sociologue, c'est d'ailleurs ce qui m'avait donné envie de lire en partie La maison qui soigne. Ca, et évidemment le sujet du lieu de vie qui n'est pas forcément celui qu'on comptait choisir, mais qu'on va s'approprier. Je n'avais pas compris en lisant le texte de la quatrième de couverture qu'il s'agissait d'un récit autobiographique ; j'aurais sans doute tiqué si j'avais saisi que le livre de Nathalie Heinich parlait de Nathalie Heinich, vu qu'elle faisait déjà un chouïa son propre panégyrique dans son essai déjà cité, "Art brut : Axiologie d'une artification" (avouez que vous vous délectez à lire et relire ce titre). Bref, j'ai choisi ce livre en me trompant sur ce qu'il était, en imaginant que le sujet du lieu de vie serait traité, sinon de manière exceptionnelle, au moins d'une façon originale - ce que laissait présager la quatrième de couverture. Et surtout, qu'il serait traité tout court.





Au lieu de quoi, je me retrouve avec le livre d'une femme qui se plaint d'avoir du mal à trouver une (grande) maison qui lui convienne alors qu'elle a de quoi la payer comptant en piochant dans son patrimoine personnel, qui se plaint qu'il faut constamment entretenir un logement et effectuer des réparations (la vache, il a quand même fallu qu'elle achète une résidence secondaire à 50-60 ans pour s'en rendre compte !), qui se réjouit que son voisin soit un menuisier au chômage vu qu'elle va pouvoir le payer en chèques emploi service, donc le payer une misère tout en bénéficiant d'un crédit d'impôts (la vache, la radinerie alliée au manque d'empathie !), qui se félicite de l'entraide que montrent les gens de la campagne (ah, c'est qu'ils sont gentils ces petits campagnards incultes !) parce qu'elle se fait aider tout le temps par ses voisins tout en ne les aidant jamais, qui nous fait la liste de ses bancs installés dans le jardin car, je cite, "Un jardin, ce sont des bancs entourés de végétation" (la vache, cette vision révolutionnaire des jardins !), qui fait semblant de s'inquiéter de la diminution du nombre d'oiseaux - c'est le paragraphe où elle fait tout simplement semblant de se soucier d'écologie et du mode de vie induit par le néo-libéralisme économique - mais qui ne prend pas une seconde pour s'interroger sur l'impact de son propre mode de vie sur l'environnement (la vache, faudrait quand même pas pousser, hein !)... Bon, là, on atteint le comble du ridicule, le paragraphe se terminant par "Ô les oiseaux... ! Ô les oiseaux, les oiseaux, les oiseaux ?!" Non, je ne divague pas, c'est ce qu'elle a écrit.





Ajoutez à cela la liste du linge de maison (une pièce offerte au Maroc par un amant de passage, un autre rapportée de Bali, une autre chinée lors d'une délicieuse braderie locale, etc., etc.), la mention des deux dressings qui semblent constituer l'aboutissement de toute une vie (ça vaut le coup d'être devenue chercheuse au CNRS, ma foi), la liste des vêtements qu'elle a rangé dans ses dressings, la liste des objets et des meubles achetés pour remplir la maison (toujours plus, c'est le credo de l'auteure ; on va quand même pas remettre en cause un mode de vie consumériste, on a déjà suffisamment donné avec le paragraphe sur les oiseaux), la liste des plantes qu'elle tente de faire pousser ou qu'elle arrache sans vergogne (parce que oui, elle arrache avec rage les pissenlits, les orties et j'en passe... Quelle connaissance admirable de la biodiversité !), la liste des horreurs qu'elle fait subir aux souris avant de penser à ranger la nourriture dans des récipients bien hermétiques, et, en fait, la liste de tout ce qui, personnellement, ne m'intéresse pas et n'amène aucune réflexion sur ce qui est censé constituer le sujet du livre. En sus, L'auteure fait sa maligne en utilisant les termes linguistiques "phonème" et "morphème", qu'elle ne maîtrise pas bien et confond avec les termes "signifiant" et "signifié". Était-ce bien la peine de se ridiculiser ainsi ? Je vous laisse juges. Et évidemment, c'est émaillé de citations d'une très haute volée culturelle, histoire de faire passer le vide abyssal du livre. Ca commence par Proust, ça finit par Edith Wharton, en passant entre autres par Bachelard. Et aussi par Bachelard. Ainsi que par Bachelard. Ce sont d'ailleurs les meilleurs moments du texte, au point que j'ai fini par me dire : "Pauvre idiote, pourquoi tu n'es pas plutôt en train de lire Bachelard ?"







Je vois bien ce qui peut intéresser les lecteurs de ce livre : c'est le sujet de départ. La maison moche qu'on va finir par aimer, les lieux où on a vécu, les liens qu'on tisse avec ses différents lieux de vie, la façon dont on s'approprie son lieu d'habitation. Un sujet qui interpelle pas mal de monde et qui pourrait se décliner à l'infini. Mais le sujet ne fait pas le livre, sinon ça se saurait. Et ce livre-là est creux, narcissique, consumériste, condescendant, méprisant. Entre autres. Nathalie Heinich fait mine de réfléchir à son sujet en nous jetant des citations et des clichés à la figure. Toute la pseudo-réflexion de l'auteure tient dans ces citations utilisées de manière égocentrique et bas-de-plafond. Et devinez un peu comment ça se termine... Avec Nathalie Heinich qui affirme qu'en écrivant ce livre elle est devenue alchimiste et a transformé grâce à son talent d'écrivain - c'est-à-dire en accumulant des petites notes qui parlent d'elle et de sa résidence secondaire sans jamais rien creuser - du plomb en or. Je vous assure que je n'invente rien, c'est écrit noir sur blanc. Oui, elle a osé.





Et moi qui trouvais que Bernard Werber avait les chevilles un peu enflées lorsqu'il se comparait à Jules Verne ! Désormais, je considèrerai Bernard Werber comme un parangon de modestie.









Masse critique Littératures
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Ecrivains et penseurs autour du Chambon-sur..

Entre 1925 et 1950, de nombreux intellectuels ont vécu dans un rayon de dix kilomètres autour du Chambon sur Lignon.

Marcel Pagnol est venu se régaler à Saint-Agrève des menus gastronomiques de l’hôtel Jouve.

Albert Camus pour des raisons médicales passa une partie de la Seconde Guerre mondiale à Pannelier, dans la commune du Mazet-Saint-Voy où il rédigea en partie La peste. Il apprécia assez peu le climat froid de la région.

Alexandre Grothendieck, mathématicien qui a obtenu la médaille Field en 1966, a trouvé refuge au Chambon-sur-Lignon en juin 1942 alors qu’il était adolescent.

Vous en découvrirez bien d’autres dans ce livre.

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L'Art Brut : Actualités et enjeux critiques

Pour être claire dès le départ, il ne s'agit pas là d'un livre conçu pour faire découvrir l'Art Brut et présenter le concept ainsi que son histoire (oui, du coup, ça fait pas envie, dit comme ça). C'est précisé en avant-propos, on a là un ouvrage destiné à un public déjà averti, et si j'ai bien saisi, à un ouvrage qui cherche surtout à susciter des vocations, et s'adresse donc essentiellement à de futurs chercheurs. Par conséquent, si vous avez envie de lire quelque chose pour aller à la découverte de l'Art Brut, ce n'est pas le livre qu'il vous faut - il y a pour ça d'autres publications parfaitement adaptées à votre projet. Si, en revanche, vous n'êtes pas du tout chercheur, confirmé ou potentiel, mais que vous êtes amateur d'Art Brut, ou que vous vous intéressez à l'Art Brut sans être spécialiste de la question, vous pouvez y aller sans crainte. Je préfère mettre les choses au point, de peur que des lecteurs novices en Art Brut mais curieux (et c'est une bonne chose d'être curieux, contrairement à ce qu'on nous disait quand on était petits) ne s'engagent dans cette lecture et soient carrément rebutés par ce qu'ils y trouveront, car on y fait référence à des tas de choses et à des tas de gens que le lecteur est censé connaître ; il va de soi pour les auteurs que ce lecteur est déjà relativement coutumier de l'Art Brut. Songez donc au fait que le premier essai s'intitule "L'Art Brut : Axiologie d'une artification" et vous comprendrez peut-être mieux pourquoi je mets en garde le lecteur innocent et curieux qui s'aventurerait dans ce livre le sourire aux lèvres.





On a donc ici une publication de 2017, faisant suite à un colloque, composé de douze essais, plus une table ronde rapportée par écrit et un texte de Laurent Danchin, tout ça en à peu près 200 pages. Ce qui signifie que chaque essai comprend une douzaine de pages. Et douze pages, c'est court, surtout quand on a affaire à un sujet aussi brûlant que l'Art Brut, en vogue depuis quelques années au point que se développent hardiment les recherches mais aussi des galeries spécialisées et des musées, que les expositions se multiplient, ainsi que des festivals, biennales et autres trucs du genre, et qu'apparaissent de plus en plus d'artistes (on les appelle les "apparentés") se réclamant, sinon de l'Art Brut, du moins de l'art singulier, outsider, hors normes, etc. (les appellations, elles aussi, sont multiples, même si ce n'est pas une nouveauté ), tandis que, forcément, les prix des œuvres grimpent.





Le but de ce livre, c'est d'aborder des questions qui se posent actuellement dans le monde de l'Art Brut, et notamment celles de la "légitimité" de l'Art Brut, mais aussi de son utilité critique vis-à-vis de l'art. Je rappelle que, en effet, Jean Dubuffet, l'inventeur en 1945 de la notion d'Art Brut, était un rien ulcéré par ce qu'il appelait l'art académique (ce qui désignait à peu près l'art dans son entier, du moment qu'il était estampillé comme tel), et qu'il recherchait dans l'Art Brut un art contestataire (à prendre dans un sens très large), qui ne répondait pas aux critères, selon lui très étriqués et très bourgeois, de l'art. D'où sa définition de l'Art Brut, un art des reclus, des solitaires, des gens rejetés par la société et "indemnes de culture artistique" (dernier point sur lequel il me semble qu'il est revenu en partie au fil des années). Or, depuis Dubuffet et sa définition de l'Art Brut en 1945, sans oublier sa donation à la Ville de Lausanne en 1975, il s'est passé pas mal de choses et, comme il est rappelé dans la table ronde en fin d'ouvrage, on peut considérer que trois générations de chercheurs, mais aussi d'amateurs et de collectionneurs, ont fleuri.





Je vais donc m'attaquer, c'est bien le mot, à cette question des douze pages en moyenne par essai. C'est à mon sens le gros problème de l'ouvrage. le tout premier est signé Nathalie Heinich, sociologue à qui les autres auteurs du livre font beaucoup référence. Elle a travaillé sur l'art et sa réception, et sur le "passage à l'art", c'est-à-dire sur ce processus qui transforme un artefact ou tout un type de créations humaines en objet(s) d'art ; l'exemple typique, c'est la peinture : il nous semble aller de soi qu'une huile accrochée au Louvre est forcément de l'art, alors qu'il n'en allait pas forcément ainsi à l'époque de la réalisation de l'oeuvre. L'Art Brut a donc connu le processus appelé par Heinich "artification" : des productions considérées sans valeur, souvent données, abandonnées, voire carrément jetées soit par leurs créateurs eux-mêmes, soit par d'autres, ont acquis au fil du temps, selon certains critères (la fameuse "axiologie"), le statut d'oeuvre d'art. le sujet de l'artification de l'Art Brut est en soi tout à fait passionnant. le problème ici est que Nathalie Heinich passe pas mal de temps à expliquer sa méthode, quitte même à nous prendre un peu pour des idiots ; car oui, nous savons déjà que l'objet d'une étude scientifique doit être de préférence abordé et traité sans préjugés, on est quand même pas bêtes à ce point. Mais il semblerait que Heinich ait des comptes à régler avec Bourdieu, ce qui nous fait perdre du temps. Donc, en fin de compte, quand l'essai commence à devenir vraiment intéressant... eh ben, oh, zut, c'est terminé ! du coup, ça finit par ressembler à de la publicité de Heinich pour Heinich, d'autant qu'elle s'auto-cite énormément. C'est frustrant, et c'est en gros la marque de quasiment tout l'ouvrage.





Je passe vite fait sur l'essai de Pascal Roman concernant les processus psychiques de la création, qui, s'il tente tout de même de nous expliquer vite fait telle et telle notion, a finalement produit un texte destiné uniquement à des titulaires d'un doctorat en psychologie ; Gérard Dessons, dont j'avais juré ne plus lire une seule ligne après une mauvaise expérience, prend lui, pour ainsi dire, le contre-pied de son livre sur Maeterlinck : il est très compréhensible, mais enfonce des portes ouvertes avec beaucoup d'entrain. Car oui, on sait que les artistes dits "bruts" ont été longtemps sous-estimés, malmenés, ostracisés, marginalisés, instrumentalisés, etc., etc. Ce qui ne rend pas la conclusion de l'essai de Dessons logique, à savoir que, sous prétexte que les biographies d'artistes bruts ont été surexploitées pour la présentation de leur œuvres, le discours sur l'Art Brut relèverait de l'analyse littéraire. On exploite dans beaucoup de domaines artistiques (et également hors du champ des arts) les biographies d'auteurs pour l'analyse des œuvres, à tort ou à raison. Donc je ne vois pas bien ce qu'apporte l'essai de notre stylisticien.





Ce qui m'a fait bondir (mais je n'étais malheureusement pas au bout de mes peines), c'est l'essai sur l'Art Brut, les nouvelles technologies et YouTube. Là, il m'a paru clair que Charlotte Laubard ne savait pas très bien de quoi elle parlait. Elle a choisi comme sujet les création de madcatlady, dont elle dit un peu vite qu'elle est un véritable phénomène sur les réseaux sociaux (le nombre de vidéos vues ne va pas vraiment en ce sens, il n'y a qu'à faire un petite comparaison, au hasard, avec les vidéos de Tev - Ici Japon... sans parler des vidéos montrant des chats, hein). Ces créations, clairement non revendiquées comme de l'art par leur auteure, relèvent de la vidéo utilisant des logiciels courants de modélisation 3D facilement utilisables. Tout est bon pour nous faire passer madcatlady, dont on ne sait rien, pour une artiste tellement obsédée par son art qu'elle passe des dizaines d'heures sur chaque vidéo. Seulement les vidéos en question, qui je le redis, sont réalisées à partir de logiciels faciles à utiliser, font pour la plupart une ou deux minutes... Donc il faudrait vraiment ne pas être doué du tout pour en arriver à passer dix heures ou plus sur des vidéos de deux minutes ! Et tout est bon pour affirmer que les vidéos de madcatlady sont, il n'y a pas à tergiverser, de l'Art Brut. Là aussi, c'est tout sauf convaincant. Voilà qui m'a méchamment rappelé Mathilde Manchon, qu'ActuSF avait payée pour écrire un essai sur les lieux chez Lovecraft dans un ouvrage collectif, qui connaissait très mal Lovecraft et avait commis un texte terriblement creux et mauvais. Stop ! Il faut arrêter d'engager des étudiants en Master qui manquent de culture et d'expérience pour leur faire écrire des essais qui n'ont pas d'intérêt pour la publication, c'est pas leur rendre service et c'est pas sympa pour le lecteur. Mais il faut aussi arrêter de payer des universitaires qui n'ont rien à dire (ceci pour faire la balance avec Gérard Dessons).





Si l'essai sur une galerie d'art britannique issue d'un atelier d'art-thérapie en hôpital psychiatrique révèle également un manque d'expérience de Myriam Perrot, on voit tout de même qu'elle est bien renseignée sur son sujet ; mais comme la grande majorité des autres essais dans cet ouvrage, ça ne va pas assez loin, on est toujours frustré. Je ne vais pas tout décortiquer et je range donc à part trois essais beaucoup plus aboutis que les autres à mes yeux : ceux de Céline Delavaux, de Baptiste Brun et de Déborah Couette, tous trois membres du CrAB si je ne m'abuse. Celui de Céline Delavaux tend à démontrer que l'Art Brut, loin de n'être qu'une appellation ou un label, est bien un concept et reste donc tout à fait pertinent comme outil critique sur l'art, tout comme l'art contemporain, hypothèse qu'elle mène en bonne connaisseuse de Dubuffet qu'elle est. Celui de Baptiste Brun aborde la question de l'Art Brut en dehors de l'Occident. C'est un fait que Dubuffet ne présentait pratiquement que des artistes européens, voire nord-américains, via sa collection, ce qui lui a valu d'être accusé de post-colonialisme, entre autres. L'essai montre comme il était compliqué pour Dubuffet de définir ce qui relevait ou pas de son concept d'Art Brut parmi des œuvres de cultures qu'il connaissait mal, mais aussi comment on a pu élargir au fil du temps l'Art Brut à d'autres artistes que ceux d'abord repérés, en toute logique, en Europe, et ce que ça implique. Enfin, mon essai préféré, par Déborah Couette, concerne l'histoire de la scénographie de l'Art Brut. Où l'on voit que Michel Thévoz s'est pas mal contredit sur le sujet, et que si mettre en scène l'Art Brut selon une scénographie savamment pensée n'était pas une préoccupation de Dubuffet, c'est devenu un enjeu qui n'est pas sans conséquences sur la façon d'appréhender les œuvres et les artistes "bruts". Si c'est ce texte de Déborah Couette qui m'a le plus intéressée, c'est qu'il permet, au-delà de l'Art Brut, de réfléchir à la question de la scénographie des expositions et des musées en général.





Mais où est-ce qu'il est question du marché de l'art dans tout ça, hein ? Parce que c'est une question, tout même. Eh bien pas un essai n'y est consacré, si ce n'est plus ou moins celui de Myriam Perrot cité plus haut, à propos des liens entre art-thérapie et galerie dans un hôpital psychiatrique anglais. Mais nous avons bien une table ronde où l'on parle de la façon de présenter l'Art Brut mais aussi du statut économique des œuvres d'Art Brut. Et là, c'est le drame ! On découvre dans toute sa laideur le cynisme de Jean-David Mermod, collectionneur, et James Brett, collectionneur et galeriste. Car l'argent (et donc le prix qu'atteignent les œuvres "brutes") selon eux, on s'en fout, oh la la, quel sujet futile ! Facile à dire quand on est riche ; on n'a pas à se soucier de la notion d'art démocratique, du fait que les musées n'ont pas les moyens de se payer les œuvres que d'autres collectionnent, et on peut se permettre de jouer les grands mécènes en prêtant des œuvres tout en tenant des propos assez infects. Quant à Michel Thévoz et Sarah Lombardi, travaillant avec ces deux personnes, il leur est bien difficile de les contredire.





Cette critique est affreusement longue, j'en ai bien conscience. J'ai bien conscience aussi que l'ouvrage que je critique est destiné à ouvrir des pistes de réflexion plutôt qu'à approfondir en détail les différents sujets abordés. Il vise, je pense, à pousser les lecteurs vers d'autres livres, documents et outils de réflexion. Il n'empêche que ça n'est pas précisé dans la quatrième de couverture, et que ces textes peuvent tout autant susciter la frustration que donner l'envie d'aller plus loin. Pour le coup, il m'a donné envie de lire des essais de Nathalie Heinich et Céline Delavaux ; espérons que ça aura au moins autant d'impact, et même bien davantage, sur les autres lecteurs. Je ne tenterai pas de m'atteler à une thèse sur l'Art Brut pour autant, désolée ! Quoique je puisse changer d'avis si on me paie, futile comme je le suis, ou si on se montre très convaincant, par exemple en me disant que je vais apporter beaucoup à la recherche en me spécialisant en Art Brut, ce qui me semble plus que hautement probable.









Masse critique Non fiction
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Sur les pas des écrivains et penseurs autour ..

La commune du Chambon-sur-Lignon, sur le « Haut-Plateau », est mondialement connue pour avoir accueilli et caché de nombreux réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale : émigrés français, espagnols, Juifs, résistants… Pour commémorer cette histoire, un Lieu de mémoire a été inauguré en 2013, face au temple du Chambon.

Nathalie Heinich, dont l'histoire familiale recoupe celle de ce village, a choisi de s’intéresser aux intellectuels qui ont effectué un séjour marquant pour leur vie, ou leur œuvre, sur ce petit territoire .

Les motifs du séjour au Chambon de ces écrivains, et penseurs sont très divers :  villégiature (Louis Comte, Charles Gide) raisons de santé ( Albert Camus), recherche d'un refuge ( Georges Vajda, André Chouraqui, Jules Isaac) , lieu pour exercer une activité de résistance, tradition familiale protestante (Francis Ponge) . 

Un nombre important d’œuvres majeures furent écrites en ces lieux : La Peste de Camus,  La Fabrique du pré et Le Carnet du bois de pin de Francis Ponge, Jésus et Israël de Jules Isaac,  l’Introduction à la pensée juive du Moyen Âge de Georges Vajda…



Nathalie Heinich associée à Sophie Ott, brocanteuse et bouquiniste au Chambon, ont rédigé ce topoguide, joliment illustré, qui permet de partir, à notre tour, à la rencontre de ces personnalités , à pied, à bicyclette, en voiture entre Saint-Jeures, Le Chambon-sur-Lignon, Le Mazet-Saint-Voy, Saint-Agrève et Tence.



J’ai eu le privilège et le grand bonheur , très récemment, de participer à une de ces balades champêtres , accompagnée par Nathalie Heinich pour aller à la rencontre d’Albert Camus, à Panelier.
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Malaise dans la langue française

Un remarquable ouvrage dont je m’étonne qu’il n’y ait aucun commentaire à ce jour, sur un site destiné à la lecture !

Tout lecteur ne peut ignorer la déferlante de folie apportée par les néo féministes ou autres ultra qui veulent abattre les règles de notre intelligible grammaire et prônent et imposeraient volontiers comme impératrice l’´écriture inclusive au risque de rendre incompréhensible et stupide notre langue extrêmement précise et séculaire.

La Cancel Culture ou wokisme ici sont décortiqués et expliqués de même que les différentes évolutions de la langue au cours des siècles, les raisons de tel ou tel choix, le point de vue des plus grands linguistes et grammairiens.

Un panel de grands noms ont participé à ce parfait ouvrage pour expliquer à ceux qui en doutent encore que la langue n’est pas politique qu’elle n’a pas de SEXE, mais qu’elle est neutre. et que les questions ou problèmes, extravagances et exigences d’extrémistes dangereux et stupides doivent être relégués aux oubliettes et définitivement.

Où va la France ?
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La maison qui soigne

J'ai sélectionné ce livre lors de la dernière masse critique, attirée par son thème, le mot " maison" éveillant toujours en moi une idée de chaleur, de réconfort, d'intimité.



L'auteure est sociologue. On pourrait s'attendre, au regard du titre, à une sorte d'essai socio-psychologique. Mais il est précisé qu'il s'agit d'un récit autobiographique. Dans le prologue, Nathalie Heinich rappelle qu'elle a déjà écrit sur les maisons de son passé " Maisons perdues". Voilà donc un sujet qui lui est cher.



La Retrouvée, c'est le nom qu'elle a donné à cette maison acquise il y a quelques années, en Haute-Loire. Il lui a d'abord semblé plutot laid, ce gros chalet au crépi gris. Mais elle s'y est vite attachée, imaginant toutes les transformations qu'elle y ferait pour l'enjoliver.



le texte commence par une lettre à des amies, où elle raconte ses premiers moments dans sa nouvelle demeure, les soucis des travaux, le froid, mais sa joie aussi de s'y sentir bien. Ensuite, c'est une chronique des jours qu'elle y passe qu'elle offre au lecteur, entrecoupée de réflexions et de citations d'auteurs, notamment celles, très justes, poétiques, de Gaston Bachelard.



La lecture es à la fois introspective et universelle, car si l'auteure livre son expérience personnelle, elle émet des idées qui touchent tout le monde, à propos de l'espace, de l'appartenance à un lieu, de son aspect réparateur, des jardins, de leurs bienfaits. Néanmoins, j'y ai vu beaucoup d'évidences.



J'ai aimé par contre ce qu'elle écrit concernant notre lien à une maison:" J'habite la maison en même temps que j'en suis habitée", cela la rend aussi lieu de création, d'inspiration.



Cependant, premier point qui m'a agacée, c'est le fait que les aménagements, les transformations, même si elle se plaint de temps à autre de leurs coûts, paraissent se faire facilement, on devine un milieu très aisé, assez éloigné du commun des mortels, avec moult aides et jardiniers. Mais j'ai toujours plaisir à assister à l'embellissement d'une maison laissée jusque là un peu à l'abandon. D'autre part, et c'est assez lié à ce que je viens de dire, je trouve assez prétentieux tous ces différents jardins créés...



Mon ressenti reste globalement positif. Je conclurai par cette phrase de Philippe Simay, si vraie, si juste:" Habiter, c'est prendre soin du monde et de soi-même ". Merci pour cet envoi!







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La sociologie à l'épreuve de l'art

Merci à Babelio et aux éditions « Les nouvelles impressions » pour les entretiens de Nathalie Heinich « La sociologie à l’épreuve de l’art » menés par Julien Ténédos.

Dans ces entretiens, Nathalie Heinich revient sur son parcours de sociologue, de ses années d’étudiante, notamment avec un de ses professeurs de Thèse -Bourdieu dont elle se détachera peu à peu-, ses premières recherches, ses publications, ses sujets d’intérêts qui évolueront et/ou s’affineront jusqu’à aujourd’hui.

Certes, on ne peut guère lire cet ouvrage sans un minimum de bases sociologiques : à savoir connaître les plus célèbres chercheurs et sociologues, de Weber à Bourdieu, de Goffman, Thevenot a Boltanski en passant par Durkheim ou Pollak, pour ne citer qu’eux (et dans le désordre)… et bien sûr, leurs principes ou paradigmes comme l’identité, habitus, domination, ideal-type, etc.

La sociologue se montre souvent, dans ces entretiens, assez pédagogue en expliquant les principaux termes et différents champs de pensées et d’études. Mais comme elle le dit : « l’effort doit être réciproque : si les lecteurs ne sont pas capables de chercher dans le dictionnaire lorsqu’ils rencontrent un mot qu’ils ne connaissent pas, c’est leur problème, pas le mien ! ». Le principe est posé, j’ai un dictionnaire à portée de main au besoin…

Il m’a été assez agréable d’avancer avec elle dans les différentes thèses en partant de ses premières réflexions, en la suivant dans ses découvertes, ses lectures, son apprentissage et dans les différents domaines qui l’ont intéressée ou qui l’ont tout simplement permise de vivre de son métier.

Si certains lecteurs pouvaient ne pas en avoir conscience, Nathalie Heinich montre à quel point ce n’est pas toujours des plus faciles de trouver des études financées, surtout quand se jouent les jeux de pouvoir, de sélection, de rivalité dans ces milieux intellectuels, ces milieux de la recherche, surtout lorsqu’on se démarque des plus médiatisés et influents.

Suivre son apprentissage en tant que sociologue permet au lecteur, peu à peu, de rentrer plus en profondeur dans les théories sociologiques. (Même si, de temps à autre, j’ai dû revenir sur certains concepts, les relire plusieurs fois avant de les intégrer).

En dépit du titre de l’ouvrage, les entretiens ne sont pas exclusivement centrés sur la Sociologie de l’Art, notamment sur l’identité de l’artiste ; certains chapitres sont consacrés à des terrains de recherches bien différents qu’elle a réalisés, comme l’identité de l’écrivain ou encore l’identité féminine.

Au fil des pages, elle affirme et rappelle un de ses principes : un sociologue ne peut émettre de jugement de valeurs. Et cela vaut aussi bien pour le domaine de l’Art que pour les autres thèmes sociologiques, les divers groupes sociaux étudiés, etc. (quelques soient aussi les enjeux sociétaux, la fierté par certains à être des références ou encore malgré ses propres valeurs qu’on souhaiterait défendre). « Il faut considérer les œuvres non comme les objets de la recherche mais comme des matériaux documentaires » […] en les appréhendant selon une perspective pragmatique, c’est-à-dire en observant ce qu’elles font, plutôt que de décrire ce qu’elles sont ou de dire ce qu’elles valent. »

Et au fil de ses recherches, de ses découvertes et hypothèses, elle a aussi compris son goût pour la méthode « empirico-inductive » (soit par un travail de terrain bien sûr et d’observations des acteurs) ; mais aussi de qui elle se sentait la plus proche (de Weber notamment).

Nathalie Heinich ne craint pas d’énoncer ses théories, de marquer ses différences avec ses confrères, quitte à en égratigner certains, et même si cela va à l’encontre de grands chercheurs de grande renommée (tel que Bourdieu) ; ce qui lui vaut, ajoutés à ses recherches en Sociologie de l’art (peut-être sous-considérée dans le milieu) de se sentir comme une sociologue en marge, et de se voir parfois refusée de publication de ses recherches.

J’avoue que ces entretiens m’ont laissée un peu sur ma faim. Et j’aurais aussi apprécié d’avoir une liste de ses principaux ouvrages sociologiques (notamment) de référence.

Finalement, ces entretiens servent, selon notre connaissance : soit pour le novice, de bonne entrée en la matière, soit, pour le moins novice, de rappel et synthèse de certaines connaissances sociologiques. Et, peut-être, pour ma part, n’est-ce qu’un préambule pour aller à la découverte d’autres textes sur la sociologie de l’art ?

Ils m’ont d’ailleurs aussi donnée l’envie de lire le livre écrit avec la psychanalyste Caroline Eliacheff (fille de Françoise Giroud) « Mères-filles – une relation à trois » (où la fiction, les œuvres littéraires ont servi de matériau de recherche). Et cela me rappelle de lire plus régulièrement des essais dans divers domaines (ou tout du moins mes domaines de prédilection).

Alors, comme en a pu en avoir l’expérience la sociologue Heinich lors de ses travaux durant lesquels elle a pu côtoyer (et se servir de) d’autres disciplines (tel que la psychanalyse, l’anthropologie, l’histoire…), une œuvre nous ouvre souvent les portes vers d’autres centres d’intérêts, d’autres interrogations ou curiosités, d’autres auteurs. Ils nous poussent à aller jeter un œil vers d’autres sujets, d’autres genres littéraires, d’autres plaisirs futurs.

Ils nous incitent malicieusement à ouvrir notre regard sur le monde, la société, les autres, mettre à mal nos préjugés ou jugements de valeurs, à affiner nos connaissances et compréhensions du monde, de l’humain et de nous-mêmes, à goûter à d’autres parfums, à enrichir et multiplier les plaisirs…

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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

C'est un livre didactique, très facile à comprendre sur ce qu'est un artiste contemporain. On ne va pas approfondir ce qu'est une œuvre d'Art contemporaine, mais c'est bien des artistes dont il est question. C'est présenté sous forme de BD, racontant l'histoire de 3 artistes sortis d'école d'Art, de leur évolution, de leur vie et d'un point de vue socio-économique. Ce livre à l'avantage de ne pas prendre parti sur les querelles des mouvements, il se contente de présenter les choses telles qu'elles sont. C'est avant tout de la sociologie de l'Art. Le dessin est simple et participe à la clarté du propos. Très complet et très bien fait et pourtant très court et très vite lu.
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Maisons perdues

Se souvenir des êtres chers, d'une époque, de soi comme un effet miroir dont le réceptacle est une maison "je devais avoir cinq ou six ans, et je lisais un livre d'images où il était question d'un groupe d'enfants qui jouaient et vivaient dans un livre - chaque double page était une pièce de leur maison. Vivre dans un livre, tous ensemble : une image du bonheur total qui m'a emplie de la certitude, soudain que c'était à cela que devait ressembler la vraie vie".

10 maisons de la lignée maternelle et paternelle fréquentées par l'auteure qui disparaîtront un jour du giron familial , 10 chapitres d'une géographie du coeur par les chemins de la Provence, du Massif central, d'Ile de France et de Bretagne pour un retour en Provence.

Pour y parvenir, Nathale Heinich convoque une image ou son inconscient pour faire revivre le temps de ces bâtisses qui sont d'avantage "qu'un toit, deux fenêtres et une porte" et nous les faire aimer.

Comme la physionomie d'une personne, la maison quelle soit rurale, urbaine ou de résidence secondaire a sa particularité propre : type d'architecture locale, agencement intérieur (les pièces de vie, teinte des tissus, nappes, motifs du carrelage..) sans oublier le jardin, prolongement indispensable de lieu de vie en harmonie avec la nature ; La maison est là devant nous tant la description est dans le moindre détail, tant elle est vraie.

A l'intérieur de la maison comme les bras d'une personne, l'auteure selon son état intérieur vit et ressent soit des moments de bonheur intense soit parfois de triste solitude, seul cas où elle sera soulagée de laisser une part d'elle même.

Pour l'auteure, le pur bonheur est la ferme du Monteillet, où enfant elle séjournait en vacances et s'emplissait d'émotions et de sensations : courir libre dans la campagne, chanter, écouter l'aboiements des chiens, sentir le café du matin, goûter la saveur des fruits, respirer l'air, s'enivrer de lumière. Adulte, ces sons et ces goûts lui rappelleront toujours Monteillet mais sans plus ressentir leur extrême jouissance parce que "la petite fille a cessé d'exister".

Aide à la construction de la personnalité au temps de l'enfance et de l'adolescence, "maison médicament" où l'on aime se réfugier en cas de blessure, la maison porte aussi l'état d'épanouissement intellectuel, l'amour des livres, l'inspiration qui sera pour l'auteure Montmachoux.

De fait, le récit fourmille de références littéraires classiques où est rattachée avec émotion une maison à une histoire lue à l'enfance ou à l'adolescence .

Adulte, il s'agit pour l'auteure de trouver ou "constuire une maison avec l'homme de sa vie" correspondant à leur projet de vie en commun.

Chacun de nous a son "Monteillet, lire ces lignes fait ressurgir dans notre mémoire avec bonheur et douce mélancolie ce que l'on a connu et....perdu. Perdu pour non possession, par la vente à un tiers, dégradation, démolition ou impossibilité de reconnaître LA maison dans le cadre d'une restructuration urbaine : "mais ne pas même savoir si ce qu'on a connu existe encore, et où, alors même qu'on y est - comment l'accepter ?".

La grande réussite de cet essai qui était une gageure de Nathalie Heinich est, en le lisant, de partager le deuil que l'on fait un jour d'une maison qui nous a vu grandir et de surmonter la douleur de la perte en se consolant de ces mots qui touchent profondément.

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Lettres à Sade

L'idée de cet ouvrage est excellente, étrange voire fantastique :A l'occasion des 200 ans de la mort de Sade (+18.12.1814), 17 écrivains (mais aussi philosophes, universitaires, peintre, scénographe ou cinéastes) ont été conviés à lui adresser une lettre à leur convenance,à la première personne ou non.

Si presque tous ouvrent leurs missives par de respectueux ou de polis Cher Marquis, Cher Marquis de Sade, Cher Sade, Cher Monsieur de Sade, Comte, Cher Donatien-Alphonse-Francois, un ose un Votre Énormité et une autre un Mon cher amour.

Classées en trois thèmes (Libertés, Modernités et Éternités), ces lettres d'amour, de reproche, d'adieu ou de remerciement saluent toutefois presque unanimement l'homme acharné à vivre libre malgré l'emprisonnement, l'embastillement, l'internement.

Un de nos contemporains tient à le remercier pour nous avoir appris le caractère obsessionnel du désir, un autre salue le véritable écrivain, le provocateur ultime, un autre encore relate le choc ressenti à la découverte de son oeuvre et son emprise sur sa vie personnelle et ses rencontres. Une cinéaste, femme d'images, l'imagine sur un plateau télé interviewé par un journaliste avide de scoops bien scabreux.....

La grande intelligence de cet ouvrage est de n'être pas tombé dans l'écueil qui aurait été d'empiler des louanges et rien que des louanges afin de lui tresser une couronne mortuaire faite de lauriers alors que l'épine sied mieux à ce cher Sade !

Ainsi, reçoit-il une lettre d'adieu de celle qui, fatiguée du chaos et des cahots de l'existence, lui annonce qu'elle ne le lira plus, qu'il sera désormais le fantôme de sa bibliothèque mais qui, ultime fidélité, le remercie de l'avoir peut-être aidée à se libérer de ses chaînes.Une autre lettre d'adieu lui parvient d'une autre lectrice qui avoue vouloir jeter l'éponge afin de sauvegarder son âme et son esprit.

Ainsi Sade reçoit-il aussi une missive s'interrogeant sur la récupération faite de son personnage et sur la reconnaissance qui en dit long sur la misère des temps que nous traversons....

.. pauvre Monsieur de Sade ! Finalement reçoit-il une longue lettre d'amour enflammée !

Merci à Babelio (via la Masse Critique) et à la maison d'édition Thierry Marchaisse pour m'avoir fait découvrir cet ouvrage fin, intelligent (belle couverture ) que je recommande vivement!
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Le Wokisme serait-il un totalitarisme ?

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Curieux. Raro comme on dit en Espagne. Zarbi comme on dit en banlieues. Bizarre vous voulez dire ?



Nous somme le 13 septembre. Le livre est sorti il y a 4 mois presque jour pour jour. Un article deux pages dans LIRE, magazine littéraire de juin. Et pas une seule critique. Pas une seule citation.



Y aurait il autant de gentils lecteurs touchés en cette tour pour se manifester par cette terrible tactique d’opposition quand on n’a pas d’arguments, le MUTISME ?



Aboyez ! Montrez que vous en avez. Quant à moi, je trouve que ce livre est salutaire. Et il en a des arguments.



Lisez le au moins. Ne vous contentez pas du titre. Vous aurez remarqué. Que ce titre est une question. La réponse est dedans.



A bon entendeur ...





;-)











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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

Tout petit livre, mais très bien fait. Sociologue de l'art, Nathalie Heinich maitrise son sujet, les coulisses de l'art contemporain, à la perfection. Elle excelle à l'expliquer naturellement avec des mots simples. Une petite récréation qui vaut bien des ennuyeux pensums et donne même envie de se coller aux autres essais plus conséquents de l'auteur, ou aux suggestions de lecture "pour approfondir le sujet" proposées en fin d'ouvrage.
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Mères-filles, une relation à trois

Une analyse pertinente et peut être vulgarisée sur le rapport entre mère fille pour appréhender la complexité de cette relation : à l'amour à la haine...
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Lettres à Sade

Dans cet ouvrage, des hommes et femmes qui sont universitaires, écrivains, juristes ou philosophes écrivent une lettre à Sade. Le fond diffère à chaque missive et l'orientation choisie varie selon le rédacteur. Il n'est pas question pour les écrivains de lui dire de but en blanc s'ils l'aiment ou le détestent mais plutôt de choisir un aspect de Sade (sa personnalité, ses écrits, sa fin de vie, ses pensées) et de s'en servir comme trame pour s'adresser au marquis.



J'ai beaucoup aimé ces lettres qui traitent d'un point de vue différent la pensée, les écrits de Sade, son enfermement, sa mort. Tandis qu'une lettre me fait réfléchir pour savoir si je suis d'accord ou non avec son rédacteur, d'autres se projètent contemporains de Sade et me re-situent à ses côtés à la Bastille. Certains font des parallèles avec la façon dont est traité le corps de nos jours : piercings, corps morcelés (dons d'organes), mères porteuses, l'enfant à tout prix. Un des auteurs a un parti pris plus poétique tandis qu'une autre me semble invectiver l'écrivain lequel n'a pas voix au chapitre bien évidemment puisqu'il ne s'agit pas d'un dialogue.

Il est souvent question de la nature de l'homme (homme naturellement bon ou a contrario meurtrier, incestueux, violent) ?



J'ai un avis très positif sur ce livre pour plusieurs raisons :



- ceux qui ont rédigé les lettres m'étaient complètement inconnus à l'exception de Noëlle CHâtelet et Catherine Cusset. Je n'ai donc pas été parasitée par ce que j'aurais pu avoir lu de l'auteur ni même "parasitée" par le physique de la personne. Je n'avais pas la vision du visage de l'écrivain mais uniquement son écrit.

-Les lettres sont de qualité, bien écrites voire dfficiles pour deux d'entre elles : j'ai dû les relire lentement pour m'en imprégner et les comprendre.

-J'ai bien aimé le procédé, les points de vue différents.

-Je me suis demandé ce que j'aurais pu lui écrire.



-La couverture est très jolie et j'aime le toucher différent entre le bandeau glacé, lisse et brillant et le reste de la couverture (et j'attache une grande importance aux titres et couvertures des livres).

- J'ai même laissé passer du temps entre la lecture des premières lettres et la lecture de la dernière lettre. Je n'avais pas envie de la lire parce que je n'avais pas envie de n'avoir plus de lettres à lire.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Thierry Marchaisse pour cette opération Masse Critique.



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Le paradigme de l'art contemporain : Struct..

Livre particulièrement intéressant (pour ceux qui s'intéressent aux questions qui touchent à l'art contemporain, bien-sûr) et très fouillé. L'auteure propose notamment une segmentation de ce qui constitue et différencie art classique, art contemporain et art moderne. Très utile pour comprendre une bonne partie de la production artistique de notre temps et les rôles qu'y jouent les acteurs (artistes, acheteurs, galéristes, critiques d'art, médiateurs, institutions plus ou moins étatiques...) pour structurer un domaine de l'activité humaine qui est aussi devenu un énorme marché. J'avais vraiment beaucoup aimé. Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, publie beaucoup et toujours avec beaucoup de profondeur et de pertinence. Elle me fait penser à Gérald Bronner.
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Mères-filles, une relation à trois

Très intéressant par la richesse des références aux œuvres littéraires ou cinématographiques.
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Ce que le militantisme fait à la recherche

Un sujet de très grande préoccupation pour qui s’intéresse à notre société, et à ce qui est susceptible d’en saper les fondements.

Nos institutions universitaires, essentiellement dans les départements de sciences humaines sont à nouveau pénétrées par un courant de pensée qui remet en question la nécessité d’une "neutralité axiologique" dans l’élaboration de connaissances sur le fonctionnement de nos sociétés, et fait de l’activité "scientifique" une démarche militante en faveur des causes défendues : décolonialisme, intersectionnalité, genre, etc.… ces courants ont pris la place que tenait, dans le même esprit, le marxisme jusqu’à il y a quelques décennies, avec les conséquences que l’on a connu, jusque dans les sciences dites "dures", avec le lyssenkisme.

Le petit livre de Nathalie Heinich est donc le bienvenu.

Sa seule limite est celle de la dimension réduite que la collection "tracts" de Gallimard impose à ses auteurs, dans l’esprit d’une sorte de substitution à la disparition d’une revue de très grand qualité "les débats".

Car elle ne permet pas de développer les exemples et les argumentations autant que le lecteur l’espère et que le sujet l’exige.

Mais c’est tout de même une lecture utile à quiconque s’interroge sur des évolutions étonnantes de notre société et de ses élites.
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Ce que le militantisme fait à la recherche

Ce tract est un "coup de gueule" qui tombe à point. Il est assez triste de voir le niveau de la discussion politique dans le milieu de la recherche. Ça vaut pour les deux côtés (gauche et droite) même si on voit ces dérapages le le plus souvent à la gauche.



La première partie de ce livret parle de la fonction de chercheur ou enseignant universitaire.



Personne doute que nous avons tous notre tendance politique, ou idéologique, particulière. Mais pour un enseignant ou un chercheur, il y a des contraintes à respecter, surtout dans le domaine des sciences humaines où le sujet d'étude nous touche personnellement.



Le but d'un enseignant n'est pas d'indiquer comment transformer le monde mais la transmission d'un savoir. C'est pour cela qu'il a été embauché et c'est pour cela qu'il est payé. Nathalie Heinich ne s'oppose pas à ce que les enseignants soient des militants, à condition que ceci s'arrête à la "porte des amphithéâtres". L'enseignant doit transmettre le savoir sans jugement de valeurs. Cette discussion doit se faire en dehors des salles de cours, aux endroits adéquats : dans les médias, dans le Parlement, ... L'enseignant doit se contenter de donner des informations objectives pour que les étudiants puissent, eux même choisir quel voit ils doivent prendre.



De même, la démarche d'un chercheur n'est pas de trouver les arguments qu'il doit utiliser pour convaincre les autres de ses convictions mais de, en permanence, se remettre en question sur ses sujets de recherche et confirmer ou infirmer ses convictions. Ses publications scientifiques doivent refléter les résultats de ses réflexions, qu'elles soient conformes ou contraires à ses convictions.



Ce n'est pas facile, mais comme ça que l'on fait de la bonne recherche et que l'on forme des bons citoyens. C'est cela la pensée de Nathalie Heinich et c'est à cause des dérapages qu'elle constate dans les universités qu'elle s'insurge.



Dana la deuxième partie de ce tract, Nathalie Heinich revient avec des cas concrets qui démontrent la pauvreté intellectuelle de la recherche française en sociologie. On peut difficilement contester tout cela, sauf avec des arguments creux.


Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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L'élite artiste : Excellence et singularité en ..

L'artiste, la démocratie et l'élite.



Avez-vous lu Nathalie Heinich ? Pas encore ? Précipitez-vous au plus tôt dans une librairie pour en repartir avec l’Elite artiste, qui vient de reparaître en folio.

Dès l’avant-propos, elle avertit : « Que ceux, donc, qui ne s’intéresseraient qu’aux œuvres d’art en soient prévenus : ce livre les décevra ». Quelque quatre cents pages plus loin, on ne peut que faire ce constat : au cours de la lecture, la déception n’aura jamais été au rendez-vous.

Sociologue, Nathalie Heinich conduit ses lecteurs dans les coulisses de l’histoire de l’art. On y a distribué les rôles, on y règle les entrées en scène. Sans doute la lecture des pages comme celles, par exemple, qui répondent à la question Qu’est-ce qu’une élite ? semblera-t-elle à certains plus ardue, pages qui passent au crible ce qu’ont pu être les conceptions et définitions de l’élite de Marx à Bourdieu en passant par Pareto et Norbert Elias, ou encore Thorstein. Elles sont un passage obligé – et dont on aurait tort de se priver – qui conduit à mieux comprendre comment « l’art en est donc venu à représenter la conjonction improbable de deux valeurs incompatibles : la valeur démocratique, en vertu de laquelle tout homme a le droit d’être un artiste, et la valeur aristocratique, en vertu de laquelle tout artiste est – au moins fantasmatiquement – au-dessus des normes et des lois. » Paradoxe que, page après page, Nathalie Heinich conduit à reconnaître avec rigueur et acuité, subtilité et pertinence.



Pascal Bonafoux _ Art Absolument juillet 2018

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