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EAN : 9782072955907
48 pages
Gallimard (27/05/2021)
3.42/5   19 notes
Résumé :
« À cumuler la posture du chercheur qui étudie les phénomènes avec celle de l'acteur qui tente d'agir sur eux, on ne fait que de la recherche au rabais et de la politique de campus. »

Nathalie Heinich Nous pensions en avoir presque fini avec la contamination de la recherche par le militantisme. Mais le monde académique que nous dessinent les nouveaux chantres de l'identitarisme communautarisme n'a rien à envier à celui que s'étaient jadis annexé les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un sujet de très grande préoccupation pour qui s'intéresse à notre société, et à ce qui est susceptible d'en saper les fondements.
Nos institutions universitaires, essentiellement dans les départements de sciences humaines sont à nouveau pénétrées par un courant de pensée qui remet en question la nécessité d'une "neutralité axiologique" dans l'élaboration de connaissances sur le fonctionnement de nos sociétés, et fait de l'activité "scientifique" une démarche militante en faveur des causes défendues : décolonialisme, intersectionnalité, genre, etc.… ces courants ont pris la place que tenait, dans le même esprit, le marxisme jusqu'à il y a quelques décennies, avec les conséquences que l'on a connu, jusque dans les sciences dites "dures", avec le lyssenkisme.
Le petit livre de Nathalie Heinich est donc le bienvenu.
Sa seule limite est celle de la dimension réduite que la collection "tracts" de Gallimard impose à ses auteurs, dans l'esprit d'une sorte de substitution à la disparition d'une revue de très grand qualité "les débats".
Car elle ne permet pas de développer les exemples et les argumentations autant que le lecteur l'espère et que le sujet l'exige.
Mais c'est tout de même une lecture utile à quiconque s'interroge sur des évolutions étonnantes de notre société et de ses élites.
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Ce tract est un "coup de gueule" qui tombe à point. Il est assez triste de voir le niveau de la discussion politique dans le milieu de la recherche. Ça vaut pour les deux côtés (gauche et droite) même si on voit ces dérapages le le plus souvent à la gauche.

La première partie de ce livret parle de la fonction de chercheur ou enseignant universitaire.

Personne doute que nous avons tous notre tendance politique, ou idéologique, particulière. Mais pour un enseignant ou un chercheur, il y a des contraintes à respecter, surtout dans le domaine des sciences humaines où le sujet d'étude nous touche personnellement.

Le but d'un enseignant n'est pas d'indiquer comment transformer le monde mais la transmission d'un savoir. C'est pour cela qu'il a été embauché et c'est pour cela qu'il est payé. Nathalie Heinich ne s'oppose pas à ce que les enseignants soient des militants, à condition que ceci s'arrête à la "porte des amphithéâtres". L'enseignant doit transmettre le savoir sans jugement de valeurs. Cette discussion doit se faire en dehors des salles de cours, aux endroits adéquats : dans les médias, dans le Parlement, ... L'enseignant doit se contenter de donner des informations objectives pour que les étudiants puissent, eux même choisir quel voit ils doivent prendre.

De même, la démarche d'un chercheur n'est pas de trouver les arguments qu'il doit utiliser pour convaincre les autres de ses convictions mais de, en permanence, se remettre en question sur ses sujets de recherche et confirmer ou infirmer ses convictions. Ses publications scientifiques doivent refléter les résultats de ses réflexions, qu'elles soient conformes ou contraires à ses convictions.

Ce n'est pas facile, mais comme ça que l'on fait de la bonne recherche et que l'on forme des bons citoyens. C'est cela la pensée de Nathalie Heinich et c'est à cause des dérapages qu'elle constate dans les universités qu'elle s'insurge.

Dana la deuxième partie de ce tract, Nathalie Heinich revient avec des cas concrets qui démontrent la pauvreté intellectuelle de la recherche française en sociologie. On peut difficilement contester tout cela, sauf avec des arguments creux.

Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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C'est vrai que la plupart des articles paraissant aujourd'hui dans le domaine des sciences humaines sont tellement orientés par une idéologie prévisible qu'ils font vite bailler. Un de mes jeux préférés consiste à parier sur le moment où le mantra satanique "néolibéralisme" va apparaître dans le texte… Mais leurs auteurs ont après tout bien le droit de penser ce qu'ils veulent, dommage seulement qu'ils n'essaient pas, parfois, de penser aussi contre eux-mêmes, ce qui me paraît être le b-a-ba de toute démarche scientifique qui se respecte. C'est d'ailleurs pour ça que je les lis quand même ! Ceci étant, la charge de Mme Heinich est un peu trop violente à mon goût, et n'évite pas toujours de tomber dans le travers qu'elle prétend dénoncer chez ceux qu'elle pourfend.
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Haineux.
J'espérais trouver des éléments de débat mais la plupart des arguments avancés par Nathalie Heinich sont fallacieux. Elle accuse des chercheurs de répandre des idéaux politiques dans l'enceinte de l'université mais tire ses exemples de publications non scientifiques: ouvrages de vulgarisation, d'opinion, revues grand public.
Elle est choquée par le recrutement d'une militante à la Sorbonne qu'elle présente comme le dernier bastion de la qualité scientifique en France alors même que c'est l'une des universités françaises où le recrutement est le plus incestueux.
Je m'interroge beaucoup sur ce que cette auteure connaît de l'université, qui produit 80% de la recherche publique française. Je me demande si elle a, au cours de ces 10 dernières années, mis les pieds dans un amphi de première année pour se faire une idée du public des sciences humaines et sociales.
Je sors frustrée de la lecture de cet ouvrage, qui ne m'a pas apporté les clés que j'attendais.
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"Tracts" est une intéressante petite collection pour une première approche d'un sujet.
Ce que je retiens de ce numéro 29 est que la recherche fait fausse route et que le militantisme pervertit son but premier : la connaissance.
Nathalie Heinrich aborde la notion de la neutralité axiologique de la recherche et le fait que le sociologue n'a pas à prendre position sur son objet et doit suspendre son opinion personnelle dans le cadre de ses recherches.
L'auteur redoute que les "chercheurs", notamment dans le domaine des sciences humaines et tout particulièrement en sociologie, ne partent d'un a priori et que leurs travaux n'aient pour finalité que de confirmer cet a priori, au risque de mettre de côté ce qui la contredirait.
D'autant qu'ils subissent peu de contrôles et d'évaluations sur la qualité de leurs travaux de la part d'universitaires pourtant habilités à le faire.
Au risque que l'idéologie ne remplace la connaissance.
Au risque aussi que les étudiants militants deviennent les futurs enseignants dans un cercle désastreux et pernicieux.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il y a près de vingt ans, le sociologue Didier Lapeyronnie publiait dans la Revue française de sociologie un article qui fit polémique : consacré à « l’académisme radical », il analysait la tendance de la sociologie française, depuis le début des années 1990, à importer le « combat politique » dans l’espace scientifique conçu comme un espace de « lutte » pour le « monopole » de la « vérité ». Ce vocabulaire identifie clairement l’origine du phénomène : il s’agit du courant « bourdieusien » issu de la « sociologie critique » de Pierre Bourdieu et de ses disciples telle qu’elle s’est infléchie dans la dernière décennie du XXe siècle en direction de l’« engagement » (notamment à partir de La Misère du monde en 1993), par quoi le célèbre sociologue renouait avec la tradition sartrienne expérimentée lors des deux premières glaciations.
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Nous pensions en avoir presque fini avec la contamination de la recherche par le militantisme. Mais le monde académique que nous dessinent les nouveaux chantres de l’identitarisme communautariste n’a rien à envier à celui que s’étaient jadis annexé les grandes idéologies. Nos « universitaires engagés », trouvant sans doute que voter, manifester, militer dans une association ou un parti ne sont pas assez chics pour eux, tentent de reconquérir les amphithéâtres et leurs annexes. Obnubilés par le genre, la race et les discours de domination, ils appauvrissent l’Université de la variété de ses ressources conceptuelles.
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(p. 25)
Une angliciste se définissant comme "afroféministe", maître de conférences à l'université de Tours, déclarait le 28 juillet 2019 dans un éloge des réunions non mixtes : "L"homme blanc ne peut pas être antiraciste et, à mes yeux, il ne peut pas avoir raison contre une Noire et une Arabe. Il ne peut pas, c'est pas possible. Et ça, il va falloir que la France s'en rende compte". Certes, c'était sur France Inter et pas dans l'enceinte universitaire - mais n'est-on pas en droit de se demander ce qu'une telle capacité au raisonnement et au souci de la réalité peut donner en matière d'enseignement et de recherche ?
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(p. 39)
CE QUE LE MILITANTISME FAIT A LA RECHERCHE

Déficit de curiosité intellectuelle et de rigueur scientifique, radicalisme borné, lâcheté individuelle protégée par la meute, jouissance perverse du pouvoir exercé par la culpabilisation, par la menace ou par la force : voila donc quelques uns des effets du militantisme académique.
...
(p. 41)
Ce que le militantisme fait à la recherche, donc ? Il l'abêtit, il la dégrade, il la stérilise. Au lieu de lui permettre de s'élever au rang de science, il la rabaisse au niveau de idéologie.
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(p. 42)
Or de même que, comme disait André Gide, on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, on ne fait pas de bonne science avec de bonnes causes. Et rien ne se périme plus vite qu'une explication orientée vers la dénonciation, comme l'ont expérimenté à leurs dépenses de grnds sociologues comme Edgar Morin, Pierre Bourdieu ou Luc Boltanski. Car est-ce vraiment au chercheur de dire aux acteurs comment doit être le monde ? Cela, c'est le rôle du citoyen, dans l'arène civique. Mais le rôle du chercheur est de dire comment il est. Encore faut-il en être capable.
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Videos de Nathalie Heinich (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathalie Heinich
Il y a 5 ans, le 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris prenait feu. La sidération et l'émotion dépassent alors les frontières : cet incendie est un événement mondial. Comment comprendre cette émotion partagée et l'universalité de ce trésor du patrimoine français ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit : Nathalie Heinich, sociologue et directrice de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) Mathieu Lours, historien de l'architecture et spécialiste des cathédrales et du patrimoine religieux
Visuel de la vignette : Fabien Barreau / AFP
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