L'écriture de Nathalie Rheims est franche, directe, sèche, nerveuse et assez rapide
'aime cette écriture. Pas de fioriture. Droit au but. Nathalie Rheims veut tout dire sur la relation -ou l'absence de relation- avec sa mère et plus largement avec sa famille avant la fin, sa propre fin. Sans doute le décès récent de son compagnon n'est-il pas étranger à son besoin de se libérer de cette enfance solitaire (je ne suis pas un adepte des ragots, des feuilles à sensation, mais j'ai su fortuitement -ce n'est pas un secret d'état non plus- que N. Rheims était la compagne de Claude Berri). Madame Yv qui travaille avec des gens en fin de vie me dit régulièrement que lorsqu'on approche de la mort, on recueille ce que l'on a semé. Si l'on n'a pas pu faire le point, le bilan de sa vie et la paix avec ceux qui nous entourent, notamment assainir les relations plus ou moins orageuses, eh bien tout cela ressort à la fin. Mme Rheims, soyons clairs, je n'insinue point insidieusement que vous seriez en mauvaise santé ou âgée, parce que Madame Yv, encore elle, ajoute, que se faire une fin de vie paisible nécessite d'y travailler toute sa vie durant !Malgré mon entrée en matière, je suis un peu hésitant quant à mon avis sur ce livre : j'ai aimé beaucoup de passages, touchants, durs, mais d'autres m'ont laissé dubitatif voire indifférent. J'avais été touché et j'avais aimé Le chemin des sortilèges de la même auteure, malgré des critiques çà ou là sévères (dans la presse et sur certains blogs : j'avais lu à l'époque, par exemple, que N. Rheims écrivait avec ses pieds ; ceci étant peut-être vaut-il mieux avoir de jolis pieds que des mains calleuses ?), l'écriture qui oscillait entre rêve et réalité pouvait provoquer des émotions. Là, moins. Peut-être un peu trop de répétitions ou de longueurs. Loin de moi cependant l'idée de dire que c'est un mauvais livre. C'est juste que cette fois-ci, à certains moments, l'écriture de l'auteure ne me provoque pas d'émotion particulière, je me suis fait parfois l'effet de me voir lire sans vraiment "entrer" dans les pages. Ce n'est pas le thème qui me gêne, au contraire : cette histoire de petite fille riche qui se sent et se sait rejetée par sa mère, parce que Nathalie Rheims évacue très vite la question
La détresse de l'absence de lien maternel ou affectif est aussi terrible dans les familles riches que dans les familles pauvres. D'ailleurs la jeune narratrice s'affranchira très tôt de sa famille en vivant des rôles qu'elle joue au théâtre.
Je m'aperçois en faisant ce billet que sans doute je suis passé à côté de certaines pages, car en tentant de retranscrire ce que je pense et ce que j'ai ressenti avec cette lecture, je m'emballe et j'en arrive à me dire qu'il faut que je le relise un peu plus tard. De fait, avant d'écrire un article, en général, j'en sais la teneur, eh bien, là, non. Hésitant au départ, je deviens de plus en plus peut-être pas totalement enthousiaste mais au moins positif. Probablement la marque d'un bon livre qui donne le meilleur de lui-même après coup, un de ceux qui restent en mémoire ?
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